1975 : Le vieux Paris qui disparaît | Archive INA

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00:59 Le pari qui passe, c'est le pari qu'on casse, que l'on détruit sous nos yeux sans que nous en prenions conscience.
01:05 Car nous sommes devenus des gens pressés, des gens distraits.
01:09 Les flâneurs, les badauds qui prenaient le temps de regarder, ça n'existe plus.
01:14 Dans quelques années, pour se souvenir, il faudra feuilleter des albums de photos.
01:20 Grâce à des hommes comme Robert Doineau, sont heureusement fixées des images que notre seule mémoire ne parviendrait pas à garder intactes.
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01:59 Ecoutez, voir la rue de Paris, c'est attendre quelquefois deux heures à la même place.
02:04 Deux heures. Et dans le fond, la vision n'est pas très rapide.
02:09 On ne piche pas, comme on dit, la rue tout de suite.
02:12 Il faut vraiment beaucoup de temps pour voir une rue.
02:17 Et petit à petit, les choses deviennent évidentes.
02:20 Et ce qu'on ramène par la photographie n'est pas du tout objectif, c'est très subjectif.
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02:59 Au début de ce siècle, Paris était encore une ville provinciale.
03:03 Si les vieilles rues étaient étroites, les revers des maisons ouvraient leurs fenêtres sur des couvres intérieures, claires et calmes,
03:09 que la spéculation a effacées sous le fallacieux prétexte d'élargir les rues.
03:15 Paulette et Henri de Prest, imprimeurs lithographes, ont connu ce Paris-là et le font revivre sans attendrissement inutile.
03:24 Moi, je suis d'un très beau quartier, du parc Montsouris.
03:28 Un quartier qui était déjà très coté au point de vue peinture.
03:34 Il y a eu Fugita, enfin je ne vais pas les nommer tous, il y en a au moins une douzaine.
03:39 Et je suis donc natif et j'ai vécu ici à une hausse de 20 à 25 ans.
03:46 Et ensuite, je me suis expatrié.
03:48 C'est-à-dire ?
03:49 Je suis monté à Barbès.
03:50 Ah bon ?
03:51 Je me suis expatrié parce qu'il est monté dans le 18e.
03:53 Mais le 18e, c'est un quartier de peintre aussi.
03:57 Il y a eu Picasso, il y a eu même des grands écrivains et tout.
04:00 Il n'a rien à trouver drôle au 14e.
04:03 Mais en réalité, nous sommes dans le 10e ici.
04:05 Et c'est une fin de belle ville par le fait.
04:08 Et quand je suis arrivée ici, je me suis trouvé un peu dépaysée, moi, descendant de la butte.
04:13 J'ai trouvé une grande cour avec des vieilles locataires qui regardaient derrière leur carreau
04:18 et qui venaient dans le pays, c'est le cas de leur dire.
04:21 Parce que leur cour, c'est leur domaine.
04:23 Elles y vivent, elles y sont.
04:25 Les enfants sont partis pour aller dans des maisons plus confortables.
04:27 Évidemment, ici, comme confort, il n'y en a pas.
04:30 Les enfants sont partis, mais les vieilles sont restées avec un état d'esprit.
04:34 Tout à fait de village.
04:36 Parce que pour moi, les vieux quartiers de Paris, même tous les quartiers de Paris, c'était des villages.
04:41 J'ai connu le square Saint-Pierre où il n'y avait pas encore ces grands escaliers,
04:45 où c'était encore des palissades où on pouvait se glisser.
04:47 Là, il y avait des coquelicots qui poussaient avec des herbes assez rares.
04:50 Mais enfin, pour nous, c'était la campagne.
04:53 Pour moi, c'était les fortifications, du fait qu'elles n'étaient pas construites.
04:57 On ne pouvait pas vraiment aller se promener sur les pelouses.
05:00 L'herbe, ce n'était pas pour nous, c'était pour les mères.
05:02 Et à côté, il y a maintenant les sites universitaires,
05:05 il y avait les fortifications avec des nids d'abeilles dedans.
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05:45 Paris a toujours été une capitale culturelle et artistique mondialement appréciée.
05:50 Les touristes y viennent nombreux,
05:52 et le développement du tourisme international permet, dit-on au peuple, de se mieux connaître,
05:58 à condition de savoir rester soi-même.
06:01 Mais la place du Tertre n'est plus elle-même.
06:04 Ni Toulouse-Zoutraque, ni Bruan, ni Francis Carcot, ni Utriot, ni tant d'autres,
06:10 ne reconnaîtraient l'abutement mâtre.
06:12 Fauvisme et cubisme étaient-ils l'expression prophétique
06:16 de cette curieuse superposition de couleurs et de formes qui plonge Paris dans sa grisaille actuelle.
06:22 Oh, Linda, regarde là-bas.
06:26 C'est pour un, c'est pour deux.
06:28 C'est pour toi, c'est pour toi.
06:30 Elle travaille.
06:32 C'est pas grave, hein ?
06:34 C'est cher ?
06:35 45 francs.
06:36 Ah, c'est ça.
06:37 100 francs.
06:38 La luminosité, c'est super, c'est bien.
06:43 Moi, la peinture Picasso, je la comprends pas, mais la vôtre, je la comprends.
06:46 Je comprends votre peinture, c'est jolie, hein ?
06:48 C'est de la gueule.
06:49 Vous êtes de coeur, hein ?
06:51 Pas beaucoup de peinture.
06:52 Le bien-être matériel est devenu un bien nécessaire, mais est-ce un bien suffisant ?
07:05 Donc, on vivait avec moins de confort peut-être que maintenant, mais on vivait mieux alors.
07:08 On était plus heureux.
07:09 Mieux, c'est-à-dire qu'on ne connaissait pas ce confort.
07:12 On n'en souffrait pas.
07:14 Oui, il y a de ça.
07:16 Et puis, il y a une chose, c'est que les désirs étaient moins importants que maintenant.
07:21 On était heureux avec beaucoup moins de choses.
07:24 On était heureux de s'envoyer entre copains, des fois au petit café.
07:29 Et bien souvent, dans les cours, dans les escaliers, on savait ce que l'un faisait, ce que l'autre pensait.
07:37 Toute la petite famille, comme vient de venir Paulette, c'était des choses qui étaient plus humaines.
07:43 On était plus humains à ce moment-là que je crois qu'on l'est maintenant.
07:47 On n'avait pas de problème d'énergie, sinon d'énergie personnelle.
07:50 Oui, à dépenser.
07:53 Son énergie, on l'avait.
07:55 Parce que moi, je me rappelle être descendue, travailler à pied.
07:58 De mon marge, je travaillais à l'opéra, je descendais facilement le matin à pied, puis c'était un régal.
08:03 Parce que d'abord, il n'y avait pas toutes les voitures, les embouteillages et tout.
08:07 On pouvait descendre.
08:08 C'était une partie de plaisir.
08:10 Moi, j'estime que c'est ce que je me dis toujours aux jeunes.
08:13 Je dis, vous vivez dans un petit cul.
08:15 Vous êtes chez vous, vous êtes dans votre petite cage.
08:17 Vous prenez l'ascenseur, c'est une autre cage.
08:19 Vous vous remettez dans votre voiture, c'est encore une autre cage.
08:22 Il n'y a aucun contact.
08:24 Je dis, dans le temps, on prenait le métro, on avait des attouchements qui n'étaient pas toujours agréables,
08:28 mais enfin, il y avait vraiment des contacts.
08:30 [Rires]
08:32 [Bruits de la maison]
09:00 - Vous pouvez nous dire où nous nous trouvons ici ?
09:02 - Au 212 de la rue Saint-Maur, dans le 10e arrondissement.
09:06 Je crois que c'est une des anciennes cour de Napoléon III.
09:10 L'ancien bâtiment et les anciennes écuries.
09:12 - Ici même ?
09:13 - Ici même, oui.
09:14 - C'est très rare de voir un homme de votre âge être encore artisan.
09:18 - Je pense quand même qu'il y en a encore quelques-uns.
09:21 - On m'a dit que dans le quartier, beaucoup de jeunes partaient.
09:23 - Oui, c'est vrai. C'est exact.
09:25 On était obligés d'abandonner, plus ou moins, les gens qui n'aiment plus l'artisanat.
09:30 Je ne sais pas.
09:32 - Vous êtes ici, vous, depuis... Enfin, votre famille, depuis plusieurs générations ?
09:36 - Oui, depuis plusieurs générations.
09:37 Oui, on était au 212 rue Saint-Maur, nous sommes depuis 17 ou 18 ans, je crois.
09:42 Et avant, nous étions au passage Pivert, enfin, à 500, 600 mètres d'ici.
09:46 - Oui, c'est le même quartier.
09:47 - La grand-mère, le papa, le grand-père, toute la famille a continué.
09:52 [Bruits de la maison]
09:53 - Oui, je pense.
09:55 [Bruits de la maison]
09:58 - Ça, je les garde, je vous les donnerai par la suite.
10:00 - Oui.
10:01 - Encore un bout.
10:03 [Bruits de la maison]
10:07 - Il reste encore des chaînes, il me l'a remis.
10:10 [Bruits de la maison]
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10:58 - Quand vous regardez les photos que vous avez faites au cours des dernières années,
11:01 est-ce que vous trouvez que ça change très vite ?
11:03 - Oh, formidablement, formidablement.
11:05 Ces photos, c'est comme un monde tout à fait ancien.
11:10 Il n'y avait pas de voiture dans les rues.
11:12 Maintenant, il y a un chapelet d'automobiles qui se touche.
11:15 Un jour, il y aura une soudure totale et on sera forcé de découper au chalumeau.
11:19 Mais les gens allaient au mieux.
11:21 Quand on faisait une photo, les gens étaient au milieu de la rue.
11:24 Ah oui, ça s'est prouvé sur les images.
11:27 Maintenant, ce n'est plus possible.
11:29 C'est un autre aspect de la ville.
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12:00 - Dans le quartier de la République,
12:02 un Porsche débouche lui aussi sur une cour intérieure.
12:06 Avant la Révolution, cette cour se trouvait dans l'enceinte d'un couvent de Jacobins
12:11 que Napoléon Ier transforma en caserne.
12:14 La caserne Crussolle, dont le cirque d'hiver était le manège.
12:18 Monsieur Garraud, artisan sculpteur, y a toujours son atelier.
12:22 - Mon père était venu ici, au 7 Rue Berconf.
12:26 J'ai retrouvé ses papiers en 1885.
12:30 - Il y a beaucoup de brassages de population dans ce coin ?
12:33 - Une quantité énorme de population de brassages.
12:35 Au fur et à mesure des années, les migrants qui sont venus,
12:39 que ce soit des Français ou des étrangers, ça a été des couches séparées.
12:47 Par exemple, mon grand-père, c'était de Loiret qui est venu.
12:49 Il n'y avait plus de travail, il était marinier.
12:52 Il était à pressure de l'eau.
12:54 Il est venu ici à Paris parce que mon père venait d'avoir son certificat d'études primaires.
12:58 Et naturellement, pour apprendre un métier.
13:01 Et au fur et à mesure, sûrement d'autres couches sont venues.
13:04 Mais les différentes couches sociales qui sont venues ici
13:08 sont le reflet d'une migration pour venir sur Paris et monter,
13:13 et franchir les échelons.
13:15 Ici, la caserne Crussolle était le premier échelon.
13:18 - Voilà peut-être pourquoi les rues changent.
13:20 Parce qu'il y a moins de mélange.
13:22 On a l'impression que tout est tendu vers un classement rigoureux des gens.
13:27 Les gens ne sont plus mélangés.
13:29 Et le mélange, c'est très vivant.
13:31 Quand il vous vient une idée, une inspiration,
13:34 c'est parce que vous recevez différentes sollicitations de toutes parts.
13:39 La rue était drôle parce qu'elle était très mélangée.
13:42 Maintenant, non. On n'est plus mélangé, on est classé.
13:45 - Mon atelier est au plus beau point de Paris.
13:49 Et je demeure au plus haut point de Paris, à Belleville.
13:52 Je demeure après la rue Axo,
13:54 c'est-à-dire à quelques dizaines de mètres, le point le plus haut de Paris.
13:59 Ici, nous sommes à la hauteur des anciens fossés de la Bastille.
14:05 D'ailleurs, la rue Hamelot était le fossé dans lequel venait l'eau de la Seine jusqu'ici.
14:13 D'ailleurs, à la place de la République,
14:15 quand ils ont fait les travaux du métro, ça doit être en 31, 30 ou 31 ou 29,
14:21 pour aller à la Porte-Norée, il y avait l'exposition coloniale.
14:25 Et ils ont trouvé des squelettes de vaches. C'était le marais.
14:28 - C'est Henri IV qui fit construire la place des Vosges,
14:31 centre du quartier à la mode au 17e siècle.
14:34 Mais même en matière d'urbanisme, les modes ne durent pas.
14:37 Paris n'a jamais cessé de se transformer.
14:40 Cependant, quand au 18e siècle, on offrit à Louis XV de lui consacrer une place,
14:45 il écarta tous les projets qui proposaient de démolir des maisons déjà existantes
14:50 et choisit un emplacement non construit au bout du Jardin des Tuileries,
14:54 l'actuelle place de la Concorde.
14:56 On ne fait plus tant de manières au 20e siècle.
14:59 Le baron Haussmann a donné l'exemple au 19e. On achève son œuvre.
15:04 - Ah, ben Belleville, c'est tout à fait différent.
15:09 Belleville est en train de changer.
15:11 Changer complètement, complètement de ce qu'il a été et de ce qu'il est.
15:15 Moi, j'ai connu Belleville. Ma grand-mère meurait au 126 rue de Belleville.
15:18 J'avais un frère de l'aile.
15:20 Tous les deux, on faisait les chats de gouttière à courir sous les tuiles.
15:23 Et quand je vois encore maintenant, il y a un poissonnier en bas.
15:25 Quand je vois ça, quand je pense devant, dans la rue de Belleville...
15:27 D'ailleurs, il y avait une chose qui nous choquait, qui nous plaisait,
15:30 qui nous empêchait de dormir. Il y avait le funiculaire qui montait.
15:33 Et les rats, ils étaient déplacés juste devant chez la grand-mère.
15:36 Pampam, pampam, pampam. Les rouilles qui martelaient les choses.
15:40 Et ils s'arrêtaient à l'église de Belleville.
15:42 Ce qui nous plaisait, nous autres, quand on était gamins,
15:44 c'est qu'on montait au-dessus de soi. On ne payait jamais.
15:47 On voyait le gars, il faisait sonner les tickets.
15:49 Parce qu'à ce moment-là, ils ne donnaient pas de tickets.
15:52 Le receveur était entre la plateforme qui chahutait.
15:55 Il fallait être à moitié acrobat pour tenir dessus.
15:57 Et à chaque fois qu'il montait une personne, il faisait sonner.
15:59 Il comptait. Et puis, sa recette était comptée par ce compteur qui enregistrait.
16:03 Alors, en bas de chez la grand-mère, il y avait un friteux.
16:06 Il fallait voir Belleville comme ça. Il y avait un friteux.
16:08 C'était un calabrin. Il y avait des calabres.
16:11 Et ils venaient manger des morceaux italiens.
16:14 Encore des migrants qui étaient venus déjà,
16:16 qui fréquentaient Belleville sur des tables en marbre.
16:18 Ils vendaient de la morue frite et des merlans.
16:21 Ça donnait. C'était épouvantable. Il fallait voir.
16:24 L'huile noire.
16:26 Et alors, ma mère me disait tout le temps un truc très amusant.
16:30 "Tu dois manger de ça parce que c'est fait avec de la graisse de mort."
16:33 Elle parlait à chaque fois avec ça.
16:36 Parce que c'était du cheval. C'était de la graisse de cheval, la friture, à cette époque-là.
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17:09 Comment pourrais-je dire ça?
17:15 Dans le fond, pour moi, la rue qui m'amusait bien,
17:18 c'est la rue où on voyait un retraité avec son petit chien blanc,
17:22 un Arabe qui vendait des tapis,
17:25 un gosse qui traversait avec un pain.
17:27 Là, il y avait une vie extérieure qui était...
17:30 qui était de bon enfant et les gens n'avaient pas honte d'être dans la rue.
17:34 Ce qui change maintenant, on a l'impression que les gens
17:38 ne veulent plus ne paraître que ce qu'ils sont.
17:42 Vous savez, dans les restaurants d'employés, on chuchote.
17:45 Dans les restaurants ouvriers, on parle très fort.
17:48 Eh bien, j'ai l'impression que la rue chuchote maintenant.
17:50 Et puis, il y avait une chose que je l'ai vue ici encore il y a à peu près une vingtaine d'années.
17:55 Les marchands de fauteuils ambulants.
17:59 Ils faisaient des... c'était des roms, généralement, des roms à Michel.
18:04 Qui vendaient des fauteuils ambulants et qui avaient une chanson.
18:07 "C'est moi le marchand de fauteuils d'enfants.
18:10 C'est moi qui les fais, c'est moi qui les vends.
18:12 C'est ma femme qui boulette la galette.
18:15 Je vends des fauteuils rambourrés. C'est pour ma femme boire des mistiers."
18:19 Et puis, ils annonçaient qu'ils les vendaient 3 francs ou 100 sous.
18:22 Maintenant, je vous parle de ça, il y a une vingtaine d'années.
18:24 Puis, quand j'étais gamin, c'était très courant. Il y avait toute une foule.
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19:05 - Vous allez être expulsé de votre maison de Belleville.
19:10 - Ah oui, heureusement. Qu'est-ce que vous voulez ?
19:13 C'est un petit cottage, c'est gentil comme tout. C'est super.
19:16 - Est-ce que, si on vous proposait de vous reloger à la place dans un des appartements d'un immeuble...
19:20 - Non, non, non, vous êtes gentil, mais il ne faut pas rire.
19:23 Les claviers à lapin, ça ne me plaît pas beaucoup.
19:26 Quand on touche... Je ne suis pas tout de même un type d'une grandeur énorme.
19:29 Je touche le plafond, je fais 2 mètres et je touche le plafond.
19:32 Puis alors, il faut voir, il faut voir le manque de luminosité.
19:35 Et puis être tassé comme ça, c'est désastreux. On ne sait même plus vivre.
19:38 Je me demande comment que les gens... On leur vend ça des sommes.
19:41 Et Dieu sait, étant expulsé, j'en ai visité.
19:44 Ah non, pour un empire, je ne voudrais pas. Qu'est-ce qu'on fait là-dedans ?
19:47 Il faut ouvrir la fenêtre pour mettre son paletot ou...
19:50 - Écoutez, je ressens, je ne veux pas avoir d'opinion sur si c'est beau ou si c'est vilain.
19:53 C'est gigantesque, c'est colossal.
19:56 Alors comme devant un géant, on n'a pas le droit de leur opinion, on s'en salue les écrabouilles.
20:00 Je n'ose pas dire ce que j'en pense. Enfin, je ne sais pas bien encore.
20:05 C'est peut-être très joli. Ce sont des prouesses techniques.
20:08 Ça a sa valeur, mais je ne m'y sens pas très, très à l'aise.
20:13 - Le 13e arrondissement est un des grands champs d'expérience de l'architecture moderne à Paris.
20:18 Mais là non plus, les tours n'ont pas poussé sur des terrains vagues.
20:23 (Musique)
20:27 - Monsieur, nous sommes ici sur un terrain qui a beaucoup changé.
20:31 C'était quoi avant?
20:33 - C'était la maison Panhard.
20:35 - La maison? C'était plus qu'une maison.
20:38 - Ah oui, c'était l'usine. Dans le temps, on l'appelait la maison Panhard.
20:42 - Vous avez travaillé à l'usine Panhard?
20:45 - Pendant 50 ans.
20:47 - Qu'est-ce que vous faisiez?
20:49 - Comme tourneur professionnel.
20:51 - Qu'est-ce que ça vous a fait quand vous avez vu démolir les vieilles maisons et monter ces tours?
20:55 - Oui, c'est malheureux quand même.
20:57 Un oiseau se fiche le camp dans une maison neuve,
21:01 et avec l'argent qu'on va payer.
21:04 Ça, c'est fatal.
21:06 - Vous avez eu la même impression, madame?
21:08 - Oui. Je ne croyais pas ça possible.
21:11 - Pourquoi?
21:12 - Parce que j'avais toujours entendu dire que le 13e était cru,
21:15 et qu'on ne pouvait rien y construire.
21:18 - Vous êtes mieux logé que vous n'étiez?
21:20 - Ah oui, sûrement.
21:22 Oui, j'avais deux pièces et une cuisine.
21:25 Il y avait l'eau, le gaz et l'électricité,
21:27 mais pas de chauffe-four, pas de chauffage central.
21:30 J'allais chercher le charbon, moi,
21:32 avec quatre étages à descendre et quatre à monter.
21:35 - Oui, mais est-ce que vous connaissez les gens qui sont dans l'immeuble?
21:37 - Ah non. Il y a des gens que l'on connaît, oui, dans le HLM,
21:43 mais on ne parle pas beaucoup ensemble.
21:48 - Pourquoi?
21:49 - Ah, pourquoi? Parce qu'il y a des grandes langues.
21:53 - L'église était le monument le plus haut, l'église qui est là?
21:56 - Ah oui, le monument le plus haut, oui, ici.
22:00 C'est la fille de M. Panhard qui était ma reine.
22:03 - De quoi?
22:04 - Des cloches.
22:06 La gloire de Dieu n'est plus au plus haut des cieux,
22:11 et les hommes de bonne volonté ne savent plus très bien où trouver la paix.
22:15 (Musique)
22:35 - Ah, oui. C'est rigolo, cette idée de géométrie, des cubes.
22:40 Je crois que les gens ont autant besoin d'ombre que de lumière.
22:44 Autant besoin de recoins qu'ils ne leur sont plus offerts maintenant.
22:49 Alors, s'il y avait dans ces ateliers, si vous voulez, pour Décathlémat Parna,
22:53 s'il y avait dans ces ateliers plein de recoins,
22:55 la verrière fuit un petit peu, évidemment, le confort s'améliore,
22:59 mais la recherche du confort, ça ne mène pas obligatoirement au bonheur.
23:05 (Musique)
23:18 (Musique)
23:40 - Paris change de plus en plus vite,
23:42 non seulement parce que l'on construit, ce qui est normal,
23:46 mais surtout parce qu'on démolit ce qu'on devrait préserver de l'usure du temps.
23:51 Cette cour des miracles, par exemple.
23:53 Les goûts, les besoins, les aspirations des nouvelles générations
23:57 ne sont plus les mêmes, dit-on.
23:59 Ce qui est certain, c'est que la sacro-sainte automobile autorise tous les vandalismes.
24:05 (Musique)
24:15 - Quand on rentre chez les commerçants, ou n'importe où,
24:18 on vous demande toujours si vous habitez à la cour des miracles.
24:21 C'est un endroit où il y a surtout pas mal d'artistes, alors je pense que c'est un peu...
24:25 - Qui a vécu ici ?
24:27 - Il y a eu Gauguin, douanier Rousseau,
24:31 qui a commencé d'ailleurs à peindre ici, je crois.
24:33 - Vous pensez rester combien de temps encore ici ?
24:36 - On ne sait pas, juste deux, trois ans peut-être,
24:39 ou tout au plus, je pense.
24:42 - Il y a déjà eu des personnes qui ont été relogées ?
24:44 - Oui. Il y a eu une première fournée l'année dernière.
24:48 Ils sont partis dans des ateliers qui ont été faits dans un neuvième étage.
24:54 Entre le neuvième et le dixième, on a démoli des plafonds,
24:58 mais on a gardé les fenêtres de l'immeuble,
25:00 ce qui fait que la lumière n'est pas la vraie lumière d'atelier.
25:04 Ils ont eu beaucoup de mal, ils ont été très déprimés pendant plusieurs mois.
25:08 Ils revenaient tous les jours ici.
25:10 Les enfants revenant s'accrochaient aux poutres et ne voulaient plus partir.
25:15 - Ils étaient nés ici les enfants ?
25:18 - Oui. Ils nous disaient "je suis née là, je ne veux pas repartir, je suis là, chez moi"
25:24 et on ne pouvait pas les arracher.
25:27 - Comment acceptez-vous l'idée de partir d'ici ?
25:30 - Assez difficilement, parce qu'on aura vraiment beaucoup de mal
25:34 de retrouver cette ambiance et pour travailler on a tout de même besoin
25:38 d'une certaine ambiance, d'une certaine atmosphère.
25:42 - Montparnasse a été très sacrifiée.
25:45 - Oui, je crois que c'est un des quartiers qui a été le plus sacrifié.
25:49 J'ai l'impression qu'en ce moment les artistes, on les expédie un petit peu au bon lieu.
25:55 On n'a plus tellement besoin d'artistes.
25:59 - Par quoi va-t-on remplacer cette grande maison et cette grande famille ?
26:02 - Par une route.
26:04 On va faire l'Ardial vers Saint-Victorix qui rejoindra, paraît-il, la rue du Château.
26:09 On fera la maison en deux.
26:11 L'idéal, cette perfection que l'esprit imagine sans pouvoir y atteindre complètement,
26:21 chacun le cherche plus ou moins intensément.
26:24 Mais dans ses projets les plus ambitieux, il y a toujours au fond de l'homme
26:28 un petit coin de jardin qui sommeille, un petit coin à sa mesure.
26:33 - C'est un peu comme un petit coin de jardin.
26:36 - Oui, c'est un petit coin de jardin.
26:38 - C'est un petit coin de jardin.
26:40 - C'est un petit coin de jardin.
26:42 - C'est un petit coin de jardin.
26:44 - C'est un petit coin de jardin.
26:46 - C'est un petit coin de jardin.
26:48 - C'est un petit coin de jardin.
26:50 - C'est un petit coin de jardin.
26:52 - C'est un petit coin de jardin.
26:54 - C'est un petit coin de jardin.
26:56 - C'est un petit coin de jardin.
26:58 - C'est un petit coin de jardin.
27:00 - C'est un petit coin de jardin.
27:02 - C'est un petit coin de jardin.
27:04 - C'est un petit coin de jardin.
27:06 - C'est un petit coin de jardin.
27:08 - C'est un petit coin de jardin.
27:10 - C'est un petit coin de jardin.
27:12 - C'est un petit coin de jardin.
27:14 - C'est un petit coin de jardin.
27:16 - C'est un petit coin de jardin.
27:18 - C'est un petit coin de jardin.
27:20 - C'est un petit coin de jardin.
27:22 - C'est un petit coin de jardin.
27:24 - C'est un petit coin de jardin.
27:26 - C'est un petit coin de jardin.
27:28 - C'est un petit coin de jardin.
27:30 - C'est un petit coin de jardin.
27:32 - C'est un petit coin de jardin.
27:34 - C'est un petit coin de jardin.
27:36 - C'est un petit coin de jardin.
27:38 - C'est un petit coin de jardin.
27:40 - C'est un petit coin de jardin.
27:42 - C'est un petit coin de jardin.
27:44 - C'est un petit coin de jardin.
27:46 - C'est un petit coin de jardin.
27:48 - C'est un petit coin de jardin.
27:50 - C'est un petit coin de jardin.
27:52 - C'est un petit coin de jardin.
27:54 - C'est un petit coin de jardin.
27:56 - C'est un petit coin de jardin.
27:58 - C'est un petit coin de jardin.
28:00 - C'est un petit coin de jardin.
28:02 - C'est un petit coin de jardin.
28:04 - C'est un petit coin de jardin.
28:06 - C'est un petit coin de jardin.
28:08 - C'est un petit coin de jardin.
28:10 - C'est un petit coin de jardin.
28:12 - C'est un petit coin de jardin.
28:14 - C'est un petit coin de jardin.
28:16 - C'est un petit coin de jardin.
28:18 - C'est un petit coin de jardin.
28:20 - C'est un petit coin de jardin.
28:22 - C'est un petit coin de jardin.
28:24 - C'est un petit coin de jardin.
28:26 - C'est un petit coin de jardin.
28:28 - C'est un petit coin de jardin.
28:30 - C'est un petit coin de jardin.
28:32 - C'est un petit coin de jardin.
28:34 - C'est un petit coin de jardin.
28:36 - C'est un petit coin de jardin.
28:38 - C'est un petit coin de jardin.
28:40 - C'est un petit coin de jardin.
28:42 - C'est un petit coin de jardin.
28:44 - C'est un petit coin de jardin.
28:46 - C'est un petit coin de jardin.
28:48 - C'est un petit coin de jardin.
28:50 - C'est un petit coin de jardin.
28:52 - C'est un petit coin de jardin.
28:54 - C'est un petit coin de jardin.
28:56 - C'est un petit coin de jardin.
28:58 - C'est un petit coin de jardin.
29:00 - C'est un petit coin de jardin.
29:02 - C'est un petit coin de jardin.
29:04 - C'est un petit coin de jardin.
29:06 - C'est un petit coin de jardin.
29:08 - C'est un petit coin de jardin.
29:10 - C'est un petit coin de jardin.
29:12 - C'est un petit coin de jardin.
29:14 - C'est un petit coin de jardin.
29:16 - C'est un petit coin de jardin.
29:18 - C'est un petit coin de jardin.
29:20 - C'est un petit coin de jardin.
29:22 - C'est un petit coin de jardin.
29:24 - C'est un petit coin de jardin.
29:26 - C'est un petit coin de jardin.
29:28 - C'est un petit coin de jardin.
29:30 - C'est un petit coin de jardin.
29:32 - C'est un petit coin de jardin.
29:34 - C'est un petit coin de jardin.
29:36 - C'est un petit coin de jardin.
29:38 - C'est un petit coin de jardin.
29:40 - C'est un petit coin de jardin.
29:42 - C'est un petit coin de jardin.
29:44 - C'est un petit coin de jardin.
29:46 - C'est un petit coin de jardin.
29:48 - C'est un petit coin de jardin.
29:50 - C'est un petit coin de jardin.
29:52 - C'est un petit coin de jardin.
29:54 - C'est un petit coin de jardin.
29:56 - C'est un petit coin de jardin.
29:58 - C'est un petit coin de jardin.
30:00 - C'est un petit coin de jardin.
30:02 - C'est un petit coin de jardin.
30:04 - C'est un petit coin de jardin.
30:06 - C'est un petit coin de jardin.
30:08 - C'est un petit coin de jardin.
30:10 - C'est un petit coin de jardin.
30:12 - C'est un petit coin de jardin.
30:14 - C'est un petit coin de jardin.
30:16 - C'est un petit coin de jardin.
30:18 - C'est un petit coin de jardin.
30:20 - C'est un petit coin de jardin.
30:22 - C'est un petit coin de jardin.
30:24 - C'est un petit coin de jardin.
30:26 - C'est un petit coin de jardin.
30:28 - C'est un petit coin de jardin.
30:30 - C'est un petit coin de jardin.
30:32 - C'est un petit coin de jardin.
30:34 - C'est un petit coin de jardin.
30:36 - C'est un petit coin de jardin.
30:38 - C'est un petit coin de jardin.
30:40 - C'est un petit coin de jardin.
30:42 - C'est un petit coin de jardin.
30:44 - C'est un petit coin de jardin.
30:46 - C'est un petit coin de jardin.
30:48 - C'est un petit coin de jardin.
30:50 - C'est un petit coin de jardin.
30:52 - C'est un petit coin de jardin.
30:54 - C'est un petit coin de jardin.
30:56 - C'est un petit coin de jardin.
30:58 - C'est un petit coin de jardin.
31:00 - C'est un petit coin de jardin.
31:02 - C'est un petit coin de jardin.
31:04 - C'est un petit coin de jardin.
31:06 - C'est un petit coin de jardin.
31:08 - C'est un petit coin de jardin.
31:10 - C'est un petit coin de jardin.
31:12 - C'est un petit coin de jardin.
31:14 - C'est un petit coin de jardin.
31:16 - C'est un petit coin de jardin.
31:18 - C'est un petit coin de jardin.
31:20 - C'est un petit coin de jardin.
31:22 - C'est un petit coin de jardin.
31:24 - C'est un petit coin de jardin.
31:26 - C'est un petit coin de jardin.
31:28 - C'est un petit coin de jardin.
31:30 - C'est un petit coin de jardin.
31:32 - C'est un petit coin de jardin.
31:34 - C'est un petit coin de jardin.
31:36 - C'est un petit coin de jardin.
31:38 - C'est un petit coin de jardin.
31:40 - C'est un petit coin de jardin.
31:42 - C'est un petit coin de jardin.
31:44 - C'est un petit coin de jardin.
31:46 - C'est un petit coin de jardin.
31:48 - C'est un petit coin de jardin.
31:50 - C'est un petit coin de jardin.
31:52 - C'est un petit coin de jardin.
31:54 - C'est un petit coin de jardin.
31:56 - C'est un petit coin de jardin.
31:58 - C'est un petit coin de jardin.
32:00 - C'est un petit coin de jardin.
32:02 - C'est un petit coin de jardin.
32:04 - C'est un petit coin de jardin.
32:06 - C'est un petit coin de jardin.
32:08 - C'est un petit coin de jardin.
32:10 - C'est un petit coin de jardin.
32:12 - C'est un petit coin de jardin.
32:14 - C'est un petit coin de jardin.
32:16 - C'est un petit coin de jardin.
32:18 - C'est un petit coin de jardin.
32:20 - C'est un petit coin de jardin.
32:22 - C'est un petit coin de jardin.
32:24 - C'est un petit coin de jardin.
32:26 - C'est un petit coin de jardin.
32:28 - C'est un petit coin de jardin.
32:30 - C'est un petit coin de jardin.
32:32 - C'est un petit coin de jardin.
32:34 - C'est un petit coin de jardin.
32:36 - C'est un petit coin de jardin.
32:38 - C'est un petit coin de jardin.
32:40 - C'est un petit coin de jardin.
32:42 - C'est un petit coin de jardin.
32:44 - C'est un petit coin de jardin.
32:46 - C'est un petit coin de jardin.
32:48 - C'est un petit coin de jardin.
32:50 - C'est un petit coin de jardin.
32:52 - C'est un petit coin de jardin.
32:54 - C'est un petit coin de jardin.
32:56 - C'est un petit coin de jardin.
32:58 - C'est un petit coin de jardin.
33:00 - C'est un petit coin de jardin.
33:02 - C'est un petit coin de jardin.
33:04 - C'est un petit coin de jardin.
33:06 - Vous avez connu le tailleur.
33:08 - Oui, le tailleur qui était au bout du magasin,
33:10 - Oui, le tailleur qui était au bout du magasin,
33:12 - Oui, le tailleur qui était au bout du magasin,
33:14 - assis en tailleur au bout.
33:16 - C'est un souvenir d'enfance.
33:18 - Et vous vivez toujours au-dessus du magasin.
33:20 - Et vous vivez toujours au-dessus du magasin.
33:22 - Et ça ne change pas beaucoup d'être dans un appartement neuf ?
33:24 - Et ça ne change pas beaucoup d'être dans un appartement neuf ?
33:26 - Ça change quand même, oui.
33:28 - Ça change quand même, oui.
33:30 - On serait resté dans l'ancien.
33:32 - On serait resté dans l'ancien.
33:34 - On aurait pu faire des transformations qu'on n'a pas pu faire.
33:36 - On se disait toujours "on va être démoli, on va être démoli"
33:38 - et ça n'arrivait pas.
33:40 - Il était attaché au quartier parce qu'il y est né.
33:42 - Il est né sans seins, à Côte-Flandre.
33:44 - Il n'est même pas allé à la clinique.
33:46 - Il n'est même pas allé à la clinique.
33:48 - Est-ce que vous ne criez pas que les quartiers rénovés,
33:50 - Est-ce que vous ne criez pas que les quartiers rénovés,
33:52 - les vidés de leur vie, ne deviennent pas des quartiers ?
33:54 - Ça va être ennuyeux.
33:56 - Mais ça va être ennuyeux.
33:58 - Il y a des troupes de jeunes qui veulent animer ces quartiers,
34:00 - dont on a enlevé la sève.
34:02 - Il y a des troupes de jeunes qui veulent animer la rue
34:04 - en faisant des spectacles théâtraux dans la rue.
34:06 - Ils sont pleins de bonne volonté,
34:08 - mais je crois que c'est tapé à côté.
34:10 - Dans leur temps, enfin c'est rigolo,
34:12 - on fait mourir un quartier
34:14 - et puis on lui fait une transfusion de jeunesse.
34:16 - Cette tentative,
34:18 - c'est vraiment désespéré.
34:20 - Maintenant on demande
34:22 - que les gens se rassemblent tout autour,
34:24 - respectueusement,
34:26 - et on voit des garçons de très bonne famille
34:28 - qui crachent le feu.
34:30 - C'est drôle, et il a bien du mérite.
34:32 - C'est rigolo.
34:34 Il n'y a pas que ceux qui l'ont vécu
34:46 pour regretter le Paris
34:48 qui devait être toujours Paris.
34:50 - Monsieur, dans cette maison qu'on est en train de démolir,
35:12 - vous viviez il n'y a pas longtemps.
35:14 - Oui, il y a dix jours à peu près.
35:16 - Vous revenez souvent la voir depuis dix jours ?
35:18 - Non, je ne m'y ai pas.
35:20 - Ça vous fait mal au cœur ?
35:22 - Un peu, quand même.
35:24 - Qu'est-ce qu'il y avait dans cette maison ?
35:26 - Il y avait une petite cour intérieure
35:28 - avec des arbres,
35:30 - il y avait des ateliers d'artistes.
35:32 - C'était une très belle maison.
35:34 - Elle date du milieu du 19ème à peu près.
35:36 - C'était au début un relais postier.
35:38 - Et ensuite,
35:40 - il y a des artistes qui ont travaillé
35:42 - et habité,
35:44 - notamment Fernand Léger,
35:46 - je pense Rodin.
35:48 - C'était un des rares ateliers dans Paris
35:50 - où l'on pouvait sortir de très grosses pièces.
35:52 - Et vous êtes où maintenant ?
35:54 - Je suis dans le 9ème.
35:56 - Dans un appartement ancien
35:58 - ou dans un bâtiment moderne ?
36:00 - Dans un immeuble moderne.
36:02 - Vous aimez ?
36:04 - Non, mais je ne compte pas y rester.
36:06 - Je cherche à y rester.
36:08 - Dans le même style.
36:10 - Quelle importance vous donnez
36:12 - à cette manière de vivre ?
36:14 - C'est le thé des anciens.
36:16 - C'est indispensable de conserver
36:20 - dans Paris des endroits comme ça.
36:22 - D'autant plus qu'on ne fait rien
36:24 - qui y ressemble.
36:26 - C'est désastreux.
36:28 - Est-ce que ce qu'on fait actuellement
36:30 - est à l'échelle humaine ?
36:32 - Je ne pense pas, vraiment pas.
36:34 - À l'échelle des voitures
36:36 - et de l'argent.
36:38 - Je ne veux pas être grossier.
36:40 - Je ne veux pas être grossier.
36:42 (Bruit de voiture)
36:44 (Bruit de voiture)
36:46 (Bruit de voiture)
36:48 (Bruit de voiture)
36:50 (Bruit de voiture)
36:52 (Bruit de voiture)
36:54 (Musique)
37:16 Quelques vieux monuments,
37:18 quelques vieilles maisons,
37:20 quelques vieilles rues,
37:22 bizarrement isolées dans un environnement
37:24 étranger, désespérément neuf,
37:26 restent désormais debout.
37:28 Il ne se passe pas de semaine
37:30 que ne soient démolies
37:32 quelques vestiges épargnés
37:34 qui gênent un alignement
37:36 ou encombrent l'emplacement
37:38 d'une percée future.
37:40 Il n'y a plus grand-chose à protéger
37:42 mais peut-être doit-on croire,
37:44 mais peut-on croire,
37:46 que l'on peut croire,
37:48 que l'on peut croire,
37:50 que l'on peut croire,
37:52 que l'on peut croire,
37:54 que l'on peut croire,
37:56 que l'on peut croire,
37:58 que l'on peut croire,
38:00 que l'on peut croire,
38:02 que l'on peut croire,
38:04 que l'on peut croire,
38:06 que l'on peut croire,
38:08 que l'on peut croire,
38:10 que l'on peut croire,
38:12 que l'on peut croire,
38:14 que l'on peut croire,
38:16 que l'on peut croire,
38:18 que l'on peut croire,
38:20 que l'on peut croire,
38:22 que l'on peut croire,
38:24 que l'on peut croire,
38:26 que l'on peut croire,
38:28 que l'on peut croire,
38:30 que l'on peut croire,
38:32 que l'on peut croire,
38:34 que l'on peut croire,
38:36 que l'on peut croire,
38:38 que l'on peut croire,
38:40 que l'on peut croire,
38:42 que l'on peut croire,
38:44 que l'on peut croire,
38:46 que l'on peut croire,
38:48 que l'on peut croire,
38:50 que l'on peut croire,
38:52 que l'on peut croire,
38:54 que l'on peut croire,
38:56 que l'on peut croire,
38:58 que l'on peut croire,
39:00 que l'on peut croire,
39:02 que l'on peut croire,
39:04 que l'on peut croire,
39:06 que l'on peut croire,
39:08 que l'on peut croire,
39:10 que l'on peut croire,
39:12 que l'on peut croire,
39:14 que l'on peut croire,
39:16 que l'on peut croire,
39:18 que l'on peut croire,
39:20 que l'on peut croire,
39:22 que l'on peut croire,
39:24 que l'on peut croire,
39:26 que l'on peut croire,
39:28 que l'on peut croire,
39:30 que l'on peut croire,
39:32 que l'on peut croire,
39:34 que l'on peut croire,
39:36 que l'on peut croire,
39:38 que l'on peut croire,
39:40 que l'on peut croire,
39:42 que l'on peut croire,
39:44 que l'on peut croire,
39:46 que l'on peut croire,
39:48 que l'on peut croire,
39:50 que l'on peut croire,
39:52 que l'on peut croire,
39:54 que l'on peut croire,
39:56 que l'on peut croire,
39:58 que l'on peut croire,
40:00 que l'on peut croire,
40:02 que l'on peut croire,
40:04 que l'on peut croire,
40:06 que l'on peut croire,
40:08 que l'on peut croire,
40:10 que l'on peut croire,
40:12 que l'on peut croire,
40:14 que l'on peut croire,
40:16 que l'on peut croire,
40:18 que l'on peut croire,
40:20 que l'on peut croire,
40:22 que l'on peut croire,
40:24 que l'on peut croire,
40:26 que l'on peut croire,
40:28 que l'on peut croire,
40:30 que l'on peut croire,
40:32 que l'on peut croire,
40:34 que l'on peut croire,
40:36 que l'on peut croire,
40:38 que l'on peut croire,
40:40 que l'on peut croire,
40:42 que l'on peut croire,
40:44 que l'on peut croire,
40:46 que l'on peut croire,
40:48 que l'on peut croire,
40:50 que l'on peut croire,
40:52 que l'on peut croire,
40:54 que l'on peut croire,
40:56 que l'on peut croire,
40:58 que l'on peut croire,
41:00 que l'on peut croire,
41:02 que l'on peut croire,
41:04 que l'on peut croire,
41:06 que l'on peut croire,
41:08 que l'on peut croire,
41:10 que l'on peut croire,
41:12 que l'on peut croire,
41:14 que l'on peut croire,
41:16 que l'on peut croire,
41:18 que l'on peut croire,
41:20 que l'on peut croire,
41:22 que l'on peut croire,
41:24 que l'on peut croire,
41:26 que l'on peut croire,
41:28 que l'on peut croire,
41:30 que l'on peut croire,
41:32 que l'on peut croire,
41:34 que l'on peut croire,
41:36 que l'on peut croire,
41:38 que l'on peut croire,
41:40 que l'on peut croire,
41:42 que l'on peut croire,
41:44 que l'on peut croire,
41:46 que l'on peut croire,
41:48 que l'on peut croire,
41:50 que l'on peut croire,
41:52 que l'on peut croire,
41:54 que l'on peut croire,
41:56 que l'on peut croire,
41:58 que l'on peut croire,
42:00 que l'on peut croire,
42:02 que l'on peut croire,
42:04 que l'on peut croire,
42:06 que l'on peut croire,
42:08 que l'on peut croire,
42:10 que l'on peut croire,
42:12 que l'on peut croire,
42:14 que l'on peut croire,
42:16 que l'on peut croire,
42:18 que l'on peut croire,
42:20 que l'on peut croire,
42:22 que l'on peut croire,
42:24 que l'on peut croire,
42:26 que l'on peut croire,
42:28 que l'on peut croire,
42:30 que l'on peut croire,
42:32 que l'on peut croire,
42:34 que l'on peut croire,
42:36 que l'on peut croire,
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42:40 que l'on peut croire,
42:42 que l'on peut croire,
42:44 que l'on peut croire,
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42:48 que l'on peut croire,
42:50 que l'on peut croire,
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