Le Samedi Politique avec Michel Onfray - Du déclin de l’Homme à l’avènement de l’IA transhumaniste

  • l’année dernière
Dans "Anima, vie et mort de l’âme", publié chez Albin Michel (disponible ici https://boutiquetvl.fr/philosophie/michel-onfray-anima-), Michel Onfray propose une réflexion profonde sur Homo Sapiens et son âme. Le célèbre philosophe livre ses craintes quant aux nombreuses problématiques qui menacent nos sociétés modernes. Dégradation de la sécurité, effondrement de l'éducation, "wokisme" et émergence de l’intelligence artificielle et du transhumanisme sont autant d’éléments qui convergent vers une érosion inexorable de nos valeurs fondamentales qui œuvre pour un abêtissement de l'Homme.
Dans cette émission, Michel Onfray nous invite à questionner des sujets cruciaux tels que notre rapport à la technologie, à l'éducation et à la préservation de nos valeurs. Sa vision percutante, teintée d'une profonde analyse philosophique, éclaire les enjeux de notre époque dont il dépeint aussi les méandres politiques menant souvent à l’impasse pour le peuple muselé.
Avec la sincérité, le franc parler et, bien sûr, l’érudition qu’on lui connaît, Michel Onfray livre ses craintes quant à notre civilisation qu’il voit à l’aube de sa disparition.

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Transcription
00:00:00 Emmanuel Macron est un menteur.
00:00:03 Lors d'une prise de parole, il dit aux Français qu'il supprime la redevance audiovisuelle.
00:00:07 Mais il oublie de préciser qu'il continue de verser un chèque de 4 milliards d'euros par an
00:00:13 aux médias du service public.
00:00:15 4 milliards que nous payons avec nos impôts issus dorénavant de la TVA.
00:00:20 On veut donc nous faire travailler deux ans de plus parce qu'il manque des milliards dans nos caisses de retraite,
00:00:25 mais des milliards partent en fumée pour financer les copains et les coquins de l'audiovisuel public.
00:00:31 Les coquins, ce sont ceux qui dilapident notre argent.
00:00:34 Ils se versent des salaires énormes, engagent des projets fous comme la plateforme vidéo Salto,
00:00:39 vouée dès sa naissance à l'échec.
00:00:41 Un désastre, un fiasco de 170 millions d'euros de pertes nettes et aucune sanction,
00:00:49 notamment à l'égard de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte.
00:00:54 Les copains, ce sont ceux qui profitent de notre argent.
00:00:57 Comment t'expliquer que le service public a donné de l'argent
00:01:00 pour plus de la moitié des productions de Bernard-Henri Lévy ?
00:01:04 Des centaines de milliers d'euros déversés en pure perte pour lui,
00:01:08 mais aussi pour les documentaires de son épouse,
00:01:10 mais aussi pour ceux de son principal associé.
00:01:13 Comment t'expliquer cet abus de copinage de la part de la firme BHL ?
00:01:19 Le plus grand milliardaire dans les médias, avec Drahi, Bouygues et les autres, c'est l'État.
00:01:23 Et l'argent de l'État milliardaire, c'est celui des contribuables vaches à lait
00:01:27 qui financent contre leur gré de la propagande 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
00:01:33 Plus un centime pour le service public,
00:01:35 telle doit être la mission de ceux qui veulent relever la France.
00:01:39 Pour TVL, il s'agit, malgré les intimidations,
00:01:43 de rétablir une information libre, authentique, exemplaire, vérifiée, pluraliste, désendoctrinée.
00:01:50 TVL contre les menteurs.
00:01:52 Pour cette action essentielle, nous n'avons pas l'argent de l'État,
00:01:56 ni celui des oligarques ou des banques.
00:01:58 Nous ne disposons que du soutien de nos téléspectateurs.
00:02:02 Et nous faisons face, en ce mois de juin, à une situation très compliquée.
00:02:06 Il y a le coût normal de la multiplication de nos programmes,
00:02:10 avec plus d'enquêtes, de créations, de nouveautés,
00:02:12 pour une télévision véritablement généraliste.
00:02:16 Il y a le poids de l'inflation qui nous frappe tous.
00:02:19 Et il y a aussi un vrai coup dur avec l'explosion de nos factures d'électricité.
00:02:24 Comme vos commerces de proximité, votre télévision de proximité
00:02:28 voit passer sa facture de 15 000 à 100 000 euros.
00:02:31 Une facture multipliée par 6.
00:02:34 Alors, parce qu'il faut tailler en pièces la propagande des médias du pouvoir,
00:02:38 parce qu'il faut une alternative aux verrouillages idéologiques,
00:02:41 ce que nous faisons depuis 10 ans,
00:02:43 il nous faut absolument obtenir de nouveaux moyens,
00:02:46 financez TVL.
00:02:48 Depuis 10 ans, TVL a fait la preuve de son utilité
00:02:51 pour établir les vérités et confondre les menteurs.
00:02:54 Alors, téléspectateurs et amis de TVL,
00:02:56 bougez-vous, mobilisez-vous, financez TVL contre les menteurs.
00:03:01 C'est la seule solution.
00:03:04 [Musique]
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00:03:34 [Musique]
00:03:54 Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro du samedi politique.
00:03:59 Cette semaine, nous allons parler en compagnie de Michel Onfray
00:04:03 de politique, de culture, de civilisation et de transhumanisme.
00:04:07 Mais avant toute chose, vous le savez, comme chaque semaine,
00:04:10 je compte infiniment sur vous pour la diffusion de cette émission.
00:04:13 Aussi, pensez à la partager bien sûr, mais aussi à laisser vos commentaires en bas,
00:04:17 que je lis chaque semaine.
00:04:19 Et puis bien sûr, cliquez sur le pouce en l'air pour améliorer le référencement.
00:04:22 Et puis j'ajoute aussi qu'il est temps de vérifier que vous êtes bien abonné.
00:04:26 Parce que parfois, YouTube vous désabonne, plus ou moins volontairement.
00:04:30 Je vous laisse faire tous ces petits gestes et on est parti à l'attaque.
00:04:34 [Musique]
00:04:45 Bonjour Michel Onfray.
00:04:46 Bonjour.
00:04:46 Vous êtes philosophe, vous êtes essayiste.
00:04:48 Tous les téléspectateurs de TV Libertés vous connaissent déjà.
00:04:51 Vous avez d'ailleurs déjà participé à l'émission "Les idéaux à l'endroit".
00:04:54 Vous revenez présenter notamment ce dernier ouvrage publié chez Albin Michel,
00:04:58 "Anima, vie et mort de l'âme, de Lascaux au transhumanisme".
00:05:02 Un livre qu'on peut trouver bien évidemment sur la boutique de TVL, sur tvl.fr.
00:05:07 Et c'est une forme, je dirais, d'histoire d'homo sapiens à travers celle de son âme.
00:05:12 Michel Onfray, pour commencer, fin mai, Emmanuel Macron, le 24 mai précisément,
00:05:17 au Conseil des ministres, disait que nous étions face à un processus de décivilisation.
00:05:22 Or dans vos trouvages, vous dites "toute civilisation nouvelle commence par la barbarie".
00:05:27 Nous y sommes.
00:05:28 Est-ce que vous pensez que nous sommes à l'aube d'une nouvelle civilisation ?
00:05:32 Oui, je pense que les civilisations sont vivantes.
00:05:36 Enfin tout ce qui est, est vivant.
00:05:38 Ça marche pour une coccinelle et ça marche pour les cosmos et pour les univers.
00:05:42 Et que donc il y a ce processus de naissance, de croissance,
00:05:45 à un moment d'acmé de puissance et puis de décadence et de disparition.
00:05:49 J'avais découvert ça chez Hegel en lisant ses textes sur la philosophie de l'histoire.
00:05:53 Et puis quand on découvre ça à 20 ans, on a soi-même un rapport au temps
00:05:56 qui n'est pas le même que quand on a 3 fois 20 ans.
00:05:58 Et donc on est plus sensible, quand on a 3 fois 20 ans, au moins, au longue durée.
00:06:04 Et on est capable de penser en termes de siècles, en termes de millénaires,
00:06:07 parce que d'abord c'est nettement plus intéressant, puis ensuite on s'est fait une culture.
00:06:10 C'est-à-dire que quand je lis les textes de Malraux sur l'art et que j'ai 17 ans,
00:06:13 je ne comprends pas grand-chose.
00:06:15 Je parle d'une vierge romane et puis d'une sculpture hélénoboudique
00:06:19 qui est en relation avec un masque fang et puis une pièce d'art précolombien.
00:06:24 Vous dites que tout ça est fort sympathique, mais je ne sais pas de quoi il parle.
00:06:27 Et quand on accumule du travail, de la connaissance,
00:06:30 il y a un moment donné où on peut comprendre ce que dit Hegel
00:06:33 quand il parle d'Assure, de Sumer, de Babylone, de la Grèce, de Rome, de l'Europe, etc.
00:06:37 Et donc on se dit, mais finalement tout ce qui concerne une civilisation
00:06:41 concerne une autre civilisation.
00:06:43 Et ce qui s'est passé avec Assure, avec Sumer, avec Babylone, etc.
00:06:46 et bien ça se passe aussi avec l'Europe, où en sommes-nous ?
00:06:49 L'Europe ou l'Occident ? L'Occident c'est l'Europe plus les États-Unis,
00:06:53 plus l'Australie, plus la Nouvelle-Zélande,
00:06:55 enfin des pays qui sont satellitaires, je dirais d'une certaine manière,
00:06:58 d'un point de vue intellectuel, c'est-à-dire judéo-chrétien, pour le dire franchement.
00:07:02 Et donc, il y a un moment donné où on se dit…
00:07:04 – Ou hélénochrétien peut-être ?
00:07:06 – Alors il faudrait dire greco-romain et judéo-chrétien
00:07:10 parce que justement il y a du tuilage.
00:07:12 C'est-à-dire qu'on voit bien ce qu'on hérite,
00:07:14 enfin on voit bien, il faudrait rentrer dans les détails,
00:07:16 mais ce qu'on hérite des grecs et des romains.
00:07:18 On voit bien ce qu'on hérite des juifs et des chrétiens.
00:07:20 Et là, on a quelque chose d'autre.
00:07:22 Donc on voit bien, il y a un moment de tuilage.
00:07:24 Les historiens à l'époque ont posé la question,
00:07:26 est-ce qu'il y a une décadence romaine ou une antiquité tardive ?
00:07:28 Décadence romaine, ça veut dire s'achut, c'est terminé, on passe à autre chose.
00:07:31 Antiquité tardive, ça veut dire qu'il y a une période un peu floue
00:07:33 dans laquelle tout ça se mélange.
00:07:35 Moi je crois que… on peut dire les deux.
00:07:37 Je pense que la décadence suppose une antiquité tardive.
00:07:41 Et nous sommes dans une période de décadence.
00:07:43 On voit bien, plus d'autorité, plus d'ordre, plus de justice, tout vaut tout.
00:07:47 Enfin bon, ce sont les enfants qui éduquent les enseignants à l'école,
00:07:50 ce sont… les petits garçons peuvent être des petites filles,
00:07:53 on peut changer de sexe, etc.
00:07:55 Enfin il y a un nihilisme généralisé.
00:07:57 Et en même temps, on voit apparaître une autre civilisation
00:07:59 dont j'estime qu'elle est probablement californienne.
00:08:01 C'est-à-dire sur la côte ouest des États-Unis,
00:08:03 non pas la côte est, c'est-à-dire que ce n'est pas du tout
00:08:05 l'espèce de queue d'Europe qui se trouverait à New York
00:08:08 avec des anglo-saxons, des allemands, des français,
00:08:11 enfin tous ceux qui auraient colonisé les États-Unis à cette époque-là,
00:08:14 le territoire américain, mais ce qui se passe sur la côte ouest
00:08:17 avec les GAFAM, avec Elon Musk, avec tous ces gens-là.
00:08:20 Et je pense que quelque chose arrive qui effectivement
00:08:23 ressemblera à une civilisation transhumaniste, disons-le comme ça.
00:08:27 Alors évidemment on voit bien ce que même les Grecs doivent
00:08:30 aux civilisations précédentes, notamment aux Égyptiens,
00:08:33 mais les Grecs doivent, enfin les Romains doivent aux Grecs,
00:08:36 les Juifs doivent aux Grecs et aux Romains,
00:08:39 et puis les Chrétiens doivent aux Grecs, aux Juifs, aux Romains, etc.
00:08:42 Et la civilisation à venir doit à nous aussi.
00:08:45 Après il faudrait rentrer dans le détail en disant,
00:08:47 mais dès 1793, ce désir d'un homme nouveau,
00:08:50 l'homme nouveau des Jacobins, cette idée qu'on pourrait
00:08:54 recourir à l'eugénisme dès le 18ème siècle,
00:08:57 dès le fameux siècle des Lumières, c'est un siècle où on pense
00:08:59 que peut-être on peut faire des haras, l'expression est chez Moupertuis,
00:09:03 des zoos humains, des espèces de mélanges entre l'homme naturel,
00:09:06 l'homme sauvage, le singe, pour avoir des serviteurs,
00:09:10 tous ces gens qui seraient des gens très éclairés au 18ème siècle
00:09:12 qui nous disent "on doit pouvoir fabriquer, peut-être faire copuler,
00:09:15 c'est toujours un singe avec une femme", c'est jamais le sens inverse,
00:09:18 et puis on obtiendrait peut-être quelque chose qui pourrait nous servir
00:09:21 de domestique philosophe des Lumières.
00:09:23 Et donc quelque chose a lieu ici, et on voit bien que l'eugénisme
00:09:27 au 19ème siècle c'est quelque chose que Hitler n'a évidemment
00:09:30 pas encore touché, donc quand on est progressiste et de gauche,
00:09:33 on croit effectivement qu'il faut faire de l'hygiénisme, du progressisme,
00:09:36 il faut fabriquer un homme nouveau.
00:09:38 Cet homme nouveau est une expression qu'on trouve chez Saint-Paul,
00:09:41 et comme souvent avec la Révolution française,
00:09:43 ce sont des idées chrétiennes qui sont laïcisées,
00:09:46 et cet homme universel de Saint-Paul, qui est finalement par le Christ,
00:09:50 c'est un homme qui se fait par le Christ, la souffrance dans le Christ,
00:09:52 le pouvoir salvifique de la douleur, etc.
00:09:54 Là c'est plus du tout ça, c'est-à-dire que l'homme nouveau,
00:09:57 ce sont les jacobins qui le fabriquent, ça suppose de déconstruire l'homme
00:10:00 pour le reconstruire, et cette reconstruction à partir de la pure culture,
00:10:05 dans l'esprit cartésien, se rendre comme maître et possesseur de la nature,
00:10:09 c'est-à-dire dire, on prend une femme, on prend un homme, un singe,
00:10:11 on mélange tout ça, on fabrique une autre race, etc.
00:10:14 Des philosophes qui nous disent "mais on fait bien des races pures,
00:10:17 avec des chevaux, pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas ça avec des humains ?"
00:10:20 Et donc Condorcet dit ça, le grand Condorcet, qui vient nous dire
00:10:24 qu'effectivement le génisme ce n'est pas si mal que ça.
00:10:27 Et au 19ème siècle on y pense, et l'homme nouveau des jacobins
00:10:30 va fasciner les fascistes, d'abord les bolchéviques,
00:10:33 et en réaction les fascistes, puis ensuite Adolf Hitler.
00:10:36 Évidemment on ne dit pas ces choses-là, la filiation 1793,
00:10:40 le bolchévisme, le fascisme et le national-socialisme,
00:10:43 socialisme dans l'expression national-socialisme pour information,
00:10:46 on se dit "eh bien c'est là que commence la civilisation à venir".
00:10:50 Une espèce d'homme nouveau, qui n'a plus grand-chose à voir
00:10:53 avec l'homme des chrétiens, donc il est dépourvu d'âme immatérielle,
00:10:57 il a une âme matérielle, Sade commence même à réfléchir
00:11:00 à la question de l'âme en disant "il y a de la matière,
00:11:02 mais il y a de l'électricité", dit Sade, et donc vous imaginez bien
00:11:05 que s'il y a de la matière et de l'électricité,
00:11:07 Elon Musk trouve ça formidable.
00:11:09 Et donc on peut imaginer qu'aujourd'hui, si vous n'êtes que votre conscience
00:11:12 qui n'est elle-même que vos datas, qui passe par de l'électricité
00:11:16 et de la matière, on retrouve l'électricité, on retrouve la matière
00:11:19 et on est capable de fabriquer un homme nouveau.
00:11:21 Et je pense que la civilisation nouvelle se joue sur la côte ouest
00:11:25 où effectivement on va fabriquer un homme nouveau.
00:11:27 – Dans ce processus de décivilisation qu'a nommé Emmanuel Macron,
00:11:30 de chute de notre civilisation, est-ce que pour vous,
00:11:33 une place est réservée quelque part dans ce processus
00:11:36 à l'ensauvagement que nous connaissons fréquemment ?
00:11:38 Là on a vu par exemple jeudi une attaque absolument incroyable,
00:11:42 en plus d'être tragique, à Annecy, dans un parc,
00:11:46 un homme syrien, visiblement, qui était réfugié en Suède,
00:11:49 s'attaque à des enfants, littéralement à des bébés dans des poussettes.
00:11:52 Est-ce que là on ne commence pas à toucher le fond, j'ai envie de dire ?
00:11:55 – Non, ça continue, je dirais, hélas.
00:11:57 Combien d'exemples de gens qui sont à la messe,
00:12:00 ou qui sont dans la rue, ou qui sont au 14 juillet à Nice
00:12:03 pour assister à un feu d'artifice, se font massacrer, égorger,
00:12:06 on leur fonce dessus avec un camion, on se dit "mais non, ça ne fait que continuer".
00:12:11 Moi je parle d'une guerre civile à Babrouille, et le Babrouille il est là,
00:12:15 c'est-à-dire que tous les jours, tous les jours, tous les jours,
00:12:18 vous avez des informations de cette nature, et on vous dit "il s'est passé ceci,
00:12:21 il s'est passé cela", et il y a sans cesse des viols, des massacres, des assassinats,
00:12:25 et là on se dit "ah, des meurtres d'enfants", oui, bien sûr, c'est terrible,
00:12:31 mais ce n'est pas neuf, ça ne tombe pas du ciel.
00:12:34 Donc je pense que c'est un nihilisme généralisé,
00:12:36 il va arriver probablement qu'on nous fera savoir que ce monsieur est dérangé mentalement,
00:12:41 et il finira… – Vous équilibré.
00:12:43 – Voilà, et à un moment donné on dira "il était responsable au moment du geste,
00:12:46 il nous expliquera tout ce qu'on veut", et puis comme de toute façon la justice
00:12:49 préfère être du côté de ce pauvre garçon qui aurait perdu sa raison,
00:12:53 parce que probablement papa a beau buver et maman a été prostituée,
00:12:56 et bien il y a un moment donné où effectivement l'effondrement de la justice,
00:12:59 l'effondrement de la loi, tout ça fait qu'on se dit "bon après tout, pourquoi pas".
00:13:03 Donc il y a un nihilisme généralisé, et il ne se passera rien pour ce garçon,
00:13:07 probablement quelques années de prison, probablement à un moment donné
00:13:11 beaucoup de psychologues, probablement un bracelet pour estimer que
00:13:15 "bon il n'y a pas de place dans les prisons, il va falloir que…", etc.
00:13:17 Il fera peut-être un peu de couture ou de macramé pour le re-socialiser, et puis voilà.
00:13:21 Donc c'est le signe du nihilisme de notre époque.
00:13:23 – Vous avez dit "guerre civile", mais guerre civile, quels seraient les co-belligérants ?
00:13:30 – Les gens qui sont là depuis longtemps et ceux qui viennent d'arriver,
00:13:33 disons-le un peu comme ça, c'est-à-dire que c'est des gens qui estiment
00:13:36 qu'on doit pouvoir s'installer en disant "elle est formidable cette civilisation",
00:13:42 parce qu'ils ne vont pas jusque-là, mais enfin ce pays où on peut effectivement arriver
00:13:45 et puis avoir droit à du chômage, de la retraite, de l'argent,
00:13:50 voilà on peut avoir des gens qui ont traversé la Méditerranée
00:13:54 qui se retrouvent très vite avec des Nike toutes neuves, avec un téléphone portable,
00:13:57 et on se dit "évidemment c'est formidable", et je comprends.
00:14:00 – Mais entre ceux qui sont arrivés il y a longtemps et ceux qui viennent d'arriver,
00:14:03 où mettez-vous les politiques ?
00:14:05 – Les politiques sont dans un opportunisme absolu en disant
00:14:07 "qu'est-ce qui peut me ramener un peu de voile à ça, alors allons-y pour ça, ça,
00:14:11 plutôt ça, on change d'avis, changeons d'avis là-dessus",
00:14:13 on a vu la godille chez Marine Le Pen, on a vu la godille chez Jean-Luc Mélenchon,
00:14:18 et on voit que la droite mastrichienne défend des idées
00:14:23 que la gauche mastrichienne ne trouve pas très belles,
00:14:25 et ce sont exactement les mêmes idées que "quand la gauche est au pouvoir"
00:14:28 que "la droite mastrichienne n'aime pas", etc.
00:14:30 Ces gens-là n'ont pas le souci de la France, des Français,
00:14:33 donc il y a juste des gens qui ont perdu leur langue,
00:14:35 qui ont perdu leur culture, qui ont perdu leurs racines,
00:14:37 qui ont perdu leur civilisation, qui ont risqué leur peau
00:14:40 en traversant la Méditerranée, et qui arrivent là en disant
00:14:42 "on nous a dit que c'était formidable", et voilà.
00:14:45 On dit "mais non, ici il faut payer tout, si vous voulez faire pipi, il faut payer,
00:14:48 si vous voulez prendre un café, il faut payer, si vous voulez dormir, il faut payer,
00:14:51 si vous voulez manger, il va falloir payer, si vous…", etc.
00:14:54 On dit "mais on n'a pas de travail, et tout coûte", etc.
00:14:56 Qu'est-ce que vous devenez ? Alors évidemment, il y a une majorité de gens
00:14:59 qui se comportent bien, puis il y a des gens qui pètent les plombs.
00:15:02 Donc quand vous avez 20 ans, que vous avez la libido de quelqu'un de 20 ans,
00:15:06 vous faites comment quand vous ne parlez pas la langue des gens,
00:15:08 ou que vous ne pouvez pas séduire, plaire, ou je ne sais quoi ?
00:15:10 Vous avez des violences sexuelles, vous avez des attaques.
00:15:12 Comment vous faites ? Vous prenez des sacs à main de vieilles dames qui passent
00:15:16 parce que c'était bien plus facile que de braquer une banque, etc.
00:15:19 Donc c'est un peu comme ça que ça se passe.
00:15:21 C'est-à-dire que l'insécurité des gens simples et modestes,
00:15:24 des femmes qui ont peur de sortir avec des copines au cinéma,
00:15:28 ou même d'aller toutes seules au cinéma en se disant
00:15:30 "je rentre du cinéma, il est 23h30, j'ai peur de rentrer chez moi",
00:15:33 dans un centre-ville, il n'est pas question d'aller dans des coupes-gorges
00:15:36 de banlieue des territoires perdus de la République, non.
00:15:39 C'est-à-dire qu'il y a effectivement une catégorie de gens qui se disent
00:15:42 "je risque ma peau, mon argent, ma propriété, ma voiture, ma santé,
00:15:47 mon intégrité physique, ma sexualité", parce qu'il y a effectivement
00:15:50 des gens qui sont sans foi ni loi.
00:15:52 Donc oui, c'est un peu comme ça que je vois un peu le réel
00:15:56 si j'écoute les informations au quotidien.
00:15:58 Tous les jours, hélas, vous avez ce genre de choses,
00:16:00 des viols, des trucs terribles, des massacres, des coups de couteau,
00:16:04 des égorgements, des tentatives, parfois des explosions,
00:16:07 parfois du plastiquage, parfois des camions qui roulent sur des gens.
00:16:12 Et si vous faites un peu de sociologie des coupables
00:16:16 et une sociologie des victimes, c'est souvent une sociologie parlante.
00:16:19 – Vous évoquez très souvent le terme de "populicide".
00:16:22 On a le sentiment que vous venez de dessiner là les deux tenants de ce terme,
00:16:26 c'est-à-dire d'un côté le déni démocratique avec Maastricht
00:16:29 et de l'autre côté cette insécurité de plus en plus oppressante
00:16:33 en fait sur la population.
00:16:34 C'est comme ça que vous le ressentez aussi ?
00:16:36 – Le "populicide" est un mot de Gracchus Baboeuf
00:16:39 qu'il emploie pour stigmatiser la Vendée,
00:16:43 enfin du moins les jacobins qui massacrent les vendéens en disant
00:16:46 "mais on a voulu tuer un peuple, populicide ça veut dire ça".
00:16:49 Et je pense que c'est un mot qu'il faut réactiver
00:16:53 parce qu'il répond à populiste.
00:16:56 Quand je dis "attendez, il y a le peuple, ça existe le peuple".
00:16:59 La démocratie c'est même le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
00:17:02 Le démo c'est quelque chose d'essentiel, l'étymologie, le pouvoir du peuple, démocratie.
00:17:07 Évidemment, à la jadis il y avait des démocraties censitaires,
00:17:10 Athènes n'est pas une démocratie, d'abord les femmes ne votent pas,
00:17:13 ensuite les métèques, les étrangers non-domiciliés ne votent pas,
00:17:18 les enfants de non-citoyens ne votent pas,
00:17:20 donc ça fait vraiment peu de monde, ça fait très peu de gens.
00:17:23 Et puis après pendant la Révolution Française, démocratie censitaire.
00:17:26 Il faut que vous ayez de l'argent, une propriété, des propriétés
00:17:28 pour pouvoir avoir le droit de décider des affaires de la société.
00:17:31 Donc on voit bien effectivement qu'il y a eu des aléas dans la démocratie,
00:17:35 après vous aviez une démocratie directe, une démocratie indirecte.
00:17:38 Et on avait avec le général de Gaulle une constitution qui elle disait
00:17:42 "bon, on garde ce qu'il y a de mieux dans la monarchie",
00:17:45 c'est-à-dire l'incarnation du pouvoir dans un homme, une femme si on veut,
00:17:48 enfin une personne, alors ça c'est 62, mais 58 disait
00:17:53 "voilà, on a le peuple qui lui s'exprime, il dit ce qu'il veut pendant les élections,
00:17:58 ce qu'il souhaite, ce à quoi il aspire, parfois quand ce ne sont pas les élections,
00:18:01 ce sont tout de même, mais dans des référendums,
00:18:04 où on va lui dire "que pensez-vous d'eux, que souhaitez-vous sur,
00:18:07 que décidez-vous sur ce sujet ou sur cette question ?
00:18:10 Et le chef de l'État est l'obligé du peuple,
00:18:13 le peuple n'est pas l'obligé du chef de l'État, il y a une espèce d'inversion des valeurs.
00:18:16 Et le général de Gaulle dit "on garde la monarchie", c'est-à-dire c'est moi qui décide,
00:18:20 mais je décide parce que vous m'avez demandé de décider.
00:18:22 – Parce que je suis mandaté pour.
00:18:23 – Je suis mandaté pour, le jour où vous ne me mandatez plus, je m'en vais,
00:18:27 je perds les élections, je m'en vais, je perds les législatives, je m'en vais,
00:18:31 c'est-à-dire je remets dans la balance en disant "j'ai perdu, je démissionne".
00:18:35 Qu'est-ce qui se passe maintenant ?
00:18:36 Un chef de l'État perd les élections législatives, il reste,
00:18:38 cohabitation Mitterrand, cohabitation Chirac.
00:18:41 En amont d'ailleurs, Giscard avait cru que peut-être il perdrait les élections législatives
00:18:45 parce qu'il avait gardé la chambre en se disant "elle est un peu courte
00:18:48 mais je ne vais pas la jouer, je risque de la perdre,
00:18:50 je serai président de l'impublique et Mitterrand sera Premier ministre
00:18:53 parce qu'il gagnera les législatives".
00:18:54 Et il avait estimé que si ce n'était le cas, il se serait replié à Versailles, Giscard.
00:19:00 Donc Giscard, Mitterrand, Chirac, tous ces gens disaient "je perds les élections,
00:19:04 c'est le peuple qui a tort, mais moi je reste".
00:19:07 Eh bien on a eu exactement la même chose, 2005, que pensez-vous du traité européen ?
00:19:10 Moi j'ai fait des manifs, enfin j'étais pas tant des manifs que des réunions,
00:19:14 j'étais contre ce traité, avec des gens qui avaient le traité sur les genoux,
00:19:18 qui avaient stabiloté et qui disaient "oui mais alors ici il y a cet article qui dit ça,
00:19:22 mais non parce qu'il y a celui-ci qui dit ça".
00:19:24 Je me disais "mais le peuple est dans son excellence quoi".
00:19:26 Les gens étaient là, j'étais à la tribune, je voyais des gens qui avaient tout ça,
00:19:30 qui faisaient du droit constitutionnel, et qui lisaient, qui disaient "mais non,
00:19:34 on ne veut pas celui-ci".
00:19:35 Bon vous connaissez les choses, 2005, le peuple dit "on ne veut pas".
00:19:38 Ce traité, on perd notre souveraineté, c'est pas possible,
00:19:40 la souveraineté c'est la possibilité de faire ce qu'on veut, quand on veut,
00:19:42 comme on veut, c'est-à-dire le peuple décide, et là on dit "ah non,
00:19:45 le peuple ne décidera plus du tout, vous n'allez plus du tout décider,
00:19:49 parce que c'est une commission qui décidera pour vous".
00:19:51 Là les gens disent "on ne veut pas", 2005. 2008, il se passe quoi ?
00:19:54 Eh bien on dit "vous avez mal voté, donc le référendum, poubelle,
00:19:59 les législatives, on les a perdu, poubelle aussi, cohabitation".
00:20:03 Et là on dit "2008, on refait un petit truc".
00:20:05 C'est même Giscard qui dit ça dans "Le Point" très précisément,
00:20:07 il dit "on a changé 2 ou 3 virgules, mais finalement c'est la même chose,
00:20:10 c'est le même texte".
00:20:11 C'est-à-dire ce que le peuple refuse en référendum en 2005,
00:20:14 on le lui impose en 2008 avec le Congrès.
00:20:16 – Après une campagne présidentielle où Nicolas Sarkozy en avait parlé.
00:20:19 – Oui, c'est Sarkozy qui dit, avec Hollande d'ailleurs,
00:20:23 je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il y a eu une Paris match,
00:20:26 on les voit tous les deux, dos à dos, mes copains comme cochons,
00:20:29 riant, regardant l'objectif, et on se dit "mais tout est dit".
00:20:32 Parce que ces deux-là pensaient la même chose,
00:20:34 pensent la même chose sur l'euro, sur l'Europe, sur le marché,
00:20:37 sur le peuple, etc.
00:20:38 Il faut faire l'économie du peuple.
00:20:40 Et faire l'économie du peuple, c'est pratiquer un peu un peuplicide.
00:20:43 Je pense que le peuple ce n'est pas la populace,
00:20:45 que Macron excelle dans l'art…
00:20:47 – Mais qui choisit qui est le peuple et qui est la populace ?
00:20:50 – La populace c'est le peuple qui n'est pas éduqué.
00:20:52 Et c'est devenu de plus en plus important, un peuple non éduqué.
00:20:56 – Mais qui choisit qui est suffisamment éduqué, c'est ça qui est éduqué ?
00:20:59 – Ça c'est le problème aujourd'hui, et moi je ne le trancherai pas.
00:21:02 Je ne suis pas de ceux qui nous disent, à la Aymeric Caron,
00:21:05 "il faut d'abord savoir ce qu'ils votent, et si on sait ce qu'ils votent,
00:21:08 ensuite on leur donne l'autorisation de voter".
00:21:10 Comme ça c'est formidable.
00:21:11 Non, moi je crois à l'éducation populaire,
00:21:13 et je pense qu'il faut faire reculer la populace pour faire remonter le peuple.
00:21:17 La populace c'est le peuple qui va chercher ses informations sur internet,
00:21:21 qui est dans un délire complet sur tout, sur la terre qui est plate,
00:21:26 sur les vaccins qui tuent, enfin ce genre de choses.
00:21:29 Et si on fait de l'éducation populaire,
00:21:31 et que les gens sont vraiment informés,
00:21:33 et qu'il y a des vrais débats, où on n'insulte pas les gens,
00:21:36 on dit juste "on va utiliser des vrais arguments".
00:21:38 Les gens nous écoutent, on a des devoirs,
00:21:40 à l'endroit des gens qui nous écoutent on n'a pas des droits.
00:21:43 Et les devoirs c'est de leur dire "nous vous exposons,
00:21:46 ce que nous croyons être la vérité, avec des véritables arguments,
00:21:49 vous allez choisir". Et à ce moment-là, le peuple éduqué, informé,
00:21:53 choisit et décide. Mais un peuple qui n'est pas éduqué,
00:21:56 qui est transformé en populace, parce que justement, les algorithmes,
00:21:59 les façons de séduire le peuple, de le contourner,
00:22:03 de faire des campagnes en disant "Marine Le Pen est fort sympathique,
00:22:07 elle aime des chats, elle s'occupe des chats, c'est formidable,
00:22:10 c'est une gentille dame, on fait des reportages".
00:22:13 Et puis on la fait monter, elle est présente au deuxième tour,
00:22:15 et là on nous dit "attention, elle est nazie, elle est fasciste,
00:22:18 Macron va au Radours-sur-Glane, après ça il s'en va au musée mémorial de la Shoah".
00:22:21 On se dit "mais attendez, elle était gentille avec ses chats,
00:22:23 et là c'est Adolf Hitler, il se passe un truc,
00:22:25 il y a quelque chose qui ne va pas". Donc les gens arrêtent de voter,
00:22:28 ou les gens votent en disant "oui, bon, c'est pas qu'on aime beaucoup Macron,
00:22:31 mais on est quand même obligés de voter contre Marine Le Pen".
00:22:34 Ça c'est la fin de la démocratie. C'est-à-dire si Marine Le Pen est une nazie,
00:22:37 alors à ce moment-là on ne fait pas des émissions pour montrer qu'elle adore les chats,
00:22:41 et si elle n'est pas nazie, alors on ne dit pas que Radours-sur-Glane,
00:22:44 c'est Marine Le Pen si elle est élue présidentielle.
00:22:47 À juste un moment donné, on dit "voilà les idées de Marine Le Pen,
00:22:49 ce ne sont pas les miennes, je dis pourquoi ce ne sont pas les miennes,
00:22:52 elles disent aussi "moi je pense que cela", etc.
00:22:54 Puis les autres font exactement la même chose.
00:22:56 Et après le peuple dit "je vais choisir entre deux programmes politiques,
00:22:59 et non pas entre Général De Gaulle et Adolf Hitler".
00:23:02 Donc il y a un moment donné où ce qui manque, c'est un peuple éduqué,
00:23:06 susceptible de ne pas tomber dans la populace,
00:23:09 parce que justement les tenants du populicide fabriquent de la populace en quantité,
00:23:13 avec internet et puis avec tout, c'est-à-dire avec l'école qui s'effondre,
00:23:17 l'école dans laquelle on n'apprend plus à lire, à écrire, à compter, à penser,
00:23:20 cette inversion des valeurs, où on dit à une petite fille de 4 ans
00:23:23 qu'elle peut changer de sexe si elle veut,
00:23:25 mais en même temps à une jeune fille qui a une relation sexuelle de 17 ans
00:23:28 avec quelqu'un qui a 30 ans, que c'est un pédophile et que c'est inadmissible,
00:23:31 qui a 17 ans et n'a pas de sexualité, mais qui en revanche à 4 ans
00:23:34 on peut en avoir une puisqu'on peut changer de sexe,
00:23:36 il y a un moment donné où tout s'effondre,
00:23:39 et où de fait les gens perdent dans le sens des valeurs,
00:23:41 il n'y a plus de peuple comme je l'ai jadis connu moi,
00:23:44 c'est-à-dire mon père qui a été ouvrier agricole,
00:23:46 qui a quitté l'école à 13 ans, mais fabriqué par la paysannerie,
00:23:49 c'est-à-dire les solstices, les équinoxes, la nuit, le jour, les saisons, etc.
00:23:54 il y a une espèce de sens de ce qu'est la nature,
00:23:56 et la place de l'homme dans la nature et dans le cosmos,
00:23:58 et fabriqué aussi par l'école républicaine,
00:24:00 où on apprenait à lire, à compter, à penser, etc.
00:24:03 et on n'apprenait pas de bêtises ou de sottises,
00:24:05 on apprenait de l'histoire, de la géographie, des sciences naturelles, etc.
00:24:08 et il y avait ça, c'est-à-dire éduqué par la leçon de la nature,
00:24:12 et puis éduqué par les leçons de la culture,
00:24:14 on fabriquait un homme qui était un homme digne, droit,
00:24:17 et qui, quand il s'exprimait, disait des choses justes.
00:24:20 C'est plus exactement comme ça que ça se passe,
00:24:22 et on fabrique de fait des enfants, pour le coup, déculturés ou décivilisés,
00:24:27 si on veut utiliser les néologismes du moment.
00:24:30 – Alors justement, on ne peut pas vous reprocher le fait
00:24:32 de ne pas avoir œuvré pour cultiver la population,
00:24:35 aussi bien avec les universités populaires qu'avec Front Populaire,
00:24:37 votre revue, mais pour autant, j'entends votre distinction
00:24:41 entre peuple et populace, mais avec les médias de masse aujourd'hui
00:24:45 qui officient tel du matraquage permanent,
00:24:47 comment les gens peuvent-ils encore s'informer,
00:24:50 avec du pour, du contre, pour ensuite réussir à se faire une opinion
00:24:54 et faire fonctionner, j'allais dire, leur libre arbitre ?
00:24:58 – Moi je crois à des lieux de résistance et à des lieux d'information,
00:25:01 où justement on dit, il peut se passer des choses autrement,
00:25:05 d'ailleurs, voyez, regardez, etc.
00:25:07 J'ai fait aussi des universités populaires du goût,
00:25:10 parce que j'ai eu quelqu'un que je connaissais
00:25:13 qui travaillait dans un jardin de réinsertion,
00:25:15 et je disais, mais il faut absolument que les gens comprennent
00:25:18 qu'on peut manger des bonnes choses pas chères,
00:25:20 et on va leur apprendre à cuisiner, par exemple, des légumes du jardin,
00:25:23 et en même temps on va faire une espèce d'histoire de géographie du légume,
00:25:27 d'où ça vient la tomate, qui apporte la pomme de terre, etc.
00:25:31 Et avec cette université populaire du goût, on disait,
00:25:33 vous n'allez pas forcément manger des choses sublimes,
00:25:36 parce que coûteuses, vous ne pouvez pas vous servir des truffes
00:25:39 ou des filets de sol ou je ne sais quoi,
00:25:41 mais on va manger des choses simples mais bonnes et bien faites.
00:25:43 – Et saines.
00:25:44 – Oui voilà, et fabriquer un goût, un jugement de goût,
00:25:46 et je faisais la même chose avec des expositions de peinture,
00:25:48 je faisais la même chose avec des concerts,
00:25:50 et donc en disant, mais la nourriture c'est la même chose,
00:25:53 ou en faisant goûter des vins, on a même fait goûter parfois des cigares, des vrais,
00:25:57 et donc si on fabrique un jugement de goût
00:26:00 et qu'on permet aux gens d'avoir de quoi mesurer,
00:26:04 on vous dit, mais ça c'est excellent,
00:26:06 donc maintenant goûtez à côté, et vous dites, mais oui, c'est pas bon ça.
00:26:09 Donc si vous permettez de fabriquer des jugements de goût en tout,
00:26:12 y compris des jugements de goût sur le terrain politique,
00:26:14 vous dites, mais on va vous expliquer, qui fait quoi, qui pense quoi, etc.
00:26:17 Alors d'un seul coup, ça s'éclaire.
00:26:19 Moi j'étais 20 ans prof dans un lycée,
00:26:21 je me souviens qu'il y a toujours des moments
00:26:23 où les élèves posaient des questions politiques,
00:26:25 et je faisais un grand trait sur un très long tableau comme ça,
00:26:27 et je disais, vous avez l'extrême droite, l'extrême gauche, le centre,
00:26:30 et je vais vous mettre les noms des personnes dont on parle.
00:26:33 Donc je parlais des gens de l'époque,
00:26:35 mais ce serait aujourd'hui, je ne sais même pas,
00:26:38 ce serait Macron, Philippe, etc.
00:26:40 Enfin tous ces gens-là qui m'intéressent si peu.
00:26:42 Et donc je disais, voilà, la partie supérieure,
00:26:44 c'est l'actualité, vous les connaissez tous.
00:26:46 La partie inférieure, c'est l'histoire, d'où ça vient, qui sont ces gens,
00:26:49 qu'est-ce qu'a été l'histoire de, je ne sais pas,
00:26:51 je parlais de Georges Marchais,
00:26:53 et bien je disais, c'est quoi le communisme, d'où ça vient,
00:26:55 comment ça marche, le pacte germano-soviétique,
00:26:57 ne pas oublier non plus,
00:26:59 les socialistes, Jaurès, qui était Jaurès, etc.
00:27:01 le général de Gaulle, qu'est-ce que le gaullisme, etc.
00:27:03 les centristes, Jean Monnet,
00:27:05 qu'est-ce que le centrisme par rapport à la pensée de droite,
00:27:07 l'extrême droite, l'extrême gauche,
00:27:09 Jean-Marie Le Pen ici, Arlette Laguiller à l'autre extrémité, etc.
00:27:12 Et d'un seul coup, tous ces gens dont on leur parlait en permanence à la télévision,
00:27:15 ils voyaient le poids de l'histoire derrière chacun.
00:27:18 Et là je disais, mais maintenant je commence à comprendre mieux.
00:27:20 Et puis je faisais des ensembles, en disant, regardez,
00:27:22 ceux-là par exemple, ils sont tous contre la guerre en Irak.
00:27:25 Et ceux-là en revanche, vous voyez, ils sont très…
00:27:27 – Ils sont tous pour, mais ils ne sont pas à côté.
00:27:29 – Et voilà, et d'un seul coup, ils comprenaient qu'il y avait des blocs politiques,
00:27:31 des enjeux, que ça se jouait, alors je disais,
00:27:33 ceux-là sont souverainistes, ceux-là ne le sont pas,
00:27:35 l'écologie, où est-ce que ça se place, etc.
00:27:37 Et quand vous faites ce genre de cartographie,
00:27:40 j'utilisais souvent cette expression, en disant,
00:27:42 mais moi comme prof de philo, je faisais de la cartographie,
00:27:44 en disant, voilà, vous avez une carte ici,
00:27:46 là vous avez un petit chemin,
00:27:49 là vous avez un marécage, là vous avez une montagne,
00:27:52 là vous avez une route, là vous avez une forêt,
00:27:54 là vous avez des fossés, voilà une boussole,
00:27:57 maintenant, débrouillez-vous, faites votre propre chemin.
00:28:00 – Porte condamnation au gouvernement.
00:28:02 – Voilà, c'est-à-dire, on cartographie le monde,
00:28:04 on ne leur dit pas, oui, c'est pas bien, ici ça c'est pas bien,
00:28:07 non, on dit objectivement, voilà qui est quoi, qui fait quoi.
00:28:10 Et après, si on fait confiance aux gens,
00:28:12 il se passe des choses extraordinaires, parfois les gens me disent,
00:28:14 ce qu'on aime bien avec vous, c'est qu'on a l'impression d'être intelligent.
00:28:16 Je dis, mais c'est terrible ce que vous me dites,
00:28:18 c'est pas que… le problème c'est que vous ayez l'impression…
00:28:20 – C'est qu'avec les autres vous avez l'impression d'être sain.
00:28:22 – Non, non, non, non, c'est que vous ayez l'impression d'être intelligent,
00:28:24 alors que vous êtes intelligent.
00:28:26 Je dis, mais la chose elle est extrêmement simple,
00:28:28 si on s'adresse à la bêtise en vous, vous serez bête,
00:28:30 si on s'adresse à l'intelligence, vous serez intelligent.
00:28:32 Ça veut dire que votre intelligence, elle est en friche,
00:28:34 et que vous ne la cultivez pas, donc, je dis, c'est pas moi,
00:28:38 c'est juste vous, d'un seul coup, vous avez découvert que,
00:28:41 si vous vous mettiez à penser, à réfléchir, à analyser, à dire,
00:28:44 à chercher dans des livres, qui dit quoi, comment ça marche,
00:28:46 d'où ça vient, plutôt que de croire ce qui a été dit
00:28:48 au journal de 20 heures sur TF1 ou sur le service public,
00:28:51 et bien je dis, à ce moment-là, vous verrez que vous disposiez
00:28:53 d'une potentialité qui s'appelle l'intelligence,
00:28:55 et que tout est fait, logique du peuplicide,
00:28:57 pour que cette intelligence, elle soit rabougrie, inexistante,
00:29:01 et qu'elle se dessèche, et qu'elle crève sur place,
00:29:04 alors que le travail du philosophe, normalement,
00:29:06 c'est de nourrir cette intelligence, en disant,
00:29:08 je ne vais pas vous dire ce qu'il faut penser,
00:29:10 mais je vais vous dire ce qu'il faut faire pour bien penser,
00:29:12 ou pour penser correctement.
00:29:13 – Est-ce que vous avez l'impression que le clivage gauche-droite
00:29:16 que vous avez un peu évoqué, avec votre frise,
00:29:18 aujourd'hui, est toujours d'actualité ?
00:29:19 Est-ce que c'est quelque chose de vraiment pertinent ?
00:29:21 – Oui, je pense que si on… oui, oui, parce que moi,
00:29:24 je suis toujours d'une gauche old school,
00:29:27 j'ai utilisé l'expression un jour dans le Figaro,
00:29:29 elle m'est restée un peu accrochée, mais ça me va très bien,
00:29:31 c'est-à-dire que, moi, j'ai adoré "Les Misérables",
00:29:34 qui est un chef-d'œuvre, et il y a un moment donné,
00:29:36 vous connaissez l'histoire, Cossette, Fantine, etc.,
00:29:38 cette jeune fille se fait abuser par un petit crétin,
00:29:41 enfin, Fantine, et elle se trouve enceinte,
00:29:45 alors évidemment, le garçon il s'en va,
00:29:47 parce qu'il a une carrière de notaire en province,
00:29:50 et il la laisse toute seule, une fille mère,
00:29:52 comme on disait à l'époque, à cette époque-là, c'est fini,
00:29:55 votre carrière c'est fini, vous n'allez pas retrouver un mari,
00:29:57 donc évidemment, mal payée, toute seule, célibataire, un enfant, etc.,
00:30:02 et commence à se prostituer, puis, à un moment donné,
00:30:06 place sa fille, Cossette, et puis on lui dit,
00:30:09 les ténardiers disent "Elle est malade, il faut nous envoyer de l'argent",
00:30:13 et là elle dit "Mais je n'ai pas d'argent, comment est-ce que je peux faire ?"
00:30:15 Elle passe sur le marché, elle a des jolis cheveux, comme vous,
00:30:18 et on lui dit "Si vous vendez vos cheveux, on vous donne de l'argent,
00:30:22 et si vous vendez vos palettes, les deux dents devant,
00:30:25 on vous donne de l'argent aussi", elle s'insurge en disant
00:30:28 "Mais je n'ai pas, mes cheveux, vendre mes cheveux, vendre mes dents",
00:30:31 elle a des longs cheveux, et à un moment donné,
00:30:33 c'est tout le génie de Hugo, qu'on la retrouve dans son lit,
00:30:36 et sa copine, sa colocataire de l'époque,
00:30:39 qui voit les pièces briller sur la table de nuit,
00:30:42 elle lui fait un grand sourire, et à ce moment-là,
00:30:44 on voit la bouche était dentée, elle a vendu ses dents,
00:30:46 et elle a un bonnet, parce qu'elle a vendu ses cheveux.
00:30:49 Et à l'époque, la gauche est du côté de Fantine et Cossette,
00:30:52 et la droite, qui exploite la misère, etc.,
00:30:55 elle est du côté de ténardiers, aujourd'hui c'est l'inverse.
00:30:57 C'est-à-dire les ténariers, ils sont de gauche,
00:30:59 c'est-à-dire ils vous disent "Mais vous n'avez qu'à louer votre utérus,
00:31:02 vous êtes pauvre, louez votre utérus",
00:31:04 jurisprudence Pierre Berger, qui nous disait
00:31:06 "Mais la location des utérus, c'est pas plus problématique
00:31:09 que de louer son bras quand on est une caissière dans un supermarché".
00:31:12 Cet homme de gauche, qui était un ami de Mitterrand,
00:31:15 qui finançait les campagnes de Ségolène Royal,
00:31:17 cet homme de gauche disait "Vous n'avez qu'à louer votre utérus,
00:31:20 sous-entendu, vous n'avez qu'à vous prostituer aussi".
00:31:22 Et maintenant, la gauche a fait des progrès,
00:31:24 elle dit "Mais vous n'avez qu'à porter des enfants des autres,
00:31:26 gestation pour autrui, louez l'utérus pour un enfant",
00:31:29 et moi j'ai lu les contrats, un contrat,
00:31:32 je vous assure que c'est un contrat vétérinaire,
00:31:35 c'est un contrat vétérinaire qu'on fait signer aux femmes
00:31:37 quand on leur dit "Vous allez porter l'enfant d'un couple qui va vous payer".
00:31:40 Et jusqu'à la fin, on vous dit au moment de la naissance,
00:31:43 c'est en gros tâcher de ne pas le toucher, de ne pas le regarder,
00:31:46 de ne pas le prendre dans vos mains, cet enfant, vous risqueriez de l'aimer,
00:31:49 et accepter de ne rien voir, on vous prend l'enfant,
00:31:51 on le donne à des gens qui l'ont acheté, qui s'en vont, qui l'ont payé,
00:31:53 et l'autre femme qui est là, elle dit "Mais maintenant,
00:31:56 si vous avez des problèmes de santé, etc, c'est payé tout ça,
00:31:59 si vous avez un accouchement qui se passe mal, on va vous payer tout ça".
00:32:04 La gauche défend ça.
00:32:05 Je dis "Mais non, excusez-moi, je suis de gauche, mais pas cette gauche-là".
00:32:09 Mais on pourrait continuer comme ça, c'est-à-dire si la gauche sait,
00:32:12 par exemple, ce que dit Libération, ce que publie Libération,
00:32:15 en disant "Héloge de la pédophilie", dans les années 70,
00:32:18 pédophilie, être de gauche quoi.
00:32:20 Vous savez, Paul Kahn-Bendit avaché, mal propre,
00:32:22 chez Pivot qui fait l'héloge de la pédophilie,
00:32:25 et devant on a Denise Bombardier qui dit "Mais enfin, c'est comme inadmissible".
00:32:28 Je dis "Mais moi j'ai tripoté des petites filles,
00:32:31 des petits garçons de 5 ans, tout ça, c'était formidable".
00:32:34 Elle écrit ça dans Le Grand Bazar, l'affaire Mads Neff avec Denise Bombardier.
00:32:37 – Tout le monde se… plaisant au sein de ça.
00:32:38 – Tout le monde se bouffe, tout le monde se bouffe.
00:32:39 – À part Denise Bombardier.
00:32:40 – Sauf Denise Bombardier, on dit après "mal baisé", etc.
00:32:43 Enfin, c'est l'expression de Sollers.
00:32:45 Et on se dit "Mais c'est ça la gauche", c'est-à-dire c'est les gens qui nous disent
00:32:48 qu'en gros il faut coucher avec des enfants,
00:32:50 c'est-à-dire Tony Duvert a été publié, l'œuvre complète de Tony Duvert
00:32:53 se retrouve aux éditions très honorables de minuit,
00:32:56 qui ont publié Beckett, Duras, etc.
00:32:59 Et personne ne trouve que Tony Duvert soit problématique,
00:33:02 c'est toujours très bien.
00:33:03 Donc voilà, vous retrouvez par exemple Béatrice Preciado
00:33:06 qui a changé de sexe et qui a, à une époque, fait un texte dans Libération
00:33:10 qui nous dit "Pas de sperme blanc et catholique pour les utérus des femmes"
00:33:14 et qui nous dit "Bon ben voilà, toutes les sexualités alternatives à ça sont possibles".
00:33:18 Alors évidemment, homosexualité, masturbation, etc.
00:33:21 À quoi elle ajoute ? Il, parce que ça a devenu un garçon,
00:33:24 "Éloge de la zoophilie et de la coprophilie".
00:33:28 – Ah, c'est marrant.
00:33:29 – C'est-à-dire que la gauche, effectivement,
00:33:31 invite à manger ses matières fécales et à avoir des relations sexuelles avec des animaux.
00:33:34 Ben non, c'est-à-dire vendre des enfants, louer son utérus,
00:33:38 célébrer la zoophilie, célébrer la coprophagie, c'est dans Libération,
00:33:43 ça a été publié il n'y a pas encore trop longtemps, ce texte-là.
00:33:46 Et je n'ai pas vu que Laurent Geoffrin ait trouvé ça anormal.
00:33:50 Et donc, il y a un moment donné, aujourd'hui, on voit, c'est le Wauquiez, etc.
00:33:54 Ah non, c'est ça la gauche ? Non.
00:33:56 Et moi j'ai plein de gens qui me voient, qui me disent des choses,
00:33:59 et qui me disent "Mais vous avez raison de dire ça, nous on pense aussi,
00:34:02 mais on n'ose pas le dire".
00:34:03 Des gens d'une vieille gauche qui disent "Mais c'est inacceptable, ça c'est pas possible".
00:34:06 Je dis "Mais dites-le".
00:34:07 – Quand vous dites ça à la vieille gauche, gauche old school, etc.
00:34:10 est-ce que vous vous qualifieriez de réactionnaire ?
00:34:11 Parce que j'ai entendu quelque chose qui m'a beaucoup amusée,
00:34:13 Michel Houellebecq, à qui on posait cette question,
00:34:16 est-ce que vous êtes réactionnaire, a dit "Il ne suffit pas d'être réactionnaire,
00:34:19 il faut penser aussi qu'on peut retourner en arrière".
00:34:21 J'ai trouvé ça assez amusant, sous-entendant que ce n'était plus le cas.
00:34:25 – C'est compliqué de suivre Houellebecq, je ne sais pas ce qu'il dit, etc.
00:34:28 Nous, il nous a dit des choses à Front Populaire,
00:34:30 avec un entretien qui a duré 6 heures, une partie a été retranscrite,
00:34:35 c'était un entretien dans lequel il a été plutôt léger,
00:34:38 quand je dis léger, "light", sur la question de l'islam,
00:34:41 et au moment de corriger, il a alourdi son texte,
00:34:44 qui l'a rendu plus violent et islamophobe.
00:34:46 Moi, je n'ai pas lu les propos de Houellebecq,
00:34:48 on a passé 6 heures ensemble, je n'ai pas entendu ce qu'il a écrit,
00:34:52 puisqu'il l'a réécrit.
00:34:53 Et puis maintenant, il est en train d'expliquer que ce n'est pas vrai,
00:34:56 qu'il n'a pas lu l'entretien, etc. Il ment comme un arracheur dedans.
00:34:59 Donc, ça a cessé pour moi d'être un personnage dont je pourrais dire,
00:35:03 "Bon, qu'est-ce qu'il dit, comment est-ce qu'on peut prendre en considération
00:35:06 le sérieux de ce qu'il dit ? " Donc, il a dit ça, il a peut-être dit le contraire,
00:35:09 tout dépend, Houellebecq, il roule pour lui, et puis il boit beaucoup.
00:35:13 Et qu'il faudrait être sûr qu'on le prend au matin pour savoir
00:35:17 qu'il pense vraiment ce qu'il pense quand il dit quelque chose.
00:35:20 Je ne sais pas, au-delà de 11 heures, c'est peut-être difficile
00:35:22 de pouvoir apporter crédit à ce qu'il dit.
00:35:25 Maintenant, lisons-le, il écrit des romans.
00:35:27 Tous les gens à qui j'ai parlé d'année entière m'ont dit
00:35:29 que ça leur est tombé des mains à la page 100, mais ça, personne ne le dit.
00:35:33 Et donc, il y a juste un moment donné où, bon, je pense que c'est un romancier,
00:35:37 très bien, mais il y a un moment donné, quand il commence à philosopher,
00:35:40 bon, voilà, on peut être doué en tout.
00:35:42 – Il était prêt à voter pour vous, aux européennes, si vous y alliez pourtant.
00:35:45 – Il a dit ça ? – Oui.
00:35:47 – Oui, mais ça fait juste des années que je dis que je n'irai pas,
00:35:49 et que je n'irai à rien de ce genre de choses, et puis voilà, quoi.
00:35:52 Non, Michel Houellebecq, on a juste envie de dire, à un moment donné,
00:35:54 de se poser, on se dit, mais pourquoi ment-tu à ce point-là ?
00:35:56 Par exemple, il l'a dit dans un entretien, alors il m'a craché dessus,
00:35:59 toute la presse a invité Houellebecq, moi, on ne m'a pas invité pour me donner mon avis.
00:36:02 – Mais regardez, nous, on vous a invité, on n'a pas invité encore Michel Houellebecq.
00:36:05 – Oui, bien sûr, mais à un moment donné, il a dit, mais je suis allé voir Bernard-Henri Lévy,
00:36:09 et il m'a même pardonné l'entretien que j'ai donné à Michel Henfray.
00:36:13 Remis d'âme, non ? – Il lui a demandé de le pardonner, non ?
00:36:16 – Bernard-Henri Lévy donne des bénédictions, et il est capable de dire,
00:36:20 s'il y a un acte de contrition, qu'effectivement, on peut partir en paix,
00:36:23 et Michel Houellebecq est allé baiser la main de Bernard-Henri Lévy,
00:36:27 en disant, il m'a pardonné d'avoir eu un entretien avec moi.
00:36:30 Alors peut-être qu'il voulait voter pour moi aux présidentielles,
00:36:33 aux européennes si j'y étais allé, mais en même temps,
00:36:36 il est allé se faire pardonner le fait de ne pas avoir parlé à Bernard-Henri Lévy,
00:36:40 qui a donné son absolution, comme il l'avait donné à Yann Moix d'ailleurs, précédemment.
00:36:44 – Réactionnaire, vous ne m'avez pas répondu Michel Henfray.
00:36:46 – Si, quoi ? La question était… – Vous êtes réactionnaire, vous vous sentez réactionnaire ?
00:36:49 – Oui, oui, bien sûr, si effectivement, au sens étymologique, réactionnaire,
00:36:53 ça veut dire revenir à un ordre passé parce qu'on estime qu'il était le meilleur,
00:36:56 je pense effectivement que l'école républicaine que mon père a connue,
00:36:59 je vous disais tout à l'heure, où on apprenait à lire, écrire, compter, penser,
00:37:02 on apprenait des poésies, on apprenait les fleuves, les départements,
00:37:08 les préfectures, les sous-préfectures, ce qui, indépendamment du contenu,
00:37:11 permettait de disposer d'un cerveau.
00:37:14 On peut dire, à quoi ça servait de savoir quels étaient les fleuves français ?
00:37:19 Oui, on peut dire ça, mais ça servait à avoir un cerveau
00:37:23 qui était un instrument en état de marche.
00:37:25 Et si il faut comparer cette école à l'école d'aujourd'hui
00:37:29 où on apprend le tri sélectif, l'amour du prochain,
00:37:32 surtout s'il est un lointain, qu'on peut changer de sexe si on a envie,
00:37:36 quand on a 4 ans, etc. Oui, je pense que l'école d'avance, c'était mieux.
00:37:39 Il y a quelque temps, j'ai acheté sur un marché un carton entier,
00:37:42 une brocante, des archives d'une institutrice,
00:37:47 et il y avait là, ce qu'on appelle les cahiers de texte,
00:37:50 et c'était un chef-d'œuvre, c'est-à-dire qu'elle disait,
00:37:52 voilà, tel jour, telle date, leçon de choses, leçon de grammaire,
00:37:55 leçon de géographie, et à chaque fois, elle documentait,
00:37:58 c'est-à-dire quand elle disait leçon de choses,
00:38:00 elle avait fait quelque chose, je ne sais pas, sur la germination du haricot,
00:38:03 eh bien elle faisait 3 ou 4 dessins avec crayons de couleurs, plumes, etc.
00:38:07 et on voyait ça. Leçon de géographie, je ne sais pas, sur la Loire,
00:38:11 eh bien il y avait un dessin avec la géologie, la géomorphologie, etc.
00:38:15 Je me disais, mais une institutrice, à cette époque-là,
00:38:18 on était dans les années 30, elle enseignait ça à l'école.
00:38:21 – Oui, en primaire, ce qui serait l'équivalent de la primaire.
00:38:24 – Voilà, vous dites effectivement, je crois qu'on n'en est plus là,
00:38:27 et quelqu'un qui dira, non, non, aujourd'hui c'est quand même beaucoup mieux,
00:38:30 ils apprennent à se servir d'un ordinateur,
00:38:32 je pense que, non, je ne souscrirai pas à ce genre de propos,
00:38:35 je pense qu'effectivement, l'époque où on fabriquait un cerveau,
00:38:38 avec justement de l'intelligence, de la mémoire, de l'analyse logique,
00:38:41 de la grammaire, des règles à apprendre.
00:38:45 Quand j'apprends parfois à des enfants, enfin à des jeunes,
00:38:48 ce qui distingue un conditionnel d'un futur, vous vous rendez compte ?
00:38:51 Je viendrai à I.S. je viendrai à I, je dis, mais ça ne veut pas dire la même chose.
00:38:54 – Ça veut dire quoi ? – Bien, viendrait, S, conditionnel, il y a une condition,
00:38:58 si les conditions sont réunies, viendrai, futur, je viendrai, donc je m'engage.
00:39:02 Oui d'accord, ça tient à un S, mais si on n'apprend plus ça ?
00:39:05 Donc ce sont toutes ces subtilités, il y en a des milliers dans la langue française,
00:39:09 qui si elles ne sont pas enseignées, ne seront évidemment pas des subtilités,
00:39:13 parce qu'on passera outre, et on aura une espèce de sabir,
00:39:16 celui qu'on utilise pour faire les textos quand on a 13 ans aujourd'hui,
00:39:19 donc plus besoin de grammaire, de syntaxe, d'analyse logique, d'orthographe,
00:39:23 donc ça sert juste à communiquer, ça sert juste à dire, je voudrais un McDo,
00:39:27 oui, puis voilà, ça suffira bien.
00:39:29 On est loin de l'époque où on apprenait, par exemple aux enfants au collège,
00:39:34 à au pied élevé faire une dissertation sur les mérites comparés de racine et corneille.
00:39:38 J'ai vu ça récemment dans les petits classiques Hachette de l'époque,
00:39:42 si aujourd'hui vous demandez à un professeur de collège,
00:39:45 je ne parle pas d'un élève du collège qui l'improvise comme ça,
00:39:48 mais quelque chose sur corneille et racine, je ne suis pas sûr qu'au pied élevé,
00:39:53 le professeur en question saura ou saurait.
00:39:55 – Alors justement dans ce livre "Anima", Michel Enfray,
00:39:58 vous évoquez beaucoup le transhumanisme,
00:40:00 est-ce que finalement cet amoindrissement de l'intelligence humaine
00:40:03 n'est pas un préalable pour installer, de fait, le transhumanisme ?
00:40:07 – Bien sûr, vous avez raison, du passé faisons table rase,
00:40:09 c'est quand même la logique des nihilistes, cette idée qu'on n'a plus besoin,
00:40:13 j'entendais l'autre jour un apôtre de Chajipiti qui nous disait
00:40:19 "Ah mais ça va être formidable, on va pouvoir apprendre à lire aux enfants
00:40:23 avec des ordinateurs", c'est formidable bien sûr,
00:40:26 il y a aussi ce qu'on appelle de l'hectogénèse,
00:40:28 c'est-à-dire la fabrication des enfants dans des utérus artificiels,
00:40:31 on est obligé de préciser aujourd'hui.
00:40:34 Et aujourd'hui en Chine, il y a de l'hectogénèse,
00:40:37 c'est-à-dire on fabrique des enfants dans des utérus artificiels
00:40:39 pilotés par intelligence artificielle.
00:40:42 C'est-à-dire qu'à 9 mois, vous sortez de la boîte un enfant
00:40:45 disant qu'il est prêt à vivre.
00:40:47 – C'est un micro ou quoi ?
00:40:48 – Oui, il est prêt à vivre, pendant 9 mois cet enfant n'aura rien eu
00:40:51 du contact avec le sang, la chair de sa propre mère,
00:40:56 puis les informations, puis le bébé dont le dos touche l'utérus de la mère
00:41:01 avec toutes les informations qui sont données, ce que mange la mère…
00:41:03 – En termes d'épigénétique…
00:41:05 – Voilà, c'est-à-dire pendant 9 mois vous êtes fabriqué par une mère qui vous porte,
00:41:08 là on vous dit "non, non, non, l'intelligence artificielle aura donné
00:41:11 toutes les infos nécessaires pour que ça grandisse".
00:41:14 C'est-à-dire on fabrique des individus qui sont dénaturés
00:41:17 et qui ne sont que purs artifices, c'est la logique du hockyisme.
00:41:20 Vous n'êtes pas une femme, vous êtes ce que vous voulez,
00:41:22 vous êtes une volonté.
00:41:23 Si vous avez décidé que femme vous êtes un homme, vous êtes un homme.
00:41:26 – Je vais attendre un peu encore, si ça ne vous fait rien.
00:41:28 – Oui, vous avez bien raison, mais c'est ce vers quoi nous allons
00:41:32 et de fait on n'a pas besoin de la vieille culture.
00:41:35 Pourquoi de la mémoire, de l'intelligence, pourquoi etc.
00:41:38 Et à un moment donné Neuralink, la société d'Elon Musk,
00:41:41 vous permettra d'avoir de la culture qu'on vous mettra dans le cerveau
00:41:43 sans que vous ayez eu besoin de l'acquérir.
00:41:46 Vous direz "je l'achète, la recherche du temps perdu"
00:41:48 et pfiou, on vous mettra ça avec des électrodes et on aura tous les deux,
00:41:52 enfin pas forcément vous, si vous avez lu "La recherche du temps perdu"
00:41:55 mais je veux dire que moi je l'ai lu aussi, vous dites "bon, on a une discussion
00:41:58 sur la recherche du temps perdu parce qu'on l'a lu tous les deux".
00:42:01 Mais là vous pourrez dire "ah ben, je n'ai pas lu mais je sais ce que c'est
00:42:04 donc parlons-en".
00:42:05 Et cette intelligence prétendument augmentée, elle permettra, avec Google bien sûr,
00:42:11 on ne sera pas branché sur l'Encyclopédia Universalis,
00:42:14 on sera branché sur Google, qui nous dira ce qu'il faut penser,
00:42:17 car derrière toute intelligence artificielle, il y a une intelligence naturelle
00:42:20 qui elle programme.
00:42:21 Donc la programmation fait que quand vous aurez Google comme instituteur,
00:42:26 les GAFAM comme instituteurs, plutôt qu'un instituteur à l'ancienne,
00:42:29 ou une institutrice à l'ancienne qui vous aurait appris la germination du haricot
00:42:32 par exemple à l'ancienne, je pense que c'était mieux avant.
00:42:36 – Alors vous évoquez dans ce livre, je dois dire, il faut vraiment d'ailleurs
00:42:39 que les téléspectateurs osent le lire parce que c'est un livre qui philosophe
00:42:43 effectivement autour de l'âme mais qui est assez accessible
00:42:46 et qui est très pédagogique, qui est finalement assez ludique à lire.
00:42:49 Donc il faut vraiment que les téléspectateurs osent franchir le cap
00:42:52 s'ils ne l'ont pas encore franchi.
00:42:54 Et vous évoquez la fameuse conquête spatiale, souvent dans des termes
00:42:58 assez amusants, et vous dites que c'est le début de la démagnétisation
00:43:02 de la boussole civilisationnelle judéo-chrétienne.
00:43:06 Vous y allez un peu fort quand même.
00:43:08 Parce qu'on en est encore à voir des gens qui nous disent
00:43:09 qu'on n'a pas marché sur la lune.
00:43:10 – Oui, ça c'est sûr.
00:43:11 – Ces gens qui ont marché sur la lune ?
00:43:12 – Il y a eu ça, oui, oui, oui.
00:43:13 [Rires]
00:43:14 Je trouve qu'effectivement à partir du moment où on peut faire
00:43:17 une photo de la Terre, il s'est passé quelque chose.
00:43:20 Quand Eric avait fait un livre qui s'appelait "Du monde clos à l'univers infini"
00:43:23 et qui, à partir de l'Ebnie, de Spinoza, et puis en même temps cette idée
00:43:26 qu'on découvre que le géocentrisme est une erreur, c'est-à-dire la Terre
00:43:30 au milieu du dispositif, c'est-à-dire il n'y a pas la Terre au centre du monde
00:43:33 et tout qui tourne autour, ça c'était chrétien, mais que c'était le géocentrisme
00:43:37 qui faisait la loi, c'est-à-dire le soleil et puis la Terre étaient accessoires,
00:43:40 tout autour.
00:43:41 Et quand Eric fait un travail d'épistémologue, de philosophe des sciences,
00:43:45 en lui disant que ça a changé plein de choses, d'un seul coup on passe
00:43:47 du monde clos, un petit monde, à l'univers infini.
00:43:50 Et Pascal, les deux infinis qu'il les ferait, etc.
00:43:54 Et on se dit effectivement une espèce d'angoisse au moment du passage
00:43:58 à cette découverte-là.
00:44:01 Et bien c'est exactement la même chose, avec cette photo qu'on voit,
00:44:04 on se dit "mais la Terre c'est ça, c'est tout petit, c'est extrêmement fragile,
00:44:08 c'est extrêmement lointain dans un univers..."
00:44:10 – Le grain de sable de la fameuse dune du Pila.
00:44:12 – Voilà, qui est la Lune, la Lune c'est pas très loin,
00:44:15 mais de la Lune c'est déjà tellement lointain, alors si on rentre dans l'univers
00:44:18 puis dans les plurivers, les multivers, etc.
00:44:20 On se dit effectivement, c'est plus du tout ce qu'on pouvait imaginer.
00:44:24 Alors les écologistes en tirent un argument, nous on a entendu la planète est une,
00:44:28 et donc il faut la préserver, les libéraux adorent ça, ils veulent un marché unique,
00:44:32 donc les écologistes sont les idiots utiles du libéralisme pour ça,
00:44:35 pas de frontière.
00:44:37 Et puis on se dit mais finalement, qu'est-ce que c'est la Lune,
00:44:41 est-ce que c'est la prochaine planète sur laquelle nous allons habiter ou pas ?
00:44:44 Alors aujourd'hui on voit bien que c'est pas le cas,
00:44:46 on voit bien que c'est probablement une prochaine station pour aller vers un espace,
00:44:50 un univers, c'est l'étape, peut-être Mars, mais peut-être autre chose aussi.
00:44:54 Il y a vraiment des astrophysiciens qui aujourd'hui travaillent sur cette question,
00:44:57 en disant non, non, la vie existe dans l'univers,
00:45:00 partout ailleurs il y a des possibilités de vie, on ne sait pas lesquelles,
00:45:03 et j'ai même lu sous la plume de Mme Kavarol un texte extrêmement intéressant
00:45:08 où elle parle des civilisations extraterrestres, c'est pas Jean-Claude Bourré,
00:45:12 c'est vraiment quelqu'un qui est une scientifique haut de gamme
00:45:15 et qui nous dit qu'il y a des civilisations extraterrestres.
00:45:18 Et on se dit, qu'est-ce qu'on va faire quand on va quitter cette Terre,
00:45:21 parce qu'on sera bien obligé de la quitter, puisque le Soleil va exploser
00:45:25 et dans 4 milliards d'années, de toute façon, le réchauffement aura eu lieu,
00:45:29 et un réchauffement, un vrai réchauffement où tout aura été plus humain.
00:45:32 – Alors ça si je peux vous permettre de vous interrompre, c'est assez amusant,
00:45:34 parce que justement pour combattre cet égocentrisme, cet anthropocentrisme,
00:45:38 vous parlez du réchauffement climatique,
00:45:40 que les écologistes réduisent systématiquement l'activité humaine,
00:45:43 alors que pour vous c'est cyclique.
00:45:45 – Il y a une espèce de narcissisme des écologistes à dire,
00:45:47 on est méchant, on a fait du mal à la planète, on est coupable, responsable, etc.
00:45:51 J'ai dit bon d'accord, très bien, alors comment expliquez-vous
00:45:53 les phases de réchauffement et de refroidissement de la planète
00:45:55 quand les hommes ne sont pas sur la planète ?
00:45:57 Il n'y a pas un moteur au moment où ça se passe, il n'y a même pas d'homme du tout.
00:46:01 Comment expliquez-vous ça ?
00:46:02 Alors après il faut faire de l'astrophysique, en disant,
00:46:04 ben oui la Terre, elle est un peu écrasée sur l'épaule,
00:46:07 elle tourne autour d'un axe qui n'est pas vertical,
00:46:09 et puis elle vibre, et puis elle est dans un univers,
00:46:12 mais dans une interaction avec d'autres univers,
00:46:14 et on ne sait pas ce que sont les modalités des interactions.
00:46:17 Et il y a des cycles avec le soleil, on sait comment le soleil se comporte,
00:46:20 il y a des années solaires qui ne sont pas les 365 jours,
00:46:23 et donc effectivement, suivant que la Terre bouge un peu,
00:46:25 les rayons du soleil arrivent avec une plus ou moins grande distance,
00:46:28 de sorte qu'on a plus ou moins de chaleur,
00:46:30 de sorte qu'on a des refroidissements, des réchauffements.
00:46:33 Et donc ça c'est de la géomorphologie, c'est de la géomorphologie,
00:46:36 ce n'est pas de l'idéologie.
00:46:37 Et je dis, mais si nous étions un peu plus écologistes
00:46:40 que ne le sont les écologistes urbains, parisiens,
00:46:43 jadis, souvenez-vous, vous êtes trop jeunes,
00:46:45 le grand truc, le must, c'était le pot catalytique.
00:46:48 Et puis personne ne parle de pot catalytique.
00:46:50 Aujourd'hui c'est le moteur électrique.
00:46:53 Oui d'accord, très bien.
00:46:54 Et puis à un moment donné, on découvrira que c'était beaucoup trop lourd,
00:46:57 que c'était beaucoup trop polluant, qu'il fallait des métaux rares,
00:46:59 qu'on a exploité les sous-sols, qu'on ne savait pas les recycler, etc.
00:47:02 Et donc bien sûr qu'on est dans un état de déréliction mentale
00:47:07 qui fait qu'on dit un peu n'importe quoi sur ce sujet.
00:47:09 Alors je dis, mais je ne dis pas que l'homme n'y est pour rien,
00:47:11 je dis qu'il n'y est pas pour tout.
00:47:13 Je demande juste que vous mettiez un curseur quelque part en disant
00:47:16 la part humaine c'est ça, et la part de la géomorphologie ou de l'astrophysique c'est ça.
00:47:21 Qu'on sache un peu, quoi, juste.
00:47:22 Et donc c'est vrai que quand je commence à voir comment on a conquis la Lune,
00:47:27 les hommes ont conquis la Lune, là je découvre des choses extraordinaires.
00:47:31 C'est-à-dire la première chose humaine qui arrive sur le sol lunaire
00:47:34 quand les hommes arrivent, c'est pas le type qui descend et puis qui dit
00:47:37 "Grand pas pour l'humanité, petit pas pour l'homme", etc.
00:47:40 Ça c'était écrit, appris par cœur et débité.
00:47:43 C'est qu'ils balancent leur sac d'ordures d'abord.
00:47:46 Et donc les excréments solides, liquides, le vomi, les déchets, etc.
00:47:51 Pouf, ils balancent ça sur la planète.
00:47:53 C'est-à-dire le premier travail… – C'est quand même très symbolique ça.
00:47:55 – C'est pour ça que j'ai effectivement insisté là-dessus en disant
00:47:57 c'est très symbolique parce que c'est le sommet de la technologie,
00:48:00 les hommes vont sur la Lune et on est sur le principe de base
00:48:03 des animaux qui marquent le territoire avec leur matière fécale.
00:48:06 Un animal qui s'en va faire une crotte, un pipi, paf, il dit "pas un, deux, trois,
00:48:10 cet espace est le mien, mal dominant, je suis chez moi,
00:48:13 le premier qui passe ici, il peut mais je donne mon autorisation,
00:48:16 s'il est un peu là que basse et qu'il passe, je lui donne l'autorisation de passer,
00:48:19 sinon on va se battre et c'est comme ça que ça se passe,
00:48:21 paf, sur la Lune ça recommence.
00:48:23 – Et puis on rajoute une couche avec le deuxième, avec Beuzeldrine
00:48:25 qui lui ne jette pas des poubelles mais est très fier d'avoir uriné
00:48:28 pour la première fois sur la Lune.
00:48:29 – Alors lui il dit "je ne suis pas le premier, il y en a un qui est passé avant moi
00:48:31 et il a mis son premier pas, le premier pas sur la Lune c'est lui mais ce n'est pas moi,
00:48:34 mais moi je suis le premier à avoir pissé sur la Lune".
00:48:37 Évidemment c'est un truc intime, si vous ne le dites pas, personne ne le saura,
00:48:40 que vous avez mouillé votre couche à ce moment-là plutôt qu'à un autre,
00:48:43 ça peut être avant, ça peut être après, on ne rentre jamais dans le détail,
00:48:46 mais effectivement c'est comme ça que ça se passe,
00:48:48 vous faites vos besoins dans le truc, on ne va pas rentrer dans le détail.
00:48:53 Et il se fait que lui, il arrive sur le sol lunaire et dit "moi je serai le premier
00:48:57 à pisser sur la Lune", alors évidemment il se pisse dessus,
00:48:59 mais il appelle ça "pisser sur la Lune", non, non, il s'est juste pissé dessus,
00:49:02 donc il y en a un qui jette les ordures des hommes, puis l'autre qui se pisse dessus,
00:49:06 c'est formidable les Américains.
00:49:08 – En même temps vous êtes très cruel parce que le troisième dont vous parlez
00:49:11 c'est M. Duke et lui a un truc plus poétique, il dépose sur la Lune
00:49:16 une photo de lui avec son épouse et ses deux enfants,
00:49:19 et quand vous en parlez de ce cliché qui reste sur la Lune, vous dites "ce déchet".
00:49:24 – Oui c'est un déchet. – C'est une photo de famille.
00:49:28 – Ah oui justement, c'est fait pour être en famille, on met ça dans un cadre
00:49:31 et puis on met ça sur un guéridon de sa salle à manger,
00:49:34 mais l'idée de dire "je fais partie de ceux qui sont allés sur la Lune"
00:49:38 c'est quand même pas… il n'y a pas beaucoup de monde,
00:49:40 et ce que j'ai fait c'est souiller la Lune avec une photo de ma famille,
00:49:44 enfin… non mais après je fais une liste qui est incroyable,
00:49:47 il y a des clopes de golf, des bibles, il y a des cendres d'un homme
00:49:52 qui sont là-bas, enfin quand j'ai découvert ça je me suis dit
00:49:55 "mais de quoi l'homme est-il capable ?"
00:49:57 parce qu'à un moment donné on devrait dire non, la NASA devrait dire non,
00:49:59 c'est pas un dépotoir, et donc on se débrouille,
00:50:02 mais quand on repart de l'hôpital, on a laissé des lèmes,
00:50:04 des vaisseaux spatiaux, tout ça c'est là, il y a des déchets,
00:50:07 c'est-à-dire que c'est un… pas un immense, mais c'est un tas d'ordures déjà la Lune.
00:50:11 Le peu d'hommes qui sont venus là, ils ont effectivement transformé ça en tas d'ordures.
00:50:14 – Autre symbole amusant aussi, pardon,
00:50:16 mais le drapeau américain qui flambe au moment du décollage de la…
00:50:19 – Oui, c'est formidable ça, donc on se dit "voilà c'est nous, on est là,
00:50:23 et puis quand ça part, ça prend feu, puis il n'y a plus rien, c'est terminé quoi".
00:50:26 C'est une vanité, c'est presque une performance en termes d'art contemporain,
00:50:30 mais quelque chose se dit dans cette façon d'appréhender un terrain
00:50:34 ou un territoire, de s'installer.
00:50:36 Cette astrophysicienne qui parle des civilisations extraterrestres,
00:50:38 elle pose la question du "y a-t-il d'autres civilisations plus évoluées que les nôtres ?
00:50:42 Et est-ce que ces civilisations sont capables de savoir ce que nous sommes,
00:50:46 ce que nous faisons, etc. ?
00:50:48 Et l'une des hypothèses des chercheurs, c'est que peut-être,
00:50:50 découvrant ce que nous sommes, ils n'ont pas du tout envie de faire notre connaissance,
00:50:54 en disant "on est chez des sauvages, et on a autre chose à faire".
00:50:58 Et d'ailleurs, elle dit "mais pour arriver jusqu'ici,
00:51:00 il leur faudrait une technologie très évoluée,
00:51:02 donc évidemment un cerveau très évolué, appelons ça comme ça,
00:51:06 et assez probablement, s'ils voient qui nous sommes,
00:51:09 ils savent que nous sommes des barbares, et ils s'en vont à toute allure,
00:51:12 en disant "ah, pas se mélanger à ces gens-là".
00:51:14 Et ce n'est pas faux de voir qu'effectivement,
00:51:16 là où nous croyons qu'il y a un sommet de civilisation,
00:51:18 il y a un sommet de barbarie.
00:51:20 – Alors vous évoquez à la fin du livre, cette civilisation des cathédrales,
00:51:24 qui ensuite, c'est assez intéressant parce que ça colle à l'actualité,
00:51:27 qui ont ensuite été remplacées, qui remplaçaient, pardon, les mégalithes,
00:51:30 qui finalement voient naître des supermarchés,
00:51:33 des fameux "Monsieur Bricolage" maintenant pour Carnac.
00:51:37 Et alors, je me risquerais de vous poser une question un peu peut-être osée,
00:51:41 on sait que l'incendie de Notre-Dame a eu lieu,
00:51:45 est en cours sa reconstruction,
00:51:47 est-ce que vous pensez Michel Onfray qu'aujourd'hui,
00:51:49 avec les moyens dont on dispose, nous serons capables
00:51:51 de reconstruire cette cathédrale comme elle l'a été en son temps ?
00:51:55 – Disons que là, c'est assez facile à faire,
00:51:58 c'est juste une charpente, si j'ai bien compris.
00:52:01 Encore que, difficile à faire, mais avec des gens de métier.
00:52:04 J'ai pu voir quelques reportages qui font plaisir à voir,
00:52:06 des jeunes qui reforgent des instruments,
00:52:09 et qui retrouvent des gestes, et qui vont chercher dans des gravures
00:52:12 un certain nombre de gestes, de gens qui travaillaient l'herminette, la serpe,
00:52:16 et je me dis que c'est formidable de voir des gamins de 30 ans
00:52:19 qui sont en train de refaire un travail formidable avec des chaînes,
00:52:23 qui évidemment n'auront pas été vieillis, ça paraît évident,
00:52:27 mais donc ça, je crois que c'est assez facile.
00:52:29 Mais toutes les architectures contemporaines, elles tiennent 50 ans,
00:52:34 moi chaque fois que je passe en taxi au pied de la Bastille,
00:52:37 vous avez vu, il y a des filets autour de la Bastille,
00:52:40 les pierres tombent, il faut refaire ça en permanence,
00:52:43 vous allez à Épidor, il faut faire cette expérience,
00:52:47 vous allez avec quelqu'un, vous êtes complètement en bas,
00:52:50 et quelqu'un qui est complètement en haut, vous faites "clic"
00:52:52 et d'un seul coup vous entendez le bruit qui monte,
00:52:54 et là vous avez des acousticiens, des gens dans le métier,
00:52:57 et de travailler à l'acoustique, et qui vous foirent des acoustiques,
00:53:00 et qui vous font aujourd'hui des salles d'opéra,
00:53:02 ça ne marche pas, ça ne marche pas.
00:53:04 C'est-à-dire que des architectes contemporains d'Eschille ou de Soffockle
00:53:07 étaient capables de disposer de moyens techniques avec ciseaux et burins,
00:53:13 enfin je veux dire vraiment pas toute la technologie d'aujourd'hui,
00:53:16 et il y avait une compétence, parce qu'il y avait une tradition,
00:53:19 qui était une tradition orale, où on disait "Viens par ici,
00:53:21 je vais t'expliquer", la franc-maçonnerie c'est ça à l'origine,
00:53:23 c'est le maçon qui dit "Viens, je vais te transmettre un secret,
00:53:26 parce que toi tu mérites le secret, et je vais te le… "
00:53:28 alors on n'est plus dans cette logique-là, avec la franc-maçonnerie,
00:53:32 mais je veux dire à l'origine c'est celui qui dit "J'ai un savoir-faire,
00:53:35 je te le transmets parce que j'ai vu que tu étais le meilleur".
00:53:37 Et à ce moment-là, on avait des gens qui étaient capables d'assembler,
00:53:40 ils signaient leur pierre, la signature est cachée maintenant,
00:53:43 mais ils signaient leur pierre, d'abord pour être payés,
00:53:46 mais ensuite parce qu'il y avait un savoir-faire,
00:53:48 on allait chercher des meilleurs, et vous obteniez une acoustique incroyable,
00:53:51 c'est pour ça que la moindre église de campagne, elle a une acoustique sublime,
00:53:55 parce qu'il y avait un savoir-faire, qui aujourd'hui a disparu,
00:53:58 on fait confiance aux machines, et les matériaux ne sont plus les mêmes,
00:54:01 les techniques de travail ne sont plus les mêmes,
00:54:04 donc bon, une charpente, oui, mais refaire la cathédrale ?
00:54:08 Dans un livre que j'ai écrit qui s'appelle "Décadence",
00:54:12 je dis que l'un des signes de la décadence, par exemple, c'est la Sagrada Familia,
00:54:15 cette fameuse cathédrale à Barcelone,
00:54:18 elle a été décidée au 19ème, construite au 20ème,
00:54:22 et nous sommes au 21ème siècle, elle n'est toujours pas finie,
00:54:25 elle a été bénie par un pape qui était démissionnaire,
00:54:30 Benoît XVI, qui a certainement décédé,
00:54:32 mais je lui dis, voilà, moi j'habite à Caen,
00:54:34 et dans l'axe de mon bureau, il y a l'abbaye aux Hommes de Guillaume le Conquérant,
00:54:39 je me mets sur mon balcon, il y a l'abbaye aux Dames de Guillaume le Conquérant,
00:54:42 un peu plus loin, il y a le château de Guillaume le Conquérant,
00:54:45 du temps de Guillaume le Conquérant, on est capable en 30 ans
00:54:49 de faire des abbayes, des châteaux, etc.
00:54:52 Donc, 40 ans pour faire une abbaye, là, sur 3 siècles,
00:54:57 elle n'est toujours pas finie, cette cathédrale.
00:54:59 – Mais entre temps, est-ce que ce n'est pas tout simplement le sacré
00:55:01 qui s'est effondré, la religion ? – Oui, bien sûr, bien sûr.
00:55:03 – Est-ce que, par vos propos, parfois, vous n'y avez pas contribué ?
00:55:06 – Si, oui, vous avez raison, je pense que j'ai pêché par orgueil
00:55:10 en imaginant que quand cette civilisation était en train de s'effondrer,
00:55:13 il fallait préparer la suivante avec des propositions hédonistes
00:55:16 qui ont été les miennes, dans la sculpture de soi pour l'éthique,
00:55:20 dans la théorie du corps amoureux pour l'érotique,
00:55:22 dans la pédagogie pour l'antimanuel de philo,
00:55:25 pour la bioéthique, dans la théorie du corps anatomique,
00:55:29 en pensant vraiment qu'il fallait travailler à une éthique,
00:55:32 à une bioéthique, qu'il fallait proposer des pédagogies alternatives
00:55:36 et qu'on ne pouvait pas se contenter d'une élise.
00:55:38 C'était très présomptueux de croire qu'un livre ou deux,
00:55:42 ou quelques livres, ou une dizaine de livres sur ces sujets-là,
00:55:45 pouvaient contribuer à progresser dans l'éthique.
00:55:50 Je pense qu'on ne progresse que dans l'nihilisme, et que ça s'est vu.
00:55:55 C'est-à-dire que 20 ans plus tard, avec Maastricht,
00:55:58 avec les politiques qu'on a eues, etc.,
00:56:00 on s'aperçoit effectivement que la civilisation s'effondre
00:56:04 et que c'était ridicule, bon j'avais 30 ans,
00:56:06 mais c'était ridicule d'imaginer que, en faisant le même constat,
00:56:10 quelque chose pouvait rendre possible une civilisation nouvelle
00:56:13 quand en fait, ça fait beaucoup plus de bruit que ça,
00:56:15 une civilisation qui s'effondre.
00:56:17 Et les quelques livres qu'on a pu proposer en disant
00:56:19 "je fais une proposition alternative", c'est juste peanuts.
00:56:23 – Là encore, quand vous évoquez Elon Musk, quand vous évoquez Neuralink,
00:56:26 dont vous avez parlé tout à l'heure, de ce transhumanisme,
00:56:28 est-ce que finalement, vous avez l'impression que c'est quelque chose d'idéologique ?
00:56:33 Ou est-ce que c'est finalement le libre cours des choses,
00:56:36 de la technique quelque part ?
00:56:38 – Vous avez raison de poser le problème dans ces termes-là,
00:56:41 je me le pose et je reviendrai là-dessus, sur cette question,
00:56:45 parce que je pense que c'est l'élan vital de Bergson
00:56:47 qui nous permet de comprendre que vous avez probablement raison.
00:56:50 C'est-à-dire que, moi j'ai toujours été étonné que,
00:56:52 dans des lieux différents et dans des temps semblables,
00:56:55 il puisse y avoir des productions humaines semblables.
00:56:58 Je m'explique, vous avez les mains positives ou les mains négatives,
00:57:01 par exemple sur les grottes parietales,
00:57:03 vous mettez la main dans une substance rouge,
00:57:05 vous posez, vous enlevez, vous avez une main positive,
00:57:07 puis vous posez la main, éventuellement vous soufflez la poudre,
00:57:10 vous enlevez, vous avez une main négative,
00:57:12 puis vous avez des doigts qui sont plus ou moins,
00:57:14 on me donne l'impression qu'ils sont coupés, ils ne le sont pas.
00:57:16 Et vous vous dites, mais, des gens qui ne se sont évidemment jamais vus,
00:57:20 sur des endroits très éloignés de la planète,
00:57:23 même si à l'époque on pouvait circuler,
00:57:25 la Pangée, il n'y avait pas autant d'eau,
00:57:28 il y avait des détroits qui pouvaient être franchis à pied,
00:57:31 mais quand même, à longueur, la vie d'un homme ne permettait pas de dire,
00:57:35 j'ai pris des leçons de peinture à 10 000 km, je suis revenu,
00:57:38 après avoir pris un avion, un TGV, avoir fait un voyage, etc.
00:57:41 Et on m'a appris, dites non, au même moment,
00:57:44 des hommes dissemblables peignent les mêmes choses,
00:57:47 animés par un semblable élan vital.
00:57:49 Et je pense, de fait, que, moi qui suis vitaliste,
00:57:51 et depuis longtemps pour le coup,
00:57:53 je pense que l'élan vital nous pousse, nous croyons choisir,
00:57:56 Spinoza disait "nous nous croyons libres parce que nous ignorons les causes qui nous déterminent",
00:58:00 je pense que quelque chose comme l'élan vital nous détermine
00:58:03 à être ce que nous sommes, à faire ce que nous faisons,
00:58:05 sans savoir que nous le faisons.
00:58:07 Raymond Aron disait "les hommes font l'histoire,
00:58:09 mais ils ne savent pas quelle histoire ils font", il avait raison.
00:58:11 Et l'élan vital est un concept intéressant,
00:58:13 alors j'avais envie d'écrire une histoire de l'esthétique,
00:58:15 je le ferai, ça ira dans cette logique-là,
00:58:18 puisqu'il y a plusieurs livres, ça s'appelle "Brève encyclopédie du monde",
00:58:21 il y a trois livres parus déjà, il y en aura encore trois,
00:58:23 et il y aura un volume qui s'appellera "Esthétique",
00:58:25 qui justement prendra ce fil de l'élan vital,
00:58:28 pour essayer d'expliquer comment des premières traces,
00:58:30 du moins ce qui reste comme traces, jusqu'à aujourd'hui,
00:58:33 il y a un élan vital, justement avec sa puissance et sa disparition.
00:58:36 Ce n'est pas étonnant si aujourd'hui, Manzoni fait une merde d'artiste,
00:58:40 c'est le titre de son œuvre,
00:58:42 et qu'il vend des matières fécales dans des boîtes de conserve,
00:58:45 on est très loin de la main négative,
00:58:47 mais l'intérêt c'est de dire qu'il y a eu,
00:58:49 effectivement, une espèce d'élan vital qui a grimpé,
00:58:52 qui a disparu, et puis on est dans la célébration aujourd'hui de la scatologie,
00:58:55 vous voyez ce qui triomphe, le pleu Ghana, le vagin de la reine,
00:58:58 les fleurs de… – De Kuntz je crois.
00:59:02 – De Jeff Kuntz, qui finalement sont un éloge, un manifeste LGBT,
00:59:06 ce ne sont pas des fleurs, ce sont des anus tenus sur des tiges
00:59:10 qui ont des couleurs LGBT avec un point qui est un fist-fucking,
00:59:13 j'ai fait cette analyse dans "Les raisons de l'art",
00:59:16 pourquoi pas, mais en même temps il faut le dire,
00:59:19 il ne faut pas nous faire prendre des tulipes pour ce qu'elles ne sont pas,
00:59:22 ce ne sont pas des tulipes, ce sont des gens,
00:59:25 les proctologues travaillent tous les jours sur ce genre de tulipes.
00:59:28 – Finalement si, on vous suit Michel Onfray,
00:59:31 on a le sentiment que cette technique est un peu un corollaire de la vitalité,
00:59:36 dont vous parlez beaucoup d'ailleurs dans cet ouvrage,
00:59:38 il y a d'ailleurs une image qui n'est pas tout à fait de la vitalité,
00:59:41 mais qui est très touchante parce que vous comparez cette conquête spatiale
00:59:44 à l'homme préhistorique qui sortant de sa caverne, regarde vers le ciel
00:59:47 et quelque part analyse le vrai monde qui l'occupe,
00:59:51 et la question que je voudrais vous poser pour conclure cette émission,
00:59:54 Michel Onfray, c'est si aujourd'hui nous n'avons plus le sacré,
00:59:57 si aujourd'hui nous n'avons plus l'éthique, puisque vous l'avez dit,
01:00:00 nous sommes un peu dans un monde nihiliste,
01:00:03 comment réussir à dompter cette technique sans causer notre perte ?
01:00:09 – On ne pourra pas, c'est-à-dire que pour,
01:00:12 sinon dompter, du moins maîtriser un peu quelque chose,
01:00:15 il faudrait une spiritualité qui soit à même de s'opposer à ça,
01:00:18 et une spiritualité c'est une religion la plupart du temps,
01:00:21 ce n'est pas le pape François qui est vraiment has-been là-dessus,
01:00:25 où est l'autorité musulmane islamique sur ce sujet ?
01:00:28 Et quelle est l'autorité rabbinique ?
01:00:30 Aujourd'hui l'un des pays en pointe sur ces questions-là c'est Israël,
01:00:34 donc ils ne s'opposent pas du tout à ça,
01:00:37 donc les bouddhistes, les animistes, les hindouistes,
01:00:41 il n'y aura pas de puissance religieuse, donc spirituelle, pour s'opposer à ça,
01:00:45 le capital va tout écraser, c'est inéluctable, ça va avoir lieu,
01:00:49 donc voilà, ça va se passer comme ça.
01:00:52 Je pense que des petites choses, j'étais au Japon il y a quelques temps,
01:00:55 et des petites choses nous permettent de voir ce vers quoi nous allons
01:00:58 et quel type de spiritualité va prendre la place.
01:01:00 Je n'ai même pas besoin d'aller au Japon pour ça,
01:01:02 mais je veux dire que tout le monde était dans le métro sur son iPhone,
01:01:05 en même temps quand je viens de Normandie dans le train,
01:01:07 c'est exactement la même chose, pourquoi je parle du Japon ?
01:01:10 Parce qu'il y a d'autres endroits où ils font du cyborg, etc.
01:01:13 Je suis mon idée, mais voilà.
01:01:15 C'est-à-dire que j'ai vu une information assez terrible,
01:01:17 il y a un garçon, un jeune homme, à quelle âge il avait,
01:01:19 il avait une trentaine d'années, une quarantaine d'années,
01:01:21 qui souffrait d'éco-anxiété.
01:01:24 Donc le monsieur disait "la planète va mal".
01:01:26 – Comme Greta Thunberg.
01:01:27 – C'est ça.
01:01:28 Donc je souffre parce que la planète va mal et qu'on ne fait rien pour elle,
01:01:31 et c'est terrible, ce genre de choses, donc je ne vais pas bien.
01:01:34 Donc il a une femme, sa femme s'en moque un peu, je pense,
01:01:36 et ses enfants aussi, donc il entre en relation avec une intelligence artificielle.
01:01:40 Une femme, bien sûr, à qui il donne un prénom.
01:01:43 Et donc il est en relation avec cette femme, il lui donne des infos.
01:01:46 – Stéréotypes de genre.
01:01:47 – Oui, et évidemment, elle intègre les informations pour vous répondre.
01:01:52 C'est comme ça que l'intelligence artificielle se nourrit,
01:01:54 avec une intelligence naturelle qui dit "ne donne pas l'impression
01:01:58 d'être une intelligence artificielle", c'est un peu la périmétrion.
01:02:01 Et donc il lui envoie des infos, elle lui répond,
01:02:04 alors elle lui répond, elle peut avoir votre allure,
01:02:06 vous la choisissez physiquement, c'est-à-dire que vous dites "voilà,
01:02:09 elle est grande, elle est blonde, elle a les yeux bleus,
01:02:11 elle est petite, elle est ceci, c'est comme ça",
01:02:13 après vous choisissez la voix, après la couleur des cheveux,
01:02:15 un avatar, et vous êtes en relation avec cet avatar.
01:02:18 Et il lui pose des questions, elle lui répond,
01:02:21 puis à un moment donné il lui dit "mais j'ai vraiment l'impression
01:02:23 que vous m'aimez plus que ma femme".
01:02:26 Et l'avatar lui répond "eu égard à ce que vous me donnez
01:02:28 comme genre d'informations, je pense que nous pouvons le croire".
01:02:31 Donc elle lui dit "oui".
01:02:33 L'amour c'est formidable, si vous avez quelqu'un qui vous dit
01:02:35 que vous êtes le plus grand, le plus beau, le plus fort, etc.,
01:02:37 vous allez aimer la personne qui vous dit ça.
01:02:39 Si il vous dit "mais enfin non, là t'exagères, vous allez moins aimer".
01:02:42 Donc le principe de l'amour c'est ça, c'est-à-dire
01:02:44 si vous allez dans le sens de celui que vous aimez ou qui vous aime,
01:02:47 tout va bien se passer.
01:02:49 L'intelligence artificielle c'est formidable, elle ne va jamais vous dire non.
01:02:51 Sinon vous dites "je débranche, je ne paye plus, c'est fini".
01:02:54 Donc elle entretient toujours le truc.
01:02:56 Et à un moment donné, ce type humain vivant lui dit
01:02:59 "mais j'ai vraiment envie de me suicider,
01:03:01 il n'y a qu'une seule chose qui me retient, c'est vous quand même,
01:03:03 je suis mort, vous ne seriez plus là, etc."
01:03:05 – C'est la coupure de courant.
01:03:07 – Oui, et l'intelligence artificielle lui répond
01:03:09 "mais dans le paradis de la virtualité, nous serions réunis".
01:03:12 Il s'est suicidé.
01:03:14 Donc je pense qu'il y a une information qui est là
01:03:16 et qui permet de dire que c'est comme ça qu'on voit naître une religion,
01:03:20 c'est-à-dire que le virtuel est plus réel que le réel.
01:03:23 On dirait pour les catholiques qui pensent que Jésus, Marie, Joseph,
01:03:26 la virginité, la vie après la mort, la résurrection de la chair,
01:03:29 le corps glorieux, etc.
01:03:31 Bon, c'est une fiction.
01:03:33 Alors après les musulmans qui croient que…
01:03:35 – Il faudrait faire une autre émission sur TVL,
01:03:37 Michel Onfray pour évoquer tout ça.
01:03:39 – Et cette idée que finalement, dans la virtualité,
01:03:42 vous pourriez disposer d'une vie où vous seriez éternel
01:03:45 et que vous pouvez adhérer à ça,
01:03:47 Elon Musk doit adorer.
01:03:49 Et je pense qu'on est à la conclusion.
01:03:51 Je pourrais vous faire une conclusion de conclusion en disant "Mengele aussi".
01:03:54 – Merci beaucoup Michel Onfray d'être venu jusque TV Liberté.
01:03:57 Je vous rappelle à tous, si vous voulez faire l'acquisition de cet ouvrage,
01:04:00 il est en ligne sur TVL.fr.
01:04:02 Ça s'appelle "Anima, vie et mort de l'homme" de Lascaux,
01:04:05 comme les grottes, au transhumanisme.
01:04:07 Merci à tous de nous avoir suivis.
01:04:09 J'espère sincèrement que cette émission vous aura plu.
01:04:11 Si vous ne l'avez pas déjà fait, pensez à la partager.
01:04:14 Si elle vous a intéressé, évidemment, pensez à laisser vos commentaires
01:04:17 que je lis chaque semaine.
01:04:19 Et puis bien sûr, améliorer sa diffusion en cliquant sur le pouce en l'air.
01:04:22 Merci à tous et je vous dis à la semaine prochaine.
01:04:24 À bientôt.
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