SMART SPACE - SPACE TALK du vendredi 23 juin 2023

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Vendredi 23 juin 2023, SMART SPACE reçoit Général Michel Friedling (cofondateur, Look Up Space)
Transcript
00:00 [Musique]
00:02 [Sonnerie de téléphone]
00:04 Des rangs de l'armée à ceux du New Space est un profil tout à fait unique que nous recevons aujourd'hui en plateau.
00:09 Le général Michel Friedling, ancien général de l'armée de l'air, ancien commandant de l'espace, cofondateur de Look Up Space,
00:15 est avec nous en plateau et vous accompagne également dorénavant des entreprises au travers d'une activité de conseil.
00:21 Bonjour.
00:22 Bonjour.
00:22 Bienvenue sur le plateau de Smart Space.
00:25 Alors en décembre 2021, vous présentiez le contexte économique du secteur spatial au Sénat en tant que commandant de l'espace à l'époque
00:32 et aujourd'hui vous êtes, on peut dire, devenu acteur de cette même économie que vous présentiez à l'époque.
00:38 Votre cheval de bataille, c'est la surveillance de l'environnement spatial.
00:42 On va revenir sur cette activité en détail, cette nouvelle aventure pour vous dans un instant.
00:47 Mais avant, un petit coup d'œil dans le rétro quand même.
00:49 Vous avez pris vos fonctions en 2018 au commandement de l'espace.
00:52 Vous étiez finalement, on pourrait appeler ça comme ça, le premier patron de la Space Force française.
00:57 Vous avez mené le premier entraînement Asterix, premier exercice militaire spatial en 2021.
01:05 Qu'est-ce qui vous a mené à l'époque à prendre ces fonctions de commandant de l'espace et quelle était l'ambition à ce moment-là du CDE ?
01:13 Alors d'abord, je dirais que nous n'avons pas encore de Space Force en France.
01:19 Nous avons un commandement de l'espace qui est intégré à l'armée de l'air, qui est devenu l'armée de l'air et de l'espace.
01:24 C'est une distinction qui peut paraître subtile mais qui ne l'est pas.
01:27 Les seuls qui aujourd'hui au monde ont une Space Force, ce sont les Américains.
01:31 Quelle est la différence ? C'est qu'on n'a pas de capacité d'attaque ?
01:34 C'est une armée, non pas du tout. C'est que la Space Force est une armée en tant que telle.
01:38 Donc aujourd'hui, on n'a pas d'armée de l'espace, on a un commandement de l'espace qui est déjà un grand pas en avant par rapport à ce qui existait auparavant.
01:44 Et donc qui dispose de moyens qui sont extrêmement importants.
01:48 Et ce commandement de l'espace, c'est un des fruits de la revue stratégique dédiée à l'espace
01:54 que l'on a conduite à la demande du président de la République en 2018, quand j'ai pris mes fonctions, pendant un an.
01:59 Et donc qui a conduit à la création de ce commandement.
02:02 Je pense que l'étape suivante, ça pourrait être, mais dans quelques années, la création d'une Space Force française.
02:09 Alors qu'est-ce qui vous a poussé à quitter ce commandement ?
02:12 Alors, j'aurais pu rester sous l'uniforme et continuer ma carrière militaire.
02:19 C'est un choix que j'ai fait pour différentes raisons.
02:22 D'abord, quand on tombe dans la marmite espace, je crois qu'on a envie d'y rester parce que c'est un domaine qui est quand même extrêmement intéressant, qui est fascinant.
02:32 Il y a un esprit pionnier, il y a des frontières qui s'ouvrent, il y a des domaines à conquérir, il y a tout à faire en fait.
02:38 Quand on rentre dans un nouvel âge spatial, bon ça je ne vais pas l'apprendre à vos téléspectateurs.
02:42 La deuxième chose, c'est que c'est un écosystème qui est très dynamique, avec, je l'ai dit, un esprit pionnier, qui moi m'a beaucoup plu.
02:51 Vous connaissiez ce secteur spatial avant de prendre la tête du commandement de l'espace ?
02:56 Je le connaissais assez mal en réalité.
02:58 Quand j'étais jeune pilote de chasse, j'étais capitaine, et moi mon rêve c'était d'être pilote de la navette Columbus, vous savez ce projet européen,
03:07 qui n'a pas, alors c'était pas Columbus, c'était Hermès pardon, de la navette Hermès.
03:12 Et donc malheureusement ce programme a été abandonné, donc mes rêves se sont effondrés,
03:16 bon j'ai continué ma carrière de pilote de chasse, et puis j'ai été rattrapé par ce premier amour au dessus,
03:22 et donc on m'a confié la direction des activités spatiales du ministère, et puis la création du commandement de l'espace.
03:29 Et donc une fois revenu dans ce milieu là, je n'avais plus envie d'en sortir.
03:33 Et donc pourquoi j'ai décidé de partir également, parce que j'ai été assez préoccupé je dirais par ce qui est en train de se passer dans l'espace.
03:46 La multiplication des débris, avec les risques que cela implique, avec l'augmentation du trafic spatial, avec les risques que cela implique,
03:55 mais également l'apparition des menaces orbitales, on en parle de plus en plus, ça a fait l'objet de briefings qui ont été faits aux autorités politiques, aux ministères de la République, etc.
04:07 C'est dit dans la stratégie, et donc tout ça fait que si certains acteurs n'apportent pas des solutions à la fois politiques mais techniques aussi,
04:16 et bien on court à la catastrophe dans l'espace.
04:18 Donc je me suis dit il faut y aller, il y a une fenêtre d'opportunité, il y a eu une rencontre aussi, puisque j'ai rencontré Juan Carlos de Lado,
04:26 qui était le chef du service Surveillance de l'espace du CNES et qui est un expert international des débris.
04:31 Et cofondateur aujourd'hui de Look Up Space.
04:33 Absolument, et cofondateur, nous sommes donc deux dans cette aventure, et donc c'est aussi cette rencontre qui a fait que je suis là aujourd'hui.
04:39 Alors je ne peux pas m'empêcher de demander, vous pouviez aussi avoir un rôle sur cette surveillance de l'espace depuis votre poste précédent.
04:46 A quel point vous pouvez là changer les choses, là où vous ne pouvez pas le faire avant ?
04:51 Bon d'abord il faut savoir que quand on est dans l'institution militaire, on occupe un poste pendant 3 ans, 4 ans peut-être maximum.
04:58 J'ai eu la chance de rester 4 ans à ce poste.
05:01 Il était temps de changer, d'avoir sans doute une promotion et un autre poste.
05:05 Et donc comme je vous l'ai dit, je voulais rester dans le domaine spatial et continuer à avoir une empreinte sur ce sujet très clairement.
05:13 Par ailleurs, quand on est au commandement de l'espace, on s'intéresse au sujet défense.
05:18 Donc il n'y a pas que le sujet défense dans la maîtrise de l'environnement spatial, il y a aussi tout le sujet collision, service aux entreprises.
05:25 Et par ailleurs, je pense que j'ai un ADN d'entrepreneur, j'aime construire, et donc j'avais envie de construire quelque chose.
05:32 Quelles sont les opportunités commerciales que représente aujourd'hui ce secteur ?
05:36 De quoi on parle précisément quand on parle déjà de la surveillance des objets en orbite, on l'a dit tout à l'heure, mais plus globalement de l'activité spatiale en fait ?
05:45 Alors c'est un marché qui est en train de se structurer, c'est un marché émergent.
05:49 Donc comme beaucoup de marchés émergents, évidemment il y a beaucoup d'interrogations, il y a beaucoup de discussions qui ont lieu entre les acteurs institutionnels et les acteurs privés.
05:57 Les acteurs privés qui vont être des acteurs de la surveillance de l'espace, mais de la sécurité des activités spatiales en orbite, mais aussi des clients potentiels.
06:05 C'est-à-dire les régulateurs, les assureurs, les opérateurs spatiaux, les opérateurs de lancement.
06:09 Donc tout ça est en train de se mettre en place.
06:11 Moi j'aime faire un parallèle avec le marché de l'observation spatiale, qui n'existait pas il y a 20 ou 30 ans,
06:19 puisque l'essentiel de l'imagerie spatiale était fourni par des satellites institutionnels, gouvernementaux, d'enseignement, etc.
06:27 Et en fait, finalement c'est l'offre qui a créé la demande et aujourd'hui vous le savez il y a un marché énorme sur l'imagerie spatiale qui se développe,
06:35 et dont on ne voit plus finalement la fin.
06:40 Il y a des applications qu'on découvre tous les jours.
06:42 Je pense que c'est ce qui va se passer pour le marché de la surveillance de l'espace.
06:46 Le marché va se structurer et ensuite on va progressivement découvrir des applications à l'infini,
06:51 qui vont croître au fur et à mesure que les domaines d'activité en orbite vont également augmenter.
06:57 Les services en orbite, la logistique en orbite, l'exploration lointaine, etc.
07:02 En quoi consiste votre technologie précisément ?
07:05 Alors nous on a fait le choix d'une technologie radar.
07:08 Vous avez beaucoup d'acteurs sur le marché, établis ou émergents.
07:12 En France il y en a déjà deux par exemple ?
07:14 Il y en a même plus que ça.
07:16 En France vous avez effectivement d'acteurs établis qui délivrent un service opérationnel.
07:22 Vous avez Safran Data Systems qui a fait le choix de la technologie radiofréquence.
07:26 Vous avez Ariane Group qui a fait le choix de la technologie optique,
07:30 donc il y a un réseau de télescopes.
07:32 Et puis vous avez des acteurs émergents, le Chamber Space, Spaceable notamment.
07:36 Alors nous on a fait le choix.
07:38 Et puis alors si vous regardez l'écosystème mondial dans ce domaine là,
07:42 on va retrouver en fait à peu près la même chose.
07:44 Vous avez le choix de la technologie optique, la technologie RF ou le radar.
07:48 Et quand vous regardez, vous faites le mapping de tout cet écosystème,
07:51 et bien il y a beaucoup de monde sur l'optique.
07:53 Pourquoi ? Parce que le ticket d'entrée techno et financier il est quand même relativement bas.
07:58 Mais ça présente beaucoup d'inconvénients, la technologie optique.
08:03 Notamment c'est sensible aux conditions d'éclairement, c'est sensible aux conditions météo.
08:07 Le radar est plus résilient ?
08:10 RF, il y a deux acteurs établis dans le monde. Il n'y a pas d'acteur émergent à ma connaissance.
08:15 Donc c'est Safran Data Systems en France et Kratos aux Etats-Unis qui partagent le marché.
08:19 Et puis alors l'inconvénient de la technologie RF, c'est que ça ne détecte que des objets actifs,
08:24 donc qui émettent des ondes électromagnétiques.
08:26 Et puis la technologie radar, c'est une technologie qui est insensible aux conditions météo,
08:30 aux conditions d'éclairement, qui est très précise.
08:32 Le ticket d'entrée technologique est beaucoup plus élevé évidemment,
08:35 donc c'est pour ça qu'il y a beaucoup moins d'acteurs.
08:37 Et aujourd'hui dans le monde, il y a un seul acteur établi qui s'appelle Léolab,
08:41 qui est un acteur américain, qui a été créé en 2017 et qui a levé déjà 82 millions de dollars en deux ou trois séries.
08:46 Qui a déjà une dizaine de stations en fait.
08:48 Et qui a déjà une dizaine de stations sous cette implantation dans le monde.
08:52 Et donc nous on a vraiment l'ambition, notre ambition elle est très simple,
08:57 on veut être un des leaders mondiaux de ce domaine.
08:59 Sauf que vous avez été créé il y a un peu moins d'un an.
09:02 Alors comment on rattrape ce retard-là technologiquement ? Quels vont être vos défis ?
09:06 Alors il y a un défi technologique, il y a un défi commercial, il y a beaucoup de défis.
09:11 La technologie, nous on a parlé de la technologie radar, c'est le choix qu'on a fait.
09:16 Donc là on est en train de développer un radar.
09:18 Donc on s'est associé avec des acteurs industriels, académiques et de la recherche.
09:23 Donc on a en fait pour développer ce radar, on a un consortium en quelque sorte,
09:27 d'une douzaine d'acteurs académiques de la recherche et industriels avec des sous-traitants.
09:32 On a déposé un projet dans le cadre de France 2030 pour être subventionné par l'État pour développer ce capteur.
09:38 C'est un appel à projet sur les capteurs de subvention de l'espace.
09:42 Donc on est très confiant sur l'obtention d'une subvention de l'État pour développer ce capteur.
09:49 On a développé, mais il y a aussi, alors donc une fois qu'on a développé le capteur, c'est pas tout.
09:53 Il faut développer, il faut déployer un réseau mondial.
09:56 Parce que l'idée c'est de détecter des objets très petits, je vais dire de classe centimétrique.
10:01 Ça veut dire des centaines de milliers d'objets.
10:03 C'est le trou dans la raquette aujourd'hui en fait.
10:05 C'est clairement le trou dans la raquette.
10:07 Parce que c'est un vrai danger pour toute l'activité commerciale dans l'espace.
10:10 Aujourd'hui on sait détecter des objets de 70-80 cm et on ne sait les détecter que toutes les 36, 48, 72 heures.
10:16 Parce qu'on a un capteur, qui est un capteur du ministère des armées,
10:19 qui est toujours opéré par le commandement de l'espace.
10:22 Donc c'est tout à fait insuffisant à la fois dans le taux de revue.
10:25 Donc là il faut quadriller.
10:26 Il faut déployer un réseau.
10:27 Donc on développe ce radar.
10:30 Ça c'est ce qu'on va faire pendant les 24 premiers mois.
10:32 C'est notre proof of concept sur le capteur.
10:35 Ensuite on déploie le réseau dans le monde.
10:37 Mais il y a aussi toute une partie numérique qui est extrêmement importante.
10:40 Donc on développe une plateforme digitale,
10:43 avec un certain nombre d'applicatifs, d'algorithmes, d'intelligence.
10:49 Donc c'est vraiment data-centrique,
10:51 avec une capacité à fusionner de manière totalement agnostique
10:54 des données qui viennent non seulement de nos radars,
10:57 mais aussi de partenaires qui vont nous fournir de l'optique, du laser ou de l'ARF.
11:01 Et donc en fait on a à la fois le capteur et le réseau,
11:04 mais aussi la partie data derrière qui est extrêmement importante.
11:07 Donc c'est vraiment un projet industriel, avec de l'infrastructure.
11:11 Ce qui peut faire peur d'ailleurs aux fonds d'investissement.
11:13 Évidemment, parce que c'est un projet alimentaire.
11:15 Et puis un projet numérique.
11:16 Alors comment vous faites d'abord pour convaincre les investisseurs,
11:18 on peut aller sur ce sujet-là tout de suite,
11:21 de vous faire confiance, parce que dans le spatial c'est aussi la difficulté.
11:24 Le retour sur investissement, il est très long à arriver.
11:27 Vous avez déjà des acteurs établis en face de vous,
11:29 des acteurs importants qui n'ont pas les mêmes difficultés
11:32 qu'en Europe à trouver du financement.
11:34 Si on prend Léolabs par exemple, qui a déjà des contrats.
11:37 Je crois que l'État français aussi est déjà en discussion
11:39 avec Léolabs pour utiliser ces capacités.
11:42 Comment vous vous faites pour vous financer ?
11:44 Alors nous on a besoin d'une certaine somme d'argent
11:47 pour travailler pendant 24 mois, jusqu'à la démonstration
11:50 qu'on a ce radar, qu'on a su le faire et qu'on l'a déployé.
11:53 Et donc pour réunir cet argent, on fait appel à des fonds publics,
11:57 donc des subventions, qu'elles soient françaises à travers France 2030
12:00 ou européennes.
12:01 Il y a le European Innovation Council,
12:03 qui permet aussi d'allouer des subventions
12:05 sur des projets technologiques.
12:07 Et ensuite on a fait appel à des investisseurs privés.
12:10 Donc on est, la bonne nouvelle c'est que, voyez, c'est terminé hier,
12:13 on a fini notre levée de fonds.
12:15 Donc on est en train de, on rentre dans la phase
12:17 où on rédige le contrat, etc.
12:19 Donc c'est du, c'est de la paperasse.
12:22 Donc on a trois fonds d'investissement qui nous suivent.
12:25 Et on est vraiment content parce que le contexte
12:28 est quand même assez difficile en ce moment.
12:30 Deuxième semestre 2022, les investissements dans la tech
12:34 ont été diminués par deux par rapport au premier semestre,
12:36 du contexte mondial.
12:38 Et donc nous, en moins de six mois,
12:40 on aura réussi à lever environ la moitié de son drapeau.
12:44 L'autre moitié est en fournie.
12:45 C'est combien la moitié ?
12:46 C'est de l'ordre de 7 millions d'euros.
12:48 7 millions d'euros en amorçage, donc en CID.
12:51 Et donc un peu plus de 7 millions d'euros en subvention.
12:56 Ce qui va nous permettre de travailler pendant deux ans
12:59 et de démontrer qu'on sait faire.
13:00 Alors sachant que, sachant qu'on aura,
13:03 on a déjà une version qui fonctionne,
13:05 une version une de la plateforme numérique
13:07 avec toute l'intelligence à bord.
13:09 Et donc ça, on a déjà un produit
13:11 qui en quelque sorte est commercialisable
13:13 et on va le faire.
13:14 On peut citer les fonds d'investissement,
13:15 on a qui ? Expansion ?
13:17 Alors, oui, notre fonds leader,
13:19 ça va être un des deux fonds leaders,
13:21 c'est Carista, qui met en oeuvre Cosmic Capital.
13:25 Et Cosmic Capital, c'est le CNES et la BPI.
13:27 Donc ça, c'est très important pour nous
13:28 d'avoir ces deux acteurs capitaux de la société.
13:31 Mais c'est également Expansion,
13:33 le fonds qui a été lancé par Charles Béthé,
13:35 dédié au spatial.
13:36 Et puis, il y a un fonds allemand
13:37 qui prend une place significative,
13:39 très significative, qui va être Collide également.
13:41 Donc ça aussi, pour nous, c'était important
13:43 d'européaniser la société.
13:45 Parce que même si on a fait le choix, dès le début,
13:47 pour aller très vite, de travailler
13:49 avec des acteurs industriels français,
13:50 des partenaires sur le plan technologique français,
13:53 on a besoin aussi d'avoir une ouverture internationale.
13:55 Et comme vous l'avez dit en introduction,
13:56 nous, on a clairement une ambition mondiale.
13:58 On n'est pas du tout sur le marché heurégalien.
14:00 C'est important parce qu'il y a cette question
14:01 de souveraineté, surtout quand on parle
14:03 de donner des capacités à la France ou à l'Europe
14:06 qui n'existent pas encore aujourd'hui.
14:08 Il faut aller, on le voit, la France va chercher
14:10 aux Etats-Unis avec Léolab ces capacités-là.
14:13 À quel point ça fait partie de votre stratégie ?
14:15 À quel point ça vous limite ?
14:16 J'ai l'impression que ça ne vous limite pas du tout.
14:18 Ça ne nous limite pas du tout.
14:19 En fait, si vous voyez, dans la typologie des clients
14:21 qu'on va adresser et qu'on a commencé à adresser,
14:23 il y a les clients institutionnels,
14:25 enfin c'est public, privé, militaire, défense et civil.
14:30 Et donc, on a commencé à discuter avec tout l'écosystème.
14:33 On sent un très très fort intérêt sur ce qu'on est en train de faire,
14:36 y compris aux Etats-Unis.
14:37 Je reviens du Space Symposium qui avait lieu
14:39 il y a 10 jours maintenant.
14:41 Et on a rencontré un certain nombre de partenaires aux Etats-Unis
14:44 qui sont extrêmement intéressés par ce qu'on fait
14:46 et qui veulent déjà établir des partenariats commerciaux avec nous.
14:49 Donc, on est très heureux et je pense que ça va aller beaucoup plus vite
14:51 qu'on ne le pensait en réalité au départ sur les revenus,
14:54 sur la commercialisation de nos produits.
14:56 Est-ce qu'il y a une question de réglementation ?
14:58 Est-ce que le territoire européen et français
15:00 est propice au développement de ce marché
15:02 et de votre technologie ?
15:04 Oui, bien sûr.
15:05 Vous savez, je vous le disais, le marché est en train de se structurer.
15:08 Pour vous donner un exemple,
15:09 il y a une discussion qui a lieu actuellement
15:11 entre tous les opérateurs européens
15:13 dont nous faisons partie de la surveillance de l'espace,
15:16 établis ou émergents,
15:18 et la Commission européenne à travers la DG Défi et EUSST,
15:22 que vous connaissez, qui est le consortium piloté par la Commission européenne
15:26 sur la production de services de sécurité dans l'espace.
15:30 Et donc, cette discussion fait l'objet de séquences de travail,
15:33 de workshops entre l'industrie et la Commission européenne
15:37 pour précisément mettre en place les conditions
15:40 non seulement de l'autonomie européenne dans ce domaine,
15:42 l'autonomie stratégique,
15:44 mais aussi les conditions de l'émergence d'un secteur privé viable.
15:47 Parce qu'une société comme la nôtre, c'est beaucoup d'investissements,
15:50 c'est plus de 100 millions d'euros d'investissement.
15:53 Pour développer un réseau comme ça, ce n'est pas quand même des petites sommes.
15:56 Et donc derrière, pour être viable, il faut qu'il y ait un marché.
15:59 Donc il faut qu'on ait une discussion avec les acteurs institutionnels
16:02 pour voir comment ceci peut se faire.
16:04 Et donc, dans le prochain règlement spatial européen,
16:08 il y a une somme qui devrait être très très importante,
16:11 sans doute entre 1 et 2 milliards d'euros,
16:14 pour financer de l'achat de données ou de services auprès d'opérateurs comme nous.
16:20 Et donc, évidemment, des acteurs institutionnels, dont l'Union européenne,
16:23 vont être des clients, au même titre que les opérateurs privés.
16:26 C'est là qu'être parmi les primo-arrivants.
16:28 Est-ce qu'on peut dire encore aujourd'hui que vous faites partie des primo-arrivants en Europe ?
16:32 Je pense qu'on fait encore partie des primo-arrivants.
16:34 Si on met de côté Safran Data Systems et Ariane Group,
16:37 qui sont quand même des acteurs établis qui livrent un service,
16:39 et qui ont déjà établi leur réseau,
16:42 mais ils ont une technologie qui est très différente.
16:44 Et donc on est très complémentaires en réalité.
16:46 On est bien sûr concurrents parce que finalement,
16:49 on offre un service qui a la même finalité,
16:51 mais on est très très complémentaires.
16:54 Et d'ailleurs, on a engagé des discussions avec beaucoup d'acteurs industriels,
16:57 et y compris des acteurs comme Ariane Group et Safran Data Systems,
17:01 pour voir comment l'offre de services que l'on peut avoir
17:04 avec ces trois technologies RF, optique et radar,
17:06 peut avoir une valeur ajoutée sans équivalent dans le monde aujourd'hui.
17:10 Alors ancien commandant, aujourd'hui entrepreneur,
17:13 c'est quoi la prochaine étape pour vous, avant de conclure ?
17:16 La première étape, ça va être de mener à bien cette entreprise.
17:22 Donc on a l'ambition de déployer très vite ce réseau,
17:25 d'être très vite un des leaders mondiaux.
17:27 Et ensuite, on a d'autres idées,
17:30 mais je crois qu'il faut d'abord cranter cette entreprise,
17:33 générer des revenus, être confortable,
17:35 et ensuite, je pense qu'on aura envie d'aller un peu dans l'espace aussi.
17:38 Vous nous en parlerez la prochaine fois.
17:40 Aujourd'hui, notre conviction, c'est que l'avenir de l'espace se joue sur Terre.
17:45 C'est pour ça qu'on déploie nos capteurs sur Terre.
17:48 De la même façon que l'avenir sur Terre se joue aussi dans l'espace.
17:51 Merci beaucoup, Général Michel Friedling,
17:54 ancien général de l'Armée de l'Air, ancien commandant de l'espace,
17:57 et cofondateur aujourd'hui de Look Up Space.
17:59 Merci à tous de nous avoir suivis.
18:01 On se retrouve dès la semaine prochaine sur Vismart.
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