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Corentin et Reyhan sont coparents : ils ne vivent pas avec la mère biologique de leur fille, mais avec elle, ils l'élèvent à trois. Le couple raconte son quotidien et son cheminement pour en arriver à ce mode de famille hors norme.

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Transcription
00:00 La coparentalité, c'est quand deux ou plus de deux personnes font famille
00:04 sans être dans une relation amoureuse et décident d'élever conjointement un enfant.
00:08 Un papa, une maman, deux papas, deux mamans...
00:10 Tous les schémas sont possibles.
00:11 Et pour les gens qui pourraient dire que c'est égoïste,
00:13 on est venu à penser à cette solution
00:15 parce que la société ne nous permet pas facilement d'avoir un enfant à temps plein.
00:18 On est ensemble depuis 2011.
00:21 Donc 12 ans.
00:22 Je me suis toujours projeté avec des enfants dans la vie.
00:25 En la loi le permettant, on a demandé notre demande d'agrément
00:28 en vue d'adopter un enfant.
00:30 Et on a obtenu l'agrément.
00:31 Cet agrément a couru pendant quatre ans
00:33 sans qu'on soit recontacté et sans qu'il ne se passe rien.
00:36 La travaille sociale qui était charge de notre dossier
00:39 nous a fait comprendre que si on est en attente d'un enfant en bonne santé, en bas âge,
00:44 il est probable que notre demande ne soit jamais entendue.
00:48 On a en tout cas compris à ce moment-là que l'adoption n'aboutirait pas pour nous.
00:53 Et donc on a commencé à réfléchir aux autres possibilités de faire famille ensemble.
00:57 La gestation pour autrui à l'étranger,
01:00 qui peut poser des obstacles financiers et qui ne nous convenait pas.
01:05 Et enfin, à force de se documenter, de lire.
01:08 Et aussi grâce aux réunions d'information de l'Association des parents gaélesbiens,
01:12 la PGL, on a découvert la coparentalité.
01:15 C'est quand deux ou plus de deux personnes font famille
01:19 sans être dans une relation amoureuse et décident d'élever conjointement un enfant.
01:23 Oui, c'est ça.
01:24 Non mais c'est exactement ça.
01:27 La chose qui les unit, c'est vraiment le désir de faire famille.
01:30 Mais il n'y a pas de sentiment amoureux.
01:32 Un papa, une maman, deux papas, deux mamans.
01:35 Enfin, tous les schémas sont possibles.
01:36 Il y a autant de coparentalité que de futurs parents en tout cas.
01:40 On a rencontré des couples de femmes, des femmes seules,
01:43 homos ou hétéros, en fait.
01:45 Il y a tous les types de profils dans ces projets de coparentalité.
01:48 Et la rencontre avec la future maman s'est faite via les réseaux.
01:53 C'est un groupe Facebook qui est vraiment dédié à la coparentalité.
01:56 On entre à une sorte de profil, on se présente, on présente notre projet.
01:59 La maman de notre fille, elle est hétéro, célibataire.
02:03 Et quand on s'est rencontré, elle avait 36 ans.
02:06 Et puis surtout un désir grandissant d'avoir des enfants,
02:08 sauf qu'elle ne le concevait pas d'avoir un enfant seul.
02:11 Et c'est là que nos profils ont matché.
02:12 Le choix se fait par affinité.
02:15 Il faut qu'il y ait un feeling, qu'on s'entende, qu'on rigole ensemble,
02:18 qu'on se sente en confiance.
02:20 Et après, c'est sûr, on brosse une checklist.
02:24 Est-ce qu'on a les mêmes opinions politiques ?
02:25 Enfin, environ.
02:27 Physiquement, elle est très jolie.
02:30 Elle a à peu près notre âge.
02:32 Les valeurs éducatives qu'elle envisageait de donner à son enfant,
02:35 et qui s'approchaient des nôtres.
02:37 Alors, c'est intéressant d'avoir des différences.
02:39 Bien sûr, elle sera d'ailleurs très, très riche pour notre fille.
02:41 Mais voilà, on a quand même essayé d'avoir quelque chose de commun.
02:45 On est rapidement parti en week-end ensemble,
02:47 histoire de se confronter à la vie ensemble.
02:49 On a été rencontrer ses parents, elle a rencontré mes parents.
02:52 Elle a fait des visios avec tes parents.
02:54 On a rencontré nos amis.
02:56 On en a longuement discuté avec Corentin.
02:59 Et il s'est avéré qu'il était beaucoup plus déconstruit que moi
03:03 sur le fait qu'être parent, ce n'est pas forcément être parent biologique.
03:07 Et donc, c'est moi qui étais géniteur pour notre premier enfant.
03:11 Entre le moment de la rencontre avec la future maman et la conception,
03:14 il s'est passé très peu de temps.
03:15 On a été assez vite.
03:17 Rétrospectivement, je pense qu'il s'est passé quatre mois.
03:20 On a accéléré un petit peu le processus.
03:22 On était dans une sorte d'euphorie.
03:24 On en avait tous envie.
03:25 Donc, rapidement, on s'est lancé.
03:28 On s'est renseigné sur les maternités progressistes.
03:31 Et on a été tous ensemble au premier rendez-vous.
03:34 On a expliqué le projet.
03:36 Ils nous ont dit qu'il n'y avait aucun souci pour qu'on soit présents tous les trois
03:39 à tous les rendez-vous suivants et qu'on soit présents tous les trois
03:43 dès les premières minutes de vie de l'enfant.
03:45 Notre fille a deux ans et ça se passe très bien.
03:48 Ça se passe bien, c'est-à-dire que ça se passe comme pour tous les autres.
03:51 On est fatigué, mais elle est en pleine santé.
03:54 Voilà, elle grandit normalement.
03:57 Elle est très éveillée.
03:58 Elle est très sociable.
04:00 Et après, c'est notre fille, donc on est forcément fan.
04:03 Hyper objectif.
04:05 On a pu vivre quasiment à côté et on a vraiment pu avoir notre rôle parental dès le début.
04:10 On a fait le choix d'une garde alternée vraiment 50/50.
04:13 Dès le début, on a mis en place les nuits alternées, en tout cas.
04:17 On faisait vraiment une nuit sur deux.
04:19 En tout cas, pour les premières années, on verra comment ça évolue ensuite,
04:22 une fois qu'elle sera scolarisée.
04:23 Il y a pu y avoir quelques frictions, surtout quand la petite était nouveau-née.
04:28 On a été confrontés aux mêmes difficultés que n'importe quel autre jeune parent.
04:31 Même un couple hétéro qui est ensemble depuis très longtemps, très solide,
04:35 finalement, il y a des traits de leur personnalité
04:37 qui ne vont se révéler qu'après l'arrivée d'un enfant.
04:39 Donc forcément, il faut se préparer à des divergences.
04:42 En tout cas, il faut rester ouvert à la discussion.
04:43 En effet, il n'y a pas le côté sentiment amoureux
04:46 qui parfois peut faire qu'on se déchire.
04:49 Même si certaines choses ne vont pas,
04:51 on est quand même capable à un moment de tout se redescendre,
04:53 de se poser autour d'une table et dire "bon, ça, on a fait de la merde".
04:56 "Ça, on peut le corriger, le tir".
04:58 Et en fait, on avance beaucoup plus vite.
05:00 La finalité de cet échange, c'est le bien-être de l'enfant.
05:04 Oui, on essaie vraiment de tout faire pour ça.
05:06 Et ça, la communication n'a jamais été coupée pour ça,
05:10 pour le bien-être de notre fille.
05:11 Pour les gens qui pourraient dire que c'est égoïste
05:13 de ne pas avoir envisagé un enfant à temps plein,
05:14 en fait, on est venu à penser à cette solution
05:17 parce que la société ne nous permet pas facilement
05:19 d'avoir un enfant à temps plein.
05:21 Si on avait pu avoir un enfant que tous les deux,
05:22 je pense qu'on ne se serait jamais posé la question de la coparentalité.
05:25 Donc, la multiparentalité n'a pas d'existence légale en France.
05:29 Pour l'instant, Corentin est le mari et le père de nos enfants.
05:31 Je suis comme un beau-père, si on part d'une situation connue.
05:35 Et donc, on profite en tout cas un peu de ce statut de beau-père
05:39 pour qu'il existe des solutions,
05:41 et notamment la délégation par tâche d'autorité parentale,
05:44 qui est souvent accordée à des familles recomposées.
05:47 Donc là, on a une procédure en cours
05:49 et on attend le verdict du juge des familles
05:53 pour savoir si je peux obtenir cette autorité parentale.
05:57 Mais en attendant, pour pallier ce manque,
05:59 on s'est entouré de professionnels bienveillants qui nous comprennent.
06:05 Ça m'est arrivé plusieurs fois d'aller seul chez le pédiatre avec notre fille.
06:10 Je suis considéré comme le père.
06:11 La question de la séparation de notre couple, en l'occurrence, a été anticipée.
06:16 On a signé un engagement moral au moment de la rencontre et de la conception,
06:23 une charte de coparentalité,
06:25 où on s'est engagé à respecter une garde partagée avec tous les parents du projet.
06:31 On s'est engagé à ne pas déménager sans concertation.
06:35 Dans mon cas, depuis la naissance, je suis présent dans tous les documents,
06:39 dans toutes les photos.
06:41 Donc, devant un juge, ça a un vrai poids.
06:44 Et à partir du moment où je vais obtenir la délégation partage d'autorité parentale,
06:47 il n'y a plus de sujet.
06:49 Donc, ça, il faut le faire pour se protéger, en effet.
06:51 C'est assez drôle quand on parle, par exemple,
06:53 mes parents, très souvent, me disent...
06:55 - Elle a fait de l'asthme, toi aussi ?
06:57 - Comme toi, quand t'étais petit.
06:59 Alors, il n'y a aucun lien génétique, donc non.
07:03 Mais c'est assez drôle de voir.
07:04 Vraiment, c'est très régulier dans nos amis et nos proches.
07:06 - Il n'y a plus ce... - Ils oublient...
07:08 - Ça s'est complètement effacé.
07:10 - Ils oublient qui est le parent.
07:12 Et ça, c'est beau, quoi, ces moments-là.
07:15 - Être parent, ce n'est pas du tout partager les gènes avec un enfant,
07:19 mais c'est toutes les valeurs que je vais lui inculquer,
07:23 les choses qu'on va faire ensemble.
07:24 Et d'ailleurs, aujourd'hui, notre fille, par plein d'aspects,
07:28 elle me ressemble, alors qu'on n'a pas du tout de gène en commun.
07:31 Mais il n'y a pas trop de doute sur le fait que je sois son père.
07:35 Que ce soit dans sa manière de se comporter,
07:37 des expressions, des petits centres d'intérêt,
07:39 évidemment, on transmet quelque chose.
07:42 Et pour moi, c'est ça, être parent.
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