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Emmanuel Macron était l'invité exceptionnel de franceinfo vendredi 23 juin à 8h30, à l’occasion du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, à Paris. Le président de la République répondait aux questions de Marc Fauvelle (franceinfo), Mounia Daoudi (RFI) et Stéphane Ballong (France 24). 

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Transcription
00:00 -Bonjour, M. le Président. -Bonjour.
00:01 -Nous sommes installés ici, au Palais-Breniard, à Paris,
00:03 où sont réunis depuis hier une quarantaine de chefs d'Etat
00:06 et de gouvernement, un sommet pour concilier le climat
00:09 et le développement. Pour vous interroger,
00:11 ce matin, à mes côtés, je les salue,
00:12 Mounia Daoudi de Radio France Internationale
00:15 et Stéphane Ballon de France 24.
00:17 M. le Président, est-ce que c'est juste un sommet de plus
00:19 pour sauver la planète ?
00:20 -Non, d'abord, c'est pas ce que sauver la planète,
00:23 c'est essayer de réconcilier, vous l'avez parfaitement dit,
00:26 la lutte contre la pauvreté, la lutte pour la biodiversité
00:29 et la lutte contre les dérèglements climatiques.
00:31 Et l'objectif, c'est pas de faire, en effet, un sommet de plus,
00:34 c'est d'abord, et ça a beaucoup de sens,
00:36 de réunir des dirigeants venant de tous les continents.
00:39 Parce que nous vivons un moment de fracture
00:42 et de risque de fracture
00:44 autour de la guerre en Ukraine et de l'agression russe
00:47 et, au fond, d'une division du monde.
00:48 On ne peut régler aucun de ces problèmes
00:49 si le monde se divise.
00:51 C'est le 1er intérêt.
00:52 Ici, à Paris, la planète est là.
00:54 Le Premier ministre chinois, le président brésilien,
00:57 le président sud-africain et beaucoup d'autres dirigeants,
01:00 le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Vietnam,
01:02 les Etats-Unis, l'Europe.
01:05 La 2e chose, c'est que ce sont des actions très concrètes.
01:08 On a lancé, il y a 2 ans, à Paris,
01:10 la réattribution des droits de tirage spéciaux du FMI
01:13 vers les pays les plus pauvres, en particulier africains.
01:15 On a dit qu'il faut qu'au moins 100 milliards d'euros
01:17 soient réalloués. On l'annonce aujourd'hui.
01:20 Pourquoi ? Parce qu'on a poussé tout le monde
01:22 à tenir ses engagements et nous, Français,
01:24 nous allons réallouer 40% de nos droits de tirage spéciaux.
01:27 C'est du concret. On finalise aujourd'hui,
01:29 Nick Stern et plusieurs collègues l'ont dit hier,
01:32 les 100 milliards d'euros pour le climat du nord vers le sud,
01:34 qui est un engagement qui date de 2015.
01:37 Et on lance en même temps un fonds pour la biodiversité
01:40 et la préservation des forêts qui a vocation à atterrir à la COP.
01:44 Et puis il y a des choses très concrètes
01:45 qui se font pendant ce sommet.
01:46 La restructuration de la dette de la Zambie
01:48 qui traînait depuis des années, nous l'avons conclue hier.
01:52 Parce que précisément, la Chine est là
01:53 et on avait besoin de la Chine pour le faire.
01:55 Le Sénégal conclut son accord de transition climatique.
01:57 Donc c'est très concret, c'est de la mobilisation.
02:00 -On va parler du Sénégal.
02:01 Est-ce que c'est aussi une façon pour vous, Emmanuel Macron,
02:03 de vous racheter en quelque sorte ?
02:04 Est-ce que vous dites, depuis 6 ans à l'Elysée,
02:07 on n'a pas tout bien fait là-dessus sur le climat ?
02:09 -Ecoutez, non, je n'ai jamais pris les choses comme ça.
02:11 Et vous savez, une des premières choses que j'ai faites,
02:13 c'était cet appel "Make our planet great again".
02:16 Donc je crois qu'on est cohérents, on fait des efforts en France.
02:18 Et d'ailleurs, ça nous est reconnu,
02:20 puisque l'inaction climatique valait pour la France
02:22 sur la période 2015-2018, je le rappelle toujours.
02:25 Depuis, nous n'avons pas été condamnés
02:26 pour inaction climatique.
02:28 Nous avons, sur la période 2017-2022,
02:30 doublé nos réductions d'émissions et nous continuons.
02:32 -Mais on ne respecte pas, par exemple,
02:34 nos engagements sur les énergies renouvelables.
02:35 La France est même le seul pays en Europe...
02:37 -Vous avez raison qu'on est un petit peu derrière.
02:39 On va les rattraper et nous allons être dans la trajectoire.
02:42 Par contre, nous respectons nos engagements de baisse d'émissions,
02:45 ce qui est, au final, le plus important.
02:47 Et donc, moi, je tiens à cela et nous allons continuer.
02:50 On va redoubler d'efforts par la planification.
02:52 Non, c'est simplement qu'on essaie de tenir tous les bouts.
02:56 La France, c'est 1% des émissions mondiales.
02:59 Et donc, on fait ça.
03:00 A côté de ça, on produit, par exemple,
03:02 le secteur de l'aéronautique.
03:03 On parle en ce moment même, il y a le salon du Bourget
03:05 où j'étais en début de semaine.
03:06 Le secteur de l'aéronautique, c'est 3 à 4%
03:08 des émissions mondiales.
03:09 Mais la France produit la moitié des avions.
03:12 Si on arrive à décarboner ce secteur, nous,
03:15 on peut être vraiment les champions
03:18 d'une décarbonation de tout un secteur qui, à soi seul,
03:20 si on enlève 50% dans les prochaines années,
03:23 va nous permettre d'avoir un effet de réduction d'émissions
03:25 quasiment équivalent à l'effort de la France.
03:27 Mais à côté de ça, on doit avoir un effet d'entraînement.
03:31 Et c'est ce qu'on a fait à travers nos One Planet Summit,
03:33 nos One Forest Summit.
03:35 Sur les sujets du climat et de la biodiversité,
03:37 depuis 6 ans, je dirais depuis presque 10 ans,
03:40 la France a un effet d'entraînement
03:42 de toute la planète.
03:43 Et nous tenons nos engagements là aussi,
03:45 y compris en financement,
03:47 parce que nous avons augmenté notre aide publique
03:48 au développement de 50%.
03:50 C'est ce qui a été voté au quinquennat précédent.
03:52 -M. le Président, vous avez parlé d'un monde fracturé.
03:55 Il y a d'un côté l'Occident qui a son agenda climatique
03:58 et de l'autre les pays du Sud dont la priorité est de lutter
04:01 contre la pauvreté et l'insécurité.
04:03 Est-ce que finalement ces 2 positions
04:05 ne sont pas un peu inconciliables ?
04:07 -C'est le grand risque. C'est pour ça que le 1er principe
04:09 que j'ai posé hier en ouvrant cette conférence,
04:11 c'est qu'on ne doit mettre personne en situation de choisir
04:14 entre la pauvreté, le climat et la biodiversité.
04:17 C'est impossible.
04:18 Et donc ce qui ne va pas, c'est quand on donne le sentiment,
04:21 en quelque sorte, qu'on donne des leçons.
04:23 Vous n'avez pas le droit de développer tel projet
04:24 parce qu'il n'est pas bon pour la planète.
04:26 C'est tout le débat, par exemple, qu'il y a eu en Afrique,
04:27 si on est très transparent, sur la question du gaz.
04:30 -Justement. Prenons l'exemple du Sénégal.
04:33 Vous avez annoncé hier 2,5 milliards d'euros
04:36 de soutien au Sénégal pour le renouvelable.
04:40 Est-ce que ça veut dire que le Sénégal doit renoncer
04:42 à exploiter son gaz ?
04:44 -E. Macron : Non. En fait, l'accord qui est l'accord
04:46 de transition juste en matière d'énergie pour le Sénégal,
04:51 comme nous l'avons d'ailleurs fait pour l'Afrique du Sud,
04:53 pour l'Indonésie et pour quelques autres pays,
04:57 c'est un accord qui vise à leur permettre
04:59 d'avoir une transition qui produit, qui crée de la richesse
05:02 et donc aussi de l'électricité pour produire
05:05 et qui réduit les émissions.
05:07 Le Sénégal s'engage à avoir 40% d'énergie renouvelable
05:10 dans son mix, mais il va développer du gaz.
05:14 -Mais cela se fait sous forme de prêts.
05:15 Est-ce qu'on n'endette pas le Sénégal pour, justement...
05:19 -E. Macron : Non, parce que derrière, il y a des activités
05:20 qui sont rentables.
05:22 Et donc il y a des prêts concessionnels.
05:23 Simplement, on les fait à des conditions très avantageuses
05:26 sur du très long terme. Mais pour le cas du Sénégal,
05:28 on va lui permettre aussi de développer ses projets gaziers.
05:31 Pourquoi ? Parce que le gaz est une énergie de transition
05:33 et on sait que la planète en aura encore besoin
05:35 pendant des décennies.
05:36 Ce qu'on veut faire, c'est on veut sortir
05:39 les grands émergents du charbon.
05:40 Ca, c'est la priorité si vous voulez gagner
05:42 la bataille du climat.
05:44 Et on veut permettre aussi aux pays de se développer
05:47 de la meilleure manière possible.
05:48 Pour le Sénégal, ça va être le gaz
05:50 et d'accroître le renouvelable.
05:52 Mais 40% de renouvelables en 2030,
05:55 sachant qu'ils vont en plus faire du gaz,
05:57 c'est très exigeant pour le Sénégal.
05:59 Et donc ça justifie qu'on ait cet engagement,
06:01 mais ça va aussi permettre au Sénégal de se développer.
06:03 Ce qui ne va pas si, si on leur dit "Vous avez du gaz,
06:05 mais vous, vous n'avez pas le droit de l'utiliser",
06:07 alors même qu'en Europe, vous avez des pays
06:09 qui rouvrent des centrales à charbon.
06:11 C'est totalement aberrant.
06:12 Maintenant, je vais vous faire toucher du doigt une chose.
06:15 Personne ne peut réussir si on ne gagne pas ce combat
06:18 conjoint pauvreté-climat.
06:20 Et moi, je pense qu'on ne peut pas choisir.
06:23 Les pays du Sud sont des réserves de biodiversité
06:26 et aussi des poumons pour la planète.
06:29 -Monsieur le président...
06:30 -Et donc en particulier nos forêts.
06:31 C'est pour ça que le grand fonds qu'on lance pour les forêts est clé.
06:33 Et donc on doit faire les 2 en même temps,
06:35 comme dirait l'autre.
06:36 -Monsieur le président, nous parlions à l'instant de la dette.
06:39 La dette, justement, cela fait des années, des années
06:42 qu'on parle d'allégement, de restructuration.
06:46 Cela fait des années que rien ne change véritablement.
06:48 Est-ce qu'il ne faudrait pas tout simplement annuler cette dette ?
06:51 -Alors d'abord, il y a des choses qui changent.
06:53 On l'a fait pour le Tchad, et là, je le disais,
06:55 on conclut pour la Zambie.
06:57 -Cela a pris 3 ans, quand même.
06:58 Ca devait être une solution.
07:00 -La France joue un rôle pivot,
07:01 mais quel est le problème qu'il y a derrière ?
07:03 C'est qu'il faut avoir des modèles de financement durables.
07:06 Si vous annulez du jour au lendemain la dette,
07:08 le jour d'après, plus personne ne prête.
07:10 Si vous dites à tous les prêteurs, on efface tout.
07:14 Le jour d'après, comme ce sont des modèles
07:17 qui ne sont pas soutenables, qui ne se financent pas tout seuls,
07:19 bon courage pour aller chercher des gens
07:21 qui vont vous prêter à nouveau. Ca ne marchera pas.
07:23 Ce qui n'est pas supportable,
07:25 c'est qu'il y ait des économies aujourd'hui
07:28 qui, en fait, ont des trésors de biodiversité,
07:30 qui sont clés pour l'avenir de la planète,
07:32 qui ont de la démographie et la jeunesse de l'humanité
07:36 et qu'on ne finance pas bien,
07:37 et qui, aujourd'hui, pour qui se financer,
07:39 coûte beaucoup plus cher.
07:40 Donc j'essaie de vous répondre de manière structurée.
07:42 Ce qu'il faut faire pour ça,
07:44 c'est restructurer très vite leur dette.
07:45 Le gros problème qu'on a eu ces 15 dernières années,
07:48 c'est qu'en fait, quand on restructurait la dette,
07:50 nous, pays européens, américains, etc.,
07:53 pays du G7, au fond,
07:55 les mêmes pays à qui on enlevait cette dette
07:58 allaient la recontracter auprès de la Chine.
08:00 C'est ça, ce qui n'a pas marché.
08:01 Et il faut être très honnête, c'est ce qui s'est passé
08:02 à peu près partout sur le continent.
08:04 Donc qu'est-ce qu'on a fait il y a 2 ans
08:07 sur une initiative française dans un G20
08:09 présidé par l'Italie ?
08:10 On a créé un cadre global, on a dit aux Chinois,
08:12 "Il faut que vous veniez."
08:13 Ce cadre global, on l'a appliqué pour le Tchad
08:16 et là, pour la Zambie.
08:17 Parce que plus personne, même nous, quand on pousse et qu'on dit
08:20 "On va restructurer la dette, abandonner vos créances",
08:23 comme nous, on l'a fait d'ailleurs pour le Soudan,
08:25 les gens se retournent vers nous et disent "Non, arrêtez,
08:27 on va nous abandonner de la dette,
08:29 mais ce cadeau, en quelque sorte, qu'on va faire,
08:31 les mêmes pays vont aller le faire
08:33 pour aller contracter de la dette auprès de la Chine."
08:35 Donc là, tout le monde a fait l'effort.
08:37 -Est-ce que c'est un problème, la dette contractée
08:39 auprès de la Chine ?
08:40 Est-ce que c'est un piège pour les pays pauvres ?
08:42 -E. Macron : Si elle dépasse un certain niveau, oui.
08:46 Et donc, on doit avoir un cadre commun
08:48 qui est plutôt le cadre de l'OCDE.
08:50 C'est-à-dire qu'il définit ce qu'est une dette qui est soutenable.
08:53 Et c'est à peu près comme vous,
08:55 c'est la même chose que le surendettement pour une famille.
08:58 La dette n'est pas une mauvaise chose
08:59 quand elle vous permet de démarrer.
09:02 Nous, Européens, on a financé nos modèles par la dette
09:05 après la Deuxième Guerre mondiale.
09:06 Et vous avez raison, cette dette, il faut savoir l'abandonner
09:09 quand des pays sont en train de faire
09:10 les réformes et les transformations.
09:12 C'est ce qu'on fait là pour la Zambie.
09:13 Ca s'appelle une restructuration.
09:15 Simplement, il faut que tous les pays les plus riches,
09:18 la Chine incluse, soient autour de la table.
09:20 C'est ça, ce qu'on fait et qui est innovant.
09:22 Et c'est comme ça qu'on sortira de ce piège.
09:23 -Vous en avez parlé avec le Premier ministre chinois hier.
09:25 -E. Macron : Bien sûr. J'en ai parlé d'abord
09:26 au président chinois quand j'y suis allé.
09:28 C'est ce qui fait qu'il a envoyé ici son Premier ministre.
09:30 Et c'est ce qui a fait, comme vous le dites très bien,
09:32 pour la Zambie, on attendait depuis 3 ans, et ils sont là.
09:35 Et on va devoir continuer sur des pays comme le Ghana et d'autres
09:38 qui sont en grande difficulté financière.
09:40 On doit faire ces restructurations.
09:41 Maintenant, il faut être clair.
09:43 Notre approche du financement des économies en Afrique
09:46 n'est plus le bon.
09:49 Donc oui, on doit restructurer les dettes
09:51 beaucoup plus fortement pour permettre de redémarrer.
09:53 2, on doit mieux rémunérer les trésors de biodiversité
09:57 qu'il y a en Afrique, en Amérique latine
09:59 et en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est,
10:01 ces fameuses forêts tropicales.
10:03 C'est ce qu'on lance là avec, justement,
10:05 ce fonds pour la forêt et la nature,
10:09 avec des contrats qu'on va faire pays par pays.
10:11 Et ensuite, oui, nous, nous devons accepter de dépenser plus.
10:15 On doit mieux mobiliser,
10:16 et c'est une des conclusions très pratiques de ce sommet.
10:18 La Banque mondiale et le FMI changent complètement de logique
10:21 et vont mettre beaucoup plus de financement.
10:23 Mais surtout, il ne faut pas oublier,
10:24 et c'est absent de notre discussion à ce stade,
10:27 il faut mobiliser beaucoup plus de financement privé.
10:29 -Eh bien, j'allais y venir, justement.
10:30 Ca tombe bien, M. le Président.
10:31 On est installés ce matin à la Corbeil.
10:33 C'est l'ancien temple de la finance,
10:35 l'ancien siège de la Bourse à Paris.
10:37 Sans l'argent des milliardaires,
10:38 sans l'argent des grandes entreprises,
10:40 vous dites, on n'y arrivera pas.
10:42 -Exactement. Alors, c'est pour ça qu'il faut...
10:44 Il y a 2 choses à faire.
10:46 Il faut, un, à chaque fois qu'on met 1 euro d'argent public,
10:50 mobiliser 1 euro d'argent privé.
10:51 Pour les pays les plus pauvres, on n'y arrivera pas tout de suite.
10:54 Mais pour des pays en développement,
10:55 les pays à revenus intermédiaires et les émergents,
10:57 c'est possible.
10:59 Qu'est-ce qui manque pour cela ?
11:00 Il faut d'abord qu'à chaque fois qu'on ait un programme,
11:02 on est sûr que l'argent privé ne pourrait pas mieux le faire.
11:04 Ca arrive parfois avec des programmes
11:06 de la Banque mondiale et du FMI.
11:08 2, il faut avoir une méthode différente
11:11 avec ce qu'on appelle un effet de levier.
11:12 C'est l'engagement qu'on a pris hier.
11:14 C'est de se dire, quand on met 1 euro d'argent
11:16 de la Banque mondiale,
11:18 on a au moins 1 euro d'argent privé.
11:21 C'est fondamental.
11:22 Et c'est pour cela...
11:24 Qu'est-ce qu'on doit faire ?
11:25 On doit, en quelque sorte, enlever du risque.
11:27 Pourquoi l'argent privé ? Il y en a beaucoup.
11:30 Depuis 5 ans, c'est pour ça que la France se mobilise énormément.
11:33 Dans ces One Planet Summit, on mobilise
11:35 tous les fonds souverains,
11:36 tous les grands gestionnaires d'actifs,
11:38 tous les fonds de financement privé.
11:41 Qu'est-ce qu'ils nous disent ? Ils nous disent,
11:43 "Nous, on ne va pas dans tel pays, parce qu'il y a un risque de change.
11:45 "On ne va pas dans tel pays, parce qu'il y a un risque politique.
11:48 "On ne va pas dans tel pays, parce qu'en fait,
11:50 "s'il y a des pertes trop importantes
11:52 "pour nos actionnaires, ils ne nous suivent pas."
11:54 Le secteur privé, il cherche à faire un certain niveau de profit.
11:57 Il ne va jamais... -Faire des bénéfices.
11:58 -Et donc, qu'est-ce que nous, on doit faire
12:01 si on veut démultiplier l'argent public qu'on met ?
12:03 C'est faire de l'innovation pour avoir des mécanismes
12:07 qui sont plutôt en garantie, en prise de 1re perte,
12:11 pour déclencher ces investissements privés.
12:14 Ca, c'est la 1re mobilisation.
12:15 -Il y aura bientôt, dans quelques mois, M. le président,
12:18 un impôt minimum mondial sur les grandes entreprises.
12:21 Au risque de vous faire bondir,
12:23 est-ce qu'il faut faire un ISF climatique
12:25 à l'échelle de la planète ou en France ?
12:27 -Vous me ferez jamais bondir. -Même sur l'ISF.
12:29 -Je le disais hier. Non. Parce que oui, pour ces sujets-là,
12:32 il faut une taxation internationale.
12:34 Moi, pourquoi j'ai supprimé une partie de l'ISF en France ?
12:37 Parce qu'on était quasiment les seuls à le faire.
12:39 -Il faut un ISF climatique mondial.
12:41 -Je pense qu'il faut une taxation internationale
12:43 qui finance cela. Mais vous savez,
12:45 je le disais hier en plaisantant à certains de nos amis,
12:47 nous, on est à la frontière technologique
12:49 en matière de taxation en France.
12:51 On a dit qu'il faut taxer les transactions financières.
12:53 La France l'a fait. Nous, on a une taxe
12:55 sur les transactions financières.
12:56 Qui d'autre l'a fait autour de nous ? Quasiment personne.
12:59 Ca ne marche pas quand on le fait tout seul.
13:00 Parce qu'on est puni, les flux financiers vont ailleurs.
13:03 Donc la taxe sur les transactions financières
13:05 pour financer la lutte contre la pauvreté ou le climat,
13:07 je suis pour, ça tombe bien.
13:09 Nous, on l'a déjà fait. Deuxième chose, on nous dit
13:11 qu'il faut une taxation sur les billets d'avion.
13:13 Il y a eu un rapport, Jean-Pierre Landau
13:14 et mon représentant en particulier.
13:15 On le fait en France. Qui d'autre le fait ?
13:17 Ca ne marche pas quand on le fait tout seul.
13:19 Parce qu'on ne lève pas assez d'argent et on se pénalise.
13:21 Moi, je veux bien qu'on massacre nos compagnies aériennes
13:24 et qu'elles aillent toutes dans les pays du Golfe
13:26 pour faire de l'argent. Ca ne marche pas.
13:29 Troisième proposition.
13:31 Je félicite la mobilisation
13:32 de l'Organisation maritime internationale.
13:35 Le secteur du transport maritime n'est pas du tout taxé.
13:37 C'est un des seuls.
13:39 C'est une très bonne chose, il faut le taxer.
13:40 Mais pas que les acteurs français.
13:42 Il faut taxer les Français, les Européens du Nord, les Chinois.
13:46 Qu'est-ce qui marche ? C'est quand il y a
13:47 une mobilisation internationale comme celle
13:49 qu'on a faite sur la taxation.
13:50 -La France ne donnera pas l'exemple sur l'ISF climatique.
13:52 -La France, elle a déjà donné l'exemple sur tous les impôts.
13:54 On est un des pays qui taxent le plus au monde.
13:56 On doit donner l'exemple en mobilisant
13:57 comme on l'a fait sur la taxation minimale.
14:00 Et donc, moi, j'appelle à la mobilisation.
14:01 Aidez-nous à aller chercher tous les pays
14:03 qui, aujourd'hui, n'ont pas de TTF
14:05 et qui, aujourd'hui, n'ont pas de taxation
14:07 sur les billets d'avion.
14:08 Et aidez-nous à mobiliser
14:10 à l'Organisation maritime internationale en juillet
14:12 pour qu'il y ait une taxation internationale
14:14 avec la Chine sur le transport maritime.
14:17 Aussi vrai qu'on disait, il y a un siècle,
14:19 le socialisme, dans un seul pays, ça ne fonctionne pas,
14:22 pour reprendre un temps communiste,
14:24 eh bien, la taxation internationale dans un seul pays,
14:26 ça ne marche pas, parce que ce n'est pas
14:27 une taxation internationale et ça pénalise ce pays.
14:29 -Mounia Daoudi, RFI.
14:31 -Donc, en tout cas, juste pour mobiliser le secteur privé,
14:33 l'autre point, c'est oui,
14:35 créer une taxation internationale pour l'affecter.
14:38 C'est ça dont on a besoin.
14:39 -M. le Président, il y a un grand absent
14:42 à ce sommet de Paris, c'est la Russie.
14:44 Est-ce que vous pouvez avancer sur l'agenda que vous portez
14:48 sans l'un des acteurs majeurs,
14:50 l'un des plus grands producteurs d'hydrocarbures au monde ?
14:53 -Alors oui, parce qu'ici, on est sur un agenda
14:55 qui vise justement à dire quoi ?
14:57 On ne doit pas choisir entre climat
14:59 et lutte contre la pauvreté, la biodiversité.
15:04 Chaque pays doit être respecté dans son chemin.
15:06 Il faut mettre plus d'argent public,
15:07 il faut mobiliser le financement privé.
15:09 C'est ça, les conclusions principielles de ce sommet,
15:11 avec derrière, plein de mesures très concrètes.
15:14 On a besoin de qui pour ça ?
15:16 On a besoin des Etats-Unis, de la Chine, du G20,
15:21 des grands émergents et des pays les plus pauvres.
15:23 Ils sont tous là.
15:24 Et donc le G77, qui est le groupe qui représente tous ces...
15:28 La Russie est dedans.
15:29 Et là, à plusieurs égards, la Chine,
15:32 qui est un de ses membres éminents, est présente,
15:33 mais surtout, le président cubain était avec nous,
15:36 il s'est exprimé hier, il a la présidence du G77.
15:39 Donc qu'est-ce que dit ce sommet ?
15:41 L'isolement de la Russie.
15:43 Est-ce qu'il faut reprendre le dialogue avec la Russie ?
15:45 -E. Macron : Mais je pense qu'il faut d'abord
15:46 que la Russie arrête la guerre,
15:48 accepte de respecter le droit international.
15:50 Ca, c'est un fondement.
15:52 Après, vous avez parfaitement raison.
15:54 -Si Vladimir Poutine vous appelle demain matin,
15:55 vous décrochez ou pas ?
15:56 -E. Macron : Bien sûr que je décroche.
15:57 -Toujours. Mais vous ne l'appellerez pas, vous ?
16:00 -E. Macron : Je n'ai pas de raison de l'appeler aujourd'hui.
16:02 Il y a une contre-offensive ukrainienne.
16:04 Le temps viendra, je l'espère,
16:06 de négociations aux conditions de l'Ukraine.
16:08 Par contre, s'il m'appelle pour proposer quelque chose,
16:10 je prendrai, parce que la France a toujours été
16:11 une puissance facilitatrice et de médiation.
16:15 Mais il faut être clair.
16:16 Aujourd'hui, la reprise du dialogue n'est possible
16:19 que s'il y a un respect du droit international,
16:21 qui est le seul qui nous permet de vivre en paix.
16:23 Par contre, vous avez raison.
16:24 La Russie, mais comme d'autres grands pays
16:26 qui sont ici présents...
16:27 Le Nigeria est un très grand producteur d'hydrocarbures.
16:30 Il est là, c'est 250 millions d'habitants sur la planète.
16:34 L'Inde est un grand pays qui raffine les hydrocarbures.
16:36 -Restons sur la Russie, si vous voulez bien, M. le Président.
16:39 -Non, mais tous ces pays,
16:41 on doit les accompagner dans une transition.
16:43 La Russie devra en faire partie.
16:45 Pour moi, le fondement, c'est que les pays dont on a besoin
16:49 pour faire ces changements sont tous là.
16:51 -Pour vous, M. le Président,
16:53 la Russie est-elle aujourd'hui un ennemi,
16:56 notamment en Afrique ?
16:59 -Ecoutez, j'aime pas ces termes qui sont définitifs,
17:01 parce que la diplomatie, c'est pas ça.
17:04 Ce qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui,
17:05 la Russie s'est mise, de son propre chef,
17:08 dans une situation qui est de ne plus respecter
17:10 le droit international, de redevenir, au fond,
17:14 l'une des seules puissances coloniales du 21e siècle,
17:17 en menant une guerre d'empire auprès de son voisin l'Ukraine.
17:21 Et c'est une puissance de déstabilisation de l'Afrique
17:23 à travers des milices privées qui viennent faire de la prédation,
17:26 des exactions sur les populations civiles,
17:28 comme cela a été documenté par les Nations unies
17:32 en République centrafricaine, à travers la milice Wagner.
17:35 Donc je pense que par les choix aujourd'hui qui sont les siens,
17:39 la Russie ne joue pas un rôle bénéfique
17:41 pour la communauté internationale.
17:43 -Merci, M. le Président, de nous avoir accordé cet entretien.
17:47 Merci à vous de nous avoir suivis sur France Info.
17:51 -Je montre toujours des petits graphiques.
17:53 Non, c'est très intéressant.
17:54 On pourra vous le donner à vos auditeurs.
17:56 Mais quand on parle de climat et de développement,
17:58 c'est fait par l'AFD.
18:01 Non, c'est très bien, on vous le laissera.
18:03 Mais ça montre où est l'enjeu.
18:06 L'enjeu, c'est que, vous voyez, nous, on est dans ces catégories-là.
18:09 On est les très développés, les plus riches,
18:11 et on est aussi ceux qui polluons le plus.
18:14 L'enjeu, c'est de réussir, au fond,
18:16 à ce qu'entre les pays riches et les émergents, il y ait un accord.
18:19 Si on arrive à ce que l'Inde, le Nigeria, la Chine
18:23 puissent se développer sans polluer,
18:26 on gagne la bataille de la planète à l'échelle internationale.
18:28 Et c'est aussi pour ça que les pays en développement
18:31 et les pays les plus pauvres,
18:33 il faut les aider sur la lutte contre la pauvreté,
18:34 mais ils sont très loin d'être les grands émetteurs.
18:37 La clé, elle est de nous baisser nos émissions
18:39 et de les permettre aux grands émergents
18:42 d'avoir leur développement sans augmenter leurs émissions.
18:45 -C'est pour cette raison que vous avez souhaité
18:47 participer au Sommet des Brics ?
18:48 -Exactement. C'est un point clé.
18:50 Et c'est pour ça qu'on fait ces accords de partenariat
18:52 pour la transition avec déjà l'Afrique du Sud,
18:55 maintenant avec le Sénégal, j'espère demain avec le Nigeria,
18:57 j'ai proposé avec le Brésil.
18:58 La clé pour la planète, elle est là.
19:00 Il faut se concentrer sur l'essentiel.
19:01 L'essentiel, c'est un accord entre les pays riches
19:03 et les émergents.
19:05 Et la 2e chose essentielle, c'est sortir du charbon
19:07 avant toute chose. Juste pour remettre un peu les...
19:09 -Merci. Merci, M. le Président.
19:11 -Merci beaucoup. Pardon de nous avoir interrompu.
19:12 -Merci à vous de nous avoir suivis sur France Info,
19:15 RFI et France 24.
19:16 -Merci beaucoup. -Merci, M. le Président.
19:19 [Bruit de la mer]

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