Notre programmateur de la radio FIP Metal part à la rencontre de ce qui fait le metal par ceux qui font le metal. Qu’en est-il de toute l'imagerie et de l'iconographie de ce genre musical ? Réponse en images par des musiciens, artistes et acteurs de la scène metal.
Episode 1 : le riff
Episode 2 : la voix
Episode 3 : section rythmique
Episode 4 : l'iconographie
Episode 5 : bonus
Présentation/ Interviews : Luc Frelon
Images/ Montage : Julie Fages
Habillage : Carole Murino
Ecouter FIP Metal : https://www.radiofrance.fr/fip/radio-metal
Facebook :
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Episode 1 : le riff
Episode 2 : la voix
Episode 3 : section rythmique
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MusiqueTranscription
00:00 *musique*
00:02 *rire*
00:02 Bonjour, je suis Luc Frelon
00:05 et la radio FIP Metal est définitivement mon bébé.
00:08 J'adore parler, j'adore le métal
00:10 et j'adore parler de métal.
00:11 Mais ce que je préfère, c'est faire parler
00:13 celles et ceux qui font le métal.
00:14 Et à l'occasion de cette série,
00:16 on a eu la chance de rencontrer
00:17 des acteurs de la scène métal absolument passionnants.
00:19 Dans ce nouvel épisode,
00:20 on a eu envie de se plonger
00:22 dans l'iconographie métal
00:23 parce que finalement,
00:24 c'est un genre où l'image
00:25 est presque aussi importante que la musique.
00:27 On rentre dans le métal
00:28 autant par le visuel que par le son.
00:30 Des zombies,
00:31 des momies,
00:32 des crânes,
00:33 avec une petite couronne d'épines bien kitsch,
00:34 des églises en feu.
00:35 Oh, il y a un impact.
00:37 Puis on aime ce qui choque de toute façon.
00:38 Un petit peu, oui.
00:39 We don't play by the rules.
00:41 Tout est dit, quoi.
00:42 *musique*
00:49 Le métal, c'est tellement quelque chose de fort
00:52 et c'est tellement quelque chose qu'il faut assumer
00:54 qu'en général, les gens qui ont été métalleux
00:56 quand ils étaient ados,
00:58 ils le restent un peu toute leur vie
01:00 d'une manière ou d'une autre.
01:01 J'en suis la preuve vivante.
01:02 C'est vrai que pour un très grand nombre
01:04 de fans de métal,
01:05 avant même d'avoir écouté la moindre note de musique,
01:07 l'histoire démarre souvent par un choc visuel.
01:10 Ouais, moi, ça a été
01:12 le Black Album de Metallica, je crois.
01:14 Au hasard d'un catalogue du club d'Yal.
01:17 *rire*
01:18 Je bénéficiais des CD gratos par mon papa
01:21 et j'ai vu, pourquoi il n'y a pas de pochette, en fait.
01:24 Et en comprenant, en le commandant,
01:26 j'ai vu le tout petit serpent quasi invisible
01:28 et ça m'a dit, on peut faire ça ?
01:30 La pochette du premier album de Mydone,
01:54 ça a été un choc pour énormément de monde.
01:55 Les records Iron Maiden m'ont évoqué très tôt.
01:58 J'ai un souvenir d'un Noël chez ma grand-mère
02:00 où j'avais commandé le Live After Death de Mydone.
02:02 Toute l'imagerie Mydone, ouais,
02:04 m'a attiré quand j'étais gamin, ouais.
02:06 Quand j'étais petit,
02:07 j'allais au supermarché avec ma maman
02:09 et en fait, j'ai eu peur,
02:11 extrêmement peur d'un monstre
02:13 que j'ai pas compris ce que c'était.
02:15 Et des années plus tard,
02:17 quand j'ai commencé à écouter du métal,
02:19 mon pote m'a filé une cassette avec Manowar,
02:21 Chris Rike,
02:22 et puis il m'a dit, tiens, Iron Mydone, écoute ça.
02:24 Et c'était la pochette de Number of the Beast
02:26 et j'ai fait...
02:28 Pas de trauma sur les pochettes de Manowar, en revanche.
02:30 Non, j'aime beaucoup les hommes huilés et musclés.
02:33 La première fois que j'ai vu un Guare,
02:35 je ne savais pas ce qu'ils étaient.
02:37 Et j'étais sur deux hits de LSD.
02:39 Donc, c'était très bizarre.
02:42 J'étais un jeune homme, je fais pas ça plus.
02:46 Alors, on n'a pas la prétention d'explorer
02:48 la globalité de l'imagerie métal,
02:51 c'est tellement vaste.
02:53 En revanche, on s'est demandé quelle était la base,
02:55 l'essence même de cette esthétique.
02:57 L'important c'est peut-être de choquer ou de marquer
02:59 quand tu vois une pochette.
03:00 Donc, souvent, il y a des choses qui reviennent,
03:02 qui sont assez révapotives,
03:03 genre, oui, les têtes de mort, le son, etc.
03:06 Au final, ça va être pas mal des choses religieuses,
03:10 alors que c'est pas du tout le sujet, au final,
03:14 dans les groupes de métal pour lesquels on bosse.
03:16 Mais il y a quelque chose de grandiloquent,
03:19 enfin, moi, c'est toujours à ça que je reviens.
03:21 J'ai toujours été fasciné par les crânes
03:23 et par les squelettes, parce que c'est le truc
03:25 qu'on a en permanence sur soi, en fait.
03:27 Et au final, je crois que si un jour on me disait
03:32 "il n'y a plus qu'un truc que tu peux dessiner",
03:34 ça reste un crâne.
03:35 Les thématiques, elles sont géniales,
03:37 c'est des thématiques de moi quand j'avais 14 ans.
03:39 C'est Warhammer 40 000,
03:41 c'est des zombies, des insectes,
03:46 des références à des films d'horreur des années 80.
03:49 Les artistes du métal sont des nerds,
03:51 des nerds sont des geeks pour la plupart,
03:53 qui ont grandi avec des comics,
03:56 avec de la rogue-fantasy, avec de la science-fiction,
03:59 avec tout ça.
04:00 Et en général, on va emprunter à tous ces trucs
04:02 qui nous ont fait grandir.
04:03 Je pense que je m'identifiais un peu
04:05 à cette iconographie qui n'est pas forcément horrifique,
04:10 qui n'est pas forcément violente,
04:12 mais qui est alternative.
04:13 À côté de ça, évidemment, il y a du Cannibal Corpse,
04:15 où là, c'est toute la tendance inverse,
04:17 où c'est fait exprès, mais encore une fois,
04:19 c'est là où il y a de la subversion
04:22 et où on coupe éventuellement de la violence.
04:24 C'est tellement poussé à l'extrême
04:26 qu'on est rigolos et pas crédibles.
04:30 Assumer le fait qu'on utilise des symboles
04:33 qui posent problème,
04:35 c'est ce qui caractérise la culture métal
04:37 et c'est ce qui permet aux métalleux
04:39 de se reconnaître entre eux.
04:40 J'ai un collègue qui dit ça,
04:42 c'est que le métal, c'est un peu le jeu avec les limites,
04:44 entre la vie et la mort,
04:46 entre le mal et le bien,
04:48 entre la souffrance et le plaisir.
04:50 Quand t'es jeune, t'achètes,
04:51 tu vas prendre le truc avec le pentacle,
04:53 parce que quand t'es gamin, tu te dis "Dead Satanist, c'est cool,
04:55 ça doit être sur-véner".
04:57 Après, tu vois l'envers du décor,
04:59 tu croises les musiciens et tout,
05:01 c'est parfois que du folklore.
05:04 Alors que nous, on fait attention à ça,
05:07 c'est que l'image, qu'elle soit métal ou non,
05:10 celle qui va me parler, c'est celle qui est vraie.
05:12 Il y a des logos que j'aime beaucoup,
05:14 je trouve ça cool, j'aime bien tout ce qui est illisible,
05:16 jusqu'à un certain niveau,
05:18 mais Dark Throne, par exemple, je trouve que c'est un super logo,
05:20 Morbid Angel, j'adore le logo.
05:22 J'adore voir et dessiner des logos de black metal et de grindcore,
05:27 c'est génial.
05:29 La frontière entre le lisible et le graphique,
05:32 le très sale et le commercial,
05:35 les gens pensent que c'est fait n'importe comment,
05:37 mais en fait, c'est toute une subtilité,
05:40 il faut énormément de talent pour pouvoir faire des vrais logos
05:44 de black metal et des vrais logos de grindcore.
05:46 - Revenons à nos moutons noirs,
05:48 cette esthétique métal, elle est remplie de codes,
05:51 et pourtant, elles sont nouvelles sans cesse,
05:53 où vont-ils chercher tout ça ?
05:55 - Globalement, on a toujours aimé un petit peu,
05:58 je vais dire, les grands classiques,
06:00 et la désuétude, et les vieux papiers.
06:02 C'est-à-dire que plutôt qu'avoir des artworks hyper pompiers,
06:05 hyper excessifs et démonstratifs,
06:08 on préférait vachement aller diguer dans les vieux bouquins d'histoire,
06:13 dans les vieilles gravures, dans les vieilles images.
06:15 J'ai toujours trouvé les médiévaleries plus inspirantes
06:19 que les peintures à l'aérographe.
06:21 - Je dirais probablement que beaucoup de l'art
06:23 qui a été créé dans les années 80 et 90 pour Death Metal,
06:26 avec Dan Seagrave étant l'un des principaux artistes.
06:31 Évidemment, H. Giger,
06:34 il n'a pas commencé comme artiste de l'art de Death Metal,
06:41 mais il en est devenu un,
06:43 parce que beaucoup de ses trucs ont fonctionné.
06:45 Je suis un grand fan de lui.
06:49 - Élément incontournable de l'iconographie métal,
06:52 la pochette de disques.
06:53 Mais comment elles naissent, ces pochettes ?
06:55 Comment se crée le lien entre une musique et un visuel ?
06:58 - La pochette d'album, c'est difficile.
07:00 J'ai eu à en faire.
07:01 C'est difficile parce qu'on a des contraintes techniques.
07:03 Il faut captiver le regard,
07:05 et en même temps porter l'essence de la musique.
07:08 J'aime bien les choses liturgiques, post-apocalyptiques, morbides.
07:12 Ça, ça va toujours marcher.
07:14 Vraiment, c'est la réunion de deux personnes.
07:17 Une personne qui fait de la musique, une personne qui fait du dessin,
07:20 mais dans un univers commun.
07:21 C'est ça qui produit la pochette.
07:23 - C'est une rencontre de sensibilité.
07:25 C'est vrai qu'au-delà du genre musical,
07:28 typiquement, c'est vrai que, tu cites Trevium,
07:31 c'est pas forcément le genre musical
07:34 quand on apprécie le plus ce qu'ils font.
07:37 Mais il y avait une vraie sensibilité.
07:39 Lui, il vient aussi pas mal du black metal.
07:41 En fait, c'est lui qui nous avait contactés
07:43 parce qu'il avait typiquement acheté l'album
07:46 de "Regard des hommes tombés" pour la pochette.
07:49 C'était le visuel qu'il avait fait rentrer dedans.
07:51 Donc c'est vrai que c'est pour ça qu'il nous a contactés.
07:54 On s'est dit, on se rejoint sur une sensibilité,
07:57 sur visuel et puis émotionnel aussi.
08:01 - On a la main dessus, c'est sûr, comme un peu tout.
08:04 On aime bien, par contre, travailler avec des illustrateurs,
08:08 des graphistes, etc., qu'on choisit, bien sûr.
08:12 Il y a déjà un rapport humain avec eux.
08:15 - Mais ne mentons pas, on est toujours derrière leur culture.
08:18 On est des super relous, s'il y a un petit truc qui nous plaît pas,
08:21 on refait jusqu'à temps qu'on soit nous satisfaits.
08:24 - Par exemple, on a travaillé avec Dan Sorra pour "All Honour".
08:27 Il est arrivé avec une pochette un peu panel,
08:30 il nous a proposé déjà des choses parce que la musique lui parlait.
08:33 J'ai aussi aimé cette méthode avec Devdekat,
08:35 qui a fait une pochette précédente.
08:37 C'était un peu différent, il est arrivé avec une thématique.
08:40 - Après, on est parti explorer, tu vois l'illustration, etc.
08:43 - Je crois que j'ai toujours créé mes pochettes jusqu'ici.
08:46 Du coup, il n'y a pas ce besoin d'aller au retour
08:50 et d'expliquer le ressenti que tu souhaites faire transmettre
08:56 à l'auditeur et à la personne qui va voir le visuel,
09:00 même si à la fin, tout est collégial
09:03 et qu'on décide ensemble de ce qu'on garde ou pas.
09:06 C'est quand même moi la source des idées qui vont être posées sur le papier.
09:11 Du coup, j'y suis un peu plus attentive.
09:14 - OK, on en arrive au gros dossier, le t-shirt.
09:17 Petit plaisir perso, certes,
09:19 mais on ne peut pas déconner avec un t-shirt de métal.
09:22 C'est une affaire très sérieuse.
09:24 Tu communiques cette intensité de l'engagement
09:28 et tu ressens cette intensité de l'engagement
09:31 à travers un attachement aux objets.
09:34 Sachant que, historiquement, le lien, la base, c'est le t-shirt.
09:38 Parce que tu réfléchis, quel t-shirt je vais mettre ce soir,
09:42 parce qu'il faut que ce soit dedans,
09:44 mais en même temps, si ça peut être un peu original.
09:47 Si jamais c'est vraiment trop ciblé, tu vas parler à moins de monde,
09:51 mais si jamais c'est trop mainstream, tu vas être un peu décrédibilisé.
09:55 Je pense que les néophytes ou les gens qui sont pas dans la culture
09:59 ne se rendent pas compte à quel point il y a une stratégie,
10:03 il y a tout un truc autour de la culture métal.
10:06 Moi, il m'est arrivé plein de trucs dans des concerts ou des festivals
10:10 parce que j'avais mis ce t-shirt-là et pas un autre t-shirt.
10:13 Ça reste quand même le t-shirt, le truc qui nous amuse le plus,
10:17 parce que, un truc qui m'a toujours fasciné avec le métal,
10:21 c'est le seul genre où les gens, avec le rock aussi,
10:25 mais avec le rock et le métal, les gens portent leur CV sur eux en permanence.
10:30 C'est encore pire avec les Vestapatch.
10:32 Quand on se bat de Hellfest et qu'on voit certains de nos t-shirts...
10:38 On les compte !
10:41 En général, on ne porte pas le t-shirt d'un groupe qu'on n'aime pas,
10:43 même si le t-shirt, il est beau.
10:45 Donc, beaucoup de fierté, puisque déjà, ça veut dire que la personne est fière de porter notre musique.
10:51 Suffisamment d'engouement pour se dire, à un moment donné,
10:54 je vais sortir 10, 15, 20 balles pour acheter un t-shirt.
10:57 On sait que ce n'est pas facile pour tout le monde
11:00 et que c'est un vrai geste de soutien pour les musiciens.
11:03 Ce n'est pas la question de la notoriété ou quoi que ce soit,
11:06 mais que ta musique arrive à toucher quand même des gens au point de porter un t-shirt.
11:11 Encore aujourd'hui, je trouve ça hyper cool.
11:14 Et bien voilà, en fait, l'esthétique métal, c'est un grand mélange
11:19 entre du morbide, du religieux, du geek, du gore, du pure fun.
11:25 C'est une esthétique de sale gosse.
11:28 Il y a une espèce d'ambiguïté.
11:30 J'ai un collègue qui est spécialiste du catch, social du catch.
11:34 En fait, il m'expliquait que, et on le sait,
11:37 ce qui caractérise le catch, c'est que tout le monde sait que c'est du chiquet,
11:42 mais la pire des choses, c'est de dire que c'est du chiquet.
11:45 Quand tu es un match de catch, tu es dans le match de catch
11:49 et c'est l'authenticité du match de catch.
11:52 Quand tu es métalleux, c'est l'authenticité du métal.
11:55 C'est exprimé grâce à des images fortes et une sensibilité.
11:59 Quelque chose de très, très, je vais dire, touchant.
12:04 Que ce soit la vie courte, que ce soit l'intensité d'un sentiment
12:09 et toutes ces choses que les musiciens nous font exprimer aujourd'hui,
12:13 qui étaient déjà des préoccupations il y a 100 ans ou il y a 500 ans.
12:17 Voilà, c'en est fini de notre exploration non exhaustive de l'iconographie métal.
12:22 Je ne sais pas vous, mais moi, ça me donne envie de m'acheter encore plus de T-shirts.
12:26 Attends, mes T-shirts pour le prochain épisode avec ce qui nous attend.
12:30 Je suis déjà en train de... Parce que je ne sais pas.
12:32 Au début, j'avais pensé aux roses avec les licornes décapitées.
12:35 C'est plutôt mignon, mais après, je me disais que c'était un peu trop...
12:38 Non, c'est pas grave.
12:40 [Générique]