Les Soulèvements de la Terre : "Dissoudre les associations ne sert à rien"

  • l’année dernière
"Dissoudre les associations ne sert à rien. Aujourd’hui nous sommes passés à l’air de la désobéissance. Je ne l’encourage pas, mais peut-être est-ce un cri d’alarme ? Nous n’avons plus d’autres solutions" estime Esther Benbassa, sénatrice (Non-Inscrite) de Paris.

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Transcription
00:00 Merci Servet Mlessa de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:03 – Merci à vous.
00:03 – Vous êtes des Luttes Paris, vous n'appartenez à aucun groupe
00:05 mais vous êtes écologiste, on va parler évidemment de l'actualité avec vous.
00:09 D'abord Emmanuel Macron, on l'a vu dans le journal,
00:11 qui a donc officialisé hier la panthéonisation à venir de Misak Manouchian
00:15 et de son épouse Méliné qui l'accompagnera au Panthéon.
00:18 Ils se sont illustrés pendant la résistance par leur lutte contre l'occupant allemand,
00:22 Misak Manouchian, militant communiste,
00:24 qui entrera donc au Panthéon le 21 février prochain,
00:27 80 ans après avoir été fusillé.
00:29 Et vous saluez cette décision d'Emmanuel Macron ?
00:31 – Bien sûr que je la salue, mais enfin c'est en même temps un peu le…
00:38 dirions-nous le "en même temps" de M. Macron,
00:41 puisque récemment il a encadré un petit peu sa première ministre
00:46 qui a parlé du Rassemblement national comme héritier de Pétain
00:50 et là, n'est-ce pas, il s'adonne à cette mission.
00:55 Je la trouve… moi je la prouve parce que finalement c'est un apatride,
01:04 un étranger qui a versé son sang pour la France
01:07 et ça montre très bien qu'on n'est pas français seulement par le sang
01:13 et qu'on a… mais par le sang versé, oui, il était quand même un homme
01:19 qui s'est battu pour des principes humanistes, internationalistes,
01:26 anti-xénophobie et aujourd'hui on a besoin d'une figure pareille,
01:30 de la célébration de cette figure pour montrer que tous les étrangers
01:35 dont on parle tellement ne sont pas des délinquants seulement
01:39 et ils ont fait la France d'aujourd'hui.
01:41 – Ça résonne avec le débat actuel sur l'immigration pour vous,
01:44 cette entrée de M. Macron dans le Panthéon ?
01:46 – Je trouve qu'on en a un peu assez de parler de cette immigration
01:53 qui serait faite de délinquants, de gens qui ne s'intègrent pas,
01:57 qui deviennent des terroristes, etc.
02:01 On a besoin d'une image aussi positive.
02:03 – C'est que ça selon vous ? C'est que ça le discours sur l'immigration ?
02:05 – Le discours sur l'immigration aujourd'hui c'est comment empêcher
02:10 les immigrés de venir en France, on ferme les frontières.
02:14 – Et c'est pas aussi comment leur permettre de mieux s'intégrer,
02:17 de mieux s'assimiler, d'en accueillir moins pour qu'ils s'intègrent mieux ?
02:21 – On aurait aimé, n'est-ce pas, qu'il y ait un meilleur accueil
02:24 pour qu'il y ait une meilleure intégration.
02:26 Mais aujourd'hui c'est que, disons, le visage négatif,
02:31 un visage négatif qui est renvoyé de l'immigration.
02:35 Vous avez vu la catastrophe d'il y a quelques jours avec ce bateau
02:40 où il y avait 700 personnes probablement, on ne connaît pas le chiffre exact,
02:46 mais on sait déjà qu'il y a 500 disparus et plus de 70 morts.
02:51 – On va reparler de ces questions tout à l'heure avec Stéphane Bénier de TVRen.
02:56 On va parler du reste de l'actualité puisque ce week-end était aussi marqué
02:59 par des tensions autour du projet de ligne ferroviaire entre Lyon et Turin.
03:03 Il y a eu des manifestations dans les Alpes,
03:05 un projet qui doit permettre de faire circuler des trains de fret
03:07 et de voyageurs entre la France et l'Italie.
03:10 C'est une manifestation qui était interdite, pourtant il y avait des élus.
03:13 Mathilde Pannot, Éric Piolle étaient présents.
03:15 Est-ce que c'est la place des élus pour vous ?
03:18 – D'abord je me pose la question,
03:20 pourquoi interdire une manifestation pareille ?
03:23 Pour débordement, soi-disant.
03:26 – Par crainte de débordement après ce qui s'est passé à Sainte-Solide.
03:28 Il ne fallait pas l'interdire pour vous ?
03:30 – Mais non, je crois que les manifester est un droit des citoyennes et citoyens français.
03:36 L'interdire, ça crée plus de problèmes que de ne pas l'interdire.
03:40 Puisqu'il y a quand même eu, même interdite,
03:44 il y a eu des débordements de part et d'autre, il y a eu des échafourés.
03:51 – Il y a eu sept blessés légers parmi les flancs de l'or pour le regretter.
03:54 – Oui, je le regrette, je suis contre la violence.
03:57 Mais en même temps, on n'arrive plus à limiter,
04:00 à supprimer ces débordements dans n'importe quelle manifestation, vous voyez bien.
04:08 Mais en plus, là c'était une manifestation en principe d'écologisme,
04:13 puisque c'est l'association Les Soulevements de la Terre
04:18 qui l'avait organisée, entre autres associations locales.
04:23 Et c'est vrai qu'il faut encourager le fret,
04:26 et il faut donc se servir du tunnel qui existe.
04:31 – Est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal de la part d'écologistes
04:34 de s'opposer à une manifestation qui encourage le fret
04:36 pour désengorger les camions des Vallées des Alpes ?
04:40 – En principe, oui, mais il y a déjà le tunnel de Fréjus qui est sous-utilisé.
04:47 Il faut l'utiliser davantage, il faut l'exploiter davantage.
04:51 Et là, cette affaire du Lyon-Turin dure depuis 30 ans.
04:57 C'est un projet très coûteux, à peu près 26 à 30 milliards.
05:03 Avec cet argent, on peut rénover les lignes de fret qui existent.
05:09 – Qui sont en grande partie financées par l'Union européenne.
05:10 – Oui, par l'Union européenne.
05:12 Et les lignes de train, les infrastructures qui sont quand même dans un état,
05:19 dans certains endroits, dans un état quand même piètre état plutôt,
05:25 on peut utiliser ce mot.
05:26 Et puis là, il y aura vraiment une destruction des ressources de la biodiversité,
05:32 l'assèchement de la montagne avec le drainage qu'il y aura pendant les forages.
05:39 Et puis, il faut se dire aussi que c'est excessivement coûteux.
05:47 Et en plus, il y aura la bétonisation des terres.
05:50 – Donc il faut les renoncer, qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:51 Parce que côté italien, le projet, il est déjà bien lancé.
05:55 Côté français, c'est en attente.
05:57 Ça veut dire que vous dites à l'exécutif de renoncer ?
06:00 – Oui, ce serait la meilleure solution.
06:03 Je ne vois pas d'autre.
06:05 Si on a vu hier la tempête, il y a quelques jours aussi.
06:10 Alors maintenant, même les climato-sceptiques doivent se rendre à l'évidence
06:17 que la planète est quand même aussi en très mauvais état
06:22 et qu'il faut qu'on la sauve.
06:24 – Mais justement, est-ce que renforcer le fret, ça ne va pas aider à sauver la planète ?
06:28 – Je suis pour le renforcement du fret, ça va de soi.
06:32 Mais il y a le tunnel de Fréjus, on n'avait pas besoin de ce tunnel.
06:36 On voit aussi qu'en Italie, il y a des manifestations d'Italiens qui viennent,
06:41 qui étaient présents à la manifestation française.
06:46 Il ne faut pas avoir en tête qu'un exemple de Saint-Solène
06:50 parce que ce serait la catastrophe, tout le monde s'entretuerait.
06:56 Non, il faut quand même laisser un peu libre les gens.
07:01 – Y compris les soulèvements de la Terre,
07:02 dont la dissolution devrait être prononcée mercredi en Conseil des ministres ?
07:08 – Écoutez, dissoudre les associations ne sert à rien.
07:13 Aujourd'hui, on est passé à l'ère de la désobéissance.
07:17 – Que vous encouragez ?
07:19 – Je me dis que peut-être, moi je ne l'encourage pas parce que je suis pacifiste,
07:25 mais je me dis que peut-être c'est un cri d'alarme.
07:28 Il n'y a plus d'autre solution que la désobéissance
07:32 puisque les pouvoirs publics sont dans la lenteur, l'attente,
07:38 les mesures prises pour combattre le CO2, pour faire des avancées,
07:50 pour faire une transition écologique digne de son nom.
07:55 Écoutez, il y a peu de gens au gouvernement qui sont très enthousiastes.
08:00 On fait ça lentement, on prend son temps, mais on a vu ces tempêtes,
08:06 c'est affreux quand même, ça n'arrivait pas comme ça.
08:09 Il y a quand même des raisons et on ne peut pas continuer à obéir et à laisser faire.
08:16 Peut-être que désobéir, peut-être pas violemment,
08:20 mais désobéir c'est quand même peut-être une solution.
08:24 – Et cette question du maintien de l'ordre,
08:26 c'est un sujet que vous avez évoqué la semaine dernière avec Claire Hédon,
08:28 la défenseure des droits, qui était auditionnée.
08:30 Au Sénat par les sénateurs de la Commission des lois à laquelle vous appartenez.
08:34 On va voir les temps forts de cette audition avec Alex Poussin.
08:37 [Musique]
08:44 – Bonjour Alex. – Bonjour Yann.
08:45 Bonjour Esther Benbassa. – Bonjour.
08:46 – Et Alex, la défenseure des droits, Claire Hédon a donc remis la semaine dernière
08:49 son rapport d'activité 2022.
08:51 D'abord, rappelez-nous quelles sont les missions de la défenseure des droits.
08:54 – Oui, on le rappelle, le défenseur des droits est une autorité administrative indépendante
08:58 qui peut être saisie par toute personne qui estime que ses droits
09:01 ou ses libertés ne sont pas respectés.
09:04 Alors elle a cinq domaines de compétences sur lesquels elle peut être saisie.
09:09 La défense des droits de l'enfant, l'accès aux services publics,
09:11 la lutte contre les discriminations, la protection des lanceurs d'alerte
09:15 et le respect de la déontologie en matière de sécurité,
09:19 notamment des forces de l'ordre.
09:21 C'est ce sujet qui préoccupe beaucoup l'actuel défenseur des droits, Claire Hédon,
09:25 notamment après des mois de manifestations contre la réforme des retraites,
09:29 des manifestations parfois émaillées de violences.
09:32 Et la défenseure des droits a reçu 169 réclamations
09:36 dénonçant les violences de certains policiers contre des manifestants.
09:39 On va l'écouter.
09:41 – Les réclamations portent effectivement sur des personnes qui disent avoir été privées
09:45 de liberté d'andénas sans point de sortie,
09:47 des personnes qui disent avoir été victimes de violences,
09:50 des interpellations suivies, considérées par le réclament de garde à vue arbitraire
09:55 et la nouveauté c'est des journalistes empêchés de faire leur travail,
09:57 ça c'est des réclamations nouvelles que nous n'avions pas avant.
10:02 – Et dans son rapport, la défenseure des droits estime que des droits ont été bafoués
10:06 et qu'avec de telles violences de la part de certains policiers,
10:09 cela peut fragiliser, je cite, "notre édifice démocratique".
10:13 Alors ce discours, il n'a pas forcément plu aux sénateurs de la majorité de droite au Sénat,
10:19 puisque les sénateurs, les républicains,
10:20 tiennent un discours de soutien aux forces de l'ordre.
10:23 Et d'ailleurs le sénateur apparenté LR François Bonhomme a estimé dans cette audition
10:27 que l'analyse de la défenseure des droits n'était pas impartiale.
10:31 Regardez ce qu'elle lui a répondu.
10:33 – Monsieur Bonhomme, toutes les démocraties ont des institutions équivalentes à la nôtre.
10:37 Toutes, toutes.
10:38 Nous menons des enquêtes en contradictoire et nous entendons l'ensemble des partis,
10:42 donc notre travail est tout à fait objectif et impartial.
10:45 Et c'est vrai, l'un de vous l'a dit, je ne vois que ce qui ne va pas.
10:49 Et c'est d'ailleurs, l'institution a été créée pour ça
10:51 et on ne m'a pas demandé de faire des rapports d'état des lieux compliés,
10:55 mais bien de rapports à partir de ce que nous observons dans nos réclamations
10:59 pour faire un certain nombre de recommandations.
11:01 – Voilà, la défenseure des droits qui a donc tenu à justifier l'utilité,
11:04 l'intégrité de sa mission.
11:06 Esther Benbassa, on l'a vu en clair et donc,
11:08 elle dénonce les violences de certains policiers.
11:11 Elle estime que cela met en péril notre édifice démocratique.
11:14 Est-ce que vous feriez un constat aussi sévère ?
11:17 – D'abord, elle dirige une institution indépendante.
11:25 Elle peut exprimer, suivant les demandes qui sont faites,
11:32 les réclamations qui sont faites,
11:34 elle peut arriver à une conclusion qui n'est pas celle de M. Bonhomme.
11:41 Ça, il faut l'accepter aussi.
11:44 Moi, je ne suis pas d'emblée contre les forces de l'ordre,
11:48 mais les forces de l'ordre doivent aussi respecter
11:52 certains principes de défense du citoyen
11:55 et ne pas dépasser les objectifs qui leur sont assignés.
12:03 Mais parfois, il y a des dépassements, on le sait.
12:06 Je participe en général à pas mal de manifestations
12:12 et je vois que la violence ne baisse pas à un moment de la part des policiers.
12:17 À un moment, au début de l'arrivée de M. Nouniez,
12:21 j'étais vraiment étonnée que ça, que les choses aillent bien,
12:27 que les nazes disparaissent.
12:29 Il y avait vraiment des efforts qui étaient faits.
12:32 Et moi, je trouve ça exceptionnellement bien.
12:38 Je mets là de nouveau, ça recommence.
12:42 Il faut quand même que quelqu'un comme la défenseure des droits
12:46 dise ce qu'elle entend.
12:49 Et moi, je n'ai pas à être pour ou contre.
12:52 Moi, je suis pour un État de droit qui respecte ses limites.
12:58 – Alors selon vous, qu'est-ce qu'il faut faire
13:00 pour limiter ces violences de la part de certains policiers ?
13:04 Est-ce qu'il faut changer carrément la doctrine de maintien de l'ordre
13:07 ou est-ce que ça fait partie notamment du climat de tension extrême
13:10 et des affrontements avec les Black Blocs ?
13:12 – Bien sûr qu'il y a les Black Blocs.
13:14 On les voit débarquer.
13:16 Avant, on les voyait avec les gilets jaunes,
13:18 arrivés par les trottoirs.
13:21 Et maintenant, ils sont devant les syndicats.
13:23 Ce qui mélange le français, la française qui milite
13:29 et qui vont à ces manifestations.
13:34 Mais ce mélange fait que d'autres personnes sont touchées aussi
13:37 parce que les Black Blocs sont devant maintenant.
13:40 Bien sûr, il faut combattre les violences des Black Blocs.
13:45 Ils n'ont pas leur place dans ces manifestations
13:48 mais ils viennent perturber.
13:50 Écoutez, il faut peut-être que la police soit,
13:56 disons, professionnalisée davantage,
13:58 aille apprendre dans d'autres pays le système de désescalade
14:03 comme en Allemagne par exemple.
14:05 – Elle n'est pas assez professionnelle la police ?
14:06 – Non, professionnelle.
14:08 – Dans la stratégie du maintien de l'ordre ?
14:10 – Du maintien de l'ordre.
14:11 Parce qu'il y a d'autres pays qui ont adopté quand même
14:14 des méthodes de désescalade qui permettent quand même
14:18 de dialoguer en amont avec ces forces perturbatrices
14:23 qui sont dans les manifestations.
14:25 Parce que ça sert à quoi ?
14:27 Voilà, et c'est vrai aussi que moi je suis très chagrinée
14:33 quand je vois ceux qui attaquent les forces de l'ordre.
14:37 Je me dis, nous tous nous sommes dérangés par ces violences.
14:41 Il n'y a pas seulement…
14:44 ces violences ne sont pas abstraites.
14:46 Nous sommes là et nous en souffrons de ces violences
14:50 mais il faut trouver maintenant des solutions.
14:53 Parce que comme je vous ai dit à un moment,
14:55 en supprimant le nassage etc.
14:57 les choses s'étaient calmées et les manifestations
15:00 se déroulaient dans un certain ordre.
15:03 – Alex, dans son rapport 2022,
15:05 Claredon dénonce aussi la qualité des services publics.
15:08 – Oui, puisque 85% des plaintes qu'elle a reçues
15:11 en tant que défenseur des droits concernent l'état
15:14 de nos services publics et là encore,
15:15 ses conclusions sont sévères.
15:17 Je cite son rapport,
15:18 "Nous constatons la déshumanisation des services publics
15:21 qui se traduit par une dégradation des relations avec les usagers.
15:25 Elle ne met pas en cause l'action des agents publics
15:27 mais le manque d'agents publics.
15:29 Conséquence de ce manque d'agents,
15:30 le ralentissement des procédures,
15:32 par exemple le temps qu'il faut pour renouveler sa carte d'identité
15:35 à doubler en deux ans.
15:37 Et selon la défenseur des droits,
15:38 la dématérialisation de nos services publics
15:40 n'est pas forcément la solution au problème."
15:43 Alors qu'elle rappelle qu'il y a encore 4 millions de Français
15:46 qui n'ont pas accès au numérique.
15:48 Esther Benmassa, vous êtes d'accord aussi avec ce constat ?
15:51 Il y a une dégradation de nos services publics ?
15:53 Il y a un manque de personnel.
15:55 Maintenant, on n'accède quasiment pas directement.
15:59 Il faut passer par les plateformes.
16:02 Beaucoup de nos concitoyens, surtout en zone rurale,
16:07 sont dans l'électronisme.
16:09 Ces personnes ne trouvent pas quelqu'un au téléphone.
16:14 Ils ont besoin d'exprimer leurs demandes.
16:18 Maintenant, on passe par ces plateformes.
16:20 Par exemple, Madame a donné l'exemple de MaPrimeRénov',
16:26 où les gens sont dans de grandes difficultés,
16:29 n'ont pas pu être remboursés,
16:31 ou n'ont pas eu leur subvention.
16:34 C'est un exemple.
16:35 Vous savez, les passeports, les cartes d'identité,
16:38 on a tout souffert.
16:39 Le gouvernement a créé plus de 2000 maisons France Service.
16:42 C'est le nom de ces maisons.
16:43 Il dit qu'il y a 99% des Français
16:46 qui vivent à moins de 30 minutes de ces maisons.
16:48 – Ce n'est pas suffisant pour vous ?
16:49 Vous ne reconnaissez pas un effort de la part du gouvernement ?
16:51 – Il y a un effort, mais il faut en faire davantage.
16:55 Même des gens instruits, éduqués,
17:00 parfois ont du mal à accéder à ces services publics.
17:05 Sinon, on ne reçoit pas de réponse.
17:07 On a ça aussi.
17:09 – Merci Alex.
17:10 – A tout à l'heure.
17:11 – A tout à l'heure dans le club.
17:12 On va parler d'immigration.
17:14 On en parlait tout à l'heure,
17:15 mais c'est aussi l'actualité dans nos régions
17:16 avec la presse régionale et les télés locales.
17:18 On va à Rennes où on retrouve Stéphane Bénier.
17:20 Bonjour Stéphane, merci beaucoup d'être avec nous,
17:22 directeur de l'information de TV Rennes.
17:24 Stéphane, on va revenir avec vous sur une affaire
17:26 qui dure depuis plusieurs semaines.
17:28 Du côté de Brue, c'est pas très loin de Rennes,
17:30 l'installation d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile
17:33 qui fait couler beaucoup d'encre.
17:35 – Oui c'est vrai, c'est un dossier qui se joue
17:38 aujourd'hui un peu en trois dates.
17:40 Vous l'avez rappelé, ce fameux CADA a défrayé un peu la chronique.
17:44 Et d'ailleurs, je poserai une question à la sénatrice dans un instant,
17:48 mais le 22 mai dernier, en conseil municipal,
17:52 le maire de Brue, Philippe Salmon,
17:54 annonce l'implantation future d'un CADA.
17:57 Alors tout de suite, le maire se dit un peu surpris,
18:01 même selon ses termes abasourdis,
18:04 car il n'y a pas eu vraiment de préparation dans ce dossier.
18:08 On a très vite ciblé un terrain d'État entre à la fois la gare de Brue,
18:13 mais également des terrains militaires.
18:16 Et ce qui pose réellement problème,
18:18 c'est la salubrité directement de ce terrain,
18:20 avec des hydrocarbures, avec des métaux lourds.
18:24 Donc il y a eu une levée de boucliers très vite.
18:27 En conseil municipal, le maire de Brue a dit
18:29 "oui, bien évidemment, et favorable à l'accueil de réfugiés
18:33 et de demandeurs d'asile, mais pas n'importe où".
18:37 Et ce qui a fait rebondir un petit peu le dossier, c'est ce terrain.
18:39 Et jeudi dernier, par SMS, le maire Philippe Salmon
18:44 a appris de la préfecture de région que l'idée était abandonnée.
18:50 Il y a eu une réunion publique jeudi soir,
18:52 salle Pagnol à Brue, devant une centaine de personnes.
18:55 Tous essaient de dire "oui" à une solution, mais une solution viable.
18:59 Alors, en début de semaine, va s'ouvrir à Montgermont,
19:03 là nous sommes à l'ouest de Rennes, à une dizaine de kilomètres,
19:06 un ancien hôtel qui va pouvoir accueillir, pour l'instant,
19:10 un SAS pour accueillir ces réfugiés et demandeurs d'asile.
19:14 Alors, sénatrice Van Zwaar,
19:15 moi j'ai une question vraiment à vous demander.
19:18 Bien évidemment, oui pour l'accueil,
19:20 mais l'État ne gagnerait-il pas à préparer un peu mieux ces dossiers
19:25 pour amener vraiment quelque chose de plausible
19:29 pour ces populations de venir ?
19:32 Oui, qu'est-ce que vous entendez par plausible d'abord ?
19:36 Déjà un dossier un peu mieux ficelé,
19:39 parce qu'on a vraiment vu que le dossier semblait vraiment mal préparé
19:44 et que l'endroit qui a été donné n'avait pratiquement pas de chance d'aboutir.
19:51 Est-ce que ça n'est pas fait un peu à la hâte ?
19:53 Moi d'abord, je ne suis pas au gouvernement,
19:58 je vous dirais à la hâte, oui, je n'ai pas vu le dossier, je n'en sais rien.
20:01 Mais d'un côté, on veut donner de Paris une image à la "Emily in Paris",
20:11 n'est-ce pas, la couture, les cafés, les croissants, etc.
20:17 En envoyant les sans-abri et les immigrés en province
20:23 pour que pendant les Jeux olympiques, on ne voit rien.
20:26 On est une image retouchée.
20:27 – Vous dénoncez cette décision de répartir les migrants en région ?
20:29 – Une image retouchée de Paris.
20:32 Et de l'autre côté, peut-être, je ne sais pas si les dossiers sont préparés ou pas préparés,
20:37 en tout cas, l'accueil en région est de plus en plus difficile.
20:45 Alors, il y a donc un problème quelque part.
20:48 On ne peut pas dire, voilà, les dossiers sont mal ficelés,
20:52 mais à un moment, il faut se dire que si on veut l'intégration des immigrés,
20:57 il faut les accueillir et les accueillir, c'est aussi les loger
21:01 pendant le temps où ils font leur demande d'asile.
21:05 – Mais comment vous faites ?
21:06 Parce que les populations locales, elles ne sont pas toujours favorables
21:09 à l'accueil de ces demandeurs d'asile.
21:11 Ça crée des tensions.
21:13 – Oui, mais il faut faire de la pédagogie.
21:16 Il faut arrêter du matin au soir, dans certaines chaînes de télévision,
21:22 de dire que l'immigration est mauvaise pour la France
21:26 et que les délinquants sont des immigrés, etc.
21:30 Je ne vais pas entrer dans les détails,
21:32 mais c'est quand même le serpent qui se mord la queue.
21:35 Qu'est-ce qu'on fait alors ?
21:37 On ne les veut pas à Paris, on ne peut pas les loger.
21:39 Ils sont dans la rue, donc les populations les rejettent davantage.
21:44 Quand on trouve des sans-logement devant sa porte à Paris…
21:50 – Mais du coup, il ne faut pas restreindre l'immigration ?
21:52 Est-ce qu'il ne faut pas se dire qu'il faut qu'on accueille moins
21:54 pour accueillir mieux ?
21:56 – Écoutez, si c'est possible, peut-être qu'on l'aurait déjà fait.
22:00 Vous savez, l'immigration, on ne peut pas l'arrêter comme ça.
22:03 Vous fermez les frontières, les immigrés qui sont déterminés,
22:07 qui se battent pour vivre, qui sont dans la misère, en état de guerre,
22:13 feront tout pour arrêter, pardon, pour rentrer.
22:17 Alors, vous savez, moi je suis historienne,
22:19 l'histoire est faite d'immigration et il y a des vagues d'immigration.
22:24 Ça c'est vrai aussi. Mais on ne peut pas les arrêter.
22:27 Est-ce qu'on peut arrêter un immigré ?
22:29 On a beau… oui, les passeurs, etc.
22:32 Bien sûr, ils sont coupables les passeurs,
22:34 mais quand on regarde de près l'histoire,
22:37 il n'y a pas d'immigration sans passeurs.
22:40 Alors, écoutez, qu'est-ce que vous voulez que je vous réponde ?
22:44 Il faut faire de la pédagogie…
22:45 – Il faut s'attaquer aux passeurs, sanctionner ces passeurs ?
22:47 – Bien sûr, il faut les sanctionner, mais il faut faire aussi de la pédagogie
22:52 pour dire aux populations que les immigrés,
22:55 il faut qu'ils s'installent quelque part et qu'on voit,
22:59 et l'histoire de M. Manouchian montre bien
23:04 qu'on peut être français, de venir se battre pour la France.
23:10 Se battre pour la France, même quand on est à patrie et étranger.
23:14 Donc, arrêtons quand même de remplir la tête des gens
23:18 en période de crise et d'inflation et de colère.
23:23 Et de colère, vous avez parlé, on a parlé des forces de l'ordre,
23:27 il y a une colère quand même de la population avec ces manifestations
23:34 contre l'allongement de l'âge de la retraite, etc.
23:39 Cette colère, elle est intériorisée, on ne peut pas faire fi de tout ça,
23:44 avoir des réponses courtes comme ça…
23:47 – Mais est-ce qu'elle va s'extérioriser dans les urnes
23:50 avec un vote Rassemblement national ?
23:52 – Oui, 43% des Français disent qu'ils ont voté au moins une fois Erren.
24:00 – C'est l'escorte de Marine Le Pen à la présidentielle.
24:02 – Oui, en période de crise, on se tourne vers ceux
24:07 qui n'ont jamais gouverné en espérant que ça ira mieux.
24:10 – On va remercier Stéphane Bénier, merci beaucoup Stéphane.
24:13 – Merci monsieur pour vos questions.
24:14 – Merci d'avoir été avec nous.
24:16 – Un dernier mot, Esther Benbassa, vous êtes sénatrice de Paris,
24:20 vous vous représentez ? – Non.
24:22 – Vous allez quitter le Sénat ? – Oui.
24:23 – Qu'est-ce que vous retenez du Sénat ? Vous en avez été une figure.
24:27 – Écoutez, une belle expérience, beaucoup de combats,
24:33 une ambiance feutrée, mais pas moins, disons, dure.
24:40 Et moi, je viens de l'université, pour moi, ça a été vraiment,
24:47 pas seulement une belle expérience, mais aussi j'ai appris la cruauté de la politique.
24:53 – On va se quitter sur ces mots.
24:54 Merci beaucoup Esther Benbassa, merci d'avoir été notre invitée ce matin
24:58 et d'être venue pendant cette première demi-heure.
25:00 Dans 20 minutes, dans le Clos du territoire,
25:02 on va parler des États généraux, de la droite.
25:04 Les Républicains réunissent ce week-end pour entamer leur reconstruction.
25:07 On y était, vous verrez le reportage.
25:09 Et puis, les Républicains peuvent-ils se passer d'un accord avec Emmanuel Macron ?
25:12 Ce sera le débat du Club dans 20 minutes.
25:14 D'abord, on accueille notre prochaine invitée, Nicolette Dupont-Aignan.
25:17 On vous rejoint.

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