Début 2020, les embrouilles entre les villes de Lucé et Mainvilliers ont fait deux morts en deux mois à côté de Chartres. Dans cet épisode de Rixes, StreetPress raconte l'engrenage mortel de cette guerre entre deux cités.
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00:00 On va devenir quoi ? Qu'est-ce qui va se passer ? Qu'est-ce qu'on va nous faire ? Que ce soit la police ou que ce soit les mecs de main-ventre, n'importe genre.
00:14 Qu'est-ce qui va nous arriver ? Le gars il est mort, il va vouloir tirer ou faire un truc. Une balle c'est une balle, un couteau c'est un couteau.
00:19 On a connu ces histoires de bandes rivales, des bagarres et compagnie, mais avec un degré de violence comme ça là, c'était du jamais vu en fait.
00:29 Il y en a un de ma fille qui est mort, ça veut dire qu'il y en a un de l'essai, et il doit mourir. Et c'est mon fils qui est mort aujourd'hui.
00:36 Je m'appelle Adam Akamara. Depuis ma sortie de prison en 2019, je me suis lancé dans un combat. Mettre fin au RICS.
00:52 Je le fais pour mon petit frère Sada, tué à coups de couteau en 2011. C'est mon vécu, mais je vais en faire quelque chose de bien, pour sauver mes petits frères.
01:02 Dans la saison 1 de RICS, j'ai parlé à des jeunes blessés et à des familles détruites dans ces guerres de cités.
01:11 Mais il me reste trop de questions sans réponse. Trop de familles n'ont pas honoré leur mort. Alors je repars sur la route pour comprendre l'engrenage des RICS.
01:21 Dans cet épisode, je vais vous parler de l'engrenage des RICS. Je suis à Chartres, une ville que je connais bien.
01:27 J'ai travaillé pendant un an ici dans des collèges et dans des quartiers pour essayer de calmer les tensions.
01:32 En 2020, deux jeunes ont été tués. Un mort en janvier et un autre en mars.
01:39 Deux quartiers rivaux se sont affrontés. Un match allé et un match retour. Ils s'appelaient Bakary et Mourad. Ils venaient de Lucé et de Mainvilliers. Deux petites villes populaires collées à Chartres.
01:58 Pour comprendre comment on a pu en arriver là, j'ai parlé avec la maman de Mourad, un des jeunes tués.
02:05 Avec Capitaine, un jeune impliqué dans les embrouilles qui a failli laisser sa vie.
02:09 Et avec Jafara, Mamadou et Oumou, des éducateurs des deux villes qui connaissent très bien les jeunes.
02:16 Ici, on est au Vieux Puy, le quartier de Lucé en guerre avec Mainvilliers. Capitaine a 17 ans. Il est arrivé dans la cité il y a 5 ans. Il a accepté de parler face caméra.
02:33 J'arrivais sur Lucé quand j'avais 12 ans. J'avais 14 ans. J'ai commencé à me battre.
02:42 Pourquoi tu te battais ?
02:44 Un jour, ils sont venus. Il y avait une mêlée. Ils nous ont sautés. Ils nous ont tapés. On était en groupe. Tu as capté ?
02:55 À partir de ce moment-là, je me suis dit que j'avais trop de cette joie. Je me suis dit qu'il fallait que je les retrouve.
03:01 Après, ils venaient. On repartait peut-être un ou deux jours après. Ils visent vers ça. En règle de rue, c'était toujours ça.
03:09 Ce que raconte Capitaine, c'est le quotidien de beaucoup de jeunes impliqués dans les RICS. Ils vivent avec la menace de se faire tabasser à tout moment.
03:22 C'est pour ça que ces dernières années, beaucoup achètent des couteaux, souvent des Opinel, faciles à trouver sur Internet.
03:27 Mais ces couteaux peuvent entraîner des drames. C'est ce qui s'est passé le 21 janvier 2020.
03:32 Deux groupes de Lucé et Mainvilliers se croisent dans le centre-ville de Chartres. Une bagarre éclate.
03:37 Et Bakary, 16 ans, un jeune de Mainvilliers, est tué. Son meurtrier, du quartier Edmi, a le même âge. Il lui a mis un coup de couteau.
03:46 Dans les deux villes, c'est l'onde de choc.
03:51 Moi, j'habite Mainvilliers. J'ai grandi dans Mainvilliers. Mais en soi, pour moi, on est pareil.
03:58 Je n'arrive pas à comprendre et à concevoir qu'on puisse arriver à un stade où carrément on arrive à s'entretuer.
04:07 Ça n'a aucun sens. Vraiment, aucun sens.
04:10 Est-ce que vous avez senti que les jeunes, malgré que vous avez organisé des groupes de parole, ils avaient envie de se venger ?
04:19 Je sais qu'il y a un jeune qui nous a fait en tout cas comprendre.
04:21 Oui, mais vous avez connu, vous, les violences de quartier, mais vous n'avez pas connu la mort en fait.
04:27 Ces jeunes qui s'entretuent, Djafara les connaît bien.
04:34 Ce grand du Vieux-Puy, du quartier de Lucé dans les Embrouilles, est éducateur et entraîneur de foot.
04:40 La plupart se sont croisés sous le même maillot.
04:44 Ils avaient tout petit, ils jouaient dans la même équipe, ils s'entraînaient ensemble, ils mangeaient ensemble.
04:50 Il y avait même des anniversaires des fois dans le club à Ousse ici.
04:54 Donc en fait, c'est une génération.
04:56 Elle était composée de la moitié des joueurs de main-vidier et la moitié de Lucé.
05:03 Mais c'était quoi la cassure alors ?
05:11 C'est là la question qu'on n'arrive pas à comprendre.
05:14 On n'arrive pas, on n'a pas cet élément-là.
05:17 Cette question du point de bascule, je l'ai posée à tous ceux à qui j'ai parlé.
05:22 Personne n'a vraiment de réponse.
05:24 C'est souvent le cas dans ces Embrouilles.
05:27 Les jeunes ne savent même plus pourquoi ils se battent.
05:29 La mort de Bakary a chamboulé deux quartiers.
05:32 Capitaine le connaissait.
05:34 Ils étaient tous les deux dans une bonne rivale.
05:37 Sa mort l'a marqué.
05:40 Je me dis que même si je n'étais pas dans les lieux, je suis touché dans toute l'histoire.
05:44 À tout moment, j'aurais pu être sur les lieux.
05:47 À tout moment, j'aurais pu participer à la bagarre.
05:49 Et à tout moment, c'est moi qui aurait pu donner du coup de grâce.
05:52 Le lendemain qu'on est allé à l'école, le directeur ne voulait plus qu'on aille à l'école.
05:57 A cause des représailles.
05:59 Il ne voulait plus qu'on aille à l'école.
06:01 Il nous regardait mal.
06:03 C'est stressant de ouf.
06:05 On était perturbés de baiser.
06:07 On était perturbés de malade.
06:09 On a rien demandé.
06:10 "Ouais, t'étais là et tout.
06:12 Est-ce que t'étais là ? Est-ce que t'as vu ? Est-ce que tu connaissais ?"
06:14 Tout le monde dit "ouais, bande de tueurs".
06:16 C'est chiant.
06:18 Il n'y a personne qui nous aimait à cause de ça.
06:20 Vous vous appelez bande de tueurs ?
06:22 J'ai vu des insultes en mode "ouais, c'est des assassins".
06:24 Leur groupe en mode "il ne faut pas aller là-bas".
06:26 Est-ce que vous avez eu peur de représailles ?
06:30 On avait chaud.
06:32 En tout cas, moi, personnellement, j'avais chaud.
06:34 On va devenir quoi ?
06:36 Qu'est-ce qui va se passer ?
06:38 C'était vraiment ça.
06:39 Que ce soit la police ou que ce soit les mecs de main.
06:42 N'importe.
06:44 Qu'est-ce qui va nous arriver ? Dans tous les sens du terme.
06:46 Quelle punition on va avoir ?
06:48 On n'est pas des surhommes.
06:51 Le gars, il est mort, il vient et il va vouloir tirer ou faire un truc.
06:54 Il les balle, c'est les balles.
06:56 Moi, en tout cas, je me suis dit que si on m'attrape,
06:59 à tout moment, ils vont se venger.
07:01 C'est fini pour moi.
07:07 Quelques semaines après la mort de Bakary,
07:08 Capitaine croise ses proches dans le centre-ville.
07:11 Les mecs de main-ville force Capitaine à les suivre dans le bus
07:14 jusqu'à leur quartier pour un tête-à-tête.
07:16 Une bagarre un contre un.
07:18 J'ai peur d'un côté, je suis excité.
07:21 J'ai vraiment peur parce que je me dis
07:23 je suis solo, ils vont me tuer.
07:25 Ils vont me tuer.
07:27 C'était vraiment ça.
07:29 Il est mort, le gars.
07:31 C'est fini pour moi.
07:33 Je suis allé, j'ai cassé mon tête.
07:36 Je remercie tous ceux qui m'ont passé pour moi.
07:37 Mais, je vois derrière moi, coup de pied qui part à la nuque.
07:42 Je tombe par terre, tout ça.
07:44 Et après, part à la mâchoire.
07:46 Et ils commencent à me rouler.
07:48 Ils commencent à me rouler, ils courrent et ils vont tous rouler de coups.
07:50 Tous, tous.
07:52 J'étais par terre.
07:54 Je pouvais rien faire en soi.
07:56 Ils allaient me lever, ils allaient me prendre.
07:58 Je ne sais pas avec quelle force,
08:00 je pense que c'est vraiment la peur qui a fait que je me suis levé.
08:02 J'en ai tapé deux, trois, pas, pas, pas.
08:05 J'étais à la jambe, j'étais blessé.
08:06 En fait, là, j'ai ramolli de la chance.
08:09 Mon nez était fermé, je crois.
08:12 La mâchoire était en sang, mes lèvres étaient conflits.
08:14 Je suis boité, j'avais couru.
08:16 Tu sais, quand tu as peur, tu ne sens même pas la douleur.
08:18 Tu cours seulement, tu cours.
08:20 Je rentre chez moi, ma dorenne, elle me voit comme ça.
08:23 Ah frère, hôpital direct, frère.
08:25 À un moment, je suis tombé par terre, j'étais trop.
08:27 J'étais trop, c'est dur.
08:29 J'étais à l'hôpital.
08:31 Mais malheureusement,
08:34 le poison de la vengeance ne s'est pas arrêté à Capitaine.
08:35 Le 24 mars 2020,
08:37 Mourad, un jeune de l'U.C.,
08:39 est lynché dans une petite rue calme,
08:41 à 300 mètres de chez lui.
08:43 Le procès n'a pas encore eu lieu.
08:45 On ne connaît pas tous les détails de l'affaire.
08:47 Le procureur de la République a annoncé
08:49 que sept jeunes ont été mis en examen.
08:51 Ils auraient déshabillé Mourad
08:53 avant de le laisser pour mort en pleine rue.
08:55 Bouchra, sa mère,
08:58 a déménagé de Paris à l'U.C. il y a 20 ans.
09:00 Elle rêvait d'un endroit plus calme,
09:03 pour élever ses enfants.
09:04 Tous les jours,
09:06 elle doit repasser sur les lieux
09:08 de la mort de son fils.
09:10 Ici, c'est l'endroit
09:12 où mon fils était allongé par terre.
09:14 C'est là où j'ai trouvé le jour
09:16 où ils l'ont tapé.
09:18 Je me souviens que je l'ai supplié à la police
09:20 pour que je puisse le voir.
09:22 Et le médecin aussi, mon fils,
09:24 ils ne m'ont pas laissé.
09:26 Parce qu'elle était tellement
09:28 à reconnaître,
09:30 qu'ils m'ont dit "Madame, non,
09:32 c'est pas bon pour moi".
09:33 Je ne l'ai pas vu
09:35 jusqu'à ce qu'il soit emmené à l'hôpital.
09:37 Qu'ils l'ont amené à l'hôpital.
09:39 Et ça te fait quoi de venir ici,
09:41 sur les lieux où malheureusement ton fils...
09:43 Ça fait très mal.
09:45 Et chaque fois que je passe d'ici,
09:47 je pense à lui
09:49 et je pense au soir
09:51 où il était...
09:53 Quand ils l'ont tapé,
09:56 quand il était allongé,
09:58 nu, avec un casque,
10:01 il faisait froid.
10:02 Mais malheureusement,
10:05 c'est la route qui le ramène
10:07 chez moi, de partout.
10:09 Donc tu es obligée de passer par ici.
10:11 Obligée de passer par là
10:13 et voir ce qui se passe à mon fils tous les jours.
10:15 Je vis avec ça tous les jours.
10:17 Je vois toujours mon fils allongé par terre.
10:20 Je vis avec ça tous les jours.
10:25 Je vis avec ça tous les jours.
10:26 C'est partie de moi qui est partie.
10:47 Je ne suis plus rien.
10:53 Sans lui, je ne suis plus rien.
10:54 J'avais trop d'espoir par rapport à lui.
11:03 Il avait trop de choses à faire.
11:06 Il voulait faire beaucoup de choses avec son père.
11:10 Mais malheureusement,
11:12 malheureusement, ils l'ont pris.
11:16 Est-ce que tu te poses des questions ?
11:18 Oui, je me pose des questions.
11:20 Si je n'habitais pas ici,
11:22 est-ce que ce sera la même chose ?
11:25 Est-ce que je vais perdre mon fils ?
11:27 Ou juste parce que j'habite dans un quartier ?
11:30 Oui, c'est la question que je me pose.
11:34 Est-ce que je vais perdre mon fils ?
11:38 Est-ce que je vais perdre mon fils ?
11:40 Est-ce que je vais perdre mon fils ?
11:42 Est-ce que je vais perdre mon fils ?
11:45 Est-ce que peut-être si mon fils restait maintenant, par exemple, dans un lycée,
11:49 dans le privé, est-ce qu'il serait mort d'aujourd'hui ?
11:55 Si je restais sur Paris, est-ce que mon fils serait mort aujourd'hui ?
11:59 En fait, le problème,
12:01 quand je dors la nuit,
12:03 c'est ça qui me fait plus mal.
12:06 Tellement que je n'arrive pas à trouver mes réponses.
12:09 La nuit, je vois tout.
12:11 Je vois que mon fils est allongé par terre.
12:15 Pourquoi ils ont fait ça ?
12:17 Deux morts en deux mois,
12:23 deux familles brisées.
12:25 Je me demande jusqu'où ça peut aller.
12:27 Est-ce que ces drames ont calmé les tensions ?
12:29 Personnellement, moi, je me disais à tous les coups que ça va continuer.
12:33 Franchement, j'avais trop peur de ça.
12:35 Je me disais, qui sera le prochain sur la liste ?
12:37 Tu te dis que ça va continuer, en fait.
12:39 Parce que s'il y a eu un mort, les jeunes n'ont pas compris.
12:43 Le deuxième mort, ils n'ont pas compris.
12:44 Parce que suite à ça, il y a eu d'autres bagarres,
12:46 d'autres agressions des deux camps.
12:49 Tu te dis que ça va, vas-y, ça va se faire, mais ça va arrêter.
12:51 C'est l'escalade.
12:53 Même l'État, il faut qu'il comprenne que
12:55 même quand c'est calme pendant deux, trois mois,
12:57 ce n'est pas fini.
12:59 Et à tout moment, ça peut déclencher.
13:03 Moi et mes potes, on a attendu la fin du confinement bien.
13:08 C'est après du temps.
13:11 On a attendu bien comme il fallait attendre.
13:13 On a bien attendu.
13:15 Quand on pouvait ressortir, on a commencé à se rebattre.
13:18 C'est là qu'on a commencé à...
13:20 Malgré les deux décès, ça ne vous a pas calmé ?
13:22 Au début, on s'est dit, vas-y, ce confinement, ça va nous calmer.
13:25 Le confinement, on a essayé de se calmer.
13:27 Mais quand on ressortait, on revoit des mecs, des mecs,
13:29 on ne pouvait pas.
13:31 Ce n'était pas possible.
13:33 Et eux-mêmes, en ce moment, ils ont fait ça.
13:36 Et après, est-ce que leur pote les est revenus ?
13:39 Ou est-ce que ça leur a fait un désassoulagé ?
13:41 Au contraire, ils vont penser à un truc, ils vont faire une dinguerie.
13:44 En faisant ça, il n'y a rien qui a changé.
13:46 Au contraire, ça a empiré les choses.
13:48 C'est le cycle infernal des embrouilles.
13:51 On pense trouver la paix dans la vengeance.
13:53 Les éducateurs des deux villes ont tenté d'enrayer la machine.
13:56 Des groupes de parents ont été montés.
13:58 Et surtout, des projets avec les jeunes des deux quartiers ont été réalisés.
14:02 J'ai même fait un clip de sensibilisation avec eux.
14:05 Avec un slogan, "Pensons aux conséquences".
14:08 Mon fils, lorsque tu sors de la maison, c'est moi qui m'inquiète.
14:16 Lorsque tu te bats, c'est moi que tu blesses.
14:22 Lorsque la police t'arrête, c'est moi que tu ménotes.
14:29 Lorsque la rue t'aura pris pour de bon.
14:34 En Dieu, je serai à jamais.
14:39 Pensons aux conséquences.
14:45 Pensez aussi aux conséquences.
14:51 Pensez aux conséquences.
14:56 Capitaine a joué dans ce clip.
14:58 Aujourd'hui, il n'est plus dans les embrouilles.
15:01 Mais la paix était difficile à obtenir.
15:04 Si eux veulent continuer, ils vont nous taper, vous allez vous défendre, vous allez vous venger.
15:10 Mais on ne peut pas arrêter une guerre.
15:14 J'attendais vraiment le moment où on décide d'arrêter.
15:18 Dès qu'on arrête, c'est vraiment à ce moment-là que j'ai décidé de me mettre en place.
15:23 Dès qu'on arrête, c'est vraiment à ce moment-là que j'ai décidé de partir voir les mecs, de voir s'il y a un problème avec eux.
15:28 C'était fini, je suis parti voir s'il y avait un problème avec moi.
15:33 Si quelqu'un me dit "on va casser la tête" ou si vous voulez me foudroyer, foudroyez-moi.
15:37 Mais au moins, je ne suis pas égoïste.
15:40 Je ne suis pas égoïste, je pense à ma famille.
15:43 Je pense vraiment à ça.
15:45 Même si je peux tenir, il n'y a rien à tenir.
15:48 J'ai dû prendre les instructions de grandir par moi-même.
15:52 En tant que garçon et en tant qu'homme aussi.
15:54 Après, j'ai décidé de partir de la maison parce que je voulais évoluer.
15:58 Si depuis longtemps, j'avais pensé aux familles, il y a longtemps, j'aurais arrêté.
16:03 On ne pensait même pas aux familles.
16:05 On se bagarrait comme si c'était la dernière fois qu'on se bagarrait dans notre vie.
16:08 C'est ça le fait qui est dommage.
16:10 Mais les jeunes, il faut qu'ils s'arrêtent.
16:15 Il faut qu'ils disent qu'il y a des familles qui souffrent.
16:20 Moi, Mourad, il est parti. J'ai l'impression que je suis morte.
16:23 J'ai mon fils qui est en train de grandir et j'ai peur.
16:28 Pourquoi tu as peur ?
16:30 Il va grandir dans le même quartier où son grand-frère a grandi.
16:34 Est-ce que vous avez pensé à déménager, partir ?
16:37 Oui.
16:39 Ce n'est pas parce que je ne voulais pas être là.
16:41 Mais pour mon fils, pour qu'il grandisse dans un autre environnement.
16:45 Avec les autres personnes.
16:49 Parce que je sais qu'il restera ici.
16:51 Je sais ce qui va se passer.
16:54 Je n'ai pas envie de ça.
16:56 Ni tuer, ni se faire tuer.
16:58 Je n'ai pas envie de ça.
17:00 J'ai envie de mon fils qui a grandi dans la paix.
17:02 Qu'il ne pense pas à se venger de son frère.
17:06 Qu'il ne pense pas à se venger de son frère.
17:08 Le jour où mon fils va grandir.
17:12 Le jour où mon fils va grandir.
17:16 Le jour où mon fils va grandir.
17:21 Le jour où mon fils va grandir.
17:25 Le jour où mon fils va grandir.
17:30 Le jour où mon fils va grandir.
17:35 Le jour où mon fils va grandir.
17:39 Le jour où mon fils va grandir.
17:44 [SILENCE]