L'invitée du jour - Isabelle Mergault

  • l’année dernière
Damien Thévenot et Maya Lauqué reçoivent la réalisatrice Isabelle Mergault
Transcript
00:00 13 ans se sont écoulés depuis son dernier film,
00:02 "La réalisatrice" est sur notre plateau ce matin.
00:05 C'est dimanche matin, c'est possible.
00:07 -Il est très tôt.
00:08 -Bonjour, Isabelle Mergaud. -Bonjour.
00:11 -Merci d'être là.
00:12 Vous marquez votre retour avec des mains en or sur les écrans
00:15 dans "Trois jours mercredi" avec un casting 5 étoiles,
00:17 Josiane Balasco, Sylvie Testul, Amber Wilson.
00:20 Et un de vos complices qu'on adore, c'est Jean-Louis Barcelona,
00:23 qui est dans ce film.
00:25 Donc 13 ans depuis "Donnant, donnant", le dernier film.
00:27 -C'était très long, 13 ans. Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:30 -Il s'est passé qu'il y avait beaucoup de théâtre.
00:32 J'ai écrit des pièces, je les ai jouées,
00:35 je les ai tournées dans la France,
00:37 et surtout, j'ai ma fille, je peux pas l'abandonner.
00:40 -Votre Maya ? -Oui, Maya.
00:42 C'était l'époque des poupées Barbie, c'est chronophage.
00:45 Il faut les habiller, il faut se siffler.
00:47 -Le résultat, c'est ce film qui sort mercredi.
00:50 Voici la bande-annonce.
00:52 -C'est un type important, t'as vu ses chaussures ?
00:57 -C'est des fauchons. -Il faut pas être sûr.
00:59 -Bah si !
01:00 -Ca va mieux ?
01:01 -Vous êtes qui, vous ? -Martha.
01:03 T'avais mal, je t'ai soignée.
01:05 J'ai pris ton mal. Et y en a, des mals, là-dedans.
01:08 -Des mots. Un mal, des mots. Un bocal, des bocaux.
01:11 -L'Académie française, qu'est-ce que ça représente pour vous ?
01:14 Une consécration ?
01:15 -T'écris quoi ? Des romans, des trucs comme ça ?
01:17 -"Nous ne ferons pas l'amour ce soir".
01:19 -Ah bah là, j'y comptais pas, je suis crevé.
01:21 -C'est le titre de mon premier roman, "Nous ne ferons pas l'amour ce soir".
01:24 -Vous voulez pas fermer la fenêtre ? On va attraper la mort.
01:27 -C'est la vie qui t'attrape.
01:28 -Ma femme doit se faire un sang d'encre.
01:30 -François ! -Monsieur !
01:32 -C'est elle qui me soigne. -Médecin ?
01:33 -Professeur en médecine.
01:34 -Demain, je change ton traitement, tu vas essayer l'arbonaxe 1000.
01:37 Tu devrais mettre des chaussures qu'on enfile, sans lacets.
01:39 -Mais je suis pas encore handicapé, non plus.
01:40 -En attendant, c'est moi qui fais les nœuds.
01:42 -Une rebouteuse, c'est le divorce, là.
01:44 -Guérisseuse. Parce qu'on m'entend guéri.
01:46 -Ah !
01:48 -Vous êtes souffrant. Vous voulez que j'appelle Madame ?
01:50 -Tout va bien, Gilles. Je vous en prie, un petit café, s'il vous plaît.
01:52 -Il a souri. -Il a souri.
01:56 -Ah, t'as une mine, toi ?
01:57 Tu devrais écraser des marques de sang plus souvent.
01:59 -Vous êtes vraiment incroyable.
02:01 En tout cas, l'académie t'a réussi.
02:03 -Je me suis rarement senti aussi bien.
02:04 -L'histoire d'une guérisseuse, Josiane Balasco,
02:07 qui va arriver à soulager les maux de dos de Lambert Wilson,
02:10 ce que n'arrivait pas à faire à coup de médicaments,
02:12 sa femme, chirurgienne Sylvie Testu.
02:15 Cette histoire, c'est partiellement la vôtre, c'est ça ?
02:17 -Non, partiellement, non.
02:18 J'ai vu ce qu'on peut appeler une rebouteuse, guérisseuse.
02:22 Je l'ai jamais su, elle m'avait pas donné sa carte.
02:25 J'avais très, très mal à la jambe.
02:26 Je boitais depuis plus de deux ans.
02:29 J'avais fait plein d'examens.
02:30 Et j'avais perdu du muscle, je me cassais la figure et tout.
02:34 Et puis, on pouvait rien.
02:36 Les médecins trouvaient pas.
02:37 Alors, je me suis dit, voilà, ça va être...
02:40 Je vais vivre comme ça.
02:41 J'ai même pas pensé aller voir une médecine parallèle.
02:45 Et puis, un jour, je me pôme en Normandie.
02:47 Il y avait pas beaucoup de réseaux là-bas.
02:49 C'est pour ça que j'aime beaucoup cette région.
02:51 Et puis, je retrouvais pas mon chemin.
02:55 J'avais pas de GPS, rien.
02:56 Et je toque à la porte d'une maison qui était...
02:59 -Pour demander de l'aide, en fait.
03:00 -Pour demander mon chemin.
03:02 Et là, la dame me dit "Qu'est-ce que vous avez à la jambe ?"
03:06 Et elle m'a fait rentrer chez elle.
03:07 -Elle était guérisseuse.
03:09 -Mais juste comme ça, en vous voyant,
03:10 elle vous a pas forcément vu marcher avant ?
03:13 -J'étais sur le pas de la porte. -Incroyable.
03:15 -Et donc...
03:16 -Pardon, Isabelle, mais c'est totalement votre histoire.
03:19 Alors, là, Jean-Bert, c'est le dos, vous, c'était la jambe.
03:21 -Si c'était que mon histoire, c'est pas passionnant.
03:24 Parce qu'après, je suis rentrée,
03:25 j'ai été faire les courses au supermarché
03:27 avec mon caddie et ma fille.
03:28 Vous voyez, tout ça, ça n'aurait pas parlé.
03:30 Donc, j'étais obligée d'inventer d'entrer.
03:33 Mais c'est parti de là, effectivement.
03:35 Et c'est surtout que je me suis aperçue que...
03:37 Quand je lui ai raconté ça,
03:39 il y a beaucoup de gens, finalement.
03:42 -Vous ont dit...
03:43 -Moi aussi, j'ai vu un guérisseur.
03:46 Ou alors, en tout cas,
03:48 ils connaissaient quelqu'un qui avait vu, quoi.
03:50 Je me suis dit, tiens, c'est un sujet...
03:52 -Oui, c'est un sujet de comédie.
03:53 -On n'a pas beaucoup vu ce genre de sujets.
03:57 Et ça a été mon... Voilà, ça m'a inspirée.
04:00 -Il y a aussi deux France dans ce film, Isabelle.
04:03 Il y a Josette Balasco, populaire, sympa,
04:05 qui fait pas payer pour soulager les gens,
04:08 qui chante le soir dans le bar du coin.
04:09 Et puis, il y a la famille.
04:11 Lambert Wilson, Sylvie Testuc, "Grande maison", "Froide".
04:13 Ils sont un peu méprisants, un peu hautains.
04:16 -Ah, très, très.
04:17 Surtout Lambert Wilson,
04:20 qui fait le rôle de François Lecoq, futur académicien.
04:24 Qui se la pète trop grave.
04:25 On le reconnaît dans la rue.
04:27 -Il est très odieux, au début. -Très odieux.
04:29 Mais je lui avais dit,
04:30 "Tu souris pas, je veux pas voir tes dents."
04:33 Et à Closianne, je lui ai dit,
04:34 "Tu souris tout le temps, je veux voir tes dents."
04:36 Et donc, voilà, direction d'acteur.
04:39 -Et justement, le choix des comédiens,
04:40 vous l'aviez dès le départ ?
04:41 Dès l'écriture du scénario, vous avez pensé ?
04:43 -Non, non. C'est d'entre eux.
04:44 C'est d'entre eux d'écrire pour quelqu'un...
04:47 Bah ouais, parce qu'après, vous avez sa musique.
04:50 Et puis, si l'acteur vous dit non,
04:52 vous savez plus... -Tout s'écroule.
04:54 -Vous vouliez être un peu vierge, faire votre histoire,
04:56 puis proposer après.
04:58 -Isabelle, donc, votre premier film s'intitulait
05:00 "Je vous trouve très beau" en 2005.
05:02 Ça vous a valu un César, celui du premier meilleur film.
05:06 "Coup de maître". -2006, oui.
05:07 -"Coup de maître", parce que vous ne vouliez pas réaliser.
05:10 -Non. -C'est ça qui est dingue.
05:11 On vous y a poussé, Jean-Louis Livis, le producteur, notamment.
05:14 -Oui, et puis surtout, Michel Blanc, ayant lu le scénario,
05:19 m'a dit "Écoute, il faut que tu le fasses."
05:22 Alors je dis "Bah non, je sais pas réaliser."
05:24 J'ai toujours le syndrome de l'imposture.
05:26 Moi, j'aime bien faire ce pourquoi je... Voilà.
05:30 Et il m'a dit "Si tu le fais pas, je le fais pas."
05:34 Parce qu'il y a un metteur en scène qui va venir,
05:36 il va mettre sa patte là-dedans, ça va enlever le charme.
05:38 -Et tu vas pas reconnaître ton bébé.
05:39 -Et... -C'est ça, en fait.
05:40 -Je m'en fous, parce que j'étais scénariste avant.
05:42 Je reconnaissais jamais.
05:44 Parce que vous faites une histoire, même si le film est très bien,
05:47 vous reconnaissez pas ce que vous avez dans la tête.
05:49 Mais non, c'était pas le problème de ça.
05:52 C'est lui, il a dit "Si tu le fais pas, je le fais pas."
05:54 Je dis "Mais je sais pas comment faire."
05:56 Il me dit "Écoute, si tu t'entoures bien et que tu..."
05:59 C'est un petit peu comme un couturier.
06:01 Un couturier qui a l'idée d'une robe, etc.,
06:04 c'est pas lui qui va faire l'ourlet, il a des petites mains et tout,
06:06 et il a l'idée du... Il m'a dit "C'est pareil."
06:08 -Et ce César, ça a changé quoi ?
06:10 Justement, est-ce que ça a enlevé ce syndrome de l'imposteur ?
06:13 -Oui, oui, oui.
06:14 -Un peu ? -Un petit peu,
06:15 parce que je me suis dit que...
06:16 C'est vrai que je me connais pas en technique,
06:18 mais je sais dire aux techniciens ce que je veux,
06:21 aux chefs opérateurs ce que je veux, le plan que je veux.
06:25 Et en fait, il suffit, on n'est pas...
06:27 Alors, on peut sortir...
06:28 Par exemple, vous avez Albert Dupontel,
06:31 qui est un grand technicien, il connaît tout par coeur,
06:33 et c'est un grand directeur d'acteurs, il fait des films magnifiques.
06:36 Et puis, vous en avez d'autres qui, comme moi,
06:39 la technique, je sais pas trop,
06:40 mais je sais ce que je veux et je suis bien entourée,
06:42 donc j'arrive...
06:43 Voilà, donc maintenant, j'essaye de...
06:46 Maintenant, je n'écris plus pour les autres,
06:48 j'écris pour moi.
06:50 -On va marquer une petite pause.
06:51 Isabelle, vous restez avec nous.
06:52 Alors, il y a Josiane qui chante dans ce film.
06:54 -Ah ouais. -Elle chante bien, elle s'éclate.
06:55 -C'est l'Indian, elle a...
06:57 -Ah bah oui, après... -Elle est comme ça !
06:59 -En ce moment, elle a des petits soucis, mais c'est vrai qu'elle chante super bien, Josiane.
07:02 Et on aime beaucoup la bande originale,
07:05 les chansons que vous avez choisies dans ce film.
07:06 Il y a notamment cette chanson-là d'Hugo Frey.

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