• l’année dernière
Transcription
00:00 C'est Virginie Fiera.
00:01 Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a des rôles souvent intenses.
00:03 *Cris*
00:04 Intenses, je me dis qu'est-ce que ça veut dire exactement, intense ?
00:07 Et pourtant c'est son nouveau film présenté à Cannes,
00:09 "L'amour et les forêts", réalisé par Valérie Donzelli,
00:11 qui est peut-être son rôle le plus intense.
00:13 Enfin, c'est ce qu'elle dit.
00:14 Ah oui, celui-là c'était quand même particulier.
00:15 Oui, en fait on a commencé en plus le film avec toutes les scènes
00:18 de paroxysme, de violence morale et physique et tout.
00:23 Il t'appelle tout le temps ton mari, hein ?
00:24 Oui, il est comme ça.
00:25 *Cri*
00:27 Bah t'es complètement fou !
00:28 Je te parle mais tu réponds pas.
00:29 Franchement c'était dur.
00:30 Toutes ces scènes longues en plus, rudement bien écrites,
00:34 où c'était pour moi comme vraiment le petit train de l'horreur à chaque fois.
00:37 C'est-à-dire que je me disais "ok on va rentrer là-dedans"
00:40 et c'était "ouah ouah" c'était vraiment comme si on mettait la tête sous l'eau.
00:44 Bon sauf qu'après il y a le coupé et on ressort.
00:47 Finalement, moi la seule personne qui était dure et perverse sur le tournage,
00:50 c'était moi-même avec moi.
00:51 Parce que t'actionnes aussi plein de choses pour y croire.
00:55 Parfois on n'a pas vécu dans notre vie que des choses joyeuses
00:58 et des rapports doux et tout ça.
01:00 En tout cas moi ça n'a pas été mon cas.
01:01 Du coup j'utilisais des choses que je pouvais avoir côtoyées aussi, qu'on réanime.
01:05 Et en même temps c'est vrai que c'est quelque chose de dur
01:07 mais c'est un grand pouvoir aussi.
01:08 Parce que du coup on peut aller rechercher des choses de soi
01:11 et presque les maîtriser, en faire quelque chose.
01:14 J'ai un peu un problème avec les acteurs qui parlent de leur métier
01:18 comme si eux-mêmes étaient au front, comme si eux-mêmes vivaient la guerre.
01:21 Tout le champ lexical un peu, je me suis mise en danger et tout ça.
01:25 Je me dis bon on se calme, on est dans des représentations.
01:27 Du coup j'ai un déni quand même de ce que ça peut créer.
01:29 C'est-à-dire que tu te mets quand même dans des états.
01:32 Je me souviens d'ailleurs sur le tournage je me suis cassée la figure en dehors du film
01:34 et j'ai eu quelques jours d'interruption.
01:36 Je crois quand même que malgré tout t'es quand même un peu...
01:39 Mais heureusement que tu joues pas ça comme ça.
01:42 C'est une chance de pouvoir jouer des choses fortes,
01:45 de pouvoir faire un témoignage de choses comme ça.
01:47 T'étais où ?
01:48 Je veux que tu répondes à la moindre de mes questions.
01:51 Il doit y avoir un petit truc psychanalytique qui fait que
01:54 s'il n'y a pas d'efforts c'est qu'on n'est pas vraiment en train de faire quelque chose.
01:57 Je sais que c'est faux.
01:58 Peut-être que parfois j'ai du mal à me dire que ce que je fais est réellement un métier.
02:01 Et puis aussi parce que d'abord j'aimerais beaucoup jouer quelque chose
02:04 qui serait strictement léger,
02:07 mais les scénarios qui m'arrivent aujourd'hui fréquentent peu cette zone-là.
02:11 Ou si ça fréquente c'est difficile que ça soit très très bien écrit.
02:14 Je trouve qu'on a plus de drames bien écrits en France que de comédies.
02:18 Encore un travail assez important à faire de ce côté-là.
02:21 Il y a moins de choses.
02:22 Donc c'est intéressant aussi de jouer sur des contrastes,
02:25 des endroits en perpillé dans l'existence.
02:27 Maintenant il s'agirait peut-être pour la suite,
02:29 pour pas trop se répéter ou aller chercher dans les mêmes figures de troubles.
02:32 Peut-être de trouver des choses très différentes à faire.
02:35 Un film ça peut pas être juste, ok bon c'est important de raconter ça.
02:38 Il faut que malgré tout ça reste du cinéma.
02:40 Et ce que je trouve intéressant c'est que Valérie il met quand même sa personnalité.
02:43 Et qu'il y a une réalisation qui est quand même très très personnelle.
02:45 Et que le film fréquente quelque chose du thriller aussi.
02:48 D'une inquiétude qui arrive progressivement de par où ça va sortir etc.
02:52 Mais ensuite je pense que sur un niveau plus sociétal, social et tout,
02:56 plus il y a de représentation, plus on sort de la zone d'invisibilité.
02:59 Et qu'on sait que ce genre d'histoire avant était vu,
03:04 si on la relatait dans la presse par exemple, on parlait de crime passionnel.
03:08 Et c'est très très très récent qu'on utilise le terme de féminicide.
03:12 Et qu'on voit ces choses là comme un grand continuum des violences faites aux femmes.
03:18 Le rapport d'emprise, ça c'est vraiment pour le coup très actuel.
03:21 "C'est arrangé pour me rendre la vie impossible. Et vous suivez ?"
03:24 Qu'est-ce que c'est ? Ok d'accord, elle était battue et pourtant elle restait.
03:28 Mais si elle restait ça veut dire qu'elle était consentante ? Non.
03:31 Il y a ce phénomène là qui se met en place.
03:33 Où il n'y a plus la capacité de l'autonomie.
03:35 Où il n'y a plus la capacité de la réflexion propre.
03:37 Où il n'y a plus de libre arbitre du tout.
03:39 Et ça se met en place par une stratégie, il y a une pathologie chez l'autre.
03:43 Et par quelque chose qui se met en place et qui est parfaitement bien regardé dans le film.
03:48 Il est très compliqué à prouver au pénal parce que quelles sont les preuves de ça ?
03:51 Qu'est-ce que c'est que ce truc d'emprise ?
03:53 Et à quel endroit l'emprise est vraiment hyper toxique ?
03:56 Parce que peut-être dans un rapport amoureux il y a déjà une forme d'emprise de l'un sur l'autre.
04:00 Mais à quel endroit ça devient quelque chose de non consenti ?
04:03 Et qui peut amener à ces violences morales puis physiques ?
04:07 En mini !
04:08 En mini !
04:10 Sous-titres par Juanfrance
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04:17 [Musique]

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