Claire Deuil Périnatal V2
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00:00 Et là, on me l'a mis sur moi.
00:02 Et c'était la deuxième fois que je l'avais dans mes bras, vraiment, avec moi.
00:06 Et là, j'étais complète.
00:09 Ça ne m'est jamais arrivé à ce point-là d'être complète.
00:12 Claire, vous êtes mariée.
00:17 Vous êtes maman de trois enfants, de trois filles, dont une, vous dites, est au ciel.
00:25 Il s'agit de Castille.
00:27 Castille, elle a vu le jour il y a quatre ans et elle n'est pas restée très longtemps sur Terre.
00:32 Claire, est-ce que vous voulez bien nous raconter votre histoire ?
00:35 Oui, bien sûr.
00:36 Alors, j'étais une femme qui travaille.
00:39 C'était ma troisième fille, donc je travaillais.
00:41 J'avais un métier très prenant.
00:44 Je suis et j'étais dans la publicité.
00:47 Enceinte de mon troisième enfant, une grossesse assez fragile.
00:51 C'est-à-dire, déjà, au départ, une grossesse fragile.
00:55 J'étais très fatiguée.
00:57 Beaucoup, beaucoup de responsabilités, beaucoup de travail.
01:00 Et donc, je pars en congé maternité.
01:06 Et là, le jour des 40 ans de mon mari, donc je pense, je ne sais pas, 15 jours après,
01:13 j'ai des douleurs au ventre que j'avais déjà avant.
01:18 J'avais prévenu mon médecin, mon gynéco.
01:21 Et les douleurs, on m'avait dit, c'était des douleurs ligamentaires.
01:26 Je ne m'étais pas inquiétée plus que ça.
01:28 Ma sœur avait quand même fait venir, ma sœur, une sage-femme,
01:33 parce qu'elle trouvait ça bizarre.
01:35 Donc du coup, la sage-femme était venue, on avait fait une échographie.
01:37 Et déjà, là, on avait vu que j'avais un placenta acréta,
01:41 donc que je risquais d'avoir une hémorragie lors de l'accouchement,
01:44 qui était prévue par césarienne, troisième césarienne,
01:47 et que je risquais déjà de perdre mon utérus.
01:50 Et là, je me disais, c'est pas grave, trois enfants, c'est déjà énorme.
01:53 De toute façon, c'est surtout l'obstétricien qui sera ennuyé
01:57 si j'ai une hémorragie le jour de l'accouchement.
01:59 Et au moins, il sera prévenu.
02:01 Donc, je n'étais pas plus inquiète que ça.
02:04 Et ce jour du 16 mars, j'avais très, très, très de mal au ventre.
02:09 J'étais avec ma mère, mal de plus en plus fort.
02:12 Et on a toujours peur, lorsqu'on a mal quelque part,
02:15 de déranger les pompiers ou le SAMU pour rien.
02:19 Moi, je fais partie de ce cas de personne.
02:22 Et là, ma mère me dit "Est-ce que tu veux que j'appelle les pompiers ?"
02:26 Et là, ce qui m'a coupé l'air de sous le pied, c'est ma douleur.
02:29 Je ne pouvais même plus parler.
02:31 Donc, j'ai dit "Euh, euh, euh, voilà".
02:33 J'étais séchée un peu.
02:36 Donc, les pompiers arrivent.
02:38 C'était une douleur ligamentaire, en bas du ventre de chaque côté,
02:42 et qui était vraiment très vive.
02:45 Les pompiers arrivent, je vais dans le camion des pompiers.
02:48 Donc là, j'ai toujours très mal.
02:50 Ils ne savent pas ce que j'ai.
02:52 Et ils n'arrêtent pas de me demander mon numéro de sécurité sociale.
02:55 Après, je pense qu'ils étaient un peu dépassés.
02:58 Mais bon, j'avais de plus en plus mal.
03:00 Mon mari arrive, il pose la main sur mon ventre.
03:03 Et là, il me dit "Ah, je pense qu'il y a du sang à l'intérieur".
03:07 Donc, moi, j'étais un petit peu dans les vapes.
03:10 Il téléphone à mon médecin, qui lui dit "Ah, ça doit être une rupture utérine.
03:14 Elle doit faire une hémorragie interne".
03:17 Du coup, le SAMU arrive.
03:20 J'avais comme une boule de feu dur dans le ventre.
03:25 Et là, je voulais qu'on m'aide, et personne ne m'écoutait.
03:29 C'était pendant le SAMU, ça a duré deux heures.
03:32 Donc, je ne pensais même plus à Castille.
03:34 Je pensais juste à cette douleur, que je voulais qu'on m'enlève.
03:37 C'était assez compliqué.
03:39 Et ce qui est bizarre, c'est qu'on se dit toujours
03:41 quand on souffre beaucoup, on tombe dans les pommes.
03:44 Et là, je ne tombais pas dans les pommes.
03:47 Je ne défaillais pas.
03:48 Il y avait comme une force, quelque chose, qui m'empêchait de partir.
03:53 C'était très étrange.
03:55 Jusqu'au moment où, dans le camion des pompiers,
03:58 je me suis un peu agrippée au médecin, en lui disant "Mais aidez-moi",
04:01 de façon un peu raide.
04:04 Et il m'a dit "Elle va me lâcher la blouse".
04:07 Et en fait, là, je me suis évanouie.
04:10 Je l'ai su après, mais je pense que j'avais lâché.
04:12 Donc je suis arrivée à l'humourier.
04:15 Ils m'ont fait une échographie tout de suite.
04:18 Et là, j'entends "Ah, il y a du sang partout, il y a du sang partout".
04:21 Et bizarrement, j'avais pas mal au ventre lorsqu'on me l'a touché pour l'échographie.
04:26 L'anesthésiste, je pense, arrive avec un masque sur mon visage pour m'endormir.
04:31 Et là, je l'enlève extrêmement brutalement parce que j'étouffais.
04:35 En fait, j'étouffais, j'étouffais, j'étouffais.
04:37 Et donc, du coup, quand vous étouffez, vous voulez vous redresser.
04:40 Et là, le médecin du SAMU maintenait ma tête allongée en bas.
04:45 Donc je comprenais pas, moi, puisqu'il me le sait, j'étouffe.
04:49 Donc j'essayais de me redresser pour respirer, mais lui, il me le tient.
04:51 Et en fait, il maintenait mon irrigation.
04:53 Parce que je pense que je perdais tellement de sang que j'avais plus de sang dans ma tête.
04:59 Donc voilà. Et après, il est revenu avec son masque d'un geste, ça m'a frappée extrêmement doux.
05:05 Il aurait pu être agacé, dire "Celle-là, elle est agaçante".
05:09 Non, il est revenu de façon extrêmement délicate.
05:12 Et là, du coup, la douleur est partie. Je me suis dit "Ah, enfin !"
05:16 Donc voilà. Après, je suis arrivée, j'étais à 2 mg de buvlobine.
05:21 Et je me réveille, donc, en salle de réveil.
05:27 Et là, on me dit "Votre fille est née. On vous a enlevé l'utérus.
05:32 On vous a transfusé au maximum.
05:36 Et vous avez failli mourir parce qu'apparemment, on avait dit à mon mari
05:39 qu'il avait 3% de chance de me retrouver vivante."
05:42 Donc après, je me suis dit "Bon, c'était un peu sportif.
05:45 Ma fille est née. Tout va bien.
05:48 Bon, ça va être un peu long, mais tout va bien."
05:51 Ok, voilà. Bon, très bien. Ensuite, je passe de la salle de réveil au soin intensif
05:57 au bout de quelques jours.
06:00 Donc j'avais toujours pas vu ma fille.
06:02 Mais ça me manquait pas trop parce que, comme toutes les mamans, je pense,
06:05 je me disais "La suite va être quand même sport.
06:08 Il vaut mieux que je prenne des forces là maintenant, que je dorme,
06:11 que je reprenne des forces. Et après, je serai apte à m'occuper de ma fille."
06:16 Voilà, donc en fait, elle est née le mercredi.
06:19 Et le samedi après-midi, j'ai pu aller la voir.
06:23 Donc j'étais en fauteuil roulant avec de l'oxygène, des brins.
06:28 Donc voilà, j'étais vraiment diminuée, on va dire.
06:31 Et j'arrive dans sa petite chambre, et là je la vois, mais tellement mignonne !
06:35 Là, j'étais tellement fière. J'avoue, j'étais extrêmement fière.
06:38 Je la trouvais grasse, bien grassouillette.
06:42 Je la trouvais vraiment belle, tellement mignonne.
06:45 J'avoue, j'ai "Aaah !"
06:47 Et en fait, je pense, et ça je trouve ça hyper important pour toutes les mamans
06:50 qui ont perdu un enfant, c'est que je trouve, enfin, ce qui me...
06:55 Pour moi, c'est que lorsqu'on a un enfant, c'est comme un calendrier de l'avent,
06:59 il y a une case qui s'ouvre. C'est pour l'enfant.
07:02 Et moi, j'ai eu les trois qui sont ouvertes, là c'était la troisième.
07:05 Et le problème, c'est que quand il meurt, il n'y a personne pour le refermer,
07:09 ou pour le combler. Et ça, c'est extrêmement difficile et pas évident à comprendre.
07:14 Donc voilà, je la trouve merveilleuse, j'avais qu'une envie,
07:17 c'était de la prendre dans mes bras, évidemment, c'était pas possible.
07:20 Et là, je commence à comprendre que c'est pas évident.
07:25 Et j'ai beau ne pas avoir fait médecine, je regarde, donc, qu'elle était branchée, etc.
07:31 Mais elle bougeait, elle avait les petits yeux ouverts, elle bougeait,
07:34 c'était un vrai bébé, c'était un bébé vivant, avec ses petits pieds, ses petites mains,
07:38 elle ouvrait. Les deux seules choses qui m'ont un peu alertée,
07:42 c'était qu'elle avait sa petite langue comme ça.
07:44 Donc là, je me suis dit, bon, c'est peut-être juste un petit défaut, c'est pas très grave.
07:48 Et c'est surtout sur un des graphiques, je sais pas trop comment ça s'appelle,
07:51 ça faisait ça, une ligne, une ligne, et là je me suis dit,
07:56 c'est pas très bon signe ça quand même, je pense.
07:58 Mais pas envie d'y croire, pas envie de regarder, je me suis dit, bon, c'est peut-être normal.
08:03 Le responsable de l'étage de Néonat arrive, le pédiatre,
08:08 et je lui demande, un peu phrase bateau, "Donc tout va bien ?"
08:12 Et il m'a dit, "Ah non, tout ne va pas bien, non, risque de mort ou de handicap grave."
08:17 Alors là, évidemment je pleure, je me dis, ah oui quand même,
08:21 mais bon, je m'y attendais pas du tout quand même.
08:24 C'est un peu un coup de massue.
08:26 Donc voilà, et là on m'explique que j'ai eu du coup une hémorragie interne.
08:32 Donc comme le bébé à l'intérieur du ventre est oxygéné par le sang,
08:36 le fait d'en avoir perdu beaucoup, elle a manqué énormément d'oxygène.
08:40 Donc du coup, il faut faire un IRM pour vérifier si tout va bien.
08:45 Et le soir même de sa naissance, elle avait fait des convulsions.
08:48 C'est un peu un coup de massue et je voulais pas y croire.
08:53 Je me suis dit, non, je suis sûre qu'elle va guérir en fait.
08:57 C'est un mauvais mouvement à passer, les médecins, ils sont toujours là à en rajouter.
09:03 Ils sont très pessimistes, moi je suis sûre que, regardez la preuve, moi je suis là.
09:07 Non, non, non, non, non.
09:08 Et donc j'ai commencé à la voir comme ça dans sa petite couveuse.
09:12 Ensuite dans mes bras, dans un couffin, enfin dans un oreiller.
09:17 Et ensuite je me suis dit, mais quand est-ce que je peux la voir ?
09:20 J'étais obnubilée, il fallait que je l'aie sur moi, dans mes bras.
09:23 Et tout le monde a dit, non c'est pas possible, c'est pas possible, elle est trop fragile.
09:25 On attend.
09:27 Donc ça c'est l'histoire de Castille, mais en parallèle, il y a mon histoire à moi.
09:30 C'est-à-dire que quand on est maman et qu'on accouche, c'est jamais évident, sauf pour certaines personnes.
09:35 Et là, sans rentrer dans les détails, on a quand même son corps qui est meurtri, on va dire.
09:44 Vraiment meurtri, de tous les côtés.
09:47 Bon, c'est deux combats à mener différents, c'est très étrange.
09:51 Mais bon, il faut les mener, donc on y va.
09:54 Et il y a une chose qui m'avait fait énormément souffrir, c'est les drains.
09:56 J'en avais deux.
09:58 Et j'avoue que lorsque la ptirmière est venue en me disant "on va les enlever",
10:03 je ne savais pas trop ce qui m'attendait.
10:06 Et là, j'avoue, je m'en souviendrai toute ma vie.
10:09 Ça a été épouvantable.
10:11 Donc ça, c'est en fait la différence entre votre enfant qui va mal, qui est fragile, sa vie étant en danger,
10:18 et la vôtre.
10:19 Alors votre vie n'est pas en danger, vous avez quand même un choc d'avoir vécu quelque chose de compliqué,
10:24 plus votre corps qui est meurtri, en fait on est un peu perdu.
10:27 On ne sait plus trop comment on s'appelle.
10:31 Donc le lundi vient l'IRM.
10:34 Et je ne sais pas, je l'attendais, je me dis "il fallait absolument l'IRM, l'IRM, l'IRM".
10:38 Je ne pensais qu'à ça et je me suis dit "en fait j'attendais l'IRM comme si c'était quelque chose de...
10:42 ils vont me dire que tout va bien, c'est très bien, etc.
10:44 On va sortir très rapidement, très très très très rapidement, on ne va pas rester là des heures".
10:48 Donc le mardi, résultat de l'IRM, donc Timothée revient,
10:52 on va au service de Néonates.
10:55 Et là on voit la tête des... enfin le visage des expressions de toute l'équipe
11:02 qui était très sombre, très fermée.
11:05 Et là Timothée me dit "c'est très mauvais signe".
11:07 Et jusque là tu te dis "non, pas nous, pas ma fille, c'est pas possible".
11:12 Et là ils nous disent "donc Castille a manqué d'oxygène, son cerveau...
11:18 le noyau du cerveau est brûlé,
11:23 elle a 10% de son cerveau qui marche en petites tâches,
11:30 c'est-à-dire 1%, 2%, 4%, etc.
11:34 Donc c'est vraiment une catastrophe, une catastrophe.
11:39 Ils m'ont dit "elle ne pourra pas respirer seule, pas manger seule, elle ne t'aide pas,
11:44 elle ne pourra pas marcher, elle ne pourra pas vivre en fait en gros".
11:48 Je ne sais même plus ce que j'ai ressenti ce jour-là, je crois que j'étais sonnée.
11:52 Ouais, sonnée, épouvantable.
11:56 Je crois que dans ma chambre j'ai hurlé, j'ai eu envie qu'on m'enlève mon bébé,
11:59 sauf que non.
12:01 Et on nous dit "on va la détuber, il faut que vous choisissiez le jour".
12:06 Je ne choisis pas le jour,
12:10 déjà on me dit que ma fille va mourir et qu'elle ne peut pas vivre,
12:15 qu'elle est handicapée, moteur, tout très très lourd,
12:18 et en plus il faut que je choisisse le jour,
12:20 en plus il faut la détuber,
12:22 là je ne savais plus trop, je ne comprenais pas,
12:25 et comme on est catholique, je ne voulais pas qu'il se fasse quelque chose qui me dépasse justement.
12:31 Donc du coup j'ai demandé à rencontrer l'aumônier de l'hôpital,
12:35 parce que chaque religion a son aumônier dans l'hôpital,
12:39 pour respecter ses traditions, ses cultures, donc ça je trouve ça vraiment bien.
12:43 Et lui m'a rassurée, il m'a dit "non non, c'est l'acharnement thérapeutique".
12:49 Il m'a dit "non non, soyez rassurée de ce côté là,
12:52 c'est à côté de votre religion, c'est de l'acharnement thérapeutique".
12:55 C'est à dire que s'il y avait eu 1%, même un peu moins, d'espoir qu'elle vive,
13:01 même handicapée, on ne l'aurait pas détubée.
13:04 Mais là il n'y avait aucun espoir.
13:07 Donc voilà, du coup on l'a fait baptiser, le lendemain, à l'hôpital,
13:14 et ça contre toute attente c'était un moment, pas de joie,
13:18 mais c'était un moment de vie, c'est à dire que j'étais contente,
13:21 parce que ma famille, donc normalement je ne pouvais voir personne, et Castille non plus,
13:24 et là mes parents, la marraine de Castille, mes sœurs ont pu venir,
13:29 et c'était vraiment pour moi une espèce de respiration,
13:34 c'était faire rentrer la vie là où il y avait la mort.
13:37 Et j'avoue que ça, ça m'a énormément touchée.
13:39 Et que mes proches puissent la voir, la toucher, la caresser, la connaître en fait,
13:44 tout simplement, c'est à dire créer des souvenirs avec elles,
13:48 c'était très très important pour moi, et j'avoue que j'étais très contente.
13:51 Après bon, ce n'était pas un moment merveilleux.
13:55 Mais bon, ça fait partie des souvenirs sympas, franchement.
14:00 Donc voilà, après il a fallu, et là pour continuer dans les épreuves on va dire,
14:08 l'annoncer à mes filles, qui elles ont pu rencontrer leur sœur une fois,
14:12 donc je leur avais prédit, je leur avais dit "Votre sœur est toute petite,
14:16 elle est née un peu trop tôt, elle est très très fragile,
14:19 elle est extrêmement fragile, mais après je pense que moi j'ai eu la même réaction de mes filles,
14:25 c'est à dire "Oui oui oui, bon, elle est fragile, elle est fragile,
14:28 entre vous et moi tout va aller bien".
14:30 Et là donc elles l'ont vue, elles ont pu, grâce à des infirmières extraordinaires,
14:36 vraiment d'une gentillesse, d'une patience extraordinaire,
14:40 la prendre dans leurs bras, donc ça c'était merveilleux,
14:43 avec tout le protocole médical qu'il faut, c'est à dire les petits tuyaux, la morphine,
14:49 et après on a été dans une pièce, seules, tous les quatre,
14:55 donc mon mari, mes deux filles et moi, et là on leur a annoncé.
14:59 Et là pour une mère, c'est, enfin pour un père aussi, mais là je parle en tant que moi,
15:03 maman, c'est épouvantable.
15:06 Assez d'une violence mais sans nom, parce que là,
15:10 non seulement votre fille va mourir, mais en plus vous devez quelque part faire tuer vos enfants.
15:19 Enfin je veux dire, c'est une douleur mais épouvantable,
15:21 et c'est vous qui l'administrez.
15:23 Assez mais épouvantable.
15:25 En plus elles ont eu chacune évidemment une réaction différente.
15:28 Je pense pas être professionnelle pour avoir les mots pour répondre à toutes leurs interrogations,
15:32 pour calmer leur douleur.
15:35 C'était d'une violence, c'était un enchaînement de douleurs.
15:39 Donc elles ont compris, après on est retournés voir Kestil,
15:43 toujours suivis de la psychologue parce que c'est obligatoire et tant mieux,
15:47 parce qu'il y a des moments où on est un peu démunis.
15:51 Elles ont pu donc embrasser leur sœur.
15:55 Y'a pas eu de dire au revoir à sa sœur ou quoi,
15:58 je pense qu'elles l'ont juste embrassée, caressée, regardée,
16:04 et elles sont rentrées à la maison.
16:06 On a demandé si Kestil souffrait, on nous a dit oui.
16:08 Et du coup mon mari a dit "en fait on la détue le plus rapidement possible,
16:13 on va pas la garder pour nous égoïstement alors qu'elle souffre".
16:17 Et du coup ils nous ont dit "très bien, le lendemain le jeudi".
16:20 Ok, donc du coup le lendemain matin on est venues la voir,
16:23 on nous a dit "allez déjeuner, on fera ça cet après-midi".
16:27 Ok très bien, donc on a obéi, on a été déjeuner.
16:30 En fait ce qui est difficile, c'est que lorsque on détube votre bébé,
16:36 vous savez pas en combien de temps il va mourir.
16:38 Et ça c'est des choses auxquelles on ne pense pas.
16:40 C'est-à-dire on est pas prêt, on nous explique pas,
16:44 après vous me direz "ça concerne pas le commun des mortels".
16:47 Heureusement, mais j'avoue, bon, j'y avais pas pensé en fait.
16:53 On la détube, là j'ai laissé mon mari parce que là pour le coup,
16:58 je pouvais pas, c'était trop compliqué.
17:01 Il a voulu la prendre dans ses bras pour l'accompagner.
17:07 Donc j'ai rien dit, je lui ai dit "bon je vais la porter 9 mois,
17:10 enfin 8 mois, donc je peux lui laisser ça".
17:13 Elle a fait un premier arrêt cardiaque et là mon coeur a bongi en me disant
17:17 "ah non non non, elle est pas déjà morte, non non non".
17:19 Et non, en fait elle a repris vie.
17:24 Et là on me l'a mis sur moi, et c'était la deuxième fois que je l'avais dans mes bras,
17:28 vraiment, avec moi, et là j'étais complète.
17:33 Ça m'est jamais arrivé à ce point-là d'être complète.
17:36 Vraiment j'étais en osmose avec ma fille.
17:40 Et jusqu'encore à ce moment-là, avec mon mari on se disait "là elle dort".
17:45 Je l'ai même dit à la firmière, je me suis dit "mais quitte à passer pour une folle,
17:48 ne vous inquiétez pas, je pense que là elle dort, personne ne le sait,
17:51 mais elle va se réveiller, tout va bien aller".
17:55 Et elle me dit "non non, elle est dans le coma".
17:57 Et je lui dis "oui, oui, oui, de toute façon parlez, ne vous inquiétez pas".
18:01 Non, c'était jusqu'à la dernière seconde.
18:04 Alors après ça a été assez difficile, parce qu'elle a fait plusieurs arrêts cardiaques.
18:11 On me demandait si je pensais qu'elle souffrait, je ne sais pas.
18:18 Et c'est délicat qu'on vous demande ça en tant que maman, mais j'espère pas en fait.
18:22 J'espère qu'on donne tout ce qu'il faut à votre enfant.
18:26 Donc voilà, elle a fait sept arrêts cardiaques, je crois que ça a été...
18:34 C'est inhumain, franchement.
18:39 Ouais, et ben elle est partie.
18:45 Et je ne voulais pas...
18:50 Je voulais être sûre qu'elle soit morte à 100%.
18:53 Donc ça, ça peut paraître un peu étrange.
18:57 En fait, même à l'hôpital, je m'étais dit "ah, je peux quand même leur dire que c'est mon angoisse,
19:04 qu'elles sont bien sûres, sûres, sûres, je ne l'abandonne pas jusqu'à la dernière seconde".
19:09 Et j'avais dit "je veux qu'on fasse une échographie de son petit cerveau,
19:13 de sa petite tête, pour être sûre".
19:15 Alors au début, ils trouvaient ça étrange, ils devaient "écoutez, vous respectez les coutumes de chacun".
19:21 Moi ça n'est pas une coutume, c'est juste, je sais pas, un désir de maman.
19:28 Et voilà, et ils ont été hyper sympas parce qu'ils l'ont fait.
19:31 Ils sont venus et ils m'ont dit que c'était fini.
19:34 D'accord. D'accord.
19:36 À ce moment-là, c'est très dur, bien sûr.
19:39 Ben non. Non. Pas du tout, c'est hyper bizarre.
19:41 J'étais pas soulagée, ce qui est improbable, parce que je l'avais dans mes bras.
19:44 En fait, on a enlevé tous ces petits tuyaux, et je pouvais enfin jouer avec ma poupée.
19:49 Sans le côté morbide ou atroce que les gens pourraient imaginer, mais...
19:53 J'avais mon petit bébé dans mes bras, tout petit,
19:58 et je pouvais la câliner, la prendre, la soulever, un peu comme si elle dormait finalement.
20:03 Oui.
20:04 Donc j'avoue, non non, c'était un moment où je pense que je réalisais pas,
20:08 mais je pensais que c'était complètement...
20:11 J'étais je pense saunée, et l'infirmière et mon mari me disent "on va peut-être la laisser".
20:16 Ben non, j'avais pas du tout envie.
20:18 Ça faisait une semaine que j'attendais de l'avoir dans mes bras.
20:21 Là, je l'avais dans mes bras, je l'embrassais.
20:24 Non, je pouvais enfin jouer avec mon bébé.
20:26 J'avais envie de ce petit moment avec elle, et j'avoue que...
20:29 Non, on va la laver.
20:31 Donc on a toujours des regrets, on peut pas...
20:34 Mais là, j'aurais voulu leur dire "non en fait, on n'est pas pressé, ça ne coûte à personne".
20:40 Enfin, personne n'est pressé, j'aurais voulu la garder avec moi.
20:44 Mais bon, voilà.
20:46 Et donc, l'infirmière était très gentille, vraiment très délicate.
20:51 C'était une infirmière qui était mamante handicapée,
20:56 et vraiment très très gentille, je crois qu'elle s'appelait Marie-Hélène.
21:01 Vraiment très délicate, et donc elle a fait la petite toilette de Castille.
21:05 Donc voilà, après elle est partie à la morgue, et j'ai demandé une seule chose,
21:09 c'est qu'elle ait pas de draps sur son visage.
21:12 Voilà, juste parce que moi j'aurais pas aimé.
21:16 En fait, je n'aime pas du tout l'idée que ce soit tabou, que ce soit...
21:22 triste, ou que ce soit...
21:26 quelque chose de pas joli.
21:28 Non, c'est une petite fille, c'était un bébé, elle était jolie, elle était...
21:34 Non, non, c'est pas du tout tabou, et j'aime pas du tout l'idée que ce soit tabou.
21:38 C'est pas parce qu'on en parle que ça va arriver aux autres.
21:41 Ça n'a rien à voir.
21:43 Donc non, je trouve que c'est très important d'en parler justement.
21:45 Ça a été un cheminement, là ça fait 4 ans,
21:48 ça a pas été la même chose au tout début que maintenant.
21:52 Et je pense que ça évoluera encore.
21:54 Et je pense que chaque mère en parle et le vit différemment, chaque famille.
21:59 Moi je sais qu'il y a beaucoup de personnes, bien intentionnées ou pas,
22:03 je sais pas, qui me disaient "il faut pas que tu en parles trop, déjà c'est dérangeant,
22:09 ensuite il faut pas que tes enfants vivent avec ça, cette espèce de chappe de plomb de culpabilité".
22:14 Mais personne ne parle de chappe de plomb, c'est-à-dire qu'elle a existé,
22:19 il y a eu un accident, c'est un orage dans un ciel de beau temps, d'un ciel d'été,
22:24 c'est imprévisible et c'est catastrophique, une rupture utérine, c'est comme ça.
22:29 Non, j'aime bien l'idée qu'on en parle, qu'elle fasse partie de la famille,
22:33 mais après je ne voulais pas que mes enfants, que ce soit pesant,
22:37 c'est-à-dire qu'il n'y a pas son couvert à table ou des choses comme ça.
22:40 C'est-à-dire qu'elle est parmi nous, elle sera dans un papillon, dans une étoile,
22:45 dans un cygne, dans du vent, mais c'est pas pesant, je voulais pas que ce soit pesant.
22:51 Après au tout début c'est compliqué. Le premier mois, je me souviens,
22:55 quand vous pensez à quelqu'un, vous arrivez à visualiser.
22:58 Et moi, Castille, j'ai eu la chance de la connaître,
23:01 il y a des mamans qui n'ont pas eu la chance de connaître leur bébé ou de les voir,
23:04 n'ont pas eu l'envie. Et moi j'ai eu la chance de la voir, de la connaître,
23:08 de vivre avec elle, de la sentir, et pendant le premier mois après sa mort,
23:12 j'étais perdue parce que j'arrivais pas à la visualiser.
23:15 J'étais comme morte à l'intérieur. J'étais perdue, et au fur et à mesure,
23:22 j'ai re-regardé ses photos parce que j'arrêtais pas de prendre des photos
23:26 parce que je me suis dit "il me restera que ça".
23:28 Donc j'avoue que j'ai pas arrêté de faire des photos, des petites vidéos, etc.
23:32 Et au fur et à mesure, ma relation à elle a changé.
23:36 C'est-à-dire que j'ai voulu, je pense, je me suis créée une relation avec elle différente.
23:43 C'est-à-dire, oui elle est morte, oui elle reviendra pas, ok, mais elle est quand même vivante
23:49 dans, c'est ce que je te disais, dans la nature, dans tout ce qui est léger, beau, une étoile, un signe, quelque chose.
23:57 Donc je voulais garder ça.
23:58 Cette expression de maman, je crois qu'on entend souvent dans les discussions de femmes qui ont vécu ça,
24:03 elle te semble juste ou pas ? En fait, Castille c'est un petit ange ou pas ?
24:08 Je sais pas si c'est un petit ange, en tout cas, c'est un petit enfant qui est très pur et qui est mort.
24:17 Donc oui, c'est un ange quelque part.
24:20 Après, il n'y a pas de mot pour décrire des parents qui ont perdu des enfants.
24:24 Donc quand vous perdez votre mari, vous êtes veuve, vous êtes veuf, vous êtes orphelin,
24:30 mais une mère qui perd son enfant ou un père qui perd son enfant, il n'y a pas de mot.
24:34 Donc je trouve ça assez juste que ça ait été inventé.
24:37 Maman, j'en ai mon nol pas, au moins ça existe et c'est joli.
24:42 Après, pourquoi pas ? Mais je connaissais pas ce terme.
24:45 Et c'est vrai que je trouve ça vraiment agréable qu'au fur et à mesure du temps, ce soit moins tabou qu'on en parle,
24:53 parce que lorsque moi ma fille est morte, je me suis dit plusieurs fois, mais où sont mes parents qui ont vécu ça ?
24:59 Où sont-ils ? J'en ai jamais entendu parler, jamais vu.
25:02 J'avais entendu parler de personnes qui avaient perdu des enfants.
25:05 Et c'est grâce à Instagram où j'ai pu me créer une petite communauté de parents qui avaient perdu leurs enfants,
25:14 sans avoir cette espèce de honte, de choqué, cette espèce d'angoisse, d'être mal jugée, mal regardée.
25:23 Et j'avoue que ça m'a énormément aidée de pouvoir mettre des photos de ma fille morte, sans que ça choque ou que ça dérange.
25:31 C'est très compliqué. J'y ai déjà pensé plusieurs fois.
25:35 Si elle vient vers moi vraiment et qu'elle me demande des conseils, c'est lourd de sens.
25:44 C'est-à-dire, c'est une grosse responsabilité.
25:46 Après, je pense que je répondrais comme aux mamans qui m'ont téléphoné ou qui m'ont envoyé des mails.
25:53 Je leur répondrais en fait "Voilà ce que moi j'ai fait. Voilà les adresses où j'ai été, les personnes que j'ai rencontrées."
26:02 Ça fait 4 ans que je me bats vraiment, le mot, pour essayer de m'en sortir.
26:09 Et voilà le chemin que j'ai parcouru.
26:12 Après, libre à toi de prendre, de faire, de voir ce que j'ai fait.
26:18 Mais quand vous retournez chez vous, vous avez tous ces détails.
26:21 Vous avez la chambre de l'enfant, la poussette, les vêtements, la vie de tous les jours, les phrases désagréables, les regards, les réactions.
26:32 Vous, vous ne savez plus comment vous vous appelez, qui vous êtes.
26:36 Moi je sais que j'ai voulu me battre pour mes deux filles, pour m'en sortir, et je me suis dit que je n'arriverais jamais toute seule.
26:42 Et du coup, j'ai demandé s'il n'y avait pas un psychiatre pour me suivre.
26:46 Parce qu'en fait, on ne pense pas assez au fait que tout le monde n'a pas l'argent à mettre dans un psychologue toutes les semaines pour un suivi qui est quand même médical.
26:56 J'ai été voir des psychologues, ça s'est soldé de façon assez catastrophique, ça ne me convenait pas du tout.
27:04 Jusqu'au jour où j'ai entendu une association qui s'appelait SOS Préma, et le vendredi, une psychologue qui s'appelle Myriam,
27:12 écoutait les parents d'enfants prématurés en deuillet, gratuitement et de façon anonyme au téléphone, le vendredi.
27:23 Du coup, je l'ai appelée.
27:25 Première fois, je ne suis pas tombée sur elle.
27:27 Elle était déjà avec d'autres personnes, donc j'ai réitéré la semaine d'après.
27:31 J'attendais ça un peu comme une date.
27:34 Je me suis dit "bon, je vais avoir ce rendez-vous".
27:36 Et ça a été extraordinaire. Un déclic.
27:38 Elle m'a fait un bien fou.
27:40 Ça a été extraordinaire. Elle m'a comprise.
27:42 Je lui ai raconté des choses tout de suite.
27:45 Elle a eu le clic, elle a su m'expliquer, mettre des mots sur des ressentis.
27:50 Ça a été extraordinaire.
27:52 Mais c'est extrêmement important de parler et de proposer une aide remboursée aux parents qui vivent des choses épouvantables.
28:03 Parce qu'on n'a pas tous les moyens de payer une psychologue toutes les semaines.
28:09 Parce que c'est toutes les semaines.
28:10 Moi, ma psychiatre, c'était toutes les semaines.
28:12 Elle était extrêmement disponible par WhatsApp, par texto.
28:17 Elle a été vraiment d'une gentillesse, elle a été présente.
28:22 C'était vraiment exceptionnel.
28:24 Et après, c'est un mal, c'est médical, c'est un soin.
28:28 Je ne sais pas si je me suis bien exprimée, si j'étais bien claire.
28:32 Si, c'est très clair.
28:33 Mais je trouve quand même que c'est quelque chose qu'on devrait proposer aux parents qui sont dans ce cas-là.
28:40 Moi, j'ai eu la chance de tomber sur cette psychiatre.
28:42 Mais au bout de six mois.
28:45 Il faut chercher, chercher, rencontrer des gens.
28:48 Pas hésiter à claquer la porte si on ne se sent pas du tout à l'aise avec une psychiatre.
28:52 Ce qui est difficile, parce que quand on est fragile, on peut ressortir de certains rendez-vous plus fragiles qu'on est rentrés.
29:01 Ça a été compliqué.
29:02 Après, j'ai fait pas mal de choses aussi.
29:04 J'ai fait tout ce qui se présentait pour aller mieux.
29:09 D'accord.
29:11 Des acupuncteurs, de l'hypnose, du MDA.
29:17 Je crois que c'est comme ça que ça se dit.
29:20 Énormément de choses, histoire d'aller mieux.
29:22 Et je me suis dit, en fait, maintenant, il faut que je me guérisse, moi.
29:26 Parce que j'étais incapable d'être dans la vraie vie.
29:30 C'est comme si j'étais sur un trottoir et que la vie passait.
29:35 Et je ne pouvais pas bouger.
29:36 Et la vie, c'était un TGV.
29:38 C'est-à-dire que si j'avançais, je mourrais.
29:41 Parce qu'on meurt quand on est sur les règles d'un TGV.
29:44 Et donc, je ne pouvais pas bouger.
29:46 C'était impossible.
29:47 Pendant un an, ça a été ça.
29:49 C'était impossible.
29:51 Je ne pouvais pas bouger.
29:53 Et aujourd'hui, Castille, elle est toujours là.
29:56 Elle fait partie de la famille.
29:57 Et ça va mieux.
29:59 J'ai parlé de Castille il y a pas longtemps avec une personne que je viens de rencontrer qui m'a dit
30:06 "C'est bizarre, on a l'impression que t'es pas du tout touchée.
30:11 Tu peux en parler de façon tout à fait naturelle, normale."
30:14 Et là, je lui ai dit "Je t'arrête tout de suite. C'est de la pudeur."
30:18 Alors, ça paraît un peu contradictoire sur le fait que je réponde à ces questions.
30:23 Mais non, c'est de la pudeur.
30:25 Je n'ai pas du tout envie de voir la souffrance et la tristesse dans le regard de la personne à qui j'en parle.
30:30 C'est de la pudeur parce que c'est ma fille.
30:33 C'est ma douleur.
30:35 Et ce qui est très difficile avec les personnes qui ont perdu un enfant,
30:38 c'est que c'est une cicatrice et un handicap invisibles.
30:42 Et ça, c'est extrêmement difficile.
30:45 Ne serait-ce que pour les personnes en face avec qui vous parlez et qui sont en relation avec vous.
30:51 Mais même pour vous, de temps en temps, ça m'avait eu des moments assez difficiles
30:55 parce que oui, on n'a pas envie de s'épancher.
30:58 Oui, on n'a pas envie d'être triste, de pleurer tout le temps.
31:01 Mais la douleur est là.
31:05 C'est-à-dire que moi, pour moi, je suis balafrée, surtout de ma poitrine de mère.
31:13 Après, je suis obligée de le montrer.
31:16 Mais il faut quand même un petit peu de délicatesse.
31:18 [SILENCE]