Déboulonner des statues, rebaptiser des noms de rues… ça efface l’Histoire, ça répare ? Avec le déplacement de la statue de Mahé de Labourdonnais, on revient sur un débat épineux : L’Histoire de La Réunion doit-elle, mais surtout peut-elle se réécrire ?
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00:00 [Musique]
00:14 Ne pas avoir peur de notre histoire.
00:17 C'est quelque chose qui nous appartient.
00:20 La complexité de l'histoire,
00:23 et il est mauvais d'aller chercher des ennuis
00:27 à ceux qui nous ont précédés.
00:30 [Musique]
00:35 Ce n'est pas, je dirais,
00:38 en enlevant une statue,
00:40 en effaçant une trace,
00:42 qu'on élimine une période de l'histoire.
00:45 Pourquoi débaptiser ?
00:47 Parce qu'on pense qu'à La Réunion,
00:49 il y a beaucoup de noms de rues,
00:51 il y a beaucoup de places,
00:53 il y a beaucoup de bâtiments publics,
00:56 administratifs, officiels,
00:59 qui sont liés à l'histoire esclavagiste.
01:04 [Musique]
01:09 Le devoir de mémoire,
01:11 c'est reconnaître ce que les ancêtres
01:14 esclavisés, marrons, résistants, engagés,
01:18 ont fait, ont contribué,
01:21 de quelle façon ils ont participé
01:24 à la construction de ce pays.
01:26 Lorsque la Bois-de-Nez dit
01:29 que l'île Bois-Bon doit être
01:32 le grenier des mascarins,
01:34 il fait ce qui doit être fait pour cette île.
01:38 C'est-à-dire, cette île étant définie au départ
01:41 comme un paradis terrestre,
01:43 il faut que cette île reste un paradis.
01:45 Les êtres humains qui vivent ici
01:47 produisent ce dont ils ont besoin
01:50 pour survivre,
01:52 et ensuite, pensent aussi à exporter leur production.
01:56 [Musique]
02:01 Vous pensez que c'est normal
02:03 qu'on reste dans l'ignorance ?
02:06 Tout le monde nous dit,
02:07 mais nous on n'a jamais appris ça.
02:09 On ne connaît pas la révolte des esclaves de Saint-Loup,
02:11 on ne connaît pas le Côte-Noir,
02:13 on ne connaît pas c'est quoi le 18 septembre 1724.
02:17 Je suis en train d'essayer de comprendre
02:20 la complexité de l'histoire.
02:22 Et il est mauvais d'aller chercher des ennuis
02:27 à ceux qui nous ont précédés.
02:30 On n'a pas à avoir peur de notre histoire.
02:34 C'est quelque chose qui nous appartient.
02:36 [Cris de joie]
02:40 Ce qu'on demande aujourd'hui,
02:42 c'est qu'on arrête avec la haine
02:46 et qu'on puisse construire une société de paix
02:49 et qu'on puisse travailler ensemble,
02:52 descendants d'esclavagistes et descendants d'esclaves,
02:57 descendants d'engagés,
02:59 et qu'on puisse mettre cartes sur table
03:02 et qu'on puisse ouvrir les uns aux autres.
03:04 C'est ça aussi la réparation.
03:06 La réparation c'est une rencontre,
03:08 c'est un acte humain.
03:10 On fait semblant de dire qu'on est humanisme.
03:14 Je pense qu'on n'a plus le coeur.
03:16 On n'a pas raison quand on divise.
03:18 On n'a pas raison quand on unit,
03:20 quand on pacifie.
03:22 Parce que cette terre-là
03:24 est une terre qui appelle à la transcendance,
03:27 c'est une terre qui appelle à la paix.
03:29 Et quand on ne crée pas les conditions de la paix,
03:32 eh bien, on n'est pas dans la lune.
03:34 On est en exil.
03:36 Sous-titrage Société Radio-Canada
03:38 [Musique]