Il y a 80 ans, Marseille vivait l'une des pages les plus sombres de son histoire, découvrez à travers cette vidéo, le récit des événements tragiques ayant meurtri la cité phocéenne en 1943.
Category
📚
ÉducationTranscription
00:00 Je ne savais pas que ça avait eu lieu ici par exemple, mais je savais qu'il y avait eu des rafles à Marseille.
00:05 Après c'est sûr qu'on peut en faire plus, mais aussi on peut aller chercher l'information.
00:10 Si tu ne connais pas trop Marseille, tu connais plus Paris.
00:14 On sait ce qu'il y a eu dans les grandes lignes, mais on n'a pas les détails.
00:18 En tout cas, c'est vrai qu'il ne faut pas arrêter d'en parler.
00:20 On va continuer de parler de la Seconde Guerre mondiale pour éviter que ça se reproduise, c'est certain.
00:25 On parle toujours de cette nouvelle ville, on parle toujours de la ville de Marseille.
00:30 On va revenir à Rome, on va faire des petits repas, on peut dire que c'est un nouveau lieu.
00:32 En 1942, le quartier du Vieux-Port, perso historique de Marseille, abrite une population nombreuse et populaire, vivant principalement de l'artisanat et de la mer.
00:44 Les rues étroites grouillent de monde et reflètent l'aspect cosmopolite de la ville,
00:49 terre d'attache de nombreuses familles corses, italiennes, espagnoles et grecques.
00:53 Marseille devient alors une zone de refuge par son ouverture au monde via le port.
01:00 Cela durera jusqu'au 11 novembre 1942, la date à laquelle les troupes allemandes rentrent dans la ville.
01:05 Deux mois plus tard, sur ordre direct d'Hitler, l'opération Sultan est lancée.
01:10 Au début du mois de janvier, plus de 12 000 policiers français en provenance des quatre coins du pays ont convergé vers Marseille pour se préparer aux opérations.
01:18 Dans la soirée du vendredi 22 janvier 1943, a lieu la première rafle.
01:22 La police française menée par René Gousquet collabore largement.
01:25 C'est elle qui appréhende et arrête les juifs et mentions.
01:28 La rafle se déroule dans le centre-ville et tout particulièrement dans le quartier de l'Opéra, qui abrite une forte communauté juive.
01:33 Les rues sont passées au peigne fin, les policiers français visitent systématiquement les appartenements
01:38 afin d'arrêter des personnes qui croient subir qu'un simple contrôle d'identité.
01:42 Les arrestations et visites domiciliaires s'étendent toute la nuit durant.
01:46 Le lendemain, sans aucun motif, les troupes allemandes encerclent le quartier du Vieux-Port.
01:51 À tomber de la nuit, les hostilités reprennent. La police procède de nouveau à des arrestations en race.
01:56 Selon un attendant de police adjoint, sur ces deux journées, 2500 personnes, hommes, femmes et enfants,
02:01 tombent entre les mains de la police de Vichy et sont conduites vers la prison des Baumettes.
02:05 Au petit matin du 24 janvier, les Allemands décrètent l'évacuation du quartier du Vieux-Port.
02:13 Les 20 000 habitants sont prévenus par les clés ronds et les messages diffusés, là encore par les autorités françaises.
02:19 Habitants du quartier, pour des raisons d'ordre militaire et afin de garantir en toutes circonstances la sécurité de la population,
02:25 les autres autorités allemandes ont décidé de procéder à votre évacuation.
02:28 Les familles évacuées sont regroupées sur le quai Maréchal Pétain, actuel quai du Port,
02:33 avant d'être acheminées par tramway vers la gare d'Arenques en fin d'après-midi.
02:37 Sous la surveillance des SS, 15 000 personnes évacuées des Vieux-Port sont entassées dans des wagons à bestiaux en direction du camp de Fréjus.
02:45 Plus de 1642 personnes arrêtées lors des rafles opérées dans les quartiers de l'Opéra et du Vieux-Port
02:51 ont quant à elles été déportées vers le camp de Compiègne dans l'Oise, environ la moitié d'entre elles étaient de confession juive.
02:58 Dans le camp de Fréjus, les conditions de vie sont inhumaines, les lits ne sont pas en nombre suffisant et l'hygiène est déplorable.
03:05 Dans ce camp, chaque famille a été mise dans un genre de box blanc, étroit, et dont le sol était recouvert de paillasses.
03:12 Il a fallu se débrouiller pour tenir tous là-dedans.
03:14 Ici, on me restait 8 à 10 jours sans hygiène et sous-alimentés.
03:20 Le 8 mars 1943, 804 Juifs originaires de la cité phocéenne sont transférés à Drancy.
03:27 De là, les 23 et 25 mars, deux convois dirigent ces Marseillais vers le camp d'extermination de Sobibor.
03:34 Aucun n'a survécu.
03:36 600 raflés du Vieux-Port sont emmenés dans ces camps de travail à Buchenwald ou Mauthausen.
03:44 Seule une centaine en reviendra.
03:46 Le 1er février 1943, les opérations de dynamitage des vieux quartiers commencent.
03:58 Elles durent plus de deux semaines, créant un épais nuage de poussière.
04:03 Les dégâts furent considérables.
04:05 1500 immeubles détruits.
04:07 14 hectares de ruines bordent désormais le Vieux-Port, l'équivalent de 20 terrains de football.
04:12 50 rues et leurs héritages sont rayés de la carte à jamais.
04:19 Nous restions des journées entières sur les décombres.
04:22 Un jour, après avoir longtemps fouillé sur l'emplacement présumé de la rue Fontaine-Rouvière,
04:26 j'ai fini par reconnaître sur un tas de gravats le papier peint fleuri qui tapissait la chambre de mes parents.
04:31 J'ai serré contre moi ce trésor que j'avais sauvé, ce témoignage de notre vie passée,
04:35 de tant de souvenirs heureux que j'avais pu sauver de l'anéantissement total.
04:40 Les documents d'archives témoignent du soutien inconditionnel des autorités françaises à l'opération Sultan.
04:44 Philippe Pétain, loin de condamner les destructions, se réjouit de ces dernières.
04:48 Ce n'est pas dommage. Vous verrez, j'ai habité Marseille pendant trois ans.
04:53 Vous n'avez rien à m'attendre.
04:55 Je suis mal assez d'accord qu'on ait eu le parfait.
05:00 Il faut cependant reconnaître que les autorités françaises, à travers René Bousquet,
05:06 ont obtenu l'évacuation de la population avant les démolitions.
05:09 En effet, Himmler avait ordonné le dynamitage du quartier dans la nuit,
05:13 de telle façon que tous les résidents périssent par le simple souffle de l'explosion.
05:17 Cela étant dit, ces négociations ne reflètent pas l'humanité de René Bousquet.
05:21 En réalité, l'objectif était sans doute de conserver une forme de souveraineté
05:24 en ayant son mot à dire au sujet de l'opération.
05:26 Les destructions des vieux quartiers et les rafles sont clairement attribuables aux Allemands.
05:33 Ces actions sont motivées à la fois par des préoccupations militaires
05:35 liées à la menace d'un débarquement allié
05:37 et par la volonté de mettre en œuvre la solution finale.
05:40 Elles sont également influencées par la mauvaise réputation de Marseille
05:42 et des vieux quartiers, considérés comme le chancre de l'Europe.
05:45 Bien que les autorités françaises ne soient pas à l'origine de ces initiatives,
05:48 elles sont complices de l'opération allemande.
05:50 En invoquant l'autonomie de la police,
05:52 elles prennent en charge les rafles et envisagent de les étendre à toute la ville.
05:55 Les événements survenus à Marseille durant l'hiver 1943
05:58 illustrent clairement la politique de collaboration de l'État pratiquée par le régime de Vichy
06:02 qui les conduit à faciliter, voire à anticiper, les actions entreprises par les Allemands.
06:06 [Musique]
06:11 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org