Jean-François Colosimo : «On sous-estime totalement la constitution mafieuse de l'État russe. Pour comprendre cette affaire, il vaut mieux se tourner vers Coppola ou Scorsese que vers les livres d'histoire»

  • l’année dernière
Jean-François Colosimo livre son analyse sur la situation en Russie : «On sous-estime totalement la constitution mafieuse de l'État russe. Pour comprendre cette affaire, il vaut mieux se tourner vers Coppola ou Scorsese que vers les livres d'histoire».
Transcript
00:00 François Colosimo, comment vous expliquez, avec un peu de recul, ce revirement soudain et brutal ?
00:06 – Alors d'abord, je crois qu'on sous-estime totalement la constitution mafieuse de l'État russe,
00:12 et en fait, pour comprendre cette affaire, il vaut mieux se tourner vers Coppola ou Scorsese
00:18 que vers les livres d'histoire, n'est-ce pas ?
00:21 En fait, on a une constitution clanique, il y a bien un chef, un boss, un parrain,
00:27 ce boss, ce parrain a entrepris une expédition malheureuse en Ukraine et est complètement affaibli.
00:35 Donc il avait son cuisinier de cour, Evgeny Prigojine, qui est devenu un chien de guerre enragé,
00:41 qui s'est retourné contre son maître pour le mordre.
00:45 Alors l'hypothèse la plus convaincante, la plus recevable,
00:48 celle qu'émettent les journalistes d'investigation russes qui sont en exil mais qui restent informés,
00:54 c'est que le reproche de Prigojine adressé à Poutine,
00:58 à savoir que l'état-major russe a réellement bombardé son campement,
01:04 se doublait du fait que la cible, ce n'était pas ses hommes, c'était lui.
01:08 Lui qui dérangeait le Kremlin depuis longtemps,
01:11 lui surtout qui manifestement menait sa guerre pour capitaliser politiquement
01:17 et un jour incarner l'aile la plus chauvine de l'opinion russe dont Poutine ne veut pas.
01:23 Poutine a donc lâché Prigojine, l'a abandonné à ses rivaux de l'état-major,
01:29 Chouigou et Gerasimov et voilà que l'attentat ayant raté,
01:35 on se retrouve là encore dans un scénario typique.
01:40 L'homme de main, le nervi, le séide, est allé demander des comptes au patron
01:47 en montrant qu'il était lui aussi très fort, qu'il était même invincible
01:51 et que lui aussi pouvait menacer la vie du patron.
01:55 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:58 [SILENCE]

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