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"Il y a cette période très forte, de relation presque passionnelle qu'on a avec nos comédiens."

Ils ont co-écrit le film "Anatomie d'une chute" présenté au Festival de Cannes. Ils sont en couple dans la vie. Mais travailler ensemble sur un film n'est pas toujours facile. Justine Triet et Arthur Harari, tous deux réalisateurs, racontent.

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Transcription
00:00 La question d'être en couple ne se pose pas quand on travaille ensemble.
00:03 C'est une autre partie de nos vies.
00:05 C'est vrai que quand on est réalisateur,
00:07 je trouve qu'on est surtout dans une posture de fantasmer beaucoup,
00:11 sans forcément passer à l'acte,
00:13 mais de fantasmer les comédiens qu'on a choisis,
00:16 hommes ou femmes.
00:16 Il y a cette période très forte
00:19 de relations presque passionnelles qu'on a avec nos comédiens.
00:22 Ce n'est pas de la jalousie, mais c'est qu'on sent qu'en tout cas,
00:24 l'autre, celui qui tourne, a une espèce de passion pendant...
00:28 Mais voilà, non...
00:32 Comment dire ? Non...
00:33 - Pardon. - On assouvit.
00:35 On assouvit, voilà.
00:35 Ou assouvit, on ne sait rien.
00:37 Mais en gros, ce qui est sûr, c'est que c'est un truc
00:40 que moi, on comprend très bien l'un et l'autre,
00:43 parce qu'on le vit en fait, chacun.
00:45 Et c'est un truc très beau en même temps.
00:47 C'est à chaque fois des histoires très, très intenses qu'on vit avec les comédiens,
00:50 ou des histoires ratées,
00:51 ce qui arrive aussi des fois de ne pas rencontrer quelqu'un.
00:53 Et ça, c'est plus triste, mais ça arrive aussi des fois.
00:57 Il n'y a pas d'orgies sur les plateaux ou dans les chambres d'hôtel.
01:00 Ce n'est pas comme ça que ça se pose, la question.
01:02 La question traverse, qu'est-ce que c'est de vivre avec quelqu'un ?
01:05 Et dans la longévité, la question du désir se pose.
01:09 Et c'est une question mentale, comme beaucoup de choses.
01:11 C'est dans la tête.
01:12 Je trouve ça très, très joyeux de faire le même métier que l'autre.
01:15 Je ne vois pas ça comme un truc de compétition.
01:17 Au contraire, c'est quelqu'un, c'est un partenaire de travail.
01:21 C'est très stimulant.
01:22 C'est quelqu'un que, même quand on écrit ensemble,
01:23 je ne le vois pas comme un scénariste, c'est un rédacteur.
01:25 Donc, il a un point de vue fort.
01:27 Des fois, on n'est pas d'accord.
01:29 Et c'est intéressant.
01:30 Et moi, je trouve ça joyeux de pouvoir travailler ensemble,
01:32 ce qui ne nous arrive pas souvent en réalité.
01:34 Mais c'est vrai que moi, j'ai souvent fait jouer Arthur dans mes films.
01:37 Lui, il est plus...
01:40 Comment dire ? Il m'inclut moins dans son travail.
01:44 Et c'est vrai qu'en tout cas, moi, j'aime bien partager ça.
01:47 Alors, on a des petites règles maintenant, quand même.
01:50 L'interdiction d'en parler à table, des choses comme ça.
01:54 Mais c'est plus nos enfants qui nous demandent.
01:56 En tout cas, l'une de nos deux filles,
01:57 puisqu'il y en a une qui est trop petite pour savoir ce que c'est que le cinéma.
02:00 Mais qui nous demande de ne pas en parler.
02:01 Il y a eu James Cameron et Catherine Bigelow.
02:06 Non, ils ont chacun eu des Oscars, tout va bien.
02:08 Ça a mal fini pour leur couple, je veux dire.
02:10 Oui, mais pour le cinéma, c'est une bonne nouvelle.
02:12 Ce n'est pas forcément évident des fois pour Arthur de se trouver dans cette position.
02:15 Finalement, c'est moi qui avais le dernier mot.
02:16 Et donc, de temps en temps, il y a eu des petits moments de désaccord, on va dire.
02:23 Mais oui, c'est sûr que c'était le jeu aussi.
02:26 Je pense qu'on ne retravaillera plus ensemble aussi.
02:28 Je pense que c'est la dernière fois qu'on le fait, en fait, en vérité.
02:30 Donc, c'est génial, mais c'est vrai que c'est quelque chose qui était quand même...
02:37 Le film est assez strong.
02:42 Je pense qu'on vit avec les films qu'on fait.
02:44 On vit avec les fantômes du film qui nous habitent pendant plusieurs années.
02:49 On a du mal à s'en défaire.
02:50 Et je pense que le film, on l'a porté pendant trois ans.
02:55 Donc là, c'est bien, mais on ne le refera pas.
02:57 Voilà.
02:58 Mais sinon, tout va bien.
03:00 [Générique de fin]
03:02 [SILENCE]

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