Mi-mandat de Louis Aliot : "Roi de l'illusion", tacle un opposant à la mairie de Perpignan

  • l’année dernière
Bruno Nougayrède, l'un des chefs de file de l'opposition municipale, était l'invité de France Bleu Roussillon ce vendredi matin, à l'occasion de l'émission spéciale consacrée au bilan à mi-mandat de Louis Aliot à la mairie de Perpignan.
Transcript
00:00 Bonjour Bruno Nouguered, merci d'être avec nous, vous êtes un des chefs de file de l'opposition de droite
00:04 donc au conseil municipal à Perpignan.
00:06 D'abord tiens, c'est la période des conseils de classe en ce moment dans les collèges, dans les lycées,
00:09 j'imagine que vous n'allez pas mettre les félicitations à Louis Alliot en tant qu'opposant, ça me surprendrait.
00:13 Mais sur 10, vous lui mettez quelle note à Louis Alliot ?
00:16 Aujourd'hui je lui mettrais 5.
00:17 C'est pas si mal ?
00:18 C'est-à-dire que je pense qu'il est... déjà j'ai beaucoup de respect pour la fonction de maire.
00:21 Vous voyez, quel que soit le maire, je pense que j'aurai beaucoup de mal,
00:24 sans doute comme un bon professeur avec ses élèves, j'aurai beaucoup de mal à mettre moins de 5 sur 10 à un maire.
00:29 Parce que je pense qu'aujourd'hui c'est une des fonctions les plus exposées,
00:31 qui demande beaucoup d'énergie, beaucoup de courage,
00:33 et qui est la fonction la plus essentielle pour faire vivre la démocratie locale.
00:36 Une chose que Louis Alliot a réussi ces trois dernières années selon vous ?
00:39 Alors, pareil, quand on est dans l'opposition, on a tendance à regarder le verre,
00:43 et le verre il est à moitié vide ou à moitié plein selon l'angle sous lequel on se place,
00:46 et l'opposition elle voit le verre à moitié vide.
00:48 Ce que je pourrais dire aujourd'hui, c'est que je pense que la partie pleine ou à moitié pleine du verre,
00:52 elle a été plutôt remplie par les prédécesseurs, et Louis Alliot n'y a pas beaucoup contribué aujourd'hui.
00:57 Mais je lui reconnais un mérite, aujourd'hui les perpignanais doivent retrouver la fierté de cette ville,
01:02 ils doivent aimer cette ville, parce que pour qu'on puisse la faire changer à l'avenir, il faudra l'aimer.
01:06 Et il est très fort en communication, et il arrive même à faire passer l'idée qu'un certain nombre de choses
01:11 qui existaient déjà depuis longtemps sont nouvelles, et ça c'est un art dans lequel il excelle.
01:16 Donc c'est un magicien, c'est genre un majax en fait à la maison ?
01:18 C'est un magicien, en termes de communication il est bon, et c'est quelquefois un peu le roi de l'illusion,
01:22 mais ce qui est important pour moi, et ce qui est bénéfique pour l'avenir,
01:24 c'est que les perpignanais retrouvent le goût de leur ville.
01:27 Concernant la sécurité, Louis Alliot en avait fait vraiment faire de l'anse durant la campagne,
01:33 une trentaine de policiers municipaux supplémentaires ont été embauchés,
01:37 il y a la police municipale désormais à Perpignan qui tourne 24h/24,
01:40 est-ce que là on ne peut pas dire que la parole est tenue de ce point de vue ?
01:44 Alors à mon avis il y a plusieurs erreurs qui ont été commises sur la question de la sécurité.
01:47 Alors déjà on retrouve, vous savez quand on a connu le Louis Alliot de la campagne électorale,
01:50 il allait renverser toutes les tables, et on découvre aujourd'hui un Louis Alliot-Merc
01:54 qui est quelquefois un peu planqué sous la table.
01:56 Il a quand même tendance à très souvent chercher des coupables,
01:59 pour expliquer que ça ne va pas ou que ça ne fonctionne pas comme ça devrait.
02:02 On l'entend souvent dire "c'est la faute de l'Etat, c'est la faute de la région, c'est la faute des gens,
02:05 c'est la faute du conseil départemental, de la communauté urbaine".
02:08 Et en termes de sécurité, il a quand même reconnu à demi-mot lors du dernier conseil municipal
02:12 que les chiffres qui sont publiés chaque année par le ministère de l'Intérieur n'étaient pas bons.
02:15 En tout cas nous a-t-il dit "ils ne sont pas ceux que j'attendais".
02:18 Je pense qu'il a fait une grosse erreur dans le domaine de la sécurité.
02:21 Il a voulu prendre en charge et en direct cette délégation.
02:24 - C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'adjoint à la sécurité à l'Amérique, c'est lui directement qui gère.
02:28 - Exactement. - Pourquoi c'est un problème ?
02:30 - Alors c'est un problème parce que je ne crois pas qu'il y ait de baguette magique
02:32 qui puisse résoudre les problèmes de sécurité.
02:34 Il y a surtout besoin d'un investissement humain très important.
02:37 Or, quand le maire de Perpignan dit dans le Figaro il y a quelques jours
02:40 qu'il va sanctuariser désormais deux jours par semaine pour aller à Paris
02:44 et s'occuper de tournée médiatique et de son parti politique,
02:46 je ne crois pas que ça adresse un bon signal.
02:49 Quand les chiffres qui sont communiqués par le ministère de l'Intérieur ne sont pas bons,
02:52 la nécessité absolue est de s'y consacrer à temps plein.
02:54 Donc je pense qu'il fait une erreur.
02:55 - Il y a un directeur de la police municipale qui est là,
02:57 il peut déléguer aussi quelque part ses équipes sur le terrain.
02:59 - Oui, mais je fais une différence essentielle entre le rôle de l'élu
03:02 et le rôle des fonctionnaires, le rôle de ceux qui mettent en pratique la politique de l'élu.
03:06 Et aujourd'hui, il manque clairement sur ce sujet-là une présence de terrain.
03:10 Et là aussi, on retrouve l'aspect communication de Louis Alliot.
03:13 Rappelez-vous, au début de son mandat, il nous a vanté un plan anti-drogue.
03:15 On en a entendu parler pendant quelques mois, le plan anti-drogue, qu'elle est tout renversé.
03:18 Lors du dernier conseil municipal, la question lui a été posée de savoir où il en était.
03:21 Il nous a répondu que son plan anti-drogue, c'était le fait que Gérald Darmanin
03:24 avait envoyé 90 gendarmes supplémentaires à Perpignan.
03:27 Ça me semble un peu léger.
03:28 - Sur la propreté, est-ce que vous diriez que Perpignan est aujourd'hui plus propre qu'il y a trois ans ?
03:31 - Si vous voulez, on fait l'expérience de sortir de la radio
03:34 et d'aller se promener dans quelques rues alentours et on pourra en tirer des conclusions.
03:36 - Ça veut dire non pour vous ?
03:37 - Je pense que Perpignan est dans la même situation qu'elle l'était il y a quelques années.
03:40 Il y a des rues qui sont propres, certaines qui sont plus sales.
03:42 Il y a des matins où certaines rues sont propres, d'autres matins où elles sont sales.
03:45 Mais là encore, on retrouve l'aspect communication.
03:47 Au début du mandat, rappelez-vous, nous avions des grandes actions coup de poing, nettoyage.
03:51 Ça a duré pendant un an régulièrement dans certains quartiers.
03:54 Ça a disparu.
03:55 Je prends le pari que ça reviendra un an avant l'élection municipale.
03:58 Et il faut aussi regarder la réalité.
04:01 L'adjoint qui s'occupe de cette question est intervenu sur vos engines cette semaine
04:05 pour dire qu'il avait 20 agents de moins au service propreté aujourd'hui que quand il est arrivé.
04:09 Encore une fois, si c'était une priorité, quand on voit la situation, il me semble qu'on aurait pu faire différemment.
04:14 - Il est 7h22 sur France Bleu Roussillon.
04:16 Notre invité, Simon Colbocq, Bruno Nouguered, conseiller municipal de droite à Perpignan.
04:20 - Alors c'est la première fois que ça arrive aussi.
04:21 Le maire de Perpignan, Bruno Nouguered, ne dirige pas l'agglo de Perpignan.
04:25 C'est le maire de Saint-Estève, Robert Villa, qui dirige la communauté urbaine.
04:28 Est-ce que les Perpignanais en souffrent de ça ?
04:30 Est-ce que certains projets bloquent, faute justement d'avoir le maire de Perpignan aux commandes de l'agglo ?
04:35 - Alors, je suis convaincu que la ville de Perpignan doit effectivement porter la communauté urbaine.
04:40 Il y a plusieurs manières de la porter.
04:42 Louis Alliot est vice-président de cette communauté urbaine.
04:44 S'il participait régulièrement aux différents débats, s'il était beaucoup plus présent,
04:48 de par la force de son administration, de par la force de Perpignan,
04:51 il pourrait évidemment peser sur les débats à la communauté urbaine, plus qu'il ne le fait.
04:54 Je crois qu'aujourd'hui, notre groupe d'opposition à la communauté urbaine n'a aucune fonction
04:59 autre que veiller à ce que les Perpignanais soient respectés.
05:02 Mais vous savez, une petite anecdote.
05:03 Lors du dernier débat d'orientation budgétaire à la communauté urbaine,
05:06 la ville de Perpignan se plaignait du manque d'engagement financier de la communauté urbaine envers la ville.
05:11 Et l'adjoint lui a dit "Mais Madame, donnez-moi les projets sur lesquels vous attendez un soutien de notre part".
05:16 Et pas de réponse.
05:17 - On l'entend, vous l'avez émis 5 sur 10 au début de l'interview,
05:20 mais à vous entendre, on a un maire qui est absent, qui est à Paris, beaucoup,
05:23 qui acappare la délégation de la sécurité, mais sans véritablement de résultat.
05:28 On est dans l'illusion, dans la communication et finalement l'absence totale de projet.
05:32 - Quand on regarde aujourd'hui, il a quand même beaucoup inauguré les projets lancés par ses prédécesseurs.
05:36 Ce qui est somme toute normale, quand vous reprenez quelque chose, vous continuez à se plaider, c'est toujours pareil.
05:40 Moi ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est de voir qu'est-ce qu'on inaugurera dans 6 ans.
05:43 Parce qu'aujourd'hui, rien n'est lancé sur le terrain.
05:45 Les seuls projets dont on nous parle, c'est un agrandissement du parc des sports,
05:48 dont on n'a jamais eu aucune preuve de son utilité.
05:50 Un investissement colossal de 25 millions qui n'est appuyé sur pas grand-chose et qui n'a fait...
05:54 Il n'y a eu aucun débat public autour de ça.
05:56 On parle d'une refondation de l'entrée de ville, mais qui clairement ne verra pas le jour avant la fin de ce mandat,
06:02 puisque rien n'a été fait.
06:03 - Possiblement à côté de la caserne des pompiers.
06:05 - Alors, rien ne nous a été présenté au conseil municipal.
06:08 Donc effectivement, j'ai entendu ça aussi, ce qui me semble être plutôt une bonne idée.
06:10 D'ailleurs, elle était plutôt portée par d'autres candidats aussi pendant la dernière campagne municipale.
06:15 Mais moi ce qui m'inquiète, c'est ça, c'est l'absence de vision, l'absence de projet
06:19 et une forme de train-train qui s'installe avec l'idée de dire, finalement,
06:22 si on bouche le nid de poule en bas de la maison de chacun des Perpignanais,
06:26 ils seront contents et ça suffira pour assurer le développement de cette ville.
06:29 Ce qui me semble un peu léger.
06:30 - Sur le mode de gouvernance de Louis Alliot, le style Alliot comme maire,
06:33 est-ce que vous vous sentez, par exemple, respecté ou en tant qu'opposition ?
06:36 - Très clairement, il y a une tradition dans toutes les communes aujourd'hui de France,
06:40 et qui est même une obligation à l'Assemblée nationale,
06:42 qui est de confier notamment la présidence de la Commission des Finances à l'opposition.
06:45 C'est quelque chose que nous avions sollicité,
06:47 quelque chose qu'il avait, lui, pendant le précédent mandat,
06:49 il a refusé de nous la donner.
06:51 Je pense que ça en dit long sur la conception qu'il a de l'opposition.
06:55 Et quand on regarde aussi, c'est quelque chose qui me fascine,
06:57 j'arrive, je n'avais jamais été élu jusque-là,
06:59 quand au Conseil municipal une délibération est présentée,
07:02 qu'elle est un peu complexe, qu'on pose des questions,
07:04 souvent on nous répond, on vous répondra par écrit plus tard,
07:07 maintenant on passe au vote.
07:08 Donc il n'y a pas d'explication, c'est quelque chose finalement
07:11 qui ne l'intéresse pas le fond des dossiers et les explications.
07:14 - Alors votre opposition, justement, l'opposition municipale,
07:16 quelle opposition ? Est-ce que c'est véritablement une opposition ?
07:19 Vous êtes souvent très divisé sur de nombreux sujets.
07:21 - Alors, il nous arrive...
07:22 - Est-ce que ce n'est pas facile ? Il n'y a pas un boulevard Louis Alliot, justement ?
07:25 - Aujourd'hui, très clairement, vous savez, si je prends une image,
07:28 vous avez un certain nombre de membres de l'opposition
07:30 qui étaient en haut du Canigou, qui aujourd'hui sont au Cortalet.
07:32 D'autres qui viennent de Verne et les Bains, qui sont aussi au Cortalet.
07:35 Certains vont continuer à monter, d'autres vont descendre,
07:38 pour des questions d'histoire, de passé.
07:40 Donc, évidemment que nous sommes au même endroit,
07:42 mais que nous n'avons pas toujours exactement
07:44 les mêmes motivations pour continuer à avancer.
07:46 Donc ça explique sans doute quelquefois un certain nombre de flottements.
07:48 Mais ne vous inquiétez pas sur le fait que l'opposition va se structurer
07:51 sans doute de manière beaucoup plus large.
07:53 - Qui est le chef de file d'ailleurs ? C'est vous ?
07:54 - Non, aujourd'hui, je suis le chef de file du groupe à la communauté urbaine,
07:57 et Chantal Bruzi est le chef de file du groupe à la ville de Perpignan.
08:00 C'est un choix que nous avions fait pour renouveler justement sa donne de tête.
08:03 - Et je dois encore demander, pour la prochaine élection municipale, c'est vous ou c'est elle ?
08:05 - Vous savez, aujourd'hui, je crois qu'il y a plusieurs manières de faire de la politique.
08:08 La première des manières, elle consiste à se dire,
08:10 il y a un certain nombre d'élections qui font venir,
08:11 quel mandat je peux récupérer pour construire ma carrière politique ?
08:18 En revanche, il y a la nécessité de servir quand on fait de la politique.
08:22 Et servir, ça impose d'abord de savoir ce qu'on peut apporter à ceux que l'on sert.
08:26 Et donc aujourd'hui, nous sommes dans ce travail de construction,
08:28 et vous savez, à bas bruit, on rencontre, et en tout cas pour ma part,
08:30 je rencontre énormément de monde, je réfléchis.
08:32 - Vous vous préparez pour être candidat en 2026 ?
08:34 - Et je ne souhaite pas me retrouver, quoi qu'il en soit, dans la position de Louis Alliot,
08:37 qui a été élu en 2008 et qui, 15 ans après,
08:40 découvre ce qu'on pourrait faire pour la ville de Perpignan.
08:42 - Merci Bruno Nouguered, vous êtes donc l'un des chefs de file de l'opposition à Perpignan.
08:48 On a bien compris, vous étiez notre premier invité ce matin sur France Bleu Roussillon
08:52 pour cette matinale spéciale, à l'occasion du bilan à mi-mandat de Louis Alliot à la mairie.
08:57 Bonne journée à vous.
08:58 - Je vous remercie de votre invitation.

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