Roland-Garros 2023 - Lucas Pouille : "Ça représente tout cette qualification et j'ai un petit message pour Amélie Mauresmo d'ailleurs !"

  • l’année dernière
Ce jeudi, un seul Français était sur les courts de Roland-Garros. Pour la première fois engagé dans les qualifs du Grand Chelem parisien, l'ancien membre du Top 10 Lucas Pouille, qui utilise son classement protégé, a retrouvé des couleurs sur la terre battue parisienne. Tombeur du Tchèque Tomas Machac puis du jeune Taïwanais Chun-Hsin Tseng, le Nordiste, en difficulté depuis son retour en janvier, a récidivé contre Jurij Rodionov, 134e à l'ATP. Sur le court 14 en dernière rotation, la Nordiste a régalé en s'imposant 1-6, 7-5, 6-0 et en s'extirpant des qualifs. Dépassé dans la première manche, Pouille a su s'accrocher pour finalement arracher le deuxième set puis écraser l'Autrichien dans l'ultime manche. Au courage, il s'est donné le droit de disputer le grand tableau et un neuvième Roland-Garros. Chapeau !
Transcript
00:00 On dit souvent que le tennis est un sport individuel, alors qu'il n'est jamais plus
00:06 beau que quand il est collectif.
00:08 BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:13 Quand on voit toute ma famille, mes amis, tous les gens sur le cours dans cet état-là
00:23 à la fin du match, c'est la libération.
00:27 Toutes les émotions lâchent un peu.
00:30 Je n'ai même pas grand-chose à dire sur les émotions, tellement elles étaient fortes.
00:35 Je ne me souviens pas avoir vécu 2017, c'est très loin.
00:43 Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas vécu ça, que c'était au-dessus de tout.
00:50 Tout ce pour quoi j'ai repris la raquette en fin d'année, ça me conforte aussi dans
01:02 l'idée que j'ai encore pas mal de choses à donner, à faire dans ce sport.
01:06 Malgré tout, se qualifier dans les Grands Chelems, ça a toujours une bonne signification
01:12 sur le plan du niveau de jeu qu'on a.
01:17 C'est pour tout le monde très difficile.
01:20 Je suis extrêmement fier de moi, extrêmement heureux d'aujourd'hui.
01:29 Et pour moi, pour toutes les personnes qui m'aident depuis des mois à essayer de revenir.
01:36 Ça fait un an que vous êtes en Grands Chelems.
01:41 Ce n'était pas le plus beau des souvenirs en Grands Chelems il y a un an non plus.
01:45 Je me souviens de l'année dernière, il était 22h30, 23h, je crois que j'avais terminé.
01:50 On était avec Thierry, avec Félix, avec mon kiné, avec ma femme sur une table dans
01:55 le restaurant.
01:56 Il n'y avait plus personne.
01:57 Il n'y avait personne qui disait un mot.
01:58 Moi j'avais la tête basse.
01:59 Elle me répétait comme chaque jour, "Qu'est-ce que tu fais sur un terrain ?"
02:04 Ce n'était vraiment pas une bonne période.
02:06 Mais aujourd'hui, j'ai le sourire.
02:09 Je suis extrêmement heureux sur le terrain.
02:11 Et avec tout ce que le public me donne, c'est juste fantastique.
02:15 Vous vous rendez compte qu'il peut vous donner des émotions aussi ?
02:18 Parce que Clémence, elle est à mal aise pendant le match.
02:20 Oui, je ne l'ai pas encore vue.
02:22 C'est le deuxième ou le troisième set, elle a pas l'air mal aise.
02:24 Oui, mais je ne les regarde pas trop.
02:28 Parce qu'il y a un moment, je crois qu'il y a 3-0, où je commence à croiser le regard
02:33 de mon frère.
02:34 Je le vois un peu ému, donc ça me touche.
02:35 J'évite de les regarder.
02:36 J'essaie de ne regarder que mon coach, qu'Eric et Enzo, qui étaient un peu moins dans l'émotion.
02:42 Comme ça, j'arrive à rester dedans.
02:44 Sinon, ça me submerge, je sais, un peu trop.
02:47 Mais elle était là chaque jour.
02:49 Ça fait 12 ans qu'elle vit à mes côtés, qu'elle vit tennis.
02:54 Elle est là dans les bons, comme dans les pires moments.
02:59 Donc, ce n'est pas facile pour elle non plus.
03:02 Moi, je ne vais pas bien, mais elle a toujours fait face.
03:06 Je les remercie tous pour ça.
03:09 Elle nous a même dit qu'elle était convaincue que vous n'étiez pas fini pour le tennis.
03:15 Oui, ça a été une grande tension l'an dernier.
03:19 Quand moi, j'ai arrêté, elle a eu du mal avec ça, quand je lui ai dit.
03:25 Mais en même temps, il n'y avait que moi qui pouvais ressentir ce que j'avais au fond de moi.
03:29 Elle a sans cesse arrêté de me poser la question.
03:33 Et là, ça ne te donne pas envie.
03:36 Et puis, quand je lui ai dit qu'on allait à Bercy, parce que je vais être là pour la dernière de Gilles,
03:44 que j'ai retapé avec Pierrug, elle est venue sur le terrain.
03:47 Elle m'a dit qu'on ne sait jamais, que ça se trouve que c'est la dernière fois que je te vois taper.
03:50 Elle m'a vu prendre du plaisir.
03:52 Elle m'a dit que je pensais que ce n'était pas terminé.
03:55 Mais c'est un tout, c'est grâce à elle, c'est grâce à tous mes proches amis, ma famille bien sûr, et moi-même.
04:05 Donc, c'est très important.
04:07 Est-ce que vous êtes un joueur différent sur le cours, dans la façon dont vous pensez aujourd'hui ?
04:11 Est-ce que vous avez plus de voix d'aller aussi loin, mais une plus grande sensation de ce que valent les choses ?
04:19 Oui, en tout cas, ici, c'est sûr.
04:22 Après, il y a quatre semaines aux États-Unis, c'était loin d'être bon, avec un voyage qui s'était commencé de la pire des manières.
04:30 Mais, enfin bref, ça c'est derrière, mais où je n'avais pas eu la meilleure attitude et ce n'était pas bien.
04:36 Donc, je ne sais pas si je suis un joueur différent.
04:39 Après, ce qui est sûr, c'est que je vais profiter un peu plus des choses, un peu plus de ces émotions-là.
04:43 Où avant, j'étais tout le temps dans le truc, allez, prochain, tu pensais au prochain, tu ne profites pas du moment.
04:49 C'est aussi pour ça que j'ai eu envie de rester sur le terrain, de profiter de tous ces gens qui ne m'apportaient que du plaisir, du bonheur, de l'amour.
04:58 Et voilà, c'est certain qu'aujourd'hui, j'essaie de profiter au maximum et de ne pas avoir toujours une pensée sur la suite, sur les conséquences,
05:08 sur ce que ça va m'amener ce tournoi en termes de points, en termes d'argent, en termes de tout ça.
05:13 Profiter du moment et de kiffer un peu. C'est un peu important.
05:18 Anne Caraz et Romain Le Deuf, dans le monde de la bourse, vous vous qualifiez ?
05:27 Si je peux éviter de les jouer, ça me va aussi.
05:31 Franchement, aujourd'hui, c'est ce qui se fait mieux dans le monde du tennis.
05:35 Et aujourd'hui, je ne pense pas en être à ce qui se fait de mieux en ce moment, malgré tout.
05:39 J'ai très bien joué. Il y a encore des marches à grimper avant de revenir à ce niveau-là.
05:45 Mais par contre, si je tombe contre eux, je ne sais pas, à 200 %, je donnerais 10 000 % pour essayer de faire du mieux possible.
05:52 Et avec un public qui sera, je sais, derrière moi.
05:56 Mais j'aimerais bien jouer un match sur lequel je peux encore jouer sur le 14.
06:01 Parce que sur eux, je ne jouerai pas sur le 14.
06:04 Je jouerai sur le Châtrier, sur un grand court, où ils ne feront que courir, ils ramèneront tout. Ce sera l'enfer.
06:09 Tu parlais du public. Justement, est-ce que tu peux nous dire à quel point il t'a aidé pendant ces trois matchs ?
06:14 Aujourd'hui, c'était quasiment une lumière blanche depuis le début.
06:16 Oui, c'était presque plus. J'ai envie de dire presque en plus.
06:20 À partir du moment où je suis rentré sur le terrain, il y a eu une émotion qui est montée.
06:25 J'ai eu un peu de mal à la contrôler dans les premières balles de chauffement.
06:28 Mais c'est ce qui m'a aussi donné la force de revenir, la force de me battre en ce début de deuxième set et début de troisième.
06:35 Et c'était juste... Il n'y a même pas de mots pour dire ce qu'ils ont été. C'était juste incroyable.
06:41 Ça faisait longtemps que tu n'avais pas enchaîné trois victoires comme ça. Est-ce que tu te sens bien physiquement ?
06:46 Oui, j'ai de la chance. J'ai au moins deux jours et peut-être trois, en espérant ne pas jouer dimanche.
06:54 Un petit message à Amélie. Parce que, comme tu l'as dit, ça fait la première fois que j'enchaîne trois matchs.
07:03 Et chaque jour, il y a des petites douleurs. Je découvre un peu des douleurs dans mon corps, des douleurs aux pieds, des douleurs aux bras, un peu partout.
07:11 C'est surtout la tension. Ce n'est pas le physique qui fait ça, mais c'est les émotions.
07:16 Donc, il va falloir aussi bien se détendre. Là, aller faire toute ma récup, mes soins nécessaires.
07:21 Prendre du temps un peu pour moi demain et repartir demain fin d'après, à l'entraînement, pour se préparer.

Recommandée