• l’année dernière
Transcription
00:00 Si mon bébé, une fois sorti de mon ventre et une fois pesé, ne pesait pas plus de 500g,
00:05 on ne le réanimerait pas.
00:06 Malheureusement, mon bébé pesait 480g.
00:10 Donc ça s'est joué de peu.
00:11 Je m'appelle Émilie Meunier, j'ai 36 ans, je suis journaliste et je viens de perdre
00:19 un bébé au début du sixième mois de grossesse des suites d'un placenta prévia.
00:23 Donc un placenta prévia, c'est quoi ? C'est tout simplement un mauvais positionnement
00:28 de cet organe éphémère qui est présent que pendant une grossesse.
00:31 Ça signifie principalement que ça bloque le passage du bébé.
00:36 Donc c'est des naissances souvent qui sont en césarienne.
00:40 Ça peut aussi signifier des saignements pendant la grossesse et des risques d'accouchement
00:44 prématuré.
00:45 Je tiens à rassurer quand même, en général ça se passe très bien, en général le placenta
00:49 remonte de lui-même.
00:50 Le mien malheureusement n'est pas remonté, il a fait du sur place.
00:54 Et quand un placenta prévia connaît des complications, là par contre ça peut être
00:58 extrêmement grave et j'en ai fait la meilleure expérience.
01:02 Donc ma première grossesse s'était très bien déroulée et là pour cette deuxième
01:05 j'ai senti un peu tout de suite qu'il y avait quelque chose qui clochait.
01:08 C'est au bout de deux mois et demi en Italie j'ai eu mes premiers petits saignements.
01:13 Donc c'était des petits spottings au début, des petites pertes marron, pas des grosses
01:18 pertes de sang, mais assez inquiétant pour aller faire des petits séjours aux urgences.
01:23 C'est à peu près, je dirais vers les trois mois, trois mois et demi de grossesse qu'on
01:26 a mis un mot, qu'on a posé le diagnostic sur un placenta prévia.
01:29 De là, s'en est suivi énormément d'aller-retour aux urgences parce que dès que je saignais
01:35 rouge, il fallait que j'aille vérifier que tout allait bien.
01:38 En l'occurrence, à chaque fois aux échographies, le bébé allait bien, mais mon corps lui
01:44 continuait de saigner.
01:45 J'ai donc passé la plupart de ma grossesse allongée à l'hôpital, dans un service
01:50 de maternité à haut risque.
01:51 Donc là, on est clairement sur une grossesse avec une épée de Damoclès au-dessus de
01:56 sa tête.
01:57 J'ai rompu la poche des os autour des 24 semaines.
02:01 Malheureusement, quelques jours après avoir rompu la poche des os, j'ai senti un peu
02:07 de travail dans mon ventre, comme des petites contractions.
02:10 C'était très léger.
02:11 Je sens quelque chose pendre et donc j'ai fait ce qu'on appelle une procidence du cordon.
02:18 Donc c'est un bout de cordon ombilical qui passe.
02:22 On m'a fait comprendre très rapidement que si quelque chose était passé, c'est que
02:26 mon placenta ne bloquait plus le passage, qu'il avait dû se décoller.
02:29 Et donc là, on était dans une situation d'extrême urgence.
02:32 Il y avait un risque vraiment accru de mortalité fétale et maternelle.
02:37 En, je dirais, trois minutes chrono, j'étais nue allongée sur un brancard en train de
02:45 me faire ouvrir le ventre avec une anesthésie générale.
02:48 Je me suis réveillée, je ne sais absolument pas combien de temps après.
02:53 Peut-être que ça a duré 12 heures, je n'en ai aucune idée, dans une salle de réveil
02:57 très froide où on m'a dit ce que je savais déjà.
03:03 Alors à ce moment-là de la grossesse, j'étais à 24 semaines et 4 jours.
03:10 On m'avait expliqué que j'avais passé le premier stade de viabilité des 24 semaines,
03:15 mais que si mon bébé, une fois sorti de mon ventre et une fois pesé, ne pesait pas
03:20 plus de 500 grammes, on ne le réanimerait pas.
03:22 C'était de la maltraitance.
03:25 Et ce que je conçois totalement, malheureusement, mon bébé pesait 480 grammes.
03:32 Donc ça s'est joué de peu.
03:33 Malheureusement, mon bébé, si on s'était acharné, aurait eu de graves séquelles et
03:41 de lourds handicaps.
03:42 Et on aurait connu l'extrême prématurité avec des risques quasiment de 1 sur 2 de
03:48 mort dans les jours qui suivent.
03:51 J'ai mis énormément de temps à me relever, alors que pour ma première césarienne, le
03:55 lendemain, j'étais debout.
03:56 Ne pas tenir un bébé dans ses bras augmente la douleur.
04:02 Et là, c'est un long process qui commence.
04:07 Évidemment, je n'aurais jamais pu, peut-être même témoigner, mais en tout cas me relever
04:14 aussi vite sans mon fils, qui m'a vraiment donné un souffle de vie.
04:20 Donc la question du bébé pour lui, ce n'était pas tant une question, c'était plutôt la
04:24 question de savoir si moi j'allais mieux.
04:25 Donc je l'ai rassuré.
04:27 Et après le bébé, on lui a expliqué de manière assez pragmatique qu'il n'était
04:34 pas assez fort, qu'il n'aurait pas pu survivre sur terre.
04:38 Et du coup, on lui a imaginé une petite vie dans les étoiles.
04:42 Voilà, mais chacun fait évidemment à sa guise quand on vit ce genre de choses.
04:48 J'ai aussi fait le choix pour ma part d'écrire, de porter tout ça sur papier.
04:53 J'ai aussi monté une page Instagram sur le sujet.
04:56 J'ai voulu partager, j'ai voulu recueillir d'autres témoignages de femmes.
05:01 J'ai voulu qu'on soit ensemble.
05:03 Un placenta prévia, c'est du pur hasard.
05:05 Donc ça peut arriver à n'importe qui.
05:07 Il faut en parler en fait.
05:09 Moi, je me suis retrouvée très bête la première fois qu'on m'a sorti le terme.
05:12 Je ne connaissais pas.
05:13 J'avais lu que des articles médicaux et la parole d'autres femmes, je ne l'ai pas
05:19 eue.
05:20 Je ne l'ai pas entendue et pourtant, vraiment, j'en aurais eu besoin.
05:24 Pas pour m'effrayer et là, je ne parle pas pour effrayer les autres femmes, mais vraiment
05:29 juste pour savoir que je ne suis pas seule.
05:31 Parce que je pense vraiment qu'à plusieurs, on est plus forte.
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