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Regardez L'invité de RTL du 14 juin 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL Matin
00:06 Excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Il est 7h44. Amandine Légault, vous recevez donc ce matin le ministre de la santé François Braune.
00:12 François Braune, évoquons d'abord ces pénuries de médicaments. Emmanuel Macron a annoncé hier son intention de relocaliser en France la production d'une
00:19 cinquantaine de médicaments essentiels, dont 25 très prochainement. Vous vous dévoilez une liste de
00:26 150 molécules pour lesquelles les fabricants vont devoir fournir quatre mois de stock. Ça va de l'amoxycyline
00:31 au paracétamol, en passant par un certain nombre de vaccins, des traitements contre l'épilepsie
00:36 également dont on a beaucoup manqué ces dernières semaines.
00:39 Ça veut dire quoi ? Que tous nos auditeurs qui galèrent depuis des mois n'ont plus de soucis à se faire pour leur traitement ?
00:44 Ça veut dire que toutes ces mesures font partie d'une stratégie beaucoup plus globale,
00:49 qui a été voulue par le président de la république il y a déjà
00:54 quelques années, qui est de rendre à la France sa souveraineté en termes de médicaments. La France et à l'Europe, puisque
00:59 bien sûr ce sujet n'est pas que français, il est européen et très régulièrement j'échange avec mes collègues
01:04 européens sur le sujet. Donc c'est quoi ? C'est identifier, ce sont les professionnels qui l'ont fait, une liste de médicaments
01:10 essentiels, qui sont ces médicaments avec lesquels on peut avoir un système de santé qui fonctionne normalement.
01:15 Parmi ces médicaments, il y en a bien sûr qui sont
01:20 indispensables et assez rares d'utilisation. Il y en a qui sont très fréquents, par Stamol par exemple.
01:25 Et pour tous ces médicaments, la volonté est de suivre de très très près les lignes de production,
01:29 depuis l'usine jusqu'à la pharmacie, pour s'assurer qu'il n'y a pas de rupture et s'assurer que ces médicaments sont bien à disposition.
01:37 Sauf que j'imagine monsieur le ministre qu'il ne suffit pas de dire aux industriels
01:40 "faites des stocks" pour que ce soit le cas. De quels moyens de pression
01:43 disposez-vous ? Alors il n'y a pas que cette question de stock. On parle beaucoup de ces questions de stock, mais elle existe déjà.
01:49 Elle existe déjà pour 400 médicaments,
01:51 dans le cas des discussions que nous avons avec les industriels. Il n'y a pas que ça, il y a des problèmes
01:56 simplement de production, il y a des problèmes aussi qui sont saisonniers.
02:00 On voit bien, il y a des médicaments qu'on va plus utiliser en hiver, l'amoxyciline, le paracetamol. Donc il faut faire varier aussi ces stocks
02:06 en fonction des besoins. Il y a cette
02:09 surveillance. On met toutes ces lignes de médicaments sous la loupe et puis les médicaments pour lesquels il y a une
02:15 criticité importante pour les patients, mais aussi pour notre souveraineté industrielle.
02:18 Et bien c'est la volonté du président de
02:20 relocaliser ses gènes de production en France. L'économiste de la santé Frédéric Bizarre disait hier "on ne relance pas la production pharmaceutique par injonction
02:27 présidentielle". C'est vrai, pourquoi est-ce qu'il suffirait de dire aux industriels "vous produisez chez nous" ?
02:33 Est-ce qu'il ne faut pas augmenter par exemple les prix des médicaments justement pour les attirer ? Vous y êtes prêt ?
02:37 J'étais hier avec le président de la République, comme vous savez en Ardèche. On voit des industriels qui sont particulièrement mobilisés.
02:43 Ce n'est pas n'importe quelle industrie quand on fabrique des médicaments. On a aussi une volonté d'apporter cela. Donc la mobilisation est là.
02:50 La question du prix, c'est une question qui revient très régulièrement avec des comparaisons qui sont
02:55 pas possibles à faire entre les pays. Je me tourne vers monsieur Langley, c'est extrêmement
02:59 compliqué. Mais bien sûr ça fait partie de la discussion.
03:02 La première ministre a lancé il y a quelques mois un groupe de travail spécifique avec les industriels
03:08 pour remettre un petit peu à plat notre politique de prix. Mais ce qui est important aussi, vous savez moi je dois
03:13 aussi m'assurer que les médicaments les plus innovants,
03:17 souvent plus chers, soient aussi à la disposition de nos compatriotes.
03:20 La production en France d'un mot quand on dit 25
03:23 médicaments très prochainement, c'est quoi très prochainement ? Dans un mois, dans six mois, ça ne se construit pas comme ça une usine ?
03:29 Alors ce n'est pas uniquement des constructions d'usines. Comme on l'a vu hier chez le laboratoire à Guétan, c'est l'augmentation de lignes de production.
03:36 Donc dans les semaines qui viennent, la relocalisation va être
03:41 précisée. Le président de la république l'a dit hier pour 25 de ces 50 médicaments qui ont été identifiés encore plus essentiels
03:48 aussi d'un point de vue industriel.
03:50 Dans la logique
03:52 des investissements pour la santé, vous savez que dans le cadre de France 2030, il y a 7 milliards et demi qui sont investis.
03:59 Mais du coup c'est pour quand ? Pour l'hiver prochain il n'y aura pas de pénuries ?
04:01 On va avoir des pénuries encore. Je crois qu'il faut être très très clair.
04:04 On va avoir des risques de rupture de stock. Moi ce que je veux simplement c'est qu'on ait peut-être par moment,
04:09 quand c'est un peu tendu, moins de stock. Mais que les français puissent toujours trouver les médicaments dont ils ont besoin.
04:14 Ça va être encore compliqué l'hiver prochain, mais croyez bien que je suis entièrement mobilisé là-dessus.
04:19 Autre sujet d'inquiétude, c'est la question des déserts médicaux.
04:23 6 à 8 millions de français concernés. Le sujet est actuellement au coeur des discussions à l'Assemblée.
04:28 Il y a notamment cet amendement qui doit être débattu aujourd'hui et qui vise à durcir les conditions d'installation des médecins.
04:33 En clair, fini la liberté d'installation. On les pousserait ou on les contraindrait à s'installer.
04:38 Là où on manque de médecins, vous n'en voulez pas ? La première ministre n'en veut pas non plus ? Pourquoi ?
04:43 Parce que ça ne marche pas.
04:46 Pensez bien que si c'était aussi facile, si on réglait les problèmes des déserts médicaux simplement en disant on va obliger les médecins à s'installer,
04:52 j'aurais fait depuis longtemps. Ça aurait été beaucoup plus simple et les débats auraient été beaucoup plus...
04:56 Sauf que l'incitation ça ne fonctionne pas non plus. Tous les ministres de la Santé,
04:59 au cours des 20 dernières années, ont chacun pondu un plan, si je peux me permettre, avec un certain nombre d'incitations.
05:05 Et à l'arrivée, le problème, il est toujours là.
05:07 Il n'y a pas que l'incitation qui va faire fonctionner. Je prends un exemple. C'est quoi un désert médical ?
05:12 Alors on parle beaucoup de l'Allemagne, on a imposé aux médecins, c'est très bien, c'est extraordinaire.
05:16 Déjà, le problème de pénurie médicale, il est partout en Europe, il est partout dans le monde.
05:21 C'est vraiment un problème structurel de nos systèmes de santé.
05:23 Collégalement, ils disent qu'un désert médical, c'est quand on est en dessous de 60 médecins pour 100 000 habitants. C'est la définition.
05:30 Et bien si on prend cette définition en France, nous avons deux déserts médicaux en France, Wallis et Futuna et Mayotte.
05:37 Pourquoi je vous dis ça ? Pour autant, il y a des déserts médicaux. Pour autant, on a nos concitoyens qui ont du mal à trouver un médecin.
05:42 Et bien, ce n'est pas uniquement le nombre qui est important, c'est le temps médical.
05:46 Collégalement, ils ne passent pas du temps à remplir des papiers, à faire des certificats. Et moi, ma stratégie, ma politique,
05:51 celle qui est soutenue par le gouvernement, c'est un, effectivement, d'avoir des incitations pour aller dans ces territoires.
05:56 On va parler de la quatrième année de médecine par exemple. Mais c'est surtout de redonner du temps médical.
06:01 Redonner du temps médical, supprimer les procédures administratives,
06:06 faire travailler les médecins avec les autres professionnels de santé, ça redonne du temps médical.
06:10 Dans la loi RISTE, nous avons permis aux infirmiers, aux sages-femmes, aux pharmaciens de faire eux-mêmes les vaccinations.
06:16 Ça fait gagner du temps médical. C'est ça qui fonctionne.
06:19 On ne rénovera pas le système de santé sans les médecins. On ne rénovera pas le système de santé en les braquant.
06:25 On va avoir des résultats qui seront pires que la situation actuelle si on impose ces installations.
06:29 Vous dites ce matin aux députés qui seraient tentés de voter pour cet amendement, ne le votez pas, vous risquez de mettre le feu à notre système de santé ?
06:35 Vous ne risquez pas, vous mettrez le feu à notre système de santé. La situation demain, c'est pas dans dix ans, demain sera pire qu'aujourd'hui.
06:42 Ne refaisons pas l'erreur historique du numerus clausus que nous payons encore 40 ans après.
06:49 Si on applique toutes ces mesures sur lesquelles vous travaillez actuellement, vous parlez notamment de cette quatre millième année
06:56 de médecine pour les internes en médecine générale,
07:01 à quelles séances est-ce qu'on peut voir une amélioration ? Ça va se passer à dix, vingt ans ?
07:05 Non, on va avoir une amélioration
07:08 plus rapide. C'est bien sûr mon objectif, on ne peut pas rester dans la situation actuelle.
07:12 Très honnêtement, je pense que notre système de santé qui est
07:16 encore en difficulté
07:18 est en train de mettre la marche avant. Ça y est, nous sommes en train de repartir. On a vu l'été dernier,
07:23 on a réussi à passer ces crises. L'été, l'hiver, on a oublié quand même. Il y a eu plusieurs crises déjà successives.
07:29 Je crois que les professionnels de santé voient que les efforts sont faits par ce gouvernement pour apporter des meilleures conditions de travail.
07:35 Mais ça n'ira pas assez vite. Je l'ai dit dès que je suis arrivé il y a bientôt un an, j'ai dit on ne va pas régler
07:41 en quelques mois 40 années de difficultés au niveau de notre système de santé.
07:45 Les choses vont s'améliorer, commencent à s'améliorer, ça va continuer.
07:50 Je pense que les français vont voir des choses assez rapidement. Vous savez, le programme pour tous ces patients chroniques à qui nous fournissons un médecin traitant
07:57 mission engagée avec le président de la république pour la fin de l'année, ça commence à marcher.
08:00 Près d'un tiers, on leur a déjà
08:03 retrouvé un médecin traitant. François Braun, vous le disiez, ça fait bientôt un an que vous êtes ministre. On parle beaucoup de
08:07 remaniement ces derniers jours. Est-ce que vous serez dans le prochain gouvernement ? Vous le souhaitez en tout cas ?
08:11 Madame Mégault, je crois que vous disiez que vous aviez beaucoup de questions.
08:14 Je pense que j'ai assez de sujets de préoccupation aujourd'hui. Il n'y a pas certains jours où vous dites que j'étais plus utile
08:20 dans un service d'urgence ? Non, j'espère être utile par la politique que je porte
08:26 sous l'autorité de la première ministre et avec l'axe qui a été formé par le président de la république. Mais franchement,
08:32 ce que je pense le matin en brasant, c'est vraiment à la santé des français.
08:37 Merci beaucoup François Braun.
08:40 vite que...
08:41 Merci à tous !

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