Le politologue Guillaume Bigot réagit sur le sujet de la réindustrialisation : «L'Europe nous oblige à donner le même argent à tout le monde pour ne pas fausser la concurrence».
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Je pense que si vous voulez, il ne faut pas critiquer pour critiquer.
00:02 Le président de la République essaie de sauver la casse.
00:03 On est dans un, dans une boîte.
00:05 On est dans un repère orthonormé dans lequel on ne peut pas faire grand chose.
00:09 Finalement, pour se réindustrialiser, je vais essayer de vous l'expliquer.
00:11 Et attirer des capitaux étrangers, ce n'est pas mal en tant que tel.
00:14 C'est un peu essayer d'essayer de limiter la casse.
00:16 Je vous parlais tout à l'heure des aides, par exemple, en matière de recherche.
00:19 Les fameux crédits d'impôt recherche qui ont eu un petit effet.
00:22 Mais vous savez qu'on ne peut pas, en raison des règles européennes,
00:24 cibler, c'est pourtant notre argent, c'est l'argent des contribuables.
00:28 Cette aide pour financer de la recherche en France,
00:30 on ne peut pas la cibler vers nos entreprises ou des entreprises stratégiques.
00:33 Si demain, on veut qu'il y ait, je pense que c'est fondamental
00:36 de l'intelligence artificielle française, des grands opérateurs
00:39 d'intelligence artificielle, si on fait de la recherche en informatique quantique,
00:42 on devrait, comme on l'a fait, c'est ça qui nous a permis
00:44 d'être une grande puissance industrielle.
00:46 Et c'est ça qui se passe en Chine.
00:47 C'est ça qui se passe aux Etats-Unis.
00:48 C'est ça qui se passe à Taïwan.
00:50 C'est ça qui se passe dans les pays qui fonctionnent bien.
00:52 On cible les aides des contribuables sur les entreprises nationales.
00:56 Non, l'Europe nous oblige à donner le même argent à tout le monde
00:59 pour ne pas fausser la concurrence.
01:01 Mais c'est de la démence, c'est à dire qu'en fait, on se bat.
01:03 On a un match de boxe, on a les mains attachées dans le dos.
01:06 Alors il y a trois exemples de ça et trois explications simples.
01:09 La première, pas revenir sur l'euro, mais c'est quand même important.
01:12 Il faut avoir les données en tête.
01:14 1980, 25% c'est la part de l'industrie dans le PIB.
01:18 1980, 2000, 20% vous avez déjà perdu.
01:21 5% de 80 à 2000.
01:23 Là, vous créez l'euro.
01:24 Alors là, tous les économistes vous disent sérieux qu'il y a une accélération.
01:27 La vitesse de désindustrialisation, c'est deux fois et demi plus rapide.
01:30 En 2015, vous n'avez plus que 15% d'industrie et aujourd'hui, on est à 12,4.
01:35 Donc, M. Macron ne va pas lui jeter la pierre.
01:37 L'euro, de toute façon, est une machine, un laminoir pour l'Europe
01:40 à désindustrialisation incroyable.
01:43 Sauf qu'on n'a pas tellement entendu critiquer l'euro, mais passons.
01:46 En tout cas, M.
01:47 Macron, il a fait une chose, il a stoppé la désindustrialisation.
01:50 Ça frémit un peu, ça augmente un tout petit peu.
01:53 Mais en tout cas, la pente s'est arrêtée.
01:58 On est maintenant sur du plat, sur un plat.
01:59 À titre de comparaison, 25% pour l'Allemagne.
02:01 Alors pourquoi l'euro, c'est fondamental ?
02:03 Mais parce qu'on nous explique tout le temps, les perroquets, là, oui,
02:06 mais alors il y a trop de charges, baisser les charges.
02:08 Mais ce n'est pas complètement faux puisqu'on n'est pas compétitif suffisamment.
02:10 Donc, si on baisse les charges, peut être qu'il y aura plus de compétitivité.
02:13 Mais imaginez que vous baissez la valeur de votre monnaie
02:15 et c'est ce qui se passe quand vous avez un déficit.
02:17 On a un déficit commercial énorme.
02:19 Quand on a un déficit commercial énorme et que la monnaie peut fluctuer,
02:21 eh bien, la monnaie est dévaluée.
02:23 Si la monnaie est dévaluée, ça rend vos produits plus compétitifs.
02:26 Il n'y a pas besoin de faire sauter la Sécu.
02:28 Il n'y a pas besoin de faire sauter les hôpitaux.
02:29 Il n'y a pas besoin de déshabiller les magistrats, les policiers ou l'armée.
02:33 Donc, vous faites ça à travers la monnaie.
02:35 Nous n'avons plus cette monnaie.
02:37 Ce qui est très intéressant, c'est que l'Allemagne, elle,
02:39 elle arrive à avoir un avantage énorme grâce à cette monnaie,
02:42 puisqu'à l'inverse, sa monnaie, elle, elle n'est pas suffisamment faible
02:45 pour sa productivité et ses excédents.
02:47 Ses excédents, finalement, c'est nous qui les payons.
02:49 Ensuite, le protectionnisme.
02:50 Vous ne pouvez pas protéger des industries sensibles.
02:52 Il ne s'agit pas de tout protéger.
02:54 Mais quand vous voulez faire émerger une informatique quantique française,
02:57 une intelligence artificielle française,
02:58 mais il faut un moment protégé.
03:00 Si vous ne le faites pas jamais, vous n'existerez.
03:02 Et ensuite, subventionner les entreprises.
03:04 Je vous en ai parlé.
03:04 Donc, vous voyez, on est dans un mécanisme qui est un étau
03:08 qui écrabouille notre industrie.
03:10 Et donc, effectivement, Choose France et la grande braderie venaient acheter tout.
03:13 Tout était à vendre.
03:14 Ben, c'est la seule chose qui reste à faire.
03:16 [Musique]
03:19 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]