Réforme des retraites : "On ne tournera pas la page", promet la CFDT dans les Pyrénées-Orientales

  • l’année dernière
Au lendemain de la 14e journée contre la réforme des retraites, qui a rassemblé moins de 4.000 personnes à Perpignan, le secrétaire départemental de la CFDT assure que les retraites ne disparaitront pas des débats et des mobilisations futures.

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00:00 Bonjour Omar Belghelaoui.
00:01 Bonjour Suzanne.
00:02 Entre 2000 et 4000 manifestants hier dans les rues de Perpignan, une centaine asserrées
00:07 à Prades selon vos comptages.
00:09 On est donc loin des records de mobilisation à Perpignan, notamment début mars par exemple
00:14 vous aviez compté 30 000 personnes.
00:16 Le secrétaire de la CFDT, votre syndicat, Laurent Berger, dit lui-même « le match
00:20 est en train de se terminer ». Est-ce que vous êtes d'accord ?
00:22 Oui, on peut le dire comme ça, mais hier encore une fois, c'est la 14e, ça fait
00:32 six mois, si on nous avait prédit qu'au bout de six mois de mobilisation il y aurait
00:37 encore à peu près un million de personnes dans les rues, nous aurions été contents.
00:42 Ça veut dire qu'au fond, la colère est toujours là, les Français n'ont toujours
00:47 pas digéré cette réforme-là, et donc nous sommes là pour porter cette colère que les
00:56 Français expriment.
00:57 Donc cette mobilisation, elle continuera ou pas ?
00:58 Elle continuera peut-être sur d'autres formes, peut-être plus une mobilisation où
01:04 on va parler, parce qu'il faudra bien à un moment donné… Non mais il y a d'autres
01:08 formes, et il y aura peut-être d'autres sujets.
01:09 D'autres formes, c'est-à-dire ?
01:10 Écoutez, il y a des endroits, peut-être que ça sera plus sectorisé, il y aura des
01:17 personnes, parce que cette réforme-là, les Français sont toujours contre, et hier ils
01:21 l'ont encore prouvé, malgré six mois, après six mois de mobilisation, ils sont
01:26 toujours là.
01:27 On voit aujourd'hui, c'est… Je comprends un petit peu cette forme de découragement
01:35 qu'ils ont pu avoir, puisque le gouvernement ne les a jamais écoutés, ne les a jamais
01:39 entendus, malgré des millions de personnes de manière pacifique qui étaient là dans
01:42 la rue.
01:43 Et là, aujourd'hui, on voit encore que le gouvernement empêche par des artifices
01:48 constitutionnelles en sortant des articles.
01:50 Alors, comme on pouvait me le dire hier, mais il y a combien d'articles à la Constitution
01:56 qui vont faire qu'on ne pourra jamais discuter de cette loi ? Parce que cette loi n'a
01:59 jamais été votée à l'Assemblée.
02:02 Elle a été validée par le Conseil constitutionnel, elle a été promulguée depuis presque un
02:07 mois.
02:08 Ses premiers décrets ont même été publiés la semaine dernière.
02:10 C'est trop tard, en fait, selon vous ?
02:12 C'est jamais trop tard.
02:14 Trop tard, on fera avec.
02:17 Malheureusement, il faudra bien qu'à un moment donné, nous, on est prêts à faire
02:21 avec.
02:22 Donc, vous l'acceptez, en fait ?
02:23 On l'accepte à contre-cœur, parce qu'il va falloir avancer, mais on ne l'oubliera
02:27 pas.
02:28 On ne tournera pas la page.
02:29 On mettra un post-it dessus, on mettra un marque-page sur ça et on ressortira.
02:36 On n'oubliera jamais ce qui s'est passé.
02:38 On a pris les salariés ont pris un coup de pied aux fesses.
02:45 Et là, aujourd'hui, excusez-moi l'expression, mais ils ont toujours mal.
02:49 Donc, la digestion n'est pas faite.
02:51 Le mal est toujours là.
02:52 Donc, nous le ressortirons en temps voulu, parce que l'Assemblée changera.
02:56 Il faut bien penser que le gouvernement, à beau faire ce qu'il veut, c'est le Parlement
03:01 qui aura toujours le dernier mot.
03:03 Alors, si ce n'est pas aujourd'hui, ça sera dans un an ou dans deux ans.
03:05 Justement, l'Assemblée nationale, demain, et vous l'avez évoqué, va étudier la proposition
03:10 de loi du groupe Lyot.
03:11 Ce texte qui visait au départ à abroger la réforme des retraites.
03:15 Sauf que la mesure phare, celle qui voulait supprimer la retraite à 64 ans, cette mesure-là
03:19 a été retirée du texte.
03:20 Elle est jugée irrecevable.
03:21 Et puis, il y a ce fameux article 40 qui pourrait être utilisé par la présidente de l'Assemblée.
03:26 Vous le regrettez, si je comprends bien.
03:27 Oui, parce que vous voyez, encore une fois, le débat n'a pas eu lieu.
03:32 C'est un déni de démocratie, comme certains le disaient pour le 49 fois.
03:35 Mais oui, mais on l'a toujours dit.
03:36 Donc, on peut utiliser...
03:38 Alors, il y en a certains qui vont vous dire...
03:40 Il y a des députés de la majorité et leurs alliés qui vont dire "mais non, c'est constitutionnel".
03:44 Oui, c'est vrai, c'est constitutionnel.
03:46 Mais on ne peut pas jouer avec la virgule près, avec des réformes qui vont toucher
03:50 des millions de Français.
03:51 Voilà, sous prétexte que...
03:53 Et on voit bien que cette réforme a été bancale depuis le début.
03:56 Au début, on nous disait que c'était pour notre bien.
03:58 Après, on nous a dit que c'était...
04:00 Jamais on n'a osé nous avouer que c'était juste pour combler les déficits publics.
04:06 On l'a su que deux ou trois mois après.
04:08 Mais avant ça, on est passé par des artifices monstrueux.
04:10 On voit qu'après 14 journées nationales de mobilisation, vous n'avez pas obtenu gain
04:14 de cause.
04:15 Alors, est-ce que les syndicats sont toujours un contre-pouvoir ?
04:17 Toujours.
04:18 Puisque hier, on était encore unis, déterminés.
04:21 Alors, il y aura d'autres sujets, comme la pénibilité, le travail des seniors, les
04:26 augmentations de salaires, l'environnement.
04:28 Il y a aussi l'égalité homme-femme.
04:31 Est-ce que c'est possible de continuer à travailler avec un gouvernement qui, finalement,
04:35 ne vous a pas spécialement écouté ?
04:36 Écoutez, nous, on fera tout.
04:38 Là, cette fois-ci, il faudra que le gouvernement change de méthode.
04:41 Ces méthodes-là, ce n'est plus possible.
04:44 On ne peut pas nous amener une feuille en nous disant "voilà, on veut travailler là-dessus
04:47 et ça sera ça".
04:48 Non, il faut écouter le monde du travail.
04:50 Sinon, on reviendra et on se fera réentendre.
04:53 Nous sommes obligés.
04:55 Nous sommes les représentants.
04:58 Des travailleurs et des travailleuses.
05:01 Nous sommes presque les obligés.
05:02 Donc, quand ils expriment une colère, c'est à travers les syndicats.
05:06 Et on le fait avec fierté.
05:07 Nous, on a un mandat pour ça.
05:09 Donc, on représente ces travailleurs et on continuera à porter nos sujets pour le
05:16 bien de la société, pour le bien du progrès social.
05:19 Le 6/9, France Bleu au Sillon, levez-vous du bon pied.
05:24 8h - 10 sur France Bleu au Sillon, Omar Belghelaoui, secrétaire de la CFDT dans les Pyrénées
05:29 Orientales et notre invité, Suzanne Chaudjahi.
05:31 C'était assez inédit de vous voir tous réunis, 13 syndicats nationaux ensemble.
05:36 Est-ce que tout le monde va rentrer chez soi maintenant, continuer ses propres combats ?
05:39 Non, non, non.
05:42 On restera unis tant que l'on peut.
05:44 Dans le respect de chacun, des objectifs de chacun et des positions de chacun.
05:51 Donc l'intersyndicale va perdurer ?
05:52 Oui, elle perdure.
05:54 Elle a déjà commencé par certains sujets.
05:57 Il y a des sujets, par exemple, dans la justice, dans l'administration pénitentiaire, où
06:02 il y a déjà un bloc syndical qui s'est formé avec l'UNSA, la CGT, la CFTC, nous-mêmes.
06:09 Donc, vous voyez, on fait déjà ça pour avancer.
06:13 Il y a aussi dans l'éducation, avec cette double réforme SOC-le-pacte, où la CFDT,
06:20 la CFTC, l'UNSA, la FSU, la CGT, nous sommes ensemble aussi dans le domaine de l'enseignement
06:27 pour porter ces nouveaux sujets et pour porter ce que nous voulons auprès du gouvernement.
06:36 La mobilisation contre la réforme des retraites, comme il y a eu un véritable engouement,
06:40 est-ce que ça a eu des répercussions chez vous, par exemple, à la CFDT ?
06:44 Est-ce que vous avez des adhésions supplémentaires ces derniers temps ?
06:47 Au niveau national, oui, puisqu'il y a eu près de 43 000 adhésions supplémentaires,
06:54 à peu près, un peu plus de 40 000, 43 000, puisque ça porte à 650 000.
06:59 Je précise que 43 000, c'est autant que certains partis politiques français.
07:03 Et dans les Pyrénées-Orientales ?
07:05 Et dans les Pyrénées-Orientales aussi.
07:06 On a eu des... Alors, dans des secteurs qui étaient... qu'on ne voyait pas souvent,
07:11 que les manifestations n'étaient pas aussi...
07:15 Par exemple ?
07:16 La métallurgie, l'enseignement, et l'enseignement aussi bien dans le privé, dans le public,
07:22 dans les santés sociaux.
07:23 Donc combien en plus ? Combien d'adhésions en plus ?
07:26 On a dû faire, allez, 10% de plus.
07:29 Mais bon, ça varie, il ne faut pas dire... c'est juste qu'il y a eu quelque chose en plus.
07:35 Alors, ce qui est surprenant, c'est que c'est surtout des milieux de carrière.
07:42 Vous voyez, nous, la CFD, pas trop de jeunes.
07:44 On s'attendait à avoir beaucoup plus de jeunes, mais non, plus des milieux de carrière.
07:48 Laurent Berger, qui est le secrétaire national de la CFDT jusqu'à la fin du mois,
07:53 Laurent Berger passe la main à partir du 21 juin, lors du Congrès.
07:56 Comment vous jugez son bilan ?
07:59 Mais bon, regardez, il est passé de...
08:01 Il est passé première organisation syndicale, et il a conforté.
08:05 Donc, il a été présent, présent sur tous les sujets.
08:10 Non, non, nous, on a un très bon bilan.
08:12 Et aujourd'hui, Marie-Lise Léon va prendre la place.
08:16 C'était déjà prévu pour nous.
08:17 C'est la numéro 2 de la CFDT, sauf coup de théâtre.
08:20 C'est elle qui devrait être...
08:21 Ah non, non, il n'y aura pas de coup de théâtre.
08:22 Non, non, voilà, c'est peut-être chez d'autres, mais non, non, nous, c'est tout été prévu.
08:28 Elle a été élue déjà numéro 2 en 2018.
08:30 Elle a été réélue en 2022.
08:31 Vous la connaissez ?
08:32 Il y a un tuilage qui se fait régulièrement entre l'ancien et le nouveau.
08:36 Donc, ça prend du temps.
08:37 La réforme des retraites est en arrivée.
08:39 C'est arrivé un peu plus tard, mais...
08:41 Vous la connaissez ?
08:42 Je l'ai déjà côtoyé pour des sujets, mais on aura l'occasion le 21 juin,
08:48 puisque nous montons une délégation de Perpignan,
08:52 monte au niveau de la Confédération, et nous aurons l'occasion de discuter
08:56 et peut-être de l'inviter, si c'est possible.
09:00 Si son agenda le permet, de venir dans les Pyrénées-Orientales,
09:04 notre beau département.
09:05 Merci beaucoup, Omar Belgelawi, le secrétaire du syndicat CFDT dans les Pyrénées-Orientales.

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