GRAND AIR -MAI 2023 - Avalanches et Everest

  • l’année dernière
Retour sur les avalanches qui ont marqué l'histoire de la montagne avec le médecin-guide de haute montagne Pierre Muller et sur les 70 ans de la conquête de l'Everest avec l'alpiniste-journaliste Jean-Michel Asselin
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00:00:00 [Musique]
00:00:24 Bonjour à tous, vous pouvez respirer à fond, c'est le magazine Grand Air dédié aux sports de montagne en tout genre.
00:00:32 Aujourd'hui on va parler de la montagne avec deux auteurs de livres qui viennent de paraître aux éditions Glena.
00:00:37 Pierre Muller bonjour. - Bonjour.
00:00:39 Guide de haute montagne, médecin urgentiste, secouriste, vous venez de publier "Secours en avalanche" aux éditions Glena,
00:00:47 un livre pour lequel vous avez recueilli beaucoup de témoignages de secouristes impliqués dans des avalanches dramatiques
00:00:54 qui ont marqué l'histoire de la montagne. Une belle façon aussi de rendre hommage à ceux qui prennent des risques pour tenter de sauver des vies.
00:00:59 C'est votre premier livre Pierre ? - Oui c'est mon premier livre.
00:01:03 En face de vous il y a quelqu'un qui n'en est pas à son premier livre, Jean-Michel Asselin bonjour. - Bonjour.
00:01:08 On les compte encore à votre niveau ou pas ? - Oui oui, de temps en temps, mais j'avoue que je ne sais pas le nombre.
00:01:13 Beaucoup en tout cas, journalistes, alpinistes, qui à l'occasion des 70 ans de la première ascension de l'Everest, signent une histoire de l'Everest aux éditions Glena.
00:01:27 Je l'ai dit, on aurait presque pu mettre histoire au pluriel Jean-Michel, il y a des petites et des grandes histoires dans ce livre.
00:01:35 - Il y a un peu tout ça. - Lié au toit du monde, un sommet emblématique qui fait rêver de nombreux alpinistes.
00:01:41 On pourrait d'ailleurs imaginer que Georges Everest, qui a donné son nom à cette montagne, était un de ces alpinistes.
00:01:47 Pas du tout, je crois qu'il n'a même jamais vu le sommet. - Il n'a jamais vu la montagne.
00:01:50 Non non, c'est un peu paradoxal. C'est un fonctionnaire très gentil, un peu souffreteux, un peu dougon, qui en fait a pris sa retraite
00:02:00 et qui s'est vu attribuer le nom de la montagne par son successeur qui travaillait au Survey of India, l'organisme chargé de cartographier l'Himalaya.
00:02:08 Et pour lui faire plaisir, ce brave homme, on lui a donné au pic 15 le nom d'Everest.
00:02:13 Chose pour laquelle il n'était pas très content parce qu'il a dit "Ah non, mais Everest, personne n'arrivera à prononcer ce nom-là.
00:02:19 Les Népalais, les Tibétains, Everest, ça leur ira pas." L'histoire lui a donné tort.
00:02:24 - Eh oui, c'est devenu un des noms les plus prononcés et les plus célèbres dans le milieu de la montagne.
00:02:28 Est-ce que vous avez déjà été confronté à une avalanche au cours de votre carrière, Jean-Michel ?
00:02:32 - Oui, deux fois. - Deux fois pris dans une coulée ? - Oui.
00:02:37 - Ça laisse quoi comme souvenir ? - Bah justement, c'était à l'Everest, vers 8400 mètres.
00:02:42 Et là, je me suis dit "C'est bon, c'est fini. Pas plus que ça."
00:02:46 J'ai ni été angoissé ni rien. C'est juste que le sol est parti sous mes pieds.
00:02:51 Et j'ai l'impression que c'était comme du yaourt. C'était très, très curieux.
00:02:56 Et voilà, bon, ça s'est arrêté, moi aussi.
00:03:00 - Pierre, ça vous est arrivé aussi dans votre carrière de milite de haute montagne ?
00:03:04 - Ça m'est arrivé aussi à deux reprises, moi-même.
00:03:07 Et effectivement, j'ai ressenti un peu la même chose que Jean-Michel.
00:03:11 Je me suis senti partir. J'ai senti le sol qui se dérobait.
00:03:16 J'étais jeune. Ça s'est arrêté assez rapidement dans les deux cas.
00:03:21 Enfin, en tout cas, j'ai eu l'impression. Et pas plus de peur ni plus d'angoisse que ça.
00:03:26 Mais content d'être... - D'être en vie.
00:03:29 - Les histoires d'avalanche ne se terminent malheureusement pas toujours aussi bien que vos deux expériences.
00:03:34 L'avalanche, c'est un phénomène naturel qui fascine autant qu'il fait peur, Jean-Michel.
00:03:41 - Oui, parce que d'abord, une avalanche, parfois, c'est très beau quand on la regarde de loin.
00:03:46 C'est un phénomène extraordinaire. C'est violent. C'est beaucoup de fumée et tout ça.
00:03:52 C'est très, très spécial. Mais après, bon, il faut vraiment pas être dedans, quoi. Ça, c'est clair.
00:03:58 On voit des images d'une série d'avalanches parce que c'est un phénomène qu'on a du mal à comprendre.
00:04:03 Les scientifiques ne sont pas des experts du déclenchement d'avalanches.
00:04:09 Quand on voit ça, Pierre, on se sent impuissant face à la force de la nature.
00:04:13 - Oui, tout à fait. On se rend compte des proportions gigantesques que ça peut prendre
00:04:18 quand on voit comme ça des phénomènes de propagation à distance.
00:04:22 Et souvent, on n'imagine pas que l'appui d'un skieur puisse faire partir tout un versant de la montagne
00:04:30 et se finir beaucoup plus loin en bas. On l'a vu récemment au Dôme de Miage.
00:04:36 Et on le voit régulièrement dans l'hiver, surtout à ces avalanches de neige froide.
00:04:41 - Alors même quand on pense avoir sécurisé un pan de montagne, on est parfois surpris par une avalanche.
00:04:47 Une image pour illustrer ça, elle date de 2015.
00:04:49 On est en Autriche sur une étape de la Coupe du monde de freeride.
00:04:51 Le Français Julien Lopez vient de sauter une barrocheuse.
00:04:53 Bon, il s'est mal réceptionné. Ça, ça fait partie du jeu.
00:04:55 Il remonte chercher ses skis.
00:04:57 Et puis là, mystérieusement, j'ai envie de dire, la face dégringole complètement.
00:05:02 Une face qui avait été sécurisée en amont.
00:05:06 Alors heureusement pour lui, il va s'en sortir sûrement avec une grosse frayeur, mais sans trop de problèmes.
00:05:12 Pierre, en tant que guide de haute montagne, vous avez participé à la sécurisation
00:05:17 d'événements ou de shootings vidéo en haute montagne.
00:05:20 Ça ne doit pas être évident de placer le curseur de "on peut y aller" ou "c'est trop dangereux".
00:05:26 - Oui, en effet, c'est très dur et on le voit régulièrement.
00:05:29 On est surpris régulièrement.
00:05:32 Récemment, à l'extrême de Verbier, sur le Bec des Rosses, un accident aurait pu très mal se terminer.
00:05:38 Et fort heureusement, a épargné tout le monde.
00:05:42 Mais oui, les tirs peuvent fragiliser le manteau neigeux sans le déclencher.
00:05:48 Et on dit que le tir est négatif, mais pourtant, le terrain reste miné.
00:05:53 Et là, on le voit, il a été skié, parcouru.
00:05:56 Et Julien Lopez, qui remonte la pente, il a mis son pied sur la mine,
00:06:03 qui a déclenché une avalanche qui aurait dû ne pas repartir.
00:06:08 - Alors là, c'est toujours Julien Lopez, parce que c'est un peu un habitué de ces avalanches impressionnantes qu'il déclenche.
00:06:15 Alors là, pour le coup, c'était pas en compétition, c'était dans le cadre d'un shooting vidéo,
00:06:19 donc avec aussi toute une équipe qui le filmait.
00:06:22 Et où il va se faire là aussi une très grosse frayeur.
00:06:25 Je ne sais pas si vous aviez déjà vu ces images.
00:06:27 Jean-Michel, il a cru échapper à la coulée.
00:06:31 Et malheureusement, l'avalanche, qui peut aller très vite, une onde comme ça,
00:06:36 ça va beaucoup plus vite qu'un skieur lancé à pleine vitesse.
00:06:39 - Oui, tout à fait. La masse d'air qui se déplace devant l'avalanche,
00:06:45 l'aérosol peut dépasser plusieurs centaines de kilomètres/heure.
00:06:50 On l'a vu, enfin, je le décris dans l'avalanche de Niceco, qui a emporté ma femme Léonore.
00:06:58 Et oui, en effet, elle n'a pas été recouverte par la neige,
00:07:02 mais elle a été littéralement catapultée en avant par le souffle de l'avalanche qui précédait la coulée de neige.
00:07:09 Ça m'est arrivé au Pakistan aussi, une énorme chute de seracs au pied des tours de Trango
00:07:14 a littéralement pulvérisé le camp de base où on était en train de dormir,
00:07:18 alors qu'on n'était pas du tout couvert de neige.
00:07:21 Mais c'est simplement le déplacement d'air qui a ratiboisé notre camp de base.
00:07:26 Il suffit de voir comment ça casse les arbres, ça casse les maisons,
00:07:30 pour se rendre compte que ce n'est pas un petit truc.
00:07:34 Il y a un organisme en France qui s'appelle l'ANENA qui recense les accidents d'avalanche.
00:07:39 Il y a une trentaine de morts en moyenne chaque année dans nos hautes montagnes.
00:07:43 Il y en a eu 27 pour cet hiver 2023, donc on est dans le bon ratio.
00:07:48 C'est un chiffre finalement assez stable depuis des décennies,
00:07:52 alors que le ski hors-piste, la randonnée à ski, ce sont des activités qui ont vraiment explosé.
00:07:58 Ça veut dire quoi Pierre ? Qu'on est plus prudent ? Qu'on a un meilleur moyen de prévention ?
00:08:03 C'est difficile de tirer des conclusions, d'autant que 2020 a été une année beaucoup plus meurtrière.
00:08:12 Il y a eu beaucoup plus d'accidents mortels en avalanche en 2020,
00:08:16 ce qui a suivi le pic de l'augmentation de l'activité.
00:08:21 Il n'y avait pas de station de ski ouverte, donc beaucoup de gens sont partis en ski de rando.
00:08:26 Beaucoup de gens se sont mis au rando. D'ailleurs les fabricants ont vu la vente de leur matériel littéralement exploser.
00:08:30 Je pense que si les années qui ont suivi montrent de nouveau un petit tassement,
00:08:36 c'est probablement que les gens skient avec du matériel de recherche et de secours.
00:08:44 Ils ont appris à s'en servir. Je pense qu'on a des bulletins météo qui sont quand même très fiables,
00:08:49 malgré le contre-exemple. Le bulletin était fiable, mais qui montre les limites des prévisions sur l'avalanche de l'Armant 7.
00:08:58 Je pense quand même que ces informations circulent, que les gens sont plus au fait des dangers,
00:09:06 apprennent un peu mieux à les déjouer, et peut-être sortent aussi beaucoup avec des professionnels de la montagne.
00:09:11 On se rend compte depuis deux ou trois hivers qu'on n'est peut-être même pas assez nombreux
00:09:15 pour répondre à la demande de skis de randonnée tellement elle a explosé.
00:09:19 Donc les gens sortent avec des professionnels et puis peut-être ont des outils pour déjouer un peu mieux les dangers.
00:09:25 On partage aussi grâce à internet, aux réseaux sociaux. Il y a une base de données, je parlais de l'ANENA,
00:09:29 mais il y a un site géré par Alain Duclos, qui est un spécialiste des avalanches,
00:09:34 qui collecte beaucoup de données. Je crois qu'il y a près de 5000 accidents d'avalanches qui sont recensés,
00:09:39 avec justement beaucoup d'informations pour essayer de se faire une idée un peu plus précise de l'état du manteau.
00:09:45 Ça, ça doit jouer, Jean-Michel, aussi, dans le fait qu'il y ait proportionnellement moins de personnes victimes de ce phénomène ?
00:09:50 Oui, je pense que ça joue. Je pense aussi à des phénomènes, comme par exemple, qui sont relativement nouveaux,
00:09:55 qui ont à peine dix ans d'existence, mais qui sont les airbags.
00:09:59 Beaucoup de gens, maintenant, accèdent à ça, même si c'est encore assez cher.
00:10:05 Et visiblement, c'est quand même très protecteur. Après, ce n'est pas parce qu'on a un airbag et un DVA,
00:10:12 un détecteur de victimes d'avalanches, qu'il faut y aller.
00:10:17 Il y a quelques précautions à prendre. On pourrait penser que les mois de janvier ou février,
00:10:22 où il y a le plus de neige, sont forcément les plus propices aux accidents d'avalanches.
00:10:26 Si on se réfère à cet hiver, sur les 27 victimes, il y en a eu 11 rien que sur le mois d'avril,
00:10:32 donc 40 % sur la fin de saison. Il voulait évoquer l'avalanche la plus meurtrière.
00:10:36 Ça a été le 9 avril au Dôme de Miage, dans la vallée de Chamonix, qui a fait six victimes.
00:10:42 On voit des images de cette avalanche monstrueuse qui est partie tout en haut du sommet.
00:10:46 Je crois que les skieurs étaient sur la pente sommitale et ont été emportés par cette coulée monstrueuse.
00:10:53 Deux guides de haute montagne dans ces six victimes. On retrouve souvent des guides dans les victimes d'avalanches.
00:11:00 C'est quoi ? C'est lié à la statistique ? Plus on y va, plus on prend le risque d'avoir ce type d'accident ?
00:11:06 Oui. Quand on embauche un guide, c'est pour faire du ski hors-piste, du ski de randonnée.
00:11:12 Les guides passent plusieurs centaines de jours par an sur les skis, toujours en hors-piste, toujours en terrain glaciaire et exposé.
00:11:24 Statistiquement, ils sont plus exposés. Ça se voit dans les chiffres.
00:11:29 Malgré tout, ce sont des professionnels qui connaissent et savent déjouer les dangers dans la plupart des cas.
00:11:37 Ils sont un garant de sécurité pour les gens qui ne connaissent rien à l'environnement montagne.
00:11:44 Ou pour d'autres qui ont de l'expérience, mais qui veulent aller plus loin, pousser un peu leurs limites.
00:11:49 Déjouer tous les dangers de la montagne, ce n'est pas toujours possible. On l'a vu à l'Armensette.
00:11:54 Le risque zéro en montagne n'existe pas, il n'existera jamais. Pas plus avec un guide. On le réduit, mais on ne l'annule pas.
00:12:05 Et là, tout était réuni pour qu'ils passent une parfaite journée en montagne. Le risque était de deux.
00:12:10 La météo était parfaite, le niveau de leur client adapté à la course. Et voilà, ils n'ont pas eu de chance.
00:12:17 Il y a une part de fatalité dans certains accidents de la Valanche.
00:12:21 - Alors, ça, c'était en fin de saison, au printemps, mais des grosses avalanches peuvent aussi survenir l'été.
00:12:28 Vous évoquez dans votre livre celle du Mont Maudit en 2012. On voit les images sur la voie normale d'accès au Mont Blanc,
00:12:35 qui avait fait neuf victimes. Pourtant, on était en plein mois de juillet, là, Pierre.
00:12:41 - On est en plein mois de juillet, mais on est à plus de 4000 m d'altitude. Donc là-bas, juillet, ça ne veut pas dire grand-chose.
00:12:46 Il suffit d'un coup de vent, il suffit d'une baisse des températures, d'un nuage qui s'accroche pour qu'on se retrouve en l'espace de quelques heures en hiver à ces altitudes.
00:12:58 Donc non, à plus de 4000, les saisons existent moins. Il peut faire très froid. Et d'ailleurs, on le voit régulièrement, même en été,
00:13:07 des alpinistes présentant des gelures, présentant des pathologies liées au froid.
00:13:11 Donc ça veut dire que le Mont Blanc et les sommets à plus de 4000, c'est pas à prendre à la légère. Il faut y aller couvert, il faut y aller avec des grosses chaussures,
00:13:18 il faut y aller avec du matériel d'hiver et puis quelques fois même avec un DVA quand il a neigé sur ces pentes très exposées.
00:13:27 Mais là, voilà, c'est l'été, on s'équipe pas forcément de DVA et pourtant, une avalanche vient surprendre des alpinistes.
00:13:40 Mais là aussi, il y a une part d'imprédictabilité puisque c'est a priori peut-être un sérac qui aurait déclenché la coulée.
00:13:51 Un sérac, vous me direz, haut à cul au Maudit, c'est pas forcément totalement imprévisible, mais c'est pas pour ça qu'on renonce à y aller.
00:13:59 Ce sont des accidents qui, dans le cas du Mont Maudit, mobilisent beaucoup de moyens humains.
00:14:06 Quand il y a plusieurs personnes perdues sous des mètres de neige, il faut vraiment mettre en place une grosse machinerie.
00:14:13 Oui, et puis il faut des moyens humains, mais il faut aussi des moyens hélicos, héliportés, parce que tous ces gens-là, il faut les monter à plus de 4000.
00:14:20 Il n'y a pas de remontée mécanique à ces altitudes, il n'y a pas de chenillettes qui peuvent monter.
00:14:25 Donc tous les gens qui se retrouvent sur le théâtre d'intervention sont forcément venus en hélicoptère.
00:14:29 En sachant qu'un hélicoptère à cette altitude ne peut pas prendre plus de trois secouristes d'une traite, il en faut des rotations.
00:14:35 Et puis il faut faire appel aux hélicos des pays limitrophes.
00:14:38 Et la solidarité transfrontalière, là, elle s'est mise en place très, très vite et de façon absolument remarquable.
00:14:46 Et ça a permis de monter les gens, suffisamment de personnes pour pouvoir faire des vagues de sondage.
00:14:51 Vous l'évoquez à plusieurs reprises en votre 15 sur ces opérations de secours.
00:14:54 On voit les images, on a l'impression que c'est tranquille, mais ils risquent aussi leur vie, les secouristes, une suravalanche qui n'est jamais impossible.
00:15:02 Oui, effectivement, quand on est sous les seracs du Maudit et quand on pose 60 secouristes sous les seracs du Maudit,
00:15:09 on a dans un coin de la tête cette angoisse.
00:15:15 Et moi, ça m'est arrivé au Dôme des écrins, comme ça, de passer des heures sous les seracs à rechercher des gens en cevlis ou des décomptes de glace.
00:15:23 On met toujours un vigile qui regarde et qui nous prévient.
00:15:27 On anticipe des zones de refuge vers lesquelles on se déplace en cas de départ d'avalanche.
00:15:33 Mais effectivement, c'est angoissant pour les secouristes.
00:15:36 Et surtout, souvent dans ces cas là, on cherche des morts, des cadavres, donc risquer la vie de secouriste pour retrouver un corps, ça se discute.
00:15:44 C'est des discussions qu'on peut avoir sur une opération.
00:15:47 Bien sûr, comme je l'évoque dans l'avalanche de Zinal en Suisse, on est prêt à sauver des gens.
00:15:55 Pas forcément toujours à n'importe quel prix, surtout quand l'issue est fatale à presque à coup sûr.
00:16:04 Mais voilà, mon livre parle aussi de miracles et d'issues heureuses, ce qui montre bien que quelquefois, il faut trouver cet équilibre entre l'audace et un petit peu de retenue aussi dans l'élan.
00:16:22 Est-ce que l'espérance de vie sous l'avalanche est très faible?
00:16:25 On parle de quelques minutes en général.
00:16:27 Une quinzaine de minutes, je crois.
00:16:29 Oui, c'est ça, une quinzaine de minutes, 80% au-delà, 80% de mortalité.
00:16:36 Mais voilà, on se bat pour ces 20%.
00:16:39 Quelques pourcents qui peuvent permettre de sauver des vies.
00:16:42 Pour retrouver un humain vivant ou mort sous plusieurs mètres de neige, le flair d'un chien est souvent plus efficace que les sondes des secouristes.
00:16:52 On est toujours sur l'avalanche du Mont Maudit. Il y a eu beaucoup d'images, puisqu'il y avait des journalistes pour l'émission Mission d'urgence de France 3 qui étaient présents avec les secouristes ce jour-là.
00:17:01 C'était le hasard. On ne meurt pas forcément que d'asphyxie dans une avalanche comme celle-là, Pierre.
00:17:09 Non, en particulier celle qui se produit sur des terrains aussi accidentés que la pente du Maudit, raide, avec de la glace, des crevasses.
00:17:18 Et donc, effectivement, une grande part de la mortalité vient du traumatisme, surtout pendant la phase de transport, c'est-à-dire au moment où l'avalanche se déclenche jusqu'au moment où vous allez être immobilisé et enseveli.
00:17:31 Toute cette phase de transport, elle est très traumatogène.
00:17:34 Et nous, on considère les avalanchiers, même qu'on ressort a priori indemne de la neige, comme des potentiels traumatisés sévères.
00:17:42 Et on leur pratique de façon systématique un scanner du corps entier.
00:17:47 À la recherche de lésions qui peuvent paraître passer inaperçues.
00:17:51 Quand on est médecin de montagne, sur ce type d'accident, il y a une formation spécifique ou on se forme sur le tas ?
00:17:59 Non, alors on est formé aux hôpitaux du Mont-Blanc où je travaille, donc à Salanche-Money et à Brianson, où j'ai travaillé avant pendant de nombreuses années.
00:18:10 En fait, on constitue une équipe de médecins habilités à monter dans l'hélico et à faire du secours en montagne.
00:18:15 En se reposant au départ sur des médecins qui ont déjà une grosse expérience de médecine préhospitalière, de SMUR, donc des médecins urgentistes.
00:18:22 Et en plus, on évalue leurs compétences montagne.
00:18:25 C'est-à-dire que les médecins qu'on juge capables de partir seul en intervention aux côtés des gendarmes sont aussi évalués.
00:18:33 Quand on valide l'aspect médical, on va aussi après valider l'aspect technique montagne avec des gendarmes.
00:18:39 Vous faites des guides de haute montagne et médecins, j'imagine que pour vous c'est un atout sur ce type de terrain.
00:18:44 On l'a vu sur ces images, on est forcément confronté à la mort quand on fait ce type d'activité.
00:18:50 Vous arrivez à prendre du recul. La montagne, c'est un petit milieu.
00:18:54 Chamonix, on a malheureusement parfois l'occasion d'intervenir sur des secours concernant des personnes que vous pouvez connaître.
00:19:03 Comment on arrive à gérer ce type de situation ?
00:19:07 On arrive à le gérer jusqu'à ce qu'il arrive quelque chose qui vous bouleverse.
00:19:14 La mort d'un enfant, celle d'un ami proche comme mon ami Jérôme dont je parle dans le livre, qui était médecin et guide comme moi à l'époque à Chamonix.
00:19:23 On pense être prêt, on pense avoir tout vu et un jour on voit quelque chose qui nous touche au plus près et au plus profond.
00:19:33 On attache de plus en plus d'importance et c'est bien à cet aspect, à ce traumatisme psychique auquel sont confrontés les équipes de secours,
00:19:45 les personnels hospitaliers, les médecins, les infirmières,
00:19:49 lorsque une situation particulière peut toucher de près le psychisme de l'individu et le déchirer.
00:19:59 Tout ce travail de raccommodage est long et nécessite d'être reconnu et d'être pris en charge précocement.
00:20:08 C'est quelque chose auquel on attache maintenant et heureusement de plus en plus d'importance, notamment dans les équipes du PGHM.
00:20:15 Vous évoquez la mort d'enfant, c'est malheureusement parfois le cas en avalanche.
00:20:22 Il y a quelques années, en 1998, on voit les images au-dessus de la station des Ors.
00:20:28 Une avalanche avait emporté une classe de neige de la région parisienne qui était hébergée dans un centre UCPA dans les Hautes-Alpes.
00:20:35 11 morts dont 9 enfants de 13 à 15 ans.
00:20:38 Le responsable de cette sortie, c'était un guide de haute montagne, Daniel Forté.
00:20:42 Ça a été le premier guide à être mis en prison suite à un accident.
00:20:46 Il a fait quelques jours de prison préventive.
00:20:48 Vous l'avez rencontré, vous en parlez de cette avalanche dramatique dans le livre.
00:20:54 Oui, je connaissais Daniel Forté parce que je l'avais rencontré avant à l'UCPA.
00:20:59 J'avais fait de l'escalade à l'UCPA dans les Calanques quand j'étais tout jeune.
00:21:05 J'avais commencé la formation pour être moniteur d'escalade et j'avais été encadré à l'époque par Daniel, par Michel Subiet.
00:21:13 Tous ces gens-là m'ont communiqué leur passion de faire ce métier et ils m'ont encouragé dans cette voie à devenir guide.
00:21:23 C'est quelqu'un pour qui j'avais énormément de sympathie quand il lui est arrivé ce drame.
00:21:28 J'ai été bouleversé pour lui, pour ses proches, pour sa famille.
00:21:32 Mais j'ai été aussi assez admiratif de voir à quel point il avait endossé seul cette responsabilité alors qu'il n'était pas le seul.
00:21:41 Ni adulte, ni professionnel à encadrer cette sortie.
00:21:44 Il y avait un moniteur de ski, il y avait des profs.
00:21:47 Mais voilà, il a endossé tout seul cette responsabilité dignement et ça a été extrêmement difficile.
00:21:55 J'ai rencontré un homme complètement bouleversé, déchiré par cet événement.
00:22:00 Il sera condamné à deux ans de prison avec sursis à l'issue d'un procès très médiatique.
00:22:06 Jean-Michel, la responsabilité juridique des guides de Haute-Montagne, on a l'impression qu'elle est de plus en plus mise en avant.
00:22:13 Que l'aspect de la fatalité dont on parlait n'est plus recevable par la société, en tout cas de moins qu'avant.
00:22:21 Il y a une judiciarisation qui est quand même de plus en plus présente.
00:22:26 Elle est probablement due au système des assurances, etc.
00:22:30 Il faut maintenant systématiquement trouver un coupable, trouver un responsable.
00:22:36 Et dans n'importe quel accident, les assurances vont obliger les gens à se retourner contre quelqu'un.
00:22:45 On y pense, Pierre, quand on exerce le métier de guide de Haute-Montagne, comme vous, d'un probable procès.
00:22:52 Si jamais il se passe quelque chose avec un de vos clients, un accident.
00:22:57 Évidemment, bien sûr que c'est quelque chose qui est tout le temps présent à l'esprit, selon les destinations, les clients aussi.
00:23:04 Parce que j'ai l'habitude de travailler aussi avec une clientèle un peu internationale, des Nord-Américains notamment.
00:23:11 Et on sait à quel point là-bas, à quel point les affaires peuvent être judiciarisées.
00:23:17 Et les demandes d'indemnités peuvent être complètement, quelquefois délirantes.
00:23:22 Dans le domaine de la médecine, c'est pareil. Il y a une judiciarisation de plus en plus importante.
00:23:29 Et puis ça ne nous permet pas toujours de travailler sereinement.
00:23:36 Ce n'est pas une bonne évolution pour vous, ce type de pratique ?
00:23:40 C'est une évolution normale et logique. Elle suit un cours.
00:23:47 C'est sociétal. L'objectif, ce n'est pas forcément de se prémunir de ce risque en se protégeant,
00:24:00 en expliquant que nos décisions ont été le fruit d'une réflexion et pas simplement du doigt mouillé.
00:24:07 Tout ça nous permet éventuellement de nous défendre. C'est un fait à nous de nous préparer.
00:24:15 L'UCPA, qu'on voyait sur ces images des ors, avait déjà été le théâtre d'une avalanche historique.
00:24:22 En février 1970, à Val d'Isère, on voit ces images où 39 personnes étaient mortes, des stagiaires d'UCPA,
00:24:30 alors qu'elles prenaient leur petit déjeuner dans le centre de vacances.
00:24:35 Ce n'est pas un cas isolé, ces avalanches qui ravagent des bâtiments.
00:24:39 On parlait tout à l'heure avec Jean-Michel de la puissance d'une coulée de neige.
00:24:43 Vous évoquez le cas d'un village corse en 1938 qui avait été rayé de la carte par une coulée.
00:24:49 C'est vrai qu'on n'associe pas forcément la Corse avec les avalanches, et pourtant.
00:24:53 Et pourtant, oui. La Corse, il faut dire aussi qu'elle ne ressemble pas...
00:24:57 Enfin, un village à 500 mètres d'altitude en Corse dans les années 30-40 ne ressemble pas à un village de Castagnets ou de Corse d'aujourd'hui.
00:25:07 Les prés raides qui dominaient le village étaient pâturés à l'époque.
00:25:10 Il n'y avait pas d'arbres depuis. Il y a moins de pastoralisme.
00:25:14 Donc les arbres ont poussé. Maintenant, en allant voir le village, on n'imagine pas qu'une avalanche ait pu descendre de 500 mètres aussi bas.
00:25:22 Peut-être aussi qu'il faisait plus froid. Cette année avait été particulièrement enneigée et arrosée en Corse.
00:25:29 La Corse, il faut quand même le savoir. Il y a eu beaucoup de neige cet hiver en Corse et elle est exposée au fameux retour d'Est.
00:25:37 Il n'y a pas encore si peu de neige sur un retour d'Est, même encore maintenant.
00:25:42 Jean-Michel, il y a quelques jours encore, mais il y a moins de neige en fin de saison.
00:25:47 Alors en février 1999, 31 personnes sont mortes à Galtur en Autriche.
00:25:54 Une station autrichienne pensait tranquillement à l'abri dans leur chalet.
00:25:59 Même cerné au quelques jours avant dans la vallée de Chamonix, au hameau de Mont-Roc.
00:26:04 On voit ces images de cette coulée qui avait dévalé jusqu'en bas de vallée.
00:26:10 Avalanche très meurtrière puisque 12 personnes présentes également dans leur chalet avaient été victimes de cette coulée complètement rasée.
00:26:17 Ça paraît improbable de se retrouver pris dans une avalanche alors qu'on est tranquillement chez soi.
00:26:23 Bien sûr, ça paraît complètement improbable. En même temps, il y a des avalanches centenales, bicentenales, tricentenales
00:26:30 qui nous rappellent que régulièrement, à intervalles plus ou moins longs, une avalanche peut descendre jusqu'au fond d'une vallée
00:26:38 et menacer, traverser même le cours d'eau, remonter de l'autre côté.
00:26:41 C'est ce qui s'était passé à Mont-Roc avec l'avalanche du Pécloré.
00:26:45 Et voilà, quand on accorde des permis, quand on organise la répartition des habitats dans la vallée,
00:26:53 il faut avoir ça présent à l'esprit et remonter plus loin que la mémoire d'une génération.
00:27:00 Alors c'est différent. Le cas d'avalanche que j'évoque, vous les traitez dans le livre.
00:27:04 Vous avez rencontré, vous n'étiez pas forcément acteur de ces secours,
00:27:07 mais vous avez rencontré des témoins ou des secouristes qui sont intervenus sur chacune de ces drames.
00:27:14 Oui, bien sûr, c'est l'avalanche de Mont-Roc. Je travaille avec le PGHM de Chamonix.
00:27:18 Donc forcément, je travaille régulièrement avec des gens qui sont intervenus sur cette avalanche.
00:27:23 Donc on a le temps, à la DZ des Bois, quand on n'a pas d'intervention, de parler de ce qui s'est passé,
00:27:29 de comment les choses s'étaient passées. Et ces récits enrichissent notre expérience,
00:27:35 enrichissent notre répertoire de possibles. Et du coup, j'avais à cœur de les partager dans un livre,
00:27:47 de mettre tout ça, tous ces récits. Pour chacun des récits, en fait, je connais un des acteurs
00:27:53 qui m'a parlé de son avalanche et j'ai eu envie de mettre tout ça dans un livre.
00:28:01 On se plonge dedans, même si effectivement, ce sont souvent des éléments dramatiques.
00:28:05 On se plonge dedans avec plaisir, j'ai envie de dire, en tant que lecteur.
00:28:09 Des avalanches très meurtrières, il y en a aussi en Himalaya, Jean-Michel,
00:28:14 notamment autour de l'Everest. Là, on voit des images très spectaculaires filmées par un alpiniste
00:28:20 au camp de base de l'Everest. C'était le 25 avril 2015, avec une énorme coulée qui est venue balayer
00:28:26 le camp de base. Là aussi, assez improbable, parce que normalement, les camps de base sont installés
00:28:31 à des endroits un peu protégés.
00:28:33 Oui, enfin, il faut quand même dire que le camp de base de l'Everest est dominé par un col qui s'appelle le Lola
00:28:38 et d'où partent régulièrement des coulées. C'est très impressionnant.
00:28:44 Moi, j'en ai vu une seule fois et on voit l'aérosol arriver.
00:28:50 Tout le monde rentre dans sa tente et quand on ressort, on est vraiment couvert de givres.
00:28:55 Tout ça, c'est très impressionnant.
00:28:57 Celle-là, par contre, ce n'était pas de l'aérosol.
00:29:00 Ce n'était pas que de l'aérosol. Il y a eu 16 morts sur cette avalanche au camp de base.
00:29:04 Cette avalanche avait été déclenchée par un tremblement de terre.
00:29:08 Là aussi, c'est quelque chose d'assez imprévisible.
00:29:11 L'année d'avant, énorme avalanche aussi un tout petit peu plus haut sur la voie normale de l'Everest.
00:29:17 On voit cette coulée importante qui est venue balayer la voie d'accès traditionnelle.
00:29:23 En fait, là, on est pratiquement au camp 1, donc au-dessus de la cascade de glace, vers 6100 m.
00:29:28 Et il y a souvent des avalanches qui tombent soit du Lupsé, soit du versant ouest de l'Everest.
00:29:34 Et moi, ça m'est arrivé une fois, je voyais l'aérosol qui arrivait sur moi.
00:29:39 En fait, j'ai sauté dans une crevasse, petite crevasse.
00:29:43 Et tout est passé. Mais il y avait quelqu'un qui n'était pas loin de moi
00:29:47 et qui a énormément respiré de l'aérosol et qui s'est retrouvé avec une sorte de pleurésie,
00:29:53 tellement il avait absorbé de neige.
00:29:55 - On peut se noyer sur ce type de découlement, Pierre ?
00:30:00 - Je n'ai jamais entendu parler de noyade dans l'aérosol.
00:30:06 Mais on peut imaginer effectivement qu'on ait des symptômes qui s'en approchent,
00:30:11 et notamment à ces altitudes où chaque alvéole a son rôle à jouer et est importante.
00:30:17 Donc d'en imaginer certaines gelées ou remplies de cette neige pulvérulente, oui.
00:30:24 Par contre, ça paraît complètement dérisoire de voir les gens s'abriter dans leur tente,
00:30:29 frais l'abri face à la montagne qui s'écroule.
00:30:33 Mais en même temps, voilà.
00:30:35 - On est impuissants.
00:30:36 - Que faire d'autre, on ne sait pas.
00:30:38 - On sait que dans quelques secondes, la coulée va arriver sur soi.
00:30:41 Cette deuxième avalanche de 2014 avait quand même tué 16 Sherpas.
00:30:45 On en voit certains se faire engloutir un peu plus loin sur le plateau.
00:30:50 Heureusement, l'Everest n'est pas qu'un théâtre d'avalanches.
00:30:54 C'est une montagne que vous connaissez bien.
00:30:57 Jean-Michel, pour y être allé à plusieurs reprises,
00:31:00 vous avez passé, vous le dites dans votre livre, l'équivalent d'une année de votre vie
00:31:04 à essayer de gravir l'Everest.
00:31:07 - Oui, c'est à peu près ça.
00:31:08 Sachant qu'une expédition dure à peu près deux mois, deux mois et demi pour certaines.
00:31:12 Donc oui, j'ai passé pas mal de temps.
00:31:15 Un peu trop.
00:31:16 - Vous y êtes allé à cinq reprises.
00:31:20 On voit des images de la voie normale.
00:31:23 Il y en a deux.
00:31:25 Il y a celle-ci et puis il y en a une autre par le col nord de l'autre côté.
00:31:28 Je crois que vous avez tenté les deux accès.
00:31:31 - Voilà, les deux accès. Je suis allé une fois sur le versant tibétain.
00:31:34 Donc la voie un peu historique, puisque c'est sur cette voie
00:31:37 que les Anglais ont d'abord commencé à grimper dès 1921.
00:31:41 Et c'est là qu'en 1924 ont disparu le fameux Mallory et Irvine,
00:31:46 son compagnon de cordée, sans qu'on sache pour l'instant,
00:31:50 sont-ils ou non allés au sommet ?
00:31:52 Ça reste parmi les gros mystères de l'Everest.
00:31:55 On a bien sûr retrouvé le corps de Mallory en 99,
00:31:58 c'est-à-dire quand même quelques années après sa disparition.
00:32:01 Et en fouillant dans ses poches, etc.,
00:32:05 on n'a toujours pas eu la clé de l'égnime.
00:32:08 Il y a juste une petite indication.
00:32:11 C'est qu'il avait une photo de son épouse Ruth
00:32:16 et il devait la poser au sommet.
00:32:19 Or, dans ses affaires, on n'a pas retrouvé cette fameuse photo.
00:32:23 L'a-t-il posée à un endroit quelconque ou au sommet ?
00:32:26 Pour l'instant, on n'a pas les réponses.
00:32:28 Il faudra attendre de retrouver peut-être l'appareil photo
00:32:32 de Sandy Irvine et développer les fameuses photos.
00:32:36 On voit quelques images du corps de Mallory,
00:32:38 retrouvé par une expédition il y a quelques années,
00:32:42 qui restait sur place.
00:32:44 Pratiquement intact.
00:32:46 On aurait dit un peu une statue de marbre.
00:32:49 Comme une momie.
00:32:50 Il avait juste le ventre qui avait été bouletté par les grands corbeaux.
00:32:56 Mais sinon, c'était très étonnant.
00:33:00 Il était un peu dénudé.
00:33:02 En revanche, il y avait encore ses lunettes dans sa poche,
00:33:07 son mouchoir avec marqué "Mallory".
00:33:10 Vraiment, c'était très touchant.
00:33:14 - Cet appareil photo que vous évoquez,
00:33:16 qui pourrait apporter la preuve,
00:33:18 pour pas que le sommet de l'Everest ait été vaincu en 1924 et pas en 1953,
00:33:22 ce qui rendrait d'ailleurs votre livre un peu obsolète,
00:33:24 Jean-Michel, puisqu'on ne serait plus à 70 ans d'anniversaire.
00:33:28 Vous y consacrez un chapitre.
00:33:29 Vous avez chez vous, dans votre collection personnelle,
00:33:32 un appareil photo qui pourrait être...
00:33:34 - J'ai effectivement un Kodak Vest Pocket,
00:33:37 qui est l'appareil en question, Kodak Vest Pocket autographique.
00:33:41 Parce que c'est un appareil qui dispose d'un petit stylo.
00:33:44 Et on pouvait, en actionnant une trappe,
00:33:47 marquer quelque chose sur la pellicule.
00:33:49 Et on retrouvait donc, au moment du développement,
00:33:51 vous marquiez "Sommet de l'Everest",
00:33:53 et bien vous étiez...
00:33:54 Vous saviez où vous étiez.
00:33:56 - Il se trouve que j'ai obtenu cet appareil photo
00:33:59 dans des circonstances un peu étranges,
00:34:01 et que l'appareil provenait probablement,
00:34:05 même très certainement, du Tibet.
00:34:07 Et comme il n'y a pas énormément de gens
00:34:10 qui se sont baladés au Tibet avec un Kodak Vest Pocket
00:34:13 dans les années 20, qui sait ?
00:34:16 - Il y avait la pellicule, non, avec ?
00:34:17 - Non, j'ai pas la pellicule.
00:34:19 - Donc le mystère reste... - Voilà.
00:34:21 - ...reste entier.
00:34:22 Votre première tentative, en tout cas, à l'Everest,
00:34:25 c'était en 1989. - 89.
00:34:28 - Vous aviez 37 ans à l'époque.
00:34:31 Alors ce ne sont pas ces images-là.
00:34:33 Ça doit être les images juste d'avant
00:34:36 qu'on va retrouver.
00:34:37 On va retrouver les images de Jean-Michel.
00:34:39 Voilà, c'est ça.
00:34:40 1989, le col Nord. - Le col Nord, oui.
00:34:42 - Première expérience à l'Everest.
00:34:44 Vous alliez là pour tenter de gravir le sommet ?
00:34:48 - Voilà, on était une grosse expédition.
00:34:50 Il y avait beaucoup de gens, des gens très forts.
00:34:53 Je me rappelle qu'à côté de nous, il y avait quelqu'un
00:34:55 qui s'appelait par exemple Hans Kamerlander,
00:34:57 qui a été un des compagnons de Reynald Messner,
00:35:00 type extrêmement fort.
00:35:01 Sauf que là, on avait un tout petit problème,
00:35:03 c'est qu'il y avait beaucoup de neige.
00:35:05 Et on a brassé de la neige pendant des semaines et des semaines.
00:35:10 Et en fait, c'était impossible.
00:35:13 Et personne, cette année, n'est allé au sommet.
00:35:15 Mais c'était une expérience intéressante que de...
00:35:18 - On vous voit là. Vous aviez un peu froid.
00:35:20 - Oui, j'avais un petit peu froid.
00:35:22 (rires)
00:35:23 À peine.
00:35:24 Mais c'était marrant parce que quand je vois aujourd'hui encore
00:35:28 des images de ces passages que les gens maintenant gravissent
00:35:33 plutôt au printemps, sont des passages entièrement rocheux.
00:35:36 Ça donne d'autant plus de relief à l'exploit
00:35:40 qu'a accompli Reynald Messner en 1980,
00:35:45 lorsqu'il a réussi l'ascension de l'Everest sans oxygène,
00:35:49 en solitaire.
00:35:51 Et là, c'était vraiment du solitaire.
00:35:53 C'est pas du solitaire comme il se pratique aujourd'hui,
00:35:55 avec des cordes fixes sur des voies qui sont déjà...
00:35:58 - Pas équipées.
00:35:59 - Non. Là, il était tout seul au camp de base.
00:36:02 Il y avait sa copine qui s'appelait Néna Holguin
00:36:05 et qui l'attendait dans un coin.
00:36:07 Et lui, il est parti et il a fait le sommet
00:36:10 dans des conditions redoutables.
00:36:12 - Alors, ça, vous le racontez.
00:36:13 Vous racontez aussi, c'est le dernier chapitre du livre,
00:36:15 "Pourquoi je ne suis pas allé au sommet".
00:36:18 Ça concerne vos cinq tentatives.
00:36:21 Vous n'avez pas vraiment la réponse à cette question ?
00:36:24 - Non, non. Si, si, j'ai la réponse.
00:36:25 J'ai la réponse parce que, d'une part, j'étais pas très bon.
00:36:28 Et puis, d'autre part, parce que...
00:36:30 - Vous êtes resté à 50 mètres de débit.
00:36:33 - Voilà, je suis resté à 50 mètres.
00:36:34 Mais pour des raisons un peu triviales,
00:36:36 c'est parce que j'étais embauché pour faire des photos
00:36:39 d'un grand alpiniste qui voulait dormir au sommet.
00:36:42 Mais il se trouve que ce grand alpiniste
00:36:44 qui voulait dormir au sommet, ce jour-là, il n'est pas monté.
00:36:47 Et comme j'étais avec un autre compagnon et un sherpa
00:36:50 et qu'on montait quand même pas mal de matériel
00:36:52 pour que ce grand alpiniste puisse dormir au sommet,
00:36:55 et que moi, j'étais chargé en appareil photo,
00:36:57 j'avais trois appareils photo, donc j'étais un peu lourd,
00:37:00 eh bien, on n'avait pas pris de cordes
00:37:02 pour passer le fameux ressaut Hillary,
00:37:04 qui fait 12 mètres de haut.
00:37:06 On n'avait pas pris de cordes.
00:37:08 C'était dommage parce qu'on était les premiers à passer.
00:37:10 Donc la montagne n'était pas équipée.
00:37:12 On s'est retrouvés au pied du ressaut Hillary,
00:37:15 un peu grongeon comme devant, quoi.
00:37:18 Parce que le grimper, ça me semblait tout à fait possible.
00:37:22 Mais le descendre, je me suis dit qu'on n'y arriverait pas.
00:37:25 Et quand deux amis espagnols sont arrivés derrière nous
00:37:28 avec une corde et qu'ils ont gravi le ressaut Hillary,
00:37:31 pour nous, c'était trop tard.
00:37:33 Il était 15h30.
00:37:34 Ça faisait à peu près trois heures
00:37:36 qu'on était au-delà de 8700 sans oxygène.
00:37:39 Et donc on est redescendus, sans le sommet.
00:37:42 J'ai vu les deux copains espagnols, dans le beau temps,
00:37:45 s'échapper vers le haut.
00:37:46 C'était formidable.
00:37:48 - Ça reste un regret de ne pas avoir suivi leurs traces ?
00:37:51 - Oui, fondamentalement, ça reste un regret.
00:37:54 Mais en même temps, aujourd'hui, ça n'est plus que du bonheur
00:37:57 parce que j'ai été recraché vivant par l'Everest.
00:38:00 Et puis j'étais avec mon copain Bruno et on faisait corder.
00:38:03 Donc quand il m'a dit "on redescend",
00:38:05 je ne me suis même pas posé la question.
00:38:07 On redescendait tous les deux.
00:38:09 J'aurais été un grand alpiniste et tout ça.
00:38:11 J'aurais dit "Bruno, attends-moi là, puis moi j'y vais, puis je reviens".
00:38:14 - Je fais la touffe. 50 m, c'est vrai que ça ne paraît rien.
00:38:17 - C'est une heure et demie quand même.
00:38:18 - Mais voilà, à ces attitudes-là, ça demande un petit peu de temps et d'engagement.
00:38:22 Pierre Muller, vous avez baroudé un peu partout sur la planète.
00:38:26 Est-ce que vous avez tenté de gravir l'Everest comme Jean-Michel Lasselin ?
00:38:31 - Alors moi, j'y suis allé il y a quelques années
00:38:34 avec mon collègue et ami Manu Pellissier.
00:38:37 On emmenait un client américain sur le versant chinois de l'Everest.
00:38:43 Et l'objectif, ce n'était pas d'aller au sommet, c'était un vieux monsieur.
00:38:46 C'était de l'emmener au col nord, donc à 7000 m d'altitude.
00:38:49 Et malheureusement, on n'y est pas arrivé.
00:38:51 Le client en question était très malade.
00:38:54 On a dû rebrousser chemin.
00:38:56 Mais sinon, j'ai eu d'autres occasions de me rendre au Pakistan.
00:38:59 Et j'ai été d'ailleurs victime d'une avalanche.
00:39:04 - Gravir le toit du monde, c'est quelque chose qui vous manquera
00:39:09 si vous n'y arrivez pas dans votre carrière ?
00:39:11 - Non, pas spécialement.
00:39:14 Je n'ai pas cette fascination pour l'histoire de la conquête de cette montagne.
00:39:19 Et notamment pour mon collègue Tom Hornbein,
00:39:24 qui vient de décéder et qui était anesthésiste et alpiniste.
00:39:27 Et qui a vaincu l'arrêt ouest de l'Everest.
00:39:31 Et qui en a fait la première ascension à peine 10 ans après la première ascension.
00:39:35 C'était en 1963, je crois, Hornbein.
00:39:39 Et donc j'ai de la fascination pour ses récits.
00:39:42 J'ai moins d'attrait pour la montagne comme elle se présente en ce moment.
00:39:47 Et comment elle est gravie en ce moment.
00:39:50 Et tout ça ne m'attire moins que d'autres montagnes du monde.
00:39:55 - Hornbein qui a donné son nom à un des deux grands couloirs
00:39:58 qui descendent du sommet de l'Everest.
00:40:01 Je crois que la première fois où vous êtes allé,
00:40:03 vous avez même ramené un petit bout de corps humain de votre expédition.
00:40:08 - Au pied du col nord, justement, j'avais retrouvé, pas que moi,
00:40:14 on était plusieurs à avoir retrouvé un corps qui était enroulé dans sa tente.
00:40:18 Et qui était le corps de Maurice Wilson.
00:40:20 Un alpiniste qui est mort dans les années 30.
00:40:23 Il s'était rendu tout seul au pied de la montagne.
00:40:26 Il avait essayé de la gravir.
00:40:28 Et comme ce n'était pas un alpiniste, c'était juste un illuminé sympathique au demeurant.
00:40:34 Et bien il est mort dans sa tente aux alentours de 7000 m.
00:40:37 Les Chinois, les Anglais l'ont retrouvé un an après.
00:40:40 Ils l'ont mis dans une crevasse.
00:40:43 Il a bougé un petit peu parce que la crevasse, le glacier descend.
00:40:47 Les Chinois l'ont retrouvé en 75.
00:40:49 Ils l'ont remis dans une crevasse.
00:40:51 Et en fait, en 89, il avait fait à peu près 550 m de dénivelé.
00:40:56 Il était en bas de la montagne. Il n'irait pas plus loin.
00:40:59 Donc il est là-bas. Tranquille. Wilson.
00:41:02 - Et par hasard, un petit bout de son corps, ses os, s'est caché dans votre tenue.
00:41:08 - Un petit bout de Wilson, déposé quelque part au sommet de l'Everest.
00:41:11 Manque de bol cette année, comme personne n'est allé au sommet de l'Everest.
00:41:14 Wilson n'a pas atteint le sommet.
00:41:16 Mais en revanche, moi qui avais oublié un petit morceau,
00:41:19 je l'ai posé au sommet de l'Aubiou, 2793 m.
00:41:23 Et donc, Wilson a atteint le sommet des Hautes-Alpes.
00:41:26 - On l'avait retrouvé par hasard en rentrant en France.
00:41:29 Ce petit bout d'os, c'était pour l'anecdote des corps.
00:41:33 Il y en a beaucoup là-haut au sommet de l'Everest,
00:41:37 ou même en dessous, parce que c'est très compliqué de redescendre un cadavre.
00:41:41 - On peut s'imaginer que c'est très compliqué,
00:41:43 parce qu'il y a des gens qui sont souvent pris dans la glace, etc.
00:41:46 Alors, il y a à peu près 300 personnes qui sont décédées sur l'Everest.
00:41:51 Certains ont disparu dans des crevasses, etc.
00:41:54 Mais d'autres sont restés.
00:41:56 Et curieusement, ils constituent des sortes de bornes.
00:41:59 Il y en a un qui est très célèbre, qui s'appelle Green Boots,
00:42:03 chaussures vertes, parce qu'il portait des Koflaks.
00:42:06 C'est la marque de la chaussure en plastique, verte fluo.
00:42:09 Et ce personnage est dans une espèce de petite grotte, on va dire.
00:42:14 Et les alpinistes qui font l'arête nord de l'Everest,
00:42:18 à un moment, quand ils sont à son niveau,
00:42:21 ils savent qu'il leur reste tant de temps,
00:42:23 je ne sais pas si c'est deux heures ou autre.
00:42:25 Donc Green Boots est un indicateur.
00:42:27 C'est terrible en même temps.
00:42:29 - Des cadavres qui humanisent un petit peu cette route de l'Everest.
00:42:33 On meurt parfois dans l'indifférence, au-dessus de 8 000 m.
00:42:38 - C'est-à-dire qu'au-dessus de 8 000 m,
00:42:41 les gens n'ont pas vraiment les mêmes réflexes
00:42:44 et la même logique qu'en bas.
00:42:47 Ils sont souvent dans des états un peu incertains.
00:42:51 Et donc, oui, c'est arrivé que des gens croisent quelqu'un
00:42:56 qui visiblement est en train de mourir et qu'ils le saluent tout bonnement.
00:43:01 Et puis peut-être au retour, on verra ce qu'on peut faire pour lui.
00:43:04 Mais non, on ne peut plus rien faire pour lui.
00:43:06 - C'est le cas de David Sharp notamment.
00:43:09 En 2006, une quarantaine d'alpinistes sont passés devant lui mourant.
00:43:14 - Il n'y avait personne derrière.
00:43:16 - Quand ils sont repassés à la descente, il était décédé.
00:43:19 Pierre, des secours à plus de 8 000 m d'altitude, c'est quasiment impossible ?
00:43:26 - Ce n'est pas impossible, mais c'est extrêmement compliqué.
00:43:30 Il faut des équipes très entraînées.
00:43:34 Il faut être acclimaté aussi.
00:43:37 Il faut de l'oxygène parce qu'être capable de faire plus que de s'occuper de soi-même à 8 000 m,
00:43:42 comme le dit Jean-Mi, c'est compliqué.
00:43:46 Et d'avoir suffisamment de ressources pour être capable de s'occuper de quelqu'un d'autre au-delà de 8 000 m,
00:43:51 ça nécessite une énorme forme, beaucoup de marge.
00:43:55 Et peu de gens, et pour la plupart des Népalais, sont capables de tels exploits.
00:44:02 - Et puis l'hélicoptère, normalement, ne peut pas voler si haut.
00:44:06 Même si j'ai découvert en lisant une histoire de l'Everest, Jean-Michel,
00:44:11 qu'un hélico s'est posé, on voit ces images, en 2005, au sommet de l'Everest.
00:44:17 - Il a posé un patin, et alors c'est un hélicoptère français, un Eurocopter,
00:44:21 et le pilote était français, Didier Delsal, il s'appelle, et c'est incroyable.
00:44:25 Il l'a fait à deux reprises.
00:44:27 Il l'a fait une première fois, et il l'a refait le lendemain parce que les gens avaient un peu des doutes.
00:44:31 Donc, pour homologuer son histoire, il a posé deux fois un patin au sommet de l'Everest.
00:44:36 - Il n'est pas descendu, mais il est resté quelques minutes comme ça.
00:44:38 - Ah ben, il ne valait mieux pas qu'il descende, parce que je ne pense pas qu'il était très équipé.
00:44:42 L'hélico, ils avaient viré à l'intérieur tout ce qui pouvait peser du poids.
00:44:47 Lui avait deux bouteilles d'oxygène, et puis il vogue la galère.
00:44:51 C'était formidable.
00:44:52 Bon, il faut noter aussi que, par exemple, Angelo Darigo, qui était un pilote de Deltaplane,
00:44:57 a volé à 9000 mètres, donc au-dessus de l'Everest.
00:45:00 Pas mal quand même.
00:45:01 - Est-ce que Didier Delsalle, qu'on a vu célébrer cet exploit, compte comme un semiteur ?
00:45:06 Est-ce qu'il fait partie des statistiques ?
00:45:08 - Il fait partie de quelqu'un qui s'est posé au sommet de l'Everest ?
00:45:10 Non, je ne pense pas qu'il rentre dans les semitesurs.
00:45:12 - Je dis ça parce qu'il y a un décompte très précis du nombre de semiteurs qui ont atteint le toit du monde,
00:45:17 et puis les autres 8000.
00:45:18 C'est une Anglaise, Miss Morley, qui avait initié ça ?
00:45:21 - Absolument.
00:45:22 Miss Olay, Miss Elisa Bitole, qui a vécu au Népal pendant toute sa vie.
00:45:28 Elle est morte récemment, il y a deux ans, je crois.
00:45:30 Et elle a absolument répertorié toutes les ascensions qui se faisaient, pas que sur l'Everest,
00:45:37 mais sur toutes les montagnes du Népal.
00:45:39 Et aujourd'hui, je crois en 2022, elle répertorie un peu comme 11 236.
00:45:46 - 11 340.
00:45:47 J'ai les chiffres, j'ai noté dans votre livre.
00:45:49 - Ce qui est marrant, c'est qu'en fait, ça ne représente pas 11 000 et quelques grimpeurs.
00:45:53 Ça ne représente que 6 500 et quelques grimpeurs.
00:45:57 Pourquoi ? Parce qu'il y a énormément de doublons sur l'Everest.
00:46:00 Il y a beaucoup de gens qui le font 2, 3, 4, 5, 10 fois.
00:46:04 Donc, ce n'est que 6 000 et quelques grimpeurs.
00:46:08 Et quand même, sur les 10 000 ascensions, un peu plus de 5 000 sont le fait des palais Sherpa ou autres ethnies.
00:46:18 - Il n'y a que 134 Français qui ont gravi l'Everest, d'après ces statistiques, et 800 aux oxygènes, dont 12 femmes.
00:46:26 Donc, ça reste encore quelque chose d'assez exceptionnel pour un alpiniste français d'aller au sommet.
00:46:33 Les premiers, en tout cas, officiellement, à avoir foulé le toit du monde, ce sont Hillary et Tenzing, avec cette photo célèbre du sommet.
00:46:43 Ce n'est pas Hillary, le Néo-Zélandais, qui est en photo.
00:46:45 C'est le Sherpa Tenzing.
00:46:48 - Non, c'est Tenzing.
00:46:49 Mais non, parce que Tenzing ne savait pas bien manier un appareil photo.
00:46:52 Et Hillary a pensé très justement que ce n'était peut-être pas au sommet de l'Everest qu'il allait lui apprendre à faire une mise au point et régler un diaphragme.
00:47:01 - Bon, il vallait mieux que la photo, effectivement, soit réussie, parce qu'elle a fait le tour du monde.
00:47:05 Cette nouvelle a mis 4 jours à arriver jusqu'en Angleterre avant d'être diffusée grâce à un message codé.
00:47:13 Aujourd'hui, alors, des réseaux sociaux et de l'instantané, ça paraît fou.
00:47:18 - Non, mais ce qui est très intéressant, c'est qu'elle est parvenue à un moment clé pour l'histoire de l'Angleterre.
00:47:23 C'était le couronnement de la reine Elisabeth II.
00:47:26 Et en fait, cette victoire sur l'Everest a été perçue comme un présage heureux pour le règne d'Elisabeth.
00:47:36 Et ça a été vraiment une grande fête quand les Britanniques ont appris qu'Hillary Tenzing avait été au sommet de cette montagne.
00:47:45 Ça a été vraiment perçu comme ça.
00:47:47 - On les voit, là, Hillary Tenzing, dans une des photos publiées dans les livres, parce que vous êtes allé faire aussi une recherche iconographique.
00:47:53 - Oui, c'est Marion Blanchard, l'éditrice, qui a fait un travail iconographique exceptionnel.
00:47:57 - Les Français y mettront... Ils ont été les premiers à 8 000 en 1950, mais y mettront 28 ans avant d'aller au sommet de l'Everest.
00:48:05 C'était en 1978, sous la houlette, on le voit en photo, de Pierre Mazot, ancien ministre, chef d'expé, qui deviendra le 72e sommiteur.
00:48:13 Il y avait aussi un alpiniste médecin comme vous, Pierre, dans cette expo, Nicolas Jäger, qui s'est permis de fumer plusieurs cigarettes.
00:48:20 Alors ça me paraît incroyable de pouvoir fumer à pratiquement 9 000 mètres d'aptitude. Je me tourne vers le médecin. Est-ce bien raisonnable ?
00:48:25 - Oui, c'est de la provoque, hein. Pourquoi pas ? Il espérait que sa photo fasse le tour du monde. Il a réussi son pari. Il a réussi son coup, oui.
00:48:37 - Effectivement, Nicolas était un grand fumeur. - Jean Raffa Nazieff aussi, hein.
00:48:41 - Jean Raffa aussi. - Et Pierre Mazot, j'ai quelques photos de lui où on le voit, la cigarette au bec.
00:48:46 Je pense qu'à l'époque, on fumait à 8 000 dans la tente. - Ouais, ouais.
00:48:51 - Il n'y a pas d'interdiction de fumer en montagne. 8 848 m, c'est l'altitude aujourd'hui de Le Lèvres. Est-ce qu'il a longtemps été sujet de discussions ?
00:49:01 Et on ne donnait pas forcément la même altitude suivant le pays où on était.
00:49:05 - Suivant les méthodes de mesure. C'est ça qui était très compliqué. Et alors les Chinois mesuraient d'une certaine façon, les Népalais d'une autre.
00:49:16 Et puis après, vous aviez tous les experts, en gros, qui voulaient mesurer l'Everest.
00:49:21 Ça se fait au Mont-Blanc, ça se faisait à l'Everest. C'est le grand truc. En général, on arrive à gratter comme ça quelques subventions.
00:49:28 Et voilà. Après, ce qui est très intéressant, c'est quand même de voir qu'en 1875, il y avait donc le Survey of India, cet organisme chargé de cartographier.
00:49:39 Et il y avait un Indien qui s'appelait Radhanath Sikar. Et lui, il a, avec des outils vraiment très simples, des théodolites, des relevés avec des bâtons, etc.,
00:49:53 il avait quand même trouvé l'altitude pratiquement exacte de l'Everest. Il avait trouvé 8840 m.
00:50:00 Et son directeur, qui s'appelait André Vogn, a dit « On va rajouter 2 m, ça ne fera plus vrai ».
00:50:06 - C'est louche. Un nombre rond est un petit peu louche. - Un nombre rond. Donc, ils ont vrai 8842 m.
00:50:11 - Les scientifiques se sont depuis accordés. On fait souvent des mesures sur l'Everest. On installe des stations météo, comme on voit sur ces images.
00:50:19 C'est la plus haute du monde qui a tenu quelques mois à 8848 m. Donc, c'est aujourd'hui l'altitude officielle depuis 2020.
00:50:26 Les Chinois l'avaient mesurée 4 m en dessous. Il paraît qu'ils ont augmenté d'autant le prix du berlin parce que c'était plus long que prévu.
00:50:33 - Alors, c'est pas que pour ça qu'ils ont augmenté les royalties. Ils ont augmenté les royalties parce que c'est une bonne source de revenus quand même.
00:50:40 - C'était un prétexte. Alors, l'emplacement du sommet... - Ils se sont dit « Il n'y a pas de raison. Ça coûte 10 000 $ d'un côté. Pourquoi ça coûterait 5 000 chez nous ? »
00:50:47 - Ça coûte combien aujourd'hui, si on veut s'offrir l'exprès à l'Everest ?
00:50:52 - Le simple ticket d'entrée vers San Népalais, c'est 10 000 $ par personne. Donc ça, ça vous donne droit à rien, sinon le droit d'aller sur l'Everest.
00:51:00 Alors après, vous ajoutez je ne sais combien de choses et vous arrivez dans des agences aux alentours de 50 000 € pour le minimum.
00:51:11 Mais c'est monté jusqu'à 200 000 € pour des prestations. Alors, on vous amène en hélico, on vous ramène à Katmandou pour vous reposer entre deux tentatives.
00:51:24 Et là, vous avez un sherpa devant, un sherpa derrière, 20 bouteilles d'oxygène. Vous commencez à siroter de l'oxygène à partir de 6 100 mètres. Bon, voilà. Donc ça coûte très cher.
00:51:36 - C'est l'approche que Pierre évoquait, qui ne permet pas forcément votre tasse de thé. En tout cas, il y a beaucoup de monde aujourd'hui qui est attiré par ce sommet.
00:51:45 Il y a cette célèbre photo publiée il y a quelques années. C'est là où vous avez attendu, Jean-Mi, parce que vous n'aviez pas la corde au Ressau, Hilary ?
00:51:52 - Non, mais il n'y avait pas tant de monde. J'étais tout seul avec Bruno et un sherpa. C'est tout. J'avoue que ça fait drôle, quoi, cette photo. Ça fait drôle, mais...
00:52:01 - Surtout qu'il faut se croiser. Il faut monter et redescendre par le même chemin sur cette arrête. C'est un problème, la fréquentation de l'Everest ?
00:52:09 - Écoutez, c'est le même problème que la fréquentation au Mont-Blanc. C'est la fréquentation sur des sommets qui sont emblématiques, qui portent une symbolique monstrueuse.
00:52:18 Mont-Blanc, le toit de l'Europe, etc., même si c'est l'Elbrus en réalité. Mais bon, et l'Everest, le toit du monde. Qu'est-ce que vous voulez ? Ça attire les gens.
00:52:27 Il y a plein de gens qui ne feront dans leur vie que le Mont-Blanc, puis après, ils ne feront plus jamais d'alpinisme.
00:52:33 Et il y a plein de gens qui ne feront que l'Everest et plus jamais d'alpinisme. C'est comme ça.
00:52:38 - C'est aussi une source économique importante, j'imagine, pour les pays concernés ? On va parler du Népal.
00:52:44 - Oui. Et les Sherpas, depuis une dizaine d'années, se sont emparés de la chose. Et bon, alors c'est très bien pour eux parce que, du coup, voilà, ils organisent l'expé de A à Z.
00:52:56 Ils ont leur propre guide. Et ça se passe plus ou moins bien. Eux n'hésitent pas sur le plan des hélicos, de tout ce qu'il faut.
00:53:05 - Ils mettent les moyens. - Ils mettent les moyens.
00:53:07 - Pierre, Jean-Michel évoquait la régulation, en tout cas le monde sur les sauveteurs magnatiques, le Mont-Blanc.
00:53:13 La façon de réguler l'afflux chaque été pose problème aux professionnels de la montagne.
00:53:19 Il y a le maire de Saint-Gervais qui veut presque fliquer. On le voit avec des fois des secouristes du PGHM qui viennent un peu faire la police sur la voie d'accès au Mont-Blanc.
00:53:30 Qu'est-ce que vous en pensez, vous, en tant que guide de Haute-Montagne ?
00:53:33 - Moi, je suis d'accord avec Jean-Michel. C'est une montagne qui attire, voilà, parce qu'elle a une symbolique forte. On ne peut pas l'empêcher.
00:53:41 Après, c'est toute la démagogie sur aussi la façon dont on vend le sommet et dont on vend l'ascension.
00:53:48 On dit que le Mont-Blanc est facile. Et combien de gens viennent nous voir en disant « le Mont-Blanc, c'est facile ».
00:53:52 Je suis obligé de leur dire « non, le Mont-Blanc, c'est pas facile ». Donc le Mont-Blanc, c'est pas facile. Le Mont-Blanc, ça peut être dangereux.
00:53:59 Donc voilà, le Mont-Blanc, ça doit être un chemin dans un parcours d'alpiniste, mais pas uniquement une case à cocher.
00:54:08 Il faut qu'on sorte un petit peu de cette chose-là. Et nous, les premiers, les guides, peut-être, d'être un peu moins démagogiques quand on vend cette ascension.
00:54:18 Et voilà. Et pour ça, pas forcément, la réponse, c'est pas forcément de plus l'équiper pour la rendre moins dangereuse,
00:54:24 mais plutôt de la réserver à des alpinistes un peu plus expérimentés. Et quand ils ne le sont pas, d'accompagner de professionnels.
00:54:34 Là, on voit les images d'un bivouac de jeunes alpinistes qui avaient bivouacé à l'automne au sommet du Mont-Blanc.
00:54:38 Ça a créé aussi la polémique. Le maire de Saint-Gervais les a attaqués en justice. Ça vous a choqué, Jean-Michel ?
00:54:44 Ça m'a choqué. Mais ce qui m'a choqué encore plus, c'est...
00:54:46 L'attaque en justice ou le fait d'aller bivouacer au sommet du Mont-Blanc ?
00:54:48 Non, l'attaque en justice. Le fait d'aller bivouacer au sommet, pourquoi pas ?
00:54:51 Ça va, ils n'ont rien fait de mal, ils n'ont tué personne.
00:54:54 Mais je suis plus choqué encore par le procès intenté à Christophe Profy qui a subterrisé trois pieux.
00:55:07 – Qui avaient été mis par ses collègues pour sécuriser la voie normale.
00:55:09 – Mon Dieu, mon Dieu, quel drame a-t-il fait ? Quelle forfaiture a-t-il commis ?
00:55:14 Ben non, non, non, il a enlevé un symbole, c'est tout.
00:55:18 Il faut arrêter de délirer, monsieur Payex, restez tranquille dans votre mairie de Saint-Gervais.
00:55:23 – On pourrait imaginer enlever les cordes fixes sur une voie normale en Himalaya ou à l'Everest,
00:55:29 par exemple, ça pourrait être un geste un peu symbolique aussi ou là ça peut être dangereux ?
00:55:33 – Pourquoi pas ? Vous vous feriez engueuler par les Sherpas ?
00:55:35 – Oui, il s'est fait engueuler par ses collègues de Christophe Profy quand il a fait ça.
00:55:39 – Voilà, bon. – Revenons à l'Everest pour finir,
00:55:44 on ne va pas dévoiler toutes les histoires mais il y a beaucoup de records qui se sont déroulés
00:55:48 sur cette montagne, des records d'âge, aussi le plus jeune semiteur de l'Everest,
00:55:53 je ne sais pas si vous savez quel âge il peut avoir, Pierre, à votre avis ?
00:55:56 – Non, je ne sais pas, j'ai une petite idée mais je vais…
00:56:00 – C'est assez extraordinaire, c'est 13 ans. – 13 ans.
00:56:03 – C'est un Américain qui s'appelle Jordan Romero et qui est monté avec son père et sa belle-mère
00:56:08 au sommet de l'Everest par la voie du versant nord, par la voie tibétaine, bon, pourquoi pas ?
00:56:15 – 13 ans et le plus ancien à 80 ans, c'est un Japonais qui s'appelle Mura.
00:56:20 – Dushiro Mura. – Voilà, qui fut également,
00:56:22 alors ça je l'ai appris dans votre livre, le premier à se risquer à skier sur les pentes de l'Everest en 1970,
00:56:27 vous évoquez cet épisode, alors je vais aller rechercher les images parce qu'il y a un film
00:56:33 qui a été réalisé au cours de cet exploit, on peut le dire, avec une descente qui est pour le moins
00:56:40 assez inattendue. – Enfin tout droit.
00:56:43 – Oui, on voit les fixations de l'époque, c'était des lanières pour attacher,
00:56:46 et puis sur une pente très raide, il a décidé, on le voit là, d'aller tout droit, droit dans le pentu.
00:56:51 – Droit dans le pentu et pour se ralentir, il va ouvrir tout simplement un parachute
00:56:56 comme les avions quand ils dérivent sur un porte-avions.
00:56:59 – Ça marche ça le parachute, on fait des virages normalement ?
00:57:03 – Non, c'est assez drôle quoi, mais en revanche, ce que je peux admirer chez Mura,
00:57:09 c'est cette incroyable longévité qu'il a par rapport à l'Everest.
00:57:14 Alors j'ai appris que son père, à ce garçon, avait fait le Mont-Blanc à 99 ans.
00:57:20 – Ah ben ça laisse encore un peu de marge.
00:57:22 – Donc il y a une espèce d'hérédité, on peut dire ça comme ça.
00:57:24 – Bon ça aurait pu s'arrêter très vite sa carrière, puisque le parachute n'a pas suffi à en régler.
00:57:28 – Il suffit à arrêter, voilà, on voit les skis.
00:57:30 – Une chute, on est sur des pentes là.
00:57:32 – Tout paravolo.
00:57:33 – Au-delà de 40 degrés j'imagine.
00:57:34 – Oui, dans les 40 degrés.
00:57:35 – Dans les 40 degrés avec de la glace, donc bon, le ski ça déchausse,
00:57:40 mais ça reste attaché avec la lanière, donc voilà,
00:57:42 il va s'offrir une petite pirouette en forme de kamikaze.
00:57:46 – C'est la plus belle chute probablement à l'Everest.
00:57:48 – Ah puis on admire le sang-froid du cadreur qui n'a pas dévié de sa trace,
00:57:52 il ne tremble pas, il continue à suivre notre ami japonais qui s'en sortira.
00:57:56 – Yujiro Mura.
00:57:57 – Finalement, très bien, on évoquait le couloir Orban,
00:58:02 il a été descendu de façon plus classique, on va dire, en snowboard,
00:58:06 par Marco Siffredi, un français également, dans les années, fin des années 90.
00:58:10 – Oui, mais alors là, par contre Marco Siffredi,
00:58:12 qui avait déjà gravi l'Everest l'année précédente,
00:58:15 – Et qui l'avait déjà descendu.
00:58:16 – Et qui avait descendu ce qu'on appelle plutôt le couloir Morton,
00:58:19 donc on l'a vu, enfin les Sherpals l'ont vu disparaître très très vite
00:58:25 et on ne sait pas ce qu'il est advenu, est-ce qu'il a fait une chute,
00:58:29 est-ce qu'il a déclenché une avalanche, bref, on ne l'a pas retrouvé,
00:58:32 donc ça a été très triste pour tout le monde,
00:58:35 parce que c'était un personnage extrêmement attachant.
00:58:38 – Bon, il fait partie de ces corps qui sont restés sur la montagne
00:58:41 et une part de mystère sur cette exposition.
00:58:43 – Mais le Orban a été descendu quasiment sur les fesses par deux alpinistes suisses,
00:58:47 Hérard de Loretan et Jean Troilet, qui ont mis du sommet jusqu'au camp de base
00:58:52 quelque chose comme 3h30, en courant littéralement.
00:58:56 – Vous l'évoquez aussi cet épisode sur les fesses dans des pentes à 40 degrés,
00:59:02 ce n'est pas conseillé non plus.
00:59:03 – Non, pas conseillé.
00:59:04 – Pour ceux qui voudraient redescendre.
00:59:06 – Il fallait s'appeler Loretan ou Troilet.
00:59:08 – Il y a Jean-Marc Boivin aussi qui était descendu en quelques minutes
00:59:10 du sommet jusqu'au camp de base.
00:59:12 – Avec un parapente, oui.
00:59:14 Alors ça c'est une très belle aventure aussi,
00:59:17 voilà, le premier vol de l'Everest en parapente,
00:59:20 aujourd'hui il y en a eu plusieurs,
00:59:22 dont celui remarquable de Claire Bernier et son mari de l'époque, Zébulon,
00:59:27 alias Bertrand Roche, qui sont partis du sommet versant nord,
00:59:32 tous les deux en bi-place et qui ont fait un vol merveilleux.
00:59:35 – Et bien pour trouver les histoires de l'Everest,
00:59:38 je le mets au pluriel parce qu'il y en a plusieurs dans le livre de Jean-Michel Asselin,
00:59:41 et puis les histoires aussi d'Avalanche dans le livre de Pierre Muller,
00:59:46 tous les deux parus cette dernière semaine aux éditions Glela,
00:59:49 voilà ce cours en Avalanche et une histoire de l'Everest.
00:59:54 Si vous aimez la montagne, vous apprécierez vous plonger dans ces histoires.
00:59:59 On reste toujours au rayon librairie,
01:00:01 j'ai encore quelques pages à tourner avant la fin de cette émission.
01:00:04 [Générique]
01:00:11 Et oui, après avoir parlé des 70 ans de l'Everest,
01:00:14 je vous propose de remonter encore un peu plus loin dans le temps
01:00:16 avec les traces d'Edward Wimper,
01:00:19 connu pour être le premier homme à avoir réussi l'ascension du Cervin.
01:00:22 Cet Anglais a ouvert de nombreux itinéraires d'alpinisme au cours de sa carrière,
01:00:25 ce qui lui confère aujourd'hui encore une certaine notoriété.
01:00:28 Et vous connaissez moins son exploration des montagnes de la Cordillère des Andes.
01:00:32 C'est dans ce bouquin qui vient d'être traduit aux éditions du Mont Blanc,
01:00:37 des éditions de Catherine Destivelle, il vient de être traduit en français,
01:00:39 c'est ce bouquin qui revient sur ce voyage dans les grandes Andes de l'Équateur
01:00:44 du célèbre Edward Wimper.
01:00:47 Ça avait été écrit en 1892 pour la première édition.
01:00:51 Est-ce que vous connaissez Raymond Renaud ?
01:00:53 - Bien sûr ! - Jean Michel ?
01:00:54 - Bon, forcément ! - Oui !
01:00:56 - Guide de haute montagne. - Personnage étonnant !
01:00:58 Des Hautes-Alpes, auteur entre autres de la première ascension de la face nord
01:01:02 de la mège en solitaire en 1969.
01:01:04 Il a âgé aujourd'hui de 81 ans et il vient de publier son autobiographie.
01:01:09 "Je suis un pauvre gamin sans parents,
01:01:12 "un barrière du village à qui on donne par charité une assiette de soupe
01:01:15 "mais à qui on ne fait jamais une place à table.
01:01:17 "Ma place est par terre avec une petite mongolienne du village."
01:01:19 Voilà ce qu'il écrit sur son enfance dans ce livre.
01:01:22 Cela ne présageait pas forcément d'un bel avenir, heureusement l'enfance sauvage...
01:01:26 - Vous saviez qu'il avait les doigts de pied et de main palmés ?
01:01:29 - Ah non ! - Ce qui est assez étonnant !
01:01:31 - Grimper, ce n'est pas idéal ! - Il a subi plein d'opérations
01:01:33 pour pouvoir grimper.
01:01:35 - C'est à lire aussi aux éditions du Mont Blanc, ce portrait,
01:01:38 ce toto-portrait de Raymond Renaud.
01:01:41 J'imagine que l'épisode des doigts palmés doit aussi être évoqué dans le livre.
01:01:46 Deux derniers bouquins pour finir aux éditions Glena.
01:01:48 "Nouvelle paroi de légende", signé Stéphanie Baudet et Arnaud Petit,
01:01:52 un célèbre couple de grimpeurs encordés dans la vie,
01:01:54 comme sur le rocher depuis plus de 30 ans.
01:01:56 Il propose un topo détaillé de 200 grandes voies un peu partout dans le monde,
01:02:00 avec une large place quand même, on le voit sur ces images, aux voies françaises.
01:02:05 Et puis pour les randonneurs, parce qu'il y en a aussi qui pratiquent la montagne
01:02:08 de façon plus tranquille, "Aravis, les plus belles randonnées",
01:02:11 signé Catherine et Gilles Lansard.
01:02:13 C'est une réédition avec des nouveaux itinéraires sur ce massif des Aravis,
01:02:17 qui vaut le coup d'être découverts, notamment pendant la saison estivale.
01:02:23 Merci à tous les deux d'être venus participer à Grand'Erne.
01:02:27 On se retrouve très prochainement pour d'autres aventures.
01:02:30 - Merci. - Merci.
01:02:31 (Générique)

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