4500 articles de scientifiques reconnus valident la réalité des changements climatiques, 23 articles la nient. Pourtant, 48% des Américains et un tiers des Français persistent à douter de l’existence du réchauffement climatique… Comment les climato-sceptiques ont-ils fait pour kidnapper les cerveaux de 48% des Américains ou d’un tiers des Français ?
Ce film est une investigation au cœur du lobby climato-sceptique. Quelles méthodes a-t-il employé pour influencer l’opinion publique ? Comment est-il parvenu à rendre médiatiquement valable ou acceptable ce qui est scientifiquement faux ?
Titre original : Climatosceptiques - La guerre du climat
Un film de Laure Noualhat et Franck Guérin
© 2014, Licensed by CPB Films
Ce film est une investigation au cœur du lobby climato-sceptique. Quelles méthodes a-t-il employé pour influencer l’opinion publique ? Comment est-il parvenu à rendre médiatiquement valable ou acceptable ce qui est scientifiquement faux ?
Titre original : Climatosceptiques - La guerre du climat
Un film de Laure Noualhat et Franck Guérin
© 2014, Licensed by CPB Films
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00:00...
00:27New York, septembre 2014.
00:31300 000 personnes marchent pour protéger le climat.
00:37Leur objectif ?
00:39Pousser 200 pays à agir contre le réchauffement climatique
00:42sous l'égide de l'ONU.
00:46Dans le passé, aucun accord n'a jamais abouti.
00:50La faute a une certaine inertie diplomatique,
00:54mais aussi un mouvement qui a instillé le doute
00:57sur la réalité du problème, le climato-scepticisme.
01:02Ce mouvement est-il puissant pour faire échouer des négociations ?
01:08Quelles sont les armes à sa disposition pour mener la guerre du climat ?
01:19Depuis l'an 2000, la planète bat tous les records de température.
01:24La dernière décennie est la plus chaude
01:26que les 2 hémisphères aient jamais connue.
01:32Depuis 15 ans, la concentration de gaz à effet de serre
01:35dans l'atmosphère a atteint un niveau inégalé.
01:40La faute aux activités humaines en constante augmentation.
01:47C'est un acquis.
01:49Le réchauffement climatique est en cours
01:51et ses conséquences sont dramatiques.
01:59Depuis 1980, la banquise de l'Arctique
02:01a perdu 40 % de sa superficie.
02:05Les glaciers de l'Antarctique, eux, fondent à une vitesse accélérée.
02:12Conséquence directe, le niveau moyen de la mer
02:15a augmenté 2 fois plus qu'au siècle dernier.
02:17Partout, les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient.
02:23Tempête.
02:25Sécheresse.
02:27Tornade.
02:31Ouragan.
02:32On dénombre en moyenne 700 catastrophes par an.
02:37Devant l'ampleur des phénomènes,
02:39la communauté internationale se mobilise.
02:43En 1988,
02:44climatologues et diplomates de l'ONU créent le GIEC,
02:47le groupe intergouvernemental des experts sur l'évolution du climat.
02:51Des milliers de chercheurs se réunissent alors tous les ans
02:54pour confronter leurs données.
02:56Leur rôle ? Expertiser et informer
02:59sur les risques du réchauffement climatique provoqués par l'homme.
03:05Et à ce titre, en 2007,
03:07les scientifiques du GIEC reçoivent une nouvelle liste
03:10des risques du réchauffement climatique.
03:12Les scientifiques du GIEC reçoivent le plus prestigieux des prix.
03:19Le comité Nobel norvégien a décidé que le prix Nobel de la paix 2007
03:24sera partagé par deux lauréats.
03:28Le groupe intergouvernemental d'experts sur le climat
03:33et Al Gore,
03:36pour leurs efforts à diffuser la connaissance
03:39sur le changement climatique d'origine humaine.
03:43Pour la communauté scientifique, le constat est implacable.
03:47Et autour d'elle, le consensus, réel.
03:52Mais cela ne va pas durer.
03:54Ces théories sont une imposture.
03:56Je pense que ces scientifiques ne sont pas corrects.
03:58Ce réchauffement, il serait lié à quoi ?
04:01Quel réchauffement ? Vous avez vu un réchauffement ?
04:04Il fait de plus en plus froid.
04:06Moi, je pense qu'on ne... Vous avez qu'à le voir.
04:09Je pense qu'on ne peut pas prévoir le climat
04:11pas plus qu'on peut prévoir le temps à plus de 5 jours de distance.
04:15Regardez la météo, c'est tout.
04:17On prévoit le temps à 2 ou 3 jours.
04:19Prévoir le climat dans un siècle, c'est une imposture.
04:25Claude Allègre.
04:27En 2010, l'ancien ministre de la Recherche sort un livre
04:31qui se vendra à plus de 120 000 exemplaires.
04:35L'imposture climatique.
04:38Avec cet ouvrage,
04:39le géophysicien provoque un véritable séisme dans les médias.
04:44Les Français découvrent un nouveau mot.
04:47Climatosceptique.
04:51Il désigne ceux qui ne croient pas au réchauffement climatique,
04:54mais aussi ceux qui pensent que si réchauffement, il y a,
04:57celui-ci ne peut être dû à l'homme.
05:02Sans être un spécialiste,
05:03Claude Allègre devient l'invité incontournable des débats sur le climat.
05:08Son adversaire favori, le GIEC et ses experts.
05:14Comme dans cette émission diffusée en 2010,
05:16l'objet du scandale.
05:17Tout le monde sait que vous êtes ministre de l'Education nationale.
05:21Face à l'ex-ministre, une membre du GIEC.
05:25Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue.
05:28Valérie, qui a eu une lecture attentive et passionnée de votre livre.
05:33Oui, pour tout dire, j'ai hésité entre rire et pleurer en le lisant.
05:38Cette femme qui provoque l'ex-ministre
05:40a parcouru les zones les plus froides de la planète.
05:43Au Groenland ou au Tibet,
05:45elle a prélevé de nombreuses carottes de glace
05:48pour reconstituer les climats du passé.
05:51Son travail permet de perfectionner les modèles d'évolution du climat
05:55afin qu'ils soient le plus fiables possible.
05:59Devant Claude Allègre, star des plateaux télé,
06:02la climatologue n'a pas froid aux yeux.
06:04Quand on parle du climat, il faut regarder à grande échelle.
06:08Vous faites des moyennes.
06:09Vous présentez une courbe de température moyenne à Paris.
06:12Je suis en train de faire un papier.
06:14Vous présentez une courbe de température
06:17où il fait 8 degrés en moyenne à Paris, il fait 12 en moyenne.
06:20J'étais temps que vous vous rencontriez, vous les deux.
06:24Il est invité dans cette émission de présenter comme un spécialiste,
06:28alors qu'en réalité, il ne connaît pas...
06:30Il ne lit pas les articles scientifiques de notre domaine.
06:33C'est peut-être ce qui est le plus frustrant.
06:36Claude Allègre a la chance, pour moi,
06:38d'incarner l'image du scientifique pour le grand public.
06:41Je pense que cette chance-là, d'être une sorte de figure emblématique,
06:45ça s'accompagne d'un minimum de devoirs.
06:48En ayant une parole de spécialiste, d'avoir une parole informante.
06:52J'espère que les téléspectateurs entendent
06:54que Claude Allègre a des avis que je partage sur certains points,
06:58mais sur d'autres points, il dit des choses énormes.
07:01Ce n'est pas vrai.
07:02J'ai une grande frustration par rapport à Claude Allègre
07:05et certains climato-sceptiques,
07:07car ils nous ont volé la possibilité d'avoir,
07:10sur la place publique, un débat scientifique, rationnel, sérieux.
07:14Dans le débat avec Claude Allègre, j'avais l'impression
07:17d'être en dehors de mon écosystème normal,
07:19c'est-à-dire d'être dans une espèce de divertissement
07:24qui cherchait à faire du scandale.
07:25Vous pouvez travailler tant que vous voulez sur ce problème.
07:29Vous n'êtes pas capable, aujourd'hui, de modéliser le climat.
07:32Je ne fais pas de prédiction et je n'y crois pas.
07:35C'est ce qui me frappe dans les propos d'Allègre.
07:37Quand il dit que je ne crois pas aux capacités à prévoir ou à anticiper,
07:42il exprime une croyance.
07:44Dans mon travail quotidien de chercheur,
07:46je ne pense pas que mon travail relève de la croyance.
07:50S'il y a une hypothèse, on va essayer de la tester,
07:52de la confirmer, de l'infirmer, mais ça ne relève pas de la croyance.
07:57-"Sciences contre croyances",
07:59ou vulgaire conquête des médias,
08:01si les arguments de la scientifique sont convaincants,
08:04l'averve de Claude Allègre ne l'est pas moins.
08:07Sous les yeux des téléspectateurs,
08:09le consensus scientifique vole en éclats.
08:12Une guerre du climat se dessine sous les spots des plateaux télévisés.
08:17Claude Allègre et les climato-sceptiques ont tort,
08:20mais au nom du débat,
08:22leurs doutes sur le réchauffement deviennent une occasion.
08:25Et comme toutes les opinions se valent,
08:28le public, lui, se forge la sienne.
08:32En 2013, un sondage montre que...
08:3413 % des Français ne croient pas au réchauffement climatique.
08:4022 % ne croient pas que ce réchauffement
08:43soit dû aux activités humaines.
08:46Un Français sur trois se revendique donc climato-sceptique.
08:50Si le fait scientifique est avéré,
08:52comment le doute a-t-il pu se diffuser aussi rapidement ?
08:58C'est devenu un sujet clivant, lié aux opinions politiques,
09:02alors que pour moi, les sciences du climat,
09:04c'est un domaine scientifique.
09:06Là, on voit qu'un certain nombre de lobbies,
09:09climato-sceptiques ou autres,
09:10ont eu vraiment un succès énorme.
09:13Je pense qu'il y a des différences d'un pays à l'autre
09:16et que le meilleur exemple, c'est le climat.
09:19Pour raison de santé,
09:20Claude Allègre s'est retiré de la vie publique en 2013.
09:23Son absence a considérablement affaibli
09:26le mouvement climato-sceptique en France.
09:28Et personne n'a repris le flambeau.
09:34Ailleurs, de véritables professionnels du déni
09:37agissent à découvert pour faire échouer les politiques climatiques.
09:41Direction Varsovie.
09:43En 2013, la capitale polonaise accueille
09:45la 19e conférence de l'ONU sur le climat.
09:48C'est le grand rendez-vous annuel des négociations climatiques.
09:52Près de 200 pays se réunissent
09:54pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
09:57Mais difficile de tomber d'accord.
10:02Les politiques climatiques
10:03ont été réunies en France en 2013.
10:06La capitale polonaise est la seule
10:08qui n'a pas tombé d'accord.
10:11Les pays riches peinent à changer leur mode de vie.
10:14Les pays émergents veulent profiter de la croissance.
10:18Et les plus vulnérables réclament de l'argent
10:20pour s'adapter aux changements climatiques.
10:34Si depuis 20 ans, rien n'avance,
10:36c'est aussi à cause de ces compagnies
10:38qui ont bâti leur fortune en vendant du gaz,
10:41du pétrole et du charbon.
10:45Des énergies fossiles
10:46responsables du réchauffement climatique.
10:52Les écologistes essaient d'alerter l'opinion,
10:55mais peinent à se faire vraiment entendre.
11:00C'est dans ce contexte diplomatique délicat
11:03qu'œuvrent les soldats du déni.
11:06Sea Facts, une organisation ouvertement climato-sceptique,
11:10est venue jouer les fauteurs de troubles.
11:15Elle organise une conférence de presse.
11:19Son directeur de la communication,
11:21Marc Morano, entame les hostilités.
11:26Si vous regardez les inondations,
11:28qui sont des phénomènes climatiques extrêmes,
11:30sur les 125 dernières années,
11:32il n'y a pas de tendance à l'augmentation.
11:34Si vous regardez les sécheresses,
11:36il y a un déclin depuis 60 ans aux Etats-Unis
11:39et une diminution à l'échelle mondiale.
11:41Pareil pour les tornades, cette année.
11:44On a eu un nombre particulièrement bas de tornades aux Etats-Unis.
11:47Certains pensent qu'on peut contrôler
11:49ces événements climatiques grâce au marché du carbone,
11:53au taxe carbone ou au Traité des Nations Unies.
11:55Mais aujourd'hui, nous sommes en plein obscurantisme médiéval.
11:59Et pourtant, nous sommes au 21e siècle.
12:05Une autre question, s'il vous plaît ?
12:07J'aimerais savoir comment vous arrivez à dormir la nuit ?
12:11Je ne sais pas quoi dire d'autre.
12:13Je dors très bien, merci. Je comprends votre inquiétude.
12:16Mais notre inquiétude, c'est que ces politiques climatiques
12:20font plus de mal que de bien.
12:21Aujourd'hui, les pays où l'énergie est la plus abondante
12:24et la moins chère dépendent du charbon.
12:27Et la décarbonisation a un effet dévastateur
12:29sur les pauvres du monde entier.
12:31Donc, nous dormons bien la nuit, oui.
12:34Et nous pensons pouvoir faire plus de bien que de mal.
12:37Dans le temple des négociations climatiques,
12:40le discours de C-Fact fait l'effet d'une bombe.
12:45Le face-à-face est brutal.
12:52Tout oppose en effet ces climatosceptiques américains
12:55à un public convaincu de la réalité du réchauffement.
13:00Mais peu importe pour C-Fact.
13:02Car le but de ces militants n'est pas tant ici de convaincre
13:05que de s'offrir une vitrine.
13:07Pour preuve, leur stand voisine celui des ONG écologistes.
13:15Et c'est l'un des cofondateurs de C-Fact, Craig Rucker,
13:18qui explique sa stratégie.
13:20Nous venons ici, même si nous savons
13:23que ceux qui assistent à ce type de conférences
13:25sont plutôt d'accord avec les Nations unies.
13:28Mais nous considérons que c'est quand même important
13:30de venir et de dire aux gens que nous ne sommes pas d'accord.
13:34Derrière un argumentaire a priori scientifique,
13:37ces négateurs du réchauffement affirment leur conviction.
13:40Pas de réchauffement depuis 17 ans.
13:43Pas plus de sécheresse depuis 60 ans.
13:46Des ours polaires en pleine forme.
13:48Sur ce stand, chaque affirmation relève de la croyance
13:52et prend le contre-pied exact de la science.
13:55C'est la raison pour laquelle
13:58nous avons choisi ce stand.
14:00On dirait que vous êtes comme des athées
14:02au beau milieu du Vatican.
14:05Rire
14:07Bien vu.
14:08Oui, sous l'Inquisition, nous aurions sûrement été jugés hérétiques.
14:12Mais pour utiliser une autre image religieuse,
14:15nous nous sentons plutôt comme des missionnaires
14:18qui tentent de sauver les âmes égarées.
14:21Beaucoup de gens ici n'ont pas forcément de point de vue tranché
14:25ou ne savent pas grand-chose sur les sciences du climat.
14:28Je sais bien que nous n'allons pas convaincre
14:31les croyants purs et durs,
14:33mais si nous pouvons avoir un impact sur les autres,
14:36nous devons persévérer.
14:39Craig Rucker joue les modestes.
14:42Lui et son équipe sont de véritables professionnels du déni.
14:47Si efficaces que leur impact est considérable aux Etats-Unis.
14:52En effet, un Américain sur deux est climato-sceptique.
14:56Et 75 % des conservateurs le sont.
15:00Qui sont ces négateurs du climat et quelle est leur stratégie ?
15:05Départ pour les Etats-Unis
15:07sur les traces des climato-sceptiques les plus virulents.
15:11Las Vegas, un symbole de l'American way of life.
15:16Pour alimenter cette ville en électricité,
15:19il faudrait pas moins de 8 réacteurs nucléaires moyens.
15:23Avec ce mode de vie dont le président Bush avait affirmé
15:27qu'il n'était pas négociable,
15:29un Américain émet près de 18 tonnes de CO2 par an.
15:33Soit près de 3 fois plus qu'un Français
15:36et 32 fois plus qu'un Somalien.
15:45Dans cet hôtel casino se tient le plus grand rassemblement
15:49de climato-sceptiques.
15:53Nous retrouvons Craig Rucker, le directeur de C-Fact.
15:59Avec lui, 600 sympathisants venus d'Europe, d'Australie ou d'Inde
16:04se retrouvent autour d'une idée.
16:06Le réchauffement climatique, c'est bidon.
16:09Dans leur croisade contre ce qu'ils appellent les réchauffistes,
16:13les sceptiques utilisent toutes les armes à leur disposition.
16:17La première d'entre elles, c'est la défense de leur liberté.
16:23Il y a des militants écologistes qui veulent réguler votre thermostat,
16:28chez vous, comme en Californie.
16:30On veut limiter vos voyages en avion.
16:33On veut vous influencer dans le choix de votre fournisseur d'électricité.
16:38Tout ça, ce sont des entraves à la liberté individuelle.
16:42Aux Etats-Unis et dans d'autres pays,
16:44c'est comme si vous mettiez une voiture au garage.
16:48Toutes ces initiatives sont des atteintes à notre liberté.
16:52Le staff de C-Fact est venu au grand complet.
16:55Ici, Mark Morano est une véritable star que tout le monde s'arrache.
17:00C'est la tête d'affiche du mouvement,
17:03et il a droit à tous les honneurs.
17:14On le surnomme même le parrain.
17:20Pour lui, être sceptique est une évidence,
17:23surtout quand il s'agit d'environnement.
17:26Là où les sceptiques sont très soupçonneux,
17:29c'est sur la question des solutions.
17:32Bizarrement, quels que soient les risques,
17:35refroidissement, déforestation, surpopulation,
17:38les solutions sont toujours les mêmes à 10 ans d'intervalle.
17:42Planification centrale, intervention de l'Etat dans nos vies.
17:46Du coup, les gens sont très méfiants.
17:50Bonsoir à vous, suppôt du climato-scepticisme.
17:58On est vraiment en guerre.
18:00Une guerre pour défendre la civilisation occidentale.
18:04Une guerre pour la liberté.
18:06Ce à quoi on assiste en ce moment, dirigé par le mouvement écologiste,
18:11c'est une guerre contre le capitalisme,
18:14contre notre liberté, contre notre mode de vie.
18:19James Dillingpole est chroniqueur
18:22dans le quotidien britannique conservateur The Daily Telegraph.
18:26Derrière son discours sur la défense des libertés,
18:30se cache en réalité une idéologie libertarienne,
18:34une philosophie ultralibérale qui prône le non-interventionnisme de l'Etat.
18:39Rien ne doit être régulé, ni l'économie, ni les activités humaines.
18:47Je crois fermement à la liberté.
18:50Personnellement, si je me suis intéressé à ce débat sur le climat,
18:55c'est parce que je constate que la question du réchauffement climatique
19:00est un prétexte pour justifier l'intervention accrue de l'Etat
19:04sous forme de taxes, sous forme de réglementation,
19:08et je vois aussi tous les dégâts causés
19:11au nom de la préservation de la planète.
19:14Le mouvement écologiste est misanthrope.
19:17Il n'aime pas le genre humain.
19:19On entend souvent les écolos dire que la Terre a le cancer
19:23et que ce cancer, c'est l'homme.
19:25En fait, le mouvement vert est une atteinte à la civilisation occidentale.
19:29J'ai même écrit un livre là-dessus qui s'appelle Les Pastèques,
19:33vert à l'extérieur, mais rouge à l'intérieur.
19:36Avec son livre, James Dillingpole remet une vieille expression
19:40au goût du jour.
19:44Le fruit a été utilisé dès la fin des années 80
19:48pour désigner les écologistes.
19:51A l'époque, les idéologies communistes s'effondrent
19:55et l'écologie fait irruption dans le paysage politique.
19:59Pour leurs détracteurs,
20:01les écolos veulent surtout faire avancer
20:03des idées socialistes ou collectivistes
20:06sous couvert de protection de l'environnement.
20:13Selon James Dillingpole,
20:15le jeune homme ici à gauche serait donc...
20:18une pastèque.
20:20Connor Gibson est un militant de Greenpeace.
20:23Avec son costume sombre, il essaie de passer inaperçu.
20:28C'est un des très bons connaisseurs de ce mouvement.
20:34On ne peut pas dire que c'est un mouvement qui vient de la base.
20:38Ici, il n'y a que des avocats, des lobbyistes,
20:41des gens bien payés dont la carrière politique
20:44n'est pas forcément fondée sur un principe d'honnêteté.
20:47Ce qui est assez parlant, c'est qu'on ne voit pas de jeunes ici,
20:51pas de femmes, pas de gens de couleur.
20:54Ce n'est pas le peuple qui est réuni ici.
20:57Ce sont des gens qui brandissent les termes de liberté,
21:01pour rallier l'opinion américaine à leur cause.
21:04Ce sont des mots puissants,
21:06mais qui ne traduisent pas la réalité de leur action.
21:10Aux Etats-Unis, le débat sur le climat
21:13a donc vite glissé sur un terrain strictement politique.
21:17Les négateurs du réchauffement sont d'abord venus à Las Vegas
21:21pour galvaniser leurs troupes et fortifier leurs réseaux.
21:26Ils ont besoin de tous les renforts possibles,
21:29au plus haut niveau de l'Etat.
21:32Dana Rohrabacher est conservateur
21:35et membre de la Chambre des représentants du Congrès.
21:38Cette élue de Californie, férue de surf et d'océan,
21:42raconte une anecdote qui en dit long sur son engagement écologique.
21:49Jacques Cousteau a longtemps été un de mes héros.
21:52Un jour, j'ai assisté à une conférence à l'université de Los Angeles.
21:56C'était très pessimiste.
21:58Cousteau disait que les océans étaient en train de mourir.
22:01Alors je l'ai interpellé.
22:03M. Cousteau, n'y a-t-il pas aussi des signes plus positifs ?
22:06Il s'est approché à 2 cm de mon visage.
22:09Il m'a dit...
22:11Vous n'avez pas entendu ce que j'ai dit.
22:13Dans 10 ans, les océans seront morts,
22:16complètement morts,
22:18de la mélasse noire.
22:24Il faut que vous sachiez qu'il y a 6 mois,
22:27j'étais sur mon surf au milieu d'un tas de pélicans, d'oiseaux, de poissons,
22:31et je me disais...
22:33La mélasse noire !
22:37Je vais dire un truc pas très sympa, mais non,
22:40les océans sont bien vivants.
22:42Jacques Cousteau est mort il y a des années,
22:44et c'est lui, la mélasse noire.
22:50Au congrès,
22:52Dana Rohrabacher se bat pour empêcher toute loi,
22:55contrainte ou règle,
22:57qui obligerait à réduire les émissions de CO2 américaines.
23:01Mais le véritable héros politique du mouvement vient d'Oklahoma.
23:05Il occupe un poste encore plus influent, celui de sénateur.
23:10L'un de nos leaders dans ce combat est le sénateur James Inouf.
23:15Au début, juste après le protocole de Kyoto qu'ils ont voulu ratifier,
23:19souvenez-vous de Clinton et Gore.
23:21J'étais tout seul à l'époque.
23:22Ils ont essayé d'introduire des amendements anticarbone,
23:25pas moins de 7 en 10 ans,
23:27et on les a tous rejetés, à chaque fois avec une large majorité.
23:31Je dis ça parce que les alarmistes sont en train de perdre cette bataille.
23:36Nous avons raison, ils ont tort, et nous avons gagné.
23:45James Inouf dit juste.
23:47Depuis 1997,
23:49les Etats-Unis n'ont voté aucune loi fédérale
23:52pour lutter contre le réchauffement en cours.
23:55Avec Barack Obama, les choses évoluent.
23:58En 2014, Etats-Unis et Chine se sont même engagés à agir
24:02pour limiter leurs émissions de CO2.
24:04Il n'empêche, James Inouf reste vigilant.
24:07C'est un sceptique de la première heure.
24:10Il est aujourd'hui président de la Commission environnement du Sénat.
24:14Et il a écrit un livre au titre éloquent.
24:17Réchauffement climatique, le plus gros canular de tous les temps.
24:21Nous avons cherché à le rencontrer,
24:24mais il n'a jamais voulu nous répondre.
24:27Ce qui n'étonne pas Mark Morano,
24:29qui a été son directeur de communication.
24:32Vous êtes français, et franchement,
24:35les conservateurs ne font pas très confiance
24:38aux Français et à leurs médias.
24:40Ils aiment votre politique nucléaire, mais c'est à peu près tout.
24:44En fait, Inouf a fait carrière
24:47avec Jacques Chirac.
24:49Il l'appelait le vieux socialiste,
24:52celui qui a jeté les bases du protocole de Kyoto en 1997.
24:56Après le 11 septembre,
24:58on a rebaptisé les frites French Fries en Freedom Fries.
25:02C'est pour dire qu'il y a une défiance vis-à-vis des Français,
25:06de leurs journalistes.
25:08On a peur de parler à la caméra.
25:10Vous cumulez trop de handicaps.
25:13Pour mieux comprendre sur quel terreau
25:16a poussé la pensée sceptique de James Inouf,
25:19rien de tel qu'un détour par l'état qu'il représente, l'Oklahoma.
25:24Pétrole, gaz de schiste, gaz naturel, charbon,
25:27le sous-sol de cet état du Mide-Ouest
25:30regorge d'énergie fossile.
25:32Au total, plus de 125 000 puits
25:35fournissent 200 000 barils par jour.
25:38Un habitant sur cinq vit de six mois
25:41dans cette industrie.
25:47Si Inouf incarne l'Oklahoma au niveau fédéral,
25:51Lee Diney, elle, vit la réalité de cet état au quotidien.
25:55Cette élue d'une petite ville de 10 000 habitants
25:59est très proche d'Inouf.
26:01Elle défend bec et ongle ce qui fait la richesse de son état.
26:06La grande majorité des habitants de l'Oklahoma
26:10est d'accord avec le sénateur Inouf.
26:13Nous sommes pour les énergies fossiles
26:16qui sont bonnes pour notre économie.
26:19C'est un secteur qui fait vivre beaucoup de gens ici.
26:23Nous pensons que le gouvernement fédéral
26:26ne doit pas se mêler de nos affaires.
26:29Nous voulons des impôts réduits.
26:32Nos affaires sont nos affaires.
26:35Nous prenons nos responsabilités.
26:37Je suis d'accord d'être conservateur.
26:40Je soutiens l'industrie des fossiles à 100 %.
26:44C'est très important ici.
26:46Je ne suis pas convaincue du réchauffement climatique.
26:51Pour Lee Diney, réchauffement climatique ou pas,
26:55ce qui compte, c'est cet horizon.
26:58Dans sa ville, Cushing,
27:00on trouve une centaine de gigantesques réservoirs de pétrole.
27:06A eux seuls, ils fournissent 50 %
27:09de la consommation annuelle en essence
27:12de toutes les voitures américaines.
27:16A Cushing se croisent les routes
27:19des plus importants oléoducs des Etats-Unis.
27:23Nous avons tenté de rencontrer les compagnies pétrolières d'Oklahoma.
27:29Avec une question en tête.
27:31Quand on vit des énergies fossiles,
27:34que pense-t-on du réchauffement climatique ?
27:39Rendez-vous est pris chez Continental Resources.
27:43Une fois sur place, une mauvaise nouvelle nous attend.
27:47Je suis désolée.
27:49Merci à vous d'être venus, mais...
27:52Pourquoi ? Ce n'est pas possible ?
27:55Je peux juste vous dire que ça ne peut pas se faire.
27:59Nous aimerions vous aider, mais ce n'est pas possible.
28:04Sur le dossier du climat, hautement sensible pour leurs intérêts,
28:09les entreprises pétrolières jouent la carte de la discrétion.
28:16Mais en Oklahoma, d'autres n'hésitent pas à faire entendre leur voix
28:21et se battent contre ces industries toutes puissantes.
28:28Une femme incarne ce combat.
28:32Casey Kemp.
28:37Et sa conception de la liberté est à mille lieux de celle des libertariens.
28:44Je me demande comment définir la liberté.
28:48Est-ce que vous pourriez entrer dans la maison de votre amie
28:52et déféquer dans son salon en lui disant
28:55« Tu n'as rien à dire, parce que je suis libre de le faire » ?
29:01Nous n'avons pas la liberté de choisir pour les autres êtres humains.
29:06Nous, les nations industrialisées, les Etats-Unis, la Chine, l'Europe,
29:11nous n'avons pas la liberté de souiller la terre
29:15au point que nos amis dans les pays sous-développés
29:19voient leurs îles submergées à cause de la montée des océans,
29:24ou se retrouvent sans air à respirer,
29:26ou ne peuvent pas cultiver la terre à cause de la sécheresse.
29:31Nous n'avons pas cette liberté.
29:49Casey Kemp est une des figures les plus respectées de la tribu Ponca.
29:56Pour elle, son peuple est victime
29:59des pollutions à répétition de l'homme blanc.
30:03Elle nous entraîne sur les terres de ses ancêtres.
30:07Quand les Indiens Ponca ont été déplacés en 1877,
30:11on leur a donné environ 40 000 hectares.
30:14Puis une centrale électrique au charbon s'est implantée
30:18sur leur territoire.
30:20L'état de charbon qui était stocké à ciel ouvert
30:24répandait une poussière noire sur toute la communauté,
30:28en permanence.
30:32Il y avait environ une quinzaine de maisons Ponca ici,
30:36il y a une dizaine d'années.
30:39Dans toutes ces maisons, dans chacune d'entre elles,
30:43des gens sont morts du cancer.
30:46Je ne sais pas si vous voyez
30:49comme les arbres sont noircis là-bas.
30:52Vous voyez cette poussière ?
30:55C'est du charbon.
30:58Difficile de prouver le lien entre pollution et cancer.
31:02Mais la tribu Ponca a quand même poursuivi
31:05l'industrie fossile en justice pour empoisonnement.
31:09Nous n'avons rien obtenu devant les cours fédérales.
31:13Alors il y a peut-être un recours possible
31:17devant les Nations unies.
31:19Si mon peuple est tué,
31:22littéralement assassiné par les pollutions de ce type d'usines,
31:27ce n'est pas une violation des droits de l'homme, ça ?
31:33Ils n'ont pas d'autre choix que de nier les changements climatiques
31:37ou les autres dégâts causés par l'industrie du charbon en Oklahoma.
31:41Sinon, ils perdent des emplois.
31:43Et l'emploi, c'est important.
31:45Tout est une question d'argent.
31:48En Oklahoma,
31:50l'industrie fossile génère jusqu'à 28 milliards de dollars par an.
31:54Que pèsent alors des victimes passées ou futures
31:58face à une telle manne ?
32:02Les plaintes de la tribu ont été jugées non recevables
32:06par les tribunaux fédéraux.
32:11Avec sa force financière,
32:13l'industrie fossile peut s'offrir les services de puissance alliée.
32:18Dès lors, une question s'impose.
32:21Le sénateur d'Oklahoma, James Inoff,
32:24a-t-il bénéficié des largesses de l'industrie fossile
32:28dans le financement de ses campagnes électorales ?
32:32Mark Morano, son ancien directeur de la communication, nous éclaire.
32:39Il vient de l'Oklahoma, un état pétrolier.
32:42Tout est là. Il représente les industriels du pétrole.
32:46Pas étonnant qu'ils lui donnent de l'argent, surtout sur le climat.
32:51Si vous lui demandez combien d'argent il vous donne,
32:55il vous répondra pas assez.
32:57Pas assez, certes, mais combien au juste ?
33:00Aux Etats-Unis, des entreprises peuvent signer de très gros chèques
33:05pour soutenir leurs candidats.
33:07Cette influence de l'argent dans la politique
33:10fait courir un grave risque à la démocratie américaine.
33:13Les États-Unis soutiennent la surveillance des institutions américaines.
33:18L'une d'entre elles, Open Secrets,
33:21a installé ses bureaux à deux pas du Capitole.
33:25L'organisation passe au peigne fin les flux d'argent
33:29à destination des élus américains.
33:32Sarah Briner, enquêtrice chez Open Secrets,
33:36décrypte les dons reçus par le sénateur James Inoff.
33:40Des dons soumis à des règles strictes,
33:43avec des plafonds fixés par la loi.
33:46Ici, on a le profil du sénateur James Inoff.
33:50C'est tout l'argent qu'il a reçu depuis 1989,
33:53soit 19 millions de dollars.
33:55On retrouve ici ses 5 principaux financeurs.
33:58En 1re place, Koch Industries,
34:01et en 2nde place, Murray Energy,
34:04tous deux dans le secteur de l'énergie et des ressources.
34:08Tout au long de son mandat au Sénat,
34:11il a reçu 1,6 millions de dollars de l'industrie du gaz et du pétrole.
34:16C'est vraiment beaucoup.
34:18C'est beaucoup, et ça explique aussi beaucoup de choses.
34:22Soutenue par l'industrie fossile,
34:25il est logique que Inoff bloque toutes les lois contraignantes
34:29pour ce secteur, et toutes celles en faveur du climat.
34:33Mais ce n'est pas tout.
34:36Sarah Briner nous explique
34:38que la générosité des industriels peut être beaucoup plus discrète.
34:43Attention, les donateurs comme Koch Industries
34:46sont aussi connus pour soutenir les politiques
34:49à travers des associations à but non lucratif.
34:52Cet argent-là est considéré comme de l'argent noir,
34:56difficile à tracer,
34:58mais on a quand même réussi à retrouver au total 300 millions de dollars.
35:04De l'argent qui n'a pas besoin d'être déclaré
35:07à la Commission électorale fédérale.
35:14Koch Industries, un nom totalement inconnu en France,
35:18mais un véritable empire aux Etats-Unis.
35:21A sa tête, deux frères, Charles et David,
35:24des milliardaires qui ont fait fortune dans la chimie du pétrole.
35:29Avec 105 milliards de dollars à U2,
35:32ils sont plus riches que Bill Gates ou George Soros.
35:36Avec leur argent, ils financent le Tea Party,
35:39l'aile droite du parti républicain,
35:42et rêvent de renverser Barack Obama.
35:45Qui sont réellement les frères Koch ?
35:49C'est à San Francisco que, depuis cinq ans,
35:52une association enquête minutieusement sur les deux milliardaires.
35:59L'activiste Victor Menotti livre sa vision des magnats du pétrole.
36:06La référence directe pour eux, c'est JR,
36:09le personnage de la série Dallas.
36:14Un jour, en regardant la série, je me suis dit...
36:17Mais c'est ça ! Charles et David, ce sont les frères Ewing,
36:21mais sous stéroïdes !
36:24Il a beau plaisanter,
36:25Victor Menotti est tout à fait conscient de la puissance des frères Koch.
36:33On essaie de mettre en lumière le rôle primordial que joue Koch Industries,
36:38précisément en ce moment où la planète est littéralement en train de brûler.
36:43Le mouvement climato-sceptique aux Etats-Unis
36:47est financé essentiellement par les frères Koch.
36:52Mais ça ne se limite pas à l'argent distribué aux fondations
36:56ou aux instituts de recherche qui soutiennent ces négationnistes.
37:00Ils leur fournissent aussi toutes sortes d'éléments de langage.
37:04Et puis, il y a les liens qu'ils entretiennent avec des élus,
37:08qui relaient ensuite ce discours dans le débat scientifique.
37:12Leur soutien prend des formes très variées,
37:15ce qui les rend encore plus efficaces.
37:22L'association a mis à jour une véritable pieuvre,
37:25la Kochtopus, inspirée du nom des deux frères.
37:34On a cartographié leur réseau d'influence,
37:37avec toutes les personnes ou organisations à qui ils donnent de l'argent.
37:41Et bien sûr, leurs collaborateurs au Congrès,
37:44parce que c'est là que sont votées les réglementations
37:47susceptibles de faire avancer la cause des énergies fossiles.
37:51Il y a aussi le financement des campagnes des hommes politiques
37:55qui pensent comme eux.
37:57Vous pouvez saisir le nom de n'importe quel homme politique pollueur
38:01et vous verrez combien il touche.
38:03Le sénateur Inoff, par exemple, est l'un de leurs plus gros bénéficiaires.
38:07Ce qu'on a là, c'est la corruption officielle.
38:11Les tentacules de la Kochtopus
38:13ont pénétré la vie publique à différents niveaux.
38:16Le sommet de l'Etat avec Dana Rohrabacher
38:19et surtout James Inoff.
38:23Les groupes de pression, comme l'Institut Heartland,
38:26qui a organisé la conférence de Las Vegas.
38:29Les associations de terrain,
38:31comme celles de Craig Rucker et Marc Morano.
38:36Mais la pieuvre a aussi infiltré la science.
38:40Richard Muller, un physicien de l'Université de Berkeley,
38:44dans la baie de San Francisco.
38:46En 2010, il fait partie de la famille des climato-sceptiques
38:50et il se lance dans des recherches.
38:55Je voulais voir si le réchauffement climatique
38:58était une réalité ou une invention.
39:00Si je devais y croire ou pas.
39:02Je me suis dit qu'il y avait un problème.
39:06A cette époque, il y avait un vaste débat
39:09avec les sceptiques d'un côté et les convaincus de l'autre.
39:13C'était la foire d'empoigne.
39:15Moi, je voulais juste savoir où était la vérité.
39:18Ma démarche était purement scientifique.
39:23Pour vérifier son hypothèse sceptique,
39:26le physicien fait un appel de fond.
39:29Et la fondation d'un des frères Koch lui-même
39:32signe un chèque de 150 000 dollars.
39:37Au bout de deux ans, on avait collecté tout un tas de données.
39:41Je me revois un soir où je passais tout ça en revue.
39:45Les volcans, c'est pas ça.
39:47Les cycles du soleil, ça peut pas être ça non plus.
39:51Et oh, mon Dieu !
39:53Les émissions de CO2 et la hausse des températures
39:57coïncident parfaitement.
39:59Ça a été la révélation.
40:01Soudain, j'ai été convaincu, primo,
40:04que le réchauffement était bien réel.
40:07On le voyait dans nos données.
40:09On avait tout analysé.
40:11Et deuxièmement, les émissions de CO2 étaient dues aux humains.
40:15Pas de doute.
40:17Et la courbe du réchauffement coïncidait
40:20avec celle des émissions de CO2.
40:25Ironie de l'histoire,
40:26c'est l'argent des Kochs
40:28qui aura servi à retourner un climato-sceptique.
40:31Richard Muller n'est probablement pas le seul scientifique
40:35à être tombé dans le panneau du scepticisme.
40:38Les Kochs font tout ce qu'ils peuvent
40:41pour rallier la science à leur cause
40:44en finançant près d'un campus sur trois.
40:51Rayleigh Dunlap est sociologue à l'université de Clahoma.
40:55Vivant dans l'état du sénateur Inhofe,
40:58il connaît les ramifications de la pieuvre sceptique.
41:05Vous allez trouver des gens
41:07qui font des carrières universitaires assez moyennes,
41:11sans relief.
41:13Des gens qui ne sont pas forcément reconnus
41:16dans les sciences du climat,
41:18mais qui se servent de leur doctorat
41:21pour occuper des postes de pouvoir.
41:24Dans la blogosphère,
41:26ils publient des articles
41:28et deviennent des soi-disant experts.
41:31La blogosphère en fait presque des héros.
41:35Les négateurs du réchauffement
41:37rencontrent un succès certain sur Internet,
41:40mais également dans les médias traditionnels.
41:44Ce qui aide particulièrement le mouvement climato-sceptique,
41:48c'est ce qu'on appelle la chambre d'écho conservatrice,
41:52cet énorme complexe médiatique.
41:54Fox News, tous les journaux du groupe Murdoch,
41:57le Wall Street Journal,
41:59et aussi des émissions de radio de droite.
42:02Quand la réalité ne fait pas assez peur,
42:05il suffit de faire des prédictions alarmantes
42:08et d'imposer des politiques climatiques,
42:11des réglementations à tous les niveaux,
42:14et un traité des Nations unies à Paris
42:17voulu par le secrétaire d'Etat John Kerry.
42:20Depuis 9 ans, on assiste à un refroidissement.
42:23Tout le monde le sait.
42:25Alors ça les rend fous
42:27d'imaginer qu'ils se sont trompés avec leur histoire de réchauffement.
42:31La pieuvre sceptique compte une tentacule de plus,
42:35celle des médias acquis à la cause climato-sceptique.
42:43Je suis ici à Las Vegas
42:45pour la conférence internationale sur le changement climatique,
42:49organisée par un groupe de sceptiques,
42:52des scientifiques indépendants
42:54qui nous épargneront la langue de bois gouvernementale.
43:00Ezra Levent est présentateur vedette de la chaîne Sun News,
43:04l'équivalent de Fox News au Canada.
43:07J'ai mon opinion là-dessus.
43:09Je ne suis pas un expert,
43:11mais j'essaie de parler à des scientifiques,
43:14à des chercheurs, à des militants, à des gens de tous bords.
43:18Mais mes sympathies sont claires.
43:20Je ne crois pas que le réchauffement climatique
43:23soit d'origine humaine.
43:25En bon soldat climato-sceptique, le journaliste poursuit sa croisade.
43:31La couverture médiatique sur le réchauffement climatique
43:35est tellement uniforme.
43:37On se croirait au bon vieux temps de l'URSS.
43:40Il y a une ligne officielle dont personne ne doit dévier.
43:44Aucune personne ne devient marginalisée
43:47officieusement ou officiellement.
43:53Ezra Levent fait partie d'une nébuleuse redoutablement efficace.
43:59La pieuvre agit à plusieurs niveaux et simultanément.
44:07Aujourd'hui encore, elle participe au blocage
44:10de la politique climatique américaine
44:13et de l'ensemble de la politique climatique mondiale.
44:25New York, septembre 2014.
44:30Une marche historique pour le climat
44:32a réuni près de 300 000 personnes dans les rues de Manhattan.
44:39Objectif de la manifestation,
44:41faire pression sur les dirigeants du monde entier
44:44pour qu'ils trouvent un accord, et vite.
44:52Parmi la foule, des personnalités de haut vol.
44:55Al Gore, ancien vice-président américain,
44:58ou Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies.
45:02A leurs côtés, Ségolène Royal et Laurent Fabius.
45:07Vous croyez que ça va changer quelque chose ?
45:10Ça contribue parce que ça a lieu dans beaucoup de pays du monde.
45:14La société civile prend conscience de ce qui existe
45:17et va nous pousser à agir dans le bon sens.
45:20Je crois que c'est un élément assez fort.
45:23Les Français accueilleront la conférence de l'ONU sur le climat
45:27à Paris en 2015.
45:29Pour eux, un échec est inenvisageable.
45:32La menace sceptique ?
45:34Le ministre des Affaires étrangères l'abalait d'un revers de main.
45:38Il y a de moins en moins de climato-sceptiques
45:41parce qu'on se rend bien compte
45:43que notamment tous les phénomènes extrêmes
45:46sont beaucoup plus graves aujourd'hui
45:49que c'était le cas il y a 20 ou 30 ans.
45:52Mais il y en a encore des climato-sceptiques,
45:55notamment aux Etats-Unis.
45:57En revanche, il ne faut pas remplacer le climato-scepticisme
46:01par le climato-fatalisme.
46:02Le problème existe, mais c'est uniquement dans 50 ans.
46:06On ne peut rien y faire.
46:08Ça commence dès maintenant et on peut agir.
46:15La délégation française met toutes ses forces dans les négociations.
46:21A New York, le président Hollande est venu entouré de ses ministres,
46:26mais aussi de son ambassadeur spécial pour la planète.
46:31Le Pentagone lui-même, à plusieurs reprises,
46:34a indiqué dans différents rapports
46:36que les changements climatiques pesaient sur la sécurité intérieure
46:40autant que la menace terroriste.
46:42Plus personne ne conteste qu'il y a là
46:45une arme de destruction massive ou une bombe silencieuse,
46:49à mèche courte.
46:51Plus personne ? Justement, si.
46:54Les négateurs du climat sont toujours en embuscade.
46:58Marc Morano a aussi fait le voyage à New York.
47:02Et il pense avoir un temps d'avance sur ses ennemis.
47:06On a déjà gagné beaucoup de batailles,
47:09celle de la science, celle de l'opinion.
47:12Regardez les sondages.
47:14Les Américains n'ont pas peur du réchauffement climatique.
47:18Il y a beaucoup de sceptiques et les scientifiques eux-mêmes pensent pareil.
47:23Je ne pense pas que nous ayons perdu. Pas encore.
47:26L'activiste ne craint pas grand-chose
47:29des négociations climatiques en cours
47:32et encore moins de celles qui doivent se dérouler à Paris en 2015.
47:37Si les Etats-Unis s'engagent,
47:39pas seulement Barack Obama,
47:41mais aussi le secrétaire d'Etat John Kerry,
47:44qui rêve de laisser sa marque, alors ça se fera.
47:47Ils l'auront, leur grand moment à Paris.
47:50Mais au bout du compte, c'est de la foutaise.
47:53Ce sera une somme d'engagements verbaux non contraignants.
48:05Un accord vide de sens, voilà ce que prédit Marc Morano.
48:09Et sur ce point, il se pourrait bien
48:12que climato-sceptiques et écologistes tombent d'accord.
48:16Ca fait 10 ans qu'on entend les mêmes discours.
48:19Ca va recommencer et on n'avancera pas
48:22parce que notre civilisation est basée sur des échanges,
48:26sur le business, sur la croissance.
48:29Je ne crois pas à la révolution politique, scientifique,
48:33ni même économique.
48:35Ca viendra de la base et d'une autre façon.
48:38Je suis là parce que c'est mon monde,
48:41c'est le monde que j'aime.
48:43Je suis content de participer à cette marche.
48:46C'est pas ça qui changera le monde.
48:48Ca fait tellement longtemps qu'on en parle,
48:51qu'on voit le rapport du GIEC avec ces chiffres.
48:54On a l'impression que rien ne change dans nos vies au quotidien.
48:58On a l'impression que notre vie a changé depuis 10 ans.
49:11Sous-lac sur mer, Gironde.
49:14Ici, les effets du réchauffement climatique
49:17se font déjà sentir, et plutôt tragiquement.
49:20On avait la vue sur l'océan,
49:22les Etats-Unis en face, on voyait pas New York,
49:25mais le phare de Cordouan,
49:27et puis en face, Saint-Palais, Royan,
49:30et toute la côte Charentaise.
49:32C'était une vue assez extraordinaire.
49:35L'immeuble Le Signal, évacué à cause des tempêtes
49:39et de l'érosion brutale du littoral,
49:42menace aujourd'hui de s'effondrer.
49:46A la fin des années 60,
49:48l'immeuble a été construit dans les terres
49:51à plus de 200 m de la falaise.
49:53A l'époque, la mer semblait loin.
50:00C'est un déchirement, et c'est d'une grande tristesse,
50:04mais je crois que contre les éléments,
50:07c'est difficile de lutter.
50:15Les deux propriétaires nous emmènent
50:18dans un des appartements évacués.
50:20Et maintenant qu'il est trop tard,
50:23une évidence s'impose.
50:25Les événements arrivent, et on a l'air surpris,
50:28alors qu'en fait, c'est annoncé.
50:30C'est annoncé.
50:32On sait maintenant qu'on est dans une période
50:35où le processus, pour moi, il a l'air irréversible.
50:39Irréversible, ça veut dire quelque chose.
50:45Irréversible, cela signifie que l'on ne revient pas en arrière.
50:50Partout dans le monde,
50:52les changements climatiques sont en cours.
50:55Les climatosceptiques sont un ennemi bien identifié.
50:59Mais il en existe d'autres, tapillant chacun de nous.
51:03Ce sont nos freins au changement.
51:06Et ceux-là sont peut-être bien plus puissants.