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Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Dans « Jouer avec le feu », des sœurs Murielle et Delphine Coulin,
00:03Vincent Lindon élève seul ses deux fils, Benjamin Voisin et Stéphane Crépon,
00:08et s'inquiète de voir le premier attiré par la mouvance identitaire, Philippe.
00:12Oui, alors c'est exactement ça, il y a deux fils,
00:14donc il y en a un qui est promis à des belles études,
00:18et puis alors l'autre qui ne s'intéresse pas du tout aux études,
00:21mais surtout qui a des mauvaises fréquentations.
00:23Alors le film pose vraiment deux questions,
00:26c'est-à-dire que qu'est-ce que peut faire un père,
00:28alors là il est tout seul, ce n'est pas les parents parce que la femme est morte,
00:31donc que peut faire un père veuf quand il voit la dérive d'un fils,
00:34qu'est-ce qu'il peut faire concrètement pour empêcher ça ?
00:36Et deuxième question, jusqu'où on peut aimer son enfant ?
00:40C'est-à-dire jusqu'où, à quel point, jusqu'à quelle dérive ?
00:44Et donc voilà ce que raconte le film de manière assez documentée,
00:49les sœurs Coulin ont essayé d'approcher, c'est pas facile,
00:54les mouvements d'extrême droite, essayer de voir comment ça se passe,
00:57et c'est extrêmement bien construit.
00:58Après, on a Vincent Lindon qui est au centre de tout ça,
01:01on va voir l'extrait, ce qui est très intéressant,
01:04c'est comment Vincent Lindon donne toujours la main à son partenaire.
01:08Je crois rien moi, je constate, je crois rien.
01:10Bah c'est ça, tu vois le problème, tu crois en rien.
01:12Toby, tu fais comme tout le monde.
01:14Je fais peut-être comme tout le monde, mais je traîne pas avec des racistes.
01:15Mais ils sont pas racistes, c'est pas plus que toi et moi.
01:17Mais non, ils sont pas racistes, ils sont juste contre les immigrés,
01:19mais à part ça, ils sont pas racistes.
01:21Non mais ceux qui sont déjà là, il n'y a pas de problème,
01:23tant qu'ils restent calmes, d'accord ?
01:25Mes potes à moi, ils sont comme nous, ils sont carrés,
01:28ils sont droits, ils sont propres sur eux.
01:29Ah ouais, ils trouvent qu'ils sont propres ?
01:30Ouais.
01:31Moi, je trouve qu'ils sont sales.
01:32Ce qu'ils écrivent, c'est sale.
01:34Ils enculent tout ce qui bouge.
01:36Ils sont vulgaires en plus.
01:38Ils sont prêts à se battre contre tous ceux qui pensent pas comme eux,
01:40même ceux d'une autre équipe.
01:41Ils sont sales tes copains !
01:43Écoute, j'ai dit ce que je veux, et je fais ce que je veux.
01:45Non, mais je vois ce que tu veux.
01:46Non, je suis pas en prison !
01:47Et regardez comme on fait presque du split-screen,
01:49il y a l'autre fils qui arrive là, et derrière lui, c'est Jaune.
01:52C'est-à-dire qu'il y a vraiment cette opposition de couleurs.
01:56Mais vraiment, on reparlera de l'interprétation de Benjamin Voisin,
02:01mais qui est aussi due, je pense, à l'élégance de Lindon,
02:04qui est très bon.
02:05Je veux dire, on se souvient d'Agathe Roussel dans Titane ?
02:07C'est un très bon sparring-partner pour...
02:10C'est pas quelqu'un qui vole la vedette.
02:13C'est la première fois qu'elle bascule dans un univers entièrement masculin.
02:16Elles avaient fait 17 fils, c'était des jeunes adolescentes enceintes,
02:20des jeunes soldats qui essayaient de se faire leur place.
02:23Comment ça se passe, cette bascule dans un monde presque entièrement masculin ?
02:26Oui, ça sent un peu plus la testostérone dans ce film-là.
02:29Ça sent la sueur des garçons !
02:30Mais c'est pas gratuit, bien évidemment,
02:32parce que ça parle des spécificités entre un père et son fils.
02:37Mais bizarrement, je trouve que la réussite du film,
02:39elle ne réside pas vraiment là-dedans.
02:40Je trouve que cette relation est un peu figée,
02:42elle est un peu ni-dimensionnelle,
02:43parce qu'elle est rythmée par des monologues de Vincent Lindon,
02:46qui ressemblent un peu à des cours magistraux d'éducation civique,
02:49parfois sur les bords.
02:50La mise en scène est un peu redondante aussi.
02:53Par contre, ce qui est fascinant dans le film,
02:55c'est la relation entre les deux frères.
02:57Qui ont l'air d'être de vrais frères.
02:59Qui ont l'air d'être de vrais frères.
03:00Et là, c'est beaucoup plus nuancé,
03:01les rapports de force sont quand même un peu plus troubles.
03:04Et puis là, il y a une vraie idée filmique,
03:05à savoir ces deux chambres justement adjacentes,
03:08où ils peuvent s'isoler,
03:09mais ils restent complètement forcément collés.
03:12Il faut que je sorte Simon de sa camisole,
03:15parce que sinon il va disjoncter.
03:16Qu'est-ce qu'il se passe ?
03:17D'abord, je voudrais commencer,
03:18parce qu'il faut être un peu juste,
03:19c'est vrai que le voisin est remarquable dans le film.
03:21Vincent Lindon, il est cause des petits pois,
03:22c'est-à-dire le niveau d'intensité dramatique.
03:24Moi, j'ai un gros problème,
03:25c'est quand on choisit de me raconter cette histoire
03:27du point de vue du père.
03:28Et je ne suis pas là pour dire ce que le film aurait dû être,
03:29ce n'est pas ça.
03:30Mais moi, ce que je reçois,
03:31c'est une histoire qui est très surplombante avec son sujet.
03:33Parce qu'il peut m'intéresser ce personnage,
03:35elles peuvent m'intéresser les oppositions entre ces deux frères.
03:37Mais finalement, est-ce que c'est triste pour Papin Lindon
03:39que son fils soit un gros couillon ?
03:41Ça ne m'intéresse pas beaucoup.
03:42A fortiori quand,
03:43alors que c'est quand même un sujet très politique,
03:45on en vient à me dire quelque chose
03:47que je trouve prof...
03:48très simpliste.
03:49Allez, tu vas être gentil.
03:50Oui, que je trouve vraiment simpliste,
03:52à savoir, si elle est extrême droite,
03:54c'est un peu parce qu'il y a du couillon à gauche.
03:55Dans les deux sens,
03:56c'est une affirmation qui est aussi stupide
03:58dans un sens que dans l'autre.
03:59Et donc, du coup, je ne sais pas bien, moi,
04:01où me placer devant ce film,
04:02parce que j'ai l'impression
04:03qu'il est toujours à côté de son sujet,
04:06au lieu de l'embrasser.
04:07Je n'ai pas grand-chose à dire sur ce film
04:09de plus que ce qu'a dit Simon.
04:10En fait, je suis assez d'accord avec lui.
04:11C'est-à-dire que je n'ai pas l'impression
04:13que le film aborde forcément le sujet
04:14par le bon angle.
04:15Moi, je trouve que l'angle sentimental
04:17focalisé sur le père
04:19n'est pas forcément le bon angle
04:20pour aborder ce sujet.
04:21Et j'ai l'impression, d'une certaine façon,
04:23que pendant le film,
04:24je pleure pour ce père,
04:27mais je ne pleure pas assez sur ce fils.
04:29Et il me semble que d'avoir opposé
04:31un fils qui réussit, un fils qui rate,
04:33est peut-être un peu mécanique,
04:35un peu dans la dynamique,
04:36dans la dramaturgie du film.
04:37Je suis d'accord sur les monologues.
04:38Le film a un certain tact,
04:39une certaine tenue,
04:41qui fait que ça passe.
04:43Voilà, ça passe bien.
04:45Mais je ne crois pas que d'avoir
04:47tout mis sur le personnage du père
04:49soit vraiment le bon angle
04:50pour aborder ce sujet.

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