LCP le mag - Rassemblement national : l'installation

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Le 19 juin 2022 est une date majeure pour le Rassemblement National , celle du plus grand succès électoral de son histoire.
La photo de famille est historique. A l'Assemblée le RN va désormais jouer désormais dans la cour des grands.
Depuis près d'un an, les 88 députés du Rassemblement National forment le premier groupe d'opposition dans l'hémicycle.
Quelle est la stratégie de ce RN ambitieux ? Quels obstacles se dressent sur sa route ? Retour sur l'année parlementaire qui a vu ce parti s'installer à l'Assemblée Nationale.

Un magazine de CLément Perrouault.

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00:00 (Musique)
00:04 À l'Assemblée nationale, ils sont entrés dans la maison du peuple
00:09 et dans l'antichambre du pouvoir.
00:12 Depuis près d'un an, les 88 députés du Rassemblement national
00:16 forment le premier groupe d'opposition dans l'hémicycle.
00:20 Depuis le 19 juin, les choses ont changé, que vous le vouliez ou non.
00:23 Jamais nous ne baisserons les yeux, jamais nous nous retirerons à propos,
00:26 jamais nous nous excuserons devant le mal que vous avez fait à la France.
00:30 Dans les murs de l'institution, ce parti au passé tourmenté n'a qu'une obsession,
00:36 gagner en respectabilité et s'imposer en alternative crédible.
00:41 Il s'agit d'une marche haute que nous venons de passer vers l'accession au pouvoir.
00:45 Ça ouvre le champ des possibles en fait.
00:46 On se dit enfin, enfin on va avoir des moyens pour pouvoir montrer aux gens
00:51 qu'on est compétent, montrer aux gens qu'on va travailler.
00:54 On sent une assurance et une détermination chez ces députés,
00:57 une solidarité aussi entre eux.
01:00 On sait qu'on va être au combat.
01:01 C'est un travail long pour sortir des marges du système.
01:05 Quelle est la stratégie de ce RN ambitieux ?
01:08 Quels obstacles se dressent sur sa route ?
01:10 Entendre, comprendre, décider.
01:13 Retour sur l'année parlementaire qui a vu ce parti s'installer à l'Assemblée nationale.
01:22 Je vous remercie.
01:24 Bonsoir à tous et bienvenue sur LCP pour cette grande soirée électorale législative 2022.
01:34 Le 19 juin 2022 est devenu pour le Rassemblement national une date majeure,
01:40 celle de son plus grand succès électoral.
01:43 Le parti conquiert 89 sièges à l'Assemblée.
01:47 Ils étaient partis assez modestes dans leurs ambitions.
01:49 C'est un succès.
01:50 C'est le plus spectaculaire.
01:51 C'est peut-être le plus spectaculaire ce soir.
01:53 C'est le plus spectaculaire, bien sûr.
01:54 Oui, j'ai ressenti de l'émotion.
01:56 J'ai versé ma larme un peu le soir quand j'ai vu dégringoler
02:01 l'intégralité des circonscriptions qui tombaient dans l'escarcelle du RN.
02:06 Des journées telles que celles-là, des soirées telles que celles-là,
02:09 c'est sûr qu'elles marquent une existence.
02:12 Il y a un côté 21 avril.
02:15 Finalement, c'est un événement politique inattendu,
02:21 douloureux pour ceux qui, comme moi, croient à la République,
02:27 se souvient de l'histoire longue et coupable de l'extrême droite en France.
02:32 C'est un verrou qui a sauté au plan parlementaire.
02:35 La capacité du Rassemblement national à rentrer au Parlement,
02:41 à devenir majoritaire dans de multiples circonscriptions en France,
02:46 dans le cadre d'un scrutin qui jusqu'alors favorisait uniquement les grands partis,
02:50 ça veut dire quoi ?
02:51 Ça veut dire que le Front national est devenu un grand parti.
02:54 89 députés, 88 aujourd'hui suite à l'invalidation d'un scrutin.
03:05 Ce chiffre se transforme quelques jours plus tard en visage.
03:10 - Félicitations.
03:12 - Bravo, Marine. Bravo.
03:14 Les nouveaux députés RN euphoriques entrent dans la cour d'honneur.
03:20 - C'est ta fête, Hibnaz.
03:24 - Allez-y, les dames.
03:26 - C'est bon ?
03:28 La photo de famille est historique.
03:32 À l'Assemblée, le RN va désormais jouer dans la cour des grands.
03:37 - Moi, je sors d'un mandat où nous étions 6.
03:43 Bon, être 6 à l'Assemblée nationale, c'est terrible.
03:46 C'est terriblement frustrant et c'est accessoirement terriblement ennuyeux
03:50 parce que la réalité, c'est que vous n'avez barre sur rien.
03:54 Vous ne pouvez rien changer, vous ne pouvez rien imposer,
03:57 vous ne pouvez rien proposer, nous n'avions pas de groupe.
04:01 Et voir, effectivement, ces 88 députés, c'était, là encore,
04:07 la promesse de pouvoir faire.
04:10 - Chef de file incontesté, Marine Le Pen a quitté un an plus tôt
04:14 la présidence du parti pour s'engager dans la campagne présidentielle.
04:19 Elle devient sans surprise présidente du groupe parlementaire RN.
04:23 Son avenir politique immédiat va s'inscrire à l'Assemblée.
04:28 - J'ai conscience que le centre de gravité de la vie politique
04:33 va se déporter et arriver à l'Assemblée nationale,
04:37 ce qui n'était pas le cas à partir du moment où il y avait une majorité absolue.
04:41 C'est vrai que, bon, tout est un peu prévisible, il faut quand même le dire.
04:45 Quand il y a une majorité relative, alors, effectivement,
04:48 le 1er groupe d'opposition a un rôle très important à jouer.
04:52 - Tout de suite, elle distribue les 1res consignes.
04:56 Elle insiste sur la nécessité de se montrer à la hauteur de l'institution
05:01 et de bien présenter.
05:03 - La 1re réunion de groupe, c'était un discours assez long de Marine Le Pen
05:07 sur la responsabilité politique en général.
05:09 Et le fait de se comporter dignement, respectueusement,
05:12 d'honorer par sa tenue vestimentaire pour les femmes et les hommes
05:15 le mandat qu'on nous a donné, ça s'inscrivait dans un discours général
05:19 sur la responsabilité qu'on allait avoir pendant 5 ans,
05:21 aussi comme 1er groupe d'opposition.
05:23 - Il n'y a pas eu de mot d'ordre. On nous demande de respecter les lieux,
05:26 les institutions, mais j'allais dire, aucun de mes collègues députés
05:30 n'aurait envie de faire le contraire.
05:32 - Par sa taille, le groupe RN est en position de force
05:35 pour obtenir des postes-clés au bureau de l'Assemblée,
05:39 notamment des vice-présidents.
05:41 Le règlement stipule que la répartition doit refléter
05:44 l'équilibre des forces politiques.
05:47 - Je sens tout de suite qu'on fait partie de l'équation.
05:49 Ils ne peuvent pas faire sans nous. On est 89 députés.
05:52 Ça aurait été un tel scandale que nous n'ayons pas de vice-président.
05:56 Moi, j'ai plus senti qu'on était incontournable.
06:00 - Madame Hélène Laporte, 284 voix.
06:05 Monsieur Sébastien Chenu, 290 voix.
06:11 - Le groupe RN obtient 2 postes de vice-président
06:14 sur les 6 que compte l'institution.
06:17 Si de nombreux députés de la majorité ont voté pour ces candidats,
06:21 ceux de la NUPES s'y sont refusés.
06:24 - La réalité, c'est qu'un certain nombre de députés de la majorité
06:28 ont glissé des bulletins Rassemblement national
06:34 dans l'urne au moment de la désignation des vice-présidents.
06:37 C'est ça, la réalité.
06:39 Et le choix que nous avions fait, c'est de ne pas mettre le doigt
06:42 dans une forme de banalisation.
06:44 - Je trouve ça normal.
06:46 J'ai soutenu et participé à cette démarche.
06:49 Le fait qu'il y ait des vice-présidents, c'est très désagréable.
06:52 C'est même parfois un sentiment de honte qu'on en soit arrivé là,
06:56 d'avoir un Rassemblement national si fort.
06:58 Mais c'est une réalité, il faut y faire face.
07:00 Et y faire face, c'est accepter que dans l'institution,
07:03 à la proportionnelle de la représentation des députés,
07:06 il y ait des postes à responsabilité pour l'ensemble des groupes,
07:09 que ce soit ceux de la NUPES et ceux du RN.
07:12 - Ces postes de vice-présidents ont surtout une valeur symbolique.
07:18 Ils ne confèrent pas de pouvoir supplémentaire,
07:21 mais permettent au RN d'asseoir sa présence à l'Assemblée.
07:25 Hélène Laporte et Sébastien Chenu
07:27 présidentent certaines séances depuis le prestigieux perchoir.
07:31 - C'est très important, parce que quand on a un homme et une femme
07:35 issus du Rassemblement national,
07:37 qui en tant que vice-président, peuvent être à la place de la présidente
07:42 et organiser les débats démocratiques,
07:45 ça montre que peu à peu, cet homme et cette femme
07:49 ont suffisamment intégré les éléments de la culture
07:53 du pluralisme démocratique qu'ils peuvent maintenant les faire vivre.
07:57 - Nous faisons partie du bureau de l'Assemblée nationale.
08:00 Nous nous réunissons toutes les semaines lors de la conférence des présidents.
08:04 On a également une affectation de délégation.
08:07 J'ai la délégation du patrimoine de l'Assemblée nationale.
08:10 Dans ce cas-là, je donne mon avis sur l'entrée ou la sortie
08:13 de tel ou tel tableau, sculpture, vase, oeuvre d'art en général.
08:17 - En plus de ces deux postes, le RN préside plusieurs groupes
08:21 d'amitié et d'études, dont le plus important,
08:24 consacré à la filière viticole, avec la députée Stéphanie Galzi.
08:29 - ...ce jour. Exceptionnellement, notre audition ne durera qu'une heure
08:33 en raison de l'emploi dû t'insérer, donc vous ne vous avez fait pas.
08:36 - Bonjour à tous, mes chers collègues.
08:39 - Jean-Philippe Tanguy préside également une commission d'enquête
08:42 sur les ingérences étrangères, qui a auditionné
08:46 plusieurs anciens ministres.
08:49 Peu à peu, le RN tisse ainsi sa toile à l'Assemblée,
08:53 au point de se fondre presque naturellement dans le décor.
08:58 Mais cette entreprise de normalisation se heurte à un mur.
09:03 - 50 ans après, vos cravates ne cacheront jamais votre flamme.
09:08 Jamais.
09:09 - Le Front républicain. Pour la grande majorité des autres députés,
09:14 le RN reste un parti différent.
09:18 - Pendant des mois, pendant des semaines, vous nous avez fait croire,
09:22 vous avez voulu nous faire oublier qui vous étiez réellement.
09:27 Vos beaux mots, vos cravates ne nous ont jamais trompés.
09:31 Vous étiez, vous êtes, vous resterez un mouvement d'extrême droite.
09:35 - Bien sûr, on connaît la stratégie de l'extrême droite,
09:37 qui agit comme la chauve-souris de la fable.
09:40 Dans le parti des oiseaux, elle montre ses ailes.
09:42 Dans le parti des fachos, elle montre son poil et elle atteint un rat.
09:45 - Ce n'est pas un parti comme les autres.
09:49 Il est l'héritier d'une histoire longue, de Dreyfus à nos jours.
09:55 Et on n'oublie pas ce que furent les mots, par exemple, de Jean-Marie Le Pen.
10:01 - Dans le programme du Front national, moi-même,
10:04 je ne serais pas perçue comme française, puisque je ne suis pas née ici.
10:07 Mes enfants, dont la mère n'est pas née ici,
10:10 ne seraient pas tout à fait français non plus.
10:12 Eux, ils ont des catégories de français.
10:14 Ça, c'est profondément destructeur.
10:16 C'est un mouvement qui n'accepte pas l'idée nationale au sens civique des Lumières.
10:23 C'est pour ça que c'est différent, que c'est dangereux.
10:25 Le passé du RN et son positionnement idéologique
10:29 en font un parti plus scruté que tous les autres.
10:32 Le 3 novembre, une séance de questions au gouvernement va brutalement le rappeler.
10:38 - La parole est à M. Carlos Martins Bilongo, pour le groupe La Pantinquenise.
10:43 - Les 34 rescapés secourus par l'océan Viking sont bloqués sur le pont du bateau depuis 11 jours.
10:48 Depuis 11 jours, ils attendent de pouvoir débarquer dans un port sûr.
10:51 Les personnes secourues se trouvent dans une situation d'urgence absolue.
10:54 Les prévisions météo indiquent une détéoration significative du climat.
10:57 - Bonjour d'Afrique !
10:59 - Pas du tout.
11:00 - C'est bon !
11:02 - Quel est le député qui vient de prononcer cette phrase ?
11:11 - C'est bon !
11:12 - Pardon ?
11:13 - C'est bon !
11:14 - C'est bon !
11:15 - C'est bon !
11:16 - C'est bon !
11:17 - C'est bon !
11:18 - C'est bon !
11:19 - C'est bon !
11:20 - C'est bon !
11:21 - C'est bon !
11:22 - C'est bon !
11:23 - C'est bon !
11:24 - C'est bon !
11:25 - C'est bon !
11:26 - Je fais une suspension de séance de 5 minutes.
11:28 - Tout de suite.
11:29 - Tout de suite, je suis allé voir Grégoire de Fournasse pour lui demander si le sens de sa phrase était bien de désigner le bateau.
11:37 Je lui ai fait jurer sur ses enfants.
11:39 Le fait qu'il m'ait juré ça, j'ai considéré que je pouvais le défendre de bonne foi.
11:45 - Tout de suite, Grégoire et Jean-Philippe Tanguy descendent dire à Yael, mais attendez, pas du tout, il y a un malentendu tout de suite.
11:53 Et en fait, le tumulte, j'allais dire, prend de l'autre côté de l'hémicycle.
11:59 Et à mon avis, il voit une fenêtre de tir extraordinaire en se disant "alors là ça y est, essaye de nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas".
12:05 - Je crois que ça a été la piqûre de rappel pour toutes celles et ceux qui, peut-être, avaient un peu baissé la garde.
12:11 Ils sont xénophobes, ils sont racistes.
12:13 Voilà, c'est ça la réalité.
12:15 - Ça a été un couac parce qu'on avait l'impression d'un retour du refoulé.
12:19 - Il y avait à nouveau un dérapage, un député un peu sanguin qui, en effet, revenait sur le terrain de la xénophobie, des idées simples et simplistes.
12:35 Malgré ces efforts pour se notabiliser, l'ERN reste un parti très isolé à l'Assemblée.
12:42 Aucune alliance ne semble possible avec les autres groupes.
12:46 Aux États-Unis, ces propositions de loi et amendements subissent un rejet quasi systématique.
12:52 Les chiffres sont éloquents.
12:54 Au 16 mai, sur les 1497 amendements des députés ERN discutés en séance publique, 40 seulement ont été adoptés.
13:03 C'est le chiffre le plus faible de tous les groupes parlementaires.
13:07 - C'est nos adversaires qui refusent de voter, les éléments de bon sens qu'on défend.
13:13 C'est complètement absurde. Quand vous avez la NUPES qui refuse de voter la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité,
13:19 alors que c'est dans le programme du PS, c'est eux qui sont ridicules. C'est pas nous.
13:24 - Cette situation est scandaleuse. Elle est très révélatrice.
13:29 Elle démontre qu'elle était le seul groupe que le pouvoir, dans toutes ses facettes, craint parce qu'il représente l'alternance.
13:38 C'est le groupe du RN.
13:40 - On n'a pas été élus pour voter les propositions du RN.
13:44 - Je vais dire que ce n'est pas quelque chose de très pensé, c'est d'une certaine manière dans notre façon d'être.
13:49 Face à cette forme de cordon sanitaire, les élus RN ont choisi la stratégie inverse.
13:56 Eux revendiquent une ligne politique d'ouverture.
14:00 - Un des enjeux de notre groupe, c'était de montrer qu'on n'était pas sectaires.
14:06 Et que quand un amendement arrivait sur la table, on ne regardait pas d'où il venait, on regardait s'il améliorait ou pas ce quotidien.
14:12 - On n'est pas élus pour se faire plaisir.
14:14 Dès l'instant où nous avons un texte qui nous semble en adéquation avec notre programme et avec l'intérêt national,
14:20 on va le voter quelle que soit la couleur politique.
14:22 Voter les amendements ou les textes des autres, c'est aussi le chemin le plus court pour le RN quand il veut peser sur les travaux parlementaires.
14:32 Le groupe a ainsi voté les projets de loi du gouvernement sur le pouvoir d'achat, la sécurité ou le nucléaire.
14:39 - La loi sur le nucléaire, on l'a votée alors que franchement, on trouve que ce n'est pas à la hauteur.
14:46 Mais on ne va pas faire la politique du pire.
14:48 On a voté la prime pour le pouvoir d'achat.
14:50 Ce n'est pas la mesure qu'on aurait voulu voir.
14:53 Est-ce que ça peut servir quelques Français ? Oui.
14:55 Donc même si ce n'est pas parfait, on le vote.
14:57 - Je ne me réjouirai jamais que le RN vote l'un de nos textes.
15:02 Parce que quand on a une majorité relative, on doit avoir l'humilité de reconnaître qu'on a besoin de partenaires politiques pour voter des textes.
15:11 Mais moi, ce que je souhaite, c'est qu'on ait des partenariats avec des partis qui ne sont pas à l'extrême droite, ni à l'extrême gauche d'ailleurs.
15:19 Cette ouverture dans les votes s'accompagne d'une attitude mesurée en séance.
15:25 Se comporter en député modèle pour casser l'image historique du parti, mais aussi pour se démarquer d'une autre opposition.
15:33 - Il y a une concurrence, bien sûr, entre le RN et l'EFI.
15:36 Et ils ont vu très vite que l'EFI avait choisi cette stratégie de la perturbation de la vie parlementaire.
15:43 Et là, le RN a décidé de s'opposer en s'opposant à cette stratégie.
15:49 Ils ont plus à gagner qu'à perdre à cette stratégie du bon élève.
15:55 Ce contraste avec la France insoumise apparaît au grand jour lors de l'examen du texte majeur de l'année parlementaire, la réforme des retraites.
16:06 Les deux groupes y sont opposés, mais dans les débats, les députés RN se montrent très discrets en comparaison avec leurs rivaux.
16:17 - Dans la réforme des retraites, je ne les ai entendues ni dans les hémicycles, ni dans la rue.
16:25 Et donc, la question, c'est véritable. À quoi ? Pourquoi servent-ils ?
16:31 - Ils n'avaient rien d'intelligent à dire, très peu d'amendements à proposer.
16:35 Ils n'ont fait que de ronger leurs freins et compter sur un peu le soutien macroniste de ce discours qui était contre l'obstruction insoumise, etc.
16:44 - On ne s'est pas du tout cachés dans le débat. On ne va pas se rouler par terre, on ne va pas prendre le micro et hurler.
16:51 Ça n'a aucun intérêt. Donc, on s'est exprimés quand on devait le faire, on s'est exprimés dans les médias.
16:56 Là où la France insoumise dépose près de 13 000 amendements, le RN en rédige un peu plus de 200, symbole de deux approches totalement opposées.
17:07 - Moi, j'ai toujours été persuadée qu'il y avait une opposition majoritaire à la réforme des retraites au sein de l'Assemblée nationale.
17:13 Donc, je voulais qu'on aille au vote et je voulais au moins qu'on aille jusqu'à cet article 7, qui était le report de l'âge de départ à la retraite.
17:23 Et on en a été empêchés, en fait, par la stratégie totalement stupide de la NUPES.
17:29 - Sur l'ensemble de l'année parlementaire, le bilan du groupe RN apparaît contrasté comme encore en rodage.
17:38 - C'est un bilan parlementaire d'installation. En fait, c'est l'ennemi qui tapit, discrète, tisse sa toile au sein de l'Assemblée nationale.
17:50 - Ils ont plutôt une stratégie de spectateur, de spectateur engagé, mais de spectateur. Et là, il faut qu'ils fassent attention.
17:56 - Ils ont encore tout un travail d'opinion à faire sur leur capacité à incarner une grande force de gouvernement, de proposition. Et là, le bas blesse.
18:08 L'année parlementaire du RN ne se limite pas au travail législatif et au débat parisien. Elle se mesure aussi par les sillons creusés par ses députés en circonscription.
18:29 Christophe Barthez s'est élu de l'Aude.
18:39 À Carcassonne, une cérémonie se prépare.
18:48 Ce jour-là, c'est le cinquième anniversaire des attentats de Trèbes et Carcassonne. Quatre hommes, dont le gendarme Arnaud Beltrame, avaient trouvé la mort, victime d'un terroriste islamiste.
19:09 Une cérémonie sobre. Christophe Barthez s'occupe dans le protocole la place normale d'un député de la nation.
19:21 -Monsieur le préfet, comment allez-vous ? -Merci d'être là. Merci d'être là. Et puis avoir un aperçu de comment je suis accueilli ici. Je suis là depuis longtemps, je suis dans le pays. Et beaucoup ne font pas la différence.
19:40 -Certains hommes peuvent crisper quand ils servent à la même, mais bon, ils servent à la même quand même.
19:46 Une heure plus tard, autre cérémonie, cette fois devant la mairie de Trèbes. On retrouve les mêmes visages, les maires, le préfet. Mais cette fois, pas de député. Christophe Barthez n'a pas été convié par le maire.
20:06 -Les seuls élus présents, c'était les trois maires concernés malheureusement par ce drame. La cérémonie officielle était à Carcassonne ce matin. Aujourd'hui, c'était un moment... Pas une cérémonie, un moment de recueillement voulu par les familles.
20:18 Une explication qui arrange bien le maire, notoirement hostile aux députés RN.
20:26 -Je suis parti des élus qui s'opposent aux idées du Front national et je m'y opposerai tout le temps. Merci.
20:32 Musique douce.
20:36 Tôt le matin, bien avant la cérémonie.
20:40 ...
20:50 Prenant acte de sa non-invitation, Christophe Barthez avait organisé son propre hommage, lui aussi, devant la mairie de Trèbes.
21:02 ...
21:11 Image à nouveau d'un RN isolé. Pour le député, aucun doute. Si le maire de Trèbes ne l'a pas invité, c'est uniquement pour son étiquette politique.
21:22 -Ça m'emmerde. Je préfère être avec tout le monde. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ça m'emmerde. Parce que c'est du sectarisme à l'état pur.
21:29 C'est triste qu'on se serve d'événements comme ça pour faire de la politique politicienne et pour mettre les gens de côté parce qu'ils pensent pas comme vous.
21:41 -On a tous une légitimité. On n'a pas volé notre écharpe. Si on est là, c'est parce que la majorité des gens, ce jour-là, à l'élection, ont pensé que vous serez le mieux placé pour aller les représenter.
21:51 Donc oui, j'en appelle à la démocratie, à l'esprit républicain.
21:55 Cette cérémonie est loin d'être un cas isolé, selon Christophe Barthez. Dans l'Aude, bastion socialiste depuis des décennies, le RN a bousculé le paysage politique.
22:07 Il a réalisé le grand chelem en remportant les trois circonscriptions du département.
22:12 Depuis, les députés dénoncent tout un système qui serait mis en place pour leur nuire.
22:20 -C'est quelque chose qui est assez insidieux. Il n'y a pas de prise de parole publique pour vous attaquer.
22:27 Ça va plutôt être de l'évitement. On va éviter de vous inviter. On va essayer de faire en sorte que vous soyez le moins visible possible pour que, le moment venu, aux prochaines élections, on dise
22:36 "Vous voyez, le député RN, on le voit pas. Il vient pas. Il fait pas son boulot."
22:39 -J'ai été invité en septembre pour visiter la cave coopérative de Limoux. Et une heure avant le rendez-vous, quand le maire, la présidente du département apprennent que je suis invité en même temps qu'eux,
22:52 ils ont mis la pression à la cave pour me décommander. Et donc la cave a été obligée de me décommander à ce moment-là.
23:02 Dans la commune de Paraza, le maire, membre du Parti Socialiste, accepte de nous recevoir. Christophe Barthez, après son élection, avait proposé de le rencontrer. Il a refusé tout net et l'assume.
23:16 -Des gens qui ont une politique, bon, plus ou moins totalitaire, comme on dira, qui ont une patronne du parti, qui a des acquaintances avec M. Poutine, vous comprenez bien que moi, ça me convient pas du tout, du tout.
23:36 Et je vois pas, c'est mon droit, je fais ce que je veux. J'avais pas envie de le recevoir. Tout simple, hein.
23:43 -Chacun est libre, après, mais je pense qu'ils ont tort, parce qu'ils vivent dans un monde parallèle. Ils nous accusent de choses qui n'existent pas.
23:54 -Mais d'abord, ces crispations passent, premièrement. Donc je dis à notre ami Barthez et à beaucoup d'autres, soyez confiants et accessoirement, soyez patients.
24:04 Et puis, je vous dis, les Français sont pas d'accord avec ces méthodes.
24:08 -Chacun exerce ses fonctions de maire, de conseiller départemental, comme il l'entend, et le front républicain, il a diverses manifestations, dont celle-là.
24:19 *Musique douce.
24:21 En réalité, les élus locaux et les députés d'autres partis ne sont pas la première préoccupation du RN dans sa quête de normalisation.
24:31 Ce qu'il veut convaincre d'abord, ce sont les électeurs.
24:36 Julien Rancoul, l'un des députés de l'Aude, est détendu au moment d'arpenter le marché de Limoux.
24:45 -Bonjour.
24:47 -L'accueil qu'il reçoit confirme le message des urnes.
24:51 -Vous travaillez où ? -Très, très bien.
24:53 -Vous restez surtout très dans la légalité.
24:57 -On est sérieux, et c'est ça.
25:00 -Je pense qu'on vous attend en tournant.
25:02 -On peut être d'opposition, mais être sérieux et respecter les institutions.
25:08 -Exactement. Regardez dans d'autres pays, il y a des extrêmes droites aussi, et ça fonctionne.
25:13 -Tout est toujours clivé, tout est toujours... Moi, je pense qu'il faut un petit peu bouger.
25:20 -Le RN, on le trouve moins radical qu'avant. Ils sont plus souples, ils sont plus...
25:25 Même s'ils ont des bonnes idées, s'ils restent sur la loi de l'idéoconduite, je trouve que les mentalités ont changé.
25:31 Ils sont moins agressifs, plus constructifs.
25:35 -Depuis un certain nombre d'années, on a changé d'objectif, on a changé de stratégie.
25:40 Et je pense que c'est bénéfique, parce qu'on attire autour de nous des militants, des cadres qui sont vraiment présentables, respectables,
25:50 et qui ont des idées totalement républicaines.
25:53 -Il faut tenir la distance pour le RN.
25:56 C'est un travail long pour sortir des marges du système, pour passer du stade de parti protestataire,
26:04 de parti de l'excès, au parti de la mesure, au parti de gouvernement.
26:09 Le RN n'est pas au bout de ce processus, et puis il faut aussi que les élus,
26:15 qui sont maintenant autant de représentants de ce parti sur le territoire national, arrivent à convaincre.
26:23 -Au-delà de l'hémicycle, ces 88 députés donnent au RN une assise territoriale bien plus consistante.
26:32 Ils espèrent l'élargir encore lors des municipales de 2026,
26:37 une échéance décisive pour le parti avant la grande bataille de 2027, son objectif ultime.
26:46 Sous-titrage MFP.
26:51 ♪ ♪ ♪

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