Quelles solutions pour sécuriser et optimiser notre ressource en eau ?

  • l’année dernière
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Chaque jour, nos invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce vendredi Marillys Macé, directrice générale du centre d'information sur l'eau.
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Transcript
00:00 Le club de la peste européen en 1974, les plus anciens s'en souviendront.
00:04 René Dumont, premier candidat écologiste à une élection présidentielle en France,
00:07 avait alerté durant sa campagne "Nous allons bientôt manquer d'eau".
00:11 À l'époque, ça avait suscité beaucoup de moqueries.
00:13 Et bien 50 ans plus tard, voilà la sécheresse qui touche de manière précoce le sud du pays,
00:17 nous annonçant un été difficile.
00:18 Est-ce qu'on va à nouveau manquer d'eau dans les prochains mois comme l'été dernier ?
00:22 Est-ce que c'est un épisode ponctuel ou bien est-ce qu'on est en train de changer de régime hydrologique ?
00:26 Quelles solutions pour optimiser la ressource en eau, cette précieuse eau ?
00:32 C'est le Vendredi Thématique que vous propose la rédaction pour nous éclairer jusqu'à 9h.
00:36 J'ai le plaisir de recevoir Marie-Lise Massé. Bonjour.
00:39 - Bonjour.
00:39 - Bienvenue sur Europe 1, vous êtes la directrice générale du Centre d'information sur l'eau.
00:43 Qu'est-ce que c'est que ce centre ? C'est une association ? Quelle est votre mission ?
00:45 - C'est une association qui a été créée il y a plus de 25 ans maintenant, qui a pour mission...
00:51 - Par les producteurs d'eau potable, je crois que c'est ça.
00:53 - Tout à fait, par les entreprises d'eau qu'on a en France, et qui a pour mission de valoriser l'eau
01:00 et de donner tous les renseignements, toutes les informations pour comprendre ce cycle de l'eau,
01:05 pour comprendre cette eau, et maintenant on est beaucoup effectivement sur l'impact du changement climatique
01:11 sur le circuit de l'eau.
01:12 - Alors justement, on est tout à l'heure à 7h10 avec l'hydrologue Charlenne Descolon,
01:16 j'ai écouté, elle nous a expliqué ce qu'était le grand cycle de l'eau, le cycle naturel.
01:20 Vous, c'est plutôt le petit cycle de l'eau dont on va parler, c'est-à-dire le cycle humain,
01:25 c'est-à-dire prélèvement de la ressource, son traitement, son utilisation,
01:28 et son éventuel rejet dans la nature ou sa réutilisation, il y a beaucoup de choses à dire en la matière.
01:33 Quelle est la quantité d'eau que l'on consomme aujourd'hui en France ?
01:37 Alors on va être précis sur les termes d'ailleurs, il faut distinguer l'eau que l'on consomme
01:42 et l'eau que l'on prélève, ça n'est pas la même chose.
01:44 - Non, c'est pas pareil. Prélever, c'est donc toute l'eau qu'on capte dans une ressource,
01:49 quelle qu'elle soit, soit des eaux de rivière, soit des eaux souterraines,
01:52 et en France, on prélève beaucoup d'eau potable dans nos eaux souterraines, plus protégées.
01:58 Et ce que l'on peut dire, c'est que la consommation en France par les ménages,
02:05 mais on l'a déjà dit ce matin très tôt, c'est 148 litres.
02:09 - Par personne, et par jour. - Et par jour.
02:12 Et ces 148 litres, c'est d'abord ce que vous utilisez chez vous, directement,
02:18 mais c'est aussi ce que vous utilisez quand vous êtes en dehors de chez vous,
02:22 dans les bureaux, les écoles, etc.
02:24 Et puis c'est aussi l'eau que l'on utilise pour vous, pour votre usage,
02:29 mais c'est quelqu'un d'autre qui le fait.
02:31 - Alors, l'eau que l'on prélève, je précise, par exemple, on évoquait le cas des centrales nucléaires,
02:35 16 milliards de mètres cubre d'eau, on se dit "Waouh, c'est colossal !"
02:38 C'est de l'eau que l'on prélève parce qu'on l'utilise, et on la restitue dans la nature.
02:42 A la différence de l'eau que l'on consomme, c'est de l'eau que l'on ne rend pas.
02:44 - C'est exactement ça. Et les centrales nucléaires, en fait, elles rendent quasiment toute l'eau qu'elles prélèvent.
02:52 - Alors justement, quelle est la hiérarchie des consommateurs d'eau en France,
02:56 Marie-Lys, Macé, si l'on devait, qui sont les plus gros usagers aujourd'hui ?
02:59 - Alors, on va peut-être citer le plus gros en été, notamment.
03:03 C'est 80% de prélèvement dans les ressources, c'est bien sûr l'agriculture, qui en a besoin, en plein été.
03:10 20% c'est nous, c'est nos usages domestiques, 20% c'est pour l'industrie,
03:16 et le reste, ça se partage avec les prélèvements pour les canaux, pour l'hydroélectricité aussi.
03:26 - Alors, on a ce confort en France, il faut le dire, d'un libre accès à l'eau potable par le robinet,
03:31 mais quand on lit la presse quotidienne régionale, on voit que de plus en plus, ça survient,
03:35 et de plus en plus tôt dans l'année, il y a des endroits comme ça, dans le Doubs, je voyais ça,
03:38 où il n'y a plus d'eau pendant un certain moment de la journée.
03:41 Est-ce que l'eau est en train de se raréfier en France, Marie-Lise Massé ?
03:45 - Elle devient compliquée à capter, effectivement, et se partager l'eau devient compliqué, puisqu'il y en a moins.
03:55 Il y a vraiment des choses à faire, et il y a des solutions qui sont en train de se mettre en place
04:02 pour arriver justement à ce que tout le monde ait de l'eau, mais ce que vous dites est totalement exact.
04:07 L'année dernière, en plein été, pour la première fois, ça ne s'est jamais passé,
04:11 on a eu plus de 1000 villages qui ont dû recourir à des camions citernes pour recharger leur circuit.
04:18 - Dans le sud-est également, dans le Var. - Exactement.
04:20 Donc il y a une vraie inquiétude, et les maires ont beaucoup travaillé depuis l'automne dernier
04:28 pour arriver à trouver des solutions, et c'est pas parfait, parce que malheureusement,
04:33 tout le monde pensait que les plus efficaces allaient réalimenter les nappes cet hiver,
04:38 comme ça se fait d'habitude, et ça ne s'est pas passé, donc on a deux sécheresses qu'on est en train de subir, été, hiver.
04:44 - Alors regardons un peu les solutions qui existent, parce qu'il y en a,
04:46 aujourd'hui on évoquait tout à l'heure en Israël les usines d'installation de désalinisation,
04:51 alors ça fait débat, tout le monde ne trouve pas ça absolument formidable,
04:54 mais enfin malgré tout, est-ce qu'on peut imaginer qu'un jour en France,
04:57 on boive de l'eau de mer, Marie-Lise Massé ?
05:00 Est-ce que les industriels de l'eau potable songent à des solutions de désalinisation en France,
05:05 qui est un pays océanique, avec la plus grande façade maritime du continent européen ?
05:10 - Alors jusqu'à présent on ne l'avait pas fait en France, pourquoi ?
05:13 Parce qu'on n'en avait pas réellement besoin, parce qu'on sait que c'est quelque chose qui est,
05:17 comme ça a été dit dans votre reportage tout à l'heure, qui peut être un peu polluant,
05:21 puisque on a des déchets d'eau saumâtre, par exemple,
05:26 mais ça se fait déjà quand vraiment on ne peut pas faire autrement.
05:29 - On a des sites de désalinisation en France ?
05:31 - Il y en a deux ou trois en France, c'est anecdotique, mais pourquoi pas, oui.
05:35 Et puis une solution, vous savez, elle peut être avec des impacts négatifs pour le moment,
05:41 mais dans quelque temps, la technologie avançant, on va trouver d'autres solutions,
05:45 et par exemple on dit que c'est très énergivore,
05:49 mais on peut imaginer que l'énergie solaire prendra le relais dans quelque temps
05:53 et que l'on pourra s'en servir.
05:54 Il y a plein d'autres solutions bien évidemment.
05:57 - Alors notamment le recyclage des eaux usées,
05:59 on sait qu'en la matière comparée à d'autres pays, la France n'est pas très en avance.
06:02 Est-ce qu'on peut laver l'eau ? Parce que c'est un petit peu ça l'idée finalement.
06:06 - Alors on peut, comme vous le dites, laver l'eau,
06:09 c'est-à-dire qu'on peut produire de l'eau de qualités différentes.
06:12 Ça c'est intéressant selon les usages.
06:14 Les eaux usées, c'est vrai que jusqu'à présent, c'était pour nous tous un déchet.
06:20 - Les eaux usées, c'est les eaux que l'on rejette,
06:21 quand on se lave les dents, dans le lavabo, ce genre de choses.
06:24 - Exactement, et nous en rejetons quand même,
06:26 puisque nous consommons 8 milliards, on en rejette 8 milliards de mètres cubes.
06:31 Donc c'est une ressource qu'on appelle alternative et qui peut servir.
06:36 Alors elle peut avoir des tas d'usages.
06:39 - Vous l'entendez en Israël par exemple, ça sert à l'agriculture.
06:42 - À l'agriculture, tout à fait.
06:43 - Mais est-ce qu'on peut envisager une sorte de circuit de l'eau,
06:47 avec une réutilisation en cercle fermé d'une eau que l'on souille,
06:51 que l'on nettoie et que l'on réutiliserait comme cela à l'infini ?
06:54 - Vous savez qu'avec les eaux usées, on peut faire de l'eau potable,
06:57 il suffit de la filtrer énormément, de faire beaucoup de traitements,
07:01 ça coûte beaucoup plus cher, mais il y a des pays qui le font déjà.
07:04 - Les pays qui sont très pauvres en ressortant d'eau.
07:06 - Qui ont été très pauvres, je pense à Singapour, je pense à la Namibie, voilà.
07:11 C'est des choses qui peuvent être faites, sauf que ça coûte un peu plus cher,
07:15 et que c'est des circuits différents.
07:16 - Alors on va parler d'un sujet qui est un peu délicat,
07:19 c'est la pollution des eaux, on a un autre problème avec ça.
07:22 Début avril, l'ANCES, l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire,
07:25 alertait sur des concentrations élevées,
07:27 alors c'est un petit peu compliqué,
07:29 mais des résidus d'un pesticide interdit depuis 2019, le chlorothalonil.
07:36 Et ainsi, on voit qu'un tiers de l'eau distribuée en France serait non conforme à la réglementation,
07:40 c'est quand même des chiffres qui sont extrêmement importants.
07:42 Est-ce que ça n'est pas aussi une des conséquences, cela ?
07:46 Est-ce que ça n'est pas un risque finalement d'envisager un cycle fermé de l'eau,
07:49 un jour que l'on découvre des pollutions comme ça et dont on n'arrive pas à se débarrasser ?
07:53 - Alors, je pense qu'il faut quand même rappeler qu'on a un service public
07:57 de distribution d'eau en France qui est très efficace,
08:00 avec une qualité de l'eau qui est très bonne, généralement.
08:05 Quand on a un problème de qualité, on est immédiatement informé,
08:10 c'est une obligation réglementaire.
08:12 Maintenant, c'est vrai que le sujet, il nous faudrait un peu plus de temps
08:15 pour le détailler et de faire comprendre à l'auditeur
08:18 ce qui s'est passé.
08:20 En fait, il y a eu, je dirais, un peu des confusions d'interprétation sur les résultats,
08:25 mais n'empêche que ça montre bien qu'on cherche et on trouve,
08:31 et l'important c'est de contrôler, c'est de surveiller notre eau.
08:36 Je pense quand même qu'on peut rassurer le grand public,
08:40 on a heureusement un métier de l'eau qui fait qu'on a des eaux de bonne qualité.
08:45 - Merci Marie-Lys Massé d'être venue nous voir ce matin sur Europe 1.
08:47 Je rappelle que vous êtes la directrice générale du Centre d'information sur l'eau.
08:50 Le thème, on le poursuit tout au long de la journée,
08:52 c'est le vendredi thématique de la rédaction d'Europe 1.
08:54 On en reparlera dans Europe 1 soir et tout à l'heure à midi avec Romain Désart.

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