Retraites : le RN Jean-Philippe Tanguy "espère que les macronistes ne vont pas pourrir" l'examen d'une proposition de loi pour abroger la réforme

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Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme et président délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale, sur franceinfo, le 18 mai 2023.
Transcript
00:00 - Jean-Philippe Tanguy, le 8 juin, à l'Assemblée nationale arrive ce texte du groupe Lyot pour abroger la toute dernière réforme des retraites,
00:06 donc en fait pour revenir à 62 ans en âge de départ légal.
00:09 Aucun mystère, votre groupe votera pour et j'imagine qu'il votera pour de manière unanime.
00:14 - Ah oui, oui, nous votons sans doute pour, alors on attend évidemment...
00:17 - Il n'y a pas de liberté de vote comme sur le caractère civique ?
00:19 - Parce que si visiblement c'est une des options sur la table de la majorité, c'est de pourrir, si je puis dire, le texte
00:25 et de le transformer par des amendements ou de l'obstruction, bon ben on verra le texte final.
00:29 Si il est dénaturé par le comportement de la minorité présidentielle, il faudra s'adapter, mais oui, nous soutenons ce texte.
00:36 D'ailleurs, au bureau de la Commission Finances, j'ai soutenu le président Coquerel pour lui dire qu'il était parfaitement...
00:42 - Il est France Insoumise, je le précis.
00:43 - ...qui est évidemment un insoumis, qui est parfaitement légitime pour laisser cette loi discuter puisque la majorité fait...
00:49 la minorité présidentielle fait feu de tout bois pour essayer de bloquer...
00:52 - La majorité relative.
00:54 - Simplement, vous pensez qu'elle fera de l'obstruction pour empêcher le vote ?
00:58 - Ah, ils s'agitent, ils débattent, ils n'ont pas l'air de savoir comment s'opposer au débat parlementaire.
01:03 C'est vrai qu'ils ont utilisé tous les moyens qui étaient à leur disposition pour limiter ce débat, pour l'empêcher, pour empêcher le vote.
01:08 Maintenant, ça revient par le groupe Lyot.
01:11 D'ailleurs, je pense que si nous, on avait eu une autre niche qui n'avait pas été passée, on l'aurait fait aussi.
01:15 Bon, voilà.
01:15 - Les niches parlementaires, je précise, pour les auditeurs qui ne sont pas forcément spécialistes,
01:18 c'est des journées où les groupes d'opposition peuvent choisir l'ordre du jour à l'Assemblée.
01:23 - Absolument, il y en a une par an, nous, elle est déjà passée, donc Lyot peut le faire, donc nous les soutiendrons.
01:27 Mais j'espère que les macronistes ne vont pas pourrir cette journée, ne vont pas empêcher le débat,
01:32 parce que ça rouvrirait un conflit en France, ça mettrait du sel sur une cicatrice qui n'est évidemment pas refermée,
01:38 contrairement à ce que croit Mme Borne.
01:40 Et donc, enfin, peut-être, on va pouvoir vraiment discuter de cette réforme.
01:43 - Mais même à supposer qu'il y ait un vote pour que la réforme soit vraiment abrogée,
01:48 il faut que le texte soit adopté à l'Assemblée, qu'il soit adopté dans les mêmes termes ensuite au Sénat,
01:54 si les deux chambres ne se mettent pas d'accord, il faut une commission mixte avec des députés et des sénateurs
01:59 qui arrivent à avoir un texte de compromis, et ça, ça n'arrivera pas.
02:02 La majorité vous dit "mais il n'y aura pas de commission mixte par les termes".
02:04 On ne convoquera pas les députés et les sénateurs pour se mettre d'accord.
02:07 Donc, c'est-à-dire que tout ça, en fait, c'est un peu de l'agitation, ce texte n'a aucune chance d'aboutir.
02:11 - Non, c'est un équilibre politique.
02:12 Déjà, à la fin, l'Assemblée nationale a le dernier mot, et si la majorité ne veut pas appliquer le processus parlementaire à son terme,
02:21 eh bien, ils iront s'expliquer devant les Français, et je pense que les Français seront à nouveau très critiques de la pratique du pouvoir,
02:27 de plus en plus antidémocratique, ou en tout cas, contournant autant que possible l'esprit de la démocratie,
02:33 et les Français seront très critiques de ce comportement, d'ailleurs.
02:36 De quoi a peur la majorité ? Ils ont peur, en fait, qu'on dise la vérité sur la réforme des retraites.
02:40 On la dira, que ça leur plaise ou non.
02:41 - Justement, vous avez un texte aussi, je crois, le Rassemblement national, pour ramener la retraite à 62 ans.
02:46 Est-ce que vous dites, si c'est pas voté là, nous, quand il y aura cette fameuse niche parlementaire qui reviendra l'année prochaine, on le redéposera ?
02:53 - Oui, c'est possible. C'est possible. Effectivement, on a déposé un texte qui, en fait...
02:56 - Y compris dans un an.
02:57 - Oui, mais en fait, en musique, si je puis dire, la réforme proposée par Marine Le Pen à la présidentielle,
03:02 donc il est possible, effectivement, qu'on revienne dessus si cette loi Lyot n'était pas votée.
03:06 - C'est inconstitutionnel, dit la Première Ministre, parce que ça abroge des dépenses, ça crée... ça abroge des recettes, justement.
03:13 - Oui, mais Madame la Première Ministre, on lui dira que sa réforme coûte très cher, en fait, aux Français,
03:18 parce que, vous savez, on a l'exemple de la loi Fillon, maintenant c'est documenté, expertisé, d'ailleurs par les services de l'État.
03:23 - Laquelle ?
03:24 - La réforme Fillon sur les retraites a, en fait, coûté cher à l'État, parce qu'il y a eu des transferts des comptes sociaux.
03:30 C'est-à-dire que ce qu'on a gagné sur les retraites, ça a coûté à la sécurité sociale, par les maladies, par les invalidités...
03:35 - Mais là, ce qu'elle dit, plus simplement, c'est... on est en train de...
03:38 Revenir à la retraite à 62 ans, forcément, ça va...
03:40 - Non, elle a tort, elle a tort, nous pensons...
03:42 - Et donc, c'est pas constitutionnel.
03:43 - Non, parce qu'elle a tort, c'est pour ça que le débat politique et parlementaire est important.
03:46 - La réforme fait pas d'économie.
03:47 - Non, nous pensons que la réforme des retraites fait des fausses économies,
03:50 il n'y a qu'elle fait des économies en apparence, mais qu'en fait, pour la société française et pour toutes les dépenses de l'État,
03:54 pour notre modèle social, il coûte plus cher, puisque entre 62 et 64 ans, les risques d'accident du travail sont très importants,
04:00 les risques de maladies chroniques sont très importants, les risques d'invalidité sont très importants,
04:04 donc beaucoup de gens qui vont être forcés de travailler davantage vont être... malheureusement,
04:08 je ne le souhaite pas, mais je le crains, vont être blessés, vont être abîmés par leur travail,
04:12 et tout ça va coûter plus cher à la fin, à la note sociale, que les économies, les fausses économies qui sont prétendument faires.
04:18 C'est en tout cas l'enseignement de la réforme Fillon, alors que c'était de 60 à 62 ans,
04:22 et on est en meilleure santé entre 60 et 62 ans qu'entre 62 et 64.

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