• l’année dernière
- Grand témoin : Stéphane Simon, journaliste, co-fondateur du site d'information « Factuel » et auteur de « Les derniers jours de Samuel Paty » (Plon)

LE GRAND DÉBAT / Immigration : Emmanuel Macron piégé par LR ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Le 1er février 2023, le groupe Renaissance a présenté, en Conseil des ministres, un projet de loi sur l'immigration. Celui-ci prévoit, d'une part, de faciliter la régularisation des travailleurs sans-papiers et, d'autre part, d'accélérer les procédures d'obligations de quitter le territoire (OQTF) afin de permettre des expulsions plus rapides. Dès sa présentation, ce projet de loi divise : cette politique du « en même temps » agace. Les Républicains ont donc, de leur côté, présenté le 20 mai 2023, deux propositions de loi. La première, d'ordre constitutionnelle, a pour but de permettre la tenue d'un référendum sur la politique migratoire afin de réaffirmer la souveraineté de la France. La seconde pose quatre principes très fermes visant à durcir la politique migratoire. Les Républicains vont-ils réussir à court-circuiter la majorité sur ce débat ?

Invités :
- Charles Sitzenstuhl, député Renaissance du Bas-Rhin
- Guilhem Carayon, président des Jeunes LR et porte-parole LR
- Béatrice Giblin, géographe et directrice de la revue « Hérodote »
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »

LE GRAND ENTRETIEN / Stéphane Simon : l'assassinat de Samuel Paty, une faillite nationale ?
Dans son livre « Les derniers jours de Samuel Paty. Enquête sur une tragédie qui aurait dû être évitée » (Plon), Stéphane Simon revient sur les 11 jours qui ont précédé la mort de Samuel Paty. Dans l'affaire de ce professeur, devenu l'incarnation de la laïcité face à l'islamisme, l'auteur pointe les dysfonctionnements de l'administration française, la lâcheté de certains collègues et le courage dont d'autres ont fait preuve.
« Est-ce que tout cela vaut le coup de perdre la vie ? Car la vie est sacrée... » est la phrase que Samuel Paty prononcera en guise de conclusion à son cours sur la liberté d'expression...

- Grand témoin : Stéphane Simon, journaliste, co-fondateur du site d'information « Factuel » et auteur de « Les derniers jours de Samuel Paty » (Plon)

BOURBON EXPRESS :
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter
- Delphine Sabattier, journaliste à « B Smart »

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:05 Bonsoir et bienvenue, ça vous regarde en direct.
00:08 Notre grand témoin ce soir nous interpelle sur une faillite nationale.
00:12 Bonsoir Stéphane Simon.
00:14 Bonsoir.
00:14 Et merci d'être là.
00:15 Votre enquête sur les derniers jours de Samuel Paty-Chiplon
00:18 est absolument glaçante.
00:20 Tant les dysfonctionnements, les errements, les errances de l'administration
00:24 sont nombreuses dans cette tragédie qui aurait dû être évitée.
00:28 Votre site d'information a révélé la lettre de la sœur de Samuel Paty,
00:34 Mikaël Paty, et elle débouche ce soir sur l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire.
00:39 On va y revenir longuement dans le détail dans la deuxième partie.
00:42 Mais on commence ce soir par l'immigration.
00:44 C'est le dossier qui revient en force au cœur du débat public
00:48 avec d'abord le contre-projet des Républicains face à celui d'Hirald Darmanin
00:53 et puis un pays, le Danemark, où tout le monde se presse
00:56 et où ce sont les sociodémocrates au pouvoir
00:59 qui mènent la politique la plus ferme en Europe en matière d'immigration.
01:03 On verra avec quels résultats, modèle ou mirage.
01:06 Grand débat dans un instant avec nos invités
01:08 avant de retrouver les partis pris de nos affranchis.
01:11 Et puis Bourbon Express, bien sûr, comme chaque soir, l'histoire du jour à l'Assemblée.
01:14 Voilà pour le programme, vous me suivez Stéphane Simon ?
01:16 - Avec joie. - Ça vous regarde, c'est parti !
01:18 [Générique]
01:29 C'est donc le débat qui revient en force, la maîtrise de nos flux migratoires.
01:33 Les chefs de la droite ont présenté leur plan pour l'immigration cette semaine.
01:38 Manière de piéger un peu le gouvernement qui avance très prudemment sur un projet de loi
01:42 plusieurs fois reporté alors que d'autres, en Europe, au Danemark,
01:46 assument une politique absolument ferme, ultra ferme,
01:50 au point d'avoir jugulé l'extrême droite.
01:52 Alors faut-il durcir nos lois sur l'immigration ?
01:56 Bonsoir Charles Sissenshtoul.
01:58 - Bonsoir Mme Mankawa. - Et merci d'être là.
02:00 Vous êtes député Renaissance du Barin, vous débattez ce soir avec Guilhem Carayon.
02:04 - Bonsoir. - Et merci à vous, président des Jeunes Républicains
02:07 et porte-parole des Républicains.
02:09 - Bonsoir Béatrice Giblin. - Bonsoir.
02:11 Ravi de vous retrouver sur ce plateau, vous êtes géographe
02:13 et directrice de la revue Hérodote, revue de géographie mais aussi de géopolitique
02:17 et ça a son importance en matière d'immigration.
02:20 Enfin, bonsoir Richard. - Bonsoir Myriam.
02:22 - Richard Verli, correspondant France-Europe pour Blic,
02:25 un quotidien suisse et visage familier puisque vous êtes chroniqueur dans cette émission.
02:29 Stéphane Simon, n'hésitez pas à intervenir, c'est un sujet qui intéresse forcément le citoyen que vous êtes.
02:33 - C'est passionnant, bien sûr. - Et même à interroger nos invités.
02:36 La parole d'abord pour commencer à l'ami Stéphane Blakowski, qui propose quoi
02:39 et pourquoi ce sujet revient en force.
02:41 Il a 200 secondes, le chrono de Blakowski, c'est parti.
02:43 - Bonsoir Stéphane. - Bonsoir Myriam.
02:49 Bonsoir à toutes et tous. - Alors, ce dossier de l'immigration.
02:52 - Alors, est-ce que quelqu'un a compris quelque chose à la position du gouvernement sur l'immigration ?
02:56 Parce que moi j'avoue que j'ai un petit peu de mal.
02:58 Ils ont démarré billes en tête en juillet dernier, juste un mois après la législative.
03:02 Gérald Darmanin disait "Attention, dès la rentrée, une loi pour expulser les délinquants étrangers".
03:06 Bon, sauf qu'une semaine plus tard, finalement, plus de loi sur l'immigration reportée à signer.
03:11 Bon, vous savez qu'on ne décourage pas Gérald Darmanin aussi facilement.
03:14 Il a donc réussi à déposer son projet de loi immigration au Sénat en se disant que ça allait arriver à l'Assemblée.
03:19 Pas du tout. Voilà qu'Elisabeth Borne dit "Ah non, c'est pas le moment d'en débattre, ça pourrait diviser le pays".
03:24 Donc c'est le chef du gouvernement, c'est elle qui fixe le cap.
03:27 Et donc 15 jours plus tard, elle dit exactement le contraire.
03:29 Je repose ma question, est-ce que quelqu'un a compris la politique ?
03:32 Non, c'est pas facile.
03:33 Donc les LR, évidemment, ont eu une occasion en or, ils sont sortis en vrac de la réforme des retraites pour refaire leur union.
03:39 Et vous allez voir qu'ils ne se sont pas gênés pour faire la une du JDD sur ce thème de l'immigration avec un plan bien à eux.
03:46 Bon, évidemment, ils jouent un peu sur du velours puisque la NUPES ne s'est pas gênée pour rappeler que 70% des Français sont contre la réforme des retraites.
03:54 Et bien, évidemment, les sondages, quand on parle d'immigration, plus de 70% des Français trouvent qu'il y a trop d'immigrants français marqués en haut.
04:01 Et les seuls qui ne sont pas majoritaires dans ce cas, c'est les Insoumis.
04:05 Alors, les trois présidents, dans leur interview, ils disent au président Macron, voilà, il y en a deux lois qu'on voudrait faire passer coûte que coûte.
04:11 C'est d'abord une loi pour durcir l'immigration, mais une loi plus ambitieuse qui serait pour changer la Constitution.
04:16 Donc ils appellent ça "reprendre le contrôle", c'est-à-dire pour permettre de déroger certaines règles européennes sur l'immigration.
04:23 Donc "reprendre le contrôle", c'est ce que c'est, on est chroniqueur, on est obligé de faire un peu de trucs piquants.
04:28 On remarque que c'est exactement l'expression qu'employait Boris Johnson pour le Brexit,
04:33 l'expression qu'a déjà repris Marine Le Pen, "reprenez le contrôle", dans sa campagne électorale.
04:38 Alors, bien sûr, on dit "républicain", notamment avec Ciotti, mais c'est la même chose que Marine Le Pen.
04:42 Ça ne le dérange pas plus que ça, on l'écoute.
04:44 Vous savez que j'ai toujours eu la même ligne, le même discours.
04:48 Oui, il y a trop d'immigrés aujourd'hui en France par rapport à notre capacité d'assimilation de ces étrangers.
04:57 Alors, est-ce que les LR vont réussir à s'entendre avec Gérald Darmanin ?
05:00 Il y a un peu de suspense et l'intérêt de la politique, mais chacun montre un peu ses muscles.
05:03 Là, c'est Olivier Marlex qui dit "écoutez, si le projet que Gérald Darmanin propose à la rentrée sur l'immigration ne nous paraît pas suffisant,
05:10 eh bien on renverse le gouvernement, on l'écoute".
05:12 Les Français ne supporteraient pas qu'on fasse semblant et que les politiques fassent semblant
05:17 avec une 22e loi sur l'immigration qui ne changerait rien, qui permettrait juste au gouvernement de dire "ça y est, on a coché la case".
05:24 Donc, si le gouvernement s'amuse à ce petit jeu-là, à faire semblant et essaie de passer en force sur ce texte avec un 49-3,
05:33 oui, on déposera une motion de censure.
05:35 Alors, je vais vous laisser débattre. Vous savez que LCP, c'est la chaîne où on prend un peu de recul.
05:39 Donc oui, 75% des Français trouvent qu'il y a trop d'immigrés, mais quand on leur demande, ce n'est pas non plus leur préoccupation principale.
05:46 Vous voyez, l'immigration, il y a d'autres choses, notamment le pouvoir d'achat qui les préoccupe pas mal, la santé, la protection sociale, l'environnement, l'éducation.
05:53 Mais ce soir, c'est débat immigration.
05:55 Merci de remettre les choses dans leur bon ordre. Merci Stéphane. Je vais me tourner d'abord vers les politiques.
06:00 Charles Sizunstul, c'est vrai que quand on regarde 21 lois immigration en 20 ans, pourquoi il faut légiférer à nouveau ?
06:07 Franchement, pourquoi ? Pour durcir davantage l'arsenal actuel ?
06:11 Parce qu'on voit que c'est un sujet de préoccupation pour nos concitoyens.
06:14 Et le premier sondage qui a été montré, les résultats sont éloquents.
06:19 Ça correspond à ce que j'entends et je vois chez moi, en Alsace, dans ma circonscription,
06:24 il y a une préoccupation, il y a des inquiétudes des Françaises et des Français sur le sujet migratoire.
06:30 Et je pense, et je le dis comme député de la majorité présidentielle, qu'il ne faut pas avoir peur de son nombre sur les sujets migratoires.
06:38 Il y a une attente forte d'une majorité de nos concitoyens, il y a une attente de durcir encore la législation, et donc il faut répondre à cette attente.
06:47 Donc vous voulez durcir, ça vous l'assumez, quelle est la philosophie de votre projet de loi pour comprendre et pour débattre ?
06:54 C'est la façon dont Gérald Darmanin et Olivier Dussopt ont présenté les choses depuis quelques mois.
07:00 Il y a, sur le sujet de l'asile, sur le sujet du volume de l'immigration qu'on est en capacité à accueillir, là-dessus, il faut durcir.
07:12 Ensuite, le sujet de l'immigration économique, où là, il faut beaucoup de pragmatisme, parce que les milliers de chefs d'entreprise dans notre pays nous disent qu'ils ne trouvent plus de main-d'oeuvre
07:21 et que si on veut continuer à faire tourner l'économie française, on doit faire venir des personnes qui sont prêtes à travailler et qui vont s'intégrer par le travail.
07:30 Donc c'est un sujet de grand pragmatisme.
07:32 Intégration d'un côté et régularisation par le travail pour pallier la pénurie, parce qu'elle existe, cette pénurie d'emplois, et dans beaucoup de secteurs.
07:41 Il suffit d'aller écouter le MEDEF et il le dit, Guilhem Carayon, fermeté de l'autre, ça ne vous convient pas ?
07:48 Nous non plus, on n'a pas compris le projet du gouvernement et c'est parce qu'on ne l'a pas compris qu'on présente le nôtre.
07:54 On part de trois constats. Le premier, c'est qu'il y a eu une explosion des flux migratoires depuis quelques années.
07:59 En 2022, il y a 500 000 immigrés qui sont arrivés légalement, pas illégalement, sur le territoire national.
08:05 C'est deux fois la ville de Bordeaux, c'est l'équivalent de la ville de Toulouse.
08:08 Deuxième constat, il y a une volonté populaire qui est nette, qui est très claire et vous l'avez montré, à peu près tous les électorats,
08:14 même ceux du PS, même ceux d'Europe Écologie-Les Verts, sont majoritairement pour une politique migratoire plus contrôlée et plus restrictive.
08:21 Alors nous, on pense qu'il faut en finir avec l'impuissance. Il y a eu, vous l'avez montré, 21 lois en la matière depuis 20 ans.
08:28 On ne peut pas se contenter d'une nouvelle loi. Il faut modifier la Constitution.
08:31 C'est le seul moyen pour reprendre le contrôle, pour retrouver notre souveraineté juridique en matière migratoire.
08:36 Et je crois que même si ce n'est pas le thème prioritaire pour les Français, évidemment, c'est la question du pouvoir d'achat.
08:41 C'est quand même un thème essentiel et les Français sont très clairs sur la question.
08:44 On va revenir dans le détail sur ce que vous proposez.
08:47 Béatrice Giblin, c'est intéressant parce que nos deux élus, notre député et représentant des Républicains,
08:53 nous disent "les Français, les attentes des Français".
08:57 Et donc on revient au sondage, 70% estiment qu'il y a trop d'émigrés en France, un peu plus même.
09:02 Comment vous comprenez ce sentiment ? Vous avez travaillé notamment sur Sangatte à Calais, sur la jungle de Calais.
09:09 Qu'est-ce qu'ils disent à longueur de sondage ?
09:11 C'est un sentiment ? C'est l'unité du pays qui serait menacée dans son identité ? Qu'est-ce qu'il signifie ?
09:18 Déjà, le terme d'émigrés n'est pas précis pour eux.
09:21 Je suis très, très surprise que Kéric Chioti puisse parler d'émigrés et dire que les émigrés sont des étrangers.
09:28 Il y a une grande partie des émigrés qui sont français.
09:31 On peut parfaitement être un arrivé étranger en France et avoir obtenu la nationalité française.
09:36 Donc on est immigrés de nationalité française.
09:40 Donc déjà, parler d'émigrés comme ça, sans préciser, je trouve ça absolument stupéfiant
09:47 de la part de quelqu'un comme Éric Chioti, président d'un parti qui fut grand
09:51 et qui se trouve même dans un département, les Alpes-Maritimes,
09:55 où il est confronté à des arrivés effectivement d'étrangers qui sont passés par l'Italie.
10:00 C'est déjà pour moi le signe quand même de la confusion dans laquelle,
10:06 quand on parle de cette cansueur, de cette question-là...
10:09 -Mais si on pose la question "est-ce qu'il y a trop d'étrangers ?", les réponses seraient les mêmes.
10:14 -Mais trop d'étrangers... Oui, sans doute, parce qu'ils pensent que les gens
10:18 qui ont la nationalité française, mais qui sont noirs ou qui sont d'origine arabe,
10:23 resteront des étrangers dans leur représentation.
10:26 Ca, c'est incontestable, pour une partie des Français,
10:30 pas pour tous les Français, soyons raisonnables, là aussi.
10:34 Si vous posez la question "il y a trop d'étrangers ou trop d'immigrés ?",
10:38 vous allez avoir la réponse "oui".
10:40 Si vous dites "eh bien voilà, on bloque l'immigration",
10:43 mais à ce moment-là, la retraite, ce sera 65 ans ou 67 ans,
10:48 parce que si on enlève tous les gens qui y bossent,
10:51 il va bien falloir que ce soit les autres qui se mettent à travailler.
10:55 Je suis pas sûre qu'on ait forcément le même enthousiasme.
10:58 -Plus d'attention au sondage.
11:00 -En revanche, là où je pense que c'est important,
11:03 et c'est peut-être parce que je suis géographe,
11:06 mais la répartition, le fait que l'île de France
11:09 reçoive à peu près la moitié des primo-arrivants,
11:13 c'est beaucoup, et soyons sérieux,
11:16 ils arrivent pas dans le 16e ni dans les Hauts-de-Seine,
11:19 ils arrivent essentiellement à Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne,
11:23 petite couronne, et que donc ça pèse.
11:25 J'ai enseigné 30 ans à Seine-Saint-Denis,
11:28 donc je l'ai vue, je l'ai constaté,
11:30 ces primo-arrivants avec une Noria,
11:32 parce que les primo-arrivants,
11:34 effectivement, ils ont besoin d'entraide,
11:37 ils arrivent, ils connaissent quelqu'un de leur village ou de la famille,
11:41 on vient là où ça va être un peu moins difficile.
11:44 Mais à partir du moment où ils ont trouvé un emploi,
11:48 les femmes ou les enfants, sincères,
11:50 on sort de ce lieu-là,
11:52 parce qu'on a envie d'aller dans quelque chose de plus agréable.
11:56 Donc on est à une Noria de primo-arrivants constamment,
11:59 ce qui, pour la population autour,
12:02 elle sentiment que c'est une invasion constante,
12:05 et qui arrive... -Donc c'est la question de l'urbanisme,
12:08 c'est la question des ghettos, que vous mettez en place.
12:11 -C'est la question de la concentration,
12:13 qui est extrêmement importante,
12:15 et il faut essayer de raisonner, non pas à une échelle globale,
12:19 mais plus précisément pour comprendre comment ça se passe.
12:22 -Ca pose bien votre regard dans ce débat.
12:24 Richard Verlis, vous qui suivez les questions européennes,
12:27 il y a une proposition choc dans les propositions de loi,
12:30 notamment celle qui veut réviser la Constitution des Républicains,
12:34 c'est celle qui permet, si elle aboutissait, évidemment,
12:37 de déroger à la primauté des traités sur le droit européen.
12:41 "Frexit migratoire", a dit Gérald Darmanin.
12:44 Ca reviendrait vraiment à ça ?
12:46 -De fait, ça poserait un énorme problème.
12:48 Je rappelle quand même que c'était...
12:50 Ca n'amènerait pas à sortir de l'Europe,
12:52 mais ça poserait un réel problème institutionnel,
12:55 que Michel Barnier, candidat à la présidence de la République,
12:58 avait déjà proposé. Il était prêt à assumer ça.
13:01 C'est pas nouveau chez les Républicains
13:03 d'adopter cette logique de confrontation
13:05 vis-à-vis des institutions européennes.
13:07 Peut-être juste un chiffre au niveau européen, pas français.
13:10 Comme je savais que j'allais venir à cette émission,
13:13 j'ai regardé Eurostat. En février de cette année,
13:15 puisque les statistiques sont toujours légèrement à retard,
13:18 vous avez 60 505 personnes qui ont demandé,
13:22 qui ont fait une application pour l'asile en Europe,
13:25 dans l'Union européenne, et les premières nationalités
13:28 étaient les Syriens, les Afghans, les Colombiens et les Vénézuéliens.
13:31 Pourquoi je dis ça ?
13:33 C'est parce qu'il faut voir que la géographie migratoire européenne,
13:36 c'est une géographie qui tient compte des situations géopolitiques.
13:40 Par exemple, aujourd'hui, il est clair qu'on va avoir
13:43 une arrivée massive de Soudanais ou de gens en provenance du Soudan.
13:47 Ce qui se passe aujourd'hui, c'est que ce que disent les Républicains
13:51 en France, ce que dit Gérald Darmanin,
13:53 au fond, il faut bien reconnaître qu'ils sont à l'unisson
13:56 de l'Union européenne, parce que certes,
13:58 les Républicains courent un risque de choc institutionnel
14:01 avec l'Union européenne, mais l'Union européenne,
14:03 en ce domaine, s'est énormément durcie.
14:05 Vous avez cinq textes aujourd'hui qui ont été approuvés
14:08 en avril dernier par le Parlement et qui doivent encore l'être
14:11 par le Conseil européen.
14:13 Tous ces textes visent à restreindre les demandes d'asile
14:16 sur le territoire de l'Orienté.
14:18 -Il y a les demandes d'asile et la question de la migration économique.
14:21 Dans la majorité, comment on regarde, au fond,
14:24 ce choc à droite sur l'immigration ?
14:26 Vous dites que vous voulez durcir, vous avez fait déjà deux lois
14:30 depuis qu'Emmanuel Macron a été élu.
14:32 Est-ce que vous allez jusqu'à penser que l'État de droit
14:36 doit s'adapter à cette question-là ?
14:38 -Au sein de la majorité, il y a un débat sur le sujet migratoire.
14:42 C'est très clair.
14:44 Il y a plusieurs philosophies, plusieurs orientations.
14:47 Je viens des Républicains, donc je me situe plus
14:50 sur le pôle de droite de la majorité.
14:52 -Vous pouvez dialoguer, il y a des choses que vous pourriez reprendre.
14:55 -J'ai toujours dit que je suis archi favorable à ce que nous travaillons
14:58 encore plus avec les Républicains sur tous les sujets.
15:01 -L'assimilation dans la Constitution ?
15:03 Dans la Constitution, ça, vous pourriez voter ça ?
15:06 -Pourquoi pas ? Je vois pas trop ce que ça changerait, honnêtement.
15:10 Les modifications constitutionnelles qui sont proposées,
15:13 déjà, je rappelle qu'il faut les faire voter,
15:15 parce que changer la Constitution, ce sont des majorités qualifiées.
15:18 -Ça dépend de vous ? -Pas que, d'ailleurs.
15:20 Ça dépend de vous, de nous, mais pour changer...
15:23 -60 députés, vous en avez quand même un peu plus.
15:26 -Ca va aller au-delà de l'addition de la majorité présidentielle.
15:30 -Il faudra les 3/5. -Il y aura d'autres forces.
15:33 -Les députés sénateurs. -Ils sont favorables.
15:36 -Politique, nous négocions pas avec eux.
15:38 Je suis quand même assez prudent sur les propositions
15:41 des Républicains d'ordre constitutionnel.
15:43 Je suis pas sûr que c'est ça qui va changer...
15:46 -Je précise que Sacha Houllier, député président
15:48 de la Commission des lois de votre parti, Renaissance,
15:51 n'est absolument pas sur cette ligne-là.
15:53 Il y a déjà un problème d'accord et de ligne
15:56 au sein même des Macronistes.
15:58 -Il y a un vrai débat au sein de la majorité sur ce sujet.
16:01 J'espère que les prochaines semaines,
16:03 on en discutera aussi.
16:05 Sur les faits migratoires, l'immigration qu'on a connue
16:08 en France depuis la Seconde Guerre mondiale
16:10 a quand même profondément évolué.
16:12 Il y a quand même deux faits dont il faut qu'on débatte
16:15 au Parlement, à l'Assemblée.
16:17 D'une part, il y avait en gros 5 % d'immigrés
16:19 dans la population française au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
16:22 Aujourd'hui, c'est le double, c'est quasiment 10 %.
16:25 C'est quand même un changement dans la population française
16:28 qui est important et dont il faut pouvoir discuter
16:31 de façon très sereine et je pense qui explique en partie
16:34 les sondages qu'on a vus.
16:36 Deuxième, c'est l'origine de cette immigration.
16:39 Jusqu'au milieu des années 70,
16:41 en gros, deux tiers de l'immigration
16:43 était d'origine européenne.
16:45 Aujourd'hui, l'origine de l'immigration
16:47 que nous avons en France est pour moitié d'origine africaine.
16:50 C'est un changement profond.
16:52 J'espère que là aussi, ces deux faits très importants...
16:55 Ces données viennent de l'INSEE.
16:57 Elles sont incontestables.
16:59 Il faut pouvoir en discuter et en tirer des conséquences.
17:02 -Il y a une immigration qu'on peut intégrer et une autre qu'on n'y arrive pas ?
17:06 -Plus compliquée.
17:07 -Plus compliquée quand elle est d'origine ?
17:09 -C'est ce que nous observons et ce que nos citoyens observent.
17:12 -Béatrice Giblin.
17:13 -Moi, je pense qu'il est de...
17:15 J'allais dire de bon ton,
17:17 où on répète à l'infini, l'intégration ne marche pas.
17:20 La censure sociale est bloquée.
17:22 Pour avoir enseigné, je le redis de nouveau,
17:25 30 ans en Seine-Saint-Denis,
17:27 dans une université,
17:28 j'ai bien vu que l'intégration fonctionnait.
17:31 Qu'il y ait des ratés, des sérieuses difficultés,
17:34 de la délinquance, du trafic de drogue,
17:37 et que ça concerne, pour une part,
17:40 non négligeable, des jeunes issus de l'immigration.
17:44 Mais, bon sens de soire,
17:46 cette immigration,
17:48 elle n'est pas toute en situation de difficulté,
17:51 loin de là.
17:52 Si vous prenez simplement, vous allez à l'hôpital,
17:55 vous regardez les noms des chefs de service,
17:58 ils auront des consonances qui seront très souvent,
18:01 des consonances...
18:02 -Maghrébine.
18:03 -Pour beaucoup d'ensemble.
18:05 Ils sont tunisiens, algériens,
18:07 libanais, syriens.
18:08 -Et heureusement qu'ils sont là, pendant le Covid.
18:11 -Si vous prenez les gardes des urgences,
18:14 vous voyez bien que vous avez des internes,
18:17 qui, eux, viennent d'Afrique noire,
18:19 qui ont fait leurs études.
18:21 C'est-à-dire qu'ils ne sont pas au service de la population
18:25 du pays dont ils sont originaires,
18:27 mais ils sont là.
18:28 Vous prenez des avocats, des professeurs...
18:31 Donc, ce discours, si vous voulez, constant,
18:34 je trouve ça extrêmement méprisant
18:36 pour cette population immigrée.
18:39 Méprisant à double titre,
18:41 parce qu'on les assigne dans une situation
18:44 comme quoi ils sont incapables de s'intégrer,
18:47 et absolument déprimant pour une nation comme la nôtre,
18:50 comme la France,
18:51 qui vit avec l'immigration depuis le milieu du 19e siècle,
18:55 c'est pour ça qu'on n'a rien à voir avec le Danemark,
18:58 et qui a intégré avec un nombre,
19:00 parmi leurs très grandes personnalités,
19:03 qui sont issus de l'immigration.
19:05 On ne peut pas avoir un peu confiance dans ce pays ?
19:08 -Stéphane Simon, qu'est-ce que ça vous inspire ?
19:11 Guylaine Carayon, juste après.
19:13 -Je ne suis pas convaincue par tout ce que j'entends,
19:16 parce que je crois que la première des choses
19:19 à faire, c'est de réinscrire dans la Constitution française
19:22 que le droit national prime sur le droit européen.
19:25 Tant qu'on ne changera pas ce modèle-là,
19:28 on verra bien qu'on reste dans un système d'impuissance publique...
19:32 -Ca veut dire qu'on sort de l'Europe ?
19:34 -Non, pas du tout. -Les traités...
19:36 -Pardonnez-moi. -On va y venir dans le détail.
19:39 -Avec notre intégration européenne,
19:41 les traités priment sur nos lois.
19:43 -Le Danemark a commencé par faire inscrire dans sa Constitution
19:47 l'immigration européenne. -Avec un degré d'intégration
19:50 un peu différent du nôtre. -C'est un préalable important.
19:53 Par ailleurs, je crois qu'il n'y a personne ici
19:56 qui est contre l'idée de l'immigration.
19:58 Ce que demandent les Français, et ce que je trouve intéressant,
20:02 c'est simplement de pouvoir légiférer et contrôler
20:05 un peu le flux migratoire. Ca ne veut pas dire le stopper.
20:08 Ca veut dire simplement d'abord estimer
20:11 qu'il faut avoir une démarche volontaire pour devenir français,
20:14 avoir la France au coeur. Il n'y a pas un pays dans le monde
20:17 qui ne demande pas à ce que ces immigrés qui arrivent
20:20 fassent une démarche volontaire.
20:22 Ce que fait la Suisse, c'est remarquable.
20:25 Ils demandent à tous ceux qui postulent
20:27 à devenir citoyen suisse, un, de maîtriser la langue,
20:31 deux, de maîtriser la Constitution,
20:33 trois, d'être en capacité de comprendre
20:35 les différentes régions, etc.
20:37 On demande vraiment à ce qu'il y ait une démarche volontaire.
20:40 -Vous commencez à comparer. Je vous donne la parole.
20:43 Vous comparez des pays très différents des nôtres.
20:46 Ce n'est pas les mêmes populations.
20:48 Richard Verlick et Suisse en sait quelque chose.
20:50 On va se rendre à Copenhague.
20:52 Vous allez pouvoir débattre s'il faut s'inspirer du modèle danois.
20:55 C'est le plus fermé d'Europe en matière d'immigration.
20:58 Eric Ciotti en revient, tout comme Olivier Véran,
21:01 qui s'y est rendu il y a quelques semaines.
21:03 Reportage, regardez.
21:10 -A Copenhague, voici le chantier qui fait polémique.
21:13 Dans ce quartier, la majeure partie des habitants
21:16 est d'origine étrangère.
21:18 Selon la mairie, il n'y aurait pas suffisamment de mixité.
21:21 Alors elle a pris une décision radicale,
21:23 céder au privé la moitié de ses logements sociaux
21:26 et expulser les habitants actuels pour les reloger ailleurs.
21:30 Mohamed Aslam vit ici depuis plus de 40 ans.
21:33 Ce chef d'entreprise parfaitement intégré est sous le choc.
21:38 -On n'a rien fait. Nous ne sommes pas des criminels.
21:42 Pourquoi devrions-nous être chassés de nos maisons ?
21:45 Mes 4 enfants qui sont nés ici ont grandi ici,
21:48 ont reçu une bonne éducation, ils ont un travail.
21:51 Pourquoi sommes-nous rangés dans la mauvaise catégorie de la population ?
21:55 -Un plan anti-ghetto, initié par le gouvernement,
21:59 qui multiplie les mesures contre les étrangers.
22:02 Confiscation des biens à l'arrivée sur le territoire,
22:05 accès restreint aux allocations, expulsions en cas de manquement à la loi,
22:10 tout est fait pour décourager les immigrés de venir ou rester au Danemark.
22:15 Mezgan est arrivée d'Iran il y a un an.
22:19 Et pour obtenir un permis de travail,
22:21 cette médecin doit passer un examen
22:23 qui va bien au-delà de ses compétences professionnelles.
22:26 Les questions portent aussi sur l'histoire et la société danoise.
22:30 -C'est très difficile pour moi,
22:33 parce que si on veut être intégré à la société, on ne peut pas,
22:37 à moins de parler parfaitement le danois.
22:40 -Les bénévoles qui viennent en aide aux réfugiés
22:45 s'inquiètent de cette dérive.
22:47 -On a de terribles exemples, en particulier des jeunes
22:51 qui se sont réfugiés et pour qui ça se passe très bien au Danemark.
22:55 Ils ont des amis danois, ils parlent danois,
22:58 et on leur dit de rentrer chez eux.
23:00 C'est un immense gâchis et c'est inhumain.
23:03 -Le Danemark a négocié une dérogation
23:08 auprès de l'Union européenne
23:10 pour avoir plus de souplesse en matière de politique migratoire.
23:14 Résultat, depuis 2015, le nombre de demandeurs d'asile
23:17 a été divisé par 10.
23:19 Fait surprenant, c'est la gauche qui a pris toutes ces mesures
23:22 et qui justifie sa politique
23:24 au nom de la défense d'un certain modèle social.
23:28 -Quand on parle d'intégration, c'est comment les gens peuvent travailler,
23:31 mettre leurs enfants à l'école, apprendre la langue,
23:34 comprendre notre société.
23:36 Le nombre de personnes compte.
23:38 Si nous avons trop de personnes à arriver en peu de temps,
23:41 c'est impossible de les intégrer correctement.
23:44 -Une stratégie soutenue par une majorité de Danois.
23:50 -Voilà pour la situation au Danemark.
23:53 Vous l'avez compris, c'est le centre-gauche
23:55 qui mène cette politique initiée au départ par la droite.
23:58 Guilhem Carayon, vous reprenez tout ?
24:00 -Deux petites observations avant de parler de la situation au Danemark.
24:04 Ce que j'ai entendu sur l'immigration serait en soi un problème.
24:07 Non, ce n'est pas du tout le cas.
24:09 L'immigration devient un problème quand elle est massive
24:12 et quand le pays d'accueil n'a pas les capacités
24:14 pour intégrer, plus même qu'intégrer,
24:16 pour assimiler les personnes qui viennent sur le territoire national.
24:19 -On parlait des médecins dans les hôpitaux,
24:21 on parlait dans la restauration, dans le bâtiment.
24:23 -Vous voyez bien que là, on n'est pas dans l'assimilation.
24:26 Il y a eu 500 000 étrangers qui sont arrivés en 2022.
24:29 -Qu'est-ce que vous mettez dans ce mot d'assimilation,
24:32 dans la Constitution, dans notre norme suprême ?
24:34 Qu'est-ce qu'il signifie concrètement ?
24:36 -Contrairement à ce qu'a pu dire le ministre de l'Intérieur,
24:38 on ne veut pas sortir de l'Union européenne.
24:40 En revanche, on n'entend pas que l'Union européenne déroge
24:43 à la lettre de ces traités qui prévoient le respect
24:46 de l'identité constitutionnelle de chaque nation qui compose l'Union européenne.
24:49 -Ca permettrait de raccourcir des délais,
24:51 de limiter davantage les OQTF,
24:53 les obligations à quitter le territoire.
24:55 Mais sur l'assimilation, qu'est-ce que c'est dans la Constitution ?
24:58 -L'assimilation, c'est déjà un principe qui est dans le Code civil.
25:00 Nous, on veut le constitutionnaliser
25:02 comme on veut constitutionnaliser d'autres principes,
25:04 la question des quotas, par exemple.
25:06 -Est-ce qu'il faudrait absolument, je ne sais pas moi,
25:08 avoir un travail ? L'assimilation, c'est quoi ?
25:10 C'est avoir un nom français ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
25:12 -Ce n'est pas l'aspect le plus important des deux textes.
25:14 L'aspect le plus important, c'est la logique des quotas.
25:16 -C'est ce que vous proposez.
25:18 -C'est ce que vous proposez, et c'est ce que nous faisons.
25:20 -C'est ce que nous faisons.
25:22 -C'est ce que nous faisons.
25:24 -C'est ce que nous faisons.
25:26 -C'est ce que nous faisons.
25:28 -C'est ce que nous faisons.
25:30 -C'est ce que nous faisons.
25:32 -C'est ce que nous faisons.
25:34 -C'est ce que nous faisons.
25:36 -C'est ce que nous faisons.
25:38 -C'est ce que nous faisons.
25:40 -C'est ce que nous faisons.
25:42 -C'est ce que nous faisons.
25:44 -C'est ce que nous faisons.
25:46 -Il y a une surreprésentation des étrangers dans les chiffres du chômage.
25:48 -Pour avancer sur le modèle danois,
25:50 regroupement familial quasiment inexistant,
25:52 maîtrise de la langue et de l'histoire,
25:54 on l'a vu, obligatoire pour être régularisé,
25:56 pays où on peut même être forcé
25:58 de déménager, familles étrangères,
26:00 afin de renforcer la présence danoise
26:02 dans certains quartiers.
26:04 Le Danemark, c'est pas la France,
26:06 Richard Verdi.
26:08 Est-ce qu'on doit, est-ce qu'on peut s'en inspirer ?
26:10 -Oui, quelques remarques.
26:12 J'entendais tout à l'heure Stéphane Simon
26:14 parler de la Suisse, qui est un peu plus proche
26:16 de la France que le Danemark,
26:18 et qui est un système que je connais bien.
26:20 Je crois qu'en matière d'immigration,
26:22 ou plus exactement en matière d'arrivée
26:24 d'étrangers en situation irrégulière,
26:26 parce que c'est quand même en gros ça
26:28 le problème principal, il faut comparer
26:30 ce qui est comparable.
26:32 Le Danemark n'est pas sur les routes
26:34 d'arrivée massive, aujourd'hui,
26:36 des étrangers en situation irrégulière en Europe.
26:38 Le Danemark a une position
26:40 qui lui a permis de prendre un certain nombre de mesures.
26:42 Je pourrais dire la même chose de la Suisse.
26:44 La Suisse, du fait de sa position géographique,
26:46 n'est pas exposée à des flux massifs.
26:48 Trois éléments, juste trois remarques.
26:50 Premièrement, il y a une chose que, de toute manière,
26:52 la France, quels que soient les textes dont elle se dote,
26:54 elle n'y échappera pas, c'est les chocs migratoires.
26:56 Lorsque les gens arrivent
26:58 à vos frontières, qu'ils arrivent en bateau,
27:00 qu'ils arrivent dans les conditions qu'on sait,
27:02 ça, on n'y échappera pas. -Avec le réchauffement climatique...
27:04 -Il faut gérer ça, ou alors sinon,
27:06 il faut accepter que des gens meurent
27:08 à vos frontières, ou les renvoyer dans des situations
27:10 absolument infernales. J'arrive de Grèce,
27:12 vous n'êtes pas sans savoir que la police grecque
27:14 est accusée de renvoyer des gens.
27:16 Ça, c'est la première chose. La deuxième chose,
27:18 quand on dit qu'il faut s'affranchir des règles européennes,
27:20 le problème, c'est que c'est justement
27:22 dans un certain nombre de situations,
27:24 les instruments européens qui peuvent permettre
27:26 de réguler les flux migratoires...
27:28 -Là, vous parlez des règlements de Dublin,
27:30 de Globo... -Non, je vais parler des retours.
27:32 Si vous voulez obtenir
27:34 des pays d'origine l'acceptation
27:36 de ces étrangers en situation irrégulière,
27:38 il faut un levier. Le levier, c'est
27:40 l'aide au développement. Aujourd'hui,
27:42 l'essentiel de l'aide au développement est donné par l'Union européenne.
27:44 Autrement dit, ce n'est pas parce que vous êtes
27:46 la France que vous allez obtenir de tels pays
27:48 qu'ils reçoivent vos réfugiés. Il faudra que ce soit
27:50 l'aide européenne qui entre en jeu.
27:52 On a besoin de l'Union européenne. Même chose,
27:54 si vous voulez gérer des centres d'accueil
27:56 qu'on appelle publiquement en Europe les "hotspots"
27:58 aux frontières extérieures de l'Europe,
28:00 ça ne peut être fait que
28:02 sur des fonds européens, avec l'Union européenne.
28:04 -Dernière question. -Cette idée de s'affranchir
28:06 du droit européen, je n'y crois
28:08 pas du tout, parce qu'on a besoin
28:10 de l'Union européenne. -Ce n'est pas tellement
28:12 surprenant que vous n'y croyez pas, puisque de toute façon,
28:14 vous répétez, je dirais,
28:16 des choses qu'on entend depuis très longtemps
28:18 et qui manifestement n'ont pas...
28:20 Je rappelle quand même à l'assistance
28:22 que Michel Rocart, qui dit "on ne peut pas accueillir
28:24 toute la misère du monde", c'est il y a 40 ans.
28:26 Depuis 40 ans, les recettes
28:28 que vous posez sur la table, elles n'ont pas
28:30 véritablement fonctionné, pardonnez-moi.
28:32 -Il y a cinq textes aujourd'hui, qui ne sont sans doute pas
28:34 parfaits, mais qui sont examinés au niveau
28:36 européen. Je dis juste une chose, c'est que l'idée,
28:38 l'idée derrière
28:40 s'affranchir des textes européens, c'est
28:42 qu'on pourrait mieux résister aux flux
28:44 migratoires et aux chocs migratoires quand on est seul.
28:46 -Question sur le Danemark.
28:48 -Je n'ai pas dit "s'affranchir", j'ai dit
28:50 "il faut que le droit national", ce qui est une question
28:52 de souveraineté... -C'est la même chose.
28:54 -Pas du tout. Que le droit national
28:56 prime sur le droit européen. -On a pu lire que
28:58 l'intégration danoise...
29:00 -Vous faites quoi pour les moyens ? -Les moyens,
29:02 je peux vous citer des dizaines
29:04 d'exemples de pays
29:06 qui s'en sortent très bien sur le plan migratoire.
29:08 Mais vous voulez... Alors,
29:10 parlons de la Suisse, puisque vous voulez...
29:12 -Vous ne pouvez pas comparer la Suisse à la France.
29:14 -Mais pourquoi ?
29:16 -Moi, je voulais juste...
29:18 -Elle est géographe et je pense qu'elle peut peut-être nous l'expliquer.
29:20 -Mais non, et pareil, je comprends que...
29:22 -Allez, s'il vous plaît. -Je comprends que le Danemark
29:24 ne vous plaise pas. -On a bien compris votre position,
29:26 mais je voudrais quand même que mes invités se débattent.
29:28 -C'est que la population danoise,
29:30 aujourd'hui, massivement,
29:32 est pour que se poursuive
29:34 cette politique migratoire.
29:36 -Le Danemark passe sur les routes migratoires.
29:38 -Est-ce qu'il faut écraser l'opinion du peuple
29:40 sur les routes migratoires ? -Béatrice Ziblat.
29:42 -Je suis pour le respect des peuples.
29:44 -On sait tous que l'immigration incontrôlée,
29:46 c'est un carburant pour le Rassemblement national.
29:48 Au Danemark, il était à 20 %,
29:50 aujourd'hui, c'est 3 %. -Attendez, il est 3 %
29:52 pour un parti d'extrême-droite.
29:54 Il y en a deux autres qui existent
29:56 aussi, et cela fait
29:58 qu'en fait, si vous prenez l'ensemble
30:00 de ces trois parties d'extrême-droite,
30:02 il n'est pas à 3 %, il est à 15 %.
30:04 Donc, il a été baissé,
30:06 il a été baissé de 7 points,
30:08 mais il n'a pas été baissé
30:10 de 22 à 3.
30:12 -Mais l'argument... -Vous avez eu des nouveaux
30:14 partis d'extrême-droite qui se sont...
30:16 -Il a été contrait de façon massive.
30:18 -Je ne dis pas qu'il faut accueillir
30:20 toute la misère du monde.
30:22 Et je ne pense pas que ce soit si facile
30:24 que ça, si vous voulez que les frontières
30:26 soient ouvertes, que tout le monde arrive
30:28 très facilement et qu'on accueille
30:30 tout le monde à bras ouverts.
30:32 -Pour voir les conditions,
30:34 on parle de ces médecins,
30:36 vous avez raison de dire qu'il y a des gens
30:38 qui réussissent dans notre société,
30:40 mais pensez aussi aux migrants
30:42 qui sont porte de la chapelle,
30:44 qui vivent sous des tentes.
30:46 Quand on ne peut pas offrir des conditions
30:48 d'hospitalité supérieures...
30:50 -On a bien compris votre point de vue,
30:52 mais on va laisser nos débatteurs sur cette première partie.
30:54 -Effectivement, la moitié des demandeurs
30:56 d'asile qui arrivent
30:58 et qui s'installent
31:00 à Paris, essentiellement.
31:02 La moitié d'entre eux.
31:04 On constate quoi ? Pour essayer de les répartir
31:06 sur l'ensemble du territoire.
31:08 Les Afghans, ils acceptent
31:10 tout de suite de partir en région.
31:12 Les Syriens, ils acceptent tout de suite
31:14 de partir en région. Là où c'est
31:16 beaucoup plus difficile, c'est quand vous avez
31:18 déjà, on va dire, un groupe
31:20 issu du pays dont vous venez
31:22 qui est installé en région parisienne.
31:24 Pour cela, c'est extrêmement
31:26 douloureux de partir.
31:28 En particulier, on prend l'exemple des Turcs.
31:30 Les Turcs, on a énormément
31:32 de mal, soit ils sont en Alsace,
31:34 soit ils veulent absolument rester
31:36 en région parisienne. Donc on a une très
31:38 grande différence de comportement
31:40 dans l'acceptation de pouvoir
31:42 aller en région.
31:44 En revanche, une fois que c'est en région,
31:46 quand les choses sont bien préparées,
31:48 non pas comme ce qui s'est passé
31:50 à Saint-Brévin-les-Pins. Les choses se passent
31:52 plutôt bien. Pourquoi ? Parce que les gens se rendent compte
31:54 que cette arrivée-là
31:56 soit permet d'avoir des jeunes dans l'équipe de foot
31:58 comme ça s'est passé dans l'Inde,
32:00 et l'équipe de foot qui était plus de centenaires,
32:02 le club allait fermer, est arrivé
32:04 ces réfugiés demandeurs
32:06 d'asile, joueurs de foot
32:08 de trois nations ou quatre nations différentes
32:10 et ça a sauvé le club. Tout le monde trouve ça
32:12 formidable. Ou quand on permet de garder
32:14 une école ouverte, une classe
32:16 ouverte, les gens changent
32:18 leur représentation.
32:20 Vous avez raison, ce qu'on voit
32:22 dans des tentes, portes de la chapelle,
32:24 est absolument intolérable.
32:26 Seulement, il ne faut pas penser que
32:28 l'Etat ne fasse rien pour ces gens-là.
32:30 Soit il essaye de les mettre
32:32 dans des centres, et une partie
32:34 d'entre eux accepte
32:36 de se déplacer, une autre partie
32:38 va quitter,
32:40 parce qu'il n'est pas question qu'ils partent en province.
32:42 C'est une question extrêmement
32:44 difficile. Et s'il y a bien
32:46 un sujet où le Yaka Faucon
32:48 ne fonctionne pas, c'est celui-là.
32:50 - On va laisser la parole aux politiques pour terminer ce débat
32:52 qui s'achève dans moins d'une minute trente.
32:54 Il y a quand même un projet de loi.
32:56 On est à l'Assemblée nationale, sur la chaîne parlementaire.
32:58 Vous vous dites que c'est à prendre ou à laisser.
33:00 Ça veut dire quoi, très concrètement ?
33:02 Vous avez 60 députés, donc
33:04 vous n'êtes pas au pouvoir. Donc c'est à prendre ou à laisser ?
33:06 Oui, c'est bien gentil, mais en gros,
33:08 si le gouvernement ne met pas son texte de loi,
33:10 il n'y aura rien. - Ça veut dire qu'on fait un cadeau
33:12 au gouvernement et on leur propose un texte
33:14 qui est plébiscité par 80% des Français.
33:16 C'est les sondages de la semaine qui l'ont montré.
33:18 - Peut-être qu'après les sénatoriales,
33:20 en septembre, vous pourriez dialoguer.
33:22 J'ai l'impression qu'il y a des passerelles
33:24 entre vous deux. - Évidemment qu'on peut dialoguer.
33:26 Mais nous, on a un projet. - Ça veut dire reprendre des textes ?
33:28 - Si le gouvernement le reprend, les Français auront un texte migratoire
33:30 très précis, très puissant pour retrouver notre souveraineté.
33:32 Si vous ne le faites pas,
33:34 et si vous franchissez certaines lignes rouges,
33:36 notamment par exemple la régularisation massive des clandestins,
33:38 - Là, on parle du contrat
33:40 pour métiers en tension.
33:42 - C'est ça que vous appelez la régularisation massive ?
33:44 - Oui, c'est la ligne rouge.
33:46 - Donc, pas de possibilité pour pallier
33:48 à la pénurie d'embauches,
33:50 ça sera toujours non, de régulariser
33:52 par le travail...
33:54 - Sur les métiers en tension, il y a une solution
33:56 qui est beaucoup plus simple. Plutôt que de régulariser
33:58 des clandestins, des gens qui sont de manière illégale
34:00 sur le territoire national, on peut faire venir chaque année
34:02 des immigrés, pas dans les quantités, évidemment,
34:04 comme ça a été le cas depuis quelques années,
34:06 mais on les fait venir dans les métiers en tension.
34:08 Évidemment qu'il y a des besoins.
34:10 - Mais comment la logique de Cotale répond à cette problématique-là ?
34:12 En revanche, régulariser des gens
34:14 qui n'ont rien à faire sur le territoire français
34:16 parce qu'ils sont illégaux, évidemment que non.
34:18 - Vous avez entendu, c'est la deuxième jambe
34:20 dans les projets de loi. Il y avait "Gentils avec les gentils",
34:22 c'était le contrat métiers en tension,
34:24 "méchants avec les méchants", c'est les mots de Gérald Darmanin.
34:26 Cette première jambe, ça ne passe pas à droite,
34:28 donc a priori, c'est bloqué.
34:30 Vous ne pourrez pas trouver de majorité.
34:32 - Les discussions sont en cours. Je sais que Gérald Darmanin a vu ce matin
34:34 François-Noël Buffet, qui est président LR
34:36 de la Commission des lois du Sénat.
34:38 Je crois qu'il verra Gérald Archer dans quelques jours.
34:40 - Vous pensez qu'après les sénatoriales, peut-être,
34:42 en septembre prochain, il y a une voie de passage ?
34:44 - J'espère qu'on pourra trouver un accord
34:46 sur ce sujet migratoire.
34:48 Les Français attendent qu'on durcisse
34:50 nos politiques publiques en la matière
34:52 et moi, j'y suis favorable.
34:54 - Eh bien, on suivra ça de très près sur LCP.
34:56 Merci pour ce débat, Stéphane Simon.
34:58 Vous y étiez carrément partie prenante.
35:00 - Bienvenue.
35:02 - Vous avez totalement raison, c'était l'idée.
35:04 - Je suis très heureuse d'être venue débattre sur LCP.
35:06 Vous restez donc avec moi, Stéphane Simon,
35:08 dans une dizaine de minutes, les parties prises
35:10 de nos affranchis. Ce soir, le regard de Vincent Hugeux
35:12 sur le double retour en grâce
35:14 de Bachar el-Assad et Mohamed Ben Salman
35:16 au sommet de la ligue arabe de Jeddah.
35:18 L'œil sur le numérique de Delphine Sabatier
35:20 avec la condamnation historique de Metta
35:22 de Mark Zuckerberg. On verra ça sur les
35:24 transferts de données. Et puis, Uber Files
35:26 Elisabeth Borne face aux députés.
35:28 Ce sera dans Bourbon Express avec Elsa.
35:30 Elsa Mondingava, à tout à l'heure, les amis.
35:32 Mais d'abord, on va plonger dans votre enquête, Stéphane Simon,
35:34 je le disais. Vous, le fils
35:36 de professeur, vous retracez
35:38 minute par minute les 11 journées
35:40 qui ont précédé la décapitation
35:42 de Samuel Paty, faillite des services
35:44 administratifs, faiblesse
35:46 de l'institution scolaire. C'est une
35:48 enquête glaçante sur une
35:50 tragédie qui, dites-vous, aurait dû,
35:52 aurait pu, être évitée. On voit cela
35:54 dans l'invitation de Diane Karchermogh
35:56 et on en parle tous les deux juste après.
35:58 ...
36:00 Si on
36:02 vous invite, Stéphane Simon,
36:04 c'est parce que vous jetez un pavé dans la mare
36:06 avec ce livre, "Les derniers jours
36:08 de Samuel Paty", dont le
36:10 sous-titre annonce la couleur,
36:12 enquête sur une tragédie qui aurait
36:14 dû être évitée. Tragédie
36:16 qui a pour vous une résonance très
36:18 personnelle. Stéphane Simon,
36:20 vous êtes journaliste de presse écrite,
36:22 vous couvrez notamment les faits divers
36:24 avant de devenir producteur de Thierry Hardisson
36:26 et entrepreneur, toujours
36:28 dans les médias. Mais vous êtes aussi
36:30 intimement lié à l'école républicaine,
36:32 vous qui êtes fils, petit-fils
36:34 et même arrière-petit-fils
36:36 de professeur. Vous le
36:38 dites, le massacre de Samuel Paty,
36:40 je l'ai vécu comme celui
36:42 d'un des miens. Votre obsession ?
36:44 Comprendre comment on est arrivé
36:46 le 16 octobre 2020 à l'assassinat
36:48 d'un professeur d'histoire-géographie
36:50 parce qu'il avait montré à une classe de 4ème
36:52 des caricatures de Mahomet
36:54 parues dans Charlie Hebdo.
36:56 Les faits sont connus, mais vous voulez
36:58 aller plus loin, vous vous livrez à une autopsie
37:00 méthodique du drame pour traquer
37:02 les failles, les errements qui l'ont
37:04 rendu possible. Vous le faites
37:06 à travers un compte à rebours des
37:08 11 derniers jours de Samuel Paty.
37:10 On voit la spirale mortifère
37:12 se mettre en place sous nos yeux,
37:14 comment un simple cours sur la liberté d'expression
37:16 est instrumentalisé par
37:18 des islamistes qui n'hésitent pas à
37:20 divulguer l'identité du professeur
37:22 et attiser la haine contre lui,
37:24 comme dans les vidéos sur les réseaux sociaux.
37:26 Jusqu'à l'irréparable,
37:28 ces informations tombent sous les yeux d'un candidat
37:30 au djihad, Abdoula Ransourof,
37:32 un jeune Tchétchène d'à peine 18 ans
37:34 qui l'assassine à la sortie
37:36 de l'établissement scolaire.
37:38 Samuel Paty
37:40 fut la victime de la conspiration
37:42 funeste,
37:44 de la bêtise,
37:46 du mensonge,
37:48 de l'amalgame, de la haine
37:50 de l'autre, de la haine
37:52 de ce que profondément,
37:54 existentiellement, nous sommes.
37:56 Tout ça, sous les yeux
37:58 d'une hiérarchie impuissante,
38:00 lente et gênée aux entournures.
38:02 Un encéphalogramme administratif
38:04 plat a précédé la tempête,
38:06 écrivez-vous. C'est même pire,
38:08 vous montrer des autorités académiques
38:10 promptes à rejeter la faute sur Samuel Paty
38:12 qui aurait froissé les familles musulmanes
38:14 en montrant les caricatures.
38:16 Leur incapacité à le protéger
38:18 ou tout simplement à le mettre en retrait
38:20 face à des menaces graves d'islamistes
38:22 pourtant fichés. Menaces
38:24 également ignorées ou sous-estimées
38:26 par les services de renseignement.
38:28 Bref, ce sont vos mots,
38:30 c'est une faillite nationale.
38:32 Alors aujourd'hui, Stéphane Simon,
38:34 nous avons envie de vous poser une question.
38:36 Avons-nous tiré
38:38 les conséquences de cet échec ?
38:40 -Réponse.
38:42 -J'ai bien peur que la réponse soit non.
38:44 J'espère que la commission
38:46 d'enquête qui a été décidée il y a quelques heures
38:48 par le Sénat
38:50 va permettre de porter la lumière
38:52 sur un certain nombre de responsabilités
38:54 mais à l'évidence,
38:56 aujourd'hui, non. Le drame
38:58 qui a frappé ce professeur d'histoire
39:00 géographique pourrait recommencer.
39:02 Et pire que ça, vous savez que depuis
39:04 cette affaire, c'est devenu
39:06 malheureusement une figure de style dans certains lycées.
39:08 Il y a des élèves
39:10 qui menacent leurs professeurs
39:12 de leur faire une Samuel Paty.
39:14 -On ne peut pas laisser ça dans notre pays.
39:16 -Evidemment. Vous l'avez dit,
39:18 il va y avoir une commission d'enquête parlementaire
39:20 sur exactement ce qui s'est passé
39:22 sur cette enquête.
39:24 Elle va être refaite d'une certaine façon.
39:26 Et ça va tout changer, parce que c'est aussi vis-à-vis
39:28 des Français qu'il va y avoir
39:30 une forme de mobilisation
39:32 du pays tout entier.
39:34 C'est votre site factuel qui a permis
39:36 de rendre publique la lettre de
39:38 la sœur de Samuel Paty.
39:40 On va en écouter un extrait. C'est Michael Paty
39:42 qui l'a lu pour Europe 1 ce matin.
39:44 "L'attentat contre mon frère
39:46 ne ressemble pas aux autres attentats.
39:48 Il ne s'agit pas d'un coup de tonnerre dans un ciel serein.
39:50 À défaut de connaître l'agresseur,
39:52 le lieu ou le moment où il a géré,
39:54 il me semble évident qu'il fallait protéger la cible
39:56 désignée publiquement
39:58 sur le fondement d'informations connues de tous
40:00 le 9 octobre 2020.
40:02 La descente aux enfers de Samuel
40:04 aura duré 11 jours, et nul ne pouvait
40:06 l'ignorer.
40:08 Les responsables ne pouvaient se méprendre sur la gravité
40:10 et la constance du péril, ni sur l'imminence
40:12 de son agression. Bien qu'avertis,
40:14 ils se sont pourtant abstenus d'agir,
40:16 dont agit d'une manière totalement inefficace
40:18 eu égard à leur connaissance, moyens
40:20 et capacités.
40:22 Il faudra bien un jour établir toute la vérité
40:24 sur cette histoire pour éviter effectivement
40:26 toute récidive. L'État ne peut pas
40:28 bafouer la valeur sociale ou morale de la loi
40:30 qui est censée s'appliquer à tous.
40:32 L'État ne peut s'affranchir du principe
40:34 de responsabilité qui est la base du droit civil
40:36 en se créant une immunité de fait."
40:38 Voilà.
40:40 C'est toujours... Ca colère
40:42 un rang très impressionnant.
40:44 Voilà. L'État ne peut pas s'exonérer
40:46 de ses responsabilités.
40:48 Vous l'avez eu au téléphone, depuis l'annonce
40:50 par Gérard Lachez de cette création
40:52 de commission d'enquête ? -On a échangé quelques mots
40:54 par messagerie. Je crois qu'elle est
40:56 extrêmement, je dirais, satisfaite,
40:58 mais ça ne veut pas dire grand-chose.
41:00 Quand on recherche la vérité, c'est un long processus.
41:02 -Une forme de soulagement, peut-être.
41:04 -En tout cas, il y a un espoir
41:06 qui vient de s'ouvrir. -On va revenir
41:08 sur les éléments de votre enquête.
41:10 Vous parlez de scandale d'Etat.
41:12 Faillite nationale, c'était dans le sujet,
41:14 mais vous allez plus loin. Scandale d'Etat.
41:16 Les mots sont extrêmement forts.
41:18 -J'ai dit qu'il aurait dû être évité.
41:20 -Absolument. Ca veut dire que,
41:22 notamment sur la question des renseignements,
41:24 il y a eu des failles
41:26 très importantes. -Très importantes.
41:28 Il y a plusieurs niveaux de failles.
41:30 Il y a un niveau qui est de ne pas
41:32 repérer ce tueur qui est candidat
41:34 au GIAD depuis un certain temps,
41:36 qui a été signalé une quinzaine de fois
41:38 sur la plateforme Pharos,
41:40 qui est une plateforme de signalements
41:42 d'appel à la haine, d'homophobie,
41:44 de toutes espèces d'horreurs numériques.
41:46 -Quatre signalements.
41:48 -Quatre signalements le dernier week-end,
41:50 mais 12 avant.
41:52 C'est un certain nombre. Ca n'a pas été traité
41:54 par la Direction générale de la Sécurité intérieure.
41:56 Il y a une autre faillite.
41:58 C'est la protection.
42:00 La protection qui aurait dû avoir lieu,
42:02 qui aurait pu être décidée par le ministère de l'Intérieur.
42:05 -Ca reste une énorme question.
42:07 Pourtant, la principale du collège de Conflans-Saint-Honorin,
42:11 du Bois-d'Aulme, vous le racontez très bien,
42:14 elle essaye, elle se démène d'une certaine manière
42:17 pour dire "Attention, d'ailleurs,
42:19 "ce professeur ne va pas bien,
42:21 "il est sous pression, il est menacé",
42:23 et le collège, d'une certaine façon, l'est aussi.
42:26 Comment se fait-il qu'il n'a pas été protégé ?
42:29 -Il n'a pas été protégé parce que,
42:31 précisément, la brigade territoriale des Yvelines
42:34 n'a pas cru à la réalité de ces menaces
42:36 ou alors a eu des consignes, on ne le sait pas.
42:39 Je n'ai pas la solution à son inaction,
42:41 mais, en tout cas, pour eux, c'était affaire en cours,
42:44 rien à déclarer, et surtout, ces fonctionnaires
42:47 étaient en capacité, sans aucun formalisme,
42:50 de décider de la mise en retrait de Samuel Paty.
42:53 Je rappelle qu'on était à quelques jours
42:55 des vacances de la Toussaint.
42:57 Il suffisait d'appeler Samuel Paty,
42:59 et ils en ont l'autorité, pour dire à lui de rester chez lui,
43:02 de partir en vacances, de prendre quelques jours.
43:05 -Il a vécu la solitude, même s'il y a quelques collègues
43:08 qui le racontent, c'est important de le dire,
43:11 car il a été lâché par tous les enseignants, sauf quelques-uns.
43:14 -Non, je dirais qu'il y a des collègues
43:16 qui ont été corrects avec lui, au-delà même,
43:19 puisqu'ils ont manifesté une certaine solidarité avec lui.
43:22 Il y a des collègues qui ont été odieux avec lui,
43:25 je pèse mes mots, et on découvrira lors du procès
43:28 que certains d'entre eux ont outrepassé
43:31 ce que j'appelle la bienséance et un rapport normal
43:34 dans ce type de configuration de crise.
43:37 Et puis, il y a l'écrasante majorité des professeurs
43:40 qui n'ont été ni plus ni moins qu'un peu indifférents
43:44 ou un peu inquiets, préférant se tenir à l'écart de tout ça.
43:48 -Il faut rappeler quand même quel enseignant c'était.
43:51 Il savait parfaitement, dans ce cours d'éducation morale et civique,
43:55 que la question de la liberté d'expression, du droit au blasème,
43:59 à aborder et sensible, c'est quelqu'un qui, au contraire,
44:02 même, a tout fait pour avoir la délicatesse de l'aborder,
44:05 mais de l'aborder quand même.
44:07 -Vous faites bien de le rappeler, c'est délicat dans son approche.
44:11 C'est un laïc apaisé, je le rappelle.
44:13 Ce n'est pas un militant de la laïcité,
44:15 ce n'est pas un violent, ce n'est pas quelqu'un qui choque,
44:18 c'est quelqu'un qui fait attention
44:20 et qui a coeur de faire un cours didactique.
44:23 Donc, le fameux jour, le lundi 5 octobre et le mardi 6 octobre,
44:26 quand il fait ce cours devant ses quatrièmes,
44:28 il tire un grand trait à la craie blanche sur le tableau noir
44:31 et d'un côté, c'est "Je suis Charlie et les arguments",
44:34 et de l'autre, c'est "Je ne suis pas Charlie".
44:36 La projection des caricatures de Charlie Hebdo ne durera que quelques secondes
44:40 et il aura aussi la délicatesse, que certains lui reprocheront,
44:43 du reste, de dire, si ça ne vous convient pas de regarder ça,
44:46 vous pouvez le lundi sortir, puisqu'il y a une assistante de vie scolaire,
44:50 vous pouvez sortir dans le couloir, il y aura cinq élèves qui sortiront,
44:53 le lendemain, il n'y a pas d'assistante,
44:55 donc vous pouvez détourner le regard.
44:57 Il faut dire aussi que ces cours se sont passés admirablement bien,
45:00 il n'y a eu aucun trouble, aucune discussion ou contestation dans les classes.
45:03 -Et tout part pourtant d'une fake news, d'un mensonge,
45:06 de celle que vous appelez Zohra, c'est un nom d'emprunt,
45:10 qui n'était même pas présente, ça, il faut le rappeler,
45:13 à ce cours-là, et qui va dire vraiment tout sauf la vérité.
45:18 -Bien sûr, c'est une élève qui est problématique,
45:20 elle a 12 inscriptions sur son cahier de correspondance
45:23 depuis le début de l'année, en l'espace d'un mois,
45:26 elle se bat à la cantine avec la nourriture,
45:28 elle refuse de porter le masque en classe,
45:30 et puis elle va se faire virer,
45:33 et la principale a annoncé son renvoi,
45:37 et du coup, elle va inventer l'histoire en disant
45:40 que c'est parce qu'elle n'a pas voulu sortir,
45:43 alors qu'on stigmatisait les élèves musulmans,
45:46 qu'elle se retrouve virée, ce qui est une pure affabulation
45:49 auquel son père va croire dur comme fer,
45:52 et à l'heure où on se parle, il y croit encore.
45:55 -C'est très intéressant aussi sur les parents d'élèves
45:57 qui font carrément la loi dans le collège,
45:59 on se souvient de ce père, de la fameuse Zohra,
46:02 du rôle qu'il aura, de l'imam islamiste Sifraoui,
46:06 qui sont d'ailleurs mis en cause, il y aura un procès.
46:09 Expliquez-nous, au fond, aujourd'hui,
46:12 pourquoi ce collège n'arrive pas à s'appeler Samuel Paty ?
46:16 Ca, ça me fascine. Comment c'est possible,
46:19 après tout ça ? Il y a eu d'autres enquêtes,
46:22 la vôtre est fondamentale, qu'on n'arrive pas à nommer
46:25 par le nom de ce professeur, ce collège-là.
46:27 -On va peut-être avoir des bonnes nouvelles.
46:29 -Ah bon ? -Oui, peut-être.
46:31 Je ne peux rien vous dire pour le moment,
46:33 mais j'ai l'impression que ça bouge.
46:35 J'ai l'impression qu'on a des bonnes nouvelles en ce moment,
46:38 il y a l'ouverture de la commission d'enquête,
46:41 une mission d'information, c'est pas encore...
46:43 -Donc les résistances sont levées.
46:45 -Il y a des gens qui prennent conscience
46:47 que la meilleure manière de faire progresser les choses,
46:50 ce n'est pas de vouloir planquer la poussière sur le tapis.
46:53 Il faut savoir se retrousser les manches,
46:55 travailler ensemble, trouver des solutions et avancer.
46:58 L'affaire Samuel Paty est l'occasion d'une catharsis
47:01 pour tout le monde, pour qu'on puisse enfin se dire
47:04 que les professeurs, parce que j'ai fait ce livre aussi,
47:07 parce que je suis un fils de professeur, petit-fils,
47:10 mais il se trouve que je pense à eux
47:12 parce qu'on ne peut pas laisser les professeurs se débrouiller
47:15 avec tous les problèmes du monde.
47:17 Ils ont besoin d'avoir des conditions matérielles,
47:20 mais aussi de sécurité morale pour assurer leur mission pédagogique.
47:24 -On va suivre cette commission d'enquête parlementaire
47:27 et vous reviendrez, si vous le souhaitez, sur ce plateau.
47:30 Les derniers jours de Samuel Paty
47:32 enquêtent sur une tragédie qui aurait dû être évitée,
47:35 c'est-à-dire Cheplon, c'est d'une certaine façon
47:38 une faillite nationale, c'est aussi l'histoire
47:41 de nos petites lâchetés, cette décapitation atroce.
47:44 Merci à vous de vous rester avec moi, parce que c'est l'heure.
47:47 À présent, des parties prises de nos affranchis.
47:50 On les accueille tout de suite, vous allez pouvoir réagir.
47:53 Bienvenue à vous, les affranchis.
47:55 On commence avec Bourbon Express.
47:57 Bonsoir, Vincent Hugeot, bien sûr.
47:59 Bonsoir, Delphine Sabatier.
48:01 Préparez vos cartes blanches.
48:03 Bourbon Express, l'histoire du jour.
48:05 À l'Assemblée, nous est racontée par Elsa Mondingava.
48:08 Bonsoir, je vais vous parler d'un très beau casting.
48:11 Ce n'est pas le Festival de Cannes, c'est bien ici,
48:14 à l'Assemblée nationale.
48:16 Regardez dans cette journée, Olivier Dussopt,
48:18 ministre du Travail, Clément Beaune,
48:20 qui est élu ministre des Transports,
48:22 la Première ministre, Elisabeth Borne,
48:24 et ces dernières semaines, Manuel Valls,
48:26 Bernard Cazeneuve, donc d'ancien ministre.
48:28 Toutes ces personnalités politiques ont été auditionnées
48:31 dans le cadre d'une commission d'enquête,
48:33 celle sur les révélations d'Uberfile.
48:35 Rappelez-nous exactement ce dossier Uberfile.
48:38 Uberfile, ce sont des documents qui ont été transmis
48:41 à la presse par un lanceur d'alerte,
48:43 Mark McGann, qui travaillait pour Uber,
48:45 et qui a démontré un lobbying très intense
48:47 de la marque américaine, en France notamment.
48:50 Des documents qui ont été révélés par la presse
48:52 avaient mis en avant des rendez-vous
48:54 avec l'ancien ministre de l'économie de l'époque,
48:56 un certain Emmanuel Macron.
48:58 Évidemment, c'est pour ça que les Insoumis,
49:00 qui n'ont pas oublié de faire de la politique,
49:02 ont décidé d'enquêter sur le sujet
49:04 ici à l'Assemblée.
49:05 Il y a eu plus de 60 auditions
49:07 des syndicats de taxi, des syndicats de VTC.
49:10 Il y a eu aussi les journalistes à l'initiative des révélations.
49:13 On l'a vu, d'anciens ministres, des ministres actuels.
49:16 Et puis, ces auditions, elles se sont terminées
49:18 il y a quelques heures avec le PDG d'Uber,
49:21 en personne, en visio,
49:23 et puis des dirigeants aussi de la multinationale.
49:25 Elles sont terminées, ces auditions,
49:27 aux grands dames de Daniel Simonet,
49:29 qui aurait aimé continuer à auditionner.
49:31 Daniel Simonet, c'est la rapporteure
49:33 de la commission d'enquête.
49:34 - Qui vous vouliez auditionner,
49:36 pour quelle raison, et qu'est-ce qu'on vous a répondu ?
49:38 - Je souhaitais auditionner M.Lacrèce, M.Colère,
49:41 parce qu'en tant que membre du cabinet
49:43 d'Emmanuel Macron, quand il était ministre de l'Economie,
49:45 c'est eux qui ont notamment travaillé
49:47 à ces relations entre les dirigeants d'Uber et Emmanuel Macron,
49:49 et qui donc ont joué un rôle central.
49:51 Ils refusent qu'on les auditionne,
49:52 et ils refusent ces auditions.
49:54 - Pourquoi, à votre avis ?
49:55 - Parce qu'ils protègent les amis de Macron.
49:58 Et ça, c'est inacceptable,
50:00 parce que c'est vraiment empêcher
50:02 de la commission d'enquête parlementaire.
50:03 C'est un problème démocratique.
50:04 - Alors, il, c'est le président de la commission d'enquête.
50:08 Ce qu'il faut comprendre, c'est que...
50:09 - Oui, parce que c'est interdit, normalement,
50:10 de refuser une commission d'enquête.
50:11 - Le rapporteur de la commission d'enquête, exactement,
50:14 il est, c'est Daniel Simonet, l'insoumise,
50:16 mais le président, il est dans la majorité.
50:18 C'est lui, Benjamin Haddad.
50:19 Il a donc le choix de décider de la liste des invités,
50:22 et il nous explique pourquoi il n'a pas voulu
50:24 répondre aux exigences de Daniel Simonet.
50:26 - Vous savez ce que dit Daniel Simonet,
50:29 plus largement les insoumis,
50:30 c'est que vous voulez protéger le président de la République
50:33 en n'interrogeant pas son attourage.
50:35 Vous, c'est pas du tout votre version.
50:37 - Mais moi, je comprends que le récit complotiste et politicien
50:40 que la France insoumise a fait de ce sujet
50:42 depuis longtemps se soit dégonflé,
50:44 et qu'il y ait une certaine déception de leur part.
50:47 - Vous vous dites qu'en choisissant cette commission d'enquête,
50:49 ils ont voulu faire de la politique en ciblant Emmanuel Macron ?
50:53 - Bien sûr. Il y avait évidemment une logique complotiste,
50:56 sensationnaliste, qui s'est dégonflée.
50:58 Maintenant, pour autant, moi je pense que c'est une commission d'enquête
51:01 qui a été très utile, très intéressante.
51:04 - Alors, quelles vont être les conclusions, finalement,
51:06 de cette commission d'enquête ?
51:07 - Alors, on le sait, et ça a été démontré,
51:09 effectivement, Hubert s'est livré en France comme ailleurs
51:11 à un lobbying très intense pour s'implanter.
51:13 Emmanuel Macron, il a rencontré des dirigeants d'Hubert,
51:16 il ne s'en est pas vraiment caché,
51:18 il a même dit qu'il était plutôt favorable
51:20 à ce genre d'entreprise innovante.
51:22 Après, on ne peut pas forcément dire qu'Hubert a eu
51:24 un énorme traitement de faveur en France.
51:26 Le débat, il n'est pas tellement sur la légalité ou non,
51:28 mais plus c'est un débat politique.
51:30 Ce que les insoumis dénoncent, c'est l'hubérisation de la société.
51:33 Pour eux, c'est une précarisation,
51:35 et Emmanuel Macron en est un des responsables.
51:38 Maintenant, la rapporteure, elle va s'atteler,
51:39 comme son nom l'indique, à faire un rapport,
51:41 sauf qu'on va le voir, il y aura certainement des dissensions
51:44 avec le président de la commission d'enquête.
51:46 Ce rapport, après, il sera soumis au vote
51:47 de tous les membres de la commission.
51:49 - On verra qui signera.
51:50 - Voilà, début juillet.
51:51 - Merci beaucoup, Elsa, c'était limpide.
51:53 On enchaîne avec vous, Vincent Eugé, l'International.
51:56 Bien sûr, vous vouliez revenir sur cet attelage,
51:59 sur ces doubles retours en grâce,
52:01 la rencontre entre Mohamed Ben Salmane et Bachar el-Assad.
52:04 C'était à Jeddah, il y a quelques jours.
52:06 - J'y vois par naïveté, sans doute, le triomphe du cynisme.
52:09 D'autres moins candides, les diplomates revenus de tout
52:11 et les maquiavèles de la géopolitique en chambre,
52:13 en chambre de torture, le cas échéant,
52:15 invoquent à l'inverse le primat de la réale politique.
52:18 Il n'empêche, la réhabilitation sur l'échiquier oriental
52:21 du criminel de guerre syrien, Bachar el-Assad,
52:23 le retour en grâce planétaire du prince héritier saoudien,
52:27 Mohamed Ben Salmane, alias MBS,
52:29 deux obscénités pour le prix d'une,
52:31 dont cette scène, datée du 19 mai,
52:33 offre un saisissant raccourci.
52:34 A la faveur du sommet de la Ligue arabe, de Jeddah,
52:37 le second, MBS, accueille le premier, Bachar,
52:40 réintégré au sein de ce Sénat que 12 ans après en avoir été exclu,
52:43 rançon à l'époque de la répression aveugle,
52:46 d'une rébellion civique bientôt supplantée
52:48 par les assauts des insurgés djihadistes,
52:50 et, à l'écartage, l'héritier de la dynastie Assad
52:52 doit sa survie à son tuteur iranien
52:54 et à son parrain russe, entre raids aériens
52:56 et carnages wagneriens, allusion à la milice,
52:59 pas au compositeur.
53:00 Bilan 500 000 tués au bas mot
53:02 et plus de 12 millions de civils, réfugiés ou déplacés,
53:05 c'est donc sur un monceau de cadavres
53:07 que l'assassin et les carrisseurs dansent leur funeste tango.
53:10 -Les carrisseurs. À quoi vous faites allusion ?
53:13 -J'ai allusion à la mise à mort barbare en octobre 2018,
53:16 dans l'enceinte du consulat saoudien d'Istanbul, en Turquie,
53:19 du dissident Jamal Khashoggi,
53:21 étouffé avant que sa débouille soit débitée à la disqueuse.
53:24 Le tout avec l'aval de ce prince si moderne,
53:27 de ce trentenaire impulsif et mégalo
53:30 qui s'échine à coups de chantiers pharaoniques
53:32 à escamoter ses égarements d'hier,
53:34 tel le vin blocus du rival Qatar
53:37 et, au plus dévastateur, l'engagement du royaume
53:39 dans la guerre au Yémen.
53:40 Mais voilà, assise sur son tas d'or noir,
53:43 la pétromonarchie, première productrice
53:45 de brutes du monde, peut tout se permettre,
53:47 y compris de défier son protecteur américain,
53:49 de renouer sous l'égide de Pékin avec l'Iran-Chite,
53:52 naguère ennemi mortel,
53:53 de recevoir à Djedda l'Ukrainien Zelensky
53:56 et d'endosser la baïa du médiateur sur le front soudanais.
53:59 -Et ça plaît à l'Occident, selon vous,
54:01 cet activisme d'MBS ?
54:03 -L'homme étant un animal amnésique,
54:06 MBS recueille un écho indéniable.
54:08 Emmanuel Macron a déroulé le tapis rouge éliséen
54:11 sous ses pas dès juillet dernier.
54:14 Quant au Canada de Justin Trudeau,
54:16 il vient d'annoncer le rétablissement
54:18 des relations diplomatiques avec Riyad.
54:20 Tant pis pour les militants des droits humains,
54:22 tant pis pour les femmes baïonnées,
54:24 tant pis pour le millier de terroristes,
54:26 appellation contrôlée, exécutés depuis 2015.
54:28 -Merci.
54:29 En voilà un parti pris.
54:31 Il nous reste 5 minutes, on enchaîne avec vous,
54:33 parce que je veux vous laisser du temps,
54:35 pas comme la dernière fois, Delphine.
54:37 Carte blanche ce soir sur cette amende historique
54:40 que va payer META.
54:42 META, c'est le nouveau nom de la grande entreprise
54:44 de Mark Zuckerberg. Pourquoi, précisément ?
54:47 -Oui, 1,2 milliard d'euros, c'est vraiment une amende record.
54:50 Et puis en plus, elle tombe à pic,
54:52 puisque aujourd'hui, l'Europe souffle les 5 ans
54:55 du règlement européen sur la protection des données,
54:57 le RGPD.
54:58 Donc c'est un peu cette annonce,
55:00 comme si l'Europe disait au monde entier,
55:02 "Regardez ce qu'il vous arrivera
55:04 "si jamais vous ne suivez pas nos règles."
55:06 C'est vrai que les régulateurs n'ont pas du tout lésiné
55:09 sur cette condamnation.
55:11 Non seulement il y a l'amende,
55:12 mais ils exigent aussi de META des mesures très strictes.
55:15 Facebook doit cesser tout transfert de données
55:18 concernant les Européens vers les Etats-Unis
55:20 à compter du 12 octobre.
55:22 Et puis le groupe a jusqu'au 12 novembre
55:24 pour rapatrier les données des Européens
55:26 qui ont été collectées depuis 2020.
55:28 -Pourquoi ?
55:29 -La question, c'est est-ce que META va s'exécuter ?
55:32 Et ça, c'est pas si sûr.
55:33 -Et pourquoi ?
55:34 -C'est pas sûr parce que, principalement,
55:36 en ce moment, il y a des discussions
55:38 justement sur le sujet de cette condamnation
55:40 entre, d'un côté, l'administration américaine
55:43 et, de l'autre, la Commission européenne.
55:45 Donc on attend, là, dans quelques semaines,
55:48 quelques mois, un texte qui doit fixer
55:50 un nouveau cadre sur les transferts
55:52 des données des Européens vers les Etats-Unis.
55:54 Autrement dit, avant même que META n'ait besoin
55:57 de se plier à ces sanctions,
55:59 eh bien cet accord Biden-Wonderlien
56:03 pourrait autoriser des pratiques qui sont jusqu'ici illégales.
56:06 -Et les données, alors, pour nous, Européens,
56:09 on a de quoi s'inquiéter ?
56:10 -Alors, bon, ça fait quand même 5 ans
56:12 qu'on vit avec ce règlement,
56:14 le Règlement européen sur la protection des données,
56:16 le RGPD, qui impose aux entreprises
56:18 de protéger nos données numériques.
56:20 Il a des effets, donc c'est indéniable,
56:22 on le voit avec les amendes au niveau européen.
56:24 Depuis l'application du RGPD,
56:26 les amendes prononcées dépassent les 2,5 milliards d'euros.
56:30 Au niveau français, on est à 500 millions d'euros.
56:33 Il y a quelques jours, c'est Doctissimo, d'ailleurs,
56:35 qui a été visé, rappelé à l'ordre,
56:37 sur les durées des conservations des données,
56:40 la collecte de données de santé via des tests en ligne,
56:43 la sécurisation des données,
56:45 le modèle aussi choisi de dépôt des cookies
56:48 sur le terminal des utilisateurs, enfin bref,
56:50 le site français écope ainsi de 380 000 euros d'amende.
56:54 Donc c'est vrai que, petit à petit,
56:56 on voit quand même que le marché est forcé
56:58 de s'adapter à ces nouvelles règles,
57:00 en particulier les entreprises européennes,
57:02 qui n'ont plus le choix, véritablement.
57:04 On en a même certaines qui ont mis la clé sous la porte
57:07 parce que c'était trop difficile pour elles
57:09 de bouger, de changer de modèle.
57:11 Mais les big tech, elles, c'est très différent.
57:14 Elles ont énormément de moyens
57:16 pour faire face à ces règles contraignantes,
57:18 que ce soit des moyens financiers,
57:20 mais aussi juridiques et même politiques,
57:22 puisqu'aujourd'hui, le numérique, c'est une arme géopolitique.
57:26 Donc face à cela, c'est vrai que ce RGPD,
57:29 moi, il me semble encore très jeune et surtout fragile.
57:32 -Bon, c'est déjà ça.
57:34 On peut se dire que c'est un premier pas.
57:36 On verra ce que donnera les grandes réglementations européennes
57:40 qui concernent aussi cette question-là.
57:42 -Absolument. -De certaines façons.
57:44 -DSA et le DMA qui vont là aussi rapporter
57:46 de la régulation en Europe.
57:48 J'ai attrapé un petit bout de votre chronique.
57:50 Vous m'en voulez pas trop ? -Non, c'est dommage,
57:52 parce que j'aurais aimé quand même rappeler que...
57:54 -Allez, je vous laisse. Terminé.
57:56 -Bashar al-Assad était, en la matière,
57:58 droit de l'homme, titulaire d'un bilan
58:00 bien plus accablant encore que Ben Salmane.
58:03 Vous savez, ce type aux allures des châssis indolents,
58:06 il a quand même, rappelons-le,
58:08 accrasé des villes entières sous les bombes,
58:10 il a recroué au besoin un alarme chimique
58:12 contre un peuple qui est, paraît-il, le sien.
58:14 Mais c'est vrai qu'il a deux atouts majeurs,
58:16 et je fais très court là-dessus.
58:18 D'abord, les réfugiés, un fardeau dont tous ses voisins
58:20 veulent se délester, chantage.
58:22 Et puis, le Cap Tagon, une drogue de synthèse
58:25 que ses laboratoires exportent par conteneurs entiers.
58:28 C'est-à-dire le clan al-Assad qui tire les profits de ce trafic.
58:31 En tout cas, s'il y a une certitude,
58:33 c'est que, Cap Tagon ou pas, notre pauvre monde
58:35 n'en finit plus de se shooter à l'impunité.
58:37 -Eh ben voilà, ça, c'est une chute.
58:40 Merci.
58:41 Ca vous choque, vous, ce retour en grâce de Bashar al-Assad ?
58:44 -Oui, ça me choque, bien entendu.
58:46 On ne peut pas se déliciter qu'on ne tire pas les leçons
58:51 des histoires aussi proches, en plus, aussi récentes.
58:54 -On s'arrête là. Merci et pardon.
58:57 C'est la dernière fois, je le jure.
58:59 Maitre Uge. Allez, à demain, Elsa.
59:01 Merci beaucoup, Daphine Sabatier.
59:03 Les derniers jours de Samuel Paty,
59:05 c'est-à-dire Chez Plon, se signaient.
59:07 Stéphane Simon, très belle soirée documentaire,
59:10 qui commence avec Jean-Pierre Graffian.
59:12 A demain, même mieux, même.
59:14 ...
59:28 *bruit de clavier*

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