L'invité du jour : "Sexologie" : Le roman-photo décalé de Maurice Barthélémy
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h45, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 ...
00:04 -Marthélémy Maurice de son prénom.
00:06 Bonjour. Vous êtes un ancien membre
00:08 de la troupe des Robins de bois.
00:10 C'est nécessaire de dire ça à chaque fois ?
00:13 Ca ne vous ennuie pas ? -Non.
00:14 Je revendique tellement mon appartenance aux Robins
00:17 qu'au contraire, c'est sympa. -Je le referai la prochaine fois.
00:21 Vous êtes réalisateur aussi et auteur.
00:24 Vous venez de publier "Sexologie".
00:26 C'est non pas un roman photo,
00:28 mais c'est un photo-roman. C'est quoi la différence ?
00:31 -En fait, j'ai voulu revisiter un peu le genre du roman photo.
00:35 Plutôt que tout soit en photo, les arrières-plans sont dessinés.
00:39 Ca permet de changer un peu le genre,
00:41 mais surtout de rester concentré sur les personnages
00:44 et l'histoire que ça raconte. -Ca, c'était dans des journaux...
00:48 -Comme "Nous deux". -Oui.
00:50 Avec les acteurs qui mimaient la question.
00:53 -Exactement. -Et dans un vrai décor.
00:55 -Exactement. -Georges demande à Geneviève si...
00:59 Il faisait comme ça.
01:00 C'était très... C'était incroyable.
01:02 Comment est-ce qu'on construit ? C'est plus difficile que ça en a l'air.
01:06 C'est quelque chose de très cadré, organisé,
01:09 comme un découpage de film ?
01:11 -Exactement. Ca se tourne comme un court-métrage.
01:14 Il y a un plan de travail, il y avait même un storyboard
01:17 et on a respecté vraiment...
01:19 Il fallait trouver les décors, les costumes.
01:22 C'est comme un tournage, mais plus léger.
01:25 -D'accord. Vous, vous incarnez Alex.
01:28 C'est le personnage principal.
01:29 Vous pouvez nous dire quelle est son histoire ?
01:32 -Alex, c'est un gars de plus de 50 ans
01:35 qui a un problème dans la vie, il a un problème d'érection.
01:38 Il essaie de comprendre pourquoi il a ce problème.
01:41 La véritable raison, c'est que c'est un gars qui a 50 ans
01:45 et qui a l'impression qu'il ne sert plus à rien.
01:48 -Même pas à ça. -Même pas à ça.
01:50 Donc, il va essayer, petit à petit,
01:52 dans ce photoroman,
01:55 de retrouver un peu de goût à certaines choses.
01:59 -Justement, c'est ça.
02:01 Il y a des scènes cocasses, absurdes,
02:03 mais il y a un sujet plus complexe, finalement,
02:06 presque tabou pour les hommes.
02:08 Vous ne connaissez pas beaucoup de filles.
02:10 "Bonjour, j'ai des problèmes d'érection."
02:13 On ne dit pas ça.
02:14 -C'est vrai que chez les hommes, c'est compliqué d'évoquer ça.
02:18 -Il faudrait en parler.
02:20 On peut avoir des fatigues quand on monte des escaliers.
02:23 Pourquoi serait-ce honteux d'avoir un coup de pompe au lit ?
02:26 Pour moi, c'est pas grave. -Vous avez du vécu ?
02:29 -Ça m'est sûrement arrivé.
02:32 J'ai pas ce souci-là au quotidien,
02:34 mais, ouais, sûrement.
02:36 Vous savez, ça touche quand même
02:38 à peu près 30 % des hommes au-dessus de 50 ans.
02:41 C'est assez courant. -C'est fréquent.
02:44 -Est-ce que, avec humour,
02:46 il y a une volonté de libérer la parole ?
02:49 Je sais pas, moi, de dédramatiser
02:51 cette problématique assez masculine.
02:54 C'est le moins qu'on puisse dire. -Totalement.
02:57 C'est ça, l'idée. Et c'est aussi un peu de rire
02:59 de la situation des hommes de plus de 50 ans.
03:02 J'ai vraiment le sentiment, aujourd'hui,
03:04 qu'on nous culpabilise d'être des hommes
03:07 et d'avoir plus de 50 ans.
03:09 C'était une façon de dire,
03:10 "On a encore 2-3 trucs à dire, à faire,
03:13 "et rions-en."
03:15 -Je peux vous demander votre âge ? -54.
03:17 -Ah oui, quand même ! -Oui !
03:19 -Ouf ! Je peux en parler savamment, moi.
03:21 A titre personnel, vous avez vu des choses
03:25 qui ont changé dans nos vies,
03:27 ou le regard des autres a évolué
03:30 quand on passe 50 ans, ou ça a pas bougé ?
03:32 -Moi, j'ai le sentiment que...
03:35 En fait, on s'est retrouvés,
03:38 pendant longtemps, un peu écrasés
03:40 par la génération du-dessus,
03:41 qui voulait pas trop bouger.
03:43 Et nous, quand on est arrivés,
03:45 on a été poussés par la génération du-dessous.
03:48 Du coup, nous, on a été éjectés très rapidement.
03:52 C'est le sentiment que j'ai.
03:53 -C'est bizarre d'être coincé comme ça,
03:57 genre sandwich, là.
03:58 -On est une génération sandwich.
04:00 -Exactement.
04:01 -Pour le boulot aussi, quand vous avez 54 ans,
04:04 on vous présente un CV, "Ah, vous avez 54 ans."
04:07 -Exactement.
04:08 Exactement. Mais à la limite,
04:10 je prends ça plutôt bien.
04:11 Je me dis qu'il me reste encore 10 ans pour bosser.
04:14 -Vous êtes acteur, c'est peut-être plus facile.
04:17 Y a pas de rôle pour des mecs de 55 ans.
04:19 -Il se trouve qu'il y en a,
04:21 mais je me vis plus comme un réalisateur
04:23 que comme un acteur.
04:24 Je me suis fait à l'idée qu'encore 10 ans de boulot,
04:27 puis après, je passerai au travail.
04:29 -Ah oui ? À quoi ?
04:30 -A quoi ?
04:31 -Faut pas nous dire ça, Maurice.
04:33 -Non, mais je sais pas, je ferai des choses
04:36 que j'ai pas pu faire jusqu'à maintenant,
04:38 peut-être me consacrer à des actions humanitaires.
04:41 Peut-être qu'il faut pas s'acharner
04:43 à faire son métier trop longtemps.
04:45 Je parle pour moi.
04:46 -Oui, c'est pas pour moi, ça.
04:48 Rires
04:50 Faut que je fasse attention.
04:51 Je vais le lire, le photoroman.
04:53 Merci beaucoup, Maurice, de vous être déplacé.
04:56 C'est un photoroman publié chez Michel Laffont.
04:59 -Merci.
05:00 [Musique]