Le 27 juin 2023, la mort à Nanterre du jeune Nahel lors d'un contrôle de Police a provoqué un embrasement général. Pendant six nuits consécutives, des épisodes de violence urbaine très intenses se sont succédé dans plus de 500 communes françaises. Au-delà des grandes métropoles, les émeutes ont touché des villes de taille beaucoup plus modestes, qui n'avaient jamais fait face à ce type d'événement.
Pour comprendre les mécanismes de ces violences et évaluer les traces qu'elles ont laissé, LCP a posé ses caméras dans deux villes. Montargis, sous-préfecture du Loiret , et Vaulx-en-Velin, commune de l'agglomération lyonnaise.
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NewsTranscription
00:00 27 juin 2023.
00:02 ...
00:05 La mort à Nanterre du jeune Nahel lors d'un contrôle de police
00:09 provoque dans toute la France
00:12 un embrasement d'une ampleur inédite.
00:16 Pendant six nuits consécutives,
00:18 des épisodes de violence urbaine
00:20 se succèdent dans les grandes métropoles,
00:23 mais aussi dans des villes qui n'avaient jamais
00:26 affronté de telles situations.
00:28 Ils sont policiers, commerçants, élus,
00:31 maires de familles, habitants des quartiers, magistrats.
00:34 Ils vivent à Vau-en-Velin, en banlieue de Lyon,
00:37 et à Montargis, dans le Loiret.
00:39 Trois mois après les émeutes,
00:42 dans ces deux villes de France,
00:44 nous avons rencontré celles et ceux qui étaient hier
00:47 en première ligne et qui dessinent aujourd'hui
00:50 la vie d'après.
00:51 ...
00:54 Musique intrigante
00:57 Elle est surnommée, avec un peu d'emphase,
00:59 la Venise du Gatinet.
01:01 Montargis, sous préfecture du Loiret,
01:04 a la réputation d'une cité tranquille.
01:07 A une heure et demie de Paris,
01:09 une ville étape, appréciée pour son centre historique
01:12 et ses canaux.
01:13 ...
01:16 Mais depuis quelques semaines,
01:18 une plaie béante défigure la carte postale.
01:21 Derrière ces barrières, au mois de juin encore,
01:25 se trouvait la grande pharmacie du centre,
01:27 une chocolaterie et une cordonnerie.
01:29 Mais au cours d'une nuit d'émeute,
01:32 ces commerces sont tous partis en fumée,
01:34 incendiés volontairement.
01:37 ...
01:39 -Plus rien.
01:40 ...
01:42 Tout est anéanti, tout est détruit.
01:44 12 ans de...
01:46 de travail, et voilà, quoi.
01:50 Plus rien.
01:51 -Patrick Vrier était le patron de la chocolaterie,
01:55 jamais il n'aurait imaginé de telles scènes possibles dans la vie.
01:59 ...
02:02 -C'était la façade, carrément, qui s'est écroulée.
02:05 ...
02:07 On se serait cru en temps de guerre, c'était impressionnant.
02:10 On n'en croyait pas nos yeux.
02:12 C'était une petite ville tranquille, calme.
02:15 On n'est pas dans les grosses villes...
02:17 Grosses villes comme Marseille, Bordeaux, etc.
02:20 On se demande ce qui nous tombe sur la tête.
02:22 C'est juste pas possible.
02:24 ...
02:27 -Ca vole les mannequins !
02:28 -La nuit de l'incendie,
02:30 le centre commerçant de la petite ville tranquille
02:33 est mis à sac par près de 250 émeutiers cagoulés.
02:37 Du jamais vu à Montargy, et pour les habitants, un traumatisme...
02:40 -C'est une crise qui se passe.
02:42 -...durable.
02:44 -Je n'ai jamais vu une émeute comme ça, nulle part,
02:48 de ma vie.
02:49 Pourtant, j'ai connu mes 68.
02:52 ...
02:54 Mais...
02:55 -C'est ce que tu veux dire. -Voir ça...
02:57 -C'est de la folie.
02:59 -C'est de la folie.
03:00 Il m'a fallu une semaine pour retrouver le calme et un peu de...
03:06 -Et puis cette rue, maintenant, elle est triste.
03:09 Vous regardez à droite, à gauche, tout est fermé,
03:12 c'est calpe-très.
03:14 -C'est ça. -C'est une terre astroche.
03:16 ...
03:18 -3 mois plus tard, la rue Doré, poumon commerçant de Montargy,
03:23 reste couverte de cicatrices.
03:25 Les sorties shopping du samedi n'y ont plus la même saveur.
03:29 Les impacts sur les vitrines, les palissades en bois
03:33 rappellent encore en permanence la violence de cette nuit-là.
03:37 Patrick Vrier ne sait pas s'il rouvrira un jour sa boutique.
03:41 En attendant, il est soutenu moralement
03:44 par les commerçants voisins.
03:46 Les émeutes sont encore dans les têtes.
03:48 -C'est ça, on va dire ça.
03:50 Pour l'instant, c'est pas possible de tourner la page
03:53 après une catastrophe comme ça, après 3 mois.
03:56 C'est impossible. On est dedans tous les jours.
03:59 C'est...
04:00 Et puis tout me le rappelle, tout le temps.
04:03 Tous les papiers, les fournisseurs, je suis dedans tous les jours.
04:07 -Avant, je ne fermais pas mes rideaux métalliques.
04:10 La porte est sécurisée, il y a le système d'alarme.
04:13 On se dit qu'il n'arrivera rien,
04:15 et pourtant, maintenant, tous les soirs,
04:17 j'ai pris le pli et l'habitude de fermer mes rideaux métalliques.
04:20 Parce que peut-être, peut-être, on sait pas,
04:23 ça peut recommencer, parce que peut-être encore
04:26 un policier va faire quelque chose, malheureusement,
04:29 accidentellement, que ça va encore partir en l'ail,
04:31 que ça va encore dégénérer.
04:33 -Je vous souhaite bon courage. -Merci.
04:35 -Merci de nous tenir au courant. -Avec plaisir, c'est gentil.
04:38 -Merci, à bientôt. Au revoir.
04:41 -80 commerces ont été attaqués à Montargis.
04:44 Sébastien Drapalat est le chef de la police municipale.
04:50 Il était positionné dans la rue Doré, le soir des émeutes.
04:53 -Cette boutique-là, c'est une boutique téléphonique,
04:56 qui avait été également pillée de tout son contenu,
04:59 ce que c'était de la téléphonie, et depuis, ça n'a pas réouvert.
05:02 Le magasin est resté en stand-by.
05:04 C'était rapide, avec de la mobilité, des choses rapides,
05:07 des téléphones à mettre dans les poches.
05:10 Après, ils ont essayé des bijouteries,
05:12 qui sont beaucoup plus sécurisées,
05:14 donc ils n'ont pas réussi à pénétrer dans les bijouteries.
05:17 -Au bout du métier, les policiers ont tenté de défendre
05:20 la rue commerçante, mais sans parvenir à éviter le saccage.
05:24 -Nous, on était une quinzaine, contre 100 à 150 individus.
05:29 Du coup, c'est vrai que dès qu'on essayait de progresser
05:32 pour repousser les individus, malheureusement,
05:34 pour notre sécurité, on devait reculer.
05:37 On essayait trop de tirs de mortier, de mobilier urbain,
05:40 donc on a à chaque fois reculé,
05:42 et on a essayé, la police nationale a utilisé plusieurs fois
05:46 des grenades lacrymogènes, les lanceurs de balles de défense,
05:49 mais on n'a pas pu les repousser,
05:51 étant donné le nombre d'individus.
05:53 Tous les véhicules qui étaient encore stationnés,
05:56 ils les ont retournés pour les incendiers,
05:58 pour faire des barrages, des poubelles,
06:00 donc tout ce qui est resté, les panneaux publicitaires,
06:03 tout a été incendié ou jeté vers les forces de l'ordre.
06:06 Des affrontements avec autant de personnes structurées
06:09 et avec une haine de telle ampleur, on n'a jamais connu ça.
06:13 J'ai jamais connu ça sur Montargis.
06:15 -Même que les policiers faisaient front à quelques rues de là,
06:18 le maire, lui, passait la nuit
06:20 au centre de vidéosurveillance de la ville.
06:23 -Monsieur le maire, bonjour. -Ca va ?
06:25 -Oui.
06:26 J'étais là avec le ministre du Préfet de Montargis,
06:29 un de mes adjoints et mon chef de cabinet,
06:31 puis on a assisté au désastre, au pillage de la ville.
06:35 Vous êtes comme ça,
06:38 vous êtes collé devant les écrans,
06:40 vous voyez des images, c'est quasiment irréel.
06:43 On ne se rend pas compte de ce qui se passe,
06:45 mais le temps que vous absorbiez ce choc,
06:48 il faut un certain temps.
06:49 -Ca, c'est toujours un coup. -J'attends.
06:52 -On ne peut pas être prêts face à un tsunami.
06:54 Personne n'est prêt face à ça.
06:56 Un tsunami ou un blitzkrieg, vous faites comme vous voulez,
07:00 mais c'est une guerre éclair.
07:01 C'est une vague qui est passée en 3 heures,
07:04 on ne peut pas supposer que ça puisse exister.
07:07 Maintenant, on le sait, mais c'est terrible.
07:09 C'est soudain, c'est pas attendu,
07:11 c'est qu'il y a des difficultés,
07:13 on les connaît, mais à mon avis, c'est pas lié à tout ça.
07:17 C'est lié à une vague, à un défouloir,
07:20 je vous ai dit, d'une jeunesse qui s'est lâchée,
07:24 mais emmenée par des leaders qui sont des gens négatifs.
07:29 -Effectivement, on voit que c'est quand même structuré, organisé.
07:32 Il y a eu des rassemblements via les réseaux sociaux
07:35 parce qu'ils sont arrivés tous en nombre,
07:38 à 150, 200 personnes, en même endroit, en centre-ville.
07:41 Donc on voit qu'il y a eu une organisation,
07:43 et ça a été structuré en amont.
07:45 -Les images de vidéosurveillance ont été transmises au parquet.
07:50 Certains émeutiers, interpellés en flagrant délit,
07:53 ont été jugés en comparution immédiate,
07:56 juste après les faits.
07:58 Ces audiences ont permis de mieux cerner leur profil,
08:02 leur organisation et leur motivation.
08:05 ...
08:07 Jean-Cédric Gault est le procureur de Montargis.
08:10 Il a vu les prévenus se succéder à la barre.
08:13 ...
08:15 -Les forces de l'ordre ont interpellé,
08:18 et nous avons pris des décisions pour 18 émeutiers.
08:21 Il y a, parmi ces 18 personnes,
08:24 10 mineurs et 8 majeurs.
08:25 Dans l'immense majorité de ces individus,
08:29 il n'y avait pas d'antécédents judiciaires.
08:31 Presque la quasi-totalité était simplement connue,
08:35 parfois des services de police qui les côtoient
08:38 ou des émeutiers de Montargis et de son agglomération.
08:41 A aucun moment, il n'y a eu d'évocation de Naël M,
08:45 à l'origine de ces émeutes.
08:47 A aucun moment, il n'y a eu, par exemple,
08:50 de tag revendicatif.
08:51 A aucun moment, aucune revendication
08:54 de nature politique, on pourrait dire, n'a été faite.
08:57 Il a été évoqué, eh bien, une présence opportuniste
09:01 ou un effet de groupe, peut-être du suivisme.
09:05 -Pas de message évident derrière ces actes.
09:08 Ils disent tout de même quelque chose sur Montargis.
09:11 -Ce qui m'est apparu de nouveau,
09:14 c'est la révélation, peut-être, du fossé qui s'élargissait
09:19 entre, eh bien, une partie de notre jeunesse
09:22 qui vit dans les quartiers difficiles.
09:24 Et vous observerez que le fait,
09:27 pour ces quartiers dits périphériques à la ville,
09:30 de venir dans le centre-ville, dans la principale rue commerçante,
09:33 c'était un acte symbolique, me semble-t-il,
09:36 de l'appréhension que j'en ai, de vengeance,
09:39 pour dire aux "centre-ville riches"
09:41 qu'il y avait des difficultés sociales
09:43 dans les quartiers périphériques.
09:46 -La Chaussée est l'un des quartiers périphériques de Montargis.
09:50 En bas des tours, nous rencontrons
09:53 des mères de famille isolées,
09:55 prises en charge par une association.
09:57 Alors que les habitants du centre-ville restent sidérées,
10:01 leur ressenti à elles n'est pas le même.
10:03 -Moi, perso, ça m'a pas surpris.
10:05 Tous les soirs, on entend des tirs de mortiers,
10:08 lundi, mardi, mercredi,
10:10 des crosses toutes les nuits, même à 9h le matin.
10:13 -On a des voitures brûlées régulièrement.
10:15 -Ma voiture ! Ma voiture !
10:18 Je me suis fait voler ma voiture et brûler dans les champs.
10:21 -Je pense aussi que les jeunes,
10:23 quand ils voient leurs parents aussi galérés,
10:26 alors qu'il y en a qui ont tout,
10:28 ça peut faire...
10:30 Ca peut énerver, ça peut... Voilà.
10:34 -Ca peut conduire.
10:35 Elle est pétée 2-3 vitrines la nuit pour prendre et revendre.
10:39 C'est ça qui s'est passé.
10:40 -Vous voyez que le copain à l'école a eu un scooter
10:43 et que vous, vous n'arrivez même pas à avoir un vélo
10:46 pour venir à l'école.
10:48 J'excuse pas, mais je dis qu'à un moment,
10:50 quand on est enfant, même ado, on se dit que c'est pas juste.
10:54 -J'ai un enfant de 14 ans qui est très difficile
10:56 et j'ai eu peur...
10:58 Je les ai surveillés, je les ai maintenus à la maison.
11:01 Il faut pas lâcher la garde, il faut être très vigilant
11:04 par rapport à... Il y a quand même une violence qui augmente.
11:07 -60 % des mineurs interpellés lors des émeutes
11:11 sont issus de familles monoparentales.
11:14 Dans ces quartiers, difficile parfois pour les mères seules
11:17 de maintenir leurs enfants à l'écart des violences.
11:20 -Ils sont curieux, donc le danger, ça leur fait pas peur,
11:23 ils sont pas conscients.
11:24 Ils vont peut-être le faire s'ils sont en groupe.
11:27 C'est ça, on a peur, des fois.
11:29 -C'est pas en bande qu'ils s'entraînent à faire des choses.
11:32 -Je pense pas que nous, parents, on ait la main mise sur tout.
11:36 Je dis tout ce qui est bien à ma fille,
11:38 mais je suis pas à l'abri qu'elle décide de faire tout l'inverse,
11:41 parce qu'elle aura envie d'essayer.
11:44 -C'est difficile, aux mamans, d'être au travail le matin,
11:47 de surveiller les enfants, de rentrer tard le soir,
11:50 les enfants, s'ils sont pas là, d'aller les rechercher.
11:53 Donc je pense que la responsabilité familiale,
11:56 certes, ça peut exister,
11:58 mais c'est pas une généralité.
11:59 ...
12:02 -Entre les mises en garde des parents,
12:04 la tentation d'aller voir ce qui se passe
12:07 et les vidéos circulant sur leurs écrans,
12:09 les adolescents des quartiers de Montargis
12:12 ont été bouleversés par la spirale des événements.
12:15 ...
12:18 -Je le voyais sur les réseaux.
12:20 Sur Snapchat, sur Instagram, partout.
12:24 J'y suis même passée sur BFMTV.
12:26 -Certaines villes, c'était en mode "Qui cassera le plus ?"
12:29 -Exactement. Et c'était même plus par rapport à la mort de...
12:32 -Ouais. -Et carrément,
12:34 je sortais de la rue avec ma mère,
12:36 et j'entendais des gens, ils disaient
12:38 "Rassemblez les mortiers", tout ça,
12:40 parce qu'ils allaient faire ça le soir même.
12:42 J'entendais parler de ça.
12:44 Et quand, par hasard, après, on a vu sur les réseaux...
12:47 Je vais pas me balancer où, on me laisse chasser.
12:50 -On nous voit comme ça, on fait tout ça,
12:52 alors qu'on est pas tous comme ça.
12:54 -On est pas tous comme ça.
12:56 -Ca donne une mauvaise image de la ville
12:59 et des jeunes de la ville aussi.
13:01 -Ca crée des stéréotypes. -Exactement.
13:03 -C'est quoi, ces stéréotypes ?
13:05 -Les jeunes des quartiers, ils sont tous comme ça,
13:08 à cause de certaines personnes.
13:10 Ils disent qu'il faut une généralité
13:12 avec tous les jeunes des quartiers.
13:14 -Encorçonnés, la ville tente, pas à pas,
13:21 de retrouver sa vie d'avant.
13:23 Musique douce
13:25 ...
13:27 Aujourd'hui, le maire rend visite au gérant d'un bar tabac,
13:31 qui vient de recevoir une bonne nouvelle.
13:34 ...
13:38 -Bonjour. -Bonjour, monsieur le maire.
13:40 -Ca va ? -Ca va, et vous ?
13:42 -On a eu le... -L'arrêté ?
13:44 -On a eu l'arrêté hier soir de l'expert,
13:46 mais y a aucun problème, vous pouvez rouvrir.
13:48 -OK, merci. -Vous aurez la communication
13:51 avec le maire, mais il est arrivé à 9h hier soir,
13:54 et on a l'expert judiciaire à valider.
13:56 -Merci beaucoup à vous. -C'est repris ?
13:58 -Oui. -Vous avez eu la livraison de tabac ?
14:01 -Mercredi matin.
14:02 -C'est une belle journée.
14:03 Franchement, ça fait plaisir.
14:05 Ca fait plaisir.
14:06 -Et pour vous, de voir un commerçant,
14:08 il irait où ? -C'est une victoire.
14:10 Je suis content pour lui, surtout,
14:12 parce que c'est 3 mois qu'il tire la langue.
14:14 Il a plus de revenus, plus rien.
14:16 -Le quotidien du maire reste accaparé
14:19 par les suites de la nuit des mottes.
14:21 -On n'a pas été améliorés.
14:22 -Je passe 5 à 6 heures par jour.
14:24 Les gens ne se rendent pas compte du travail que ça donne
14:27 au maire, à la mairie.
14:29 Les services sont sous tension.
14:31 C'est les assurances, les experts, les avocats,
14:33 les assurés aussi, les gens de la ville,
14:36 faire en sorte que les vitrines soient remises en service normalement.
14:40 Travaillez bien et remplacez la caisse.
14:42 C'est ce qu'il faut.
14:44 -Aidez les commerces à rouvrir,
14:47 c'est la priorité de Benoît Dijon.
14:50 Mais il a une autre obsession.
14:52 -On va mettre du bleu dans la ville, de l'autorité,
14:55 du bleu, des policiers.
14:56 Il nous manque une trentaine d'effectifs
14:58 à la police nationale.
15:00 Il faut que ces effectifs soient retrouvés.
15:02 M. Darmanin n'y coupera pas.
15:04 Même s'il nous annonce 10 policiers qui arrivent,
15:07 il y en a 10 qui s'en vont.
15:08 Pour nous, l'opération, elle est blanche actuellement.
15:11 Musique rythmée
15:13 -Des moyens de police en réponse à une réalité nouvelle.
15:17 Les flambées de violence peuvent désormais frapper
15:20 tout le territoire français.
15:22 Comme Montargis, de très nombreuses villes
15:25 petites et moyennes ont été touchées par les émeutes.
15:29 De façon plus attendue,
15:31 les zones périphériques des grandes métropoles
15:34 se sont aussi enflammées.
15:35 Musique douce
15:37 Dans l'agglomération lyonnaise,
15:39 il y a une ville dont l'image est depuis longtemps associée
15:43 aux affrontements urbains, Vaux-en-Velin.
15:45 Tout le contraire de Montargis.
15:47 Ici, cette réalité est ancrée depuis plusieurs générations.
15:51 C'est à Vaux-en-Velin que la France a connu
15:53 sa première grande série d'émeutes,
15:55 en 1990.
15:58 Musique douce
16:00 -Des dizaines de jeunes se sont affrontés
16:02 très violemment avec des policiers.
16:04 Tout a démarré après la mort d'un jeune motard.
16:07 -Le pilote d'une Honda 1000 cm3 perd le contrôle de sa moto.
16:10 En sens inverse, arrive une voiture de police.
16:13 Le passager de la moto sans casque, Thomas Claudiot, 21 ans,
16:17 est décédé durant son transfert à l'hôpital.
16:20 21h30, hier soir, les jeunes se rassemblent,
16:23 rodéo, jette-pierre, ils brûlent leur première voiture.
16:26 -Ces combats se poursuivent.
16:28 Une odeur de gaz lacrymogène plane sur la ville.
16:31 Elle entame sa 3e nuit chaude.
16:33 -J'ai peur. J'ai des enfants.
16:34 Je voudrais pas que ça recommence.
16:36 J'ai jamais vu ça de ma vie.
16:38 Musique douce
16:40 -Jafar Grench est un militant associatif
16:43 qui est dans le quartier sensible du Mas du Taureau.
16:45 C'est là qu'avaient débuté les émeutes de 1990.
16:50 ...
16:53 -J'avais 5 ans, donc j'ai pas trop de souvenirs.
16:55 Les seuls souvenirs que je garde de ces événements-là, en 90,
16:59 c'est un soir, on rentrait avec mon père,
17:02 et en rentrant, je vois la place du Mas du Taureau,
17:06 qui est un peu plus haut,
17:07 qui est complètement barricadée
17:10 ou remplie de cars de CRS.
17:13 -33 ans plus tard, Vaud-en-Velin s'est à nouveau embrasé.
17:17 ...
17:21 Ici, presque pas de pillages comme à Montargis,
17:24 mais des scènes de violence proches
17:26 de la guérilla urbaine avec la police.
17:28 La question des relations avec les forces de l'ordre
17:31 semble ici beaucoup plus prégnante.
17:34 ...
17:37 -Comment ça va ?
17:38 -Jaffar Grench et les membres de son association
17:41 dialoguent au quotidien avec les jeunes du Mas du Taureau.
17:45 Avec eux, ils essaient de comprendre les mécanismes
17:49 à l'origine des tensions avec la police.
17:51 -Ca va être grand pas.
17:53 -Si on vous pose la question, vous avez vécu comment
17:56 les derniers événements ?
17:57 Tu trouves normal que ça arrête à Vaud ?
18:00 -Ouais, c'est normal. -Ouais, je trouve ça normal.
18:03 Je trouve ça normal, parce que c'est inadmissible,
18:06 ce qui s'est passé à Paris.
18:08 C'est quelque chose d'or du commun.
18:10 -Le fait que Naël ait été...
18:12 -Le fait que le policier tire sur Naël à bon portant.
18:15 -Ca aurait pu arriver à tout le monde.
18:18 -Parce que je me suis dit, il a 17 ans,
18:20 ça aurait pu être nous, ça aurait pu être moi, lui, lui.
18:24 Ca aurait pu être n'importe qui qui est d'ici.
18:28 -J'étais pour les émeutes, parce qu'entre la police ici,
18:31 qui nous fait des bavures à chaque fois qu'ils nous voient,
18:35 qui nous insultent, qui se moquent de nous,
18:37 entre ça et entre la mort de Naël,
18:41 moi, j'ai trouvé qu'ils méritaient.
18:43 -On en a souvent parlé de ça, quand ils disent "four",
18:46 c'est... entre parenthèses,
18:48 c'est compréhensible que ça peut être mérité,
18:50 que certaines personnes pensent que c'est mérité,
18:53 que ce révolte, parce que comme on l'a dit tout à l'heure,
18:56 on pense tous pareil, du fait que du moment
18:59 où ils ont le même uniforme et ils font la même...
19:02 Ils ont les mêmes services, les mêmes pratiques,
19:05 ils sont tous dans le même lot.
19:07 -En vrai, peut-être que lui aussi, il te voit comme tous dans le même sac.
19:11 -Pourquoi ? J'ai pas d'uniforme, moi. Je viens de la banlieue.
19:14 Peut-être que je peux identifier tous les jeunes de banlieue
19:17 comme étant les jeunes qui vont être un peu compliqués.
19:20 -La relation avec l'institution, elle est pas stable.
19:23 Du coup, faut la recréer. -Quand vous dites "institution"...
19:27 -Ca peut être l'institution état, l'institution police,
19:30 l'institution ville, tout ça. -Police, police, faudrait renouer.
19:33 Après, il s'est passé trop de trucs, donc...
19:36 -Et... -Ca va être compliqué.
19:38 -Ca va être compliqué des deux côtés, du coup.
19:41 -Oui, des deux côtés, c'est sûr.
19:43 ...
19:46 -DQS, PSG 43, s'il vous plaît.
19:48 ...
19:49 -Côté force de l'ordre, les émeutes de Jouin
19:52 ont aussi laissé des traces et accentué un malaise.
19:55 -C'est dans cette branche.
19:56 ...
19:58 -Nous sommes avec la compagnie départementale
20:01 d'intervention de la police nationale.
20:04 Ce sont 16 hommes qui ont directement affronté les émeutiers
20:07 dans l'agglomération lionnaise.
20:09 Pour nous en parler, ils nous emmèlent
20:11 sur le plateau des Minguettes, commune de Vénissieux.
20:14 ...
20:16 -C'est une zone un petit peu sensible, forcément,
20:19 où, pour travailler, il y a certaines précautions à prendre.
20:22 Donc, du manière générale, quand on arrive ce soir-là,
20:25 le tram est bloqué juste en face de nous,
20:28 par les émeutiers, et on est accueillis
20:30 avec un ensemble de jets de projectiles.
20:33 ...
20:39 On s'est aperçus qu'ils étaient de plus en plus nombreux,
20:42 qu'ils cherchaient à créer une espèce de front face à nous,
20:45 et ils tentaient de nous contourner.
20:47 Donc, ça a été pendant presque une heure et demie,
20:50 quasiment deux heures,
20:51 beaucoup de moyens pyrotechniques, quasiment non-stop,
20:54 mais pas loin, énormément, énormément de feux d'artifice,
20:58 de mortiers.
20:59 ...
21:04 -Vous ressentez de la haine à votre rencontre ?
21:07 -Bien sûr, oui, clairement.
21:09 L'objectif est de casser du flic, pour certains, oui, on le sait.
21:13 Sur ce genre d'événement,
21:15 on entend énormément d'insultes,
21:17 d'insultes, de menaces de mort et autres.
21:19 Après, voilà, le dialogue est quand même assez restreint.
21:22 Une fois que la situation est dégradée à ce point-là,
21:25 il y a quand même assez peu de dialogue.
21:28 -Un constat s'impose, c'est aujourd'hui l'impasse
21:31 entre les policiers et certains habitants des quartiers.
21:35 -Je suis tout enterré.
21:36 -Il y a le terrain qui a été un petit peu,
21:38 on va dire, au niveau des banlieues,
21:41 qui a été un peu perdu, mais pour plein de raisons.
21:43 C'est pas forcément en lien aux interventions
21:46 des forces de l'ordre, mais on n'arrive plus à discuter.
21:49 Donc, c'est difficile. La mentalité des jeunes a changé.
21:52 Donc, c'est pas forcément évident.
21:54 Je pense qu'avant, il y avait tout un tas de...
21:57 Au niveau social, il y avait des éducateurs
21:59 qui faisaient aussi le lien entre la police et la population
22:03 dans les cités.
22:04 Nous aussi, on avait des services spécifiques
22:06 d'îlotage qui allaient au contact.
22:08 Et petit à petit, on n'a plus eu ces services.
22:11 Peut-être qu'au niveau social, il y a eu moins d'éducateurs,
22:14 ce qui a fait que, en fait, l'écart, le fossé s'est creusé
22:18 petit à petit entre la population, une partie de la population,
22:21 et les policiers.
22:22 Musique douce
22:24 -Comment installer un dialogue durable et constructif
22:27 entre la police et les habitants des cités ?
22:30 ...
22:32 A Vaud-en-Velin, Jaffar Grange et Abdallah Slimani
22:35 travaillent sur cette question depuis des années.
22:37 Ils avaient lancé en 2019 un projet baptisé "Policyté",
22:42 qui proposait des moments de rencontre.
22:44 ...
22:47 -Je me souviens de la première rencontre qu'il y avait eue.
22:50 C'était magique, tu vois.
22:52 Tu voyais des jeunes avec des policiers,
22:54 tout le monde autour de la table.
22:57 Et puis, des gens qui disaient...
22:59 "Bah ouais, on voyait pas le truc comme ça,
23:01 on voyait pas votre métier comme ça."
23:03 -Au début, on a eu des accès qui nous ont été facilités
23:06 par la préfecture, etc.,
23:08 pour aller discuter avec les commissariats,
23:11 pour aller discuter avec les collèges,
23:13 où là, on avait une marge de manoeuvre
23:15 pour vraiment mettre en place des actions.
23:17 Et puis, après, du jour au lendemain,
23:19 ça a été beaucoup plus difficile.
23:21 La fonction publique, c'est comme ça.
23:23 On peut avoir une préfète ou un préfet
23:26 qui est là, qui est là, qui est là, qui est là,
23:28 qui est là, qui est là, qui est là, qui est là, qui est là,
23:31 qui est là, qui est là, qui est là, qui est là, qui est là, qui est là.
23:35 Et après, on aura un nouveau préfet, qui, lui, est moins
23:37 sur cette ligne-là de dialogue entre les forces de l'ordre
23:40 et les jeunes ou même les habitants plus largement.
23:43 -Pour penser la relation avec la police, une autre piste est évoquée.
23:47 Une convention citoyenne sur la sécurité, sur le modèle de celle
23:50 déjà lancée par l'Elysée sur l'environnement et la fin de vie.
23:54 -Il y a un problème, et dedans, il y a la formation,
23:57 les pratiques policières, les moyens policiers,
24:01 la place, justement, des habitants dans cette construction
24:05 des politiques, la place des syndicats aussi.
24:08 Musique douce
24:10 -Vau-en-Velin est depuis des années un laboratoire
24:13 des réflexions politiques sur les quartiers populaires.
24:16 C'est en réaction aux émeutes du "Mas du Taureau" de 1990
24:20 que la France s'était dotée d'un ministère de la ville.
24:24 La socialiste Hélène Geoffroy a occupé le poste de secrétaire d'Etat
24:28 sous le mandat de François Hollande.
24:31 Elle est aujourd'hui maire de Vau-en-Velin
24:33 et fait une proposition, la création d'un parquet anti-émeute.
24:38 -De même qu'on a des parquets spécialisés
24:42 sur les questions financières ou les questions liées aux attentats,
24:46 pour recréer un lien de confiance.
24:48 Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
24:50 Lorsque vous interrogez les plus jeunes,
24:53 vous voyez que la police, quoi qu'elle fasse,
24:55 a une forme d'impunité.
24:57 Elle peut faire ce qu'elle veut et on ne saura jamais la vérité.
25:00 Des policiers disent qu'on est en première ligne,
25:03 on défend quand il y a des émeutes, on est parfois en danger.
25:06 Il n'y a pas de reconnaissance de la nation.
25:09 Au milieu, une IGPN, qui ne peut pas remplir tous les rôles,
25:12 puisque c'est le contrôle de la police.
25:14 Il faut trouver la 3e personne
25:16 qui sorte de ce regard entre les jeunes et la police.
25:19 C'est l'autorité judiciaire qui peut avoir ce regard.
25:23 -Augmenter les effectifs de police,
25:27 créer un nouveau cadre juridique,
25:29 favoriser les rencontres entre policiers et population,
25:33 à Montargy et Vaud-en-Velin,
25:35 des idées et des propositions sont sur la table.
25:38 L'enjeu, empêcher que demain, une nouvelle étincelle
25:42 ne provoque encore un embrasement général.
25:45 Musique douce
25:47 ...