LES JEUDIS DE TRETS -THEATRE Un soir au bar de la marine - 1Juin2023

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Transcript
00:00 "Musique de l'ambiance"
00:23 ...
00:43 ...
00:53 - Eh bonjour !
00:55 - Alors, tu te reposes ma belle ?
00:58 - Oui, je reste un peu au frais en attendant les clients.
01:00 - Ah, tu avais raison.
01:02 Le soleil est le dieu du jour.
01:04 Mais cachez-lui ce frais visage,
01:07 car il pourrait brûler dans son ardeur sauvage
01:09 les douces roses de l'amour.
01:11 - Bravo, bravo, Paris !
01:13 Bien envoyé, ça, vous savez !
01:15 - Eh oui, mon cher, filer le madrigal, c'est ma spécialité.
01:17 Les dames sont friandes.
01:19 Rien de tel que quatre verres.
01:21 - C'est vous qui les avez faits ?
01:23 - Je t'en irai, oui, si j'étais batteur.
01:25 Et puis, si j'étais pas sûr que tu le vois sur un pot de pommade
01:28 qui est dans la vitrine du bureau de tabac
01:30 qui fait langue dans la rue, vite compris.
01:32 D'ailleurs, tout le mérite de l'île de Boésie,
01:35 c'est d'être bien placé dans la conversation.
01:37 Marius, deux amisettes.
01:40 - Il y en a une pour moi.
01:42 - Et pour qui serait-elle ?
01:44 C'est bien.
01:46 Alors, j'espère que tu as bien réfléchi
01:49 à ce que nous avons dit l'autre jour.
01:51 Et si tu me disais oui, j'irais voir ta maman tout de suite, tu vois.
01:54 - Panis, je vous ai demandé quelques jours.
01:57 - Et tu as raison, tu as raison.
01:59 Il n'est pas mauvais de faire attendre.
02:01 En oui, il me fera tout autant plus plaisir.
02:04 - Dites, Panis, combien vous en avez d'ouvrières ?
02:08 - Ah, 23.
02:10 Oui, et puis alors j'en cherche trois de plus
02:12 parce que j'ai eu de grosses commandes pour la Malaisie.
02:14 Ah, c'était de trois mains.
02:16 Je dois aller prendre les mesures la prochaine main.
02:18 Et l'autre petit ?
02:22 Il est grand, il est mieux, c'est vert.
02:24 - Ils sont pleins. - Oh, menteur.
02:26 - Attends, tu comptes 200, tu en feras 25.
02:28 Il manque vraiment les centimes.
02:30 - Oui, les centimes.
02:32 - Et doucement.
02:36 - Ah, bien les centimes.
02:38 - Il est un peu fatigué.
02:40 - Ah, ouais, non.
02:42 - Il se met le chemin.
02:44 - Oh, Panis, c'est gentil ce que tu fais là, tu sais.
02:56 Un torchon tenu par d'aussi jolies mains.
02:58 - Oh non, Panis, ne dites pas que j'ai de jolies mains.
03:00 - Ah, mais si, si, si, elles sont jolies,
03:02 elles sont très jolies, elles sont très fines,
03:04 très délicates,
03:06 très mousses, très chaudes.
03:08 Mais tu as une jolie bague, hein ?
03:10 C'est de l'or ?
03:12 - Ah, je ne sais pas.
03:14 Je l'ai trouvé dans une pochette surprise, je ne sais pas.
03:16 - Non, c'est du cuivre.
03:18 - Ah, bon, ben tant pis.
03:20 - Tu n'as jamais eu de bague en or ?
03:22 - Non.
03:24 - Et ton collier, c'est de l'or ?
03:26 - Ah oui, mon collier, c'est de l'or.
03:28 C'est ma tante Zoé qui me l'a donné pour ma commune.
03:30 - Il est joli, il est beau.
03:32 - Ah oui, qu'est-ce qui a marqué là ? C'est quoi ?
03:34 - Attendez, attendez, attendez, je vais la sortir.
03:36 Voilà. Ma date de naissance.
03:38 - Bon, Fanny, il y a ta mère qui te crie, là.
03:40 - Ah bon, je n'ai pas entendu.
03:42 - Je t'ai dit que ta mère t'appelle, ça fait trois fois.
03:44 - Tu as des rêves.
03:46 - En tout cas, si elle le sait, ou te chercher,
03:48 si elle te cherche, elle te trouve là, hein, tout le jour.
03:50 Bon, alors, dis-moi,
03:54 si tu es d'accord,
03:56 nous pourrions ensuite, avec ta mère,
03:58 avoir une discussion de...
04:00 (rires)
04:02 - Quoi, c'est moi qui vous empêche de parler ?
04:06 - Non. - Non, non.
04:08 - Je sais pas, vous parlez bas et dès que je m'approche, vous vous taisez.
04:10 - C'est peut-être que nous disons des choses personnelles.
04:12 - Ouais, quand on ne veut pas être entendu du monde,
04:14 c'est quand on dit des saletés.
04:16 - Des saletés ? Non, mais des grossiers.
04:18 - Oh, Marie-Luc, je ne sais même pas à qui tu t'adresses.
04:20 - Je m'adresse à vous. Je vous dis que ça me fait mal au cœur de vous voir.
04:22 - Ah bon ?
04:24 Eh bien, il n'y a qu'à tourner le regard de l'autre côté.
04:28 - Je ne veux pas qu'on me regarde d'un air sur deux airs.
04:30 - Moi, je t'ai regardé d'un air sur deux airs.
04:32 - Tu deviens fou, mon pauvre Marius.
04:34 - Même pas un fou.
04:36 - Faites attention, il y a des fous dangereux aussi.
04:38 J'en connais un que la main lui démange de vous envoyer un pastisson.
04:40 - Un pastisson ?
04:42 - Pauvre petit.
04:44 - Allez, sortez de la requête. Avancez, là, si vous êtes un homme.
04:46 - Mais tu vois pas que si on te pressait le nez,
04:48 il allait sortir encore du nez.
04:50 - Le nez ? Le voilà, mon nez.
04:52 Vous avez peur, là, hein ?
04:54 - Bien sûr, Marius.
04:56 - Vous ne me connaissez pas.
04:58 - Et bien, faites-vous connaître. Avancez, malheureux.
05:00 - Malheureux ! Malheureux !
05:02 - Laisse, Fanny, c'est une affaire propre.
05:04 - Laisse.
05:06 - Alors ?
05:10 - Vous le donne, ce pastisson ?
05:12 - Et le nez ? Vous me le pressez, là, le nez ?
05:14 - Pauvre petit. - Malheureux.
05:16 - Pauvre petit. - Commersant.
05:18 - Tu parles, tu parles, mais tu ne veux pas commencer.
05:20 - Des menaces, vous en faites, mais rien d'autre.
05:22 - Si je ne me retonnais pas.
05:24 - Tu me dis rien. - Mais tu voudrais que je me laisse
05:26 à un seul pour te faire plaisir ?
05:28 - Oh, pas l'isson !
05:30 - Oh ! - Il y a du monde au magasin.
05:32 - Je suis occupé.
05:34 - T'as pas la chance, hein ?
05:42 - Ça débrouille, le magasin.
05:52 - Bon, Fanny, est-ce que tu me feras le plaisir
05:54 de venir prendre le goûter, par exemple, à la maison ?
05:57 - Pourquoi pas ici ?
05:59 - Non, pas ici, parce que dorénavant,
06:01 je refuserai de mettre les pieds dans une maison
06:04 où les gens ne savent pas se tenir à leur place.
06:07 - Vous pouvez bien prendre l'accent parisien,
06:09 vous savez, ça ne m'impressionne pas.
06:11 - Alors, à tout à l'heure ?
06:13 - Tout à l'heure.
06:15 - Deux anisettes à 2 francs 25 font 4 francs 50.
06:17 - Oh. - Voilà 5 francs.
06:19 Gardez tout.
06:21 - Marceau !
06:23 - C'est aussi que la partie se gagne, ce fait.
06:32 - C'est pour ça que je me demande si Fanny se coupe à cœur.
06:35 - Mais si tu avais surveillé le jeu et que tu le surveillais !
06:37 - Oh, c'est ça ! - Vas-y, mais si t'as le jeu, t'as le quotidien.
06:40 - Mais je lui montre pas mon jeu, je lui donne aucun renseignement, moi.
06:43 - En tout cas, messieurs, je vous rappelle que nous jouons à la muette
06:47 et qu'il est défendu de parler.
06:49 - C'est une partie de championnat.
06:51 Tu sais déjà, disqualifié.
06:53 - Une partie de championnat ? J'en ai vu plus de 10, cette partie de championnat.
06:56 - Eh bien, j'y ai jamais vu le figure en commun, là, tiens.
06:59 - Oui, c'est ça. - Toi, tu es perdu.
07:02 - Les injures de ton agonie ne peuvent pas toucher ton fighter.
07:07 - Oh, tu es beau, tu es beau ! On dirait toi, statue de Victor Gelu.
07:10 - On peut y aller comme ça, quand ça vient dans le panier.
07:12 - Oui. - Oui.
07:14 - Oui, oui, oui. Mais bien, moi, je me demande toujours, voilà,
07:18 si Panis se coupe à cœur.
07:20 - Oh, c'est très sûr. Je ne prie pas les fers de signes.
07:23 - Moi, je fais des signes ? - Oui.
07:24 - Non, c'est pas la mesure.
07:26 - On n'arrive qu'une seule chose, toi et je.
07:30 - Bon. - Toi aussi, hein.
07:33 - Bon, si tu continues à faire des grimaces, je vous fous les cartes en l'air, je rentre chez moi.
07:37 - Non, ne fassiez pas Panis, ils sont cuits.
07:39 - Hé, hé, ils sont cuits.
07:42 Oh, je connais très bien le jeune à Manille.
07:47 Et je n'hésiterai pas une seconde, si j'avais la certitude que Panis ne se coupe pas à cœur.
07:51 - Et je t'ai déjà dit que quand on joue, on ne doit pas parler,
07:55 même pour dire bonjour à un ami.
07:56 - Ah, mais je ne dis bonjour à personne. Je réfléchis.
07:59 - Oui, réfléchis à Sylvain.
08:01 - Il a raison, tu n'as pas besoin de parler pour eux, c'est clair quand même.
08:03 - Oui, oui, ils continuent à faire des signes.
08:05 - C'est vrai.
08:07 - Surveillesse Cartofigue, moi, je surveille César.
08:11 - Tu te rends compte comme c'est humiliant ce que tu me fais, là ?
08:17 - Tu me surveilles, je dis, à moi, un ami d'enfance à toi, je te remercie.
08:22 - Je t'ai fait de la peine ?
08:30 - Non, mais là, tu me fais plaisir.
08:32 Tu me fais plaisir, tu me surveilles, je dis, tu m'espèches, comme une intrigueuse, incédérable, bannie de rage humaine.
08:38 - Rien de mon nom, tu vois, rien de mon nom.
08:40 - Tu me fâles le cœur.
08:45 - Le César.
08:46 - Mais il n'y a pas d'un autre César.
08:48 Tu me fâles le cœur.
08:49 Eh quoi, tu me fâles le cœur, tu me fâles le cœur.
08:52 J'ai le cœur fendu partout.
08:55 Oh, reste Cartofigue, oh, oh non.
09:00 Ah, ça y est, il est là.
09:01 Tu me fâles le cœur, toi, il ne te fait rien.
09:03 - Moi, il ne m'a rien dit.
09:07 - Ah.
09:08 - Heu, cœur.
09:19 Allez, retourne, on rit.
09:22 - Tu veux m'appeler un imbécile ?
09:26 - Moi, oui.
09:27 - Non, non, non.
09:28 - Attends, tu lui dis, tu me fâles le cœur, j'ai le cœur fendu pour toi,
09:31 tout ça pour les accompagnes que je coupe à cœur.
09:33 - Et lui, qu'est-ce qu'il fait ?
09:35 - Mais il joue au cœur, Barbleu.
09:36 - Et voilà, tes cartes, tu vas être pauvre, tricheur.
09:39 Je ne joue pas avec un Grec.
09:41 Si on ne va plus, il faudra que tu le saches.
09:43 Il ne faut pas me prendre vers l'autre.
09:44 Si on ne m'est pas mis, je ne serai pas pour une ville comme la Guetta.
09:47 - Tu me fâles le cœur, Barbleu.
09:49 - Honoré.
09:50 Honoré, attention.
09:54 - Quoi ?
09:56 - Ton cœur.
09:57 - Eh bien, cette fois-ci, je crois qu'il est fâché pour de bon.
10:03 - Eh bien, ça fait pour lui, n'importe.
10:05 - Oui, il a eu le temps de se fâcher, mais vous, vous avez eu le temps de tricher.
10:08 - Ah, écoutez, moi, si je ne peux plus tricher à ta vie, je me la pèle à mes joues au cœur.
10:11 - Oh ! - Oh !
10:12 [SILENCE]

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