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Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée, était l'invitée de franceinfo le 15 juin 2023.

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00:00 - 79 morts et des centaines de disparus au large de la Grèce dans un nouveau naufrage d'un navire migrant.
00:06 Si le bilan s'alourdit de centaines de victimes, ce serait le plus important depuis la crise de 2015.
00:13 On a appris que les autorités européennes avaient vu que ce bateau était surchargé de migrants,
00:18 mais ne sont pas intervenus. Est-ce qu'elles auraient dû secourir ces personnes ?
00:22 - On va attendre déjà les résultats de l'enquête, parce que vous voyez bien qu'il y a un combat idéologique
00:29 entre les ONG et Frontex notamment. - Ce sont les garde-côtes européens.
00:34 - Je veux dire, ce drame épouvantable est un drame qui survient après beaucoup d'autres drames
00:41 et qui, si on n'arrête pas cette politique, précédera beaucoup d'autres drames encore.
00:48 L'idée, si vous voulez, qu'il faut laisser espérer à l'ensemble de ces bateaux, de ces migrants,
00:58 la possibilité d'arriver en Europe et d'être régularisés et éventuellement d'obtenir la nationalité
01:04 dans des pays de l'Union européenne, est une idée qui incite à la prise d'un risque considérable,
01:10 qui est celui de mourir en mer. - C'est le rôle des garde-côtes de rester à distance ?
01:14 - Non, je pense qu'il faut arraisonner ces bateaux lorsqu'ils sont manifestement en situation de péril.
01:21 Il faut embarquer les migrants qui sont sur ces bateaux, il faut les nourrir, il faut les soigner,
01:27 il faut les hydrater et il faut les ramener à leur port de départ.
01:31 Car il n'y a que comme cela qu'on arrêtera cette pompe aspirante qui fait que des milliers de migrants,
01:39 chaque année, risquent leur vie avec des traversées qui sont de plus en plus périlleuses.
01:43 Tout cela, maqués, je dis bien maqués, par des ONG qui sont les complices, en réalité, des passeurs.
01:52 Voilà la situation actuelle.
01:54 Or, avec le pacte Asie des migrations, dont discutait M. Darmanin et dont il a accepté un nouveau volet...
02:02 - Sur les négociations européennes. - Il y a quelques jours.
02:05 Et bien, ce sont les ONG, en réalité, qui détermineront la politique d'immigration sous la coupe de l'Union Européenne.
02:12 Les nations n'auront plus leur mot à dire.
02:14 On ne pourra plus, en réalité, précisément, arraisonner ces bateaux et les ramener,
02:21 soit les bateaux, soit évidemment les migrants qui sont sur ces bateaux à leur port d'origine.
02:26 Donc, on va lancer le signal qu'il faut tenter cette traversée, qu'il faut risquer sa vie,
02:32 parce qu'il y a encore un espoir de trouver une place en Europe, alors que l'Europe est submergée.
02:37 Marine Le Pen, vous dites qu'il faut ramener ces bateaux vers leur port de départ.
02:40 Vous affichez votre fermeté.
02:42 Giorgia Melloni, aussi, en Italie, avait affiché sa fermeté, mais à l'épreuve du pouvoir.
02:48 Elle a fait volte-face, par exemple, on n'a jamais vu la couleur du blocus naval qu'elle promettait.
02:53 Est-ce que la réalité dans l'Union Européenne n'est pas un peu plus complexe que les promesses ?
02:57 Tout est un problème de volonté politique.
03:00 Moi, je pense que, précisément, avec l'Italie, avec peut-être l'Espagne aussi,
03:06 il faudrait passer un accord entre la France et l'Italie, la France et l'Espagne,
03:09 pour que nos marines nationales puissent mettre en sécurité ces migrants qui traversent
03:13 et puissent précisément les ramener.
03:15 De la même manière, toute la question est de savoir quelle est la nature de Frontex.
03:19 On a bien vu que récemment, un dirigeant de Frontex a été démissionné, précisément,
03:26 parce que lui considérait, comme moi, il faut bien le dire, que Frontex est un corps de garde frontière,
03:33 alors que l'Union Européenne et la Commission considèrent que Frontex doit être une agence d'accueil des migrants.
03:40 Nous avons une vision radicalement différente, et tout cela, évidemment, se débat
03:44 dans les instances européennes.
03:46 – Vous êtes déçue par Giorgia Meloni ?
03:49 – Non, je n'ai pas à être déçue.
03:50 L'Italie est dans une situation qui n'est pas celle de la France.
03:53 Je pense que la liberté d'action de l'Italie est aussi entravée par sa situation budgétaire,
04:00 qui fait que des concessions sont accordées à l'Union Européenne,
04:04 parce que le plan de sauvegarde qui a été promis à l'Italie est absolument considérable.
04:10 Ce n'est pas le cas de la France, qui, elle, en réalité, va avoir plus de dettes à payer
04:15 dans ce plan de relance que de bénéfices entiers.
04:17 – Mais l'Italie est aussi entravée ou contrainte par les règles de l'Union Européenne.
04:22 Giorgia Meloni vient de signer l'accord des 27 qui réforme le droit d'asile
04:26 et qui prévoit une solidarité obligatoire entre les États-Unis.
04:29 – Mais vous savez pourquoi ?
04:30 – Vous allez nous le dire.
04:31 – Parce que c'est son intérêt.
04:33 L'intérêt de l'Italie, c'est de dire "écoutez, vous êtes bien gentils tous,
04:36 mais tous les migrants qui arrivent, puisque vous considérez qu'il faut tous les accueillir, c'est bien,
04:39 mais alors on va vous les répartir chez vous".
04:41 Ce n'est pas l'Italie qui va assumer seul l'ensemble des migrants qui arrivent,
04:46 puisque c'est une porte d'entrée, donc elle défend ses intérêts.
04:48 – Mais l'accord porte sur 3 000 personnes.
04:51 – Notre intérêt à nous, l'intérêt des Français, c'est de dire "non, il n'est pas question
04:55 que vous nous forciez à accueillir des migrants",
04:57 parce que c'est ça l'accord qui a été passé.
04:59 Appeler "re-localisation", on ne voit pas pourquoi "re" d'ailleurs,
05:02 localisation de migrants sur le territoire national.
05:05 Et si un État refuse le quota de migrants que va lui imposer l'Union Européenne,
05:10 – Il doit payer 20 000 euros.
05:11 – 20 000 euros ? – Par personne.
05:13 – Par personne et ? Et je crois par jour, semble-t-il.
05:17 – Moi j'avais juste "par personne", mais peu importe, ça fait une somme qui fait considérable.
05:21 – Simplement ça porte sur 30 000 personnes seulement, entre guillemets.
05:24 – Oui enfin, entre guillemets.
05:25 – Vous avez raison de dire "entre guillemets".
05:26 – Il y a 130 000 demandes d'asile l'an dernier en France par exemple.
05:29 – Oui mais non mais…
05:30 – Les proportions sont très faibles.
05:31 – 137 000 en 2022, mais pardon, ça ne vous dit pas qu'en 2009, il y en avait 42 700 ?
05:38 C'est-à-dire qu'il y a eu une augmentation de 220% des demandes d'asile en l'espace de 15 ans.
05:44 Et on ne parle que des demandes d'asile puisqu'on parle d'immigration.
05:47 On ne parle pas de l'immigration légale qui enregistre des records,
05:51 on ne parle pas de l'immigration clandestine qui ne passe pas en l'occurrence
05:56 par des demandes de droits d'asile qui est en soi d'ailleurs une nouvelle filière d'immigration.
06:00 Et le titre de séjour…
06:02 – Il faut régler ces problèmes-là.
06:03 – Elizabeth Bornes-Sully-Praet dans le Figaro a discuté des modalités
06:07 du titre de séjour pour les travailleurs sans-papiers, la logique étant dite telle
06:10 de permettre à tous ceux qui sont ici régulièrement d'accéder à un travail.
06:14 C'est aussi une demande qu'avait faite le patronat en disant
06:17 "on manque de bras dans certains métiers, on est obligés de faire travailler
06:21 des personnes étrangères parce que les Français ne veulent pas de ces métiers".
06:24 – Je recommence, ça fait 40 ans qu'on nous dit ça, 40 ans, d'accord ?
06:28 – Et pourquoi les Français n'en veulent pas alors de ces métiers ?
06:30 – L'accord de 68 avec l'Algérie dont je demande la suppression depuis des années,
06:33 je vois que j'ai réussi à convaincre…
06:35 – Comme Édouard Philippe aujourd'hui.
06:37 – Édouard Philippe, il ne demande pas sa suppression,
06:38 mais il demande en tout cas qu'on revienne dessus.
06:39 – J'ai réussi à convaincre Édouard Philippe, je suis assez contente de moi.
06:42 – Je ne sais pas si c'est vous qui l'avez convaincu, en tout cas…
06:44 – C'est quand même la première fois qu'il parle de ça.
06:46 – Effectivement, il veut revenir dessus.
06:47 – Déjà cet accord-là avait été fait exactement avec cette justification,
06:50 parce que le patronat réclamait de la main-d'œuvre étrangère
06:54 parce qu'ils n'arrivaient pas à trouver de la main-d'œuvre française.
06:56 Ça ne fonctionne pas.
06:57 Donc je pense que quand on est Premier ministre de la France,
07:00 la première priorité, la première préoccupation,
07:03 ce n'est pas de trouver de l'emploi aux étrangers sur notre territoire,
07:07 s'ils sont en situation régulière, c'est de trouver de l'emploi aux Français.
07:10 Parce que c'est d'abord à leur égard que l'on a une responsabilité.
07:16 Voilà, ça c'est une certitude.
07:18 – Mais ils ne veulent pas de ces emplois-là, les Français ?
07:20 – Non, ça n'est pas vrai.
07:21 Arrêtez de dire qu'ils n'en veulent pas.
07:23 Ça veut dire quoi ?
07:24 Qu'ils sont fainéants.
07:25 Ils ne sont pas fainéants.
07:26 Ça veut dire que les formations ne sont pas adaptées
07:29 et ne correspondent pas aux besoins des entreprises.
07:32 Ça veut dire que les Français ne veulent pas travailler à un salaire
07:36 qui ne leur permet pas de vivre.
07:38 Alors que, évidemment, la main-d'œuvre étrangère, elle accepte de le faire.
07:42 Parce que, pour elle, le salaire minimal français est un excellent salaire.
07:49 Sauf que pour les Français, c'est un salaire qui ne permet pas aujourd'hui de vivre
07:52 et qui crée, au moment où nous nous parlons, des millions de travailleurs pauvres.

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