"Le spleen de l'agent immobilier" - Débat critique sur Wahou ! | Canal+

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Transcript
00:00 - La nouvelle comédie de Bruno Podalides, "Waouh", c'est le nom de l'agence immobilière dans laquelle travaillent
00:05 Karine Miliard, Bruno Podalides et Victor Lefebvre.
00:08 L'effet Waouh, c'est la réaction qu'ils espèrent susciter auprès de leurs clients marociens.
00:12 Est-ce que vous l'avez eu cet effet Waouh ?
00:14 - Ah je l'ai eu, je l'ai eu tout de suite l'effet Waouh parce que en plus c'est vraiment ça l'effet Waouh,
00:19 c'est un tout petit film, ça a été tourné assez rapidement, écrit assez rapidement, en 3-4 semaines.
00:24 Et pourtant on a l'effet Waouh avec presque rien, comme un petit animal qui vous regarde et vous dite
00:29 "Waouh !" et bah c'est pareil. Et en fait c'est assez génial puisque ça suit vraiment un plan assez minimaliste.
00:37 C'est deux agents immobiliers et deux biens qu'ils font visiter à tour de rôle.
00:42 Et les deux biens, ce qui est très amusant, c'est qu'ils sont le total inverse.
00:46 C'est-à-dire qu'il y a une maison pleine de charme avec beaucoup de travaux à faire,
00:50 enfin ça va être assez fatigant pour les nouveaux propriétaires.
00:53 Et puis il y a l'appartement fonctionnel du centre-ville, il n'y a rien à faire mais c'est assez aseptisé.
00:59 Et donc on passe de l'un à l'autre. Et ce qui est assez beau, c'est que chaque visite finalement, elle est aussi un espace intime.
01:06 Parce que finalement, quand on achète un appartement, c'est aussi pour changer de vie, etc.
01:12 Et je trouve que ça parle bien aussi du spleen de l'agent immobilier.
01:16 - Vous nous amenez en visite.
01:18 - On va voir justement une conseillère immobilière un petit peu au bout de sa vie.
01:22 Donc c'est Catherine, Karine Viard. Et vous allez voir que son entrée dans l'appartement va être filmée comme une entrée en scène,
01:31 avant qu'elle fasse sa prestation immobilière.
01:33 Donc vous voyez, elle est même costumée avec les surchaussons pour ne pas abîmer l'appartement.
01:40 Et on voit aussi que les décors ne sont pas totalement prêts. Donc je vous laisse savourer les dialogues.
01:46 - Excusez-moi, mais vous pouvez éteindre cette musique parce que j'aimerais pouvoir m'entretenir avec mes clients.
01:52 - Voilà. Et si vous pouviez aussi très aimablement éteindre cette cigarette. Merci beaucoup. Voilà. Très bien.
02:00 - C'est bien, madame. Vous ne vous laissez pas faire.
02:03 - Messieurs, dames. Bonjour. - Bonjour.
02:05 - Bon. Est-ce que vous pourriez enlever vos casques, s'il vous plaît, parce que ça me stresse ?
02:10 - Ah, pardon. Vous venez dans la lune.
02:18 - Nous sommes ici dans un appartement de 65 mètres carrés, situé en plein cœur du triangle d'or de Bougival.
02:24 - Il y a un triangle d'or à Bougival.
02:26 - Ah oui. Entre la rue du Buzin, la rue Gareth et la rue d'Hallen.
02:30 - À l'orée du centre-ville.
02:33 - Voilà. C'est quelque chose qu'on retrouve souvent, les un peu Dupont et Dupont, des personnages...
02:38 On a l'impression d'avoir des extraterrestres en phase 2. C'est un peu le...
02:42 - Alors Frédéric, on pense au film de René.
02:45 - Moi, j'aime beaucoup Bruno Podalides. Donc, je suis content de le retrouver, en fait.
02:50 Je suis content de le retrouver. On retrouve en plus...
02:52 - Vous l'avouez, cette maison avec piscine ?
02:54 - Non, non, non. - Piscinable.
02:56 - Piscinable, pardon.
02:58 - J'adore son travail sur la langue.
03:00 J'adore le fait qu'il dise "le triangle d'or de Bougival" à l'orée du centre-ville.
03:04 C'est, on va dire, il y a presque une poésie de Podalides qui cultive depuis son premier moyen-métrage,
03:10 qui était "Versailles-Rive-Gauche". Et en fait, la question de l'immobilier,
03:12 elle est toujours présente dans son cinéma, comme ce que vous avez vu, là, par exemple,
03:15 les deux types, le couple qui est arrivé avec le casque.
03:18 Il y a toujours des moyens de locomotion, il y a toujours des tenues.
03:20 Il invente quand même un petit peu, on va dire, son monde,
03:24 sa famille de cinéma qui s'agrandit, et la question immobilière, elle a toujours été présente.
03:28 Si vous vous rappelez le premier moyen-métrage, "Versailles-Rive-Gauche",
03:31 c'était l'histoire d'un type qui vivait dans un studio, qui voulait accueillir une fille,
03:33 et puis finalement, il se retrouvait avec 50 personnes, et ça ne se passait pas comme il voulait.
03:37 - Je crois que vous ne l'avez pas vendu à Muriel, Frédéric.
03:39 J'ai l'impression qu'elle a quitté la visite. - J'ai l'impression qu'elle est restée à l'état de locataire, de toute façon.
03:43 Non, en fait, j'ai l'impression que, parce qu'au-delà du fait que je trouve le film extrêmement poussif,
03:47 que moi, je ne rigole pas du tout, et je comprends ce minimalisme,
03:51 mais je trouve que ça cache quand même une forme de paresse.
03:53 Je me suis dit, bon, c'est quoi le problème, vraiment, le vice, pour moi, de "Forbes",
03:57 c'est qu'il estime que les agents immobiliers pourraient lui ouvrir une sorte de vue imprenable,
04:03 sur des névroses, une agora de névroses, et que l'agent immobilier est le point de vue idéal,
04:09 de dire quelque chose d'une certaine France.
04:12 Et en fait, je trouve que ça ne marche pas du tout, précisément parce que tout le monde sait que devant un agent immobilier,
04:17 oui, c'est évidemment un théâtre de faux-semblants, on passe son temps à se faire passer pour quelqu'un d'autre,
04:23 mais ce truc-là ne produit jamais une sorte de critique qui serait ici la critique d'une France de petits propriétaires,
04:31 qui vient gentrifier le quartier. - Moi, je pense qu'il le faire plutôt les agents immobiliers.
04:34 Alors, évidemment, il accueille un peu toute la France à bougie-valve qui vient visiter cet appartement,
04:38 mais je trouve qu'il regarde une profession qu'on voit beaucoup sous des grands sourires,
04:44 comme ça, des apparences radieuses à la télévision, la Plaza Attitude, etc.
04:47 Et là, au contraire, c'est des agents immobiliers qui sont des intermédiaires,
04:51 qui sentent qu'ils sont à deux doigts d'être remplacés par le bon coin, et qui racontent...
04:55 - Je trouve que c'est maligne, c'est que j'ai peu d'empathie à offrir à un agent immobilier en général,
05:00 et le film ne m'offre pas grand-chose en termes de névroses, en termes de critique de ce milieu.
05:06 - En termes de personnages, vous n'avez pas quand même un petit peu de viande à mâcher, justement ?
05:11 - Eh bien, en fait, ça produit une sorte de film à sketch, finalement, cette idée de visite.
05:16 Donc, on passe de cet appartement sans âme à cette baraque.
05:19 Alors, moi, mon gros coup de foudre, c'est la baraque. C'est-à-dire, c'est la baraque de mes rêves.
05:23 C'est exactement tout ce que j'aime, et je suis prête à prendre le train au fond du jardin, c'est pas grave.
05:28 Donc, moi, je me délecte de tout le début du film, où, voilà, c'est Agnès Jaoui qui débarque,
05:33 il débarque à trois bagnoles, et en fait, c'est des musiciens qui décident d'acheter une maison tous ensemble.
05:40 Et ce film-là m'allait merveilleusement, et puis, bam, le sketch d'après est nul.
05:45 Il y a un problème de sous-écriture, et donc, je passe de "Waouh" à "Oh, bof, Waouh, oh, bof !"
05:51 Et c'est ça que je trouve un peu douloureux. Moi, je suis comme toi, j'aime beaucoup l'univers de Podalides,
05:56 j'aime ce qu'il fait des objets, les deux crétins à casque qu'on a vus,
06:00 ils ont un vélo pliant, et c'est ça qui est merveilleux. Et puis, t'as deux gars qui arrivent en scooter,
06:05 et ils ont des casques symétriques, et ils font le même geste en même temps.
06:09 Il y a toujours une petite chorégraphie de l'absurde de la modernité chez Podalides.
06:13 Et là, il me semble que...
06:15 - Est-ce que c'est pas son cinéma, finalement, cette maison piscinable avec du sol ?
06:19 - Bien sûr que c'est son cinéma, et on est au cœur de son cinéma.
06:23 - Avec Sabine Azéma, avec Agnès Jaoui.
06:25 - Et on l'a vu avec les dialogues, cette manière de rendre poétique tout et n'importe quoi.
06:30 Alors, on est dans un film mineur, mais la musique de Podalides est suffisamment agréable, moi, pour m'emballer.
06:37 C'est ça, le truc. Alors après, quand tout d'un coup, il y a un truc qui me plaît moins,
06:41 je me dis que c'est pas grave, parce que la scène d'après va me plaire davantage. C'est aussi ça.
06:44 - C'est ça, c'est le côté portemento.
06:46 - Oui, et puis il gère bien le temps, la durée qu'il donne aux histoires les plus intenses.
06:50 - Les fées au haut-haut, ça ne se commente pas.
06:53 - C'est un filet de comédien. On a vu Félix Moatti, Sabine Azéma et Folles.
06:58 - Et Dimitchel, qui est extraordinaire.
07:00 - Agnès Jaoui.
07:01 - Leur couple.
07:02 - Et puis Denis Podalides, qui fait une petite apparition.
07:05 - Incroyable.
07:06 - Il se branche dix aimes en patron, c'est génial.
07:08 - Ce qui est hyper drôle, c'est qu'il y a la conseillère hyper consciencieuse qui a hyper bien appris son texte.
07:12 Il y a une autre méthode, lui, il ne sait même pas ce qu'il va faire visiter. Moi, je trouve ça très drôle.
07:17 - Merci.
07:18 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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