Affaires Didier Raoult : pour la ministre de la Recherche, ce n'est plus un "grand scientifique" au vu de ses "pratiques déviantes"
Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, était l'invitée de franceinfo le 1er juin 2023.
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00:00 - Où serais-je à la rentrée ? C'est la question du jour pour tous les lycéens de Terminal.
00:03 Ils connaîtront ce soir les premières réponses à leur vœu d'orientation admis sur liste d'attente
00:08 ou alors refusé, c'est le fameux triptyque de Parcoursup.
00:11 Bonjour Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
00:15 On sait que c'est toujours un moment particulier pour les futurs étudiants et aussi pour leur famille.
00:19 Qu'est-ce que vous dites à ceux qui sont en train de se ronger les ongles en attendant le verdict qui doit tomber à partir de 19h ?
00:25 - Oui, c'est un moment particulier, c'est une période particulière et justement c'est un message d'accompagnement, d'être rassurant.
00:33 De rappeler que Parcoursup derrière, il y a beaucoup de personnes qui sont là pour accompagner,
00:38 qui se mobilisent aussi bien dans les lycées mais aussi l'équipe Parcoursup.
00:42 Dans les lycées, il y aura un accompagnement, une présence particulière justement au début de cette période.
00:48 Une période qu'on a voulu plus courte puisque cette phase principale va se terminer au 7 juillet.
00:53 - Au lieu du 14, une semaine plus tôt. - Exactement, au lieu du 14 juillet.
00:56 Une semaine au niveau de l'été pour préparer la rentrée et puis dans ces circonstances-là, c'est important.
01:01 Je voudrais rappeler par exemple qu'en 2018, quand ça a démarré, cette période de phase principale était de 108 jours.
01:08 Aujourd'hui, elle est de 37 jours et on essaye d'avoir ce processus continu et dynamique
01:13 justement pour réduire la période de stress que l'on connaît.
01:16 - Est-ce que toutes les réponses tombent à 19h pile ou est-ce que c'est au compte-gouttes ?
01:20 - Alors en fait, chaque étudiant, chaque élève et leur famille aura une réponse sur toutes leurs voeux ce soir à partir de 19h.
01:28 - Sur l'ensemble des jusqu'à 10 voeux qu'ils ont pu faire ?
01:30 - Voilà, mais comme vous l'avez dit, il y a trois types de réponses.
01:34 - Alors on va essayer de détailler si vous voulez bien d'être le plus concret possible.
01:37 D'abord pour ceux qui auront, les veinards, plusieurs réponses positives tout à l'heure, qu'est-ce qu'il faut faire ?
01:42 - Alors pour ceux qui ont plusieurs réponses positives, ils auront une indication pour répondre.
01:47 Ils devront choisir un choix de filière parmi ces réponses positives.
01:52 - Ils ont combien de temps pour répondre ?
01:53 - Donc la durée de réponse est indiquée dans leur dossier précisément.
01:57 En règle générale, les mises à jour sont faites le matin.
02:01 Tous les matins, il y aura ensuite des mises à jour.
02:03 Quand ils ont les réponses positives, ils ont en général 48 heures pour répondre à leur choix de filière pour l'année prochaine.
02:11 - Ensuite, on ne peut plus changer d'avis ?
02:12 - Alors là, sur les réponses positives, on ne pourra plus changer d'avis.
02:17 Mais ils ont des réponses, le deuxième cas de figure, en attente.
02:20 Et là, ils peuvent choisir une réponse positive parmi les positives.
02:25 Et en même temps, garder les réponses en attente, les filières dans lesquelles ils sont en liste d'attente.
02:30 - Et là, il faudra trancher à quel moment ?
02:32 - Alors sur les filières en liste d'attente, c'est là que tous les matins, les réponses sont mises à jour suivant l'évolution des listes d'attente.
02:39 - C'est à 7h du matin, c'est là qu'il faut frénétiquement rafraîchir la page.
02:42 - Je pense qu'ils ont toute la journée et ils peuvent prévoir jusquement.
02:46 - Mais en fait, quand eux ont une réponse qui change dans leur dossier, ils sont avertis par un mail et par un SMS.
02:53 Donc tous les jours, oui, on leur conseille d'être attentif pendant cette période, tous les jours.
02:58 Mais ils sont avertis à chaque fois qu'une nouvelle réponse arrive sur leur dossier.
03:02 - Pour ceux et celles qui n'auront que des noms ce soir, ni liste d'attente, ni admis, qu'est-ce qui se passe ?
03:07 - Alors d'abord, je voudrais préciser que c'est assez rare parce que ceux qui n'auront que des noms,
03:13 ça veut dire qu'ils n'ont choisi que des filières sélectives, puisque le nom est uniquement fait pour les filières sélectives.
03:19 Sinon, vous êtes obligatoirement en liste d'attente.
03:22 À ce moment-là, pour ceux qui n'auraient que des noms ce soir, ils vont être très vite, dès lundi prochain, contactés.
03:29 On va les appeler. Ils recevront un mail.
03:31 Ils seront appelés afin de préparer la phase complémentaire qui démarra le 15 juin, dans laquelle ils pourront faire 10 nouveaux vœux.
03:39 Et donc, ils vont avoir une période de préparation pour choisir à nouveau, dans la phase complémentaire, leurs vœux.
03:45 - Sylvie Retailleau, depuis sa mise en place en 2018, Parcoursup est régulièrement critiqué pour son côté un peu supplice chinois,
03:51 avec des procédures parfois complexes, puisqu'il faut choisir à la base entre 20 000 formations, faire des vœux, des sous-vœux également.
03:57 Comment améliorer le système ?
03:59 - Alors, c'est clair. Quand vous avez cette offre, vous l'avez rappelé, de 21 000 formations,
04:04 c'est-à-dire que tout étudiant, n'importe où en France, a la visibilité, la connaissance, l'information sur toutes les formations en France.
04:11 Donc, on le voit, ça induit une complexité.
04:14 Deux choses, peut-être, déjà, que l'on a fait aussi cette année, mais c'est une amélioration continue Parcoursup.
04:19 La première, c'est au moment des choix. On a voulu cette année améliorer la clarté et la transparence,
04:26 en particulier la transparence sur les critères d'examen des vœux.
04:29 Donc, cette année, pour chacune des formations, il y a une fiche obligatoire qui donne les critères d'examen des vœux.
04:35 Et la deuxième chose, c'est réduire la période de stress. On vient de le dire, on a réduit exactement le temps.
04:41 - L'autre critique qui est faite, c'est que Parcoursup a abouti à une forme de sélection déguisée par l'algorithme. C'est bien le cas ?
04:46 - Non. Pour moi, ce n'est pas le cas. Parcoursup, c'est une plateforme.
04:51 - À partir du moment où il y a davantage de demandes que de places à l'université ou ailleurs...
04:55 - Mais ce n'est pas Parcoursup, ça. Parcoursup...
04:57 - Pourquoi ne pas dire que ça s'appelle de la sélection ?
04:59 - Alors, deux choses. Premièrement, là, on parle de Parcoursup, on parle d'un outil d'aide à la gestion des places,
05:05 de présentation de la formation, etc.
05:08 Ensuite, effectivement, il y a des formations sélectives, des formations non sélectives,
05:12 et le nombre de places mises en place par rapport à la demande, ça, c'est l'offre.
05:17 Mais Parcoursup, on en a fait un totem par rapport à cette problématique de nombre de places,
05:22 mais je crois qu'il faut voir aujourd'hui Parcoursup comme une aide pour rentrer dans l'enseignement supérieur et de la gestion des places.
05:29 - Sylvie Retailleau, vous êtes également ministre de la Recherche.
05:31 Il y a quelques jours, 16 sociétés savantes et des scientifiques de renom ont dénoncé les pratiques de Didier Raoult,
05:36 l'ancien patron de l'IHU Méditerranée de Marseille, soupçonné d'avoir mené un essai clinique sauvage pendant deux ans
05:43 en administrant de l'hydroxychloroquine à 30 000 patients qui avaient le Covid.
05:47 Quelle est la position de la ministre ?
05:49 - Alors la position de la ministre, et je associerai le ministre de la Santé, François Braune, ensemble on est très clair,
05:56 puisque en septembre 2022, suite à une enquête faite par l'Inspection Générale et Ligas aussi,
06:02 nous avons d'une part démis Didier Raoult de ses fonctions de directeur de cet institut hospitalier universitaire,
06:09 il n'est plus aujourd'hui directeur, et déposé deux articles 40, saisit le procureur de la République.
06:14 - Article 40, c'est l'obligation de signement au parquet.
06:16 Est-ce qu'il a fait prendre des risques à ses patients ?
06:18 - Alors aujourd'hui, prendre des risques à ses patients, quand on ne suit pas, quand on a des pratiques déviantes,
06:24 quand on ne suit pas les protocoles, qui sont des protocoles de sécurité pour les patients,
06:28 sur des essais cliniques, sur des essais thérapeutiques et l'utilisation de médicaments, oui on prend des risques.
06:34 - Est-ce que vous diriez, comme Emmanuel Macron l'avait fait lorsqu'il lui a rendu visite en plein cœur de l'épidémie, qu'il est un grand scientifique ?
06:39 - Alors je rappelle que Didier Raoult a eu le grand prix de l'Inserm en 2010.
06:43 - Il est toujours un grand scientifique ?
06:45 - Il est, dans le sens où il a été un grand scientifique.
06:49 Je pense que Didier Raoult, depuis quelques temps, on l'a vu dans les rapports de l'inspection générale,
06:54 il y a eu des problématiques de management, de harcèlement moral,
06:58 et d'essais cliniques avec des pratiques effectivement déviantes, non correctes.
07:03 Et je pense que ça c'est grave et qu'à ce moment-là, il est difficile de continuer à l'appeler grand scientifique,
07:08 quand on a ces pratiques aujourd'hui.
07:10 au ministre de l'Enseignement.