Raphaël Gans, membre du bureau du syndicat UNSA-Education

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00:00 et professionnels de Gironde vont ploncher sur un des trois sujets proposés dans quelques minutes.
00:04 Et pour en parler ce matin, Raphaël Gans, professeur au lycée Moriaca Bordeaux
00:08 et membre du bureau du syndicat d'Unsa Education, répond à vos questions.
00:12 Marie Roarcha.
00:13 - Bonjour Raphaël Gans.
00:14 - Bonjour Marie.
00:15 - Première année d'application réelle du bac Nouvelle Formule,
00:19 décidée par l'ancien ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
00:22 La plupart des bacheliers qui passent l'examen ce matin
00:25 savent déjà plus ou moins s'ils ont ou pas leur bac.
00:27 Alors est-ce qu'elle a vraiment encore son importance cette épreuve de philo ?
00:30 - Ce serait difficile de dire qu'elle n'a pas d'importance,
00:34 ne serait-ce que parce que la majorité des élèves sont restés relativement sérieux.
00:38 Lorsqu'on parle d'absentéisme des élèves, lorsqu'on l'a évoqué ces dernières semaines,
00:43 on parle quand même d'une minorité qui est peut-être plus importante
00:46 mais qui reste très largement une minorité.
00:49 On a quand même entre 85 et 95% des élèves qui sont restés en classe.
00:53 Donc visiblement, ils prennent les épreuves terminales assez au sérieux
00:57 pour pouvoir rester.
00:58 - Oui, parce que vous disiez, ils sont restés en classe,
01:01 il n'y a pas trop de désengagement parce qu'effectivement
01:03 ils ont passé leurs épreuves de spécialité en mars,
01:05 c'est ça aussi un des aspects de cette réforme.
01:08 Et depuis, il reste la philo et le grand oral,
01:10 c'est tout ce qu'il leur reste à passer à ces élèves.
01:12 - Exactement.
01:13 Et en fait, ça reste des épreuves importantes
01:16 puisque ça rentre dans les 60% du baccalauréat.
01:20 Certains sont à peu près convaincus de l'avoir
01:25 et leur ont très probablement, et savent qu'ils l'auront déjà.
01:29 Mais d'autres ne sont pas encore garantis.
01:32 Et puis, il y a d'autres enjeux derrière.
01:38 Ça peut être une mention, et puis simplement,
01:41 c'est aussi un challenge personnel.
01:43 - Est-ce que finalement, ça ne limite pas la pression
01:45 qui repose sur les épaules de ces élèves,
01:47 de cette épreuve qui arrive en toute fin d'année,
01:49 après l'essentiel de l'année, si je puis dire ?
01:52 - Je ne sais pas.
01:53 Je pense qu'effectivement, la pression est moins forte
01:56 d'après ce que j'ai pu constater auprès de mes élèves.
01:59 Maintenant, de là à en tirer un enseignement général,
02:03 c'est extrêmement compliqué.
02:05 Je pense qu'il va falloir attendre quand même quelques années
02:07 pour avoir un retour réel.
02:12 Par contre, le stress avant les épreuves de mars,
02:16 lui, il est extrêmement important
02:18 parce que là, le temps de préparation est très condensé.
02:22 C'est assez difficile et particulièrement stressant
02:25 pour les élèves et pour leurs enseignants de spécialité.
02:27 - Oui, c'est la question que j'allais vous poser.
02:29 Vous le disiez, on n'a pas encore assez de recul sur cette réforme.
02:31 C'est la première année où elle est véritablement appliquée.
02:33 Est-ce que vous avez déjà un regard, un avis
02:35 sur sa première application complète ?
02:38 - La plupart des enseignants de spécialité,
02:43 la plupart des organisations syndicales, dont la mienne,
02:48 ont toujours dit que les épreuves devaient se terminer en fin d'année
02:52 pour pouvoir faire l'ensemble du programme
02:54 et pour pouvoir le faire dans de bonnes conditions.
02:57 Dans la situation actuelle, ça reste extrêmement stressant.
03:01 On peut entendre que ce soit nécessaire pour parcoursus,
03:03 mais le problème, c'est peut-être justement
03:06 la gestion de l'orientation,
03:09 la gestion administrative de l'orientation.
03:10 Et peut-être qu'on devrait repenser la gestion de l'orientation
03:13 en fonction des intérêts pédagogiques des élèves
03:16 et non pas en fonction d'un intérêt administratif
03:19 de gestion de l'entrée dans le supérieur.
03:23 - Et les 7h49 sur France Bleu, Gironde,
03:25 le bac de philosophie que passe nos Girondins ce matin.
03:27 On en parle avec notre invitée,
03:28 Raphaëlle Gans, professeure au lycée Moriaca-Bordeaux
03:30 et membre du bureau du syndicat Une Salle Éducation.
03:33 - Évidemment, Jeannelle le rappelle à l'instant,
03:34 l'actualité cesse au bac de philo.
03:35 C'est aussi malheureusement le harcèlement scolaire.
03:37 On en parle beaucoup ces jours-ci,
03:40 avec le gouvernement qui réclame une heure de sensibilisation.
03:43 Alors c'est au collège, c'est pas forcément au lycée,
03:45 mais cette semaine, à une époque où les élèves
03:48 sont moins présents, moins concentrés,
03:51 peut-être les grandes vacances approchant,
03:53 les syndicats dénoncent en tout cas une décision prise à la va-vite.
03:56 Est-ce que c'est également votre opinion ?
03:58 - C'est très largement improvisé,
04:01 parce que de toute façon, on a déjà des dispositifs.
04:03 Des dispositifs qui ont été mis en œuvre depuis la rentrée.
04:06 On a un dispositif phare qui a été expérimenté à partir de 2019
04:10 et qui a été généralisé en 2022, à la rentrée 2022.
04:14 Donc, qui est en cours de mise en œuvre,
04:19 qui est en train d'être mis en œuvre,
04:21 il est certain que ça ne donne jamais effet tout de suite
04:25 et qu'on pourra juger des effets à long terme.
04:28 Maintenant, c'est vraiment une réaction à chaud
04:32 à des drames qui ont eu lieu cette année.
04:34 On a eu trois drames,
04:37 presque successivement durant l'année,
04:39 de suicides d'enfants.
04:42 Et c'est des affaires extrêmement malheureuses.
04:44 Mais on ne peut pas préjuger du succès
04:49 d'une politique de lutte contre le harcèlement
04:52 à partir de ces trois drames.
04:54 Et on ne peut surtout pas improviser une politique
04:57 et une heure de formation sur le harcèlement
05:00 à partir des drames qui ont eu lieu.
05:03 - Évidemment, on parle beaucoup de ce sujet
05:05 à cause de ces drames que vous évoquez.
05:08 Est-ce que le harcèlement scolaire, c'est une problématique
05:11 auxquelles les enseignants, comme vous,
05:13 peut-être dans votre établissement,
05:14 êtes confrontés ?
05:15 Peut-être pas au quotidien, mais en tout cas régulièrement.
05:17 - Le harcèlement, c'est quelque chose qui peut se produire.
05:20 Personnellement, ma fille en a été victime au collège,
05:23 donc je sais ce que c'est.
05:25 Elle en a été victime sur les réseaux sociaux.
05:28 Il se trouve que, pour moi, la menace d'une plainte
05:31 a fait son effet, contrairement à d'autres cas.
05:34 Mais c'est vrai que c'est une situation
05:37 à laquelle chacun peut être confronté.
05:39 Et ça ne dépend ni du milieu social,
05:42 ni du lieu, ni de l'établissement en tant que tel.
05:46 Il suffit qu'un élève ou une élève soit prise
05:50 comme bouc émissaire par son groupe.
05:52 Donc c'est une situation qui peut advenir
05:54 à peu près n'importe quand.
05:55 Je pense quand même qu'il faudrait s'intéresser
05:58 aux travaux de psychologie sociale et de sociologie
06:00 pour voir dans quelles conditions
06:02 des situations de harcèlement naissent
06:03 pour pouvoir lutter contre elles.
06:05 En l'occurrence, depuis 2015 au moins,
06:09 l'Education nationale a pris en charge le sujet
06:12 puisqu'il est présent dans les questions de MC,
06:15 il est présent, comme je l'ai dit,
06:17 dans la politique mise en œuvre depuis l'an 2022.
06:20 Donc ça n'est pas un sujet qui est mis
06:22 sous le tapis par l'Education nationale
06:24 et encore moins par les établissements.
06:26 Il faut rappeler quand même que dans un certain
06:28 nombre d'établissements, on a pris des mesures,
06:30 à l'AREOL par exemple, on a une médiation
06:32 par les pairs qui vise à empêcher
06:34 la mise en place de harcèlement au collège.
06:37 - Merci beaucoup Raphaël Gance.
06:39 Je rappelle que vous êtes professeur au lycée Montréal,
06:41 à Bordeaux, membre du bureau du syndicat
06:43 Une Salle d'Education. Merci d'avoir été avec nous aujourd'hui.
06:45 - Je vous en prie. Merci à vous.

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