Mardi 13 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Isabelle Spiegel (directrice de l’environnement et membre du Comex, VINCI)
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00:06 Bonjour Isabelle Spiegel, bienvenue.
00:08 Vous êtes donc la directrice de l'environnement, membre du COMEX de Vinci.
00:12 Tiens, je démarre par ça. Est-ce que c'est important d'être présente au comité exécutif ?
00:17 Est-ce que ça veut dire que ces enjeux de développement durable, de protection du climat, de la biodiversité,
00:23 ils sont devenus stratégiques pour Vinci ?
00:26 Oui, évidemment. Les enjeux sont stratégiques et la décision d'avoir une fonction sur l'environnement à temps plein
00:34 au niveau du comité exécutif montre bien l'importance de l'enjeu.
00:38 Il est pris au niveau des instances de direction, au plus haut niveau, parce que c'est un enjeu stratégique.
00:45 Ça veut dire que votre interlocuteur direct, c'est le grand patron.
00:49 Je veux juste qu'on soit bien précis là-dessus et qu'on comprenne bien ce que ça change.
00:53 C'est exactement ça. Je rapporte à Xavier Huillard, PDG de Vinci.
00:58 C'est une prise de conscience, c'est un virage. Vous les datez de quelle époque ?
01:03 La prise de conscience du fait qu'il fallait accélérer, elle date de 2018-2019,
01:09 avec d'abord une première décision qui a été de séparer la fonction développement durable en plusieurs morceaux
01:16 et donc de recruter une directrice de l'environnement.
01:19 En l'occurrence moi, je suis arrivée en 2019 dans le groupe pour porter vraiment l'environnement
01:23 et pour donner un coup d'accélération sur ces enjeux-là.
01:26 Ça veut dire qu'on continue à piloter évidemment les enjeux sociaux, sociétaux, qui sont tout aussi importants.
01:31 On n'est plus dans la continuité et porté par la DRH.
01:34 Je dirais même qu'au niveau du comité exécutif, on a deux fonctions quasi à plein temps sur les enjeux de développement durable.
01:40 On va s'appuyer sur des enjeux de réduction des émissions de Vinci.
01:45 Émission directe, scope 1 et 2, puis émission indirecte.
01:48 D'abord, je regarde les émissions directes.
01:50 L'objectif, c'est -40% d'ici 2030 et l'année de référence, c'était 2018.
01:57 Vous en êtes où aujourd'hui ? Déjà un point d'étape.
01:59 Alors aujourd'hui, on a acté le passage à l'action.
02:02 Donc le fait d'accélérer et de pouvoir commencer à diminuer nos émissions.
02:07 Donc on est à -13% d'émissions réduites de 2018 à 2022.
02:13 Je dirais qu'on est dans la trajectoire qu'on s'était fixée.
02:15 En démarrant un tout petit peu plus faiblement que sur la fin.
02:18 Parce qu'on a aussi de l'inertie dans le fait de mettre la mécanique et la machine en mouvement.
02:22 Donc voilà, on est en ligne avec cette trajectoire.
02:24 Donc a priori, l'objectif -40%, il est tenable ?
02:27 Il est tenable d'autant plus que la manière dont on l'a construit, c'est d'avoir fait une approche un peu bottom-up.
02:33 En listant des actions et pour chacune des actions, de se dire jusqu'où on peut la déployer,
02:38 combien ça nous fait gagner de réduction d'émissions et quels sont aussi les investissements.
02:42 Et on a chiffré un retour sur investissement.
02:44 Donc quand la décision a été prise de s'engager sur les 40%, il y a toujours une part d'incertitude, évidemment.
02:49 Mais je dirais que les patrons de chacun des pôles d'activité sont engagés sur cet objectif.
02:54 Quel est le poste qui permet le plus d'atteindre cet objectif ?
02:57 Le plus efficace en quelque sorte.
02:58 Ce qui est compliqué en environnement, c'est qu'il n'y a pas une recette magique.
03:02 Il n'y a pas la bonne secrète.
03:04 Donc en fait, c'est un cumul de postes.
03:07 On a une grosse flotte de véhicules.
03:09 Donc c'est 40 000 véhicules en France, 80 000 quasiment dans le monde.
03:13 Donc effectivement, l'électrification des véhicules, ça va aider.
03:17 Ça doit se combiner à de l'éco-conduite, évidemment.
03:20 Ça va être sur les postes industriels.
03:22 Donc on a notamment dans la production de bitume des unités industrielles.
03:27 Donc là, c'est fortement consommateur d'énergie.
03:29 Et donc on combine à la fois de l'efficacité énergétique pour réduire les consommations
03:34 et de la décarbonation passée à l'électricité renouvelable.
03:37 L'électricité que vous consommez aujourd'hui est d'origine renouvelable à 38%.
03:42 Ça, c'est le chiffre 2022.
03:44 Là aussi, alors, tout le monde cherche de l'électricité verte.
03:48 Donc ce n'est pas si facile d'augmenter ce niveau.
03:52 Comment vous faites pour sourcer l'électricité verte ?
03:56 Alors d'abord, on a une structuration, je dirais, au niveau des achats.
04:00 Et donc on mutualise, on va dire, un certain nombre d'achats pour pouvoir avoir de la capacité.
04:05 Ensuite, c'est surtout qu'on démultiplie les sources d'électricité.
04:08 Et on a un certain nombre de sites qui autoproduisent leur électricité
04:13 ou une partie de leur électricité par l'installation de panneaux photovoltaïques.
04:17 Donc c'est sur des usines, c'est sur nos bâtiments de plus en plus,
04:20 avec une Elioff par exemple qui vient de se lancer pour Vinci Énergie.
04:24 C'est dans nos concessions, donc aux alentours de nos aéroports, notamment.
04:28 C'est Sunmind avec une première grande installation à Faro qui a été installée
04:32 et qui produit en fait des mégawatts.
04:34 Au Portugal, c'est ça ?
04:35 Depuis l'année dernière, au Portugal, exactement.
04:37 Alors on va y revenir là-dessus.
04:39 Je voudrais rester sur cette question de l'énergie renouvelable.
04:46 Vinci vient d'emporter un appel d'offres pour construire 3 plateformes offshore
04:50 de conversion d'énergie éolienne. Je crois que c'est en Allemagne.
04:54 Est-ce que c'est un tournant pour le groupe, ça ?
04:57 Alors le tournant pour le groupe, c'est effectivement d'aller beaucoup plus fortement
05:01 dans le domaine de la concession d'énergie.
05:04 Donc effectivement, on a des activités énergétiques depuis longtemps avec Vinci Énergie.
05:10 On a racheté Cobra Industrial Services il y a 18 mois maintenant,
05:15 qui a une capacité de développement de grands projets dans le domaine de l'énergie
05:19 et qu'on va garder en concession.
05:22 Alors les grands projets, c'est effectivement d'aligner aux tensions.
05:25 C'est bien sûr de la production.
05:27 Donc on a notre première plateforme solaire qui va générer 600 MW à Belmonte au Brésil,
05:35 qui arrive et qui va produire les premiers ce mois-ci.
05:38 Et effectivement, ce sont des projets comme celui que vous avez cité,
05:41 c'est-à-dire la conversion.
05:42 Ce sont des plateformes énormes pour convertir le courant alternatif en courant continu.
05:45 Oui, c'est-à-dire qu'il y a les éoliennes offshore, les éoliennes marines, c'est ça,
05:49 et il faut ensuite une installation qui est, juste pour bien comprendre,
05:53 qui est sur terre, qui est au sol.
05:54 On ne parle pas de offshore, c'est ça ? Ou est-ce que c'est du offshore ?
05:57 On a une partie qui est offshore, en fait, de conversion, effectivement.
06:00 C'est énorme, c'est vraiment des dizaines de tonnes d'installation
06:05 et qui, effectivement, convertit le courant alternatif en continu
06:09 pour gagner de l'efficacité, éviter la perte de trop grande quantité d'énergie dans le transport.
06:15 Je voudrais qu'on parle maintenant du SCOP3, donc les émissions indirectes.
06:19 Ça engage évidemment toute la chaîne de valeur, les sous-traitants, les clients.
06:23 Là, l'objectif, c'est -20% d'ici 2030 par rapport à 2019.
06:28 Il est un peu moins ambitieux que les SCOP1 et 2.
06:31 On sait que c'est important d'être ambitieux sur le SCOP3.
06:33 Ça veut dire quoi ? C'est plus difficile d'entraîner tous ses partenaires,
06:37 d'entraîner toute sa chaîne de valeur, oui, mécaniquement ?
06:40 Oui, évidemment. Je dirais que le SCOP3, on a pris un choix d'avoir un objectif
06:44 sur l'ensemble de notre SCOP3, alors qu'il serait possible, en fait,
06:47 d'en prendre qu'une certaine partie.
06:48 Donc, nous, on a plutôt décidé de prendre l'ensemble du SCOP3.
06:51 Et effectivement, l'objectif est plus... est ambitieux en étant à -20%,
06:56 mais effectivement, le chiffre est moins important,
06:58 parce que c'est nos impacts indirects.
07:00 Donc, vous voyez bien que sur les autoroutes, on va toucher au trafic directement.
07:05 Donc, c'est l'impact de nos usagers sur les autoroutes, en fait.
07:07 Donc, aujourd'hui, on estime avoir une responsabilité et une influence
07:12 à mener sur ce trafic-là, qui n'est pas complète, mais c'est, par exemple,
07:16 de démultiplier l'installation de bornes de recharge électrique
07:19 pour qu'un véhicule électrique léger puisse, sans aucun problème,
07:23 prendre, y compris l'autoroute.
07:25 - Oui, alors là aussi, je pense que la réponse est compliquée,
07:28 vu l'ampleur et la multiplicité des secteurs dans lesquels Vinci travaille.
07:33 Mais est-ce qu'il y a des secteurs d'activité où c'est plus facile
07:39 d'embarquer sa chaîne de valeur que d'autres ?
07:43 - Alors, je ne sais pas si c'est plus facile, en fait.
07:45 On est un petit peu tous dans le même état d'esprit, les entreprises.
07:49 - Oui, il y a une prise de conscience assez générale.
07:51 - Aujourd'hui, on est dans l'action aussi.
07:52 Donc, il faut avancer et il faut avancer ensemble.
07:55 Il y a encore beaucoup de freins comportementaux, etc.,
07:57 qui font que ce n'est pas facile de passer de quelques démonstrations exemplaires
08:00 à vraiment de la généralisation.
08:02 Ensuite, nous, sur notre scope 3, on s'est concentrés sur certaines actions phares
08:07 sur lesquelles on estime pouvoir pousser un peu plus loin aussi
08:10 la démarche du secteur.
08:12 Donc, sur les matériaux, c'est de se concentrer sur quelques matériaux
08:16 sur lesquels, par contre, si je prends le cas du béton,
08:18 on travaille en partenariat avec des fournisseurs,
08:20 donc de ciment, de béton, etc.
08:22 Et quelque part, on construit à la fois une feuille de route commune
08:25 et on tire en donnant le petit coup complémentaire
08:28 qui nous permettra d'atteindre nos objectifs de réduction.
08:31 - Je voudrais qu'on parle de biodiversité, parce que la biodiversité,
08:34 elle est pendant longtemps passée un peu sous les radars médiatiques et politiques.
08:38 Ça fait peut-être quoi, depuis le début de cette décennie 2020
08:41 qu'on en parle au même titre que le climat ?
08:44 Il y a aussi un engagement global de Vinci sur la biodiversité.
08:50 Ça rentre dans votre périmètre ?
08:52 - Alors, il y a un engagement global sur la biodiversité.
08:55 Il est difficilement quantifiable comparé au gaz à effet de serre.
08:58 Je dirais qu'on peut réduire et faire un calcul chaque année
09:01 parce qu'il n'y a pas d'indicateur commun évident
09:03 et internationalement reconnu sur la biodiversité.
09:06 - C'est d'ailleurs sans doute l'une des raisons pour lesquelles ça a passé un peu sous les radars.
09:09 - Tout à fait, oui, c'est beaucoup plus difficile.
09:11 Mais on a un objectif de tendre vers le zéro pertinente de biodiversité.
09:16 C'est un tendre vers, parce qu'il faut d'abord le définir,
09:19 mais ensuite qui va passer par un certain nombre de relais spécifiques.
09:22 Par exemple, limiter l'action de produits phytosanitaires,
09:25 on a un engagement zéro produits phytosanitaires utilisés.
09:28 - Par exemple dans les aéroports, parce que c'est des espaces importants, les aéroports.
09:32 Vous y êtes déjà, il y a encore un peu de phytosanitaires dans les aéroports ?
09:36 - On va compter le nombre de sites qui sont effectivement aujourd'hui déjà dans un engagement zéro phyto.
09:42 Et on est à 18 sites, je crois, sur 47, 48 plateformes.
09:47 Donc en fait, on met en œuvre des techniques, mécaniques principalement,
09:51 pour lutter contre les espèces invasives, pour tendre, etc.
09:56 sans usage de produits phytosanitaires.
09:58 - Ça veut dire plus de travail, plus de main d'œuvre, plus de temps passé ?
10:01 Parce que là, vous tombez dans des logiques qui sont des logiques presque d'agriculture biologique ?
10:06 - Oui, mais en partie.
10:08 Et donc, ça veut dire travailler avec les bons partenaires aussi,
10:10 ce n'est pas nécessairement uniquement nos équipes.
10:13 C'est tous les délaissés d'autoroutes également.
10:16 Donc oui, ça nous fait faire des pas de côté sur, quelque part, des nouvelles activités
10:20 qui peuvent être aussi un bénéfice pour des nouveaux métiers,
10:24 comme la renaturation, le génie écologique sur lequel on se positionne d'un point de vue business.
10:29 - Alors sur les autoroutes, qui est le symbole absolu de la voiture triomphante,
10:34 évidemment, qu'est-ce que vous faites pour la biodiversité ?
10:36 Est-ce qu'on peut agir pour la biodiversité dans un environnement comme celui-là ?
10:39 - Oui, alors je pense que sur la biodiversité, on a commencé il y a quelques années,
10:44 on va dire, ou il y a 20 ans, à respecter la réglementation.
10:47 Et en fait, à se rendre compte qu'effectivement, l'impact majeur sur la biodiversité des autoroutes,
10:51 c'est la rupture de continuité écologique.
10:54 Donc, ça fait, je dirais, plus de 20 ans qu'on a des écoponts
10:57 et qu'on travaille sur le fait que les espèces puissent déjà traverser l'autoroute sans aucun problème.
11:04 Donc, je dirais qu'on a effectivement un suivi des compétences et une expérience réelles sur ces questions-là.
11:10 Aujourd'hui, en 2023, on va beaucoup plus loin.
11:12 Je viens de citer le mot de renaturation.
11:14 Et effectivement, on a un plan pour Vinci Autoroutes de 200 actions de renaturation,
11:19 c'est-à-dire pour utiliser et valoriser les délaissés d'autoroutes.
11:22 Vous voyez tout ce foncier qui est à côté des autoroutes.
11:24 Et c'est quasiment 500 hectares qu'on va pouvoir renaturer.
11:29 Alors, soit sur des états qui ont été imperméabilisés, des parkings,
11:34 sur nos centres d'exploitation sur lesquels on se dit qu'il y a un petit peu trop de surface,
11:38 donc on peut décaper, redonner à la nature.
11:40 Soit, effectivement, de refaire sur les parties délaissées des poches de renaturation
11:46 de puits de carbone, de biodiversité ou encore de production de solaire.
11:50 Mais là, je sors du champ de la biodiversité.
11:52 Et on va y revenir au solaire, évidemment.
11:54 Par exemple, supprimer des péages sans système de barrière,
11:59 ça peut permettre de regagner du terrain, de l'espace,
12:03 de revégétaliser ces mètres carrés ou ces hectares.
12:06 C'est un très bon exemple, effectivement.
12:08 Et on a des réalisations en fait sur Ayorque en France, pour le coup.
12:11 Mais effectivement, technologiquement, on sait faire.
12:14 On sait effectivement faire payer sans barrière.
12:16 Il y a deux avantages.
12:17 Un, de réduire la consommation liée à la réaccélération après l'arrêt en péage.
12:23 Et puis, en plus, de gagner de l'espace qu'on peut utiliser pour d'autres bénéfices.
12:27 Alors, vous parliez des panneaux solaires.
12:29 Et donc là, on va revenir aux aéroports.
12:31 Parce qu'il y a aussi l'exemple de Lyon, je crois que vous avez cité Faro au Portugal.
12:36 Un aéroport, c'est une emprise au sol qui est évidemment très importante.
12:41 Donc, ça veut dire quel potentiel solaire, en fait ?
12:45 Alors, au total, sur nos plateformes aéroportuaires,
12:49 donc on a un peu plus d'une cinquantaine maintenant dans le groupe,
12:52 on a un gigawatt de potentiel solaire en production, en fait.
12:56 Enfin, en capacité installée.
12:59 Aux abords, effectivement, des aéroports.
13:01 Et ce, en respectant toutes conditions de sécurité, je dirais, parce que c'est important.
13:06 Donc, on a un plan, effectivement, de développement assez massif de cette nouvelle production solaire.
13:13 Qui va pouvoir permettre, un, d'alimenter nos propres besoins, en partie,
13:17 ceux de nos clients, mais également, en partie, d'être réinjectés sur le réseau.
13:20 Et donc, Lyon-Saint-Exupéry, c'est effectivement un de nos pilotes aussi en France,
13:23 qui cumule plusieurs solutions et innovations environnementales.
13:27 Puisqu'on a les panneaux solaires, on a l'hydrogène,
13:30 sur lequel, en fait, ce sera notre plateforme expérimentale.
13:33 Donc, aujourd'hui, on commence déjà à utiliser de l'hydrogène pour des besoins propres.
13:37 A terme, pour les besoins vraiment des autres opérateurs de la plateforme.
13:41 Et puis, encore plus à terme, pour mettre dans les avions.
13:44 Alors, justement, c'est une vraie question, parce que sur l'avenir de l'aviation,
13:48 on en a déjà plusieurs fois parlé et débattu sur ce plateau.
13:52 Est-ce que c'est cohérent d'imaginer une croissance continue du trafic aérien,
13:57 sans solution de décarbonation efficiente, dès aujourd'hui ?
14:02 Vous voyez ce que je veux dire ?
14:03 Parce qu'aujourd'hui, on est à 4 milliards, 5 millions, on revient à peu près au chiffre d'avant Covid.
14:08 Moi, je vois des projections d'aller jusqu'à 10 milliards de passagers transportés chaque année.
14:13 Est-ce que c'est cohérent, ça ?
14:14 Effectivement, le sang, c'est toute la clé dans votre question.
14:19 Donc, non, ce n'est pas cohérent.
14:20 On a des limites physiques sur la planète,
14:22 donc en termes de concentration de gaz à effet de serre,
14:24 en termes de ressources naturelles disponibles, etc.
14:27 Et donc, c'est bien conscient de ces limites-là qu'on va devoir tout mettre en œuvre
14:31 pour continuer à développer des activités, à faire vivre les habitants de la planète.
14:35 C'est bien l'objectif commun.
14:37 Donc, ça veut dire que par rapport à l'aérien,
14:39 oui, on a un enjeu très très fort, parce que les technologies ne sont pas toutes encore disponibles.
14:45 Et donc, nous, notre rôle en tant qu'opérateur de plateforme aérienne,
14:50 c'est d'être capable vraiment de les mettre en œuvre dès qu'elles sont prêtes.
14:53 Donc, si je parle d'avoir des plans de décarbonation fort du trafic aérien,
15:00 et toujours dans cette logique de budget carbone, quelque part,
15:03 parce qu'il y a des technologies qui arrivent un peu tard,
15:05 il faut pouvoir les substituer par des technologies plus courtes termes.
15:08 Et donc, je veux dire, par exemple, l'hydrogène arrivera.
15:11 En attendant, on peut se baser en partie sur des sustainable aviation fuels
15:16 qui sont à base de biocarburants, en fait, donc issus de déchets.
15:20 Alors, ce n'est pas pour toute la majorité.
15:22 L'Europe vient d'augmenter les seuils utilisables.
15:24 Tout à fait.
15:25 Donc, ça, c'est important.
15:26 Et donc, là, ça nous permet, nous, de dire, en fait, sur les plateformes aéroportuaires,
15:29 on est déjà capable de distribuer ces carburants,
15:31 puisque ça a été fait pour Glasgow, la COP26.
15:34 Ça a été fait à Clermont-Ferrand.
15:35 Enfin, on a plusieurs aéroports aujourd'hui en France qui le proposent
15:38 et qui le distribuent déjà.
15:39 Oui. Après, on est dans un autre souci de production de ce carburant de synthèse
15:44 qui ne peut pas répondre à la demande mondiale aujourd'hui.
15:48 Bon, ça, c'est un autre débat qui est passionnant.
15:50 Mais je voudrais m'appuyer un peu sur cette newsletter.
15:53 Vous publiez régulièrement sur LinkedIn une newsletter intitulée "Le temps de l'action".
15:57 Et vous y dites notamment que les entreprises doivent s'appuyer sur les travaux du GIEC
16:02 pour prendre les bonnes décisions. Pourquoi ? Expliquez-nous.
16:06 Je crois que le GIEC a un intérêt, c'est de faire d'abord la synthèse d'état scientifique des connaissances.
16:12 Donc ça, je dirais qu'il y a des éléments qui ne sont pas nouveaux,
16:15 mais par contre, on voit bien qu'il y a une urgence qui se fait de plus en plus sentir.
16:19 Mais surtout, dans sa dernière synthèse, liste des actions assez claires par secteur sur les grandes orientations.
16:26 Et moi, je retiens ce message-là qu'il y a au moins 80 % déjà des efforts qui peuvent être faits d'ici à 2030.
16:31 Je suis plutôt sur le moyen terme.
16:33 Avec des technologies qui sont aujourd'hui à disposition.
16:36 Donc il faut à la fois continuer à préparer le futur, effectivement,
16:39 et mettre en œuvre l'hydrogène de façon massive, etc.
16:43 Mais en même temps, il y a un tas de technologies qui sont déjà disponibles
16:47 et qu'il faut vraiment s'atteler à déployer.
16:50 Et aujourd'hui, c'est vraiment là le temps 2023.
16:53 C'est de dire, on est capable d'expérimenter, on a été capable de démontrer qu'on passait à l'action.
16:58 Maintenant, il faut le massifier, en fait.
17:00 Grâce à quoi ? Au flux financier ? Il faut que la finance s'y mette ?
17:02 Parce que la finance, ce qu'on appelle la finance durable, la finance responsable,
17:04 elle est encore ultra minoritaire aujourd'hui.
17:06 Alors, bien sûr, la finance, et donc il y a la taxonomie,
17:10 il y a un certain nombre de dispositifs, on va dire, réglementaires,
17:13 qui vont réussir à flécher de plus en plus des investissements.
17:17 Mais je pense qu'après, c'est aussi la peur du changement, qui parfois nous empêche d'avancer.
17:21 En tout cas, dans les métiers du BTP, c'est aussi un historique de fonctionnement
17:26 sur des appels d'offres, des lots, etc.
17:29 Et parfois, il faut savoir faire quelques pas de côté pour oser effectivement mettre en œuvre,
17:34 par exemple, une route à 100% cyclée.
17:36 Il y a des réalisations techniques qui, aujourd'hui, fonctionnent,
17:39 qu'on a mises en œuvre chez nous, chez Evinci Autoroute,
17:42 et qui, pour se déployer, méritent aussi d'être connues.
17:45 Puisqu'on parle de flux financier, est-ce que ça veut dire arrêter de financer
17:49 les nouveaux projets d'extension d'hydrocarbures, par exemple ?
17:52 C'est des grandes questions.
17:54 C'est comment on arrive sur la planète à tenir, effectivement, dans les limites.
17:58 Donc, je pense que ça peut aller jusque-là.
18:01 Et en tout cas, je pense que c'est vraiment les débats des COP là-dessus.
18:05 Ce sera très intéressant d'entendre les pays producteurs de pétrole sur ces questions-là.
18:09 Dans l'une de vos newsletters, vous parlez des thèmes d'atténuation et d'adaptation.
18:15 L'atténuation au réchauffement, elle est encore possible.
18:18 Mais c'est vrai que le gouvernement, c'est son rôle, quand on le voit,
18:22 qui anticipe un possible scénario à +4 degrés.
18:26 On peut se demander si le combat n'est pas déjà perdu.
18:30 Vous voyez ce que je veux dire ?
18:32 C'est le rôle d'un gouvernement et en même temps, ça peut nous faire baisser les bras.
18:37 Comment vous analysez ça ?
18:38 Je pense qu'on a longtemps misé sur l'atténuation seule dans les pays européens,
18:42 ce qui n'était pas forcément le cas de tous les pays sur la planète.
18:45 Et aujourd'hui, on est déjà témoin et victime des conséquences du changement climatique.
18:49 Il faut voir les vagues de chaleur, le stress hydrique, etc.
18:53 Donc, effectivement, il est temps et c'est vraiment dû en même temps.
18:57 Il faut continuer à faire tous les efforts possibles pour limiter,
19:00 et ça c'est l'atténuation, pour limiter le changement climatique et ses effets,
19:05 mais en même temps se préparer aussi sur le côté adaptation,
19:09 puisqu'on va faire face dans tous les cas,
19:12 même si on coupait aujourd'hui toutes les émissions de gaz à effet de serre.
19:15 Le GIEC nous dit qu'il y a certains effets qui sont aujourd'hui irréversibles.
19:18 Donc, il va falloir se préparer à de plus en plus d'événements climatiques extrêmes.
19:22 Il y a un dernier thème qui est passionnant pour illustrer la complexité des défis environnementaux de notre époque.
19:29 C'est le zéro artificialisation net.
19:33 Volonté du gouvernement de réduire de 50% l'artificialisation des sols d'ici 2030
19:38 et d'arriver à ce zéro artificialisation net en 2050.
19:42 Est-ce que c'est réaliste ?
19:44 Parce qu'on voit en ce moment, alors peut-être que là je suis un peu court-termiste,
19:48 mais il y a une demande de construction de logements qui est très importante.
19:52 Et puis à côté de ça, on dit zéro artificialisation.
19:55 Donc, est-ce qu'il y a assez de friches industrielles dans les villes ?
19:58 Est-ce qu'on peut avoir assez d'immeubles à rénover ?
20:00 Vous voyez ce que je veux dire. Est-ce que c'est tenable ça ?
20:02 Alors, on a décidé de tenter l'expérience chez Vinci Immobilier,
20:05 d'en faire un objectif stratégique pour le promoteur immobilier du groupe
20:09 et de prendre cet engagement de zéro artificialisation net à l'horizon 2030.
20:13 D'accord.
20:14 Et donc, ça veut dire effectivement changer les modèles.
20:17 On continue à produire, à vendre du logement, des bâtiments de bureaux,
20:21 des résidents gérés, évidemment.
20:23 Mais ça veut dire qu'on va se baser sur du recyclage urbain.
20:25 Donc, cet objectif n'est pas unique.
20:27 Il est doublé d'un deuxième objectif qui est de faire 50% du chiffre d'affaires au moins
20:31 sur la base de recyclage urbain.
20:33 Donc, d'avoir accès effectivement à des friches,
20:35 à des logements ou des immeubles vacants et obsolètes
20:40 et qu'on va effectivement remettre dans le modèle économique.
20:43 Et ça repose bien sûr sur le concept de renaturation aussi.
20:45 Donc, ça c'est votre engagement.
20:47 Mais je repose un peu la question.
20:48 Est-ce que c'est tenable ?
20:49 Est-ce qu'il y a assez de friches industrielles ou d'immeubles à rénover ?
20:52 Oui, quand on regarde les volumes en fait, en France,
20:55 on a des friches industrielles pour le premier objectif de l'État
20:58 qui est de diviser par deux la partie étalement urbain.
21:01 D'ici à 2030, oui, c'est à peu près, grosso modo, le nombre d'hectares disponibles.
21:06 Ça veut dire que ça ne suffira pas.
21:08 C'est qu'il faut chercher autre chose que les friches.
21:10 Donc, sans doute construire en montant un peu plus
21:14 l'essai de l'espace naturel.
21:15 Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue ça.
21:17 Effectivement, ce n'est pas à l'encontre du développement économique
21:20 et de fournir les logements dont on a besoin en France, etc.
21:24 Mais c'est de se dire, le sol et l'espace naturel
21:27 respectent un certain nombre de services écosystémiques,
21:30 à commencer par le stockage carbone d'ailleurs,
21:32 dont on ne peut pas se passer en fait.
21:35 Merci beaucoup Isabelle Spiegel et à bientôt sur Bsmart.
21:40 On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.
21:42 C'est Smart Ideas.
21:43 -Merci.