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00:00 On passe aux invités de France Bleu Isère, on se penche ce matin sur la lutte contre le harcèlement scolaire.
00:05 Oui, le ministre de l'Éducation nationale veut en faire une priorité de la rentrée prochaine.
00:09 On va revenir sur les mesures et puis le constat.
00:11 Plusieurs centaines de milliers de jeunes harcelés chaque année en France.
00:15 Appelez-nous si vous souhaitez témoigner.
00:17 Et pour vous répondre jusqu'à 8h, les deux référents de l'Académie de Grenoble,
00:21 chargés de la lutte contre le harcèlement scolaire, Caroline Fourgnol et Régis Vivier.
00:25 Bonjour à vous.
00:26 Bonjour.
00:27 Merci d'être avec nous ce matin.
00:29 Avant de commencer, j'aimerais vous faire entendre une personne qu'on a au standard.
00:33 Christine, bonjour. Vous nous appelez de Saint-Nazaire-les-Aimes.
00:36 Vous souhaitiez réagir, apporter votre témoignage.
00:39 Oui, parce qu'en fait, si vous voulez, ça m'émeut.
00:42 Tout ça m'émeut parce que je trouve que, déjà d'une part, c'est inacceptable,
00:47 c'est scandaleux qu'on demande à la victime de changer d'établissement.
00:52 En fin de compte, il faut virer les troubles faits qui sont dans les écoles
00:56 et laisser les parents se démerder avec eux.
00:59 Honnêtement, on a notre petit-fils qui va rentrer en 6e.
01:03 Ce que nous avons là, ça me…
01:05 On entend votre émotion, Christine.
01:08 Et on a peur. On a peur parce qu'on voit ce qui se passe
01:12 et que malheureusement, c'est toujours la victime qui doit se débrouiller,
01:17 qui doit changer d'école.
01:19 Et puis, une deuxième chose…
01:21 On va y aller rapidement, Christine, pour que les invités puissent répondre.
01:24 Je voudrais savoir pourquoi on ne supprime pas les allocations familiales, sociales
01:28 à toutes ces familles qui ont des enfants qui font ça.
01:31 Ça les remettrait peut-être sur les rails et ça leur permettrait…
01:34 Ils s'occuperaient peut-être enfin de leurs gamins.
01:36 On entend votre point de vue, Christine, et votre émotion, effectivement, ce matin.
01:40 Il y a des évolutions qui sont prévues justement par l'Éducation nationale à la rentrée prochaine.
01:44 On va en parler avec vous, Caroline Fourniole, Régis Vivier.
01:47 On est en plein dans le sujet des parents, des grands-parents désemparés.
01:51 Comment vous pouvez les aider ? Quel est votre rôle de référent ? Expliquez-nous.
01:55 Oui, bonjour. Merci tout d'abord de nous recevoir pour cette matinale,
01:59 alors que c'est une problématique qui touche vraiment nos écoles
02:05 et qui est une problématique sociale très importante aujourd'hui.
02:08 On entend l'émotion de cette grand-mère, de cette grand-maman, Christine.
02:11 Et je voudrais d'abord lui répondre en lui disant que cette inquiétude,
02:15 cette peur, cette colère aussi, par rapport à ce que pourrait traverser
02:20 un enfant qui se retrouve en difficulté, c'est vraiment ce qui motive notre action.
02:26 Et Madame la rectrice dans l'Académie de Grenoble a mis en place,
02:29 sous l'impulsion de notre ministre, le déploiement de phares,
02:33 qui est un dispositif extrêmement précis et présent dans chaque établissement,
02:39 chaque collège et chaque école primaire aujourd'hui, qui sera demain dans les lycées.
02:43 Et l'objectif, c'est vraiment d'apporter toute la sécurité nécessaire à chacun des enfants.
02:49 Quand un enfant arrive à l'école, il est confié par ses parents à notre institution.
02:55 Et nous sommes garants de la sécurité de cet enfant et de pouvoir tout mettre en œuvre
02:59 pour que cet enfant puisse apprendre dans les meilleures conditions.
03:02 - Est-ce que vous constatez que le phénomène est en augmentation ces derniers mois, ces dernières années ?
03:07 - Alors, il est... - J'y suis fait. - Merci, merci également.
03:12 L'école est à l'image de la société, on va être clair.
03:16 On voit bien qu'au niveau sociétal, on a une inquiétude, une inquiétude sociale, des violences.
03:23 Malheureusement, les derniers événements, les derniers jours nous le rappellent à chaque instant.
03:28 Donc l'école n'est pas préservée de ça. Bien évidemment, c'est même un prisme,
03:31 puisque l'école, ça parle à tout le monde. C'est le lieu de vie, 8 heures par jour,
03:35 voire 24 heures sur 24 des élèves, pour la plupart.
03:40 Et donc, tout le monde se reconnaît dans l'école.
03:43 Et donc du coup, bien évidemment, on a ces phénomènes qui sont de plus en plus présents, prégnants.
03:52 Mais en même temps, on en parle plus. C'est aussi pour ça qu'on a des chiffres qui paraissent,
03:59 comme ça, a priori en augmentation. Le but, c'est bien évidemment de pouvoir faire libérer la parole,
04:06 de pouvoir prendre en charge de manière individuelle chacun des élèves qui peuvent être victimes.
04:12 - Concrètement, combien de situations vous gérez aujourd'hui ?
04:15 - C'est le ministère, je laisse le ministère communiquer là-dessus.
04:19 Nous, on s'attache surtout à développer le lien avec les établissements, les écoles et les familles.
04:26 C'est-à-dire qu'on a, depuis quelques années, plus de moyens d'être informés.
04:32 On est informés vraiment au quotidien, plusieurs, mais plusieurs, plusieurs, j'allais dire, voies.
04:40 Bien évidemment, les deux plateformes, il faut les donner, je pense à votre antenne,
04:43 le 30/20 pour le harcèlement et le 30/18 pour le cyberharcèlement.
04:46 Donc, chacun des signalements est pris en compte.
04:49 On a un réseau de 25 référents départementaux sur l'ensemble des cinq départements.
04:53 A chaque fois qu'il y a une situation, on a le lien avec notre référent départemental
04:57 qui prat attache auprès de la famille et auprès de l'école ou du collège, ou lycée, enfin voilà, 1er, 2nd degré.
05:02 - Et ces deux numéros, on les mettra également sur notre site France Bleu.
05:05 - Et on vous en remercie.
05:06 - Ensuite, on a les chefs d'établissement et les directeurs d'école qui, tous les jours,
05:10 nous font les remontées de ce qui se passe dans leur établissement.
05:12 Et nous, évidemment, avec ma collègue Caroline Fourniol,
05:15 on essaie de regarder ce qui relève du harcèlement, parce qu'il y a toutes formes de violences.
05:18 Et enfin, on a, nous, on traite effectivement tout ce qui arrive aussi au cabinet de Mme Larrectrice,
05:23 qui est directeur académique de l'épargne, sachant que Mme Larrectrice, bien évidemment, au quotidien,
05:28 on a été encore avec elle hier après-midi, fait des points réguliers avec nous sur chacune des situations.
05:35 - On retourne au standard avec Patrick Noblillot.
05:38 Bonjour, vous êtes président de l'association Génération Désenchantée à Bourgogne-Jalieu.
05:43 C'est une association qui a été lancée le mois dernier et vous êtes déjà beaucoup sollicité.
05:48 - Alors oui, bonjour.
05:50 - Bonjour.
05:51 - On est sur Bourgogne-Jalieu et on a lancé l'association pour la déclaration à la préfecture le 1er juin.
05:58 Mais ça fait déjà depuis neuf mois qu'on est sur le terrain, donc déjà sur les réseaux sociaux.
06:03 On a mis une boîte MP pour répondre à cette préoccupation que les jeunes se sentaient seuls.
06:08 - Et combien de signalements vous avez eu en neuf mois ?
06:11 - Je mentirais si je dis que j'en ai moins de 1 000 ou 2 000.
06:15 - Ah oui, carrément.
06:16 - Il faut savoir qu'il y a un million d'élèves répertoriés qui sont victimes de harcèlement scolaire par an en France.
06:23 Donc voilà, c'est un petit pourcentage.
06:26 Et c'est vrai que nous on s'occupe beaucoup de l'hiver et du nord-hiver.
06:29 Et notamment on s'occupe actuellement d'un coin de la Bièvre-Hiver, où on a déjà 5 cas sur le même établissement, dont un suicide.
06:38 - On entend effectivement l'afflux de signalements qui arrivent.
06:43 Comment Caroline Fourniole et Régis Vivier vous faites à partir d'un signalement ?
06:47 Quelle est la procédure ? Expliquez-nous le cheminement, comment vous travaillez ?
06:51 - Alors comme le disait mon collègue, les signalements nous arrivent par plusieurs canaux.
06:54 Un parent qui est en difficulté, est conseillé par le chef d'établissement ou par ses réseaux, ou par ce qu'il a entendu à l'antenne, ce 3020 ou ce 3018.
07:04 Donc nous avons des parents qui appellent spontanément pour parler de leur souffrance.
07:07 Et nous vous encourageons, les parents qui nous écoutent, à systématiquement déposer cette alerte.
07:13 Les parents sont alors rappelés personnellement par des personnels formés,
07:17 qui évaluent le degré d'urgence de la situation et qui mettent les parents en relation avec un référent départemental,
07:25 qui sont des assistants sociaux, des infirmiers, des chefs d'établissement, des inspecteurs du premier degré,
07:30 qui sont formés à la problématique du harcèlement scolaire.
07:33 Parce que harcèlement scolaire, cela veut dire dans le lieu de l'école.
07:36 Donc c'est important d'avoir des professionnels de l'institution qui traitent ces situations.
07:41 Et puis l'autre alerte vient de nos chefs d'établissement, qui nous appellent pour du conseil,
07:47 pour demander une assistance sur des signaux faibles qui remontent, une situation d'élève qui s'enquiste.
07:53 - Quels sont les signes ?
07:55 - Alors justement, peut-être nous parlons du harcèlement depuis tout à l'heure.
07:58 Peut-être déjà revenir sur ce qu'est le harcèlement scolaire.
08:01 C'est à la base un enfant en détresse, qui n'a pas les ressources pour faire face à une situation de violence masquée,
08:10 verbale, physique, morale.
08:13 Cela peut commencer par des petits signes, peut-être des micro dysfonctionnements.
08:18 Et ce qui fait vraiment le point clé d'une situation de harcèlement, c'est la notion de répétition.
08:25 C'est un enfant qui, du matin au soir, dans différents lieux,
08:29 se trouve accompagné par des colibés, par des éléments qu'il déstabilise dans son estime de lui.
08:37 - Il faut y faire attention.
08:39 - Donc ce qui est très important dans les signes, quand on est parent,
08:42 quand on est dans l'institution, en tant que professionnel,
08:48 ce qui est très important, c'est de repérer les changements de comportement.
08:51 Un enfant introverti qui va se renfermer encore plus,
08:56 ou un enfant extraverti qui lui va devenir de plus en plus exubérant.
09:02 Un enfant exubérant qui va très bien, qui est positif, etc.
09:07 Ça peut aussi être un signe d'alerte par rapport à un enfant qui s'isole.
09:11 - Très rapidement, parce qu'il reste 30 secondes,
09:13 sur les mesures à la rentrée prochaine qui vont être mises en oeuvre ?
09:17 - Dans le cadre du programme PHAR, puisque l'Académie de Grenoble est engagée,
09:20 on a bien évidemment un travail au niveau de la formation.
09:23 On va continuer le développement de la formation chez les professionnels,
09:26 comme vient de le dire Caroline.
09:28 Ce sont des milliers de personnes qui sont formées au sein de notre institution et de notre Académie.
09:33 Le ministre continue aussi de suivre de très près,
09:37 avec des heures banalisées qui sont déjà d'orger,
09:41 et qui vont continuer d'être mises en place au sein des établissements et des écoles,
09:45 pour informer encore plus les élèves et les rassurer.
09:50 Car il faut le dire, si on arrive à la fin,
09:54 je tiens à préciser que l'école reste un lieu sécure pour nos enfants.
09:58 - C'est important de leur rappeler.
10:00 - C'est sans doute un des lieux les plus sécurisés de notre société pour un enfant.
10:04 - Un tout dernier témoignage très rapidement.
10:06 Cyril, bonjour, vous nous appelez du plateau du Vercors.
10:09 - Oui, tout à fait, bonjour à tous.
10:11 Je suis le papa d'une jeune fille qui a été harcelée à partir de la 5ème.
10:16 Du coup, on a essayé de trouver de l'aide un peu de partout,
10:25 et on n'en a pas trouvé.
10:29 On a d'abord essayé d'être entendus par les responsables du collège.
10:33 - Ces numéros, les deux numéros qu'ont donné les référents, le 31 et le 30-18,
10:37 vous les avez essayés, Cyril, ou pas ?
10:39 - Alors, à l'époque, non.
10:41 - Ça n'existait pas.
10:42 - Donc là, ça remonte à 5 ans maintenant.
10:46 Donc ma fille a été déscolarisée suite à ça.
10:50 C'est-à-dire qu'elle était une très bonne élève,
10:53 et puis petit à petit, elle n'a plus voulu aller à l'école.
10:56 Et nous, on n'a rien vu du tout, en fait.
10:58 Au début, on ne s'est pas du tout rendu compte,
11:00 parce qu'il faut savoir que les victimes de harcèlement
11:04 font tout pour que ça ne se sache pas.
11:07 - Merci, Cyril. Je suis désolé, je suis obligé de vous couper.
11:12 On a en tout cas bien entendu votre témoignage,
11:14 et ça recoupe peut-être la première personne qu'on a eu au tout début
11:17 sur les victimes de harcèlement qui sont déscolarisées
11:20 ou qui quittent l'établissement, qui changent d'établissement.
11:23 Le but à la rentrée, c'est aussi de changer cela,
11:26 que les agresseurs soient eux changés d'établissement.
11:28 - Voilà. Donc le ministre a réaffirmé sa volonté
11:30 d'accompagner les chefs d'établissement
11:32 pour que cela puisse se faire effectivement.
11:34 Dire aussi que dans chaque établissement,
11:36 nos équipes protectrices doivent mailler l'ensemble de l'établissement
11:40 pour que ces situations masquées soient dévoilées.
11:43 Et puis nous travaillons avec les parents,
11:46 nous travaillons avec nos formateurs.
11:48 Nous avons multiplié par 6 le nombre de formateurs engagés.
11:51 Nous sommes aussi en lien avec la recherche
11:54 pour justement avoir des dispositifs plus efficaces,
11:57 une stratégie de détection et d'intervention efficace.
12:01 - Merci beaucoup à tous les deux, Caroline Fourgnol et Régis Vivier,
12:04 d'avoir été avec nous ce matin.
12:06 Beaucoup d'appels aux standards, on n'a pas pu tous les prendre.
12:08 On sent que c'est un sujet sensible et qui touche beaucoup de monde.
12:11 Merci d'avoir été avec nous et on espère que ce sera utile.

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