un documentaire RTS (Suisse)
Ecstasy, Cocaïne, Amphétamines..)
Ecstasy, Cocaïne, Amphétamines..)
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00:00 [Musique]
00:08 En soirée, je consomme généralement de l'alcool déjà.
00:13 Et puis ensuite, on peut partir sur de l'ecstasy, MDMA, qui est plus ou moins la même chose.
00:21 Et plus occasionnellement, des produits à sniffer, comme parfois de la cocaïne,
00:27 parfois du spit, parfois des amphétamines.
00:31 [Musique]
00:36 Dès l'aube de l'humanité, on trouve l'usage de drogues et de substances qui modifient les états de conscience.
00:44 On le trouve dès qu'il y a des humains en groupe et en communauté,
00:47 il y a des chamanes, ou donc des personnes qui, à travers la conscience modifiée,
00:53 essayent d'interpréter le monde et de communiquer avec le monde des esprits.
00:58 Alors bien sûr, tout cela a évolué en des milliers d'années,
01:02 et aujourd'hui, on est dans un phénomène, effectivement, de consommation,
01:08 soit festive, pour se distraire, pour éprouver, pour le plaisir, si vous voulez, des modifications de conscience.
01:14 On pourrait dire pour se sentir bien, pour faire une expérience.
01:18 À d'autres époques, l'usage de ces substances était ritualisé et encadré par les aînés.
01:25 Aujourd'hui, les jeunes consommateurs s'initient entre eux.
01:29 Pour s'éclater, ils consomment parfois du LSD.
01:33 Assez fréquemment, ils absorbent de la cocaïne et des amphétamines.
01:37 Et dans une large proportion, une amphétamine très connue, l'ecstasy, ou MDMA.
01:43 Tout cela dans des ambiances enfumées de cannabis ou de tabac, arrosées de grandes quantités d'alcool.
01:49 - Comment vous avez commencé ?
01:51 - De temps en temps, j'avais des amis qui prenaient.
01:54 Et puis, ouais, j'ai pris une fois, j'ai trouvé sympa.
01:57 Puis maintenant, de temps en temps, j'en prends.
01:59 Puis il faut dire que quand on boit, en soirée, on est un peu...
02:02 On réfléchit moins, on est plus désinhibiés, et puis...
02:05 On a plus tendance à faire ce genre de choses.
02:08 - Quand ils sortent, ces jeunes cherchent des sensations.
02:11 Cela fait peur aux parents, parce qu'ils n'hésitent pas à tester des substances psychotropes.
02:15 Mais combien sont-ils à consommer des drogues pour faire la fête ?
02:19 Les données fiables manquent.
02:21 Mais on sait que le plus grand nombre est âgé de 19 à 29 ans.
02:24 Que généralement, alcool et tabac sont indissociables d'une soirée festive.
02:29 Et une moitié d'entre eux reconnaît aussi, dans les sondages,
02:32 qu'ils consomment une à deux fois par mois en moyenne,
02:35 des produits interdits que, dangereusement, ils mélangent.
02:38 - Et pour vous, c'était comment, la première fois ?
02:41 - C'était top ! C'était cool !
02:43 J'avais pris une demi-pilule d'ecstasy.
02:46 C'était sympa. J'ai bien aimé.
02:49 C'était une soirée classique, on avait fait l'apéro.
02:52 Puis après, on est allés en boîte, et puis...
02:56 Puis voilà.
02:58 Au début, on ne ressent rien, pendant un petit moment.
03:03 Après 45 minutes, on commence à avoir une montée.
03:06 Ça, vous la sentez bien, ça vient un peu du ventre.
03:09 C'est très... Beaucoup de chaleur, je dirais.
03:12 Et puis, vous devenez très, très euphoriques, très, très heureux.
03:16 - L'ecstasy, qu'on connaît aussi sous l'abréviation MDMA,
03:21 pour méthylenedioxyméthamphétamine,
03:24 est un stimulant du système nerveux central
03:26 qui possède des caractéristiques psychotropes particulières.
03:30 - Dans ces cercles-là, la priorité,
03:33 c'est un mélange de stimulants et de perturbateurs.
03:37 Donc, les stimulants, c'est la famille des amphétamines,
03:40 et il y a souvent de la cocaïne.
03:42 Puis les perturbateurs, il peut y avoir du LSD
03:45 et des ecstasies qui donnent quand même
03:47 des fortes perturbations des sensations,
03:49 notamment dans le sens de l'exacerbation, des couleurs, des sons.
03:53 Et ce côté ontactogène, hein,
03:55 qui permet de se mêler dans la foule.
03:57 Il y a beaucoup de gens qui ont des phobies sociales,
04:00 qui hésitent à aller danser, se mettre sur scène, etc.
04:03 Et quand ils découvrent l'ecstasie,
04:05 eh bien, ça guérit leur timidité pathologique,
04:08 et puis, tout d'un coup, ils sont le roi de la danse.
04:11 - Alors moi, à chaque fois, la musique, je la trouve incroyable.
04:15 Ça, c'est un truc en soirée.
04:17 À chaque fois que je prends une ecstasie, je suis à ce concert.
04:19 C'est un truc de fou.
04:21 Alors c'est vrai que des fois, le lendemain,
04:23 je réécoute des vidéos, et puis je suis là,
04:25 c'était peut-être pas si bien ou...
04:27 Mais c'est vrai que, ouais, ça reflifie vraiment le...
04:30 Je veux dire, la sensation avec la musique, quoi.
04:33 C'est vraiment... Ça, c'est vraiment cool.
04:35 - Si le cannabis fait planer,
04:39 la cocaïne et l'ecstasie sont des stimulants puissants.
04:42 Une potion magique qui rend sûr de soi,
04:46 donne une énergie folle
04:48 et fait durer la fête longtemps, très longtemps.
04:51 - On participe à la fête dans le sens où,
04:56 bah, vous allez bien vous amuser, quoi.
04:58 En plus, vous allez durer un petit peu.
05:00 Je trouve que ça fait durer les soirées pas mal de temps.
05:03 Là, vous êtes un vrai guerrier, là.
05:05 Vous arrêtez pas.
05:07 Vous pouvez faire même 2 jours de suite.
05:09 Parce que l'alcool, par exemple, ça va vous endormir
05:11 vers 4, 5 heures.
05:13 Moi, si je fais qu'une soirée à l'alcool,
05:15 5 heures,
05:17 enfin, la plupart du temps,
05:19 je suis fatigué, quoi. J'ai envie d'aller me coucher.
05:21 - Les drogues ont des effets spécifiques
05:24 sur différentes parties du cerveau.
05:26 Mais toutes les substances psychotropes
05:28 agissent sur le centre de la récompense.
05:30 Elles déclenchent la production d'un neuromédiateur,
05:33 la dopamine,
05:35 dans une zone précise du cerveau,
05:37 le noyau acubens.
05:39 La dopamine participe à des fonctions essentielles
05:43 pour la survie de l'organisme,
05:45 comme la motricité, la tension, la motivation, la mémoire.
05:48 Mais elle peut conduire à l'addiction.
05:51 - Toutes les substances psychoactives
05:53 stimulent une région du cerveau des émotions,
05:57 qui est une voie dopaminergique
06:00 et qui donne une impression de plaisir et de satisfaction,
06:03 et qui va renforcer le comportement.
06:05 Elles ont tous cet effet-là.
06:07 - Ces substances laissent aussi des traces mesurables.
06:14 Les eaux usées dévoilent une forme de l'eau.
06:17 Les prélèvements permettent de mesurer
06:19 quelles substances sont consommées,
06:21 par quelle population et à quel moment.
06:23 A l'université de Lausanne,
06:25 Pierre Esseva est une référence dans le traitement de ces données.
06:28 Les données qui permettent, par exemple,
06:30 de savoir qu'en Suisse,
06:32 on consomme chaque jour près de 9 kg de cocaïne.
06:35 - On va pouvoir voir le produit qui est consommé
06:37 et avoir une idée de la quantité qui est consommée.
06:39 Maintenant, il existe toute une série d'autres données épidémiologiques
06:42 qui existent, notamment les données pour la santé.
06:44 Les arrestations, les sondages de consommation.
06:47 L'idée, c'est de se dire qu'on a un certain nombre d'indicateurs.
06:50 Les eaux usées en sont un.
06:52 En combinant ces choses-là,
06:54 et lorsque les indicateurs vont dans la même direction,
06:57 on peut avoir une vision plus objective
06:59 de ce qui se passe et de la compréhension de ce phénomène.
07:02 Quand on s'intéresse aux substances dites très créatives,
07:05 notamment la MDMA,
07:07 on voit qu'au niveau suisse,
07:09 on a une grande quantité de substances
07:11 qui sont consommées dans les grottes-villes.
07:13 Ce qui n'est pas étonnant,
07:15 puisque ces grottes-villes sont des attractions
07:17 pour tout ce qui est milieu festif.
07:19 Un élément aussi intéressant, c'est qu'on voit des différences,
07:22 notamment par rapport au milieu de la méthamphétamine,
07:25 où on voit des différences assez flagrantes
07:28 entre le nord et le sud de la Suisse.
07:31 - L'analyse des eaux usées montre 2 types de consommation.
07:36 Celle des drogues,
07:38 très addictives comme l'héroïne,
07:40 qu'on retrouve dans des proportions constantes
07:42 tous les jours de la semaine,
07:44 et la consommation de drogues qu'on qualifie de récréatives,
07:47 qui laissent des traces essentiellement le week-end.
07:50 - C'est très clair, par exemple, pour la MDMA,
07:52 qu'on a une consommation très limitée la semaine
07:55 et le week-end, associée avec les aspects festifs,
07:58 festivals et autres.
08:00 Là, on a une augmentation de cette substance,
08:02 et également de la cocaïne,
08:04 puisqu'il y a quand même aussi, à un niveau de la cocaïne,
08:07 un aspect festif qui est indéniable.
08:10 - La plupart des jeunes qui font la fête
08:32 vont gérer sans problème leur consommation de psychotropes
08:35 et éviter des conséquences graves ou irréversibles pour leur santé.
08:38 Mais pas tous.
08:40 La sensibilité de chacun est absolument imprédictible.
08:43 Il faut donc savoir que ces consommations dites festives
08:46 comportent toujours une part de risque.
08:48 Impossible également de prédire les effets de ces substances
08:51 quand on les mélange entre elles.
08:53 Certains cocktails peuvent être dévastateurs pour le cerveau.
08:56 La suite du reportage nous emmène au cœur
08:58 de la plus grande techno-party du monde,
09:00 la Street Parade de Zurich,
09:02 qui réunit un million de participants.
09:04 (musique)
09:07 La météo annonce un samedi torride pour cette édition 2016.
09:15 Au cœur de la fête, on se presse pour consulter les affiches
09:22 qui détaillent la qualité des drogues sur le marché.
09:25 Mais on se presse surtout autour du laboratoire mobile
09:28 où l'on peut faire analyser les drogues qu'on va ingurgiter
09:31 pour faire la fête.
09:33 Le Drug Checking de Zurich offre d'analyser le contenu de vos drogues.
09:37 Ce service, quand il a été mis en place en 2002,
09:40 a fait la une de la presse mondiale.
09:43 Son but ? Éviter les accidents liés aux substances frelatées et toxiques.
09:47 Pour les consommateurs, les tests sont gratuits et anonymes.
09:51 - En fait, je suis venue pour de la cocaïne.
09:56 - J'ai fait analyser de la MDMA en pilule.
10:01 - Si vous prenez des drogues, il faut savoir ce qu'elles contiennent.
10:04 Parce que ça peut être très dangereux si vous prenez quelque chose
10:07 qui n'est pas bon.
10:09 Pour nous, c'est très important de faire ce test.
10:12 S'ils nous disent que c'est bon, que c'est de bonne qualité,
10:15 alors on le prendra.
10:17 Pour obtenir cette analyse, il faut se prêter à un questionnaire détaillé.
10:22 Ce questionnaire est la meilleure source de renseignements
10:25 sur le comportement des consommateurs festifs en Suisse.
10:28 - Le drug checking a comme but premier d'entrer en contact
10:32 avec les gens qui consomment des drogues festives.
10:35 Avant de faire le drug checking, nous n'avions aucune idée
10:38 de ce que prenaient les gens.
10:41 Le deuxième objectif, bien sûr, c'est limiter les dégâts
10:44 pour minimiser les risques liés à la consommation.
10:47 Nous savons que si une substance est vraiment dangereuse pour la santé,
10:55 la personne qui l'a apportée ne la prendra pas.
10:58 L'expérience que nous avons de ces situations le montre.
11:01 Nous sommes crédibles, les gens nous font confiance.
11:04 Ils savent que nous ne leur dirons pas de ne pas consommer
11:07 sans raison valable.
11:09 Nous ne sommes pas là pour faire la morale,
11:12 mais vraiment pour réduire les risques.
11:15 - C'est le laboratoire du pharmacien cantonal bernois
11:19 qui a mis au point l'unité mobile d'analyse des drogues.
11:22 La loi sur les stupéfiants permet ce travail
11:25 et la police profite des informations recueillies
11:28 sur les produits qui circulent.
11:31 Les noceurs apportent leurs achats, qui seront examinés
11:34 sous toutes les coutures.
11:36 Les pilules ou les poudres sont pesées, photographiées
11:39 et on soumet des échantillons à un test détaillé.
11:42 En 20 minutes, l'analyse permet non seulement d'identifier
11:45 toutes les substances qui se trouvent dans le produit,
11:48 mais aussi leur dosage.
11:50 ...
11:55 Loin de la fête, comme ici à Berne,
11:58 les consommateurs ont d'autres possibilités
12:01 de faire vérifier leurs substances.
12:04 Qu'on le veuille ou non, les gens consomment.
12:07 Il y a donc un intérêt majeur à limiter les risques.
12:10 Les résultats du drug checking ont convaincu Berne,
12:13 Zurich et Bâle.
12:15 Dans ces cantons, les consommateurs peuvent déposer
12:18 des médicaments de prévention.
12:20 Le résultat leur sera communiqué quelques jours plus tard.
12:23 - Ici, c'est le laboratoire du Pharmacien cantonal.
12:26 C'est un laboratoire de référence.
12:29 Comme instrument principal, on a un chromatographe
12:32 de phase gazeuse.
12:34 - Les analyses hebdomadaires du laboratoire bernois
12:37 permettent de suivre l'évolution du marché en continu.
12:40 Il n'est pas rare que des produits, la cocaïne notamment,
12:43 soient coupés avec des substances toxiques
12:46 potentiellement dangereuses.
12:49 Quand un produit frelaté est détecté, une mise en garde
12:52 est publiée sur Internet et dans la presse.
12:55 La limite de danger est fixée à 1,5 mg par kg de poids corporel.
12:58 Une personne de 80 kg ne devrait donc pas absorber
13:01 plus de 120 mg d'ecstasie.
13:04 Or, les pilules surdosées sont fréquentes.
13:07 - On constate qu'il y a une forte augmentation
13:10 des dosages dans les pilules.
13:13 Pour les mises en garde, on a une limite de 120 mg par comprimé.
13:16 Les dosages, c'est toujours une question de poids.
13:19 Si c'est un gars qui fait 85 kg, ce n'est pas la même chose
13:22 que si c'est une fille qui fait 50 kg.
13:25 ...
13:28 - Qu'est-ce que ça donne, vos résultats?
13:31 - Ils sont excellents!
13:34 La cocaïne est pure à 90,9 %.
13:37 - C'est très bon!
13:40 - Ils nous ont dit que c'est une des 3 plus fortement dosées
13:43 qu'ils ont testées aujourd'hui.
13:46 ...
13:49 - Cette pilule, c'est de la MDMA pure.
13:52 107 mg, pas trop forte, c'est OK, juste parfait.
13:55 ...
13:58 - Une surdose d'ecstasie ou une substance imprévue
14:01 peut conduire à une hyperthermie.
14:04 C'est rare, mais c'est une maladie qui peut être causée
14:07 par le métabolisme et entraîner des défaillances d'organes.
14:10 Des faillances qui peuvent être mortelles.
14:13 ...
14:16 - Le risque de surdosage est pertinent
14:19 pour la plupart des substances.
14:22 Peut-être avec une exception, mais qui rend la substance
14:25 d'autant plus dangereuse pour la cocaïne,
14:28 dont les risques sont relativement peu liés à la dose.
14:31 En fait, la cocaïne est une substance qui est très dangereuse
14:34 pour la plupart des gens.
14:37 Dès le 1er ou le 2e trait de cocaïne,
14:40 il y a un risque d'infarctus, de troubles du rythme cardiaque,
14:43 d'attaque cérébrale ou d'épilepsie.
14:46 - A Genève, les urgences traitent une trentaine d'accidents par année
14:49 liés à des problèmes de drogue,
14:52 contre 700 cas provoqués par des excès d'alcool.
14:55 Thierry Favreau-Kuhn est médecin de premier recours.
14:58 Dans son quotidien professionnel,
15:01 les drogues sont rarement récréatives.
15:04 Il y a des dégâts qui se révèlent bien après la fête.
15:07 - C'est souvent des gens qui vont s'engager
15:10 dans des comportements à risque très importants,
15:13 notamment au niveau sexuel,
15:16 avec de très fréquentes histoires de contamination
15:19 par les virus du HIV ou de l'hépatite
15:22 sur des rapports non protégés.
15:25 - Chez les professionnels de la santé,
15:28 on hésite à parler de consommation occasionnelle,
15:31 surtout quand elle se répète chaque fin de semaine.
15:34 - Une consommation, je dirais, soi-disant festive,
15:37 mais qui aurait lieu tous les week-ends,
15:40 c'est déjà une consommation qui peut avoir un impact
15:43 bien négatif sur la santé et la vie en général des gens.
15:46 Et on pourrait rapidement être dans une consommation
15:49 plus si festive, mais déjà problématique.
15:52 Et ça peut vraiment aller jusqu'à des dégâts
15:55 et ça peut vraiment aller jusqu'à des épisodes dépressifs
15:58 plus ou moins longs, selon les gens.
16:01 On n'est pas égaux, on n'est pas tous de même constitution.
16:04 Et ça, ça peut réellement avoir un retentissement
16:07 sur la vie des gens, voire aller éventuellement
16:10 jusqu'à des tentatives de suicide, dans certains cas.
16:13 - Le blues plus ou moins profond des lendemains de fête
16:16 cache un autre danger, l'envie de retourner aux produits
16:19 pour aller mieux, et de se faire encore plus.
16:22 Parmi les substances les plus addictives,
16:25 la méthamphétamine, elle fait des ravages.
16:28 Aux Etats-Unis, on publie les photos des accrocs à la meth
16:31 pour montrer comment cette drogue de synthèse
16:34 détruit progressivement ses consommateurs.
16:37 La méthamphétamine s'est répandue dans les années 90,
16:40 dans le nord de la Suisse, via les pilules Thaï
16:43 des salons de massage.
16:46 On la trouve aussi sous forme de cristal,
16:49 peu présente à Genève ou Lausanne.
16:52 La méthamphétamine, en revanche, est devenue
16:55 la préoccupation majeure de la brigade des stups de Neuchâtel.
16:58 - Il y a un lien avec le côté festif,
17:01 mais la problématique de la consommation de méthamphétamine,
17:04 c'est pas tellement la méthamphétamine.
17:07 Sa particularité, c'est qu'elle est très consommée
17:10 dans le milieu privé, mais privé festif,
17:13 c'est-à-dire avec une bande de copains
17:16 plus ou moins larges.
17:19 Donc on a un type de consommation qui est extrêmement discret,
17:22 contrairement à l'ecstasie, qui est très répandue
17:25 dans le milieu techno, qui est très associée au milieu techno.
17:28 La méthamphétamine aussi, bien évidemment.
17:31 Certaines personnes ne savent pas ce qu'elles consomment.
17:34 Donc elles ont juste une pilule sans savoir quel est le contenu.
17:37 - C'est ce qui est arrivé à Pierre un soir.
17:40 Il a manqué de vigilance.
17:43 Il nous avait vendu une ou deux fois des ecstasies.
17:48 Ils nous ont dit un soir qu'il n'en avait plus.
17:52 Il n'en avait plus.
17:55 Par contre, ils avaient de la meth.
17:58 Et je n'ai pas tilté, je n'ai pas vraiment réagi.
18:01 J'ai simplement accepté d'essayer ce nouveau truc.
18:08 On ressent un rush incroyable
18:11 pendant des jours où on ne dort pas.
18:14 On se sent très sûr de soi, très en confiance.
18:18 Et puis on a une sorte d'excitation aussi sexuelle.
18:27 En fait, on ne ressent plus la fatigue.
18:30 L'effet du cristal, de la méthamphétamine,
18:35 était immédiat et vraiment beaucoup plus intense.
18:40 Ce qui nous a conduit à en acheter de plus en plus régulièrement.
18:48 Il faut savoir que ce n'est pas une envie physiologique,
18:51 ce n'est pas le corps qui vous demande ça,
18:53 c'est votre esprit, c'est votre tête qui vous demande ça.
18:56 En l'espace de six mois, j'ai perdu environ 15 kilos.
19:00 Ça mène plein de carences.
19:02 Au bout de deux ans, j'avais une carence en fer très importante
19:06 qui nécessitait une hospitalisation en urgence.
19:09 Et puis physiologiquement, c'est toutes sortes de problèmes.
19:15 Des crampes, des douleurs dans les membres, dans les doigts,
19:19 des maux de tête.
19:21 Enfin, c'est... J'en passe.
19:26 La dangerosité des drogues est un chapitre extrêmement complexe.
19:32 La substance, étonnamment, ne joue pas le rôle le plus déterminant.
19:36 Ce sont les vulnérabilités du consommateur qui font la différence.
19:41 Son bagage génétique, sa santé physique et psychique,
19:44 le mode et le contexte dans lequel on prend une drogue
19:47 sont autant de facteurs qui déterminent le profil à risque.
19:51 Évidemment, si vous avez des troubles, disons, psychologiques, psychiatriques,
19:56 on peut évoquer, bien sûr, la dépression,
19:58 mais aussi les troubles anxieux ou d'autres troubles.
20:01 C'est un facteur de risque.
20:04 Celui qu'on a mis le plus en évidence ces dernières années,
20:07 c'est les antécédents psychotraumatiques.
20:09 Des personnes qui ont eu des violences ou des abus sexuels
20:13 pendant leur enfance et leur adolescence sont à risque,
20:16 si vous voulez, d'enfouir ces mauvais souvenirs
20:19 et puis de s'automédiquer avec des substances.
20:22 - On va vous asseyer en face. - Oui.
20:25 Comment savoir qui est à risque ?
20:29 Les spécialistes des neurosciences cherchent des réponses.
20:32 Au CHUV, Jérémy Grivelle observe comment le regard d'un patient
20:36 est attiré par les images qui trahissent son addiction.
20:39 On va pouvoir commencer la calibration.
20:43 En suivant les mouvements oculaires du patient,
20:47 on peut identifier, voire évaluer ses addictions.
20:50 A terme, ces recherches pourront contribuer au diagnostic
20:53 et au traitement de ses troubles.
20:56 Une addiction, c'est un surapprentissage du comportement de consommation.
21:01 Quand on consomme une substance addictive,
21:04 notre système de récompense, notre système d'apprentissage
21:08 va être suractivé, il va être piraté par ces substances
21:14 et la personne va avoir tendance à encoder tout ce qui est lié à la consommation
21:19 comme si c'était très important pour sa survie.
21:22 Les substances addictives ont tout en commun de libérer
21:27 une forte dose de dopamine dans le circuit de la récompense
21:30 qui agit comme un signal puissant d'apprentissage.
21:33 Ce signal va imprégner la mémoire,
21:36 un phénomène que les anglo-saxons appellent le "craving".
21:40 Le craving, c'est l'envie irrépressible de consommer.
21:44 Et donc on a un risque de rechuter à cause de ces mécanismes de mémoire.
21:49 Par exemple, un héroïne humain qui a l'habitude d'utiliser une petite cuillère
21:56 pour faire sa préparation,
21:58 quand il aura été sevré,
22:01 il restera que cet indice, la petite cuillère,
22:04 pourra réactiver son envie de consommer, même beaucoup plus tard.
22:07 Il est terriblement difficile de se libérer d'une addiction.
22:10 Pour le cristal mètre, par exemple,
22:12 le taux de rechute se situe à plus de 75%.
22:16 Malgré bien des efforts, Pierre est toujours accro.
22:19 Pourquoi vous avez accepté de témoigner ?
22:22 Parce que j'ai des enfants.
22:26 Je ne veux pas qu'ils en font touche à ça.
22:29 Je ne veux pas...
22:38 Je ne peux pas que les dealers
22:41 se vendent ça à des gamins.
22:44 Je ne veux pas que les gamins
22:47 se vendent ça à des gamins.
22:50 Je ne veux pas que les gamins
22:53 se vendent ça à des gamins.
22:55 Parce qu'ils sont foutus, les gamins.
22:57 Ils ne connaissent même pas le bonheur de la vie.
23:00 C'est surtout pour ça.
23:05 C'est pour ça que je suis là.
23:07 C'est pour ça que je suis là.
23:09 C'est pour ça que je suis là.
23:12 La confédération a ajouté un 4e pilier
23:15 à sa lutte contre les méfaits de la drogue.
23:18 Une politique de réduction des risques
23:20 qui s'ajoute à la prévention, à la thérapie
23:22 et à la répression du trafic.
23:24 Mais comme ce sont les cantons qui sont chargés
23:26 de la mise en place de la drogue,
23:28 la confédération a décidé de ne pas en faire.
23:31 Elle a décidé de ne pas en faire.
23:33 Elle a décidé de ne pas en faire.
23:35 Elle a décidé de ne pas en faire.
23:37 Elle a décidé de ne pas en faire.
23:39 Comme ce sont les cantons qui sont chargés
23:41 de la mise en œuvre de ce programme,
23:43 il y a de grandes disparités entre les régions.
23:45 Zurich est généralement désigné comme l'exemple à suivre.
23:48 Là-bas, de nombreuses organisations sillonnent
23:50 les événements festifs pour informer
23:52 et accompagner les consommateurs.
23:54 Une manière de limiter les mauvais tripes.
23:57 Fête des vendanges d'auvergners près de Neuchâtel.
24:07 L'association Pointe Chute a déployé son stand.
24:10 Ici, à défaut de drogue checking,
24:12 on utilise une ressource indispensable,
24:14 l'information.
24:16 Parce qu'un consommateur mal informé
24:18 est un consommateur en danger.
24:20 Ce soir, Charlotte, Sébastien et Johan
24:22 de Pointe Chute veillent sur les jeunes fêtards.
24:25 - Vous connaissez Pointe Chute, en gros ?
24:29 - Oui, c'est justement...
24:31 Vous donnez des verres d'eau pour les fêtards.
24:33 - Vous donnez des verres d'eau pour les fêtards.
24:35 - Vous donnez des verres d'eau pour prévenir
24:37 les autres intrusions.
24:39 - Ce qu'on fait aussi, c'est qu'on fait de l'information
24:41 sur tout ce qui est alcool et drogue.
24:43 Puis que du coup, si à un moment, t'as un problème
24:45 ou t'as envie de venir te parler de quelque chose,
24:47 t'as besoin d'une information, tu pourras toujours
24:49 venir vers nous, puis discuter.
24:51 Pour favoriser le contact, Pointe Chute
24:53 fait régulièrement appel à de jeunes volontaires
24:55 habitués des milieux festifs.
24:57 - Encore un verre d'eau ?
24:59 - Moi-même, je fais beaucoup la fête.
25:01 Ça m'est arrivé de consommer certaines choses.
25:03 Je connais beaucoup de personnes qui consomment
25:05 pas mal de choses assez lissées, enfin...
25:07 plus ou moins fortes.
25:09 Et je me suis dit que c'était quelque chose
25:11 qui pouvait m'aider moins
25:13 et m'aider mes proches à moi aussi.
25:15 - Je dois travailler à 8h demain.
25:17 - Si tu dors pas, t'as qu'il te levait.
25:19 - Ah !
25:21 Ah là là là là là là !
25:23 - Merci !
25:25 - Quand on fait des rondes, c'est aussi...
25:27 garder un oeil
25:29 sur les personnes qui peuvent,
25:31 d'un coup, être seules,
25:33 en train de...
25:35 de bader, comme on dit,
25:37 qui ont pris trop d'alcool
25:39 ou trop d'une autre drogue.
25:41 Du coup, on peut arriver
25:43 et faire la personne, faire un lien.
25:45 "Bonjour, comment ça va ?"
25:47 Je vais faire la question suivante.
25:49 - Elle est hyper intéressante, cette question !
25:51 - Mon expérience,
25:53 c'est vraiment, j'utilise comme un outil
25:55 pour rentrer en contact avec eux.
25:57 Du coup, j'utilise ça vraiment pour me mettre
25:59 au meilleur niveau, en fait.
26:01 - À Genève, voilà 10 ans
26:03 que l'association Nuit Blanche
26:05 se déploie dans près de 50 rendez-vous
26:07 festifs par année. Ici,
26:09 comme à Neuchâtel, on est convaincus
26:11 que le drug checking est une mesure nécessaire
26:13 pour réduire efficacement les risques.
26:15 - Tu détaches à chaque fois une page...
26:17 - OK, puis tu roules sa paille direct.
26:19 - Tu roules une paille...
26:21 Et puis, en fait,
26:23 y a des messages différents sur chaque post-it.
26:25 - Donc sur chaque, y a...
26:27 - Donc ces consommateurs
26:29 potentiellement problématiques
26:31 du milieu festif
26:33 sont très rarement, en fait,
26:35 en lien avec des structures
26:37 de soins, de soutien.
26:39 Donc souvent, le drug checking nous permet d'avoir
26:41 un premier contact avec eux, en fait,
26:43 et puis de pouvoir aller plus loin dans notre travail.
26:45 - Le drug checking
26:47 n'existe qu'en Suisse alémanique.
26:49 En Suisse romande, jusqu'ici,
26:51 les projets se sont heurtés
26:53 à des résistances politiques.
26:55 Les autorités souhaitent l'introduire dès que possible.
26:57 - En attendant, on peut se rendre sur le site
27:15 no-drugs.ch pour minimiser les risques
27:17 d'overdose ou d'empoisonnement.
27:19 Les drogues illégales ne sont pas celles qui font
27:21 le plus de dégâts en termes de santé publique.
27:23 N'empêche qu'elle laisse quand même dans leur siège beaucoup de souffrance et de regrets.