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Le cycle de l’eau amène la pluie, source d’abondance et de nature en pleine forme. Mais méfions nous de l’eau qui dort.

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00:00 Lorsque pour la première fois l'homme vit sa planète depuis l'espace, elle lui a paru à la fois magnifique et inquiétante.
00:11 Elle semblait n'être que de l'eau, un monde liquide et insaisissable qui faisait de lui un étranger sur ce qu'il croyait être son propre sol.
00:20 Il l'appelait autrefois "planète Terre".
00:23 Elle devint sous ses yeux la planète bleue dont près des deux tiers de la surface sont recouverts d'eau.
00:30 Mais l'eau n'est pas seulement cette énorme masse liquide, stable et généreuse avec laquelle l'être humain peut vivre en parfaite harmonie.
00:39 Car toute l'eau sur Terre passe son temps à s'évaporer.
00:45 Ainsi débute le cycle de l'eau.
00:50 L'eau gagne les nuages sous forme de vapeur.
00:53 C'est sous cette forme qu'elle survole notre planète.
00:57 De minuscules gouttes qui flottent en suspension dans l'air.
01:03 Et la vie sur Terre dépend entièrement de ces gouttelettes invisibles à l'œil nu, emprisonnées dans l'air à 600 mètres au-dessus de nos têtes.
01:15 La seule question qui compte pour la survie du monde est "la pluie va-t-elle enfin se décider à tomber ?"
01:21 Un beau jour, enfin, une goutte d'eau se décroche des nuages.
01:27 Notre sort est tellement lié à ces précieuses molécules qu'elles méritent bien qu'on s'attarde un moment sur leurs aventures.
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02:36 Le cycle de l'eau amène la pluie sur notre sol de manière imprévisible.
02:40 Cela dépend des saisons, cela dépend des courants.
02:44 L'eau n'en fait décidément qu'à sa tête.
02:47 "Une chose est sûre, c'est qu'elle ne reste pas là.
02:50 Donc ce qui apparaît ici va réapparaître d'une autre façon en tombant par exemple sous forme de gouttes là-bas."
02:58 Et pourtant, lorsque l'on suit son cours, elle semble souvent si tranquille,
03:03 sagement retenue dans le lit de sa rivière.
03:06 Elle clapote gentiment et entonne sa petite musique fluette.
03:09 Rassurante, elle sent bon l'abondance et la nature en pleine forme.
03:14 On rêverait alors que l'eau soit définitivement domptée.
03:21 On aimerait la voir toujours ainsi, dossièle et tranquille,
03:24 et disposer librement de ses largesses.
03:27 Mais méfions-nous de l'eau qui dort.
03:31 "L'eau est une forme, une forme de l'eau."
03:35 À voir ses sautes d'humeur et ses à-coups dans la roche,
03:41 l'eau n'est pas douce et appliquée.
03:43 Elle n'épouse pas les formes.
03:45 C'est elle au contraire qui les creuse et les façonne.
03:48 L'eau perce des tunnels et sculpte des paysages.
03:54 Elle sait éventrer la roche et casser du caillot.
03:58 Avec la gravité comme seule complice, l'eau a toujours le dernier mot,
04:02 même si elle met des siècles ou des millénaires pour le faire savoir.
04:06 L'eau est de nature sauvage, totalement indomptable.
04:13 Et c'est bien ce que l'homme a du mal à accepter.
04:16 Le plus impressionnant peut-être, c'est de savoir que l'eau est un objet.
04:21 C'est-à-dire qu'elle est un objet qui est un objet.
04:24 Et l'eau est un objet qui est un objet.
04:27 Et l'eau est un objet qui est un objet.
04:30 Et l'eau est un objet qui est un objet.
04:33 Et l'eau est un objet qui est un objet.
04:36 Et l'eau est un objet qui est un objet.
04:39 Et l'eau est un objet qui est un objet.
04:42 Et l'eau est un objet qui est un objet.
04:45 C'est de savoir, lorsque nous réalisons tout ça,
04:48 que l'eau que nous buvons, elle a déjà été bue.
04:52 Elle a déjà été évacuée.
04:55 Elle a déjà été évaporée.
04:57 Elle est déjà passée dans l'atmosphère humide.
05:02 Elle est retombée sous une forme de pluie,
05:06 quelquefois sous une brume.
05:08 Bref, elle s'est redéposée quelque part.
05:11 Et elle a de nouveau été bue, ainsi de suite.
05:14 ...
05:38 Boire ce qui a déjà été bu et évacué.
05:41 La réalité est à la fois drôle et brutale.
05:44 Elle nous rappelle que l'eau n'est pas une ressource minière.
05:48 L'eau est un cycle.
05:50 Guylain Demarsili, hydrologue, nous décrit une mécanique bien huilée.
05:54 - Donc l'essentiel de l'eau qui est tombée et qui s'est infiltrée dans le sol
05:58 repart à l'atmosphère soit par évapotranspiration directe,
06:02 soit par évapotranspiration par les racines et les feuilles des plantes.
06:06 Les trois quarts de l'eau qui sont tombées sur le sol
06:09 vont repartir vers l'atmosphère de cette façon-là.
06:12 ...
06:17 Cette eau passe en nuage, se refroidit dans les nuages.
06:21 Il y a même de la glace dans les nuages.
06:23 Elle reste pas longtemps dans les nuages, environ 8-9 jours.
06:27 Et elle retombe en pluie après s'être déplacée en moyenne
06:32 de 1 000 km entre le moment où elle s'est évaporée et le moment où elle retombe en pluie.
06:36 Vous voyez que c'est un cycle très rapide d'eau qui s'évapore, va dans les nuages,
06:40 il reste 8 jours et tombe en pluie.
06:42 ...
06:49 - L'eau, toujours en mouvement, se laisse simplement aller et nous impose son rythme.
06:54 ...
06:57 Car le temps de l'eau n'est pas celui des hommes.
07:00 Fluide et légère, évanescente et volatile le plus souvent,
07:03 l'eau est aussi capable de se faire bloc inerte et froid.
07:07 Elle est alors colosse de neige et de glace,
07:10 qui jalousement garde pétrifiée d'énormes quantités d'eau qu'elle diffuse à son gré.
07:15 ...
07:18 En réalité, si l'eau dispose du temps, elle dispose aussi de l'espace.
07:23 - Nous pouvons considérer notre planète comme un jardin.
07:27 Nous sommes dans un enclos.
07:29 C'est l'enclos du vivant, du monde vivant.
07:32 C'est, en somme, les limites de la biosphère.
07:36 Les limites de la biosphère, ce n'est pas grand-chose.
07:39 C'est une petite épaisseur vivante sur cette planète.
07:43 C'est 10 000, 11 000 m au-dessus du niveau zéro.
07:46 C'est 8 000 un peu plus en dessous.
07:49 Ce n'est pas beaucoup.
07:51 Mais cette pellicule, c'est entièrement de l'eau.
07:54 Ce n'est rien d'autre que de l'eau.
07:56 ...
08:12 - On voit bien qu'il y a quelque chose d'illusoire à immobiliser ce mouvement.
08:18 C'est impossible.
08:20 On peut pas imaginer qu'il s'agit de quelque chose d'inépuisable,
08:26 à puiser n'importe comment et n'importe où.
08:30 ...
08:42 - Lorsqu'elle s'enfonce dans la Terre,
08:45 l'eau se consacre à une mission essentielle.
08:48 Une oeuvre majeure dont elle seule détient le pouvoir.
08:52 - L'eau que nous avons sur la planète,
08:57 qui est la même que celle que l'on trouve dans les autres planètes,
09:00 a une propriété extrêmement intéressante.
09:02 C'est un solvant remarquable,
09:04 à la fois de la matière organique et aussi de la matière minérale,
09:09 c'est-à-dire de ce qui est contenu dans les roches.
09:12 Donc l'eau, dès qu'elle tombe sur un corps,
09:15 quel qu'il soit, va en dissoudre une petite partie.
09:18 C'est ça qui amène les minéraux aux plantes,
09:20 dont elles ont besoin pour faire leur matière organique,
09:22 pour faire leurs feuilles.
09:23 Donc l'eau a cette propriété remarquable
09:25 de faire passer des éléments, disons solides,
09:29 en solution à la disposition de la vie.
09:32 - L'eau et les sels minéraux vont ainsi permettre aux végétaux
09:38 de se développer grâce à la photosynthèse.
09:41 L'eau est donc ce transporteur génial
09:44 qui se charge des éléments qu'elle a dissous
09:46 et les achemine partout sur la Terre et dans les océans.
09:49 C'est pour cela que l'eau nous est si précieuse
09:52 et que nous dépendons tellement de son cycle.
09:55 L'eau nous donne à manger autant qu'elle nous donne à boire.
09:58 L'eau court dans les fibres de tous les êtres vivants.
10:07 L'eau gonfle les tissus
10:09 et nourrit sans relâche tous les champignons
10:11 et les végétaux de la Terre.
10:14 Derrière eux, l'ensemble de la chaîne alimentaire
10:17 peut se mettre en ordre de marche.
10:19 Les mangeurs de plantes passent alors à l'action.
10:26 Ils se lancent dans la recherche d'une nourriture
10:28 qui n'est finalement rien d'autre qu'un peu de matière organique
10:32 et beaucoup d'eau tenue ensemble par quelques fibres.
10:35 Tout ce qui vit sur Terre a besoin d'un système de nourriture
10:42 et tout ce qui vit dans la Terre a besoin pour se nourrir
10:45 d'autres êtres vivants qui ont également besoin d'eau pour se nourrir.
10:49 Ils sont ainsi liés les uns aux autres
10:51 comme autant de maillons d'une chaîne invisible,
10:53 la chaîne écologique, dont ils dépendent tous.
10:56 Tous également attachés aux mêmes précieuses molécules d'eau.
11:00 L'eau dispose et autour d'elle s'agite le petit monde des vivants,
11:07 attentif au moindre de ses détours
11:09 et accroché à elle comme à une planche de salut.
11:12 Ainsi va le cycle de l'eau,
11:16 indifférent à nos petites préoccupations de vie et de mort.
11:20 Imperturbable et sans même le vouloir,
11:24 l'eau se trouve intimement liée au destin des êtres vivants.
11:29 Au fond de nous-mêmes, l'eau est associée à une nature sauvage et violente
11:33 qui aujourd'hui encore a le pouvoir de nous faire peur.
11:37 Le temps n'est pas si loin où les hommes de veille comme les bêtes
11:40 se battent pour survivre dans une nature hostile.
11:43 L'eau est une nature qui est toujours en danger.
11:50 Elle est toujours en danger.
11:52 Elle est toujours en danger.
11:54 Elle est toujours en danger.
11:58 L'eau porte en elle le souvenir de cette menace.
12:02 Lorsque l'eau descend des montagnes,
12:17 elle est largement chargée d'éléments minéraux
12:19 qui sont les bienvenus lorsqu'ils font irruption dans le monde marin.
12:24 Ces éléments minéraux sont indispensables à la photosynthèse
12:27 qui permet à une flore microscopique, le phytoplankton, de se développer.
12:32 Ce plankton végétal nourrit à son tour le zooplankton, ou plankton animal.
12:38 La chaîne alimentaire subaquatique est lancée.
12:42 Les méduses, les masses de mer et autres crustacés
12:46 vont se gaver de planktons
12:48 et serviront eux-mêmes de repas aux petits poissons
12:51 qui seront à leur tour dévorés par des poissons plus gros.
12:55 L'eau est indispensable à la vie sur Terre,
13:06 mais impossible à contrôler.
13:08 Elle est un défi à la société des hommes.
13:12 Nous aimerions tellement qu'elle reste sagement dans le lit de sa rivière,
13:20 ou mieux encore, enfermée sous nos pieds.
13:24 Nous nous plaisons à l'imaginer ressource minière,
13:29 immobile, disponible,
13:31 lac des profondeurs que le génie humain serait débusqué de main de maître.
13:36 Pendant des siècles, la confrérie des sourciers
13:41 gagnait d'ailleurs sa renommée par sa maîtrise de la baguette de coudrier,
13:45 qui avait le pouvoir, disait-on, de faire parler le ventre de la Terre.
13:50 En réalité, la Terre est une éponge gorgée d'eau,
14:00 à la source même de la vie.
14:03 Lorsqu'on s'enfonce dans le sol,
14:06 on découvre un monde de jardiniers invisibles
14:08 qui préparent la Terre à l'arrivée de l'eau.
14:12 En passant et repassant à l'intérieur d'imperceptibles galeries,
14:15 ces micro-arthropodes, dont la taille ne dépasse pas le dixième de millimètre,
14:19 organisent une capillarité extrêmement fine
14:22 qui va faciliter l'infiltration de l'eau dans le sol.
14:26 Si l'on compare ces minuscules bestioles aux vers de terre,
14:36 ces derniers apparaissent comme les géants du monde souterrain.
14:40 Ils perforent littéralement le sol de leurs galeries,
14:43 permettent à l'eau de gagner les profondeurs
14:45 et tiennent la Terre à l'abri du dessèchement.
14:48 Lydia et Claude Bourguignon s'intéressent beaucoup à ces animaux.
14:55 Chercheurs en agronomie,
14:57 ils ont créé un laboratoire indépendant d'analyse du sol.
15:00 - C'est incroyable la façon dont tu cherches à rentrer.
15:05 - Oui, il faut qu'il ait du contact sur sa peau.
15:08 Les vers de terre vont laisser beaucoup de mucus dans leur galerie,
15:11 donc ces mucus vont faciliter la circulation de l'eau
15:13 le long des galeries du vers de terre.
15:15 C'est pour ça que quand il y a des sols qui sont riches en vers de terre,
15:18 l'eau pénètre très facilement à l'intérieur,
15:20 parce que le mucus permet de mouiller
15:22 et permet à l'eau de bien percoler à l'intérieur du sol
15:25 et d'aller nourrir les racines
15:27 et de permettre aux plantes de s'enraciner profondément.
15:30 - On voit que la faune, elle bouge,
15:34 crée des petites particules, des petites parties de terre.
15:38 Donc en faisant, quand on regarde, on voit qu'il y a énormément de trous.
15:41 C'est la porosité, c'est comme une éponge.
15:44 Donc quand il y a beaucoup de faune,
15:47 quand il pleut, l'eau va rentrer dans le sol.
15:50 Les racines, elles aussi, elles travaillent pour la porosité.
16:02 Quand elles arrivent au contact de la roche,
16:04 s'il y a une fissure, la racine,
16:06 comme elle est grosse au départ, comme un cheveu,
16:08 c'est très, très petit, elle va rentrer dans la fissure
16:10 et grâce à ses acides, elle va décomposer,
16:13 dissoudre la fissure.
16:15 Ça va lui permettre d'élargir
16:18 et elle va pouvoir grossir.
16:20 Et en grossissant, elle va éclater le caillou.
16:22 Et en éclatant le caillou,
16:24 elle pourra descendre encore un peu plus profond.
16:28 [Musique]
16:31 Pour se nourrir et progresser dans le sol,
16:43 les plantes profitent de l'invention géniale
16:45 que leur a fourni l'évolution.
16:47 Ce sont des poils absorbants,
16:49 fixés sur leurs racines,
16:51 capables d'aspirer un liquide,
16:53 mais aussi de communiquer avec leur environnement.
16:57 La racine est capable d'allonger,
16:59 mais de façon importante,
17:01 ces poils absorbants,
17:03 pour pouvoir toujours être au contact de la terre
17:06 pour pouvoir se nourrir.
17:08 Par ces poils absorbants, elle va sécréter des substances,
17:10 soit des acides qui attaquent les cailloux,
17:12 soit des sucres qui vont nuire les microbes.
17:14 Les microbes vont attaquer le caillou
17:16 et le donner à manger à la plante.
17:18 Il y a une vraie symbiose
17:20 entre ce monde microbien et la racine.
17:24 L'eau ainsi absorbée,
17:26 mélangée aux sels minéraux puisés dans le sol,
17:28 compose la sève,
17:30 qui va parcourir ses racines
17:32 et remonter sous l'action du soleil
17:34 jusqu'au sommet de ses feuilles.
17:36 Les arbres ne disposent pas, quant à eux,
17:43 de racines dotées de poils absorbants
17:45 pour puiser l'eau dans le sol.
17:47 Cela pourrait être un problème,
17:49 car lorsqu'elles s'enfoncent dans les profondeurs de la terre,
17:51 leur croissance nécessite
17:53 d'énormes quantités d'eau.
17:55 Mais si elles n'ont pas de poils absorbants,
17:57 elles ont trouvé dans le sol un partenaire
17:59 avec lequel elles ont inventé
18:01 un système plus sophistiqué encore.
18:03 Les racines des arbres s'associent
18:05 avec un champignon minuscule,
18:07 la mycorhize.
18:09 La racine de l'arbre fournit
18:13 au champignon le gîte et le couvert,
18:15 en échange de quoi
18:17 le champignon prospecte l'eau dans le sol.
18:19 Le champignon, invisible à l'œil nu,
18:21 va même jusqu'à créer
18:23 un formidable réseau qui traque
18:25 sans relâche la plus infime
18:27 gouttelette d'eau.
18:29 Lorsqu'elle rencontre une roche aussi dure que du granit,
18:35 la mycorhize offre à la racine
18:37 une pression décuplée,
18:39 suffisamment puissante pour aspirer l'eau
18:41 à travers le rocher.
18:47 C'est de taille pour l'arbre.
18:49 On le voit sur cette falaise qui suinte en planété.
18:51 D'énormes quantités d'eau
18:53 sont emprisonnées dans la roche.
18:55 L'eau nourrit la planète
19:13 toute entière.
19:15 Et elle, précisément.
19:17 Autrement dit, comment apporte-t-elle
19:19 la matière organique aux racines des plantes ?
19:21 Eh bien, c'est un autre personnage capital
19:27 qui va l'aider dans cette mission.
19:29 Un acteur des profondeurs.
19:31 Majeur et pourtant
19:33 l'un des plus mal aimés de la planète.
19:35 Les bactéries, autrement appelées
19:37 microbes.
19:39 Ces travailleurs invisibles vont dégrader
19:41 sans relâche les feuilles mortes, racines
19:43 et autres cadavres d'animaux.
19:45 Les compacter, les concentrer
19:47 et les rendre ainsi transportables
19:49 par l'eau.
19:51 Les microbes vont
19:53 alors relâcher de grandes quantités de CO2
19:55 et au passage,
19:57 les sels minéraux tellement nécessaires à la vie sur Terre.
19:59 L'eau est aussi à l'aise sous la Terre
20:05 que dans les plantes ou n'importe où ailleurs.
20:07 Car, n'en déplaise à notre orgueil d'être humain,
20:11 le corps d'Homo sapiens est lui-même
20:13 plein d'eau.
20:15 Sans le savoir, cet homme adulte de 75 kilos
20:17 contient entre 45 et 50 litres d'eau.
20:19 Aussi passe-t-il son temps à s'évaporer.
20:23 Nos intestins sont en réalité
20:39 le système de captation de l'eau des plus ingénieux
20:41 dont la surface pourrait,
20:43 chez cet homme de taille moyenne,
20:45 atteindre les 200 mètres carrés.
20:47 Les parois de l'intestin sont recouvertes
20:49 d'une multitude de villosités,
20:51 sortes de papilles,
20:53 qui sans relâche, absorbent l'eau chargée
20:55 de nutriments.
20:57 Notre corps a repris l'invention géniale
21:03 des racines.
21:05 En multipliant les points de contact,
21:07 rien n'échappe à la sagacité des intestins.
21:09 L'eau apporte les nutriments
21:11 qu'elle a dissous aux villosités
21:13 qui en absorbent la plus infime trace.
21:15 L'eau achemine de façon
21:23 purement désintéressée de quoi boire
21:25 et se nourrir tout autour de notre planète.
21:27 Mais pas seulement.
21:29 Eric Orsena, écrivain, qui voue à l'eau
21:35 comme une véritable passion,
21:37 nous explique comment elle vit
21:39 au plus intime de nous-mêmes.
21:41 Au plus intime,
21:43 puisque l'eau est inséparable
21:45 du développement de la cellule.
21:47 S'il n'y a pas d'eau,
21:51 la cellule se dessèche
21:53 et toute cette usine chimique
21:55 qui est à l'intérieur de la cellule
21:57 est immédiatement arrêtée.
21:59 Si vous avez des éléments un peu séparés
22:01 et que vous n'avez pas l'eau
22:03 il n'y a rien de se fait.
22:05 Tous traversés par le cycle de l'eau,
22:07 nous nous retrouvons
22:09 hôtes temporaires des mêmes molécules
22:11 qui passent à l'intérieur de chacun de nous.
22:13 Les nutriments poursuivent leur route
22:19 dans notre jardin intérieur.
22:21 Ils progressent dans notre sang
22:23 qui n'est rien d'autre que du plasma,
22:25 donc de l'eau.
22:27 Propulsé par le muscle cardiaque,
22:29 le plasma achemine les cellules sanguines
22:31 de nos os d'artère, de veines et de vaisseaux.
22:33 Le sang a hérité
22:35 des formidables propriétés de l'eau.
22:37 Il transporte et diffuse dans le corps
22:39 les éléments nutritifs nécessaires
22:41 aux fonctions vitales.
22:43 Cette jeune femme ne s'en doute peut-être pas
22:47 mais elle est à elle seule
22:49 une colonie de quelques milliards de cellules.
22:51 C'est ainsi que dans son organisme
22:53 l'eau continue d'imposer son rythme
22:55 et de dicter sa loi.
22:57 Mais elle aurait tort de s'en inquiéter.
22:59 L'eau est le conducteur idéal
23:01 permettant toutes les réactions chimiques
23:03 dont la cellule est le siège.
23:05 Le noyau de la cellule,
23:11 ses chromosomes et son génome,
23:13 véritable poste de pilotage,
23:15 commande les actions de la cellule
23:17 grâce à l'eau.
23:19 Autour d'elle, le liquide interstitiel
23:21 qui n'est rien d'autre que de l'eau,
23:23 la met en réseau avec l'ensemble des cellules
23:25 et achemine les éléments jusqu'à elle.
23:27 Mais comment la cellule fait-elle
23:29 pour reconnaître les molécules d'eau
23:31 qui lui sont vitales
23:33 parmi les corps étrangers
23:35 qui pourraient la menacer,
23:37 tels que les virus ?
23:39 La cellule parvient à organiser
23:41 cette sélection grâce à ses aquaporines,
23:43 genre de tubes microscopiques
23:45 qui reconnaît, retient les molécules d'eau
23:47 et empêche l'accès
23:49 des cellules étrangères.
23:55 Certaines de nos fonctions,
23:57 aussi simples et nécessaires que bouger
23:59 ou se déplacer, profitent des formidables
24:01 propriétés de l'eau.
24:03 Ainsi, chacune de nos articulations
24:05 est un système des plus performants
24:07 qui utilise l'eau comme système de refroidissement,
24:09 d'amortissement des chocs
24:11 et des vibrations.
24:13 L'eau permet ainsi à notre corps
24:15 de supporter des efforts importants et répétés.
24:17 Le travail cellulaire
24:21 rejette d'importantes quantités de substances
24:23 toxiques pour notre organisme.
24:25 Le cycle de l'eau,
24:27 qui passe par chacun de nous,
24:29 permet à la nature de recycler l'eau expulsée
24:31 et nous débarrasse de nos déchets.
24:33 C'est ainsi que nous intégrons
24:41 le cycle de l'eau et participons
24:43 à ce grand échange de molécules.
24:45 Or, nous le faisons par toutes nos déjections.
24:49 Il faut savoir notamment
24:51 que nous pouvons transpirer,
24:53 en cas d'effort prolongé,
24:55 jusqu'à 10 litres d'eau par jour.
24:57 La transpiration est une invention de génie
24:59 qui permet de refroidir notre organisme.
25:01 Dès qu'il fait chaud
25:03 ou que nous nous adonnons à un effort physique,
25:05 la température du corps s'élève.
25:07 Or, elle doit rester à 37 degrés.
25:09 La chaleur entre eaux va être dépensée
25:11 pour transformer la transpiration
25:13 en vapeur d'eau.
25:15 Quelque chose qui a été nous-mêmes
25:17 nous échappe et réintègre
25:19 la grande mécanique du cycle de l'eau.
25:21 Quelques particules
25:25 qui, au gré des courants aériens,
25:27 nous mettent en relation
25:29 avec la très vaste communauté
25:31 des êtres vivants.
25:33 Êtres de tout poil et de tout style
25:35 qui, si on les observe bien,
25:37 ont des préoccupations
25:39 et des inquiétudes
25:41 pour les autres.
25:43 Et ceux qui, si on les observe bien,
25:45 ont des préoccupations
25:47 qui, finalement, ressemblent étrangement aux nôtres.
25:49 Les plantes à fleurs,
25:59 pourtant elles aussi très dépendantes
26:01 de l'eau dans leur vie de tous les jours,
26:03 ont une particularité étonnante
26:05 concernant leur sexualité.
26:07 Ce sont les seuls êtres vivants
26:09 à être parvenus à s'affranchir de l'eau
26:11 et de s'adapter à la nature.
26:13 L'évolution les a dotés
26:17 d'un système plus élaboré que le nôtre,
26:19 faisant intervenir un vecteur animal
26:21 - abeilles, mouches ou autres insectes -
26:23 pour qu'un grain de pollen
26:25 rencontre une cellule femelle
26:27 et que naisse une plante.
26:29 Ce système impose à la plante
26:31 une débouche de forme, d'odeur
26:33 et de couleur dans le but d'attirer l'abeille,
26:35 de lui confier le pollen de monsieur
26:37 pour qu'elle le livre à madame.
26:40 C'est le seul moyen de reproduction
26:42 que l'évolution a su totalement affranchir
26:44 du monde aquatique.
26:46 Les batraciens, ainsi que nous autres mammifères,
26:56 sommes encore, pour nous reproduire,
26:58 très attachés à nos origines marines.
27:00 A l'instar des algues
27:02 et autres poissons réputés primitifs,
27:04 nos gamètes mâles et femelles
27:06 vont à la rencontre l'un de l'autre
27:08 en se déplaçant dans l'eau.
27:10 Ainsi, entre l'eau et notre espèce,
27:15 c'est une longue aventure.
27:17 Le cerveau humain,
27:20 qui fait particulièrement notre fierté,
27:22 est à 80% de sa masse
27:24 rien que de l'eau.
27:26 Celle-ci se montre encore une fois
27:28 à la hauteur de sa mission.
27:30 Assurer tous les échanges chimiques et électriques
27:32 qui nous permettent de penser.
27:34 Et c'est d'ailleurs peut-être parce que l'eau
27:36 occupe une telle place dans nos boîtes crâniennes
27:38 qu'elle nous obsède tant.
27:40 L'eau est solidement installée dans nos mythes.
27:46 Elle est source d'espoir et d'angoisse
27:48 et nous accompagne dans nos rêves
27:50 et nos cauchemars.
27:52 [musique]
27:55 [musique]
27:58 [musique]
28:00 [musique]
28:10 [musique]
28:27 [musique]
28:29 Si l'eau dicte si pleinement sa loi,
28:32 c'est peut-être parce que celle que nous appelons
28:34 notre planète est en définitive
28:36 plutôt la sienne.
28:38 Une chose est sûre,
28:40 la présence de l'eau sur Terre
28:42 nous a précédés de quelques milliards d'années.
28:44 On se pose encore pas mal de questions
28:48 sur l'origine de l'eau sur la Terre.
28:50 À un moment donné de son histoire,
28:52 jeune quand même,
28:54 il y a des milliers d'années,
28:56 la Terre a été percutée par un astre,
28:58 un peu comme Mars, un peu plus petit,
29:00 qui a percuté la Terre.
29:02 [bruit d'explosion]
29:04 Selon cette hypothèse,
29:12 la collision avec la planète Théia
29:14 aurait remis la Terre en fusion.
29:16 Le choc aurait fait remonter l'eau
29:18 qui se trouvait depuis les origines
29:20 à l'intérieur du manteau terrestre.
29:22 L'impact aurait aussi apporté à la Terre
29:24 15% de sa masse
29:26 et fait naître la Lune.
29:28 Notre planète devenant plus massive,
29:30 la traction terrestre se serait fait plus importante,
29:32 lui permettant de mieux retenir
29:34 la vapeur dans l'atmosphère.
29:36 La température de la Terre
29:40 tout au début, à 100 millions d'années,
29:42 même jusqu'à peut-être 500 millions d'années,
29:44 elle est très supérieure à 100 degrés.
29:46 Donc il ne peut pas y avoir d'eau liquide.
29:48 Donc cette eau est contenue
29:50 dans une atmosphère extrêmement dense
29:52 faite d'eau et de gaz carbonique.
29:54 Les vapeurs d'eau vont contribuer
29:58 au refroidissement de la surface de la Terre.
30:00 Notre planète a ensuite été le siège
30:02 de bombardements intenses
30:04 de météorites ferreuses,
30:06 les premiers d'une très longue série.
30:08 Ces météorites de petite taille
30:16 ont de nouveau apporté de l'eau
30:18 qui s'est lentement diffusée
30:20 sous forme gazeuse pendant des millions d'années
30:22 et qui a ainsi continué de transférer
30:24 la chaleur de la Terre vers l'atmosphère.
30:26 Les dégagements incessants ont fini par
30:32 ramener autour de notre planète
30:34 une couche de gaz qui n'est pas autre chose
30:36 en réalité qu'une couche de nuages.
30:38 Cette couche a progressivement
30:40 enveloppé la Terre et joué un rôle
30:42 majeur dans l'équilibre thermique de la planète.
30:44 Et c'est sans doute
30:46 que les conditions de température
30:48 l'ont permis qu'à l'intérieur des nuages,
30:50 la première goutte de pluie
30:56 allait enfin voir le jour.
31:14 Il y a dû y avoir un énorme orage
31:16 où cette eau, petit à petit,
31:18 est passée de la phase vapeur
31:20 à la phase liquide et a fait des océans.
31:22 Donc ça, c'est un élément essentiel
31:24 de l'histoire de l'humanité.
31:26 On avait de l'eau sous forme vapeur
31:28 et puis un océan qui devait être
31:30 à 80 degrés.
31:32 Donc évaporation énorme, un cycle énorme
31:34 et aucune condition favorable
31:36 à la vie au début
31:38 dans cet océan primitif.
31:40 Et puis l'histoire a continué
31:42 et les météorites, etc.
31:44 L'océan s'est refroidi et petit à petit,
31:46 on est arrivé à quelque chose qui ressemble plus
31:48 à la planète aujourd'hui.
31:50 Mais ça a pris peut-être un milliard d'années.
31:52 Lorsque l'eau sur Terre démarra son cycle naturel,
31:54 elle le fit de façon particulièrement violente,
31:56 très exagérée
31:58 par rapport à ce que nous connaissons aujourd'hui.
32:00 Sous l'effet incessant de l'eau,
32:04 sous forme gazeuse et maintenant liquide,
32:06 ce qui allait devenir
32:08 notre rassurant plancher des vaches
32:10 continuait benoîtement
32:12 de se refroidir.
32:14 C'est sur les terres encore immergées
32:16 que vont apparaître les premières formes de vie monocellulaires.
32:18 Elles se mettent à proliférer
32:20 dans une eau dont la température
32:22 baisse progressivement.
32:24 En colonisant la planète,
32:30 les cyanobactéries ont joué un rôle majeur
32:32 dans l'apparition de l'atmosphère que nous respirons aujourd'hui.
32:34 Pratiquant couramment la photosynthèse,
32:36 puisque ce sont elles qui l'ont inventée,
32:38 les cyanobactéries vont absorber
32:40 d'énormes quantités de gaz carbonique
32:42 et rejeter autant d'oxygène.
32:44 Cela a eu pour effet de continuer
32:50 de refroidir la température de notre planète
32:52 et de lui apporter très précisément
32:54 le cocktail gazeux riche en oxygène
32:56 qui allait rendre possible
32:58 l'apparition d'une nouvelle forme de vie sur Terre,
33:00 celle que nous connaissons aujourd'hui,
33:02 basée sur la respiration.
33:04 Dans ces conditions,
33:06 le cycle de l'eau commence à se rapprocher
33:08 de son rythme actuel.
33:10 Notre planète accueille d'autres êtres vivants,
33:12 multicellulaires désormais
33:14 et tous, eux aussi,
33:16 essentiellement composés d'eau.
33:18 Tous asservis au même point d'eau,
33:22 cherchant à s'en éloigner le moins possible
33:24 et inventant des stratégies
33:26 pour capturer au maximum l'eau disponible.
33:28 Désormais, l'histoire de l'eau sur Terre
33:30 se raconte au travers des différentes formes
33:32 que la vie a pu prendre
33:34 et montre comment les espèces végétales
33:36 et animales ont appris à vivre
33:38 avec la précieuse ressource.
33:40 Il y a 400 millions d'années,
33:48 apparaissent les espèces
33:50 qui ont été cultivées
33:52 et qui sont maintenant
33:54 les espèces les plus précieuses.
33:56 Depuis 400 millions d'années,
33:58 apparaissent les mousses végétales.
34:00 Elles n'ont pas de racines pour absorber l'eau,
34:02 comme en ont les végétaux qui sont apparus depuis.
34:04 Elles ont mieux que cela.
34:06 Elles absorbent l'eau
34:08 par l'ensemble de leurs tiges,
34:10 de leurs feuilles et de leurs racines primitives
34:12 qui retiennent la moindre goutte
34:14 qu'elles assimilent patiemment.
34:16 Mais d'autres espèces végétales
34:18 conquièrent aussi les zones les plus arides,
34:20 inventant toujours de nouvelles techniques
34:22 pour trouver de l'eau.
34:24 Les cactus,
34:26 apparus également dans les premiers temps de la vie,
34:28 n'ont rien à attendre
34:30 d'un sol désespérément sec.
34:32 Mais leurs épines
34:34 leur permettent de cueillir la rosée
34:36 qui apparaît lorsque la fraîcheur matinale
34:38 rencontre le sol chaud du désert.
34:40 Une sorte de gouttière
34:42 guide alors l'eau le long du corps du cactus
34:44 jusqu'au sol.
34:46 Là, ses racines viennent se servir.
34:48 Les cactus
34:50 sont les plus précieux des espèces.
34:52 Ils sont les plus précieux
34:54 pour se servir.
34:56 Les êtres vivants réputés primitifs
35:00 sont souvent ceux
35:02 qui ont trouvé des techniques de recherche en eau
35:04 tellement sophistiquées
35:06 qu'elles leur ont permis de subsister sur Terre
35:08 jusqu'à aujourd'hui.
35:10 Le lichen, apparu il y a 400 millions d'années,
35:12 est né d'une collaboration étroite
35:14 entre une algue
35:16 et un champignon microscopique.
35:18 Le champignon sécrète des filaments
35:20 qui lui permettent de vivre assez long.
35:22 Ils s'en vont piéger les gouttelettes d'eau
35:24 qui profitent aux deux associés.
35:26 De nombreuses espèces animales
35:36 ou végétales ont gardé dans leurs gènes
35:38 la mémoire de leur lointain passé
35:40 subaquatique.
35:42 Apparus il y a 300 millions d'années,
35:46 les cloportes ont ainsi poussé le vice
35:48 qu'à conserver les branchies de leurs ancêtres marins.
35:50 Aussi, pour leur permettre
35:52 de respirer,
35:54 un réticule interne garde-t-il
35:56 une goutte d'eau invisible
35:58 à coller à leurs branchies.
36:00 Les tout petits animaux réputés primitifs,
36:06 encore bien présents aujourd'hui
36:08 sur notre planète,
36:10 auraient probablement beaucoup de choses à nous dire
36:12 sur la bonne gestion de l'eau.
36:14 D'autres animaux beaucoup plus gros,
36:16 désormais disparus de la surface de la Terre,
36:18 auraient d'ailleurs aussi
36:20 leur avis à donner à ce sujet.
36:22 Un autre épisode intéressant de l'histoire de la Terre,
36:24 qui est d'ailleurs lié au cycle de l'eau,
36:26 c'est ce qu'on appelle la transition crétacé-tertière,
36:28 qui s'est produite
36:30 il y a à peu près 65 millions d'années.
36:32 C'est une météorite,
36:38 d'environ 20 km de diamètre.
36:40 C'est tout petit par rapport au diamètre de la Terre,
36:42 qui est de 6 000 km,
36:44 mais c'est énorme au point de vue des effets.
36:46 Donc cette météorite a percuté la Terre.
36:48 Une énorme explosion,
36:56 un nuage de poussière phénoménal,
36:58 qui a très vite envahi
37:00 toute la planète. Toute la planète était devenue
37:02 obscure à cause
37:04 de ces nuages de poussière qui étaient montés jusqu'à
37:06 la très haute atmosphère, la stratosphère,
37:08 donc le soleil ne passait plus. Quand le soleil ne passe plus,
37:10 l'évaporation s'arrête,
37:12 et pour que l'évaporation de l'eau sur l'océan,
37:14 il faut que le soleil arrive à chauffer la surface de la mer
37:16 pour qu'elle s'évapore. S'il y a de la poussière
37:18 dans l'atmosphère et que le soleil ne passe plus,
37:20 il n'y a plus d'évaporation. Donc 9 jours
37:22 après la chute de la météorite, il n'y a plus de pluie.
37:24 Il ne pleut plus.
37:26 Et on pense qu'il n'a pas plu
37:28 pendant peut-être 2, 3, 10 ans.
37:30 Donc toute la végétation qui a besoin de l'eau pour vivre
37:34 est morte.
37:36 Donc il n'y avait plus rien à manger,
37:38 et les dinosaures sont morts de faim.
37:40 (bruit de dinosaures)
37:42 C'est ainsi qu'en disparaissant,
37:52 les dinosaures ont laissé plus de place
37:54 à d'autres animaux, les mammifères,
37:56 qui eux ont survécu car
37:58 beaucoup plus petits, donc plus économes en eau.
38:00 Depuis,
38:02 les mammifères se sont diversifiés
38:04 et se sont emparés d'une multitude de niches écologiques
38:06 tout autour de la planète.
38:08 (musique)
38:10 Dès les origines de la vie,
38:14 l'eau détermine les comportements.
38:16 Les êtres vivants se déplacent
38:18 en suivant d'autres êtres vivants
38:20 qui leur servent de nourriture,
38:22 et tout ce petit monde se développe autour des cours d'eau.
38:24 Les macaques capucins, dont les ancêtres
38:30 sont apparus il y a une vingtaine de millions d'années,
38:32 illustrent bien cette relation
38:34 du monde animal avec l'eau.
38:36 Ils se déplacent avec leur nourriture
38:38 qui prolifère autour des cours d'eau.
38:40 Ils vont d'arbre en arbre,
38:42 et dès que les fruits apparaissent,
38:44 ils les pillent littéralement.
38:46 Lorsque l'arbre n'en a plus,
38:48 ils passent à un autre arbre,
38:50 et ainsi de suite.
38:52 Ils sont très économes en nourriture et en eau.
38:54 Ils sont si petits et si légers
38:56 qu'ils peuvent se déplacer
38:58 à grande vitesse sur la canopée
39:00 en consommant bien peu de calories.
39:04 Hélas pour les macaques,
39:06 les vautours qui les guettent ont bien compris
39:08 eux aussi qu'ils pouvaient se déplacer
39:10 autour des cours d'eau pour chercher leur nourriture.
39:12 Notre espèce s'est trouvée
39:20 dès les origines frappée par cette même
39:22 nécessité impérieuse de se déplacer
39:24 avec sa nourriture,
39:26 qui elle-même se déplace en fonction
39:28 des cours d'eau.
39:32 Au départ, l'homme trouve sa place
39:34 dans le cycle de l'eau
39:36 de façon tout à fait naturelle.
39:38 Comme tous les animaux,
39:40 il prélève lui aussi tout simplement
39:42 l'eau dont il a besoin,
39:44 et son organisme l'utilise
39:46 avec sagesse et efficacité.
39:48 Et l'homme rend à la nature
39:52 ce qui ne lui est pas nécessaire.
39:54 La nature, quant à elle,
39:56 en fait à son tour bon usage.
39:58 L'eau qui court
40:00 a apporté aux premières sociétés humaines
40:02 apparues il y a près de 15 000 ans
40:04 la sagesse du mouvement.
40:06 Tandis que l'eau trouve son chemin
40:10 dans la roche,
40:12 les populations nomades la suivent
40:14 à la trace et prélèvent juste
40:16 ce dont elles ont besoin pour vivre.
40:18 En quête de nouveaux territoires,
40:24 l'homme pousse ses pas
40:26 dans les régions les plus arides.
40:28 Il commence à faire naître des oasis
40:30 dans le désert en orientant avec
40:32 sagesse et modération le cours ordinaire
40:34 de l'eau souterraine.
40:36 L'eau impose toujours son temps et son style
40:40 et l'être humain s'y adapte
40:42 avec respect et application.
40:44 C'est dans cette démarche que l'homme
40:52 s'associe à des animaux particulièrement doués
40:54 pour vivre avec très peu d'eau.
40:56 Le dromadaire fait partie de ceux-ci.
40:58 En portant une bosse de graisse sur le dos
41:04 et non pas autour du ventre comme tous les autres mammifères,
41:06 l'animal réduit la surface de son corps
41:08 exposé au soleil
41:10 et diminue son évaporation.
41:12 La résistance du dromadaire au manque
41:14 d'eau est légendaire.
41:16 Il est capable de ne pas boire pendant 15 jours.
41:22 Lorsque le dromadaire s'enfonce dans le désert,
41:24 il emmène dans son sillage
41:26 sa petite chaîne écologique d'opportunistes.
41:28 L'homme,
41:30 mais aussi les parasites qui ont littéralement
41:32 envahi sa fourrure,
41:34 et les oiseaux picbeux qui s'en relâchent les tracs.
41:36 L'homme découvre que l'eau a le pouvoir
41:46 de faire reverdir les déserts,
41:48 de les transformer en culture
41:50 et de les nourrir à des familles entières.
41:52 C'est sans doute comme cela que l'eau a conduit l'homme
41:54 à se sédentariser.
41:56 Lorsqu'il a pu arroser son champ et se nourrir,
41:58 l'homme a décidé de prendre racine.
42:00 Pendant longtemps,
42:08 l'eau a choisi son cours selon sa pente naturelle
42:10 et dans son sillage,
42:12 l'homme dispose humblement,
42:14 s'appliquant à la suivre docilement,
42:16 n'espérant d'elle que de modestes faveurs.
42:18 L'homme développe peu à peu une véritable culture
42:20 de l'économie d'eau
42:22 et des méthodes d'irrigation très en accord
42:24 avec le cycle de l'eau.
42:26 Et puis, l'homme se met à rêver
42:34 de maîtriser le cycle de l'eau.
42:36 Il prend les choses en main.
42:38 Il impose à l'eau une vitesse
42:40 et une direction.
42:42 Fini le temps ancestral de l'eau,
42:44 voilà celui de l'homme.
42:46 Il décide qu'il la veut ici plutôt que là
42:48 ou choisit de la stopper tout net
42:50 selon son intérêt.
42:52 Il découvre que d'arroser à grande échelle
42:56 dans des endroits arides
42:58 permet certes de se nourrir
43:00 mais surtout de gagner beaucoup d'argent.
43:02 Et pendant ce temps,
43:04 il consomme l'eau sans compter.
43:06 - Produire des produits animaux,
43:08 ça demande énormément d'eau.
43:10 Parce qu'un bœuf, un mouton, etc.,
43:12 qu'est-ce qu'ils mangent ? Ils mangent une plante.
43:14 On fait croire à la plante.
43:16 Ensuite, on donne de l'eau sous forme de plante
43:18 à un mouton ou à un bœuf
43:20 et il va produire de la viande.
43:22 Il faut des quantités énormes pour vous donner un chiffre.
43:24 Pour faire un kilo de blé,
43:26 il faut 1000 litres d'eau.
43:28 1000 litres d'eau pour arroser le blé
43:30 soit par la puissance, soit par l'irrigation
43:32 pendant le temps de croissance de la plante.
43:34 Pour faire un steak d'un kilo,
43:36 il faut 13 000 litres d'eau.
43:38 Vous voyez, 13 fois plus que du blé.
43:40 ...
44:06 - Depuis toujours,
44:08 les animaux mangent les passions
44:10 et génèrent de la violence.
44:12 Hommes comme bêtes, chacun est prêt à se battre
44:14 pour défendre son accès à l'eau,
44:16 car il en va de sa survie.
44:18 ...
44:32 Quelle que soit leur importance,
44:34 les guerres de l'eau commencent toutes ainsi.
44:36 Des animaux, des hommes ou des nations
44:38 se battent pour avoir accès à un point d'eau.
44:40 Et lorsqu'ils ont cet accès,
44:42 ils le gardent jalousement
44:44 et l'interdisent aux autres.
44:46 ...
44:50 L'homme est désormais résolument sédentaire.
44:52 Il a concentré ses populations grandissantes
44:54 dans d'importantes cités,
44:56 souvent bâties sur les côtes
44:58 ou sur les rives d'un fleuve,
45:00 comme signe de cette dépendance à l'eau
45:02 qui ne l'a jamais quittée.
45:04 ...
45:06 Mais dès que la pluie se met à tomber,
45:08 on découvre à quel point nous avons bâti nos villes
45:10 avec du béton et de l'asphalte,
45:12 des matières dures,
45:14 qui empêchent l'eau de pénétrer dans le sol
45:16 et la rejettent sans ménagement hors de nos murs.
45:18 ...
45:22 Dans les grandes villes,
45:24 la température s'élève du fait des activités humaines.
45:26 Cela a pour conséquence
45:28 de provoquer plus d'évaporation
45:30 et ainsi, plus d'eau contenue dans l'air.
45:32 Certains parlent même
45:34 de véritables rivières atmosphériques
45:36 qui se déplaceraient au gré des courants.
45:38 ...
45:40 Le réchauffement de la température
45:42 du fait de l'action des hommes
45:44 est devenu une certitude
45:46 pour l'ensemble de la communauté scientifique.
45:48 L'idée s'impose désormais dans nos sociétés.
45:50 L'homme cherche à imposer sa loi
45:52 et sa cadence à l'eau,
45:54 mais le cycle de l'eau se met aujourd'hui à réagir.
45:56 Et il le fait en jouant de son pouvoir sur le climat.
45:58 ...
46:00 - Une idée qu'on entend souvent,
46:02 c'est que le réchauffement climatique,
46:04 le réchauffement de la planète,
46:06 aurait pour conséquence
46:08 une diminution des quantités d'eau disponibles.
46:10 C'est faux.
46:12 Il y aura toujours la même quantité d'eau
46:14 puisque ce n'est pas une rareté,
46:16 c'est un cycle.
46:18 - Si la quantité d'eau est toujours la même,
46:20 elle ne se déroule pas.
46:22 - C'est un cycle.
46:24 - C'est un cycle.
46:26 - C'est un cycle.
46:28 - Si la quantité d'eau est toujours la même,
46:30 elle n'est pas forcément accessible à l'homme.
46:32 La plupart du temps,
46:34 l'eau se déplace sous forme de vapeur.
46:36 Avec le réchauffement climatique,
46:38 ce phénomène est encore plus marqué.
46:40 Une plus grande part de glace
46:42 se transforme en eau liquide, certes,
46:44 mais plus d'eau liquide
46:46 devient gaz.
46:48 C'est ce que nous disent aujourd'hui les chercheurs
46:50 qui se penchent sur le cycle de l'eau.
46:52 Ils nous font observer que dans les régions du monde
46:54 qui bénéficiaient jusqu'à présent des faveurs de la pluie,
46:56 l'eau contenue dans le sol
46:58 a, sous l'action du réchauffement climatique,
47:00 tendance à s'évaporer davantage.
47:02 Ils ajoutent que toute cette eau en plus
47:04 contenue dans l'air
47:06 et transportée par les courants
47:08 finira bien par tomber.
47:10 Mais qui peut savoir où ?
47:12 Dans ces régions de l'hémisphère nord,
47:18 la plus grosse quantité d'eau se trouve
47:20 sous forme de neige et de glace.
47:22 C'est une ressource considérable en eau douce
47:24 qui va s'écouler tranquillement durant tout l'été.
47:26 Mais l'importance des glaciers pour notre planète
47:30 ne s'arrête pas là.
47:32 L'hydrologue canadien John Pomeroy,
47:34 en mission d'observation sur le glacier Columbia,
47:36 attire notre attention sur le rôle majeur
47:38 que jouent les glaciers dans le cycle de l'eau
47:40 et par voie de conséquences,
47:42 leur impact sur le climat.
47:44 Un glacier comme celui-ci réfléchit
47:50 une grande quantité de radiation solaire dans l'atmosphère,
47:52 ce qui rafraîchit la température du sol.
47:54 La glace rafraîchit également
47:56 la couche d'air qui se trouve à plus haute altitude.
47:58 Un jour comme aujourd'hui,
48:00 si la glace n'était pas là,
48:02 la température serait de 20°C,
48:04 alors qu'elle ne dépasse pas en ce moment
48:06 les 1 ou 2°C, ce qui est vraiment frais.
48:08 Avec le réchauffement du climat,
48:14 la fonte des glaciers qui existaient depuis toujours
48:16 a tendance à s'accélérer.
48:18 Plus la glace fond et plus le glacier
48:20 perd une part de son effet réfrigérant,
48:22 et plus le phénomène de fonte
48:24 de glaciers s'aggrave encore.
48:26 Or, l'effet refroidissant des glaciers
48:28 a des conséquences importantes
48:30 sur notre climat.
48:32 Quand vous avez un grand nombre de glaciers
48:38 sur un large territoire,
48:40 ils influencent la météo et le climat
48:42 sur de plus vastes régions encore.
48:44 Ceci aussi bien en ce qui concerne
48:46 l'apparition des orages
48:48 ou des courants atmosphériques
48:50 tels que le jet stream
48:52 ou d'autres phénomènes qui ont également leur influence.
48:54 Donc, un changement ici,
48:56 dans la zone du glacier,
48:58 aura de profondes conséquences
49:00 très loin en aval.
49:02 Le jet stream est un courant
49:06 qui se déplace sur la planète.
49:08 Il apporte des précipitations et des orages.
49:10 Or, avec le réchauffement des régions polaires,
49:12 les orages et les pluies deviennent plus violents
49:14 et restent plus longtemps
49:16 dans les régions.
49:18 Ce double phénomène tend à provoquer
49:20 des inondations sans précédent.
49:22 Ainsi, en juin 2013,
49:26 un orage d'une violence
49:28 et d'une durée exceptionnelles
49:30 s'est abattu sur l'état d'Alberta, au Canada.
49:32 [Musique]
49:34 [Voix de l'homme en anglais]
49:44 C'est aussi ça, le cycle de l'eau.
49:54 Une colonne d'eau traverse une paisible forêt canadienne
49:56 en détruisant tout sur son passage.
49:58 Même si, ce jour-là,
50:00 il garde l'élégance
50:02 de ne s'en prendre qu'aux installations humaines
50:04 et épargner les vies.
50:06 On dirait presque une réponse en forme de pied de nez
50:08 à une société qui considère trop souvent l'eau
50:10 comme une ressource
50:12 dont elle peut faire ce qu'elle veut.
50:14 [Musique]
50:20 [Musique]
50:22 Et ce qui va se passer avec le réchauffement climatique,
50:46 c'est que vous allez avoir
50:48 une sorte
50:50 d'accélération
50:52 ou d'accroissement
50:54 ou d'accentuation
50:56 des inégalités en termes de précipitation.
50:58 C'est-à-dire que les régions du monde
51:00 qui ont déjà énormément d'eau,
51:02 comme le Canada,
51:04 comme l'Europe du Nord,
51:06 comme certaines parties de l'Asie,
51:08 en auront encore plus.
51:10 Et les régions qui ont déjà
51:12 très peu d'eau, en auront encore moins.
51:14 [Musique]
51:16 Le cycle de l'eau est capable de tous les excès.
51:18 Des pluies torrentielles
51:20 aux inondations les plus violentes.
51:22 Il peut aussi, dans certains endroits du monde,
51:24 s'arrêter tout net.
51:26 Et plus une goutte ne tombe du ciel
51:28 et pas la moindre brume ne s'échappe du sol.
51:30 Mais le cycle de l'eau crée ses propres mirages.
51:36 L'eau est simplement ailleurs,
51:38 en train sans doute de s'en donner à cœur joie.
51:42 [Musique]
51:44 [Musique]
51:46 [Musique]
51:48 [Musique]
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