• il y a 2 ans
Muriel Boulmier, la présidente de l'Union régionale HLM de Nouvelle-Aquitaine

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00:00 métropole bordelaise et en Gironde, elle n'épargne pas le logement social. Et on en parle ce matin avec Muriel Boulmier, président de l'union régionale
00:06 HLM Nouvelle Aquitaine. Elle vous répond Marie Roarch.
00:10 Bonjour Muriel Boulmier. Bonjour à vous. Est-ce qu'on peut commencer par un état des lieux de cette pénurie de logements sociaux en Gironde ?
00:16 Alors en Gironde il y a 112 000 logements sociaux
00:21 et il y a 67 000 demandes.
00:25 Il y a la moitié du parc existant qui est pris par une demande. Vous voyez, la pression est énorme
00:32 et si je vais à Bordeaux métropole qui est la capitale régionale, là où nous sommes à peu près
00:38 43 000 demandes de logements.
00:40 Voilà donc oui il y a une pression et il y a une pression que tout le monde constate et ça devrait être un enjeu
00:47 gouvernemental et malheureusement force est de constater que ça ne l'est pas et ça l'est devenu grâce à la pression des médias.
00:55 Parce que vous vous êtes tous mis en ligne
00:58 pour dire mais attention c'est un fléau là et c'est un vrai souci.
01:03 On va revenir sur cette question de la politique du logement mais on poursuit un petit peu sur le diagnostic si vous le voulez bien.
01:10 Si aujourd'hui je dépose une demande de logements social à Bordeaux ou en tout cas en Gironde,
01:14 au bout de combien de temps je peux m'attendre à l'avoir abouti ?
01:19 Alors en Gironde à peu près 60%
01:22 56% exactement ont une réponse dans moins d'un an
01:26 à peu près équivalent pour Bordeaux métropole et ce qu'on peut dire quand même qui n'est pas comparable avec la région parisienne
01:34 mais qui n'est pas satisfaisant c'est que 90% des demandes ont une proposition dans les trois ans.
01:41 C'est long mais ça n'équivaut pas des cinq dix ans qu'on voit par ailleurs.
01:48 La demande immédiate avec satisfaction immédiate ça n'est que dans des cadres d'urgence répertoriés.
01:56 Comment est-ce qu'on explique cette pénurie, cette difficulté pour les gens d'obtenir un logement social ?
02:02 Alors il y a plusieurs choses. Il y a d'abord parce que vous avez plusieurs populations.
02:07 Le logement social ce sont les jeunes, les étudiants, les jeunes adultes, les apprentis, les familles,
02:15 les jeunes actifs, les personnes âgées, etc. Donc c'est une masse importante.
02:19 Ensuite les demandes augmentent parce que c'est lié évidemment à la situation économique, le pouvoir d'achat, l'inflation.
02:26 Pour vous donner un ordre, un exemple,
02:29 auparavant il y avait à peu près 10% dans le parc HLM
02:34 qui partaient dans l'année parce que pour des raisons personnelles et donc il y avait 10% qui étaient remis en location.
02:41 Et donc il y avait deux façons d'offrir des logements, ceux qui pourraient remplacer ceux qui partent et ceux qui sont livrés.
02:48 Et aujourd'hui on est tombé à 6% parce que la crainte de demain, etc.
02:53 Et donc l'amboli elle est là et puis ensuite vous avez d'autres phénomènes qui sont les décohabitations
03:05 et puis l'attrait de la Gironde qui est quand même le plus grand département de France
03:12 avec un littoral, avec la capitale régionale et avec de nombreux services.
03:17 - Donc vous le disiez il y a plusieurs phénomènes à l'entrée d'abord avec davantage de demandes liées à la crise actuelle,
03:22 les décohabitations comme vous disiez et à la sortie aussi et il y a donc ce manque de construction de logements sociaux.
03:29 - Alors pour répondre à cet ensemble là,
03:34 il faut donc sortir pour remplacer et puis en même temps construire.
03:38 Alors construire, jusqu'en 2017 à peu près il y avait 10-11 000 logements construits.
03:46 - Chaque année ?
03:48 - Chaque année.
03:49 Et là nous sommes tombés à beaucoup beaucoup moins que ça, 8000 l'année dernière.
03:57 On voit bien qu'il y a un sujet et nous voyons qu'il y a un double sujet,
04:02 c'est-à-dire que moins de logements construits et la question est le pourquoi.
04:06 Le pourquoi est de trois ordres.
04:08 Le premier d'ordre financier, puisqu'en 2018 l'État a pris sur le logement social la compensation de la baisse des APL.
04:19 Pour la Gironde c'est 115 millions de moins d'investissement,
04:23 soit 3500 logements qui ne sont pas construits, plus de 6000 qui ne sont pas réhabilités, etc.
04:28 Et puis il y a récemment l'augmentation du livret A,
04:34 et là c'est comme si votre prêt immobilier était multiplié par 6, tout d'un coup comme ça,
04:39 donc évidemment ça freine, et puis après il y a un certain nombre de contraintes.
04:42 Donc il y a les offres nouvelles qui sont bloquées comme je vous le disais,
04:47 et puis nous voyons qu'il y a 1500 logements qui devraient être démarrés,
04:54 dont le chantier devrait être démarré, qui ne sont pas encore.
04:58 Or, la vérité, vous avez une demande, ce qui répond à la demande c'est quand vous donnez les clés,
05:03 que les gens rentrent, et voilà, c'est ça qui manque.
05:06 7h51 sur France Bleu Gironde, notre invité ce matin, Muriel Boulmy, président de l'Union régionale,
05:11 HLM de Nouvelle-Aquitaine pour parler de la pénurie du logement dans la métropole bordelaise et en Gironde.
05:17 Bordeaux métropole, puisqu'on en parle, a annoncé il y a quelques semaines débloquer 20 millions d'euros
05:21 pour accélérer les mises en chantier de logements sociaux. Est-ce que c'est un début de réponse ?
05:25 C'est déjà une très bonne chose.
05:26 Je pense que c'est une prise de conscience qui va justement permettre, pour partie,
05:33 de débloquer les 1500 dont nous parlions, et puis permettre aussi d'en démarrer d'autres.
05:39 Donc oui, c'est une vraie bonne chose, et il y a un autre acteur qui fait beaucoup pour le logement social,
05:46 c'est le préfet de région, puisqu'il nous a autorisé, nous Union régionale, HLM,
05:53 à porter une expérimentation pour définir zone rurale, zone urbaine,
05:57 je ne vais pas rentrer dans des détails techniques, mais qui permettent plus facilement de construire, notamment.
06:04 Pour vous donner un exemple, ces normes dataient de 10-15 ans, et Arcachon, le bassin d'Arcachon,
06:11 était considéré comme rural.
06:12 Et donc pas en zone tendue en termes de logement ?
06:14 Pas en zone tendue, comme vous le dites, et donc forcément, le préfet va beaucoup nous aider à avancer
06:21 sur cette zone littorale qui, elle, est très marquée par la pénurie.
06:25 Et vous l'évoquiez tout à l'heure, Muriel Boulmier,
06:27 vous vous réclamez aussi une forme de vraie politique nationale, cette fois, du logement.
06:31 Oui, parce qu'on se rend compte que les crises du logement, elles se sont succédées en France.
06:35 Mais les grandes réformes, elles sont venues de l'État.
06:37 Ce qu'on appelle les "aides à la pierre", c'était 1977, très bon bar.
06:41 La fameuse loi SRU, comment on compense le fait qu'il faut obliger certaines communes à construire, c'était en 2000.
06:50 Et là, on voit qu'au fur et à mesure du temps, la pénurie s'installe pour faire un vrai État fléau,
06:57 puisque là, tout le monde s'accorde à le dire, et que l'État, aujourd'hui, l'État-gouvernement,
07:01 puisque l'État en tant que tel, mais le gouvernement, n'en fait rien.
07:06 Il y a eu le comité de concertation, mais en vérité, il ne s'est rien passé.
07:11 - Les annonces du début de semaine ont provoqué une grosse déception, notamment chez les acteurs du logement social.
07:15 - De tout le monde, parce que d'abord, on nous dit des mesures, mais en vérité,
07:19 toutes les mesures sont suivies d'un codicil, il y aura des précisions.
07:24 Oui, mais donc, c'est un rapport d'orientation, en quelque sorte, mais ce ne sont pas des mesures qui sont proposées.
07:30 Par exemple, le PTZ qui permet à une jeune famille d'accéder, c'est fini en zone rurale,
07:36 la maison individuelle, c'est fini, donc le rêve des Français, ben non.
07:39 Ça ne peut être qu'en collectif et en zone tendue,
07:42 alors que c'est une aide considérable, puisque c'est un prêt à taux zéro, n'est-ce pas ?
07:47 Par exemple, le BRS, ce dénombrement entre le terrain qui reste à un organisme,
07:54 et puis les murs qui appartiennent à ceux qui l'occupent, donc les nouveaux propriétaires,
08:00 on va augmenter les plafonds, c'est bien, ça c'est très bien, néanmoins,
08:04 néanmoins, il ne faut pas que ça se substitue au logement social lui-même,
08:09 parce que, comme je vous le disais, le nombre de vendeurs est large,
08:12 et tous ne peuvent pas accéder à la propriété.
08:15 - Merci beaucoup Muriel Boulmier, présidente de l'Union régionale HLM de Nouvel-Équitaine,
08:19 d'avoir été avec nous ce matin pour évoquer cette pénurie du logement social
08:23 en Géronde et dans la métropole bordelaise.
08:25 - Merci de votre invitation et bonne journée.
08:26 - Merci.

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