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Emmanuel Macron entame sa visite de trois jours à Marseille pour le plan "Marseille en grand", il sera notamment question de la lutte contre le trafic de drogue. Nicolas Bouzou fait le point sur une question d'actualité économique.

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Transcription
00:00 - Et tout de suite même, bonjour Nicolas Bouzou. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:03 - Alors Emmanuel Macron se rend à Marseille à partir d'aujourd'hui pour trois jours pour suivre l'avancement de son plan Marseille en grand.
00:08 Alors il va forcément être question de lutte contre les réseaux de la drogue. Est-ce qu'on a une idée,
00:13 Nicolas, de la taille du marché de la drogue en France ? - Et oui absolument parce que ça avait été
00:17 étudié par l'INSEE, on sait que la consommation de drogue ça représente un peu plus de 3 milliards d'euros.
00:22 Alors c'est significatif, c'est quand même cinq fois moins que le tabac par exemple, qui représente environ 15 milliards.
00:28 Le cannabis et la cocaïne représentent la plus grosse part de marché, c'est très rentable.
00:33 C'est pour ça que ça attire malheureusement beaucoup de gens, on estime que ça fait vivre
00:38 au moins 200 000 personnes.
00:40 Alors ça s'organise de la façon suivante, tout en haut vous avez les têtes de réseau qui gagnent beaucoup d'argent, ensuite vous avez les grossistes,
00:47 les semi-grossistes et tout en bas les vendeurs de rues, ceux qui sont
00:52 responsables des points de vente. C'est un marché très inégalitaire puisque les vendeurs de rues en fait
00:57 font très peu de chiffres d'affaires, ils ne gagnent même pas le SMIC pour des risques qui sont bien évidemment absolument colossaux.
01:03 - Alors on parle d'une ubérisation du trafic de drogue en France, Nicolas, ça veut dire quoi ?
01:07 - On a raison, c'est un marché avec des prix en fonction de l'offre, de la demande, des systèmes de promotion, de fidélisation.
01:13 Et on a aussi une explosion de la livraison à domicile, c'est la raison pour laquelle on parle d'ubérisation.
01:19 La drogue se consomme comme un burger sur des applications de
01:24 restauration à domicile, que je vais pas citer pour pas leur faire de la contre-publicité, vous choisissez sur une application la quantité,
01:31 la qualité et hop c'est livré chez vous.
01:33 - Alors il y a une question un petit peu tabou maintenant Nicolas, est-ce que l'économie de la drogue fait tenir
01:37 l'ordre social dans les cités les plus touchées comme en Seine-Saint-Denis par exemple ?
01:42 - C'est ça qui est compliqué, c'est la raison pour laquelle il faut beaucoup de courage et de détermination
01:45 de la part des pouvoirs publics pour lutter contre le trafic de drogue parce que oui,
01:49 il est incrusté dans l'économie, dans les économies locales et d'une certaine façon, et c'est terrible à dire,
01:54 ça contribue à la paix sociale parce que lorsque le quartier
01:59 gagne bien en matière de drogue, il y a des retombées économiques sur les commerces de proximité, l'argent est investi dans l'économie légale,
02:07 les gens font leurs courses, paient leurs loyers,
02:10 certains rouvrent d'ailleurs avec cet argent un commerce, ce qui permet aussi de blanchir
02:15 l'argent de la drogue. Un préfet m'avait dit que quand on luttait trop contre les trafics, les loyers impayés dans les HLM
02:21 s'envolaient. Bon, il y a surtout des effets délétères quand même, y compris au niveau économique parce que le niveau de violence et de délinquance
02:27 augmente, ça fait notamment baisser les prix de l'immobilier, mais ça veut dire Dimitri que
02:32 pour être efficace, la lutte contre le trafic doit s'intensifier quand le marché du travail légal va bien et quand les salaires augmentent,
02:39 et c'est justement ce qui se passe en ce moment et donc c'est le moment d'y aller à fond dans cette lutte.
02:43 - Signature Europe 1, Nicolas Bouzeau. Merci beaucoup Nicolas.

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