Le député Stéphane Travert invité de France Bleu Cotentin et France 3 Normandie

  • l’année dernière
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00:00 Près de 200 députés de tous bords politiques vont déposer un amendement pour réguler la liberté d'installation des médecins.
00:06 Parmi les signataires, deux députés de la Manche, la socialiste anaphyque et le député renaissant Stéphane Travert qui est avec nous.
00:13 Bonjour Stéphane Travert.
00:14 Oui bonjour.
00:15 Pourquoi avez-vous décidé de soutenir cet amendement contre l'avis du gouvernement ?
00:20 Oui parce que je pense qu'il faut que nous ayons le débat.
00:23 Parce que cela fait des années que nous nous interrogeons sur cette question, est-ce qu'il faut mettre plus de coercition dans le système pour que des médecins puissent venir s'installer à la fin de leurs études.
00:35 Moi je sais qu'à chaque fois les gouvernements successifs, actuels, du mandat précédent et de l'ancienne majorité 2012-2017 nous disaient que la coercition n'était pas un bon principe.
00:51 Et lorsque nous discutons avec nos concitoyens, avec les françaises, les français, on s'aperçoit que c'est une de leurs préoccupations majeures.
00:59 Et il faut qu'enfin on puisse avoir le débat.
01:01 Et le fait que nous soyons 200 parlementaires qui ayons signé un amendement comme celui-là dans le cadre aussi d'un travail qui se mène dans une logique transpartisane autour d'un texte dédié à la question de la désertification médicale, donne un sens un peu particulier.
01:19 Ça donne du poids à cet amendement et ça veut dire Stéphane Travert que la bonne volonté, les politiques d'incitation, parfois financières, qui ont été menées ces dernières années, c'est un échec ?
01:31 Non, il ne faut pas dire ça, mais je pense qu'on a besoin aujourd'hui d'améliorer encore la coopération entre les professionnels de santé qui doit être favorisé pour dégager du temps médical.
01:43 On a besoin d'accompagner les structures d'exercices coordonnées. C'est ce dialogue-là que nous avons avec les médecins, notamment dans la Manche.
01:51 Et puis il faut regarder une chose, c'est que dans notre territoire, parce qu'on va prendre notre territoire manchois, on a des zones qui sont sous-dotées et on n'a aucune zone surdotée.
02:01 Ça, je vous le conseille.
02:03 On a des zones où on n'a pas véritablement de difficultés.
02:07 Mais par contre, c'est comment on continue à faire en sorte qu'on améliore cet accompagnement à l'installation des médecins, avec une meilleure intégration des médecins étrangers qui veulent venir.
02:18 C'est la création d'un guichet unique. C'est la réforme du numerus clausus qui a été portée dans le mandat précédent.
02:27 Et on a des écarts qui sont assez marqués entre les départements sur l'accessibilité aux soins des Français.
02:35 - Stéphane Travers, restons sur la Manche, un département où il manque des médecins, une centaine selon une étude de l'association Des Mers.
02:43 Si cet amendement passe, ça voudrait dire quoi concrètement ?
02:47 - Concrètement, ça veut dire que... Alors derrière, c'est comment on met en oeuvre cette coercition.
02:52 Il ne s'agit pas de faire quelque chose en disant "vous êtes médecin, vous venez de terminer vos études et vous allez vous installer là".
02:59 Il va falloir tenir compte d'un certain nombre de paramètres, c'est-à-dire les origines.
03:05 Par exemple, inciter des étudiants en médecine qui demain veulent s'installer à revenir sur leur territoire d'origine,
03:12 la région où ils sont nés, où ils ont grandi, où ils sont allés à l'école, où ils ont fait leurs études.
03:18 - Par exemple, ceux qui font leur fac de médecine à Caen, on va leur dire "dans la région Normandie, il y a telle zone, telle zone, telle zone,
03:24 où on manque de médecins, vous vous installez là où vous n'avez pas le choix". Ce sera ça un peu l'idée ?
03:27 - Il faudra laisser du choix, parce que je rappelle que la médecine est un exercice libéral.
03:34 Là aussi, c'est planifier les choses, c'est-à-dire permettre sur un territoire où on va dénommer les zones qui sont les plus en tension,
03:47 et établir une carte des zones tendues, et permettre aux médecins qui veulent s'installer sur notre territoire
03:55 de faire le choix au sein de toutes les zones tendues qui existent sur le territoire,
04:00 que ce soit au niveau départemental ou au niveau régional, parce qu'on peut très bien travailler sur un plan régional,
04:07 en lien bien évidemment avec l'Agence Régionale de Santé.
04:11 Mais moi je pense que, et c'est la raison pour laquelle j'ai signé cet amendement,
04:15 parce qu'on a vraiment besoin d'avoir ce débat, parce qu'on entend tout et sans contraire.
04:21 Et donc, moi ce que je considère, c'est que les meilleures conditions d'exercice,
04:26 elles seront la proximité familiale, ce dont je vous parlais, c'est l'attachement au territoire,
04:31 et puis c'est des raisons personnelles, et puis c'est comment on rend aussi nos territoires qui sont en désertification médicale,
04:38 plus attractifs, et on le voit bien, les politiques ont été menées dans notre département depuis des années,
04:44 avec des installations de pôles de santé dans les chefs-lieux de canton,
04:48 là où vous avez des centralités, ont permis aussi de faire fonctionner un peu mieux.
04:53 - Avec des initiatives au niveau local, et on en parle régulièrement sur France Bleu Cotentin.
04:55 Stéphane Travert, député de la majorité, député Renaissance de la Manche,
04:58 avec nous ce matin sur France Bleu Cotentin et France 3 Normandie.
05:02 Près de 200 députés, et vous l'avez rappelé, de tous bords, ça va des Ehlers aux Insoumis,
05:07 en passant comme vous par des députés de la majorité, ont signé cet amendement.
05:11 Pour une fois que des députés s'accordent de tous bords politiques,
05:15 et en ce moment c'est plutôt assez rare, ça veut dire que cet amendement,
05:19 est-ce que vous vous estimez qu'il a toutes les chances de passer ?
05:22 - Écoutez, on verra le débat, et puis les réponses aussi du ministre de la Santé.
05:28 Ça n'avait pas été abordé en commission des affaires sociales,
05:31 il a été déposé justement pour la séance, pour que nous puissions avoir un débat dans l'hémicycle,
05:36 et je pense que cette question, elle vaut la peine d'être posée dans le débat,
05:41 et on verra à l'issue du débat ce que l'ensemble des députés voteront.
05:47 Et moi je me réjouis effectivement qu'on puisse avoir sur les questions médicales,
05:52 parce que l'accès aux soins, c'est pas de droite, c'est pas de gauche,
05:55 l'accès aux soins c'est un besoin vital, et un besoin pressant pour nos concitoyens.

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