Émiliano Martinez, président-fondateur de l'entreprise nîmoise Océan propreté.
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00:00 - Bon, on va revenir sur le rapport que vous entretenez avec vos salariés, mais quoi qu'il en soit, ça vous vexe pas si...
00:05 je dis que vous êtes un petit peu un patron à l'ancienne.
00:07 - Ça me vexe pas du tout parce que c'est la réalité.
00:10 Ça fait partie en fait des valeurs que m'ont donné mes parents. Voilà, l'amour du travail, le contact humain, le terrain.
00:18 Voilà, donc j'essaie de garder ce cap depuis 23 ans qu'Océan a été créé.
00:24 - Mais c'est quoi un bon patron au quotidien ?
00:27 - Alors un bon patron, pour moi, c'est une personne qui est, voilà, comme je viens de vous le dire, au contact de ses collaborateurs,
00:34 sur le terrain quand il faut,
00:37 avoir une oreille attentive à tout ce qui peut se passer dans l'entreprise, savoir recevoir les gens sans rendez-vous,
00:42 ou dans le bureau ou à l'extérieur.
00:45 Voilà,
00:47 avoir une oreille attentive. Je pense que c'est très important et partager tous ces moments avec les gens qui composent aujourd'hui la société.
00:53 - Et c'est pas que ça, mais on va le revoir à travers votre parcours. Vous n'avez pas commencé avec
00:57 263 salariés tout de suite. Je crois que vous avez commencé avec une pelle et un balai dans les mains et c'était avec votre femme, c'est ça ?
01:04 - C'est bien ça. Nous étions au moment où j'ai décidé, mon épouse, de créer Océan parce que c'était pas facile.
01:11 Nous étions trois personnes, donc mon épouse, un collaborateur et moi-même, et nous avons démarré avec
01:16 un contrat qui était notre socle de départ. C'était les autoroutes du sud de la France en février 2000.
01:21 - En février 2000. Et vous faisiez quoi alors concrètement sur ces aires d'autoroutes ?
01:24 - Alors sur les aires d'autoroutes, nous intervenions sur le ramassage des containers, sur les différentes aires de repos, sur le district d'Eau Orange,
01:32 puisque les autoroutes sont découpées, sont sectorisées par district. Donc on travaillait pour le district d'Eau Orange
01:38 dans le
01:40 territoire des Marais à Bollen jusqu'à Romoulin et d'Eau Orange-Centre à Avignon-Sud.
01:45 Et pour le district de Galargue, nous nous occupions de ramasser toutes les aires de repos d'Eau Romoulin, dans la jonction avec Orange,
01:51 jusqu'à Montpellier-Est et de Nîmes-Ouest jusqu'à Arles.
01:54 - Donc ça c'était en 2000. Mais avant ça, je crois que vous étiez salarié. Alors pourquoi vous avez décidé de
02:00 quitter cette vie, disons, plutôt confortable ou au moins stable pour avoir les "emmerdes" comme on dit d'un patron ?
02:06 - Alors, c'est une vaste histoire. C'est vrai que quand j'ai quitté le groupe
02:13 Onyx Méditerranée, qui aujourd'hui est devenu Veolia,
02:16 je ne trouvais plus ma place, si vous voulez, dans le contact humain tout simplement. J'étais cadre dirigeant dans ce groupe.
02:23 Je perdais un petit peu de mon identité parce que quand on est cadre,
02:28 on a peut-être moins de la possibilité d'être au contact et à l'écoute des gens. - Attendez, vous êtes cadre aujourd'hui ?
02:34 - Aujourd'hui, je suis cadre. Mais à ma façon.
02:38 Bah écoutez, ce qui change c'est que je peux opérer avec mes collaborateurs, avoir cette proximité, avoir cette écoute,
02:45 avoir de la réflexion avec eux, partager
02:47 des idées qui font que la société à un moment donné grandit.
02:51 Et c'est ce qui m'a animé, ce qui nous a animés avec mon épouse quand on a décidé de créer Océan.
02:56 - Mais ça c'était pas possible à Veolia où vous étiez ?
02:58 - Non, c'était absolument pas possible. - Des rapports plus hiérarchiques ?
03:02 - Complètement, c'est tout à fait ça. Voilà, il y avait une hiérarchie à respecter.
03:06 - Mais c'était une politique d'entreprise ou c'est vous qui le décidiez ? Pour mettre peut-être de la distance ?
03:12 - Non, c'était une vraie politique d'entreprise.
03:14 Je me plaisais à dire que quand il y en avait des réunions,
03:18 souvent je me mettais non pas côté encadrement mais côté salarial.
03:24 Je m'identifiais totalement aux personnes qui effectuaient des opérations quotidiennement sur le terrain.
03:29 - Donc peut-être souvent en opposition, peut-être avec vos N+1 comme on dit ?
03:34 - C'est pour cela que j'ai décidé d'en partir et de tenter cette expérience avec mon épouse.
03:40 - Qui vous a donné quelques cheveux gris, bon j'imagine dû au stress, mais aussi à l'âge.
03:45 Vous avez 60 ans, c'est ça ? - C'est ça.
03:46 - Donc vous allez bientôt passer la main ?
03:48 - On y réfléchit, effectivement, on y réfléchit.
03:50 On a nos enfants qui travaillent avec nous dans l'entreprise, notamment notre aîné qui a 38 ans aujourd'hui.
03:56 - Vous avez trois enfants ? - C'est bien ça.
03:58 Nous avons trois enfants, donc un garçon qui a 38 ans, une fille de 35 ans qui nous a offert deux beaux petits-enfants
04:04 sur les cinq dernières années, et puis une dernière qui travaille avec nous depuis peu.
04:09 Voilà, qui est dédiée aussi à faire peut-être d'autres activités au-delà d'Océan,
04:14 puisqu'elle va s'occuper probablement de commercialiser notre huile d'olive,
04:17 puisque nous sommes producteurs d'huile d'olive en Andalousie,
04:19 et je pense que c'est transmettre un petit peu le relais de tout ce qu'a été notre enfance, c'est quelque chose de beau.
04:27 - En Andalousie, vous dites ? - Oui, tout à fait.
04:29 - C'est lié peut-être, j'imagine, à vos origines ? - Complètement.
04:32 Alors, mes grands-parents n'étaient pas tout à fait de la région d'Andalousie,
04:36 ils étaient plus du côté de Saragosse, mais voilà, on est tombé sous le charme de l'Andalousie avec mon épouse il y a maintenant neuf ans,
04:42 et voilà, on a une petite attache là-bas, et on est revenu un peu à nos racines, donc l'olivier.
04:49 - Pourquoi vous teniez à ce que votre entreprise reste dans la sphère familiale ?
04:54 - C'est très important, quand on a créé un bébé comme Océan, c'est difficile de le vendre.
05:02 - Un gros bébé, puisque c'est plus de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, je crois.
05:05 - Aujourd'hui, oui, on a clôturé l'année 2022 à 21 600 000 euros.
05:10 Pourquoi rester dans la sphère familiale ? Parce que d'une part, on est une entreprise familiale, on est une entreprise du territoire,
05:18 on a autour de nous, nos principaux concurrents sont des grands groupes, on a été sollicité toutes ces années,
05:24 mais sans avoir la volonté de lâcher un groupe, parce que c'était pas du tout dans notre ADN,
05:29 ce qu'on voulait c'est créer quelque chose, faire de la promotion interne, c'est très important,
05:35 parce que si aujourd'hui Océan est devenu ce qu'elle est devenu, c'est effectivement, on a initié quelque chose avec mon épouse Eumée,
05:41 tous les gens qui sont venus se greffer progressivement chaque année, à nous aider à bâtir ce qu'est devenu Océan aujourd'hui,
05:47 pour nous c'était presque une obligation de penser en priorité de céder cette affaire-là à notre fils,
05:54 parce qu'il est là aujourd'hui, mais à nos deux plus proches collaborateurs aussi.
05:57 Vous dites qu'il y a des gros poissons qui ont essayé de vous mettre le grappin dessus, que vous n'avez pas cédé,
06:03 mais ça aurait pas été plus simple franchement d'accepter une offre, de prendre un gros chèque et d'aller profiter de la suite en Andalousie ?
06:09 Oui, mais dans ces moments-là, quand on connaît un petit peu la sphère de notre métier, c'est que quand un grand groupe met la main sur une structure comme la nôtre,
06:19 malheureusement tous les gens qui ont contribué à faire que Océan est devenu ce qu'il est devenu, ne restent pas souvent très longtemps,
06:27 puisque pour un groupe l'optimisation est très importante, et une fois qu'ils ont la main sur une structure,
06:33 les plus gros salaires et les personnes dont ils n'ont plus besoin, c'est simplement aider financièrement à ce que ces gens s'en aillent de la structure.
06:42 Mais ces grosses entreprises qui ziotaient disons sur vous, c'était qui ?
06:46 Il y a eu Nicolin à l'époque de M. Nicolin Perre, on a eu Suez qui nous a sollicités il y a quelques années,
06:54 Veolia qui nous a sollicités, un groupe international qui s'appelle Urbacer qui à un moment donné nous a sollicités aussi,
07:01 mais on n'a rien lâché, parce qu'on savait exactement ce que l'on souhaitait faire d'Océan pour son avenir.
07:07 Et donc vous allez vous en tout cas partir à la retraite dans pas longtemps, vous l'avez dit, céder votre boîte à votre fils et à deux de ses associés,
07:15 vous avez 60 ans, c'est ça on a dit ?
07:17 C'est ça.
07:18 Et pourquoi vous n'avez pas poussé jusqu'à 64 ans ?
07:20 Parce que j'ai eu l'opportunité, j'étais un attentat à savoir ce que cette réforme allait produire sur moi,
07:29 et effectivement comme je suis en carrière longue, puisque j'ai démarré à travailler à 16 ans, après un CAP de géomètre topographe,
07:35 j'ai 44 ans de cotisation, donc aujourd'hui...
07:40 Oui vous êtes une carrière longue, comme on dit.
07:42 Tout à fait, donc on a senti que c'était peut-être le moment.
07:45 Alors notre activité professionnelle ne va pas s'arrêter là, puisqu'il y a 9 ans nous avons créé avec mon épouse et un ami,
07:50 une structure qui s'appelle Océan Concept, dont la fonction est de développer du concept électrique en priorité pour notre entreprise et les entreprises de propreté,
08:03 mais aussi pour ce même véhicule peut-être utilisé et développé pour la livraison des derniers kilomètres,
08:07 donc c'est quelque chose qui nous réanime pour garder un contact professionnel,
08:12 alors avec moins de collaborateurs bien entendu, puisque nous ne serons que 3 dans cette structure,
08:17 mais avec des structures associées, notamment une société qui est 3 jeunes ingénieurs en génie électrique de l'IUT de Nîmes,
08:24 avec qui nous sommes associés il y a 2 ans maintenant,
08:26 qui nous aide à mieux comprendre ce qu'est l'électrique,
08:29 créer l'outil qui va permettre à nos agents de valoriser leur poste aussi,
08:34 parce que je ne sais pas si vous avez remarqué déjà, beaucoup d'agents à pied tirent leur charrette aujourd'hui,
08:38 si on n'est plus le cachet océan.
08:40 On va en reparler, tout à fait.
08:42 Peut-être qu'il y a quelques-uns de vos 263 salariés qui eux seraient partants pour travailler jusqu'à 64 ans à vos côtés,
08:48 on les entendra d'ailleurs tout à l'heure.
08:50 On est avec Emiliano Marcos, le patron d'Océan Propreté,
08:54 on se retrouve juste après le journal de 8h.
08:57 Entre autres, on a la musique, merci d'être avec nous,
08:59 quand tu as un péresse de tuer l'âge journaliste, il travaille à la carcette, vous avez vu ?
09:02 Également, il est recrété, il est bon pour 51.