Invités :
Nicolas Louvet (CEO de Coinhouse) et Victor Charpiat (Avocat chez Kramer Levin)
Nicolas Louvet (CEO de Coinhouse) et Victor Charpiat (Avocat chez Kramer Levin)
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00:00 où on a un énorme avantage en France qui est qu'on a des équipes chez les régulateurs qui sont de plus en plus qualifiées
00:07 sur toutes les questions de crypto-monnaies, mais également côté secteur privé, avec pas uniquement des consultants
00:13 comme des avocats, mais aussi des spécialistes de la conformité à l'intérieur des PSAN, et plus largement tout un écosystème
00:21 de professionnels qui sont vraiment sensibilisés à la question réglementaire. Et tout ça permet d'anticiper maintenant Mika
00:28 avec beaucoup de sérénité et surtout solidifier la place de la France comme probablement le hub européen sur les questions crypto
00:37 pour les années qui viennent. Et ça, ça en rende partie du fait qu'on a eu des précurseurs avec les PSAN.
00:42 Et ça n'a pas créé une sorte d'appel d'air que la France soit précurseur sur le sujet ? Il n'y a pas eu en fait trop de PSAN
00:48 décernés en France ?
00:50 T'es en mute, Grégory.
00:52 Excusez-moi. Oui, je disais, est-ce que ce côté précurseur, ça n'a pas été un peu à double tranchant ?
00:58 Est-ce que ça n'a pas créé un appel d'air avec trop de PSAN délivré à l'égard d'acteurs français ?
01:05 On rentre très vite dans le vif du sujet.
01:11 [Rires]
01:13 Je peux donner mon avis et peut-être que Nicolas interviendra après.
01:16 Je complèterai, oui.
01:18 Comme tu l'as dit au début, il y a environ 70 PSAN. Sur ces PSAN, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a des activités qui sont assez variées.
01:25 On a des PSAN, en majorité, qui font une activité de type B2C, donc qui ont des clients qui sont des particuliers.
01:32 Il y a pas mal de PSAN qui font aussi du B2B. Et il y a quelques institutionnels qui sont PSAN, comme la Caisse des dépôts,
01:38 comme la Startup Forge au sein de la Société Générale et même AXA, qui est devenue PSAN il y a quelques mois.
01:44 Et tout simplement, pour les PSAN qui font du B2C, le fait est que pas mal d'entre eux ou bien ont des business models qui sont très comparables
01:54 avec assez peu de différenciation ou bien sont créés par des équipes entrepreneuriales qui n'ont pas encore eu l'occasion de lever des fonds en grande quantité.
02:03 Et il est assez probable, en tout cas quand on fait des calculs sur un coin de table, que tous ces PSAN-là ne seront pas en mesure de faire face
02:11 à l'accroissement des coûts de conformité qui résultera de la conformité à Mika. On va en reparler tout à l'heure évidemment.
02:18 Mais se mettre en conformité avec Mika sera quand même beaucoup plus coûteux que le coût actuel d'un enregistrement PSAN.
02:25 Et ce qu'on a vu arriver l'an dernier et qu'on va continuer à avoir arriver dans les mois qui viennent, c'est un certain nombre de PSAN
02:31 qui vont cesser leur activité, que ce soit par radiation directe. On a vu l'an dernier un PSAN qui s'appelle Paikep qui a été radié
02:39 pour échec dans la mise en œuvre de politiques LCBFT. Et il y a également un certain nombre de rumeurs, dont The Big Well s'est fait l'écho,
02:51 d'acquisition de PSAN par des acteurs étrangers. Donc évidemment, il va y avoir une forme de concentration.
02:58 Nicolas, ton avis là-dessus ?
03:01 Au début, quand on a été les premiers à s'enregistrer en mars, donc c'était assez rapide, je me suis dit que...
03:11 Et le deuxième est arrivé en septembre. Donc ça a mis pas mal de temps. Donc je me suis dit qu'il n'y en avait pas forcément beaucoup des PSAN
03:20 parce que notre dossier notamment, il avait été regardé, scruté à la loupe. Il y a eu quand même pas mal d'échanges, pas mal aussi de démonstrations
03:32 sur pièces de ce qui était réalisé. Et en fait, j'ai été en effet assez surpris de voir, à partir de fin 2021 et sur toute l'année 2022
03:46 et même encore aujourd'hui, maintenant on en compte 74, moins ceux qui ont été radis. Alors je sais pas si c'est en plus ou en moins.
03:53 Mais bref, il y en a plus de 70, comme vous l'avez dit. Et ça m'a surpris en fait qu'il y en ait autant.
03:59 Je pense que la procédure d'enregistrement, elle est ce qu'elle est. Et elle est en partie basée sur des documents qui sont envoyés,
04:08 mais pas forcément sur une démonstration entière de la mise en œuvre des procédures qui sont décrites dans les documents.
04:18 Donc je pense que la différence, elle va se faire dans le passage en fait déjà de l'enregistrement, et on va y venir, à Lagrément et à Muka,
04:29 et ensuite dans le test qui sera mené à l'occasion des contrôles afin de vérifier si finalement les choses sont bien mises en œuvre
04:40 telles qu'elles doivent l'être et telles qu'elles ont été décrites. Après en soi, le fait qu'il y ait beaucoup d'acteurs qui viennent,
04:46 je pense que c'est pas du tout une mauvaise chose. Je vous avouerais, au début, moi ça m'a plutôt pas vraiment plu parce que je voyais en cela
04:56 un investissement assez énorme qu'on avait mené, et donc une sanction plutôt positive, et en voyant beaucoup plus de concurrents arriver
05:04 avec le même avantage concurrentiel, on va dire que c'était moins pertinent de dire qu'on avait cet avantage-là.
05:11 Maintenant, la concurrence est bonne. Ça veut dire que le marché s'ouvre. Ça veut dire que des acteurs viennent avec des business models différents.
05:18 Et à la fin, au final, c'est plutôt la réussite des entrepreneurs, de la mise en œuvre qui est faite avec la proposition de valeur
05:28 que chacun fait vis-à-vis de ses clients. On n'a pas tous le même business model. On n'a pas tous la même proposition, pas tous les mêmes clients.
05:34 Le marché, potentiellement, est peut-être 10 fois supérieur à ce qu'il est aujourd'hui parce que la réalité, c'est qu'il n'y a pas vraiment
05:43 10% des gens qui possèdent des cryptos au sens où ça fait vraiment du chiffre d'affaires pour nos sociétés. On est sur des pourcentages
05:50 qui sont plutôt inférieurs. Mais le potentiel, lui, de développement dans les entreprises, auprès des particuliers, dans des services
06:00 autour des paiements, dans des services qui sont divers, qui vont construire en fait le monde du Web3, sont très importants et nécessiteront
06:09 beaucoup d'acteurs de toute façon. Donc c'est plutôt bien parce que ça crée un vrai dynamisme. Nous, on a compté dans une étude récente
06:16 qu'on a faite avec un grand cabinet pas loin de 5 000 emplois qui ont été créés par les entreprises PSAN et les gens qui tournent autour
06:25 de ces services. Donc j'inclus aussi les gens dans les cabinets d'avocats qui sont spécialisés par exemple autour de cela ou dans les grands
06:32 groupes qui travaillent sur les solutions Web3 et blockchain. Et ça présente quand même deux fois plus d'emplois qu'il y a un an, un an et demi.
06:41 On était plutôt à 2 000. Donc ça veut dire aussi qu'il y a un vrai engagement derrière, une vraie création d'un écosystème. Et ça va pas s'arrêter
06:51 avec seulement 10 acteurs enregistrés. Après, la vraie question, c'est... La régulation, c'est très bien d'avoir commencé avec l'enregistrement
07:00 parce que la marche était assez élevée, mais pas insurmontable. La suite, elle est beaucoup plus. Et donc la question, c'est le taux de conversion
07:12 entre l'enregistrement et l'agrément, qu'il soit français ou qu'il soit agrément CASP européen, qui est la définition de PSAN en langage européen.
07:23 On aura l'occasion d'en parler un petit peu plus tard de l'agrément. Moi, je voudrais qu'on parle un peu du régulateur, de l'AMF, qui délivre les
07:31 enregistrements et bientôt les agréments. Quel regard vous portez sur eux ? Est-ce qu'il y a une bonne compréhension, un bon dialogue ?
07:39 Comment ça se passe ?
07:43 — Je vais peut-être répondre dans un premier temps. Bon, c'est pas évident, parce que c'était régulateur. Donc t'en parles avec...
07:51 Il n'y a pas que l'AMF. Il y a la CPR aussi. Ne l'oublions pas. C'est l'organisme qui contrôle notamment. Et c'est des organismes de nature différente.
08:04 Bon, l'AMF est toujours dotée d'une équipe d'innovation, tout comme la CPR d'ailleurs, mais qui était particulièrement ouverte sur les sujets.
08:11 Moi, quand j'ai rejoint le groupe Ledger et quand Coinhouse était encore une société du groupe Ledger en 2017, la première chose qu'on a faite
08:23 quand on a commencé à recruter une équipe de conformité, à développer nos services, c'est de contacter les régulateurs. La CPR, on a eu zéro contact
08:33 qui nous ont répondu. L'AMF, on nous a ouvert les bras et on a fait un rendez-vous. Il y avait 10 personnes de l'innovation, du service juridique,
08:43 des services divers en fait de l'AMF qui étaient ravis de pouvoir avoir un interlocuteur qui leur explique ce qu'il fait, leur explique le marché,
08:52 qui leur montre sa plateforme, qui leur montre comment ça fonctionne. Ils ont toujours une forte curiosité. Très vite, ils ont voulu créer un cadre
08:59 pour les ICO, même si le sujet était dès 2018-2019, le sujet était très porté ICO d'abord. C'est peut-être là où justement le volet a le moins bien marché
09:09 puisque globalement, le sujet des ICO n'est pas une réussite.
09:14 Personne n'a pris le label qu'ils avaient proposé.
09:17 Je crois qu'il y a eu une boîte qui l'a obtenue.
09:19 Oui, il n'y en a qu'une. C'est French ICO, il me semble.
09:21 Il y en a eu 3 ou 4 à la fin, mais ça reste...
09:24 Sur ce sujet-là, ça n'a pas été un succès. En revanche, ils ont toujours été très ouverts et leur équipe innovation...
09:31 Ce sont des personnes qui se sont succédées, mais ce sont des personnes qui sont vraiment volontaires, curieuses et vraiment tournées sur l'idée
09:44 de vouloir faire quelque chose et n'ont pas d'avis préconçus. Ils ne sont pas venus en disant « Non, mais c'est nécessairement du blanchiment d'argent
09:52 ce que vous faites » ou alors « Vous nous reproduisez l'affaire des tulipes ». Je n'ai jamais entendu ça de leur part.
09:58 Et dans la plupart des équipes, je n'ai jamais entendu ça, y compris de la part de Robert Ophel, que j'ai rencontré plusieurs fois,
10:05 qui était l'ancien président de l'AMF, qui a toujours été ouvert et qui a eu le sentiment et la vision que c'était l'avenir.
10:11 De dire de toute façon, vous, vous parlez crypto, d'autres parlent de DLT, Distributed Ledger Technology, qui sont les blockchains.
10:19 Mais finalement, c'est bien la même chose. Lui, il disait – alors qu'à la Banque de France, on disait plutôt « Non, non, on aime les blockchains,
10:24 mais on n'aime pas les cryptos ». Lui disait « Non, c'est la même chose ». Lui disait très ouvertement « Mais un jour, de toute façon,
10:31 ces technologies vont envahir le secteur financier et vont remplacer les systèmes informatiques existants et les infrastructures de marché.
10:41 Donc de toute façon, il faut qu'on s'y place. Vous avez raison de vous y positionner ». Sans avoir d'ailleurs d'avis sur le bitcoin,
10:47 je ne l'ai jamais entendu dire un mot à la fois ni positif ni négatif. Je pense qu'en fait, il s'en moquait. Ce qui l'intéressait,
10:55 c'est la technologie. Et ce qui porte aujourd'hui la technologie, c'est certes bitcoin, Ethereum ou d'autres. Mais lui, il voyait de toute façon
11:01 une vision beaucoup plus large. Donc je pense qu'il y a vraiment des visionnaires, ce qui n'est pas le cas aux États-Unis,
11:07 où pour avoir rencontré plusieurs fois, y compris en 2019, des gens de la SEC, j'ai vu en face de moi des gens qui, je pense,
11:15 n'avaient vraiment mais strictement rien compris au sujet et se renfermait vers des définitions de « est-ce que c'est une sécurité
11:23 ou ça ne l'est pas », sans comprendre réellement de quoi en parler. Et c'est les seuls interlocuteurs que j'ai vraiment trouvé très bons
11:30 en France. La CPR est venue beaucoup plus tard. Mais aujourd'hui, je pense qu'ils l'ont montré à travers leur forum qu'ils avaient une ouverture.
11:39 Et il y a, je pense, encore pas mal de travail à faire parce que derrière la CPR, il y a la Banque de France. Et derrière la Banque de France,
11:47 il y a tous les blocages qu'on a vécus et toutes les difficultés que nos clients ou que nous-mêmes en tant que PSAN, on a pu avoir avec les banques.
11:54 Et ça a toujours laissé ces dernières années un avis comme quoi finalement, la CPR était plutôt froide et plutôt contre ces technologies.
12:04 J'ai l'impression que ça change et qu'il y a encore quelques chapelles à l'intérieur. Mais globalement, aujourd'hui, la réception, elle est plutôt bonne.
12:12 Et tout le monde a vu aussi les enjeux au niveau européen, a vu aussi le succès finalement de ce qu'avait fait la France au niveau européen.
12:20 Et donc ça intéresse à ces sujets dans leurs équipes innovation, mais aussi dans leurs équipes agréments. Et ça intéresse non pas seulement
12:27 au niveau français, mais participe énormément aux groupes de travail qui sont organisés par le G20, qui sont organisés par le FATF, le GAFI, au niveau mondial.
12:37 Donc on retrouve en fait toutes ces personnes-là, ainsi que les membres de la direction du général du Trésor, travaillant ensemble sur ces sujets-là.
12:47 On a plus l'impression qu'aujourd'hui, tout le monde s'est approprié le sujet et travaille de concert. Et les gens sont plutôt réactifs,
12:53 même si dans le passé, il faut dire qu'en 2020, quand on a voulu provoquer un groupe de travail ACPR, AMF, PSAN, pour essayer de lever les freins bancaires,
13:05 ça a globalement mené à rien. Ça a poussé pendant 6 mois et ils n'ont pas voulu pousser le truc.
13:11 — Nicolas, je me permets de rebondir sur une chose. Tu parlais de Robert Ophel, qui est l'ancien président de l'AMF et qui, c'est vrai,
13:17 avait une position plutôt neutre sur le sujet. Depuis octobre 2022, il a été remplacé par Marianne Barbat-Layani, qui est donc la nouvelle présidente de l'AMF.
13:29 Et c'est une ancienne de la Fédération bancaire française. On connaît la version de l'AFBF pour les cryptos.
13:37 Est-ce qu'il y a eu un changement de doctrine à l'AMF depuis le changement de président ?
13:45 — Je ne pense pas. Je l'ai pas constaté. Je pense que même si elle vient... Déjà, on peut être marqué par un passage dans son passé,
13:53 par un passage dans un environnement. Mais pour autant, les gens changent, je pense. Et les mentalités changent.
14:02 À l'AFBF, aussi, les éléments changent un peu. Il y a eu une rotation aussi de la présidence. Je suis sous NDA.
14:10 Donc il y a des choses que je peux pas dire. Mais il est en train de se passer des choses dans les banques françaises qui sont assez remarquables.
14:17 Donc je crois pas. Après, on verra. Et d'ailleurs, le rythme d'enregistrement a continué. Et l'enregistrement, c'est un passage en collège de l'AMF.
14:34 Les travaux qui ont été menés sur les lois qui nous ont occupés ces derniers temps, notamment sur les influenceurs, sur l'aménagement, en fait,
14:44 lié en fait à l'enregistrement pour le renfort de l'enregistrement, c'est des choses qui se sont faites sous la présidence de la nouvelle présidente
14:55 de l'AMF. Et moi, j'ai pas vu de blocage particulier. Là où nous, on a plutôt des attentes en tant qu'acteurs, et notamment, je suis président
15:06 du comité PSAN de l'ADAN et membre fondateur de l'ADAN, là où l'ADAN est très demandeur. Donc l'ADAN, c'est l'association qui regroupe
15:14 les acteurs cryptos et maintenant les acteurs Web3 de l'écosystème français et même pas mal européen. On cherche surtout à pousser
15:24 pour avoir de la part de l'AMF des ressources supplémentaires, de façon à pouvoir avoir des équipes beaucoup plus fournies, capables de travailler
15:35 sur les sujets d'agrément et d'enregistrement.
15:39 Justement, beaucoup d'entrepreneurs expliquent que les effectifs de l'AMF sont actuellement trop réduits et que du coup, il y a un embouteillage
15:47 pour obtenir des PSAN. Est-ce que Victor, par exemple, tu peux confirmer ça ?
15:52 Les équipes, oui, sont assez réduites côté AMF, notamment parce que, comme pas mal de gens le savent, il y a eu une vague de départ en
16:01 notamment 2021-2022 où plusieurs des chargés de mission très expérimentés qui travaillaient sur les premiers PSAN sont partis, notamment pour le secteur privé.
16:11 Mais bon, ceux qui les ont remplacés ne se trouvent pas moins compétents, même s'il y a une petite période d'adaptation. Il y a peut-être à l'heure actuelle
16:18 à l'AMF peut-être 3, 4 personnes qui font du PSAN à temps plein. Donc c'est pas énorme par rapport au nombre de demandes.
16:25 Mais ce sont des gens qui, quand même, s'y connaissent bien, ils travaillent dur. Et aujourd'hui, un dépôt d'enregistrement PSAN, s'il est bien mené,
16:37 et ça, ça dépend pas uniquement des consultants ou des gens qui accompagnent, mais ça dépend énormément de l'entreprise qui dépose la demande,
16:45 peut être traité en 6 à 7 ou 8 mois, ce qui reste plus ou moins dans les standards de ce qu'on avait en 2020-2021.
16:55 Donc évidemment, on aura toujours des exemples de PSAN qui attendent depuis plus d'un an leur enregistrement. Mais dans pas mal de cas, il faut dire les choses,
17:04 c'est le cas parce qu'il ne facilite pas le travail du régulateur, ou bien en n'étant pas suffisamment diligents sur les différentes réponses
17:14 aux questions que pose le régulateur, ou bien en ayant un business model qui va évoluer en cours de route, ou bien en ayant des procédures
17:20 qui ne sont pas suffisamment développées, ou bien tout simplement en ne démontrant pas un niveau de professionnalisme et de sérieux suffisant.
17:29 C'est-à-dire qu'être PSAN aujourd'hui, ça implique quand même d'appliquer une partie assez importante de la réglementation financière.
17:36 Il faut des compétences en face et il faut du personnel expérimenté. Et si on n'a pas ces personnes-là et qu'on se contente de dire qu'il suffit
17:46 d'envoyer un dossier complet à l'AMF qui est préparé par un cabinet d'avocats ou de consultants et que l'AMF n'aura pas d'autre choix que de donner
17:54 un coup de tampon dans les 6 ou 9 mois qui suivent, aujourd'hui, c'est plus suffisant. Et si l'AMF devient un peu plus restrictive ces derniers temps,
18:01 c'est certainement pas dû, je pense, en tout cas, à la qualité des équipes ou au changement de président. C'est dû à FTX et aux conséquences
18:10 du bear market de 2022, plus l'anticipation de Mika évidemment, où évidemment les régulateurs deviennent beaucoup plus regardants sur les entreprises
18:22 à laquelle elles vont donner un enregistrement. D'une part parce que plus on se rapproche de Mika, on va en reparler après, moins les régulateurs
18:31 auront envie de donner des statuts réglementés à des acteurs qui ne sont pas très structurés parce qu'ils bénéficieront donc de cette liberté
18:41 d'agir après l'entrée en figure de Mika pendant encore 18 mois. Et voilà. Donc, il faut anticiper.
18:47 On va aborder les nouveautés maintenant. Donc, comme tu le disais, il y a eu l'effondrement de FTX. Et du coup, le Parlement français a fait voter
18:56 un renforcement de l'enregistrement PSAN que l'on connaît tous. Et donc, en gros, ça veut dire que ça va être plus difficile à obtenir.
19:03 Il va y avoir des nouvelles choses demandées. Victor, est-ce que tu peux nous dire à quoi ça va ressembler et surtout à partir de quand
19:10 cet enregistrement renforcé devient obligatoire ?
19:12 Alors tout à fait. Donc l'enregistrement renforcé, c'est un troisième statut dans le cadre de la réglementation des PSAN.
19:21 Donc on a l'enregistrement simple qu'on connaissait jusqu'à présent. On a l'agrément que pour l'instant, aucun PSAN n'a obtenu,
19:28 même si plusieurs procédures sont en cours. Et à partir de début 2024, on aura l'enregistrement renforcé qui, pour simplifier,
19:37 est identique à l'agrément à l'exception de l'exigence de fonds propres ou assurances, même si pour l'année qui vient,
19:47 il est devenu quasiment certain qu'on ne pourra plus jamais utiliser des assurances pour remplacer les fonds propres parce que
19:53 les exigences sur ce que doit contenir l'assurance sont devenues pratiquement impossibles à atteindre, donc uniquement des fonds propres.
20:01 Et donc l'enregistrement renforcé, c'est ça. C'est un alignement sur l'agrément PSAN avec quelques petites obligations qui sont retirées.
20:09 Et en fait, l'enregistrement renforcé devient obligatoire pour les PSAN qui demandent un PSAN à partir de maintenant.
20:19 Donc les acteurs qui ne sont pas encore enregistrés mais qui veulent le devenir, si elles déposent un dossier aujourd'hui,
20:25 de fait, elles doivent déposer un dossier d'enregistrement renforcé, l'enregistrement simple étant de manière quasi-inévitable
20:34 plus ouvert aux acteurs qui n'ont pas déjà déposé un dossier et de préférence ceux qui ont déposé un dossier dans les mois passés
20:42 et qui ont un dossier qui est complet ou quasi-complet. En fait, les dossiers qui ne sont pas considérés par l'AMF comme complets au 30 juin,
20:49 donc dans un mois, devront automatiquement passer en enregistrement renforcé. Ça, c'est le résumé.
20:58 — Hyper intéressant. Nicolas, sur cette histoire de fonds propres et d'assurance, comment vous allez faire, vous, de votre côté ?
21:07 — Alors déjà, une assurance, ça fait 2 ans qu'on en a eu auprès de l'AMMA, qui respecte en fait les critères d'exigibilité
21:18 en fait demandés par l'AMF. Donc on l'avait pris parce qu'à un moment, on était dans la démarche d'agrément il y a déjà 2 ans de ça.
21:29 On a cessé en fait cette démarche. Mais on avait rempli les critères. Donc à la fois l'assurance et les fonds propres.
21:36 On a levé de l'argent. Et donc on a la capitalisation et les fonds propres nécessaires aujourd'hui pour cela.
21:45 Donc de notre point de vue, il n'y a pas de problème. Maintenant, Coinbase, c'est pas les autres acteurs.
21:52 Donc je pense qu'il y a des difficultés à trouver quand même cette assurance. Et la question de fonds propres,
21:58 ça, c'est une question d'accès au capital. Donc ça, c'est à chacun d'avoir son projet d'entrepreneur ou d'entrepreneuse
22:08 et d'être en mesure de pouvoir séduire suffisamment d'investisseurs et d'avoir l'argent, les capitaux,
22:18 ou générer suffisamment de capacités d'autofinancement pour avoir les fonds propres nécessaires.
22:23 Mais en l'occurrence, dans un marché qui nous caractéristique actuellement, qui est un marché plutôt difficile
22:30 et qui va le rester sans doute encore pendant quelques mois, on parle plutôt de capacité à lever des fonds
22:36 pour pouvoir remplir les critères. Mais il y a eu quelques levées de fonds récemment, d'acteurs.
22:42 Oui. Mais j'avais entendu que CoinHow, c'était la seule structure qui bénéficiait d'une assurance.
22:47 La seule structure crypto. Est-ce que c'est le cas ? Bon, Nicolas, tu vas forcément me dire que oui.
22:51 Mais est-ce que Victor, tu peux confirmer ?
22:53 Je confirme que c'est très difficile pour les boîtes crypto de trouver des assureurs.
22:58 Donc effectivement, CoinHow, c'est considéré comme probablement le seul à en disposer d'une.
23:03 Je veux juste préciser un petit truc sur l'assurance. Actuellement, l'exigence pour l'agrément sur l'assurance,
23:08 elle est relativement atteignable parce que je crois qu'il faut avoir un minimum de garantie de l'ordre de 400 000,
23:16 de 800 000 euros par an. Et 400 fois 2, en gros c'est 1 million. Deux sinistres de 400 000 euros par an au minimum, je crois.
23:25 Et le petit problème, c'est que l'enregistrement renforcé qui va donc créer le nouveau régime d'agrément
23:35 parce que l'agrément PSAN est également modifié à compter du 1er janvier 2024,
23:42 aligne l'exigence de l'assurance sur les exigences de Mika. Et dans Mika, l'assurance qui est attendue de la part des prestataires
23:51 qui choisissent de ne pas avoir des fonds propres, elle est beaucoup plus drastique dans ces exigences que celles qu'on connaît aujourd'hui.
23:58 Et voilà, je n'ai pas la liste en tête, mais il y a bien une douzaine de conditions à cocher pour que l'assurance soit considérée comme éligible.
24:05 Et c'est quasi évident qu'aucun assureur ne proposera une telle garantie sauf à demander des primes d'assurance colossales.
24:11 Donc ça fait que tous les acteurs vont devoir a priori pour l'agrément Mika se rapatrier sur les fonds propres.
24:18 Et ce qui est intéressant, c'est que dans Mika, les fonds propres sont calculés de manière à être quand même un peu inférieurs
24:25 à ceux qu'ils sont aujourd'hui dans l'agrément PSAN. Parce qu'aujourd'hui, quand on est PSAN agréé, l'exigence de fonds propres peut monter assez haut,
24:35 notamment si on est une grosse plateforme avec beaucoup d'actifs sous gestion. Parce qu'il me semble que ces 2% des actifs détenus en conservation,
24:47 et ça, c'est le minimum pour les fonds propres. Donc imaginons un acteur comme Binance qui a peut-être des milliards de dépôts de clients en conservation,
24:57 ça voudrait dire qu'ils auraient des dizaines de millions de montants de fonds propres minimales. Et ça, évidemment, c'est excessif.
25:03 C'est disproportionné par rapport à ce qu'on attend d'une banque ou d'un professionnel de la finance. Donc il y a ces questions-là qui sont pas encore
25:13 complètement claires et qui, probablement, sont l'une des raisons pour lesquelles on a vu pour l'instant aucun acteur encore véritablement obtenir ou demander l'agrément.
25:22 — Nicolas, tu veux compléter ? — En fait, la règle est un peu plus... Elle est assez subtile parce qu'il y a différents critères d'établissement, en fait,
25:32 des fonds propres. Certains sont basés en fait sur, en effet, les cryptos conservés. Mais il y a également le critère qui est lié aux charges opérationnelles
25:49 de la société. Et il y a d'autres critères aussi qui sont liés à l'activité. Donc il y a différents critères. C'est un petit peu plus compliqué que cela.
26:00 En effet, je pense que pour certaines grosses plateformes, déjà, qui ne feraient par exemple que de la conservation, le critère peut être un petit peu compliqué.
26:09 On l'avait signalé à l'époque en disant que le 2% semblait assez disproportionné par rapport au business model de la conservation, qui dans la plupart des cas
26:17 est offerte à nous à part pour l'activité de CoinHouse, Custody Services, qui sont des CONCRA très spécifiques. La conservation des actifs
26:28 chez nos clients, elle est faite dans des systèmes qui nous coûtent relativement très cher puisqu'elle est en très grande majorité dans des systèmes
26:37 dits de call storage. Donc on s'est équipé de solutions de type Ledger Vault, qui est la partie entreprise de Ledger. Mais il y a d'autres solutions
26:45 comme Fireblocks ou d'autres qui existent et qui peuvent équiper. Ces solutions ne sont absolument pas gratuites. Elles sont au contraire assez chères.
26:52 Et en revanche, on ne peut pas payer nos clients. Donc c'est vraiment des coûts. Donc ça peut créer des distorsions de business model dans lesquelles
27:02 les exigences sont basées sur des revenus qu'on n'a pas en réalité.
27:06 Et étant donné que Mika entre en vigueur l'an prochain, est-ce qu'il y a encore un intérêt à demander un enregistrement alors que les nouveaux venus
27:17 devront tous avoir un agrément à partir de l'an prochain ?
27:21 C'est octobre 2024 pour ceux qui ne sont pas encore enregistrés. Puis il y a une clause de grand-père.
27:34 Oui, c'est un peu plus tard. Je vais peut-être essayer de faire un petit rappel sur le calendrier parce que c'est assez précis.
27:41 Donc en fait, Mika rentre en vigueur a priori dans quelques semaines. Ensuite, Mika entre en application 12 mois plus tard pour la réglementation
27:53 des Stablecoins et 18 mois plus tard pour la réglementation des CASP, donc les équivalents PSAN dans Mika. Donc 18 mois plus tard, ça veut dire fin 2024,
28:02 décembre 2024. Et à partir de fin 2024, les PSAN qui exerçaient en conformité avec leur droit national en Europe, notamment en France à cette date-là,
28:12 auront 18 mois de plus pour se mettre en conformité avec le régime d'enregistrement Mika. Et ça, si je ne me trompe pas, c'est ce que j'ai vérifié
28:20 il y a quelques jours. Donc normalement, un PSAN qui est enregistré conformément au droit français vers fin 2024 pourra exercer sans autorisation Mika
28:31 jusqu'à à peu près mi-2026. — Ah oui. Donc il y a encore beaucoup de marge, oui. — Il y a de la marge. Mais simplement, le fait est que c'est quand même
28:39 difficile de lever des fonds et de lancer des business models quand on sait que le business model, il va s'interrompre à une certaine date parce qu'on n'aura
28:44 pas le statut. Donc en fait, ça veut dire que tous ces acteurs-là doivent anticiper leur passage à Mika ou la fermeture de leurs activités.
28:53 Et j'en profite pour préciser, parce que c'est quelque chose qui n'a pas été mentionné dans la presse ces derniers jours, mais il y a un PSAN...
29:01 Alors c'est pas un PSAN français, mais c'est un PSAN qui était quand même enregistré auprès de l'AMF, qui a annoncé il y a quelques jours
29:07 qu'il allait interrompre ses activités et simplement fermer boutique. Pas pour des raisons d'insuffisance d'actifs ou de hack, mais simplement parce que
29:16 l'activité n'est pas assez rentable. Et il voit arriver Mika, il sache que la rentabilité ne pourra pas intervenir.
29:23 — Alors, j'étais en vacances la semaine dernière. J'aimerais bien savoir lequel c'est. — C'est Lightbit. Ils ont annoncé ça il y a une semaine à peu près
29:31 sur le réseau. Ça n'a pas été très repris, puisqu'ils n'ont pas beaucoup de clients en France. Mais ils étaient PSAN, enregistrés.
29:37 Alors ils sont actifs en Hollande, mais ils avaient un statut auprès de l'AMF. Et donc ils ont annoncé il y a une semaine qu'ils allaient interrompre
29:46 leurs activités progressivement, restituer les dépôts des clients et transférer le reste, s'il y a un reste, à d'autres PSAN.
29:53 Donc c'est à ma connaissance le premier. Le premier à ne pas chercher à être racheté ou à passer dans le giron d'un autre groupe,
30:01 mais simplement à faire une boutique en disant que l'activité n'est plus rentable, on passe à autre chose.
30:08 — Pour compléter les propos de Victor, je pense qu'il est quand même pas forcément très très malin de lancer d'ici quelques mois
30:24 des dossiers d'enregistrement sans penser d'ores et déjà à l'agrément, c'est-à-dire nécessairement la barrière, elle devra être franchie.
30:37 Donc si vous savez d'ores et déjà que vous n'êtes pas dans la capacité de pouvoir le faire, autant ne pas le faire du tout,
30:43 et que ce soit se positionner d'ores et déjà sur un agrément, soit revoir le business model et imaginer de travailler par exemple
30:55 en sous-traitance d'un acteur en agence d'un PSAN par exemple. C'est un modèle qui, à mon avis, va se développer, où certains acteurs
31:09 qui ne seront pas nécessairement agréés pourront travailler avec des acteurs qui seront agréés en modèle agent,
31:16 comme vous pouvez l'avoir aujourd'hui sur les établissements de paiement par exemple.
31:19 — Comme une sorte d'apporteur d'affaires ?
31:21 — Alors c'est des choses qui sont encadrées et qui sont un peu plus que de l'apport d'affaires parce que tu gardes le client en tant que...
31:30 Mais tu dois passer une partie des informations de ton client et une partie de tes services dépendent d'un acteur qui, lui,
31:39 va opérer le service derrière pour toi. Donc t'as ça sur les agents d'établissement de paiement, des gens qui ont commencé par exemple
31:48 au compto quand ils se sont lancés en France. Ils étaient pas établissements de paiement eux-mêmes. Ils étaient agents d'un établissement.
31:55 Et donc ils dépendaient d'un établissement de paiement pour pouvoir opérer leur service. Donc ce genre de service, ce genre d'approche,
32:04 à mon avis, va se caler aussi sur le modèle crypto ou le modèle des activités sur les cryptos actifs parce que justement,
32:14 on a le cas déjà dans le monde financier traditionnel ou le monde des paiements où la barrière d'entrée est parfois difficile.
32:20 Et donc avant de sauter une énorme marche qui est plutôt en fait un escalier, on passe déjà par cette étape-là. Et ensuite, un peu plus tard,
32:28 on passe à l'échelle d'un acteur directement enregistré ou agréé. C'est ce qui s'est fait... Vous regardez tous les shines,
32:40 les acteurs en fait dits néo-bancaires, même si on n'a pas le droit de dire ce nom, la plupart du temps passent par ce modèle-là.
32:47 Je crois que l'Idea est toujours agent d'un établissement de paiement, mais dans la plupart des cas, le modèle FinTech s'est développé ainsi.
32:57 J'avais une petite question qui vient du Discord de TheBigWhale. Est-ce que le marketing fait partie des exigences de l'agrément ?
33:09 Est-ce qu'il y a des choses qui sont liées au marketing dans l'agrément ?
33:12 Oui, il y a des obligations d'information qui sont spécifiques, des obligations de communication, de clarté de communication, de traitement de l'information.
33:24 Après, il y a une carotte qui va avec, c'est qu'on a le droit de faire du démarchage.
33:30 Et là, actuellement, vous n'aviez pas le droit ?
33:32 Non, actuellement, un acteur enregistré, français ou non français, n'a pas le droit de faire de démarchage actif.
33:43 Démarchage au sens d'aller contacter une liste de clients et de contacter des clients, par exemple, directement au téléphone,
33:51 ou de s'installer dans un corner quelque part et puis de proposer à des clients ses services. Ça, ce n'est pas possible.
34:00 D'accord. Et pour revenir...
34:02 Contacter proactivement, par exemple, des clients sur une base de liste que vous pouvez acquérir ou des choses comme ça, ce n'est pas possible.
34:08 D'accord. Et pour revenir un peu sur ce qu'on disait précédemment, pourquoi, à votre avis, certaines entreprises se sont lancées dans l'optation du DUPSAN,
34:17 je parle de l'enregistrement, alors qu'en fait, on sait pertinemment qu'elles n'auront pas l'agrément lorsqu'il sera obligatoire ?
34:24 Pourquoi il y a quand même ces aventures entrepreneuriales qui ont été lancées ?
34:27 C'est humain. Si on a la capacité de le faire et qu'on voit un business model et qu'on sait qu'on peut obtenir un peu de financement en capital risque,
34:35 pourquoi ne pas se lancer ?
34:37 Est-ce qu'il n'y a pas certains cabinets d'avocats qui aident à monter les dossiers, qui ne font pas miroiter des choses irréalistes à certains entrepreneurs ?
34:44 Alors, j'espère pas trop de mon côté, mais parce que nous, en tout cas, quand on conseillait DUPSAN en 2020-2021,
34:54 on leur disait toujours que c'est exigeant, c'est compliqué, il faut investir dans les fonctions de conformité, ça a un certain coût, il faut que le business model le justifie.
35:02 Malgré tout, pas mal d'acteurs, effectivement, ont eu tendance à voir l'enregistrement DUPSAN comme un coût un peu one-shot,
35:08 où on dépense quelques dizaines de milliards d'euros en frais de consultant, on obtient le tampon de l'AMF et derrière, on peut opérer,
35:15 alors que c'est plus compliqué que ça et qu'en fait, il y a des coûts récurrents. Le coût de conformité est un coût récurrent, par définition.
35:20 – Oui, il est énorme. – Parce qu'il faut payer tous les ans, il faut plusieurs personnes à temps plein,
35:26 ou éventuellement, si c'est pas plusieurs personnes à temps plein, ça va être une personne à temps plein plus plusieurs prestataires
35:33 qui vont plus ou moins reproduire un coût assez similaire, plus les outils professionnels derrière.
35:37 Et ça, beaucoup de petits acteurs l'ont pas anticipé. Et le dernier point, je pense qu'en 2020-2021, il y a eu l'explosion de la DeFi
35:45 et énormément de monde s'est dit au même moment que si on peut faire 10 ou 15% de rendement sans risque en DeFi,
35:52 pourquoi ne pas créer un business model où on proposerait à des clients 5 ou 6% par an, à l'époque où l'ivraie a été 1%
35:58 et on investit ça en DeFi et on regarde la différence. Et en fait, plusieurs psanes se sont lancées exactement sur ce modèle-là en même temps.
36:06 Et il y en a bien quoi ? Peut-être 5-6 qui ont ce modèle-là. Et effectivement, il y a eu des moments où le marché a été un peu
36:15 excessivement ambitieux et où des business models qui ne sont plus rentables aujourd'hui ont pu l'être pendant quelques mois.
36:21 Et ça a incité pas mal de monde à devenir psane. Et avec effectivement le fait que la barrière à l'entrée n'est pas si haute,
36:30 c'est plutôt le fait de le rester qui est assez compliqué parce que ça implique quand même des coûts récurrents.
36:36 — J'ai l'impression que tu es d'accord, Nicolas. — Oui, non, je suis tout à fait d'accord. En fait, les coûts sont vraiment élevés
36:44 quand on a une base de clientèle importante. Je pense que pas mal de gens le voient pas. Et je rejoins le premier point de Vitor,
36:52 qui est honnêtement humain et qui est vraiment – par ailleurs, je vais avoir tendance à dire louable – c'est l'esprit d'entreprendre,
37:01 que les gens ont envie de se dire « J'y vais, après tout. Il y a un nouveau marché. C'est passionnant. C'est une sorte de
37:12 nouvelle Eldorado. J'ai raté la vague de l'Internet il y a plus de 20 ans. J'ai raté la vague du mobile. J'ai raté la vague des réseaux sociaux.
37:20 Maintenant, je me sens prêt. Et je me dis « Tiens, ouais, j'y vais ». Honnêtement, c'est très bien. Il faut de toute façon que des gens se lancent,
37:32 parce qu'en fait, il faut laisser l'opportunité à chacun. Donc c'est humain. Bon, là, il y en a quand même beaucoup. Après, il y a des acteurs étrangers.
37:40 — Je suis d'accord avec Victor. Il y a eu un peu d'effet 2021. 2021 a été une année globalement assez florissante pour l'écosystème et de façon générale
37:55 pour les acteurs de l'univers crypto, et même pour des gens qui trainaient assez simplement. Tu gagnes pas mal d'argent assez simplement,
38:06 parce que dans un marché haussier, bon, t'as pas besoin d'être un génie pour finalement faire des gains. Beaucoup plus difficile quand le marché se retourne.
38:17 Et donc c'est là où tu comptes un peu les morts. Et je pense qu'aujourd'hui, les gens se rendent compte que c'est beaucoup plus compliqué.
38:23 Je pense qu'il y a eu un peu de naïveté quand même sur le coût réel de ce que représente la conformité. Et je pense que les contrôles vont faire assez mal.
38:32 On l'a vu avec les premiers contrôles dans lesquels il y a déjà eu des fermetures « administratives ». Donc je crois que ça risque de être difficile.
38:41 Mais à nouveau, moi qui fais du capitalisme pendant une bonne partie de ma carrière avant, j'ai vu souvent des entrepreneurs reproduire des business models.
38:51 J'ai dû voir à un moment où on a regardé Doctolib. J'ai dû voir fac aussi Doctolib. Donc tout le monde voulait faire une plateforme pour les médecins.
39:00 Certains avaient déjà été rachetés. M6 avait racheté une boîte. Il y en a d'autres qui se lançaient. Honnêtement, les gens étaient bien.
39:07 Ils avaient tous l'idée. Ils disaient que Doctolib a un peu d'avance. Mais nous, on a vu un truc. On a fait une fonction supplémentaire qu'on n'a pas fait.
39:14 Ça va marcher. Nous, on travaille avec tel type de clinique. Et puis on va d'ailleurs très vite scaler les cliniques.
39:20 Bon, au final, sur ce marché un peu de la réservation, il y en a plutôt un qui a gagné. Sur le marché de Sann, je pense qu'on sera plusieurs
39:29 parce que le marché est beaucoup plus gros. Mais il y aura sans doute, oui, de la perte en ligne, comme on dit.
39:36 Et là, le coût pour obtenir un agrément Sann, au-delà, bien sûr, des fonds propres et ce genre de choses, vraiment là, ça coûte combien de monter un dossier ?
39:46 Alors en fait, si on résume en termes de monter le dossier, déjà, on fait une erreur stratégique qui est de penser que c'est un coup one shot et que derrière,
39:54 il n'y a pas des coûts récurrents. En fait, il y a le coup one shot, mais qui peut être relativement limité, notamment si on a déjà une équipe de conformité
40:00 en interne, comme c'est le cas chez Coin House. C'est peut-être 50 000, 100 000 €. On peut s'en sortir comme ça. Après, il y a le coût de la cybersécurité.
40:07 Bon, ça, c'est effectivement autre chose. Mais surtout, moi, j'ai envie de mettre l'accent sur les frais récurrents. Et en fait, pour être Sann agréé aujourd'hui
40:17 et demain pour être Sann agréé dans Mika, il faudra avoir en interne des spécialistes de la conformité, que ce soit de la conformité LCBFT,
40:27 de la conformité en cybersécurité et aussi de la conformité au sens plus large sur les questions de conflits d'intérêts notamment.
40:35 Et ça, en fait, il faut des profils qui sont assez seniors, expérimentés, favorablement connus des régulateurs. Et il faut qu'ils soient suffisamment nombreux
40:43 pour que ce soit cohérent avec le type d'activité qu'on a. Donc typiquement, un Sann qui fait du B2B et qui a 10 clients n'a pas les mêmes attentes
40:51 à ce niveau-là qu'un Sann qui est une plateforme d'échange internationale et qui a des centaines de milliers de clients.
40:56 Et le Sann, il y a beaucoup de clients, doit avoir – en tout cas, c'est l'attente du régulateur – un département conformité qui est d'une taille
41:04 à peu près cohérente avec son business model. Et quand on compare ça aux banques, les banques, en fait, je ne sais pas exactement quel est le pourcentage.
41:13 Mais je crois que c'est 20, 25% du personnel d'une banque qui fait de la conformité. Donc on devrait retrouver plus ou moins le même type de proportion
41:22 chez les Sann agréés demain. Et ça, ça a un coût. Et moi, j'ai calculé sur un comptable que le coût minimal pour devenir Sann agréé aujourd'hui par an,
41:31 c'est 500 000 € en comptant peut-être deux personnes à temps plein assez seniors, une ou deux un peu moins seniors, plus quelques prestataires externes,
41:40 plus les outils professionnels. Donc en fait, il faut trouver le chiffre d'affaires en face pour couvrir ce frais-là avant même de pouvoir imaginer
41:48 passer à ce type de statut. Voilà. — Mais donc en fait, on peut se dire que d'ici une grosse année et demie, en fait, les structures légères...
41:59 Enfin on ne pourra plus voir de structures légères se lancer dans la vente de crypto au public. — Ouais, au public, oui. En B2B, ce sera différent.
42:07 En B2B, il y aura toujours la possibilité de faire ça de manière beaucoup plus légère parce que les coûts de conformité seront beaucoup plus réduits.
42:14 Mais pour faire du B2C, un peu comme pour les banques. Il y a des banques en France, aujourd'hui, on a quoi ? 6 à 10, même en comptant les... Ouais, 6 à 10 à peu près.
42:27 — Est-ce que ça va pas freiner l'innovation ? Bien sûr que la régulation de qualité solide est importante. Mais est-ce que ça va pas freiner l'innovation ?
42:38 — Probablement. Là, pour le coup, je suis pas complètement d'accord. Je pense qu'en fait, il faut pas non plus imaginer qu'il est nécessaire d'être simple
42:47 pour gagner de l'argent. Et vous pouvez très bien fournir des solutions, fournir du logiciel, fournir des services, les vendre. Et quelque part,
43:03 dès lors que vos services sont particulièrement performants parce que vous êtes focalisés que sur ça, du coup, vous les demandez à des personnes
43:10 qui vont s'équiper. Aujourd'hui, dans l'écosystème fintech, gravitent autour des banques une énorme quantité de sociétés, de conseils,
43:19 mais également de sociétés technologiques qui vendent énormément de solutions. Donc je pense qu'il faut pas nécessairement vouloir viser
43:28 le service pour tout le monde de A à Z. Mais peut-être que les PSAN vont avoir un focus particulier sur les clients. Et il y a des choses
43:37 qui vont acheter sur étagère. Par exemple, aujourd'hui, on a nos bases en interne d'adresses qui sont blacklistées, qui représentent des risques.
43:49 Mais à ma connaissance, il n'y a personne qui a développé lui-même un outil d'analyse de chaîne qui sont des outils proposés par des sociétés
44:01 comme Scorechain en Europe, comme TRM, comme Chainalysis, Elliptic et autres, dont on doit s'équiper et qui nous permettent de tracer les adresses
44:12 et de vérifier s'il n'y a pas des risques associés à des transactions. Donc on utilise ces outils et ils nous coûtent relativement cher dans l'usage.
44:24 Donc je pense qu'il y a des business models qui vont aussi se développer où il y a des gens qui vont fournir de la technologie,
44:28 fournir des algorithmes, fournir des solutions de compte, par exemple, pour le côté financier, peuvent fournir des services de relations.
44:36 Par exemple, vous connaissez peut-être des boîtes comme Moitio ou autres qui vont fournir des outils de calcul sur les plus-values
44:43 et puis les déclarations qui doivent être faites – d'ailleurs, c'est le moment – sur les impôts. C'est des outils typiquement pour lesquels
44:53 nous, on ne va pas aller intégrer tous les systèmes fiscaux européens. Et à un moment ou à un autre, on devra de toute façon avoir des systèmes
45:02 d'interconnexion avec les administrations parce que ce sera demandé sans doute à un moment ou à un autre. On va utiliser sans doute une solution
45:09 pour pouvoir le faire. Donc je pense qu'il y a plein de business models qui vont se développer. Moi, je suis plutôt confiant, en fait.
45:16 C'est juste que le service pur, en effet, il y aura moins d'acteurs sur les services. Et encore aujourd'hui, par exemple, on est au tout début
45:27 de l'asset management. Il y a quelques acteurs. Bon, Forge en font partie. Mais on est vraiment encore au début parce qu'il y a des limitations
45:37 associées au security token. Il y a des limitations à la possibilité de mixer des cryptos avec des produits classiques d'assurance-vie
45:47 ou avec d'autres types de produits d'investissement pour en faire des produits vraiment intéressants. Mais le jour où ça commencera à se libérer
45:57 d'un point de vue réglementaire et vous allez avoir des gens qui vont s'intéresser à ça dans le monde de l'asset management, il y aura, je pense,
46:04 pas mal de développement de business models. Là où je rejoins pas trop non plus Victor, c'est sur les coûts associés à l'agrément.
46:13 Ils sont, à mon avis, bien supérieurs à ce que tu dis. – C'était un minimum. C'était un minimum.
46:18 – Encore, il dépend beaucoup des business models. Tu as dit, en effet, quand tu es B2B et que tu vises 100 clients, c'est certain que tu ne vas pas
46:25 avoir la même approche que si tu as plusieurs dizaines, centaines de milliers de clients où là, tu es obligé d'avoir des systèmes
46:33 qui tournent tout le temps, d'avoir des systèmes automatiques parce que tu ne peux pas gérer tous les systèmes manuellement.
46:41 Et vu la complexité, c'est... Mais je pense qu'on va se rapprocher de plus en plus du modèle bancaire traditionnel ou de la réglementation
46:49 financière traditionnelle. Et quand vous prenez une banque, déjà, il l'a dit, Victor, il y a peu de banques et c'est très difficile d'avoir
46:57 un agrément d'établissement de crédit. Là, pour le coup, la CPR vous demande 2 ou 3 ans minimum. Elle est extrêmement stricte sur les niveaux.
47:05 Je crois que l'une des dernières à l'avoir eue en France, c'est MemoBank, que vous connaissez, ça se trouve peut-être même pas.
47:11 Donc c'est des acteurs qui sont en plus... C'est pas évident derrière de réussir son business model. Donc je pense que ça va être difficile
47:19 d'avoir ce type d'agrément. Et même dans les niveaux inférieurs comme prestataire de services de paiement ou établissement de paiement,
47:26 c'est des choses qui sont compliquées. Ça demande plus d'une année. Ça demande beaucoup de fonds propres, beaucoup d'investissements.
47:31 Donc je pense qu'on va de toute façon aller vers des modèles qui sont de plus en plus compliqués, de plus en plus coûteux.
47:37 En revanche, il y aura des modèles, comme je l'ai précisé avant, qui permettront à certains acteurs d'être agents d'un établissement
47:44 et donc de pouvoir bénéficier d'une solution beaucoup plus light pour accéder au marché, développer son business, gagner de l'argent,
47:52 arriver à lever des fonds et ensuite gagner son indépendance, comme l'ont fait des sociétés comme Shine ou comme Conto, par exemple,
47:59 qui a plutôt une belle réussite dans les fintechs.
48:02 Merci beaucoup messieurs. Je crois qu'on est arrivé au bout de ce Twitter Space. C'était vraiment très intéressant.
48:11 Je pense qu'on a fait un tour assez complet. Lundi prochain, on parlera de l'écosystème Cosmos, donc dans un nouveau Twitter Space.
48:19 Messieurs, vous avez peut-être un avis dessus, qu'il soit positif ou négatif. Est-ce que c'est disponible chez CoinAxe, par exemple ?
48:25 Oui, tout à fait. On va lancer cette semaine un nouveau service de rendement. Vous aviez connu les livrets crypto qui ont malheureusement eu des difficultés en fin d'année.
48:38 On va sortir un nouveau produit qui sera valable également sur Cosmos.
48:44 D'ailleurs, à ce sujet-là, est-ce que le recouvrement des pertes liées à Genesys, ça avance bien ?
48:52 On a un process en cours avec les États-Unis et avec le groupe des créancés qui est plutôt très actif. Il y a plusieurs avocats.
49:08 On travaille avec deux groupes d'avocats. Moi, je suis plutôt très confiant. Déjà, il y a la quantité d'actifs disponibles chez Genesys
49:20 qui sont maintenant dévoilés et très importantes. Le niveau de recouvrement sera, je pense, élevé, mais il prendra du temps.
49:28 Ce sont les indications qu'on a aujourd'hui, très clairement.
49:32 C'est plutôt des bonnes nouvelles. Victor, un petit avis là-dessus ?
49:36 Sur les remboursements, comme dit Nicolas, je pense que c'est plutôt sur Cosmos qu'il a donné son avis.
49:43 Je prends les deux.
49:45 Sur Cosmos, je n'ai pas d'avis. Sur le recouvrement, dans ce genre de procédure, ça prend beaucoup de temps,
49:51 quel que soit le type de perte et quelles que soient les procédures en question.
49:56 En tout cas, on ne se doute pas.
49:58 Chez Lehman, les gens ont récupéré 100%. Ça a mis du temps, mais les gens ont récupéré 100%.
50:02 Ça mettra même FTX qu'on avait nous provisionné à zéro. On a des propositions aujourd'hui qui sont très supérieures,
50:12 d'acheter cash, la ligne. Je pense qu'il y aura un procès en fin d'année.
50:21 Il y a des actifs qui ont été retrouvés. Je pense qu'on récupérera sans doute, mais ça demandera beaucoup de temps.
50:27 On récupérera des fonds, très clairement.
50:29 Ça méritera un nouveau Twitter Space pour parler de tout ça.
50:32 T'es content de le savoir un peu plus ?
50:34 Merci beaucoup messieurs de nous être rendus disponibles pour un lundi de Pound Code.
50:37 Merci à tous.
50:38 On se retrouve très vite. Il y a eu un bug, l'entretien n'a pas été enregistré.
50:43 Par contre, je l'ai enregistré à côté sur mon ordi.
50:46 On pourra diffuser un fichier son à partir de demain.
50:49 Comme ça, personne ne perdra une miette des débats.
50:52 Génial.
50:54 Bonne soirée à tous.
50:55 Merci Grégory.
50:56 Bonne soirée à tous.
50:57 A bientôt.
50:58 Merci. Au revoir à tous.
50:59 Au revoir.
51:00 Merci d'avoir regardé cette vidéo !