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Blanche Renard tombe amoureuse de Grégoire Lamoureux. Un nom prédestiné pour une histoire qui commence bien, faite de belles déclarations et de chansons. Mais le récit tourne vite au cauchemar. Adaptation du livre homonyme d’Éric Reinhardt, L’Amour et les forêts, présenté à Cannes Première, débute comme un film de Jacques Demy pour se muer progressivement en thriller à la Hitchcock à mesure que le mari referme son emprise sur sa femme.
Dans le rôle du l’époux possessif et toxique, Melvil Poupaud, qui joue de son extrême séduction dans la première partie du film avant d’inspirer l’effroi, y compris à lui-même lorsqu’il se regarde dans un miroir. Face à lui, Virginie Efira, « formidable comme toujours », dans le rôle de Blanche et de sa sœur jumelle Rose, dont Blanche se voit éloignée de force à cause de son mari. Le tout dans une mise en scène pop de Valérie Donzelli, un « film envoûtant », selon nos deux critiques.
Transcription
00:00 Sélectionné à Cannes 1ère, "L'amour et les forêts" de Valérie Donzelli fait partie des rares films du festival à être visible en salle.
00:06 Donc il faut s'y précipiter. C'est à mon sens le meilleur film de Valérie Donzelli.
00:10 Je t'ai folle de lui ?
00:15 Eh bien oui, je parle fort, parce que je suis heureux et j'ai envie de le crier.
00:19 Il était d'une tendresse infinie.
00:22 Je t'aime.
00:24 J'aime tout.
00:25 Vous aussi.
00:27 C'est plus ça que j'attendrais un peu.
00:29 À mon âge, moi j'ai plein envie d'être sage.
00:31 "L'amour et les forêts" est l'adaptation du roman d'Éric Rennard.
00:35 C'est l'histoire de Blanche Renard, une professeure de français,
00:38 qui vit en Normandie, non loin de sa soeur jumelle, Rose,
00:42 qui va retrouver dans une soirée un ami d'enfance ou d'adolescence,
00:47 qui s'appelle Grégoire l'Amoureux.
00:48 Petit à petit, on se rend compte que Grégoire l'Amoureux est un amoureux du genre un peu possessif.
00:53 La vie de Blanche va devenir un enfer,
00:55 et l'emprise exercée sur elle par Grégoire tourner au drame.
00:59 Ça démarre un petit peu comme un film de Jacques Demy.
01:01 Il y a toujours des chansons, il y a l'idée des soeurs jumelles,
01:03 évidemment, on pense forcément aux "Demoiselles de Rochefort".
01:05 Et le film est vraiment passionnant en ça,
01:07 c'est sa manière dont il va partir de cet univers de contes un peu enchanté
01:11 à un vrai suspense à la Hitchcock.
01:12 Et donc, il va raconter l'emprise amoureuse comme un suspense.
01:17 Et donc, le film va devenir de plus en plus noir,
01:19 avec une mise en scène vraiment très réussie.
01:21 Pardon, excusez-moi.
01:23 Pourquoi tu m'as raccroché au nez ?
01:25 J'étais en cours.
01:26 Tu rentres à quelle heure ?
01:27 17h, pourquoi ?
01:28 Il t'appelle tout le temps ton mari.
01:30 Oui, il est comme ça.
01:31 Tu es complètement fou.
01:33 Je te parle, mais tu ne réponds pas.
01:34 J'ai réfléchi et on va rester là pour Noël, c'est beaucoup plus simple.
01:38 Tu as besoin de voir du monde ?
01:39 On n'a besoin de voir personne, on est bien tous les deux.
01:41 Je te veux que pour moi.
01:47 La mise en scène est assez pop.
01:50 Il y a comme ça des flashs.
01:51 On sait très vite que cette histoire se raconte au passé.
01:57 Et qu'on fait comme ça des allers-retours dans le temps.
02:00 Et qu'en s'emparant du thriller,
02:02 en faisant glisser son film progressivement d'un conte,
02:05 qu'on peut dire effectivement inspiré de Demi,
02:07 inspiré un peu de Romère aussi,
02:09 vers le cinéma de genre, vers le thriller,
02:12 vers Hitchcock, avec l'importance de cette maison
02:15 qui est à la fois atemporelle et lugubre.
02:18 C'est totalement déréalisé.
02:20 On sort du film à sujet
02:21 pour entrer véritablement dans un film envoûtant.
02:25 C'est Virginie Effira qui interprète Blanche.
02:28 Elle est formidable comme toujours.
02:29 Elle interprète aussi le rôle de la soeur jumelle rose.
02:31 Et donc ça c'est assez troublant de la voir passer d'un rôle à l'autre.
02:34 Même si le personnage de rose disparaît peut-être un petit peu trop vite.
02:37 C'est intéressant ce que dit Samuel sur la disparition assez rapide
02:40 de la soeur jumelle rose.
02:43 Parce que pour moi ça correspond vraiment au mouvement de l'homme toxique
02:48 qui est d'isoler progressivement sa proie,
02:52 à qui il répète sans arrêt "je ne veux que ton bonheur",
02:55 "nous n'avons besoin de personne d'autre", "nous sommes seuls au monde".
02:59 Et qui réussit à la séparer de toute sa vie,
03:02 de tous les gens qu'elle aime, y compris de sa jumelle.
03:04 Le casting est très réussi.
03:05 Il y a donc Virginie Effira.
03:07 Et il y a encore plus fort à mon sens,
03:09 c'est ce que fait Melville Poupot dans le rôle de Grégoire.
03:12 Melville Poupot est un acteur extrêmement séduisant.
03:15 Il joue beaucoup de ça dans la première partie du film.
03:17 Et puis petit à petit on se rend compte,
03:19 il arrive vraiment à faire très très peur
03:20 par ses questions obsédantes en permanence,
03:24 son manière de coller à Virginie Effira quand il lui parle.
03:29 On sent aussi derrière le côté un petit peu enfant grandi trop vite,
03:32 qui fait presque un caprice.
03:34 Melville Poupot l'incarne superbement bien.
03:36 Et puis il y a vraiment la surprise de découvrir
03:38 dans un second rôle assez rapide mais très important,
03:41 c'est Bertrand Belin, le chanteur.
03:42 Et là vraiment c'est une vraie gueule de cinéma Bertrand Belin,
03:45 avec sa voix très très grave en plus, il a un charisme incroyable.
03:48 Et c'est lui qui donne à le personnage de Virginie Effira
03:52 une idée de ce que pourrait être un amour un peu plus normal.
03:55 Les acteurs sont remarquables.
03:56 Virginie Effira, elle a vraiment quelque chose...
03:59 C'est intéressant qu'elle rejoue une prof de français,
04:02 qui était un rôle qu'elle tenait déjà chez Rebecca Zlotowski.
04:04 C'est vraiment quelque chose de très concret, de très généreux.
04:08 C'est quelque chose qui définit assez son personnage.
04:10 Et Melville Poupot, alors j'en entends dire qu'il en fait des caisses.
04:13 Moi j'ai beaucoup aimé son côté Jekyll et Hyde,
04:16 la métamorphose de ce gars qui devient ce type vilain,
04:21 inquiétant, rabougri, tout petit.
04:23 Un gamin capricieux, immature, qui se transforme en monstre progressivement,
04:27 au point de se faire peur à lui-même quand il se voit dans un miroir.
04:30 L'amour et les forêts, court easy, c'est vraiment très bien.
04:33 L'amour et les forêts, c'est très bien.
04:34 [Musique]

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