théâtre du nord ouest
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Art et designTranscription
00:00 (musique)
00:15 Comme leur convoitise me ravissait.
00:22 Tous ces mâles sous la coupe d'armine, que ce dévaluement me promettait de jouissance.
00:31 (rire)
00:38 Insensible à mes charmes, portant l'armure comme livrée corporelle, une seconde peau,
00:47 puisque j'étais insuffisante.
00:52 Qu'étais-je venu faire sur le chemin d'Antioche, route de l'exil ?
01:02 Grandes envies de suer au champ, rompre les berges, passer la Napoli, échapper au tourment.
01:13 Ne sachant ni comment, ni par où prendre feu.
01:19 Je me rongeais laissant, n'ayant d'autre recours.
01:23 Entre moi et le monde, n'ayant d'autre recours,
01:26 Que de placer un charme au lieu de son retour.
01:29 Que de faire de la guerre le lieu de mon séjour.
01:33 Le bel ordre, déployant au vent ses drapeaux,
01:39 Quand l'astre enflamme les cuirasses rangées,
01:43 Tous les casques brillants comme des petits soleils,
01:47 Quand au hainissement sauvage répondent les accents des cuivres,
01:52 Et que se mêlent le bruit tonitruant du fer,
01:56 Oui, que soudain l'air prend l'allure d'un feu,
02:02 Puisqu'en la beauté il n'y a cause à rien,
02:06 Que même la beauté, courir à l'ennemi,
02:11 S'habiller de pied en cap, bouillant sur nos chevaux,
02:16 Bouillant sous nos armures, défiler longuement avec mes paires,
02:20 Puis me battre, ma force et mon courage natifs,
02:25 En réclamer l'ardeur.
02:28 À travers la campagne, inquiets tous ensemble,
02:34 Dans l'air ou dans les trous, et puis le lendemain,
02:40 Les décorations, les inhumations, les commémorations,
02:46 Et les discours tremblants.
02:51 Beauté, quelle est ta cause ?
02:54 Tu me confonds, mais conserve le masque,
02:58 Je ne puis que nommer les choses dont regorge tes vasques,
03:02 Tu ne donnes pas ta raison.
03:04 La nature.
03:06 Quand, après un duel mortel, puni par Godefroy,
03:11 Je fus en mon exil, éloigné des champs de bataille vers le sud,
03:16 Que là, je tombais sur mes frères d'armes enchaînés,
03:21 Je les délivrais tous, l'un après l'autre,
03:25 Et pourtant, j'allais, simple nomade,
03:29 Bâton d'un côté, épée de l'autre,
03:33 Larmes blanches.
03:35 Tant de jours où je t'ai courtisé, beauté,
03:38 Dans l'ordre humain de la guerre,
03:40 Le bruit et la fureur du nombre et des équipements,
03:44 Quand, irsut et tendu, mes habits,
03:49 Imprégnés de l'odeur de l'Egypte,
03:52 Des grains de sable entre les dents,
03:55 Mon bâton, scarifié d'entailles cabalistiques,
04:00 Je te cherchais encore.
04:02 La nature elle-même devenait mon allié.
04:07 [Musique]
04:35 Et tu m'as paru nu,
04:38 Dépourvu de mâles crâneries,
04:42 Ah, pourchat de la gloire,
04:45 Évanoui dans ce silence,
04:48 Transporté dans la déambulation simple de la rivière,
04:53 Une barque attendait,
04:56 Muette dans la passe du jour,
04:59 J'y montais, j'accostais,
05:05 Je m'assis sur les bords de l'île,
05:09 Oh, chant de l'eau que reprend une naïade,
05:15 Telle que je la crus voir,
05:17 Le charme à opérer,
05:20 Un silence déjà s'entendait tout autour,
05:26 Puis, cette puissante envie soudain de m'assoupir,
05:33 Alors, la beauté que j'avais délaissée,
05:39 Se vengea, me cernant, oui,
05:43 De tous les côtés, par tous mes porcs,
05:47 Par tous mes sens,
05:49 Cette orce de baigneuse,
05:51 Telle une margantée de chevraud blanc,
05:54 Que l'eau coupait en deux.
05:56 Quant au mi-temps du jour,
05:58 L'herbe marivante aux chevilles,
06:00 Cachée derrière une fougère,
06:02 Je le vis allongé,
06:03 Posé épais, bâton, près de sa hanche.
06:07 Torpeur irrésistible,
06:09 De toute ma fureur,
06:10 Vengeur est-ce tendu ?
06:11 La dague dans mes doigts tenus,
06:13 Je bondis de ma cache,
06:15 Volet vers le dormeur.
06:17 Je m'étais assoupi dans mon habit tourné,
06:20 Il s'était assoupi, seul, sous sa paupière.
06:24 Je vois passer,
06:28 Comme au travers à voile,
06:30 L'ombre d'une pointe, oui,
06:33 Une pointe effilée,
06:35 Cela dure dans mon rêve.
06:37 J'avance à la veule,
06:39 Quand elle a dérobé,
06:43 Mes yeux s'attardent sur ce visage,
06:46 Tourné vers l'intérieur.
06:56 Puis, sur mon front d'un rond,
06:59 Je sens mourir un geste.
07:02 Dans mon rêve,
07:05 J'entends le heurt du fer contre la pierre.
07:09 Grand bruit sur les rives du cœur,
07:15 Le dar inutile est jeté,
07:18 La main tremblante, défaite de sa lame,
07:22 Se relâche et descend.
07:24 Se poser sûr,
07:26 Mes yeux s'étaient tournés de nouveau vers les siens,
07:29 Visage dont le sourire corrigeait tout savoir.
07:33 Cette deuxième fois, où je posais les yeux sur lui,
07:37 Fut mon premier sursaut,
07:39 Le grand commencement.
07:41 Je le vois respirer,
07:43 M'assoir à ses côtés,
07:45 Sentant ma haine me quitter.
07:47 Alors,
07:49 Tout interdite,
07:51 Retir de l'incendie,
07:53 De mèches qui brûlent encore,
07:56 Les mèches de Sessi,
08:00 Rassemblées.
08:02 Désormais,
08:04 Oui, c'est dans un repli du temps caché,
08:06 Entre alors et désormais,
08:08 Que je quittais la haine pour l'amour.
08:11 Avant l'heure de l'éveil,
08:17 À l'ombre de mon visage,
08:19 Laisse-toi contempler.
08:21 Oh, ne te hâte pas,
08:23 Ton visage fermé est à moi.
08:25 Oh, combien l'ivresse m'engage.
08:28 Je fus réchauffé
08:32 Par une présence ardente.
08:34 Mes rayons sur ses yeux,
08:36 La débâcle à mon front,
08:38 Ses deux paupières closent.
08:40 Elle t'a aimé jusque loin dans ton rêve.
08:44 Il souriait déjà,
08:46 Jusque dans son sommeil.
08:48 Oh, fasciculation de la peau,
08:50 Coups au fer, veines apparentes,
08:53 Les deux mains dues de l'homme exposé.
08:56 Quand tout durait,
08:59 Que tout restait peuplé d'attentes,
09:01 L'extase semblait ne pas devoir finir,
09:04 La soudaine impatience.
09:06 Combien de temps ai-je dormi ?
09:09 Le souffle allant et venant
09:12 De ta bouche entre-ouvertes,
09:14 Avec tes mains, tes pieds posés,
09:16 L'odeur piquante et douce
09:18 De l'homme au désert.
09:20 Ce corps, je ne le quittais plus.
09:23 Elle t'a aimé sans que tu ne fasses rien.
09:26 Puis je regarde le bois de ton bâton,
09:30 Mémoire des sentiers et des routes
09:32 Arpentées dans tes marches.
09:34 De mon bâton de route,
09:37 Elle aspirait toute mémoire.
09:39 Et je liais tes membres de couronne de fleurs.
09:42 Elle alliait mes poignets,
09:44 Elle alliait mes chevilles.
09:47 Quand la tresse d'un moment
09:50 Poursuit ses croisements,
09:52 On ne mesure pas la puissance du lien
09:57 Qu'être aimé et d'où j'entretiens.
10:01 Ainsi les yeux fermés, étais-tu son complice ?
10:06 Puis ce grand vol ne suffisait plus.
10:11 Je me suis fait un peu de la tête,
10:14 Puis ce grand vol sur les eaux,
10:17 Comme nous fût me transporter,
10:19 Que ce fut aisé !
10:21 Le sort de la magicienne,
10:33 Oui, me transportant d'île en île,
10:37 Ce fut elle qui me fut accosté,
10:41 Pieds et poings liés aux limites du monde,
10:45 Cette île marine qu'elle a choisie
10:47 Comme nid de votre amour.
10:49 La nuit n'y tombait pas,
10:54 Les saisons ne marquaient pas les corps,
10:56 L'ombre jamais n'empiétait sur le jour.
11:00 J'allongeais mes éveils,
11:09 Je lui dis,
11:11 Oui, retourne-toi et déraie-toi,
11:15 Fais présent de ton corps,
11:17 De la dague que tu tenais,
11:19 Et je l'appris dans le silence prolongé,
11:23 Comme le charme s'est renversé,
11:25 Et comme furlons ses effets.
11:27 Moi j'allais quelquefois consulter,
11:35 Inquiète, les puissances, l'été,
11:39 Derrière mes fenêtres.
11:41 Là où je me rendais quelquefois,
11:45 Je le voyais sans qu'il me voie,
11:48 Derrière la glace s'entint,
11:50 Non, je ne perdais rien.
11:53 J'avais dans ses absences jusqu'aux confins de l'île,
11:58 Ses jours n'étaient mais dans son fort,
12:03 Loin de mon corps,
12:05 Elle passait dans tous mes états d'âme,
12:08 Ô mirage de femme,
12:10 Miroir de la chambre,
12:12 Dans lequel je voyais passer le jour sans les nuages.
12:15 Est-ce ta voix que j'entends,
12:19 Qui s'élève et s'exhibe,
12:21 De loin en loin par bribe,
12:24 Ou bien cela vient-il de mon entendement ?
12:31 Les éclats inchangés,
12:33 De l'été noient à ses fenêtres.
12:35 Voilà tout ce qui lui restait pour dire le temps.
12:39 J'étais seul,
12:41 J'affrontais le huitisme des choses,
12:43 Je me souviens de cet étrange calme,
12:47 Je sursautais au moindre bruissement,
12:49 Puis, cette voix dans l'autre langue,
12:55 Seulement quelque écho apporté par le vent.
12:59 Quand je lui revenais,
13:01 Quand elle me revenait,
13:03 Le miroir reflétait encore les mêmes prunelles,
13:07 Les mêmes mains,
13:09 La même chevelure.
13:11 Son sourire brûlant versait un baume d'anesthésie sur mes alarmes.
13:16 Ses cheveux,
13:20 Relevés comme un satéurgie,
13:25 Fartés comme au commencement,
13:28 Miroir de vanité
13:30 Que je portais devant votre silence,
13:33 Miroir de vos ébats dont un ange s'évolait la face.
13:55 A l'espace et au temps abolit
13:58 Deux visages,
14:02 Deux visages s'abîment en leur contemplation,
14:05 Miroir sans mémoire,
14:07 Ne réfléchissant ni l'avant ni l'après,
14:10 Condensateur de mirage,
14:12 Imposteur de l'instant.
14:14 Que l'on se fie au beau masque d'autrui,
14:18 Ou qu'on se fie à celui que l'on porte,
14:21 Y a-t-il seulement un contre ?
14:23 Régnait le pur silence de l'acte.
14:26 Puis,
14:34 Soudain,
14:36 En l'absence d'armide,
14:38 Faille dans le miroir.
14:41 Maintenant que,
14:43 Cela,
14:46 Entre deux visages,
14:48 Triste petit miroir,
14:52 J'ai connu l'heure défeinte,
14:54 Dans l'heure qui venait.
14:56 Puis,
15:02 C'est moi que je vis dans ces brisures éparses,
15:06 Après qu'un bouclier
15:08 Eut fracassé tous les miroirs.
15:11 Quand je perdis la face.
15:13 Ta face !
15:16 Et je nous vise alors,
15:18 Pour la première fois,
15:20 Mon visage défait,
15:22 Dans les cristaux miroirs.
15:25 Quand je perds la face.
15:27 Ta face !
15:29 Et je nous vise alors,
15:31 Pour la première fois,
15:33 Mon visage défait,
15:35 Dans les cristaux miroirs.
15:37 L'île,
16:06 Soudain,
16:08 Tout à la marée haute,
16:10 Sans plus de place pour le ciel,
16:13 Plus qu'une centaine d'heures,
16:17 Il faut partir !
16:22 J'oublie la chair des feuilles,
16:27 Des noues leur tiges de mes chevilles,
16:33 Et j'abandonne au verbe ma tunique d'amant,
16:37 De la sorte,
16:42 Je m'arrache la peau.
16:44 Quand je rouvre les yeux,
16:51 C'est elle qui les ferme maintenant,
16:54 Sans regarder les larmes que je verse.
17:01 Quel est donc son tourment ?
17:03 Les os piqués d'écume,
17:11 Miroirs sans fin,
17:14 Hubald m'avait laissé seul sur le pont.
17:19 Voici que leur feu froid
17:22 Est mon seul horizon.
17:25 Je suis mes pères,
17:31 Tête en arrière.
17:33 Je m'en remets au vent,
17:40 Fusti le contraire,
17:42 Libre comme un naufragé.
17:44 Il n'est plus rien
17:47 Que vagues qui vont dans tous les sens.
17:50 Je me suis mis à l'abri,
17:52 Je me suis mis à l'abri,
17:55 Je me suis mis à l'abri,
17:58 Je me suis mis à l'abri,
18:01 Je me suis mis à l'abri,
18:04 Je me suis mis à l'abri,
18:07 Je me suis mis à l'abri,
18:10 Je me suis mis à l'abri,
18:13 Je me suis mis à l'abri,
18:16 Je me suis mis à l'abri,
18:19 Je me suis mis à l'abri,
18:21 Je me suis mis à l'abri,
18:24 Je me suis mis à l'abri,
18:27 Je me suis mis à l'abri,
18:30 Je me suis mis à l'abri,
18:33 Je me suis mis à l'abri,
18:36 Je me suis mis à l'abri,
18:39 Je me suis mis à l'abri,
18:42 Je me suis mis à l'abri,
18:45 Je me suis mis à l'abri,
18:48 Je me suis mis à l'abri,
18:50 Je me suis mis à l'abri,
18:53 Je me suis mis à l'abri,
18:56 Je me suis mis à l'abri,
18:59 Je me suis mis à l'abri,
19:02 Je me suis mis à l'abri,
19:05 Je me suis mis à l'abri,
19:08 Je me suis mis à l'abri,
19:11 Je me suis mis à l'abri,
19:14 Je me suis mis à l'abri,
19:17 Je me suis mis à l'abri,
19:19 Je me suis mis à l'abri,
19:22 Je me suis mis à l'abri,
19:25 Je me suis mis à l'abri,
19:28 Je me suis mis à l'abri,
19:31 Je me suis mis à l'abri,
19:34 Je me suis mis à l'abri,
19:37 Je me suis mis à l'abri,
19:40 Je me suis mis à l'abri,
19:43 Je me suis mis à l'abri,
19:46 Je ne plus que les vagues
19:48 Qui toujours me reviennent
19:50 Et toujours repartent
19:53 Toute une vie après
19:58 Pour accepter qu'elles se perdent
20:00 Au secret de la terre
20:02 Et même
20:04 Aimer
20:06 Leur perte
20:08 De la caravane
20:14 L'alerte silhouette s'estompe
20:16 Ne se retourne pas
20:19 Roses pétrifiées
20:23 Roses des sables
20:26 Roses emportées
20:28 Roses des vents
20:30 De roses défeintes
20:33 Ce qu'est vrai au seul regard de la beauté
20:35 Que la mort dépareille
20:40 Avec plus de dents que l'amour
20:43 J'aimais le sang d'un arbre
20:45 Avant d'être une femme
20:47 Et moi-même
20:49 Pourrais-je devenir myrte
20:51 Un jour
20:53 Pour le reprendre
20:55 Quand tu m'apparaîtrais, Zarbide
20:59 Dans un myrte
21:01 Un jour
21:03 Pour le reprendre
21:05 Au cœur du combat
21:07 Reprendre à la forêt les liens inextricables
21:09 Le livre des jours s'ennue le nuit
21:11 Reste à jamais fermé
21:13 Mon palais dévasté
21:15 Je pars
21:17 Mais s'il se peut
21:19 Que mon amour demeure enseveli
21:21 En ces lieux pour jamais
21:23 Je ne me rends pas compte
21:25 De mon amour
21:27 Je ne me rends pas compte
21:29 De mon amour
21:31 Je ne me rends pas compte
21:33 De mon amour
21:35 Je ne me rends pas compte
21:37 De mon amour
21:39 Je ne me rends pas compte
21:41 De mon amour
21:43 Je ne me rends pas compte
21:45 De mon amour
21:47 Je ne me rends pas compte
21:49 De mon amour
21:51 Je ne me rends pas compte
21:53 De mon amour
21:55 Je ne me rends pas compte
21:57 De mon amour
21:59 Je ne me rends pas compte
22:01 De mon amour
22:03 Je ne me rends pas compte
22:05 De mon amour
22:07 Je ne me rends pas compte
22:09 De mon amour
22:11 Je ne me rends pas compte
22:13 De mon amour
22:15 Je ne me rends pas compte
22:17 De mon amour
22:19 Je ne me rends pas compte
22:21 De mon amour
22:23 Je ne me rends pas compte
22:25 De mon amour
22:27 Je ne me rends pas compte
22:29 De mon amour
22:31 Je ne me rends pas compte
22:33 De mon amour
22:35 Je ne me rends pas compte
22:37 (Musique)
22:39 (Applaudissements)
22:53 (Applaudissements)
22:55 (Applaudissements)
22:57 (Applaudissements)
22:59 (Applaudissements)
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