Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, est l'invitée d'Eric Delvaux et Carine Bécard. Elle évoque la précarisation grandissante des étudiants en France. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end/l-invite-du-week-end-du-samedi-01-avril-2023-7079587
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00:00 - Les questions à présent sur la précarité des étudiants, les conséquences sur leur santé mentale.
00:05 On va en parler avec vous ce matin, la ministre de l'Enseignement supérieur et de l'Art recherche.
00:09 Bonjour Sylvie Retailleau. - Bonjour.
00:11 - Désormais les associations d'aide alimentaire, jamais elles n'ont eu autant de demandes de la part des étudiants.
00:19 Est-ce qu'à votre ministère vous avez des statistiques précises sur cette précarisation des étudiants ?
00:25 - Alors cette précarisation des étudiants, effectivement après le Covid, on a enchaîné sur cette crise avec l'inflation.
00:34 Donc on l'a vu, on l'a constaté, on travaille avec ces banques alimentaires,
00:39 on travaille au ministère et ainsi qu'avec le ministère des Solidarités, avec Jean-Christophe Combes.
00:44 Non seulement on y est allé, mais surtout on a débloqué une enveloppe de 10 millions d'euros d'urgence cette année
00:50 pour accompagner aussi ces associations, ces banques alimentaires qui jouent un rôle complémentaire à l'État.
00:56 Donc ces banques alimentaires et associations, ils sont souvent financées une partie État,
01:01 une partie avec des entreprises ou des dons de nourriture et une partie par des dons directs.
01:07 Et c'est important d'avoir cette complémentarité pour aussi mailler le territoire,
01:12 puisqu'on va sûrement parler des actions que l'État fait à travers effectivement non seulement les bourses et les CRUSS,
01:18 mais sur le constat, on essaye de travailler avec les différents acteurs.
01:23 Nous ne sommes pas partout présents sur le territoire, il y a des campus et donc on travaille avec
01:29 et on regarde aussi d'autres systèmes qui permettent de faire accéder aux étudiants,
01:35 non seulement à la nourriture, mais aux produits d'hygiène, la première ministre a lancé récemment.
01:40 - Donc vous trouvez que c'est normal que certaines associations soient là pour pallier certains manques ?
01:45 - Vous avez les Restos du Coeur, malheureusement depuis longtemps,
01:48 donc évidemment toutes ces associations, que ce soit les Restos du Coeur,
01:51 qui ne sont pas, je dirais, ciblés aux mêmes populations, mais qui existent depuis longtemps,
01:56 tout le monde, vous, moi, on aimerait qu'ils arrêtent parce que ça serait un signe.
02:00 C'est la même chose pour les associations.
02:02 - Vous dites là que finalement cette complémentarité entre l'État et les associations,
02:06 pour les jeunes, ces jeunes qui sont de plus en plus nombreux à être précaires,
02:10 finalement cette complémentarité elle est normale.
02:12 - Vous l'acceptez ? - Je dis qu'elle est utile.
02:13 Je n'ai jamais dit qu'elle était normale et acceptée, là vous interprétez si je ne puis pas me permettre,
02:19 mais qu'elle est utile aujourd'hui et que c'est pour ça qu'on travaille avec eux,
02:23 c'est pour ça qu'on a débloqué ces aides d'urgence et c'est pour ça qu'aujourd'hui,
02:27 et avec eux, mais aussi avec d'autres systèmes.
02:30 Je vous donne un exemple très concret.
02:31 Il y a des campus avec moins de 100 étudiants qui n'ont pas de CRUSS,
02:35 les CRUSS sont les restaurants universitaires pour aller faire la restauration.
02:39 Eh bien aujourd'hui, on a développé des conventions ou en tout cas des partenariats
02:44 avec des hôpitaux, des collectivités, des entreprises,
02:48 pour donner accès à ces étudiants au même prix que les tarifs sociaux au CRUSS,
02:53 c'est-à-dire un tarif de 3,30 euros de repas pour tous les étudiants.
02:57 Et on parlera sûrement du tarif à 1 euro pour les étudiants précaires.
03:01 - On va en parler de tout ça. Sylvie Retailleau, vous avez évoqué le Covid, les cours en distanciel,
03:04 et puis il y a eu la hausse des prix de la consommation, puis les grèves.
03:09 Diriez-vous qu'il s'agit d'une promotion d'étudiants sacrifiés ?
03:12 - C'est une promotion de jeunes, pas que d'étudiants,
03:15 puisque les étudiants sont une grosse partie des jeunes de la jeunesse,
03:18 mais c'est une qui a pris cher.
03:20 C'est une jeunesse qui a pris cher parce que quand on est confiné et qu'on a 20 ans,
03:26 je dirais qu'à 20 ans, la vie sociale est très importante.
03:29 Elle est importante pour nous tous, mais pour les jeunes, très importante.
03:32 Et c'est vrai que ce manque de présentiel, de pouvoir sortir, de pouvoir avoir cette vie sociale,
03:39 ça a été très dur pour les jeunes et ça a eu un impact, vous l'avez dit,
03:43 sur la santé mentale qui est forte actuellement.
03:46 - Avec cette contestation qui s'est exprimée,
03:49 notamment les grèves dans les campus, blocages avec différents mots d'ordre,
03:55 pas seulement la réforme des retraites,
03:57 y a-t-il des facs ou des écoles supérieures encore perturbées aujourd'hui par cette contestation ?
04:02 - Alors, il y a quelques facs, campus,
04:07 parce qu'il y a eu différentes façons de perturbation, ou aussi de manifestation.
04:12 Je voudrais d'abord rappeler que l'université, les facultés qui sont une composante de l'université,
04:16 il y a eu des écoles, voilà.
04:18 C'est un lieu aussi d'émancipation pour la jeunesse.
04:21 C'est un lieu où on a l'habitude de débattre, d'échanger les idées.
04:25 Et donc, il y a eu des assemblées générales qui se sont placées dans le calme
04:29 parce que la majorité des jeunes sont responsables, non violents.
04:32 Et donc, ces campus qui ont eu ces zones de manifestation, d'échange,
04:37 je dirais que si les jeunes n'exprimaient plus leurs pensées,
04:43 pour moi, ça serait très inquiétant pour la démocratie de notre pays.
04:45 - Donc, vous présentez les choses très politiquement, mais très concrètement maintenant,
04:48 combien de campus et d'universités sont encore bloquées aujourd'hui ou mobilisées ?
04:51 - C'est compliqué de donner parce que vous savez, campus, université, il y a des facs.
04:54 Ce que je voulais dire, c'est qu'il y a eu ces manifestations-là, ponctuelles, évolutives.
04:58 Donc, donner un chiffre, c'est quelques dizaines sur 200 à peu près, écoles, universités,
05:03 qui ont subi ou qui ont, pas ce que subit, parce que parfois positivement ont eu,
05:07 ces types de manifestations.
05:09 D'autre part, il y a eu des blocages, que j'appelle des blocages,
05:12 c'est-à-dire le droit de grève, le droit d'échanger, le droit de débattre, oui.
05:17 Le droit de blocage, non.
05:19 Pas le droit de blocage, quand on utiliserait le vieillardage,
05:22 je dirais, la liberté des uns s'arrête là où celle des autres commence.
05:26 - Donc, quand c'est débloqué, vous allez débloquer, il y a des évacuations comme ça,
05:28 c'est passé à Bordeaux ? - Alors, on l'a vu dernièrement,
05:30 exactement, on l'a vu hier matin, tôt, à Bordeaux.
05:34 C'est-à-dire qu'il y a des blocages, des blocages qui empêchent l'accès aux autres d'étudiants
05:39 ou accès à un bâtiment, et surtout avec des dégradations.
05:42 Quand vous regardez les locaux, le résultat des locaux de Bordeaux qui sont dégradés,
05:46 il y a pratiquement six mois de travaux à faire qui vont empêcher les étudiants d'aller travailler.
05:51 - Et il y a d'autres opérations d'évacuation prévues, là, ou pas ?
05:53 - À ma connaissance, non, pas actuellement, parce que je vous dis, c'est pas non plus un grand nombre.
05:57 Mais en général, les opérations d'évacuation, c'est quand il y a vraiment blocage,
06:03 avec dégradation, avec des actes de vandalisme.
06:05 Je voudrais vraiment saluer la gestion des présidents d'écoles et d'universités
06:09 qui, avec les préfets, gèrent de façon... avec beaucoup de dialogue, initialement,
06:14 ces problématiques-là quand elles se passent.
06:16 - À propos d'universités de Bordeaux, Eric Ciotti dénonce des "saccages" qu'il attribue, je cite,
06:22 à des "nervis de l'extrême gauche".
06:25 Savez-vous qui sont les gens qui sont venus faire blocage ?
06:28 - Alors, quand il y a ces blocages dans les quelques endroits, on en a...
06:32 Il y a quelques étudiants, mais effectivement, il y a des gens extérieurs à l'université.
06:37 Il n'y a pas que les étudiants qui sont dans le bâtiment en train de bloquer.
06:42 Et donc, on le sait, on n'a pas identifié,
06:45 on n'a pas une identification aussi forte que dans d'autres manifestations,
06:48 mais il y a des gens extérieurs qui viennent bloquer.
06:51 Je voudrais signaler qu'à Bordeaux, le bâtiment qui était bloqué
06:54 était bloqué par 40 personnes qui ont été évacuées hier matin,
06:58 par rapport à une université qui a plusieurs dizaines de milliers d'étudiants, autour de 50 000.
07:03 - Alors, avant le recours, pardonnez-moi, au 49-3 sur la réforme des retraites,
07:09 il y en avait très peu des étudiants qu'on voyait dans les cortèges.
07:11 Mardi dernier, il y a quatre jours, il y en avait beaucoup plus.
07:15 Il y avait beaucoup moins de manifestants, mais beaucoup plus d'étudiants.
07:17 Vous leur dites quoi à ces jeunes qui s'opposent,
07:20 qui se mobilisent contre le gouvernement ? Vous leur dites quoi aujourd'hui ?
07:23 - Alors, je pense que ce que moi, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
07:28 et je suis là pour le dire, c'est vraiment de continuer par rapport à leur vie d'étudiante,
07:33 par rapport à justement ce que la jeunesse et donc les étudiants attendent,
07:38 c'est un dialogue, c'est reconstituer une confiance, une confiance en politique,
07:43 dans la politique, non seulement par rapport aux actes, mais par rapport aussi aux décisions.
07:48 Donc, faire de la politique, c'est concerter, c'est dialoguer,
07:51 mais à la fin, c'est prendre des décisions aussi.
07:53 Et cette confiance aux décisions, cette confiance au dialogue,
07:57 c'est là où ces concertations qu'on a menées et les réformes,
08:01 je dirais, les annonces qu'on a faites récemment,
08:05 contribuent aussi à introduire avec eux ce dialogue de concertation.
08:09 - Mais ça vous choque ?
08:10 - Une méthode finalement, sur lesquelles les jeunes sont très demandeurs de ce dialogue,
08:15 de débattre et de suivre quelque chose que l'on a établi ensemble,
08:20 et finalement d'avoir le résultat, un résultat, quel qu'il soit par la décision,
08:25 mais qui correspond à un agenda qu'on a établi ensemble.
08:28 - Mais ça vous choque, Sylvaire Ottaio,
08:29 que des étudiants qui sont encore si jeunes se mobilisent déjà pour leur retraite ?
08:33 - Alors, vous l'avez dit tout à l'heure d'ailleurs,
08:35 ce n'est pas tellement pour la retraite que les étudiants se mobilisent.
08:39 Les jeunes n'ont pas été dans la rue pour la retraite aujourd'hui.
08:43 Si, pardon de vous contredire, des jeunes sont allés dans la rue pour la retraite,
08:46 on les a vus et la contestation va, pour les jeunes, bien au-delà de la simple réforme de la retraite.
08:51 - Je me permettais de reprendre ce qui avait été dit juste avant,
08:54 parce que vous dites les jeunes, oui, mais pas énormément avant le 49-3,
09:00 c'est ce que vous disiez, les jeunes étaient moins descendus,
09:03 ce n'est pas noir ou blanc, oui ou non, mais si on fait une analyse,
09:07 et je pense que les jeunes étaient moins descendus quand ils s'agissaient,
09:11 je dirais, presque uniquement du sujet retraite,
09:13 et ce dont vous me parlez n'est pas que le sujet retraite,
09:16 c'est le sujet précarité et vous avez dit le sujet 49-3.
09:19 Donc on voit que les jeunes savent, et quand vous en parlez avec eux,
09:23 ils se disent de toute façon, moi à la retraite, je risque de cotiser et de ne pas en profiter.
09:27 Donc c'est ça aussi qu'on entend des jeunes.
09:29 - Et c'est donc dans ce contexte de grogne généralisée, Sylvie Retailleau,
09:32 que vous avez annoncé cette semaine quelques-unes des mesures de votre réforme du système de bourse pour les étudiants.
09:39 On va la détailler.
09:40 Juste encore un mot à propos du timing.
09:42 Est-ce que ces annonces n'ont pas été précipitées, justement,
09:45 par le contexte de blocus des campus et de la grogne chez les jeunes ?
09:50 - Alors, merci de prendre cette question parce qu'elle est fondamentale.
09:54 Si, vous le savez en tant que journaliste, vous écoutez ma conférence de presse de septembre,
09:59 si vous regardez ce qu'on a fait le 7 octobre,
10:01 on a lancé une concertation avec les organisations représentatives étudiantes,
10:06 et dans cette concertation sur la vie étudiante et en particulier la réforme des bourses,
10:10 j'ai donné un agenda depuis septembre-octobre.
10:13 Cet agenda, il disait qu'en mars, nous allions annoncer la première étape
10:19 pour une mise en œuvre à la rentrée 2023 de cette réforme des bourses.
10:23 Et qu'est-ce que nous avons fait ?
10:24 La plateforme qui donne accès aux demandes de bourse doit s'ouvrir,
10:28 et chaque année s'ouvre le 15 janvier,
10:30 et en novembre, nous l'avons décalé au 15 mars.
10:34 Donc vous voyez que cet agenda, il était prévu depuis longue date,
10:37 et au niveau du 15 mars, là, il y avait urgence de rentrer le nouveau modèle sur la plateforme,
10:43 et les derniers jours, les dernières semaines,
10:45 nous avions encore le choix entre deux, trois modèles, scénario d'évolution,
10:50 et nous avons décidé, il y avait urgence d'ouvrir l'accessibilité à la plateforme.
10:54 Mais l'annonce de votre conférence de presse a été un peu précipitée quand même,
10:56 parce qu'en début de semaine, on ne savait même pas que vous feriez effectivement mercredi toutes ces annonces.
10:59 Tout à fait, parce que l'arbitrage du modèle qui avait,
11:02 entre un modèle, je ne vais pas rentrer dans les détails,
11:04 mais qu'on a discuté aussi avec les organisations représentatives étudiantes,
11:08 linéaire, et un modèle qu'on gardait,
11:11 puisqu'on n'a pas refait le modèle,
11:13 eh bien a été arbitré pratiquement la veille.
11:16 Et donc comme on a eu un arbitrage final,
11:18 il nous a semblé important par rapport à l'ouverture de la plateforme,
11:21 de se dépêcher et d'annoncer par rapport à l'ouverture de la plateforme.
11:25 - Eh bien allons dans le fond du sujet. - Qui s'il y avait deux jours avant, normalement.
11:27 - Le fond du sujet pour cette réforme des bourses,
11:30 c'est que vous allez élargir l'assiette des bénéficiaires des bourses étudiantes,
11:34 accessibles à la rentrée aux familles aussi de classe moyenne.
11:39 Selon quels critères ?
11:41 - Alors, le critère, c'est le critère sociaux.
11:43 Ce sont des bourses sur critères sociaux.
11:46 Donc en fait, on a... - Donc le revenu des parents ?
11:48 - Les revenus des parents.
11:49 Le modèle aujourd'hui, là, ne change pas.
11:51 On l'a annoncé depuis le début.
11:53 Pour refaire un modèle, il faut du temps pour le réimplanter.
11:56 Et donc ce qui est prévu, c'est une deuxième phase de concertation
11:59 qu'on va réouvrir dans deux, trois semaines.
12:01 Et le nouveau modèle va être défini avant l'été
12:05 pour ensuite pouvoir être implanté pour la rentrée 2024
12:08 ou au plus tard la rentrée 2025.
12:10 - Parce que la précarité des étudiants,
12:12 ça ne concerne pas simplement que les boursiers.
12:14 Cette précarité, elle va bien au-delà des boursiers.
12:16 - Vous avez raison.
12:18 Et c'est pour ça qu'on a pris d'autres mesures,
12:20 que l'on prend d'autres mesures.
12:22 Une des mesures que l'on a annoncées,
12:24 c'est la pérennisation du repas à un euro pour les boursiers
12:28 et les étudiants précaires.
12:30 Mesure que ce gouvernement a mis en place en période de crise,
12:33 au moment de la période du Covid.
12:35 Et donc nous avions mis en place, et je l'avais prolongée pour cette année,
12:39 à la fois pour les boursiers et pour les précaires.
12:41 - Des repas à un euro, à partir de quand on peut en bénéficier ?
12:44 À partir de quand sommes-nous précaires ?
12:46 - Alors, il n'y a pas à partir de quand sommes-nous précaires.
12:49 On est précaires.
12:50 Et le message à donner aux étudiants,
12:52 si vous avez besoin du repas à un euro parce que vous êtes en difficulté,
12:56 vous adressez au CRUS.
12:58 Et vous vous adressez au CRUS,
13:00 dans lequel, les CRUS, il y a des gens dont c'est le métier,
13:03 ce sont les assistants et les assistantes sociales.
13:05 Et donc il y a des critères, comme toutes les prestations sociales,
13:08 et ensuite il y a la situation humaine de l'étudiant.
13:11 Et nos assistants et assistantes sociales, dont c'est le métier,
13:14 savent juger.
13:15 Et je voudrais rajouter qu'il n'y a pas que le repas à un euro
13:18 que l'on peut proposer pour aider et faire bénéficier.
13:21 Il y a aussi des aides au CRUS,
13:23 soit ponctuelles pour aider à un moment de difficulté de l'étudiant,
13:27 soit des aides annuelles.
13:28 - C'est des aides financières ?
13:30 - Oui, des aides financières.
13:31 Et les aides annuelles peuvent être une aide financière
13:34 qui correspond, pour toute l'année,
13:36 au niveau le plus haut des bourses,
13:37 ce qu'on appelle l'échelon 7 des bourses.
13:39 Et donc des étudiants, et de nombreux étudiants,
13:43 sont aidés au CRUS avec des aides financières,
13:46 en plus du repas à un euro.
13:48 Donc les étudiants doivent aller s'adresser au CRUS
13:51 quand ils en ont besoin.
13:52 - Alors donnez-nous un regard un peu plus large sur tout votre plan.
13:57 Vous avez mis 500 millions d'euros sur la table.
14:00 Qu'est-ce que ça va changer concrètement pour les étudiants ?
14:03 - Alors, les 500 millions d'euros, il y a une grosse partie,
14:06 c'est donc cette première étape pour les bourses,
14:09 dans laquelle, premièrement, on veut aider plus d'étudiants.
14:12 Parce que, comme vous le dites, il y a les étudiants boursiers
14:14 et il y en a d'autres.
14:16 Plus d'étudiants, on va faire rentrer 35 000 étudiants nouveaux,
14:20 étudiants boursiers, au niveau des bourses cette année.
14:22 - Il y en a 720 000 aujourd'hui ?
14:24 - Sur les 700 000 à peu près, oui, d'étudiants.
14:26 Donc on fait rentrer 35 000 nouveaux
14:28 et on fait bouger d'un échelon à l'autre,
14:31 c'est-à-dire une bourse supérieure, 140 000 étudiants
14:34 qui vont bénéficier d'une bourse supérieure
14:37 par rapport à ce qu'ils auraient été si on n'avait pas fait.
14:39 - Ce sont les 37 euros de plus ?
14:41 - Alors non, ça, les 37 euros de plus,
14:44 c'est pour tous les boursiers, au minimum.
14:47 Et j'y reviendrai.
14:48 Là, ce qu'on appelle, on fait bouger le barème,
14:50 on fait bouger les règles, justement,
14:52 les critères qui font qu'on est boursier ou pas.
14:54 Et ce critère que l'on a fait bouger pour être boursier
14:57 permet d'intégrer plus d'étudiants boursiers
15:00 et de faire monter les échelons.
15:03 - Et ces 37 euros supplémentaires pour chaque étudiant par mois,
15:08 vous estimez que c'est suffisant pour combler l'inflation
15:10 que les étudiants prennent en pleine figure
15:12 quand ils n'ont pas d'argent ?
15:13 - Alors c'est une très bonne question
15:14 puisque cette inflation, elle a été revue là,
15:17 mais même quand elle était autour de 6%,
15:19 même si là, elle est à 5,4%.
15:21 Et ce qui est important aussi pour les étudiants,
15:23 leur premier poste de dépôt, c'est le logement et l'alimentaire.
15:25 Vous l'avez dit.
15:26 Et l'alimentaire, on sait que l'inflation,
15:29 c'est plutôt autour de 15%.
15:31 Et la réhaussement des bourses au global, c'est 20%.
15:34 C'est une augmentation historique.
15:36 Et si on a fait une moyenne de 20%,
15:39 le budget augmente de 20%,
15:41 c'est parce qu'on connaît cette inflation aujourd'hui
15:43 que subissent les étudiants
15:45 et que l'on a cet intérêt particulier.
15:47 Je voudrais préciser quand même que justement, aider mieux,
15:50 aider mieux, le 37 euros ne sort pas d'un chapeau,
15:54 c'est que l'échelon le plus haut,
15:56 l'échelon 7 qui est à peu près 600 euros,
15:58 qui n'est pas loin du RSA.
15:59 Donc à un moment donné, on n'est jamais petit ou grand,
16:01 vous le savez, c'est toujours par rapport à quelque chose.
16:04 Et donc on a pris ce échelon le plus haut,
16:06 on a impacté de l'inflation de 6,2 moyenne
16:10 et ça donnait 37 euros qu'on a répercuté sur tous les étudiants.
16:13 - Il nous reste très peu de temps.
16:14 - Mais Sylvie Retailleau, 37 euros pour payer son loyer,
16:17 c'est rien de supplémentaire, on est d'accord quand même.
16:19 - Mais c'est un repas à 0 euros pendant un mois.
16:21 C'est ça, 37 euros pour les étudiants.
16:23 - Mais les logements dans les plus grandes villes de France
16:24 sont excessivement chers pour les étudiants.
16:27 Or, le CROUS n'a que 175 000 logements à proposer.
16:31 Donc 37 euros, c'est quand même...
16:32 Enfin c'est très bien, mais c'est pas assez.
16:33 - Alors déjà, 37 euros, c'est le minimum pour tous les étudiants.
16:37 Ce que je vous ai dit tout à l'heure avec 140 000 étudiants
16:39 qui changent d'échelon, ça veut dire qu'ils augmentent
16:41 de 66 euros au minimum à 127 euros.
16:44 Donc il y aura des étudiants qui vont avoir une augmentation de 127 euros.
16:48 Le 37 est en minimum.
16:49 - Je vous presse, Séguretaire, parce que vraiment le temps presse.
16:52 Et il y a d'autres sujets.
16:53 Un mot sur les critiques aussi sur l'insalubrité des locaux dans les CROUS.
16:59 Que faites-vous au ministère ?
17:00 - Alors sur les logements CROUS, déjà, il y a un grand plan de rénovation
17:03 puisqu'il en reste peu qui ne sont pas rénovés aujourd'hui.
17:06 Mais c'est encore trop parce que les logements du CROUS avaient vraiment besoin.
17:11 Et donc on a un plan pour finaliser les logements.
17:13 Et on met l'argent sur la table, là, et le CROUS est en train de les finaliser.
17:16 Donc ce plan de rénovation va se terminer, va continuer, donc c'est clair.
17:20 Et les logements étudiants CROUS, il y en a peu,
17:23 mais on a aussi un plan de regarder comment en créer de nouveaux.
17:26 - Parcoursup ?
17:27 - Alors voilà, il reste vraiment très peu de temps.
17:30 On a appris cette semaine que l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur,
17:33 votre prédécesseur Frédéric Vidal, n'avait finalement pas diligenté d'enquête
17:38 sur l'islamo-gauchisme rampant dans les universités françaises.
17:41 À l'époque, elle avait suivi les propos qui avaient été tenus
17:43 par son collègue à l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer,
17:46 qui en avait fait, lui, une de ses grandes batailles.
17:48 Pourquoi est-ce que le ministère de l'Enseignement supérieur
17:51 a mis autant de temps, deux ans, pour révéler que jamais aucune enquête
17:55 n'avait été lancée dans les universités sur ce sujet ?
17:58 - Alors pour dire, parce que je sais que c'est un sujet qui vous passionne,
18:01 mais comme vous le dites aujourd'hui tout à fait, il n'y a pas d'enquête.
18:05 Donc quand on nous l'a demandé, quand ça a été saisi par les demandes,
18:08 on a répondu au niveau de ce ministère.
18:11 La direction des affaires juridiques a fait une réponse précise.
18:14 Et comme il n'y a pas d'enquête, vous comprendrez que je ne peux pas dérouler
18:16 ce qui n'existe pas. - Mais ça, il a fallu deux ans pour tout ça ?
18:19 - Il n'a pas fallu deux ans. On a répondu quand on nous l'a demandé,
18:21 s'il y avait enquête ou pas, puisque ça fait partie de l'enquête.
18:24 Et comme il n'y a pas d'enquête, donc de choses probantes et argumentées,
18:28 je ne développerai pas ce sujet.
18:29 - On aurait dû parler aussi de parcours sup' des étudiants étrangers.
18:33 Le temps est passé très vite. - Je reviendrai.
18:35 - Avec plaisir. Nous reviendrons avec vous parler de ce parcours sup' notamment.
18:39 Merci beaucoup d'être venu ce matin, Sylvie Retailleau,
18:42 ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.