Les livres de Deborah Levy sont des douceurs acidulées, des objets vifs et précieux, des surprises débordantes de sens et de sentiments. Ils sont si réconfortants qu’ils deviennent des amis. Son autobiographie « en mouvement », et en trois volumes (Ce que je ne veux pas savoir, Le Coût de la vie, État des lieux) a fédéré, à raison, quantité de lecteurs en France. L’autrice anglaise, qui vit à Paris six mois de l’année, publie La position de la cuillère, un recueil de textes et de nouvelles dont elle donne la primeur à ses admirateurs français (il ne sortira en Angleterre que l’année prochaine). On ne boude pas notre plaisir. D’autant que l’ouvrage flatte nos égos et expose une adoration particulière pour de nombreux auteurs et autrices françaises. De Colette à Violette Leduc, de Simone de Beauvoir à Marguerite Duras, en passant par des chats, fatalement distingués… Entretien « french savoir-faire » avec une Deborah Levy généreusement francophile.
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Art et designTranscription
00:00 Je pense que la poésie est l'art le plus important.
00:05 Les chats distingués.
00:11 Nous devons penser à les chats de Colette.
00:15 Elle nous a dit que la cloche d'un chat ressemblait à la foule d'une rose.
00:24 Pour lire Colette, quand j'avais 13 ou 14 ans, c'était pour l'eau de Burgundy qui allait exploser dans le suburbe de Londres.
00:35 Et je lise toujours Colette et je pense à ses chats jusqu'à ce jour.
00:41 L'amant.
00:43 Le chanteur Marguerite Duras, mon écrivain préféré dans le monde.
00:51 Elle met tous les dimensions de la vie dans ses livres, mais en si peu de mots.
00:58 J'aime penser à elle dans son dernier ménage, Marguerite Duras.
01:12 Quand elle s'est réunie, elle a dit « J'ai écrit comme un bruit ».
01:17 La maison comme un lieu où on se réfugie, où on vient chercher un rassurement.
01:21 C'est un lieu mystérieux, la maison.
01:24 Paris.
01:29 Confits du c*nard.
01:32 Cigarettes.
01:36 La lune sur les cranes.
01:43 Au-dessus de Notre-Dame.
01:46 Les gens m'arrêtent sur la rue pour demander des directions.
01:50 Je ne comprends pas où je suis.
01:54 Et je leur demande des directions aussi.
01:58 Beauvoir.
02:00 Une intelligence incroyablement difficile.
02:06 A Chignon.
02:08 Son compréhension pour sa génération, quand elle a écrit « Le Deuxième Sexe ».
02:16 Les hommes devaient guider des vies élargies de la Transcendence.
02:21 Les femmes devaient guider des vies miniatures de la Virtue.
02:40 Nous parlons ici de la novelle de Beauvoir.
02:45 En anglais, elle a été publiée comme « Les Inévitables ».
02:50 C'est la relation entre André et Sylvie.
02:55 Et bien sûr, Beauvoir parle de Zaza.
03:00 C'est un amour très intéressant.
03:09 C'est une amitié profonde,
03:11 à un jeune âge,
03:13 entre les filles et les garçons.
03:16 Mais où le monde devient plus grand,
03:19 dans une amitié,
03:21 vous êtes loin de la vie de vos parents et de votre maison.
03:27 Et vous pouvez parler librement,
03:30 à l'un à l'autre,
03:32 graduellement.
03:34 C'est une relation qui se développe.
03:37 C'est un livre qui a été publié il y a un certain temps,
03:39 après sa mort.
03:41 Je me souviens de l'écriture de Sartre.
03:45 Quand il a lu ce manuscrit,
03:48 il a gardé son nez comme si c'était quelque chose de dégoûtant.
03:53 Mais c'est un livre vraiment brillant.
03:56 « Fromage » !
03:58 Très important,
04:00 en particulier « Sauvage Fromage ».
04:04 « Sauvage » est comme un parfum.
04:06 Oh ! Je pense que nous sommes à Nice,
04:10 dans la Baie des Anges.
04:12 La mer de Nice est comme une mer surreale pour moi.
04:17 C'est la couleur de la mer.
04:21 J'ai sauvé là-bas de nombreuses fois,
04:24 avec grand plaisir.
04:26 Je sauve jusqu'au horizon,
04:28 puis je regarde en revanche la ville.
04:31 Je vois des cigales sur les toits des maisons,
04:36 des hôtels et des appartements.
04:38 Et dans le sommet chaud,
04:40 ça ressemble à de la neige.
04:42 Ah !
04:44 Mon mot préféré en français.
04:47 C'est très difficile,
04:50 parce qu'il y en a tellement.
04:52 La musique du français est très particulière.
04:59 Mais je vais dire quelque chose de bizarre sur ça.
05:02 Parce que j'aime la façon dont les gens disent « Oui ».
05:06 Parce qu'il peut changer de moods et d'atmosphères.
05:12 J'aime les mots qui disent une chose, comme « Oui »,
05:18 mais qui ont une histoire et un mood à eux,
05:25 que vous ne comprenez pas.
05:28 Mais j'aime aussi le mot « mimosa ».
05:30 La fleur de mimosa me rend tellement heureuse,
05:36 parce que c'est la fin de l'hiver,
05:40 et l'hiver arrive,
05:43 et ces fleurs sont tellement éthéréales,
05:46 comme des pommeaux.
05:48 La fleur de mimosa,
05:51 c'est la fleur que Pierre Bumart a peinte dans son studio,
05:56 au sud de la France.
05:58 Il a une belle lumière de jaune délicieuse,
06:05 que je veux dormir dans.
06:07 C'est comme une fairy-tale,
06:09 vous voulez y aller et dormir.
06:12 Je regarde souvent ses peintures de mimosa.
06:15 [Musique]