L'hommage d'Emmanuel Macron aux trois policiers morts dans le Nord

  • l’année dernière
Manon, Paul et Steven, âgés de 24 et 25 ans, travaillaient dans la même unité de police de Roubaix. Ils ont été tués dans une collision dimanche matin, percutés par un véhicule qui roulait à contre-sens et en excès de vitesse. Le conducteur de cette voiture, également décédé, était alcoolisé et positif au cannabis. Un hommage national leur est rendu ce jeudi.
Transcript
00:00 Devant la douleur de leur famille, devant la peine de leurs collègues,
00:06 devant le deuil des Français, il faudrait que le silence suffise.
00:15 Mais parler d'eux devient nécessaire pour rendre hommage à leur destin,
00:25 dire respect et affection à ceux qui servent et protègent,
00:32 et dénoncer les comportements irresponsables qu'ils tuent.
00:40 Ce 21 mai était un dimanche comme vous en connaissez tous,
00:46 qui représente pour beaucoup de Français la liberté d'un repos familial et amical,
00:53 et qui représente pour d'autres le devoir de servir encore,
01:00 de parer aux malheurs et aux crimes qui peuvent frapper chaque jour indistinctement.
01:07 Les seconds sentinelles des premiers.
01:14 Ce dimanche matin, il était 6 heures au commissariat de Roubaix, quand la nouvelle est tombée.
01:23 Il fallait emmener une jeune fille à l'hôpital Jeanne de Flandres pour un examen médical
01:29 et pour déterminer si elle avait été agressée.
01:34 Paul Medeiros, Steven Greblak et Manon Rau ont pris place dans le véhicule bleu et blanc de la police nationale
01:43 aux côtés de cette adolescente qui avait besoin de soins et de réconfort.
01:50 Ils s'engagent alors sur la rocade de Villeneuve d'Ascq en direction de l'hôpital.
01:56 À contresens, à tombeau ouvert, un véhicule qu'ils ne pouvaient ni voir ni prévoir.
02:06 Au volant, un chauffard alcoolisé sous l'emprise de stupéfiants.
02:12 C'est la collision.
02:15 Dans le fracas des tôles froissées, Manon, Steven et Paul rendent leur dernier souffle.
02:28 À 24 et 25 ans, au cœur de l'exercice de leur métier, dans sa grandeur quotidienne.
02:41 Comme tous ceux qui, à leur tâche, chaque jour, servent inlassablement les Français.
02:48 Comme l'agent de sécurité routière décédé il y a trois jours près de La Rochelle,
02:52 emporté par une voiture en plein service.
02:55 Comme l'infirmière assassinée mardi à Reims au sein de son hôpital
02:58 parce qu'elle portait la blouse blanche de sa vocation.
03:02 Comme nos trois gendarmes tués à Ambert à l'hiver 2020.
03:07 Comme trop de nos agents publics emportés ainsi dans l'exercice de leur mission
03:14 ces dernières années à qui je rends ici aussi hommage.
03:20 Notre France a le visage des femmes et des hommes de devoir qui la servent et nous protègent.
03:29 Qui méritent respect et considération et dont le quotidien fait de dévouement n'est jamais exempt de risque.
03:41 Paul Médéros aimait cette terre du Nord où il était né.
03:49 Il avait vu comme une chance d'avoir été affecté ici, au commissariat de Roubaix,
03:55 parce qu'ici il se savait utile.
03:59 S'attaquer à la délinquance sur la voie publique,
04:02 retrouver les personnes qui devaient rendre des comptes à la justice,
04:05 là étaient ses valeurs, celles de sa famille, modèle d'intégration républicaine.
04:15 Dans la bricade J3, il avait rencontré plus que des collègues, des amis fraternels.
04:30 Une rencontre plus belle encore que les autres, sa compagne qui attend leur premier enfant.
04:42 Notre frère Stéphie, nous pensons à vous, à cet enfant qui va naître et qui sera pupille de la nation.
04:56 Son père a donné sa vie en exerçant sa mission de servir et de protéger.
05:03 Alors nous veillerons sur vous deux.
05:10 M. Black, lui aussi, servait la France avec la conviction ardente
05:15 que chaque intervention peut changer les choses et sauver des vies.
05:21 Il avait manifesté la même joie quand il avait été affecté à Roubaix,
05:25 non loin de sa famille à Denain, près d'Amandine.
05:31 Ancien de l'épide de Cambrai, il n'abandonnait jamais,
05:37 investissait dans chaque interpellation avec la brigade de mandat et de recherche,
05:41 allant jusqu'à escalader murs et gouttières pour rattraper un criminel condamné,
05:45 pour qu'il purge sa peine, pour que justice soit faite, pour que l'ordre républicain règne.
05:59 Pour fêter le premier anniversaire de son fils Robin,
06:04 dans quelques jours, son père ne sera pas là.
06:13 Mais il y aura la grande famille de la police,
06:18 parmi laquelle je vois comme un honneur d'être présent aujourd'hui,
06:25 à vos côtés, parmi vous.
06:32 Cette chaîne fraternelle, toute sa vie,
06:36 lui rappellera quel héros discret était son père,
06:40 teinté de pudeur et de dévouement.
06:44 En mémoire de lui, Robin sera pupille de la nation.
06:55 C'est pour la France aussi que Manon Raud avait choisi cette vie de service.
07:02 Elle avait fait sien ce territoire de Roubaix, si proche de sa région du Douaisy.
07:09 Manon rêvait de la police séquestre.
07:13 Elle avait le goût de la randonnée, de la nature, des animaux, des défis, des chevauchées.
07:22 Mais sa grande aventure était la police,
07:27 qu'elle avait choisie entre mille autres destins.
07:32 Elle avait gagné l'estime de toute la brigade,
07:36 dans laquelle elle allait, à 24 ans, être titularisée dans quelques jours.
07:45 Votre fille, votre soeur, votre compagne
07:50 n'avait pas fait le choix de la facilité, du confort et des routes rectilignes.
07:58 Elle avait fait le choix du cœur, la police qui protège,
08:02 au service des plus vulnérables sur un terrain difficile.
08:09 Manon, Steven et Paul étaient trois enfants de la République.
08:15 Trois jeunes Français qui avaient décidé de servir la nation et la République à Roubaix
08:21 pour y combattre la délinquance, les violences, les trafics.
08:27 Ils avaient conscience tous les trois
08:30 que les premiers à souffrir de l'insécurité sont les plus fragiles,
08:34 ceux qui ne peuvent se défendre seuls.
08:36 Que les premiers à pâtir des trafics de drogue sont les familles,
08:40 les jeunes qui choisissent l'argent facile et tombent en esclavage.
08:44 Que les premières victimes de la violence sont toujours les enfants,
08:47 les femmes battues, les plus vulnérables,
08:50 comme cette jeune fille qu'ils accompagnaient vers l'hôpital ce dimanche matin.
09:01 Alors, dans cette cour où il y a quelques mois,
09:04 aux côtés de votre ministre,
09:08 je dessinais devant vous l'avenir de votre police nationale,
09:12 inspirée par vos travaux,
09:14 pour lui donner des moyens et des ambitions nouvelles
09:19 et réaffirmer nos exigences.
09:22 Je veux vous redire le respect et le soutien de la nation tout entière.
09:30 Et devant tous nos jeunes qui ont choisi de servir la République
09:35 et ont rejoint l'École nationale de police,
09:39 je veux vous redire que vous n'avez pas simplement choisi une carrière,
09:43 un métier, mais bien un engagement.
09:49 Et cet engagement est digne et beau.
09:56 Les policiers nationaux, les gendarmes, les policiers municipaux,
10:00 les pompiers, les secouristes, les infirmiers, les médecins, les enseignants
10:04 et tant d'autres, tous ceux qui, dans l'humilité du service,
10:08 s'occupent de nos compatriotes et protègent,
10:14 méritent respect et considération.
10:21 Aujourd'hui, nous accompagnons trois familles dans la douleur,
10:27 tant de collègues dans la peine
10:31 que de trois jeunes enfants de la République dans leur dernière demeure.
10:40 Autour de vous, Stéphane, Paul, Manon, les clameurs se sont eues.
10:52 A la vue de vos trois cercueils, n'existe que l'assidération devant l'injustice et l'absurde.
11:01 Demeure la douleur et le respect profond.
11:10 Hommage à tous ceux qui risquent leur vie et parfois la perdent
11:15 pour sauver tant d'autres, pour prendre soin des autres et leur venir en aide,
11:22 à ceux que leur mort nous donne en exemple.
11:30 Puissions-nous y trouver la force de faire notre devoir chaque jour,
11:35 où que nous soyons, quelle que soit notre mission et notre quotidien,
11:41 nous serons très dignes d'eux et de ceux qu'ils défendaient.
11:52 Gardien de la paix Stephen Greyblack, gardien de la paix Paul Méderos,
11:58 gardienne de la paix Manon Rowe, nous vous nommons capitaine de police
12:05 et au nom de la République française, je vous remets les insignes de chevalier de la Légion d'honneur.
12:16 Vive la police nationale, vive la République, vive la France.

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