"Je ne plie pas": pris pour cible par le vidéaste d'extrême droite Papacito, un maire vit sous protection policière

  • l’année dernière
"Dans une vidéo, c'est une mise en scène de façon à m'attraper, me tabasser, avec des scènes de viol", raconte le maire de Montjoi Christian Eurgal. Après deux vidéos du vidéaste d'extrême droite Papacito, il vit sous protection policière.

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Transcript
00:00 -Oui, bonjour. En effet, depuis une semaine ou deux,
00:03 je suis sur la protection de la gendarmerie.
00:05 Même ma ligne téléphonique est prioritaire
00:08 en cas de problème ou si je suis attaqué près de chez moi
00:12 ou dans la rue.
00:13 -Vous avez reçu des insultes, des menaces.
00:16 De quoi faites-vous l'objet ?
00:18 -Alors, j'ai reçu de nombreuses menaces,
00:23 des insultes par centaines et des centaines
00:26 sur tous mes sites professionnels, sur mes sites personnels.
00:29 En effet, suite, disons, c'est une histoire qui commence
00:33 il y a 18 ans, poursuite à un chemin rural.
00:37 -Expliquez-nous cette histoire,
00:40 parce que c'est important qu'on comprenne.
00:42 -Oui. Alors, disons, moi, je suis le maire élu actuel,
00:47 c'est mon deuxième mandat. Jusqu'ici, tout se passe bien.
00:50 Il y a 18 ans, un conseiller municipal, agriculteur,
00:55 demande au conseil municipal de détourner un chemin
00:59 qui traverse une propriété,
01:01 parce que celui-ci n'est pas assez large
01:03 pour son matériel agricole.
01:04 C'est un chemin rural qui fait 2 m à 2,50 m de large,
01:07 et vous savez qu'aujourd'hui,
01:09 le matériel agricole est quand même très important.
01:12 Donc, en accord avec la mairie,
01:14 ce chemin contourne la dite propriété,
01:17 qui leur allonge à peu près 200 m,
01:20 et depuis 18 ans, tout le monde emprunte le nouveau chemin.
01:24 Sans problème.
01:27 Sauf qu'arrive sur la commune, il y a 4 ans,
01:31 M. Mercadal,
01:33 et M. Mercadal s'aperçoit que le dit chemin
01:36 n'a pas été déclassé,
01:37 ce chemin qui traverse la propriété,
01:39 donc lui, se permet de traverser la propriété
01:44 en long, en large,
01:45 et comme ce chemin est très dangereux
01:47 parce qu'il traverse une propriété où il y a des enfants,
01:50 il y a des familles qui vivent,
01:52 donc, en tant que maire, j'ai la responsabilité de la sécurité,
01:55 donc j'ai fait faire une première enquête publique
01:58 pour rectifier, pour déclasser ce chemin,
02:01 une deuxième également,
02:03 qui donne raison à la commune pour le déclasser.
02:06 -C'est une affaire quasiment banale d'une commune,
02:08 sauf que le vidéaste d'extrême droite,
02:10 Papacito, va vous prendre pour cible,
02:12 il va appeler sur les réseaux à traquer la fouine,
02:15 voilà comment il le dit, il vous accuse de corruption,
02:18 et ça va très loin, parce que dans votre village,
02:20 on a vu ces inscriptions sur les trottoirs,
02:23 on indique le chemin de votre maison,
02:25 il y a un appel à venir en découdre directement avec vous
02:29 et à vous faire payer.
02:30 -Tout à fait, il y a eu une première vidéo immonde,
02:35 c'est tout à fait immonde de 40 minutes,
02:37 vu que je ne cède pas, vu que je ne démissionne pas,
02:40 parce que leur but, c'est que je démissionne,
02:42 nous sommes dans un État de droit, je représente la République,
02:44 je suis ici, je n'ai rien à me reprocher,
02:47 donc je suis bien en place,
02:48 donc ils ont fait une deuxième vidéo,
02:50 et là, comme vous dites, c'est une mise en scène
02:52 de façon à m'attraper, et ils le montrent clairement,
02:55 m'attraper, me tabasser,
02:57 ils montrent des scènes de viol,
02:59 on doit me violer et me finir sur la place.
03:02 Et ensuite, le samedi suivant,
03:04 ils ont placardé sur 20 km aux alentours du village
03:08 mon nom, Christian-Urghal Laffouine,
03:11 avec les flèches pour indiquer mon domicile,
03:13 ça, c'était le samedi,
03:15 ce qui fait que le lundi, des jeunes sont aussi arrivés,
03:18 ils ont enlevé les couleurs sur la mairie de Bongeois,
03:21 ils ont été rattrapés et punis,
03:23 et ensuite, le mercredi, ça continue,
03:26 il ne s'arrête pas, l'intimidation,
03:28 et là, ils ont badigeonné la maison
03:31 de la dite propriété rouge,
03:34 comme représentée du sang,
03:35 et sans compter toutes les menaces que j'ai reçues sans cesse
03:38 sur mon portable et dans mes e-mails.
03:41 -M. le maire, on entend à la fois votre grand calme,
03:45 est-ce que vous avez peur, tout simplement, pour vous, pour vos proches ?
03:50 -C'est mon état d'esprit, je suis très calme, je suis très serein,
03:53 je représente, comme je vous l'ai dit, la République ici,
03:56 je fais mon devoir de maire,
03:58 je ne plie pas, je suis,
04:00 en plus, je suis soutenu aussi bien en sécurité
04:04 par la brigade, le commandant et le colonel de gendarmerie,
04:06 qui sont venus me voir, qui viennent me voir,
04:09 M. le sous-préfet et M. le préfet se sont déplacés aussi
04:12 pour me soutenir, parce qu'ils connaissent le dossier,
04:14 ils savent très bien que je suis des enquêtes publiques,
04:17 elles sont faites tout à fait dans les règles,
04:19 j'ai Mme la ministre aussi, des collectivités territoriales,
04:22 qui m'a appelé, qui me suit également,
04:24 de temps en temps, je l'ai au téléphone,
04:26 donc ça me rassure.
04:27 Maintenant, nous sommes dans un état de droit, je le dis aussi,
04:30 donc j'attends maintenant que la justice fasse le nécessaire.

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